Fantômes du passé

Chapitre 10

2722 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 07/05/2017 16:19

Morrison regarda l’appareil de transport de Winston et de Tracer se poser devant lui.


Pour n’importe qui d’autre que l’ancien commandant et sa co-équipière, il aurait été impossible de retrouver aussi vite les agents d’Overwatch. Mais les deux vétérans connaissaient parfaitement les habitudes de leurs anciens subordonnés, ainsi que l’équipement qu’ils utilisaient.


La rampe s’ouvrit et Winston en descendit en premier.


- Encore vous ! s’exclama-t-il avec colère en apercevant Soldat 76. Cette fois, je ne vais…


Jack retira son masque.


L’expression du visage de Winston passa de la colère à la surprise puis à l’incompréhension avant d’enchaîner sur de la joie pour finir sur de la gêne.


- Commandant Morrison ? demanda-t-il finalement.


- Bonjour Winston.


Le scientifique resta sans répondre, à le regarder de manière hébétée. Jack reprit donc la parole :


- Alors comme ça, tu essayes de faire mon boulot maintenant ?


Ces paroles sortirent Winston de sa torpeur :


- Quelqu'un doit le faire, dit-il très dignement.


Soldat 76 haussa nonchalamment les épaules et se retourna :


- Tu peux venir ! Cria-t-il.


- Je t’avais bien dit que c’était une précaution inutile, Jack ! répondit au loin la voix d’Ana.


La vieille femme sortit d’un couvert derrière lequel elle s’était embusquée.


- Capitaine Amari ! s’exclama le scientifique. Vous aussi vous êtes vivante !


- Bonjour Winston. Désolé de t’avoir injecté ce somnifère la dernière fois. Mais tu semblais un peu trop enthousiaste dans ta volonté d’honorer la mémoire de Jack.


Elle pouffa à ce souvenir.


Tracer choisit ce moment-là pour sortir :


- Qu’est-ce qui se passe, mon grand ? Je t’entends discuter avec…


Lorsqu’elle vit les deux vétérans, Lena afficha une mine profondément surprise avant de se tourner vers le scientifique :


- Est-ce que mon chrono-accélérateur fonctionne mal, Winston ?


- Non Tracer, je crois que tout ceci est bien réel.


Il écarta les bras pour manifester sa joie :


- C’est formidable que vous soyez encore de ce monde ! Avec votre aide…


- Winston, nous devons parler à cette femme nommée Hai Yin, l’interrompit Jack.


Le scientifique prit une expression désolée :


- Oh…c’est que nous venons juste de la confier à l’ONU pour qu’ils la cachent dans une base secrète.


Morrison jura.


- Est-ce qu’elle vous a dit quoi que ce soit sur la conspiration ayant visé Overwatch ? demanda Ana. Des noms ? Des pistes ? Des indices ?


- A vrai dire, oui, répondit Winston. Et nous avons peut-être même mieux que ça !


- Ho, ho, l’interrompit Tracer.


Elle pointa un doigt vers Soldat 76 :


- Déjà, il m’a cassé une côte.


- Tu étais sur mon chemin, répliqua l’intéressé.


- Allons Tracer, intervint Winston. C’était un malentendu ! Moi aussi, je l’ai frappé. Mais tout est parfaitement clair maintenant.


- Et il a tué des soldats d’Helix, insista la pilote.


- C’était un accident, répondit Soldat 76.


- Tu vois ? enchaîna le scientifique. Pas de quoi se disputer.


Il reprit à l'attention des deux vétérans :


- Hai nous a donné certaines informations qui vous intéresserons sans doute. Mais il y a mieux : elle nous a dit où elle avait caché toutes les données volées à Enki Corporation. Parmi elles se trouvent les preuves de la conspiration ayant visé Overwatch.


