Fantômes du passé

Chapitre 5

4083 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/08/2017 13:41

« Lena Oxton, dite « Tracer » fut la plus jeune recrue à avoir jamais intégré Overwatch. Son talent et son intrépidité lui donnèrent le privilège de tester un tout nouveau prototype de chasseur, équipé d’un système de téléportation. 

Mais le test se passa mal, les systèmes de l’avion connurent une avarie et l’appareil disparut purement et simplement. Lena fut présumée morte.

Elle réapparut pourtant des semaines plus tard mais profondément changée. Sa structure moléculaire avait été dissociée de l’écoulement normal du temps, transformant Lena en une espèce de fantôme, incapable de maintenir une forme corporelle solide et disparaissant de manière imprévisible.

Le problème fut résolu par le docteur Winston, un des plus brillant scientifiques d’Overwatch, qui mit au point un appareil nommé « chrono-accélérateur ». Ce dernier permit à Tracer de non seulement rester ancrée dans le présent mais en plus de contrôler les phénomènes qui l’affectaient. 

Douée de ces nouvelles capacités, elle devint rapidement une des agents les plus célèbres et efficaces d’Overwatch. »


« Encyclopédie universelle d’internet »


Lena regardait autour d’elle avec un certain ravissement. Elle se trouvait dans un grand hangar, rempli de nombreux appareils, des chasseurs et des transports pour la plupart.


- C’est vraiment impressionnant Winston ! dit-elle à la personne à côté d’elle.


Le dénommé Winston se trouvait être un imposant gorille qui, debout, devait avoisiner les deux mètres cinquante. Il portait une massive armure qui ressemblait à une combinaison d’astronaute mécanisée, impression renforcée par les deux propulseurs dorsaux qu’elle comprenait.

Le tout aurait pu faire peur, n’auraient été certains détails. Tout d’abord Winston marchait à quatre pattes, réduisant sa taille à un statut normal. Son visage arborait une expression très humaine, et à ce moment précis une certaine joie. Mais ce qu’on remarquait le plus était les discrètes lunettes sur son visage, qui lui donnaient un air intellectuel. L’ensemble faisait que, s’il restait impressionnant, il n’était en rien menaçant ou terrifiant.


- N’est-ce pas ! répondit-il dans un anglais très audible et totalement dénué d’accent. Toute l’installation fonctionne désormais à 73% de ses anciennes capacités. Selon mes prévisions nous atteindrons les 100% dans moins de deux semaines.


Son regard et sa voix se firent un peu nostalgiques tandis qu’il poursuivait :


- Et dire que durant son âge d’or, Overwatch disposait de plusieurs dizaines de bases comme celle-ci, partout à travers le globe.


- En avoir de nouveau une est déjà une sacrée bonne évolution ! lui dit Lena avec bonne humeur.


De nombreuses personnes travaillaient dans la salle, remettant celle-ci en état ou faisant de la maintenance sur les appareils. Ils étaient tous très jeunes ou très vieux et portaient l’ancien uniforme bleu des membres civils d’Overwatch. En voyant les deux agents passer, ils s’arrêtaient dans leurs activités et les saluaient avec enthousiasme. 


Et c’est avec non moins d’enthousiasme que leur répondait Lena. Petite de taille et fine, elle en imposait beaucoup moins que Winston. Mais il était difficile de la manquer, avec la combinaison moulante jaune qu’elle portait, par-dessous une veste d’aviatrice. 

Sur cette dernière, avait été cousu à l’épaule un écusson du drapeau britannique. A l’opposé s’en trouvait un autre, représentant cette fois un insigne de pilote, au nom de Lena Oxton. En revanche c’était son nom d’agent, Tracer, qui était écrit en lettres capitales sur sa combinaison, en blanc sur fond jaune.


Mais ce qui la rendait le plus visible était l’appareil qu’elle portait au niveau de la poitrine, par-dessus sa veste. Le mécanisme était composé de pièces métalliques blanches, centré sur un cœur de forme circulaire qui diffusait un anneau de lumière bleutée.

