Le Poids de nos Erreurs

Chapitre 12

2827 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 29/06/2017 15:17

- Nous devrions aussi lui retirer son bracelet et son armure.


- Tu exagères, Jack.


- On n’est jamais trop prudent.


Les deux vétérans s’étaient réfugiés dans un vieil entrepôt désaffecté. Le bouclage du quartier les empêchait eux aussi d’accéder à leur transport.

Les derniers jours avaient été dur pour eux, traqués qu’ils étaient par Helix et l’armée locale. Puis, Ana et Jack avaient reçu le signal de détresse. Ils surveillaient toujours les anciennes lignes d’Overwatch, « au cas où ».

Mais le temps qu’ils arrivent au bâtiment en chantier, la fusillade était terminée. Ils avaient juste pu voir, de loin, Gérard suivre Mercy et Tracer. Les deux vétérans avaient alors pris le groupe en filature jusque à l’immeuble. La fuite du français leur avait épargné un douloureux débat sur le fait d’attaquer ou non leurs anciens agents.


- Il se réveille ! dit soudainement Ana.


- Outch…gémit Gérard, en ouvrant les yeux.


Il approcha ses mains de son visage, constatant alors qu’elles étaient entravées par une menotte électriques. Puis il leva la tête.


- Bonsoir Gérard, dit Ana. Ton costume est déchiré.


Il tourna la tête dans sa direction, une expression agacée sur le visage.


- Merci, je sais, dit-il d’un ton sec.


- Nous ne sommes pas ici pour parler vêtements, dit Jack en s’avançant.


Gérard tourna la tête dans sa direction, apercevant la figure masquée de Soldat 76.


- Bonsoir, Morrison, dit-il sans manifester la moindre surprise. Est-ce qu’il était vraiment nécessaire de tirer sur mon drone ? Sa fabrication m’a couté très cher.


- Tu savais que Jack était vivant mais pas moi ? s’étonna Ana.


- Je soupçonnais Soldat 76 d’être Morrison, merci de me le confirmer. Quant à toi, non, je n’avais pas envisagé que tu puisses être vivante. Et encore moins la co-équipière d’un tel criminel.


Ana ne put s’empêcher d’éprouver de la culpabilité. Il est vrai qu’autrefois, elle n’aurait jamais toléré les actes de Jack.


- Te voir serai une bonne surprise, ajouta Gérard, si tu ne m’avais pas tiré dessus avant de me menotter.


- Assez ! cria Jack. Quel est votre place dans la conspiration, Gérard ?! Quels mensonges avez-vous raconté à l’ONU ?! Pourquoi avez-vous trahi Overwatch ?!


Ses paroles ne semblèrent pas intimider le français. Au contraire, une lueur de défi apparut dans le regard de Gérard tandis qu’il répondait :


- Quel culot, Morrison. M’accuser de traitrise, moi, alors que je n’ai cessé de vous prévenir sur la menace qui couvait…


*Il y a six ans*


- Mes agents ont interceptés cette communication, dit prudemment Gérard, tout en posant une feuille sur le bureau de Morrison. Viskhar Corporation est très mécontente que nous ayons mit fin à une de ses opérations. Ses dirigeants ont contacté divers politiciens pour, je cite « trouver le moyen de réduire l’influence étouffante d’Overwatch ». Je les soupçonne également d’avoir contacté Enki et Helix, ainsi que plusieurs autres firmes qui nous sont hostiles.


- Vous êtes sensé vous occuper de Talon, Gérard répondit froidement Morrison. Et non pas surveiller les communications de Vishkar Corporation.


Le français serra les dents tandis qu’Ana soupirait doucement. Jack et Gérard n’avaient jamais réussi à s’entendre depuis leur désastreuse première rencontre. Ana avait pourtant fait de son mieux pour améliorer les choses. Et, pendant un temps, cela avait marché : les deux hommes entretenaient des rapports polis, bien que distant.

Mais depuis que l’ONU envisageait de porter Gérard chef d’Overwatch, tout s’était dégradé. Jack se fichait d’être remplacé. Mais le comportement du français le hérissait au plus haut point. Gérard faisait tout pour se mettre en valeur et ne manquait pas une occasion de critiquer Morrison et ses méthodes.

