Fantômes du passé

Chapitre 2

2821 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 17/06/2017 23:29

*Six ans plus tard*


Hai regarda par-dessus son épaule, pour être sûr que personne ne l’observait. C’était le cas.

Son regard revint sur l’ordinateur qui lui faisait face. Il était en train de copier des données dans une clé de stockage. Beaucoup de données.

Hai était une petite femme au physique banal. Ses cheveux longs étaient teints en vert, le même que celui des feuilles d’arbre au printemps : une couleur rassurante et source d’espoir.

Ces yeux étaient d’un noir commun et avaient une forme plutôt discrète. Les gens qui regardaient Hai avait donc tendance à se focaliser sur ses cheveux. Cela arrangeait cette dernière car elle ne savait guère masquer ses émotions. Et là, elle affichait une tête inquiète. Très inquiète.

Elle portait un uniforme de travail, une tenue d’un beau jaune sur lequel apparaissait un logo, un glyphe au design épuré, en rouge.


Le transfert de données se termina. Hai retira la clé en poussant un soupir de soulagement. Puis elle la rangea dans une de ses poches avant de quitter la pièce.


Elle traversa plusieurs couloirs déserts avant d’arriver dans un grand hall bien éclairé et décoré de nombreuses plantes vertes. Sur un des murs, étaient apposées de grandes lettres, de l’alphabet chinois. Il était écrit : Enki-Corporation.

Il se trouvait de nombreuses personnes dans le hall, portant le même uniforme que Hai. Les gens saluaient poliment cette dernière, qui leur rendait ce salut en tachant de cacher au mieux sa nervosité.


- Tu es toujours là, Hai ? demanda une autre femme avec étonnement. Ta journée est normalement finie depuis une bonne heure, non ?


- J’avais des choses à finir, répondit précipitamment l’intéressée.


- Ne va pas te tuer au travail, lui dit l’autre en souriant.


Elle se séparèrent là. Hai sortit du bâtiment. Ce dernier était une large et grande structure au style moderne, construite en verre et en acier. Le genre de bâtiment coûteux qui symbolise le pouvoir.


Hai prit un vélo pour rentrer chez elle, un appartement de taille moyenne qui disposait de tout le confort moderne. Une fois sur place, elle prit d’abord le temps de se changer, revêtissent une tenue de ville classique à la place de son uniforme. Puis elle ouvrit un ordinateur portable, vérifia qu’il était coupé d’internet, et entreprit de faire des copies des données qu’elle avait obtenues.


Après avoir fait deux autres copies, Hai ouvrit un autre ordinateur, cette fois relié à internet. Elle se connecta à plusieurs sites de partages d’information.


« Les crimes d’Enki Corporation » commença-t-elle à écrire. « 1 : Enki a des liens avec des groupes mafieux. Voici les preuves »

Hai brancha une de ses clés de données à cet ordinateur, choisit certains dossiers à l’intérieur et les diffusa à la suite de son annonce. Il y avait des messages électroniques, des relevés de comptes, des vidéos, des photos…

« 2 : Enki détruit des écosystèmes au mépris des réglementations internationales. Voici les preuves ». Cela fut suivi d’un nouvel envoi de données.

« 3 : Enki a volé des idées pour concevoir certain de ses produits phares, dont certaines à des entreprises gouvernementales. Voici les preuves. »

Cette fois les informations partagées étaient surtout des schémas techniques. Il s’agissait des caractéristiques d’appareils de pointe, des outils de hautes technologies.

« 4 : Enki a été impliqué dans plusieurs conspirations troubles, dont une relative à la chute d’Overwatch. Voici les preuves »

Les dernières données de la clé furent envoyées. C’étaient des textes, des fichiers « top secret » faisant référence à des événements passés.


Une fois sa tâche finit, Hai soupira de soulagement. Elle se leva et se servit un verre d’alcool fort.


- A la fin imminente de ma carrière ! dit-elle avec une sombre ironie, en levant sa boisson.


Puis elle but le tout cul-sec.