Ses cheveux bruns, coiffé en épis, et son piercing à l’oreille sautaient beaucoup moins aux yeux. Mais pas ses imposantes lunettes, d’un jaune fluorescent.


- Ça fait plaisir de voir autant de monde prêt à nous aider ! ajouta Lena.


- En effet, j’ai l’impression de retrouver une partie de la famille.


- A ce propos, est-ce que d’autres anciens agents ont répondu à ton message ?


- Oui ! Assez pour reformer une escouade digne de ce nom. Malheureusement la plupart ont encore des affaires à régler avant de pouvoir nous rejoindre. Mais d’ici quelques semaines…ce sera presque comme au bon vieux temps.


- Avec toi comme chef ! Est-ce que je dois t’appeler commandant Winston ? demanda Lena.


Elle mima un salut militaire avec une expression très sérieuse mais elle ne put se retenir moins d’une seconde avant d’éclater de rire. Cela fit redoubler le sourire de Winston :


- Non. Je n’ai pas besoin de ça. Ni même de commander, en fait. Je veux juste que nous aidions de nouveau à rendre le monde meilleur.


- Ah, mes deux binoclards préférés ! s’exclama quelqu’un d’une voix enthousiaste. Sérieusement Tracer, comment faits-tu pour voir quelque chose avec ces lunettes ?


L’homme qui venait de parler était un trentenaire à l’aspect jovial. Ses cheveux, sa moustache et sa barbe blondes étaient coiffés de manière très décontractée. Ses vêtement, chemise bleue et jean, ainsi que sa manière de les porter, l'étaient tout autant. Il ne tenait rien d’autre dans ses mains qu’une tablette de données.


- Lena, est-ce que tu te souviens d’Etienne ? demanda amicalement Winston.


- Yee ! Tu travaillais dans le service des renseignements, non ? 


- Ravi de voir que la célèbre Tracer ne m’a pas oublié, dit l’homme avec un clin d’œil. Oui, j’étais l’assistant de Gérard Lacroix.


- C’est grâce à Etienne que toute la reconstruction de cette base a pu être financée, expliqua Winston. Et c’est aussi lui qui m’a renseigné sur le vol que voulait commettre Talon.


- Houa ! Merci mon chou.


- Bha, tout ça n’est pas vraiment grâce à moi. Gérard s’était constitué un réseau de renseignement et avait placé d’importantes sommes dans des comptes en banque secrets. « Cela peut servir » comme il disait. A sa mort, j’ai juste tout récupéré.


- Mais c’est toi qui a choisi de nous en faire profiter, lui dit gentiment Winston.


- Je me suis dit que c’est ce que Gérard aurait voulu.


- Donc maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? demanda Lena d’une voix enthousiaste.


- J’avais pensé aider certain de nos amis à finir leurs affaires, commença Winston. Histoire que nous puissions nous réunir au plus vite. Tu peux nous briefer là-dessus ? Demanda-t-il à Etienne.


- Certainement, répondit ce dernier en commençant à pianoter sur sa tablette. Il y a quelque chose en Allemagne où vous pourriez…


Il s’interrompit soudainement en fixant son écran d’un air alarmé. Puis il prononça rapidement plusieurs jurons en français.


- Je ne les connaissais pas, tous ceux-là, commenta Tracer.


- Qu’est-ce qui se passe ? demanda Winston, alarmé.


- Talon attaque un commissariat en Chine. Il semble que vos deux meilleurs amis soient de la partie.


Winston eu une expression d’incompréhension lorsque Etienne dit « meilleurs amis ». Mais vu l'urgence de la situation, il s’abstient de faire la moindre remarque.


Le français montra l’écran de sa tablette à ses deux interlocuteurs. L’image montraient deux portraits : un de Reaper et un autre de Widowmaker.


