L'inconnu du train Chicago - Los-Angeles

Chapitre 3 : L'Ange Gabriel.

3014 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 12/06/2019 15:19

C'est lorsque le son infernal du réveil matin se mit à retentir que Jack émergea de son sommeil réparateur. Même en vacances, il tenait à se lever plus ou moins tôt, afin de profiter de la journée. Il ne lui fallu que quelques secondes pour reprendre ses esprits et se rappeler où il était après avoir vu le décors peu familier de la chambre. Le journaliste grogna, et se frotta les yeux en s'étirant. Il n'avait vraiment pas envie de se lever, et ce, même si il avait programmé son réveil à 8h30. Après avoir bruyamment baillé, il se décida enfin à sortir de ses draps et à se mettre sur ses pieds. Il savait qu'Ana et Fareeha étaient déjà levées puisqu'il pouvait entendre de sa chambre, qui était à l'étage, les voix et les rires des deux femmes. Un petit sourire s'installa sur son visage alors qu'il descendait les escaliers pour aller rejoindre les deux voix qui semblaient provenir de la cuisine.

 

 

« IL EST LÀ!!! »

 

 

Avant même qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, une petite fille de huit ans sorti de la cuisine ouverte et se jeta dans les bras du blond, qui ne put résister à l'élan et tomba au sol avec la fillette.

 

 

« Tonton Jack ! Oh, comme tu m'as manquée ! Je savais que tu étais là ! Maman m'avait dit que tu était parti pendant la nuit. Tu aurais pas fait ça, hein ? Pas vrai tonton Jack ? »

 

 

« Il fallait bien que je trouves quelque chose pour qu'elle ne monte pas dans la chambre d'amis te réveiller... »

 

 

Fit Ana, appuyée contre l'encadrement de la porte, souriant aux deux personnes allongées par terre. Jack ne put qu'éclater de rire tout en serrant la fillette.

 

 

« Oh, mais non, ma petite Fareeha ! Tu sais très bien que je ne manquerai jamais ton anniversaire ! »

 

Fit-il en lui caressant les cheveux. La jeune fille, surexcitée par la présence de son oncle de cœur, se leva précipitamment tout en tirant de toutes ses forces le bras droit de Jack, pour le forcer à se lever lui aussi.

 

 

« Allez, viens ! Viens voir comme j'ai grandi depuis la dernière fois ! Allez ! »

 

 

Comment pouvait-il résister à un visage si angélique ? Toujours souriant, il se leva finalement, et suivi Fareeha devant l'encadrement de la porte d'entrée où se trouvait plusieurs traits horizontaux faits aux stylos, avec une date et un age inscrits pour chaque trait. La jeune fille se mit donc fièrement contre l'encadrement, les talons touchants bien le sol, et observant la réaction du blond avec des yeux pétillants.

 

 

« Regarde ! T'as vu ? J'ai grandi de deux centimètres ! »

 

 

« Oh ? Vraiment ? Mais c'est que tu sera bientôt plus grande que moi ! D'ailleurs... Fait moi voir un peu ce que ça donne, si ta jolie frimousse me dépasse un jour ! »

 

 

Et sur ce, commença une rapide bataille de chatouilles, créant des éclats de rire chez Fareeha comme chez Jack, avant que celui-ci ne finisse par l'attraper fermement, la prendre dans ses bras, et la faire s'élever au-dessus de lui.

 

 

« Ah, oui ! Ça te vas bien d'être grande ! »

 

 

« Oui ! Et moi, quand je serai plus grande, je volerai, et je protégerai les innocents ! Comme maman ! »

 

 

Jack rit à cela et la fit redescendre. Il s'approcha de son oreille pour chuchoter, afin qu'Ana n'entende pas.

 

 

« Tu sais, je ne suis pas sûr que ta mère voudrai que tu soit Rangers comme elle... »

 

 

« Non ! Moi je veux être dans l'armée de l'air ! »

 

 

Fit la petite fille fièrement, criant presque ses mots.