Ensuite Hai retourna devant son ordinateur et observables premières réactions à ces messages.

Cinq minutes passèrent. Puis, soudainement, toutes les lumières de l’appartement s’éteignirent. L’électricité venait d’être coupée.

Un téléphone portable se mit à sonner. D’un geste un peu trop rapide, la désormais lanceuse d’alerte le saisit et l’ouvrit.


- Vous me décevez mademoiselle Yin, dit une voix au bout du fil.


- Monsieur le directeur, je ne vois pas de quoi vous parlez, répondit-elle machinalement.


- Ne faites pas l’innocente ! Vous avez piraté les serveurs de l’entreprise et avez essayé de dévoiler certaines de ces données ! Moi qui portait de si grands espoirs en vous.


- Comment ça, « essayé » ?


- Vous pensiez réellement que nous ne serions pas préparés à empêcher la diffusion de telles informations ? Que nous ne prendrions aucune précaution contre ce genre d’incident ? Tous vos petits messages ont déjà été effacés.


Stupéfaite par cette nouvelle, Hai ne répondit rien.


- Maintenant, écoutez-moi bien. Vous pouvez encore vous en sortir sans trop de problèmes. Je suis sûr que vous avez fait des copies. Livrez-les à l’entreprise et nous nous contenterons de vous licencier sans indemnité.


- Non…débuta-t-elle d’une petite voix. Non ! reprit-elle avec plus de force. Les gens méritent de savoir !


- Pauvre idiote ! Avez-vous la moindre idée de ce dans quoi vous vous embarquez ? Ces données vont faire de vous une cible pour les pires individus de cette planète ! Nous sommes votre meilleur choix, mademoiselle Yin.


Hai éteignit son téléphone. Elle saisit un sac à dos et y bourra des affaires de voyage. Puis elle sortit de son appartement en courant.


Dans une autre pièce, plus loin dans la ville, le directeur de Enki Corporation reposa brutalement son portable sur un bureau.


- Contactez Helix Security ! ordonna-t-il à un de ses assistants. Nous allons avoir besoin des meilleurs. Eux seuls seront de taille contre les individus qui vont se mettre à traquer Yin.



**

*


Amélie avançait à pas rapides dans le couloir. Elle se tenait prête au combat, arme pointée vers l’avant. La dite arme était un compact et massif fusil d’assaut, sur lequel était gravé un W gris sous fond bleu.


Elle repéra la pièce d’où elle pourrait exécuter sa mission, puis se cala contre le mur avant de tenter d’ouvrir la porte. Verrouillée. Amélie ne pouvait prendre le risque de forcer l’entrée et de se faire repérer. Elle sortit d’une sacoche un passe-partout adaptatif, petit gadget technologique hors de prix, qu’elle utilisa sur la serrure. La porte s’ouvrit.


A son entrée, un individu sursauta. Amélie le détailla de son regard froid et inexpressif. Il ne représentait aucune menace physique mais pouvait mettre la mission en péril s’il alertait la cible.


- Pas un bruit ou je vous tue, dit-elle froidement en pointant son arme sur lui.


Son anglais laissait entendre un fort accent français, qui aurait été séduisant si la voix n’avait été si froide.

L’individu cessa de bouger ou de parler. Amélie lui fit signe de se mettre à genoux et il s’exécuta. Puis elle le bâillonna et le ligota avant de se positionner devant une fenêtre.


Elle attendit cinq minutes. Puis la cible se présenta à sa vue, accompagnée de deux gardes du corps.


Amélie afficha un sourire mauvais tandis qu’elle ouvrait la fenêtre. Elle pointa le canon de son arme à l’extérieur avant de déclencher un mécanisme. L’objet se modifia alors : son profil devient moins massif et s’allongea, tout comme le canon. L’arme d’assaut c’était transformée en fusil de précision.


Alors que la cible approchait de sa ligne de tir, le visage d’Amélie devenait de plus en plus expressif, affichant une joyeuse anticipation devant un plaisant événement.


