Le Poids de nos Erreurs

Chapitre 7

3264 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 25/06/2017 00:25

- Hum, Angela, tu devrais venir dans la salle de contrôle. J’ai une nouvelle qui va…beaucoup t’intéresser.


Mercy haussa un sourcil, surprise du ton de son interlocuteur. Ce dernier était un trentenaire habillé d’une chemise et d’un jean bleu, qu’il portait de manière très décontractée. Ses cheveux et sa barbe étaient d’un beau blond.


- Qu’est-ce qui se passe, Etienne ? Tu es bien plus joyeux d’habitude.


Il soupira.


- Tu vas vite comprendre.


Curieuse et un peu inquiète, Angela se leva. Elle se trouvait au point d’observation de Gibraltar, dans le laboratoire, en train d’étudier une dangereuse arme chimique mise au point par des terroristes omnics. Mais ce travail allait devoir attendre.


Les deux se rendirent dans la salle de contrôle, une large pièce au centre duquel se trouvait une table projetant une image holographique de la terre. Plusieurs repères indiquaient la position des agents d’Overwatch : Winston et Mei étaient en Antarctique, Reinhard et Torbjörn en Scandinavie tandis que Tracer et Angela se trouvaient à Gibraltar.


Un peu plus loin, un gigantesque ordinateur diffusait sur son écran une chaine d’information.


- Retour sur la principale nouvelle d’hier, disait le présentateur. Le criminel international Soldat 76 a attaqué une base de l’ONU, venant à bout des soldats d’Helix Security qui tentaient de l’arrêter. Ce triste événement vient s’ajouter à la récente attaque d’un convois militaire canadien, revendiqué par Talon. Ces événements ont poussé le conseil de sécurité de l’ONU à agir. Nous repassons la déclaration de ce matin.


L’image changea, montrant cette fois une officière de haut rang, qui se tenait juste derrière un pupitre de discours.


- Les dernières évolutions technologiques, commença la militaire, ont amené une nouvelle forme de guerre. Une forme où deux individus surentraînés et suréquipés peuvent venir à bout de plusieurs dizaines de bons soldats. Les forces de sécurités classiques, qu’elles viennent d’état ou de multinationales, ont montrés leurs limites face à ce type de menace. Pour assurer la sécurité de tous, il faut nous adapter.


Elle marqua une courte pause avant d’ajouter.


- Le conseil de sécurité a donc crée la « Brigade de Défense Internationale », ou BDI. Il s’agira d’une petite force de soldats d’élites venant de différents horizons, chargé de combattre une menace précise. L’expérience d’Overwatch a montré que rassembler les meilleurs éléments de plusieurs armées pouvaient donner de bon résultat. Mais nous prenons bien garde à ne pas reproduire les erreurs du passé.


Nouvelle pause.


- La BDI fonctionnera différemment d’Overwatch. Elle n’aura ni uniformes spécifiques, ni ressources propres. Des soldats et du matériel seront mis en commun par plusieurs organisations pour une mission donnée et seulement pour cette mission. Les ressources seront reprises par chaque participant une fois l’opération finit et de nouvelles négociations devront avoir lieu pour définir une autre mission. Cette méthode garantira un contrôle optimal sur la BDI, l’empêchant de commettre les mêmes abus qu’Overwatch.


- Ils semblent avoir pensé à tout pour éviter les risques, réagit Angela.


- Pff. Cette brigade ne sera qu’une pâle copie d’Overwatch, dit Etienne. Pire, son mode de fonctionnement va la rendre vulnérable aux caprices de la diplomatie mondiale. J’ai déjà des informations comme quoi le général Pranciškus se serait vu accorder sa légitimité contre un soutien à la BDI.


Mercy soupira, dépitée.


- Enfin, ce n’est pas ça que je voulais te montrer, dit Etienne.


Il tapota sur le clavier de l’ordinateur, tout en expliquant :


- Lorsque Soldat 76 a attaqué cette base hier soir, certains de ses occupants en ont profité pour s’échapper. Et parmi eux…


Il appuya sur un bouton et une vidéo apparut à l’écran. Elle montrait une porte en train de s’ouvrir, avant qu’en sorte deux personnes : Assistant et Gérard Lacroix.


Angela resta immobile, totalement stupéfaite. Elle avait réussi à oublier le sentiment de trahison ressentie, lorsque Genji lui avait dit la vérité sur les actes de Gérard. Une sensation si forte, que Mercy avait failli abandonner ses camarades d’Overwatch.


Mais maintenant, Angela devait y faire face une fois encore. Ce goût amer dans la bouche. L’impression d’avoir été une parfaite idiote, manipulée de bout en bout. Et cette tristesse, si forte, lorsqu’elle avait compris avoir perdu Genji. C’est tellement bête, qu’on ne se rende compte à quel point on tient à quelqu’un seulement quand il disparaît.