Le scientifique continua avec enthousiasme :


- Nous avons été chargés de les récupérer et de les fournir au gouvernement chinois, pour le procès qu’ils lanceront contre Enki. Vous n’avez qu’à venir avec nous et nous en ferons ensemble une copie !


Morrison tourna son regard vers Winston. Le visage du vétéran exprimait une détermination absolue.


- Faisons ça.


**

*


- Ces données sont encore plus utiles que je ne le pensais, dit Reaper d’une voix qui devait être pour lui de l’enthousiasme.


Il pointa un doigt vers un point de la carte holographique. Cette dernière représentait la tour de Lijang.


- Hai a passé dix minutes ici, un endroit totalement désert, alors qu’elle n’a fait qu’avancer à grande vitesse tout le reste du temps. Même un imbécile pourrait comprendre que c’est là que les données sont cachées.


- Alors qu’attendons-nous pour les récupérer ? demanda Amélie, d’une voix froide et inexpressive. Nous avons une mission à accomplir.


- Nous n’arriverons pas jusque-là sans être repérés. Et dès que ce sera le cas, ils se précipiterons tous sur nous : Jack, Ana, Tracer, le singe, Helix Security, l’armée chinoise…


- Cela fera trop d’adversaires à affronter, dut admettre l’assassine.


- Oui. Face à ce genre de situation, il faut diviser nos ennemis pour les vaincre séparément.


- Je suppose que tu as un plan ?


- Bien sûr. Mais il va nous falloir être patient et les laisser agir les premiers.


**

*


- Enfin mon grand, murmura Lena. Tu as bien vu ce qui s’est passé ! Tu as lu les rapports et les journaux !


- Allons, Tracer. Toi et moi avons bien vu qu’Helix pouvait combattre du mauvais côté. A partir de là, il n’est pas impossible que cette compagnie ait menti sur les dégâts qu’aurait causé Soldat 76 pour lui donner une mauvaise réputation. Je veux dire… C’est le commandant Morrison ! Notre mentor ! Notre chef !


Les deux agents se trouvaient dans le cockpit, discutant entre eux à voix basse tandis que leurs deux anciens officiers observaient une carte holographique de l’endroit où Hai avait caché les données. Il s’était passé peu de temps depuis leurs retrouvailles avec les vétérans.

Ils avaient mis à profit ce temps pour partager leurs informations tandis qu’Ana avait appliqué quelques nanites médicales à Tracer, accélérant la guérison de cette dernière. L’ancienne capitaine avait aussi demandé au scientifique s’il pouvait réparer son masque, ce que Winston avait accepté avec enthousiasme.


- Pourquoi n’a-t-il pas révélé qu’il avait survécu à l’explosion en Suisse ? Pourquoi porte-t-il un masque ? Pourquoi n’a-t-il pas tenté de recréer Overwatch comme tu l’as fait ? Pourquoi nous a-t-il attaqué et n’a révélé son identité qu’après avoir échoué ? Quelque chose cloche, mon grand !


- Je suis sûr qu’il pourra nous expliquer tout cela.


- Alors allons le lui demander !


- Euh…je l’ai frappé il n’y a pas longtemps. C’est assez gênant. Dans ces conditions, le plus poli n’est-il pas de le laisser tranquille ? Et puis, ce sera plus facile de parler une fois que nous aurons récupéré ces données, que la confiance sera restaurée. Tu vois ce que je veux dire ?


- Winston, c’est moi qui suis censée être la naïve enthousiaste et toi le type sérieux qui réfléchit.


- Le fait même que tu dises cela prouve que c'est faux. Théoriquement tu as les capacités pour réfléchir aussi bien que moi. Et je crains qu’il soit avéré que je puisse être aussi très naïf.


Lena poussa un soupir d’exaspération.


- Allons Tracer, tu ne le vois donc pas ? Maintenant que le commandant est revenu avec nous, il va pouvoir reprendre en charge Overwatch. Tout pourra être de nouveau comme avant !