Puis elle tira.


Une balle alla se loger dans la tête de la cible. Amélie sourit de plaisir.


- Voilà le destin des ennemis de Talon, dit-elle dans un murmure.


Elle décala légèrement son arme et tira de nouveau. Un des gardes du corps, resté immobile de stupéfaction, s’effondra.


- Parfait, commenta joyeusement Amélie, cette fois à haute voix.


Le second garde du corps se retourna et commença à s’enfuir. Il ne fallut qu’une seconde à la femme pour ajuster son arme et tirer. Un autre corps dénué de vie toucha le sol.


Amélie ferma les yeux et inspira lentement, savourant le moment présent. Le plaisir qui suivait un meurtre était pour elle un instant rare et précieux. Un instant durant lequel elle se sentait vivante.


Elle se retourna pour observer la pièce. C’était une confortable chambre d’hôtel, le genre réservé aux riches castes. Elle s’approcha d’un miroir situé dans un coin de la salle.


Le reflet lui renvoya l’image d’une femme de taille moyenne. Le détail qui frappait immédiatement était sa peau d’une couleur turquoise. Sa chevelure bleue foncée était coiffée en une longue et épaisse queue de cheval qui lui arrivait jusqu'au bas du dos. La couleur de ces deux éléments s’accordait très bien avec la combinaison moulante violette qu’elle portait au corps et au haut de ses jambes. Les trois faisaient ressortir ses yeux, d’un jaune intense ainsi que de discrètes boucles d’oreille argentées. Le tout donnait à Amélie une beauté froide et intimidante.


Son équipement ne se limitait pas à son arme. Son avant-bras gauche était équipé d’un lourd bracelet mécanisé. De plus, elle disposait d’une espèce de casque frontal de couleur noire, sur lequel était disposé sept globes d’un rouge menaçant.


Amélie posa son arme et prit une poignée de secondes pour remettre quelques mèches rebelles dans sa queue de cheval. La prudence aurait recommandé de quitter les lieux au plus vite avant l’arrivée des forces de l’ordre mais…au diable ! Elle avait envie de profiter de l’instant présent.


Elle se retourna vers l’individu qu’elle avait ligoté quelques minutes plus tôt. C’était un homme entre deux âges, un peu gros et habillé de vêtements de qualités. Un riche banquier ou quelqu’un du même genre. Amélie sourit d’amusement en constatant qu’il était terrifié.


- Tu as peur que je te tue ? demanda-t-elle d’une voix doucereuse en approchant lentement de lui.


Il ne répondit pas et ne bougea pas, se contentant de la fixer d’un air terrifié. Elle posa le canon de son arme sur sa tête.


- Ce serait tellement facile, dit-elle d’un ton langoureux. Juste une petite pression sur la gâchette…


Malgré la probabilité de sa mort imminente, l’homme ne ferma pas les yeux, continuant de fixer Amélie avec un mélange de pure terreur et de fascination. L’assassine attribua cette réaction à sa beauté et en tira un plaisir vaniteux.


- Mais à cette distance cela n’aurait aucun intérêt, dit-elle en retirant son arme. Pas pour quelqu’un d’aussi insignifiant que toi, ajoute-t-elle, méprisante.


Malgré le bâillon, le soupir de soulagement du banquier fut clairement audible. Amélie s’accroupit devant lui et approcha sa main droite du visage de l’homme. Un gant noir en recouvrait la totalité, à l’exception de l’index. Le doigt qu’elle utilisait pour appuyer sur la gâchette.


- Tu pourras te vanter d’avoir croisé Widowmaker sans y laisser la vie, dit Amélie d’un ton sensuel, en faisant une petite griffure sur la joue de l’individu.


Puis elle se leva et se dirigea tranquillement vers la fenêtre. Elle tendit son poignet gauche vers l’avant et un grappin sortit du bracelet qu’elle portait. Puis le grappin se rétracta, la propulsant à l’extérieur.