Lena afficha tout de suite un visage déterminé tandis que Winston était soucieux. Ils avaient déjà dû affronter les deux criminels auparavant. Tracer avait tenté de s’interposer lors d’une mission de Widowmaker. Mais malgré les meilleurs efforts de la pilote, elle n’avait pu empêcher la mort de l’individu ciblé par l’assassine. Winston avait connu une meilleure fortune et contrecarré une tentative de Reaper de voler des données dans une ancienne base d’Overwatch. 

Et tout récemment, les deux agents avaient empêché les sbires de Talon de voler une puissante arme, actant au passage le retour actif de leur organisation.


- Tu sais pourquoi ils font ça ? demanda-t-il.


- Ça vient…dit Etienne, tandis que la tablette se mettait à jour en recevant de nouvelles données. Voilà…le commissariat abrite une lanceuse d’alerte dont on a tout lieu de penser qu’elle détient de précieuses informations et schémas techniques. Les deux gothiques doivent vouloir récupérer ces données.


- S’ils mettent la main dessus, ils tueront cette fille, dit le scientifique. Nous devons empêcher ça.


- Il semble qu’il y ait d’autres parties en présence, précisa Etienne.


Il tapota sur sa tablette et le portait masqué de Soldat 76 apparut à l’écran.


- C’est cet individu qui a attaqué plusieurs anciennes installations d’Overwatch gardées par Hélix Security, expliqua le français. Il s’en est aussi pris à plusieurs gangs de criminels à travers le monde. Cela a causé pas mal de dommage collatéraux au passage. La plupart s’accordent à dire qu’il s’agit d’un de nos anciens collègues. Par contre, lequel précisément, on ne sait pas.


- Il donne une mauvaise réputation à Overwatch, dit Winston avec contrariété. Nous le stopperons lui aussi.


- Donc on y va ? demanda Tracer avec enthousiaste, en sautillant un peu.


- Bien sûr, confirma le gorille.


- Génial ! Je pilote !


Elle se mit à courir vers une autre salle de l’installation, probablement l’armurerie. Il y eu un éclair d’énergie bleuté et elle disparut à la vue de ses deux interlocuteurs. Sa voix se fit entendre de plus loin :


- Le dernier arrivé est une poule mouillée !


- S’il te plaît, dis-moi que tu ne vas pas utiliser tes propulseurs pour faire la course avec elle, dit Etienne à Winston, d’un ton amusé. Le carrelage ne survivra pas à un atterrissage de ta part et il vient juste d’être refait.


- Bien sûr que non je ne vais pas le faire. L’un de nous deux doit rester raisonnable.


* *

*


Hai se trouvait dans une chambre du commissariat, simple logement de fonction destiné à des policiers n’ayant pas encore trouvé de résidence en ville. La lanceuse d’alerte se tenait sur son lit, recroquevillée contre le mur. Elle sursauta lorsqu’un fort bruit d’arme à feu se fit entendre.


Les bruits de combat l’avaient réveillée quelques minutes plus tôt et depuis elle attendait, ne pouvant rien faire d’autre. Même dans ses pires cauchemars Hai n’avait jamais envisagé se retrouver dans une pareille situation. Elle s’attendait à être renvoyée, mise en accusation, peut-être même réduite à la misère. Mais pas à être exposé à une fusillade.


Soudain la porte de sa chambre s’ouvrit sur une massive silhouette noire, portant un sinistre masque blanc et arborant deux imposants fusil à pompe. Hai hurla 


En moins d’une seconde, Reaper fut sur elle et l’assomma d’un coup de crosse. 


Une violente douleur au visage réveilla Hai. La première chose dont elle se rendit compte, c’est qu’on l’avait frappé, sans doute pour la réveiller. La seconde, c’est que Reaper la tenait par le col et la maintenait au-dessus du sol.


- Où sont les données ?! tonna la sombre silhouette.


- Je les ai cachées ! Elles ne sont pas ici ! Laissez-moi, par pitié !


Si Hai avait été moins terrifié, elle aurait pu constater que, durant le moment où elle avait été inconsciente, la chambre avait été fouillée, tout comme son sac et ses poches. 