Angela avait toujours préféré guérir que punir. Mais elle allait faire une exception.


- Je te jure que je ne savais rien, dit Etienne. Gérard m’a caché beaucoup de chose à moi aussi, finit-il, amer.


Il avait été l’assistant personnel de Gérard, quasiment son bras droit. Malgré ça, il avait été tenu à l’écart de l’opération secrète contre Genji. Et probablement d’autres.


- Je te crois, dit Angela. Tu as contacté Winston à propos de ceci ?


- Dès l’attaque de la base par 76. Athéna dit qu’il n’est pas encore disponible.


- Winston sera proche d’un communicateur dans moins d’une minute, leur annonça la voix de l’intelligence artificiel.


- Pratique de savoir sa position en temps réel, commenta Etienne.


- Votre affirmation est incomplète : je ne peux le faire que près d’une base d’Overwatch où je suis connectée. Le but premier est de surveiller son rythme cardiaque pour l’empêcher d’entrer en rage.


- C’est vrai que ce serait bête qu’il ravage ses propres locaux.


- Sois sans crainte, Etienne, dit la voix de Winston. Ce n’est jamais arrivé.


Le visage du scientifique venait d’apparaître à l’écran, ses poils couverts de neiges.


- Bonjour, dit poliment Angela. Tu as pu prendre connaissance des dernières nouvelles ?


Winston prit une expression préoccupée.


- Oui, dit-il. J’aurais vraiment préféré que Morrison mette fin à ses activités. Maintenant, nous allons devoir l’arrêter. Il n’a que trop salit le nom d’Overwatch. Mais Mei et moi en avons encore pour plusieurs jours de travail ici. Nous ne pouvons pas partir avant.


- Et pour Gérard ?


- L’idéal serait que nous le capturions. Il faudrait vérifier que c’est bien lui. Si c’est le cas, il devra répondre de ce qu’il a fait à Genji. Et découvrir comment il peut être encore vivant.


Angela écarquilla les yeux, prise d’une inspiration soudaine.


- Mon appareil de résurrection ! s’exclama-t-elle.


Les deux autres la regardèrent avec une mine étonnée.


- Quelqu’un a volé mes plans et développé sa propre version de l’appareil. Cela pourrait dater de dix ans, avant la mort de Gérard. Et cet objet est assez puissant pour réparer un cerveau privé d’oxygène.


- C’est une théorie crédible, dit Winston. Mais il faut plus de preuve empirique. Cet individu pourrait très bien être un clone. Ou une doublure.


- Ou Gérard pourrait être celui qui m’a volé les plans avant de développer une autre version de l’appareil.


- Cela me parait peu probable, intervient Etienne. De telles recherches auraient demandés des sommes faramineuses. Je m’en serais rendu compte si Gérard avait rassemblé, puis dépensé autant d’argent.


- Cela fait partis des choses qu’il faudra lui demander, dit Winston.


- Cela risque d’être difficile d’obtenir la vérité de Gérard, répondit Angela.


- J’ai conçu quelque chose qui aidera pour ça, déclara fièrement le scientifique. Un détecteur de mensonge.


- En fait, commença Athéna, il s’agit d’un appareil me permettant d’analyser un individu proche.


- C’est ça, reprit Winston. Et Athéna déduit s’il ment ou non en fonction de son rythmes cardiaques et de son activité cérébrale. Sa puissance d’analyse est telle qu’il est impossible de la tromper.


- Cela sera très utile, dit Angela. Ne reste plus qu’à retrouver Gérard. J’aimerais m’en charger.


- Très bien, dit Winston. Je vais aussi affecter Tracer à cette mission. Il n’est pas exclu que Talon soient aussi de la partie. Dès que Mei et moi le pourront, nous te rejoindrons. Ce sera aussi le cas pour Reinhard et Torbjörn.


Ceci réglés, ils échangèrent quelques salutations, avant de mettre fin au contact.


- Si tu arrives à trouver Gérard, débuta Etienne. Dis-lui…Dis-lui qu’il m’a beaucoup déçu.


- Il nous a tous déçu, répondit Angela.


**

*


- C’est un désastre ! s’exclama le scientifique de Talon.


- Calmez-vous et expliquez-nous cela en détail, répondit l’Agent 49.


Les deux se trouvaient dans une salle de briefing, devant un écran qui diffusait la vidéo que venait de voir Angela. Juste à côté, se trouvait un communicateur.


- Lorsque Widowmaker apprendra cela, commença le scientifique, cela accéléra significativement la dégradation de ses blocages mentales. Tant que son mari est vivant, il me sera impossible de garantir sa loyauté.