Elle atterrit avec agilité sur la terrasse qu’elle visait avant de se mettre en route, voyageant de toit en toit. L’armure qu’elle portait aux jambes, associée à certaines altérations physiologiques et à un entraînement d’athlète accomplie, lui permettait de sauter de loin et de toujours se rattraper.


Une fois parvenue à son transport, elle eut la surprise de voir un second appareil de Talon présent sur place. Plusieurs des sbires de l’organisation se trouvait également là, facilement identifiables à leurs armures lourdes et à leurs casques aux capteurs rouges.


Et devant eux se tenait un sinistre individu. Grand et massif, il était vêtu d’une large cape noire qu’il portait capuche rabattue, accompagnée d’une armure intermédiaire, noire également.

Le reste de son équipement était tout aussi menaçant : il disposait de lames de combat aux avant-bras et portait deux imposants fusils à pompe, arme qu’un humain ordinaire devait manier des deux mains, accompagnées de plusieurs réserves de munitions.

Mais la chose qu’on remarquait le plus était le masque d’un blanc d’ivoire qu’il portait. L’objet avait la forme d’un visage humain sans les détails, se contentant de trous à l’emplacement de la bouche et du nez. Sa couleur le faisait immédiatement ressortir, d’autant qu’il était porté sur un fond d’un noir total. Comment cet individu faisait-il donc pour voir ?


Il y avait une autre légère touche de couleur : un badge argenté, accroché à la ceinture. Il représentait le symbole d’une organisation désormais dissoute : BlackWatch.


- Toi ici ? demanda Amélie à la sombre silhouette d’un air curieux, s’adressant à lui comme à une connaissance. Hum… Il va se passer des choses importantes, n’est-ce pas ?


- Je laisse à tes supérieurs le soin de tout t’expliquer, répondit l’autre en faisant un mouvement de tête vers le transport derrière lui.


Sa voix était grave, presque trop pour une gorge humaine, sombre et menaçante. Pourtant on avait l’impression que le ton employé était calme.


Amélie entra dans l’appareil, un véhicule aérien, lointain descendant d’un hélicoptère, qui, grâce aux progrès technologiques des dernières décennies, n’avait désormais plus besoin d’hélices pour rester en vol stationnaire.

Une fois à l’intérieur, elle se dirigera vers le communicateur, entra ses identifiants et attendit. Une transmission ne tarda pas à arriver.


- Votre rapport, agent Widowmaker.


La voix était cryptée, masquée par des grésillements qui la rendaient totalement impossible à identifier. Les responsables de Talon tenaient à garder leur identité secrète.


- La cible est éliminée, répondit-Amélie avec satisfaction.


- Bien. Vous allez repartir en mission dès maintenant. Une employée de Enki Corporation a volé nombre de fichiers à sa firme, dont certain schéma technique que nous voulons récupérer. Elle a tenté de tout diffuser sur internet mais sa tentative a été contrecarrée. A vous et à Reaper de récupérer ces données. Il commandera l’opération.


- Vous nous envoyez, lui et moi, à la poursuite d’une simple employée de multinationale ? demanda-t-elle, d’un ton narquois.


Reaper était un des mercenaires les plus violents qui soit. Il n’acceptait que les missions où les effusions de sang étaient garanties. Quant à Amélie, l’employer sur une opération sans possibilité de meurtre aurait été un pur gâchis…et un ennui pour elle.


- D’après nos premiers rapports, Enki a fait appel à Hélix Security pour récupérer ses données. Et nous sommes persuadés que certains anciens agents d’Overwatch se montreront pour faire de même. Vos capacités auront l’occasion d’être employées.


- Voilà qui fait plaisir à entendre.


- Éliminez, si possible, tout individu qui pourrait être une menace pour nos futures opérations. Mais l’obtentions des données reste la priorité. Fin de la transmission.


Le communicateur s’arrêta.


Avec un sourire mauvais, Amélie sortit de l’appareil pour se diriger vers Reaper. Elle aurait bientôt de nouveau l’occasion de tuer.

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