- Où ?! demanda la voix grave de Reaper.


- A la tour de Lijang ! Pitié, laissez-moi en vie !


Le bruit d’une arme automatique interrompit les paroles de Hai tandis qu’elle se sentis chuter. Reaper venait de la lâcher pour sauter sur le côté, esquivant une rafale qui venait de lui être tirée dessus.


Sur le pas de la porte se tenait le capitaine, visant de son arme la position où, une seconde auparavant, se trouvait le mercenaire.


- Fuyez ! cria l’officier. Je me charge de cette créature !


Hai ne se fit pas prier deux fois. Elle ouvrit une fenêtre et l’utilisa pour passer à l’extérieur. Le capitaine avait de son côté dégainé un couteau de combat avant de se positionner entre la lanceuse d’alerte et Reaper.


Ce dernier eu un ricanement moqueur quand l’officier attaqua. Il para aisément le coup de couteau d’une de ses lames de combat avant de répliquer d’un tir de fusil. Mais le capitaine s’était décalé à temps et les balles allèrent cribler le mur.


D’un geste maîtrisé, l’officier dégaina une arme de poing et tira à bout pourtant sur Reaper. Les balles se dirigèrent à toute vitesse vers la silhouette, droit vers le cœur, et…passèrent à travers. En une seconde, le mercenaires s’était métamorphosé en une forme brumeuse et inconsistante.


- Vous n’avez aucune chance, dit-il à l’officier d’un ton sinistre.


- Cette voix…réagit l’autre, surpris.


Il écarquilla les yeux en regardant le spectre.


- C’est impossible, ajouta-t-il.


- Ce mot n’a plus aucun sens dans notre monde, dit Reaper, toujours inconsistant.


- Gabriel Reyes ? demanda l’officier, toujours stupéfait.


Reaper repassa en forme physique à ce moment.


- Vous avez bonne mémoire, capitaine, dit-il en donnant un coup de crosse.


L’officier para l’attaque de son couteau.


- Une explosion vous a tué au moment même où vous trahissiez Morrison ! s’exclama le capitaine en se fendant. Vous devriez être mort !


Reaper se décala pour que l’attaque touche son plastron. La lame du couteau rebondit contre l’armure.


- Je l’ai été. Et j’en suis revenu.


Nouveau tir de fusil, nouvelle esquive. D’un geste négligent, Reaper jeta l’arme qui avait tiré, vide de munition.


- Alors il est temps pour vous d’y retourner, traître !


Le capitaine se décala sur le côté, feinta vers la tête, redirigea son couteau à la dernière seconde et l’enfonça dans le flanc du mercenaire.


Reaper poussa un grognement de douleur. D’un geste rapide et empli de rage, il saisit l’officier par le col et le projeta contre le mur.


- Vous étiez un soldat compétent capitaine, dit Gabriel en retirant le couteau de son corps.


L’officier tenta de se relever. Il se redressa de quelques centimètres mais Reaper le renvoya au sol d’un coup de pied.


- Mais déjà à l’époque vous n’étiez pas assez bon pour rejoindre mon escouade. Et aujourd’hui encore, vous ne l’êtes pas assez pour me battre.


Il plongea la main dans la doublure de son manteau et en sortit un autre fusil qu’il pointa sur le capitaine.


- Vous auriez dû rester à votre place.


Reaper pressa la détente. L’officier encaissa stoïquement mais la grimace qu’il faisait en disait long sur sa souffrance. Il n’avait probablement plus que quelques secondes à vivre.


Au même moment, dans la noirceur du couloir apparut une légère lueur rouge. Juste là où auraient dû se trouver les yeux d’un homme.


Gabriel s’approcha de la fenêtre par lequel s’était enfuie Hai. Le mercenaire ricana lorsqu’il aperçut au loin les cheveux verts de sa cible. Il resta immobile quelques secondes tandis que des vapeurs noirâtres se dégageaient de son corps. Puis il disparut.


Avant de se retrouver juste devant Hai.