- Et si nous l’envoyons tuer Lacroix ? demanda Agent 49.


Sans son armure, il était possible de voir les lourdes modifications cybernétiques qu’il avait subi. Sa jambe et sa hanche droite, ainsi que la moitié de son torse, étaient artificielles.

En sus, des améliorations métalliques courraient le long de sa colonne vertébrale jusque à son crâne, diffusant une espèce d’énergie blanchâtre. Enfoncé dans la chair, ces implants paraissaient incroyablement douloureux. Mais l’Agent 49 semblait ignorer cette souffrance, se contentant juste de serrer les dents lorsqu’il était silencieux.


- Ce serait encore pire, dit le scientifique. Le choc que cela causerait pourrait détruire en un coup tous les blocages. Ou provoquer chez Widowmaker des lésions cérébrales irréversibles.


- Alors ce sera à d’autres de s’en occuper. Les Shimadas seront plus que ravis de s’en charger.


- Si elle apprend que nous l’avons fait tuer, cela pourrait aussi détruire ses blocages. Or, vu sa place dans notre organisation, il sera très difficile de lui cacher une telle opération. Et encore plus l’existence de cette vidéo.


- Difficile mais pas impossible. Si le silence est requis, mon équipe et moi pouvons-nous en charger. Vous savez qu’aucun mot ne franchira nos lèvres, finit l’Agent 49, s’adressant au communicateur.


Ce dernier s’activa alors, diffusant une voix. Cette dernière était altérée, la rendant impossible à reconnaître.


- Vous êtes trop précieux pour être déployé en premier, dit la voix.


Agent 49 serra ses poing. Telle était sa malédiction. Il était le plus loyale parmi Talon et par conséquence, le plus précieux. Cela faisait qu’il était bien moins exposé que des mercenaires comme Sombra ou Reaper. Lui qui n’aspirait qu’à servir était celui qui recevait le moins de mission.


- Tout d’abord, continua la voix, nous devons enquêter sur cette réapparition, être sûr qu’il s’agit bien du vrai Gérard Lacroix. Faites jouer nos réseaux au sein de l’ONU et envoyez une équipe à sa tombe, vérifier si le corps est bien dans le cercueil.


- Ce sera fait, dit Agent 49.


- Ensuite, levez tous les blocages mémoriels de Widowmaker, sauf celui du moment où elle assassine son mari. Puis donnez-lui l’ordre de capturer Gérard. Une fois qu’il sera entre nos mains, une altération mentale nous assurera son obéissance.


Le scientifique eu un regard surprit. Qui passa ensuite à un ravissement impressionné.


- Mais bien sûr ! Son mari est la seule chose que Widowmaker regrette de son ancienne vie. Si nous le lui donnons, sa loyauté sera assurée. C’est une solution parfaite !


- Il est beaucoup plus difficile de capturer que de tuer, signala l’Agent 49. Vu la menace que représente Lacroix, nous ne devrions prendre aucun risque.


- Gérard était menaçant lorsqu’il pouvait compter sur les ressources d’Overwatch, répondit la voix. Seul, ce n’est qu’un général sans armée. Inoffensif. Et nous avons besoin de Widowmaker, tout comme nous avons besoin que Gérard répare les dégâts qu’il nous a causé. Vous savez que lui seul le peut.


- Très bien, je m’occuperai de prévenir Widowmaker de sa prochaine mission.


**

*


- Ah, capitaine Amari. Prenez donc un siège.


Adelardo affichait un visage souriant. Pharah elle, avait une expression stoïque. Les deux étaient vêtus de l’uniforme beige d’Helix Security. Ils se trouvaient dans une base de leur firme, un lieu aménagé comme une caserne. Le bureau d’Adelardo était décorés des nombreuses récompenses qu’il avait reçu, ainsi que d’articles de presses encadrés, qui évoquait ses exploits.


- Ne me ménagez pas major, dit Fariha en s’asseyant. Je sais que cette mission a été un désastre.


Pharah n’arrêtait pas d’y penser. Comment avait-elle pu être vaincu a dix contre un, qui plus est en bénéficiant de l’avantage de la surprise ? C’était le deuxième combat qu’elle perdait contre Soldat 76 et à chaque fois, des innocents en avaient payé le prix. L’indignation l’enrageait mais elle ne laissait rien paraître. Cela n’aurait pas été professionnel.


- Bon, commença Adelardo. Honnêtement, plusieurs de nos supérieurs ont demandé des têtes à livrer aux médias, pour couvrir notre compagnie.


- Ma tête vous voulez dire ?


Allait-elle être renvoyée ? Le nom des Amari risquait-il d’être terni par sa faute ? Des générations de bon et loyaux service, avec elle comme seule déception ? Fariha ne put s’empêcher de frissonner. Mais quoi qu’il y arrive, elle y ferait face.