- Mon grand, dit Lena, rien ne redevient jamais comme avant. J’en sais quelque chose, finit-elle en tapotant doucement son chrono-accélérateur.


- Essaye juste d’être patiente, d’accord ? Je suis sûr que dans quelques jours tu seras aussi ravie que moi de ces retrouvailles.


Tracer observa Winston, celui qui l’avait sauvé d’un sort pire que la mort et était devenu depuis son meilleur ami. L’enthousiasme du scientifique était presque palpable. Lena n’arriva pas à trouver en elle la volonté de lui retirer tant de joie.


- D’accord mon grand. Je vais essayer.


Winston lui offrit un sourire ravi et la conversation s’arrêta là.


Le scientifique se mit à travailler sur le masque brisé d'Ana, tandis que Tracer s’écarta pour lire un magazine traitant d’aviation. A la surprise de la pilote, Ana vint s’assoir à côté d’elle.


- Tu ne sembles pas aller très bien Lena, dit l’ancienne capitaine d’une voix presque maternelle.


- C’est le cas de le dire, cap'.


- Tu voudrais partager avec moi ce qui te tracasse ? demanda la vieille femme avec un sourire complice.


Tracer hésita quelques secondes. Elle avait du mal à faire confiance aux deux nouveaux arrivants. Mais le comportement d’Ana lui rappelait grandement l’ancienne officière, telle qu’elle était au temps de l’âge d’or d’Overwatch. Si aujourd’hui beaucoup de jeunes femmes disaient s’inspirer de Tracer, cette dernière avait eu la capitaine Amari pour modèle. C’était une personne que Lena appréciait énormément et en qui elle avait eu entièrement confiance. Tout cela n’avait pas totalement disparu.


- Il y a tellement de choses ! D’abord, je ne reconnais plus le commandant. Il semble si…froid.


Elle poursuivit avec énergie :


- C’est vrai que dans le vieux temps il jouait aussi au dur. Mais on savait tous qu’au fond il était gentil comme un nounours. C’était un père pour nous tous. Mais là…j’ai l’impression que c’est un étranger.


Son regard croisa directement celui d’Ana tandis qu’elle poursuivait d’une voix quelque peu accusatrice :


- Et pour vous aussi, il y a quelque chose que je ne comprends pas. Pourquoi vous êtes-vous fait passer pour morte pendant sept ans ? On avait besoin de vous, cap' !


Le visage d’Ana devint bien plus triste à ces paroles :


- Après mon échec contre Widowmaker, je me suis sentis totalement inutile. J’ai pensé qu’il était temps pour moi de me retirer, de passer la main. Mais tu as parfaitement raison, Lena. C’était une erreur. Je te demande pardon.


L’humilité de la réponse prit Tracer de court :


- Oh…Euh, bien sûr que je vous pardonne, cap'. Moi aussi, j’ai fait des erreurs.


Ana eu un sourire de reconnaissance. Qui se mua en regard triste quand elle reprit la parole :


- Quant au commandant…il souffre Lena. Horriblement. Overwatch était toute sa vie. Il a servi le monde avec loyauté durant si longtemps. Il obéissait aux ordres, respectait les limites, prenait grand soin de ne pas abuser de son pouvoir. Et en guise de récompense, il fut trahi. Pas seulement par celui qui aurait dû être son plus fidèle ami. Mais aussi par ceux même qu’il avait juré de défendre. Et son échec à lutter contre cette trahison a causé plus de perte à Overwatch que les vingt années précédentes réunies. Tant et tant de morts que le sens de l’honneur de Morrison le force à avoir sur la conscience.


Tracer écoutait silencieusement, assez perturbée par ces informations.


- Ce qu’il est actuellement, poursuivit Ana, c’est une carapace, qui lui sert à se protéger de la souffrance qu’il ressent. Nous devons l’aider à guérir, Lena. Et lorsque ce sera fait, nous pourrons retrouver le Jack que nous connaissions.