- Je suis la mort en mouvement, dit-il d’une voix lugubre à la jeune femme.


Cette dernière tomba à la renverse en hurlant de terreur.


Puis un trio de roquette s’abattit sur Reyes, suivi d’une pluie de balle bleutée. Le mercenaire poussa un cri de douleur tandis que son corps s’évaporait en une petite brume noirâtre.


Hai leva les yeux dans la direction du tir. Elle ne vit qu’une tête masquée, dégageant une inquiétante lueur rouge et pointant vers l’extérieur un imposant fusil d’assaut. La lanceuse d’alerte reprit sa course et disparut dans la nuit.


**

*

Lorsque la balle atteignit l’autre snipeuse, cette dernière lâcha son arme sous le choc tout en étant projetée en arrière de quelques pas.


Amélie observa ce résultat avec satisfaction. Tirer aussi vite et à cette distance était très difficile mais elle l’avait fait parfaitement. 


Son plaisir ne diminua pas lorsque Amélie vit son adversaire se relever en chancelant. Apparemment elle portait une espèce de masque qui avait amorti le choc. Qu’importe ! L’achever ferait une plaisante chasse.


Délaissant le combat entre les sbires de Talon et les troupes chinoises, Widowmaker utilisa son grappin pour se diriger vers son adversaire. Des hauteurs, elle put apercevoir que l’autre tireuse avait retiré son masque. Le visage qu’Amélie aperçut lui était familier. 


- Ana Amari, dit-elle à haute voix, d’un ton moqueur. La meilleurs snipeuse du monde … anciennement.


La pique sembla avoir fait mouche car la vieille femme avait une certaine colère dans la voix lorsqu’elle répondit :


- Moi aussi je t’ai reconnue. Je sais qui tu es, Amélie Lacroix !


Cette réponse fit apparaître un sourire narquois sur le visage de l’assassine. Elle n’avait jamais cherché à cacher son ancienne identité. Mais les altérations qu’elle avait subies, sa visière et la discrétion de son mode opératoire faisaient que le monde n’avait pas encore associé de nom au visage de Widowmaker.


La réponse lui avait permis de localiser la position de l’ancienne capitaine. Cette dernière s’était cachée derrière un coin d’immeuble. Amélie s’en approcha doucement, arme pointée vers l’avant.


- Bien. Je n’aurai donc pas besoin de me présenter avant de te tuer, dit-elle, toujours moqueuse.


Elle surgit vers la position d’Ana par le côté et tira une rafale. Mais, en dépit de sa récente blessure, l’égyptienne avait vu le coup venir et s’était décalée à temps. Elle se cacha derrière un muret avant de reprendre la parole :


- Gérard a survécu à plus d’une dizaine de tentatives d’assassinat de Talon. Mais pas à celle où tu étais présente sur les lieux. Il est mort par ta main, n’est-ce pas ?


Le sourire d’Amélie se transforma en rictus de colère tandis que de mauvais souvenirs l’assaillaient.


- Pourquoi tout le monde me parle-il de cela aujourd’hui ? murmura-t-elle à sa propre attention.


Plus silencieusement, Widowmaker s’approcha de la nouvelle position de son adversaire.


- Qu’est-ce qu’ils t’ont donné en échange ? De l’argent ? Des améliorations corporelles ? Ou était-ce juste pour obtenir des occasions de tuer ?


Amélie avança brusquement en tirant là où elle pensait que se trouvait Ana. Cette dernière esquiva de nouveau l’attaque tout en répliquant de son arme de poing. Une seringue passa à côté de Widowmaker et tomba derrière elle. 

Pendant une seconde, le regard des deux femmes se croisa. Puis elles s’écartèrent et se mirent toutes les deux à couvert. Au loin, des bruits d’appareils aériens se firent entendre.


- C’est bien cela, déclara Ana d’une voix dégoûtée. Tu aimes tuer. Je peux le lire sur ton visage. 


Elle marqua une courte pause avant d’ajouter, triste :


- Gérard était vraiment un fou d’aimer quelqu’un comme toi.