- Oui. Mais j’ai pris votre défense et les aient convaincus d’adopter une autre ligne de communication. Après tout, personne ne pouvait deviner que Soldat 76 serait si résilient. Ni qu’il disposerait d’une telle puissance de feu.


La première inspiration de Fariha fut de répondre qu’elle ne voulait pas que quelqu’un d’autre prenne sa défense. Qu’elle était une grande fille et pouvait s’en charger seule. De plus, il était injuste qu’on intervienne en sa faveur au lieu de laisser le règlement suivre son cours.


- Merci major, dit-elle à la place.


Il ne fallait pas qu’elle se coupe des autres juste pour faire ses preuves ou suivre le règlement. Ou pire…pour se différencier de sa mère. Construire un vrai esprit d’équipe demandait un peu de socialisation.


- Oh mais de rien. C’était facile : il a suffi d’attendre qu’ils se calment et de leur rappeler que vous étiez notre meilleure soldate. Ce sont autant vos succès passé que mon intervention qui vous ont sauvé. Et puis je suis sûr que vous aurez l’occasion de me revaloir ça.


Évidemment. Fariha appréciait la discipline d’Adelardo, ainsi que le soin qu’il prenait pour éviter les dommage collatéraux lors des combats. Mais son carriérisme l’agaçait. Ils étaient des soldats se battant pour protéger les innocents, pas des cadres d’entreprises en quête d’un meilleur salaire.

Répondre affirmativement lui était donc impossible, aussi resta elle silencieuse.


- J’ai une bonne nouvelle, reprit le major. Vous êtes affecté à la BDI en tant que commandante en second. Pas besoin d’être un devin pour comprendre que vous allez vous remettre à traquer 76.


Fariha se surprit à sourire. Elle avait toujours rêvé de rejoindre Overwatch et la BDI était désormais ce qui s’en rapprochait le plus. Cela allait être une belle occasion d’enfin trainer Soldat 76 devant la justice. Et elle faisait honneur à sa lignée en atteignant un telle poste.


- C’est un grand honneur, dit-elle. Est-ce que vous savez qui sera mon supérieur ?


- Oui. Est-ce que vous avez déjà entendu parler de cette héroïne de guerre russe, Aleksandra Zaryanova ?


**

*


La rage emplissait Genji.


Il était dans une salle du domaine des Shimadas. À ses côtés, se trouvait Hanzo. Les deux frères regardaient un écran qui diffusait la vidéo montrant Gérard et Assistant en train de s’enfuir.


- Il était vivant pendant tout ce temps ! explosa finalement le cyborg.


Il tapa du poing contre le mur. Hanzo lui, restait silencieux, le visage de marbre.


Genji était rentré au Japon, ayant la ferme intention de discuter avec son frère. Mais, à son arrivé, Hanzo déclara avoir quelque chose d’important à lui montrer. Toute la conversation avec son maître avait désormais quitté l’esprit de Genji.


- Il s’est moqué de nous du début jusqu’à la fin ! reprit-il.


Hanzo restait étrangement silencieux. Genji se tourna vers lui.


- Il est au Guatemala c’est ça ? En combien de temps pouvons-nous y être ?


- Nous n’allons pas partir à sa recherche.


- Quoi ?!


L’indignation se mêlait à la surprise. Genji pensait qu’Hanzo aurait été encore plus enthousiasme que lui à vouloir la mort de Gérard.


- Talon m’a ordonné de ne pas intervenir, expliqua son frère. Ils m’ont dit qu’ils s’en chargeaient.


- Il a tué notre père ! hurla Genji. Et nous a manipulés pour que nous nous combattions ! C’est sa faute si j’ai perdu mon corps !


- Je sais ! cria Hanzo. Je souhaiterais le tuer tout autant que toi pour ce qu’il nous a fait !


Il baissa la tête, honteux.


- Mais j’ai donné ma parole. Et je respecte toujours ma parole. L’honneur l’exige.


- Et bien moi, je n’ai rien juré à Talon, dit Genji.


Hanzo eu une expression surprise.


- Tu es membre du clan, dit-il.


- Toi et moi savons très bien que ça n’a jamais été vraiment le cas.


Hanzo hésita pendant quelques secondes. Le désir de contrôler son petit frère luttait contre celui de voir Gérard payer.


- Je ne peux pas t’accorder ma bénédiction, dit-il finalement. Pas officiellement du moins.


Sous son casque, Genji souris.


- Venge notre père, petit frère, dit Hanzo. Venge le clan. Je compte sur toi.


Genji salua son frère puis quitta la pièce. Il avait un homme à tuer.

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