Ana avait essayé de relativiser : les succès de Gérard étaient réels, il n’y avait rien de mal à ce qu’il en tire des lauriers. Quant à leur différence de méthode, elles dataient de nombreuses années : le français avait toujours soutenu le point de vue d’Angela, bien moins militariste que Jack. Il ne s’était pas inventé des idéaux du jour au lendemain.

Mais rien n’y faisait. Jack ne voyait plus Gérard que comme un opportuniste aux dents longues.


- Je pense qu’au vu de mes résultats, je n’ai pas à justifier la manière dont j’emplois mes agents, répondit le français, d’un ton exceptionnellement calme.


- Vous aurez toujours à justifier la manière dont vous employez les agents d’Overwatch, dit Morrison, insistant bien sur le « d’Overwatch ». J’attends d’ailleurs de vous des rapports plus détaillés à ce sujet.


Gérard paru faire un grand effort pour prendre sur lui-même et rester calme.


- Je le ferais, commandant. Maintenant, s’il vous plaît, est-ce que vous comptez prendre des mesures face à ce problème ?


- Quel problème ?


- Viskhar, la demi-douzaine d’autres firmes et la quinzaine de politiciens qui complotent contre Overwatch.


- Bianca a été chargé de surveiller tout recrutement de mercenaires tourné contre nous.


Gérard écarquilla les yeux.


- C’est tout ? Morrison…


- Commandant, l’interrompit froidement Jack.


- Commandant…ces entités sont bien trop puissante pour que nous les laissions comploter sans réagir. Il faut soir agir préventivement, soit essayer d’être plus accommodant avec eux. Cela me tue de dire ça. Mais c’est une question de survie.


- Nous les avons punis selon la loi et ne ferons rien de plus.


- Essaye de comprendre, Gérard, intervient Ana. Nous sommes des militaires qui obéissons aux ordres. Nous n’allons pas agir spontanément pour attaquer des firmes, juste parce qu’elles dissent du mal de nous.


- Toi essaye de comprendre, Ana. Cela fait vingt ans depuis la crise omnic. À l’époque, toutes les multinationales avaient soit été détruites, soit vu leurs biens réquisitionnés pour l’effort de guerre. Mais maintenant, les firmes comme Vishkar sont aussi puissantes que certains états. Vous ne pouvez plus les ignorer comme dans le passé. Ce serait juste un suicide stratégique.


Il marqua une pause avant d’enchaîner :


- Et je ne parle pas de les attaquer militairement. Il y a d’autres mesures à prendre : révéler leurs actions à la presse, intensifier l’espionnage contre eux, militer à l’ONU pour des lois plus contraignante…


- Ce n’est pas notre travail tel que défini par notre mandat, répondit Jack. Je n’outrepasserais pas les limites de mon pouvoir.


- Si vous ne le faite pas, nous le payerons tous.


Morrison fronça les sourcils.


- Vous pouvez disposer, monsieur Lacroix, dit-il sèchement.


Gérard le fixa pendant de longues secondes, le regard partagé entre stupéfaction et indignation.


- Qu’importe, répondit-il finalement en se levant. Dans un mois, je serai dans votre fauteuil et je pourrais alors réparer vos erreurs.


Jack ne répondit rien, mais son regard se durcit encore plus.


- S’il te plaît, commença Ana, n’envenime pas les choses.


Mais le français l’ignora.


- Et dire qu’autrefois je vous admirais, continua-il, fixant Morrison dans les yeux. Que j’étais naïf. Maintenant, je vous vois tel que vous êtes réellement : un vieil homme stupide et têtu.


- Gérard ! s’exclama Ana.


- Dégagez de mon bureau, dit froidement Morrison. Maintenant !


Avec beaucoup de style, le français sorti de sa veste un magazine de mode masculine, qu’il posa sur la table.


- Tenez, ça vous sera utile, dit-il d’un ton moqueur. Il parait que les militaires ont du mal à s’habiller après avoir quitté l’armée. Or, vous allez bientôt prendre votre retraite.