- Mais, êtes-vous sûr qu’il prenne le meilleur chemin pour guérir, cap' ? La façon de vivre qu’il a ne me paraît pas très en accord avec le bon karma.


- Ce n’est pas à moi de juger ce qui est le mieux pour lui.


- Cap', lorsqu'un de nos amis fait une erreur, c’est de notre responsabilité de le lui dire ! Moi-même, je ne serais pas devenue aussi douée si vous ne m’aviez pas reprise tant de fois !


- J’ai trouvé ! s’exclama alors Winston d’une voix tellement forte que tout le monde dans le vaisseau l’entendit.


- Trouver quoi ? demanda Jack en cessant d’observer la carte holographique.


- Pourquoi Talon a attaqué Enki Corporation récemment !


- Eh bien vas-y, l’intello, explique-nous tous, dit Ana en souriant.


- Selon mes calculs, il y 81% de chance que cela soit pour récupérer les archives du traqueur de Hai. Ainsi, ils seront capables d’extrapoler l’endroit précis où elle a caché ses données.


- Ça veut dire que Widowmaker pourrait déjà être en train de récupérer les informations ? demanda Morrison.


- Oui. Et il y a 97% de chances que Reaper soit toujours avec elle.


- Je l’ai éliminé au commissariat.


- Oh ! Comment vous y êtes-vous pris ?


- En lui tirant dessus.


- Ah…eh…commandant, je ne veux pas être désagréable mais…je l’ai autrefois soumis à une décharge électrique assez puissante pour normalement le désintégrer. Il est juste devenu un amas de particules non définies de couleur noire. Et quelques temps plus tard je devais de nouveau l’affronter, en pleine possession de ses moyens. Je ne pense pas que les simples dommages physiques soient suffisants pour l’éliminer.


- Alors la situation est encore plus grave que je le pensais. Nous devons partir maintenant, avant que Talon ne nous devance.


- Jack, intervint Ana. La tour de Lijang grouille de caméras, policiers et autres agents de sécurité. On sera repéré en moins d’une minute. Et il faudra à peu près autant de temps pour qu’Helix nous tombe dessus, avec ma fille parmi eux. Je préférerais éviter de devoir l’affronter.


- Sans compter que ce lieu comporte une très forte concentration de civils, ajouta Winston. En cas de fusillade, les probabilités de dommage collatéraux ne sont pas négligeables. Nous devrions tout faire pour limiter les risques d’un affrontement.


- Je doute que Talon nous laisse le choix, répliqua Morrison.


- Nous pouvons au moins essayer, Jack, dit doucement Ana.


- Que proposes-tu ?


- Nous y allons tous les quatre mais une fois à portée de vu des vigiles et caméra vous me laissez continuez seule Je ne suis pas recherchée, contrairement à vous trois et mon visage est désormais très différent de celui des vieilles affiches de propagande. Donc mon passage ne devrait pas attirer l’attention. Avec un peu de chance je pourrais atteindre la cache et revenir sans que rien de fâcheux n’arrive.


- Et si Talon se montre, tu te trouveras à un contre deux. Et s'ils te battent avant que nous puissions intervenir, les données seront perdues. C’est trop risqué.


- Mais commandant, intervint Winston, c’est le plan le moins dangereux pour les civils présents sur les lieux. Les protéger est notre priorité, n’est-ce pas ?


- La priorité, c’est de récupérer ces données.


Il y eut un blanc dans la salle après ces paroles.


- Jack, s’il te plaît, laisse-moi essayer, dit Ana. Je te promets que si jamais ces deux psychopathes se montrent, je saurai les retarder assez longtemps pour vous permettre d’intervenir.


L’ancien commandant hésita pendant quelques secondes.


- D’accord, finit-il par dire.


Avant d’ajouter :


- Vous avez deux minutes pour vous préparer. Ensuite nous partirons pour la tour de Lijang. Il est temps d’en finir.

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