Cette insulte fit enfler la colère d’Amélie au point de la transformer en une rage folle.


- Tu ne sais rien de lui ! cria-t-elle.


Widowmaker tandis son bracelet vers un bâtiment, le grappin se déploya et s’accrocha à un mur. Le grappin se rétracta et elle s’en approcha à grande vitesse. D’un habile mouvement de jambes, Amélie se réceptionna sans mal et utilisa l’élan ainsi gagné pour rediriger l’emplacement de sa chute.


En plein sur la position d’Ana.


Cette dernière encaissa le choc de plein fouet, la faisant tomber de nouveau. L’assassine, de son côté, se réceptionna parfaitement.


- Tu ne sais rien de ce que j’ai subi ! ajouta Widowmaker en frappant de son arme.


Ana poussa un grognement. La douleur consécutive aux deux attaques semblait l’avoir clouée au sol.


- Vieille femme stupide, dit Amélie en pointant son arme vers l’ancienne capitaine.


- Moins stupide que tu ne le crois…dit péniblement celle-ci.


Tout en parlant, elle saisit une des sphères qu’elle portait et la jeta par terre. L’orbe explosa au contact du sol, répandant une brume dorée.


Cette fois, ce fut Amélie qui cria de douleur. A l’inverse, l’arme employée sembla ne causer aucun dommage à Ana, laquelle profita de l’occasion pour courir vers son fusil, qu’elle récupéra promptement.


Puis des bruits de bottes se firent entendre. Les appareils entendus précédemment se révélaient être des transporteurs contenant un grand nombre de soldats. L’armée chinoise avait envoyé des renforts. Déjà, les sbires de Talon se repliaient.


Après avoir jeté un dernier regard de haine vers l’autre femme, Amélie utilisa son grappin pour s’enfuir. Ana ne tarde pas elle aussi à disparaître, se fondant dans les ombres de la nuit.


**

*


Soldat 76 avait beau scruter l’obscurité, Hai avait bel et bien disparu. Il ne la retrouverait pas cette nuit. 


Morrison savait que c’était juste un revers mineur, qu’il aurait d’autres occasions de retrouver Hai, qu’abattre Reaper était déjà une grande victoire. Mais malgré tout…il ressentait la douleur de l’échec, comme un bouillonnement diffus parcourant son corps. Les responsables de la chute d’Overwatch étaient restés trop longtemps impunis.


Au loin, les bruits de combat avaient cessé. Soldat 76 savait qu'il devrait bientôt s'enfuir. Mais il avait quelque chose à faire avant cela.


Jack s’avança vers le capitaine et activa près de ce dernier un de ses générateurs de champs biotiques. Autrefois, il n’avait pas pu sauver ses agents de Gabriel. Mais il pouvait sauver cet homme-là. Son fardeau ne s’alourdirait pas d’un autre échec.


- Je vous…reconnais, dit l’officier en haletant. Vous êtes … ce fugitif … qui a … attaqué d’anciennes … installations d’Overwatch…gardées par Helix.


La visière rouge de Jack fixa silencieusement les yeux du capitaine.


- Vous êtes recherché…par un mandat international…je devrais vous arrêter…dit le capitaine, sa voix devenant de plus en plus régulière, à mesure que les soins étaient appliqués.


Il rit faiblement.


- Pas comme si je le pouvais…n’est-ce pas ?


Toujours aucune réponse.


- En tous cas, merci pour ces soins, dit le capitaine, sa voix redevenue normale. Vous m’avez sauvé la vie. Je le dirai au monde.


Morrison hocha silencieusement la tête.


- Maintenant que je vous vois de plus près…il me semble que votre silhouette m’est familière. Est-ce que nous ne nous sommes pas déjà rencontrés ?


Sans un mot, Jack ramassa l’appareil médical et sortit de la salle. Le capitaine poussa un léger soupir.


- Cela devait être dans une autre vie.


- C’était une autre vie, murmura Soldat 76 pour lui-même.


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