Et il sortit. Passé une seconde de surprise, Ana le suivit.


- Retournes dans cette pièce et excuses toi immédiatement ! cria-t-elle.


- J’ai passé l’âge d’être grondé, maman, répondit Gérard sans se retourner.


Ana dû prendre sur elle pour se retenir d’aller le secouer jusque à ce qu’il s’excuse. Et dire que dans deux jours, elle allait devoir l’escorter à une conférence de presse …


*Aujourd’hui*


- Si vous m’aviez écouté, le passé aurait été très différent, ajouta-Gérard.


- Et c’est pour cela que vous avez trahit Overwatch ? répondit Jack. Parce que je ne vous écoutais pas ?


Gérard fixa Morrison, ses yeux bien en face de la visière rouge du masque.


- Je n‘ai jamais trahit Overwatch, dit-il.


- Prouvez le.


- Ce n’est pas à moi de fournir des preuves. Dois-je vous rappeler la Déclaration des Droits de l’Homme ?


Seul le silence lui répondit.


- Tout individu est présumé innocent jusque à preuve du contraire ? Cela ne vous rappelle rien ?


- Arrêtez de me baratiner ! s’exclama Jack.


- Ce n’est pas du baratin. Ce sont des principes que vous aviez juré de défendre. Ceux-là aussi vous les avez oubliés ?


A la grande surprise d’Ana, Jack resta silencieux et baissa la tête.


- Gérard, dit l’égyptienne. Rien ne me ferait plus plaisir que de te croire. Mais tu dois admettre que tout cela est suspect.


Le français tourna sa tête vers elle.


- Tu étais mort, poursuivit Ana. J’ai vu Angela, en larme devant ton cadavre, nous expliquant qu’elle ne pouvait plus rien faire, qu’il était trop tard. J’étais triste que nous nous soyons disputés la veille et Jack lui-même regrettait de ne pas t’avoir mieux protégé.


- Toujours plus facile d’apprécier un mort, n’est-ce pas ?


- Mais pourtant, tu es là, bien vivant. Pourquoi étais-tu caché dans une base secrète de l’ONU, Gérard ? Pourquoi as-tu quitté Lena et Angela par une fenêtre verrouillée, comme si elles te retenaient prisonnier ? Tu admettras que c’est louche.


Gérard eut un rire jaune.


- Oui, je suis le coupable idéal. Pourquoi ne pas en finir maintenant et me tirer une balle dans la tête ? Est-ce que vous en seriez capable…Soldat 76 ?


Ana eut un pur instant de frayeur. Gérard était-il fou ? Elle regarda Jack avec une expression de panique sur le visage, se demandant si son vieil ami allait tomber si bas.


- Non, dit simplement Morrison.


Il fallut beaucoup d’effort à Ana pour retenir un soupir de soulagement. Elle remarqua soudainement que Gérard l’observait avec intérêt. Avait-il tout provoqué juste pour voir sa réaction ?


- Nous aimerions juste entendre ta version, dit-elle.


Nouveau rire jaune.


- Elle ne vous plaira pas et vous direz que je mens, répondit Gérard.


- Est-ce que tu n’as pas des moyens de prouver tes dires ?


- Si. Il y a des copies de mes archives, cachés dans plusieurs villes françaises. Mais ceux qui me traquent auront dix fois l’occasion de me tuer avant que nous les atteignions.


Jack releva la tête.


- Qu’ils essayent.


Il se saisit de son fusil.


- Retournons au transport, Ana. Nous avons une nouvelle destination.


Il força Gérard à se relever.


- Vous nous donnerez là-bas les coordonnés exacts.


- Le quartier est bouclé, dit le français. Vous ne passerez pas sans devoir affronter l’armée locale et des soldats d’Helix. Angela préférait attendre. Elle ne voulait pas risquer de blesser des innocents. Est-ce que vous avez encore ce genre de préoccupation, Morrison ?


- J’ai déjà attendu trop longtemps, répondit Jack.


Ana eu un pincement au cœur à ses paroles. Une expression de tristesse passa sur son visage. Et encore une fois, elle surprit Gérard à l’observer. Mais elle n’eut pas le temps de réfléchir davantage. Déjà, leur petit groupe s’enfonçait dans les rues de la ville.


Éviter les patrouilles fut facile. Mais, comme prévu, ils furent forcés de faire face à un barrage.


Des soldats du Guatemala avaient bloqué une rue avec un transport blindé et des barrières, tandis que des membres d’Helix étaient postés sur les toits des bâtiments avoisinant.


- Surveille le, dit Jack à Ana, en montrant Gérard du menton. Je me charge de nous ménager un accès.


Puis il se mit à approcher doucement du barrage.


- Tu ne vas pas nous poser de problème, Gérard, n’est-ce pas ? demanda Ana.


Il eut une expression amusée.


- Non maman, dit-il moqueusement. Je serais sage.


- Je suis sérieuse.


- Tss. Vous m’assommez, me menottez, m’accusez d’être un traitre… et tu voudrais que je promette de ne pas tenter de m’échapper ?


- Oui s’il te plaît. Jack et moi méritons de connaître la vérité.


- Très bien, Ana. Je ne vous gênerais pas. Cela ne changera pas grand-chose de toute façon.


Pendant ce temps, Jack avait discrètement approché d’un bâtiment où se trouvaient des soldats d’Helix, avant de l’escalader. Il y eu des cris de surprise lorsqu’il arriva sur le toit, rapidement suivit de bruit de coup.


Alerté, les soldats d’Helix des autres toits se tournèrent vers la source de l’agitation. Ana hésita entre agir et continuer à surveiller Gérard.

Mais elle était bien trop inquiète pour Jack. Finalement, l’égyptienne se mit en positon de tir, perdant Gérard de vu. Une partie d’elle ne pouvait s’empêcher de craindre que le français en profite pour l’attaquer dans le dos. Mais il n’en fit rien. Ana enchaina alors une série de tir, endormant les autres membres d’Helix tandis que leur attention était détournée.


Les soldats du Guatemala avaient compris que quelque chose se passaient. Ils levaient leurs armes vers les hauteurs, l’air nerveux, s’écartant de leur transport blindé. Lorsqu’ils furent bien loin du véhicule, 76 attaqua. Un trio de rocket s’abattit alors sur le moteur du transport. Le souffle de l’explosion mit plusieurs soldats à terres, sans les tuer.


- Fonce, dit Ana à Gérard, en l’empoignant par l’épaule.


Il ne résista pas et les deux fugitifs traversèrent le barrage en courant, profitant de la confusion qui y régnait. Quelques soldats tentèrent bien de pointer leurs fusils sur eux. Mais chaque fois, Jack neutralisait leurs armes d’un tir bien ajusté. Ana et Gérard passèrent indemne, rapidement rejoint par Morrison.


Le trio courut sur une bonne distance, tandis que plusieurs bruits de moteurs se faisaient entendre derrière eux. Ana tourna la tête.


- Des drones de reconnaissance d’Helix, identifia-t-elle.


- Je m’en occupe, dit Jack.


Il s’arrêta, se retourna, pointa son arme et abattit un premier drone. Puis, il aperçut au loin plusieurs transports et soldats en Raptora qui fonçaient dans leur direction.


- Tu n’auras pas le temps de tous les avoir ! s’exclama Ana. Vite, au transport !


Ils se remirent à courir. Les renforts ennemis se rapprochaient dangereusement mais leur groupe parvient à rejoindre leur appareil avant d’être rattrapé.


Caché dans un hangar désaffecté, ce transport aérien était un des premiers objets que Soldat 76 avaient volé dans d’anciennes bases d’Overwatch. Sa rapidité et son système furtif lui avait jusque-là permis d’échapper à ses poursuivants.


De fait, il ne leur fallut pas longtemps pour distancer les autres transports et les soldats en Raptora. Mais les drones eux, ne les lâchaient pas. Les machines étaient aussi rapides que leur appareil.


- Votre transport est armé ? demanda Gérard.


- D’une certaine façon, répondit Ana. Mais rien qui puisse détruire ces drones.


- Alors ils vont pouvoir nous suivre et donner notre position en temps réel. Nous serons assaillit dès que cet appareil se posera. Au mieux.

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