 

 

« Qu'est-ce que j'ai entendu ?! »

 

 

Fareeha tout comme Jack se firent tout petits, et préférèrent changer de sujets. Après tout, Jack n'avait toujours pas déjeuné. Ils se mirent donc tout les trois à table, mangeant en silence. Cependant, le téléphone de Jack vint à sonner. Le teint du journaliste blanchit à la vue du nom qui s'affichait sur le petit écran.

 

 

« D-Désolé... Mais il faut vraiment que je réponde... C'est mon patron... »

 

 

« Bien sûr, Jack. Ton café ne vas pas s'envoler, tu sais ? »

 

 

Répondit Ana, un sourire rassurant. Jack lui sourit également en réponse, et sorti dans le jardin pour répondre, sans oublier d'ébouriffer gentiment les cheveux de Fareeha au passage. Une fois dehors, il décrocha.

 

 

« M-Monsieur Pétras ! Y a-t-il un problème ? C'est que je suis en vacances et que... »

 

 

« Taisez-vous, Morrison ! Avez-vous la moindre idée de ce que vous avez fait ? C'est inacceptable ! Je devrais vous renvoyer ! »

 

 

Cette fois, le teint de Jack devint vraiment livide. Perdu, il essaya de trouver les mots tant bien que mal.

 

 

« M-Mais enfin, Monsieur... Je ne comprends pas... De quoi parlez-vous ?... »

 

 

« Oh, vous savez très bien de quoi je parles ! Votre petit tweet d'hier soir. Depuis quand vous dévoilez vos orientations sexuelles au grand public ? Avez-vous seulement pensé à la réputation de notre chaîne d'informations ? Je vous rappelle qu'en tant que journaliste titulaire de l'Indiana Daily Student, vous devez montrer l'exemple ! De quoi ai-je l'air, moi, dans tout ça, hein ? Vous rendez-vous compte de la situation délicate dans laquelle vous me mettez ?! »

 

 

Le tweet ? Mais comment pouvait-il être au courant ? Il était surveillé par son patron maintenant ? Vu le personnage, ce ne serait pas trop étonnant.

 

 

« Mais... Mais monsieur, je ne voulais aucunement nuire à la réputation du journal... Je... Je ne vois pas où est le problème d'être... »

 

 

« D'être quoi, au juste, Morrsion ? Un Pédé ? Et bien si, il y a un problème, voyez-vous ! Et surtout pour une chaîne d'informations comme la nôtre ! Tout le monde ne parles que de ça, ce matin, et vous, imbécile, vous ne voyez pas le problème ? Partout, dans les autres journaux, on ne parles que de ça ! « Jack Morrison, journaliste chez l'Indiana Daily Student, appelle à l'aide pour retrouver l'homme de sa vie, croisé dans l'Amtrak ». Vous ne les entendez pas ?! Tout ces journalistes du New-York Times et du Washington Post qui se moque de notre société ? De moi ?! Tout ça pour quelqu'un à qui vous n'avez même pas parlé, selon vos dires ! Je pourrai vous renvoyer sur le champ ! »

 

 

« N-Non ! M-Monsieur Pétras... Je... Je suis vraiment... Vraiment désolé... N'y a-t-il pas un autre moyen ? Devons nous vraiment en arriver là ? Je... J'aime ce travail Monsieur Pétras... S'il vous plaît... Je... Je ferai ce que vous voulez... »

 

 

Jack pouvait déjà s'imaginer à la rue, vivant sous un pont d'autoroute, ayant pour seul foyer un carton et des vieux journaux en guise de couvertures. L'avenir semblait bien sombre.

 

 

« Bien, si vous le demandez si gentiment, je vais faire l'impasse pour cette fois, Morrison ! Mais sachez que ceci est votre dernière chance ! Au prochain faux pas, et c'est la porte ! D'ailleurs, pour la peine, vous me ferez le double de vos heures. Profitez bien de vos vacances, car il se pourrait que ce soient les dernières avant un long moment. »

 

 

Fichu. Jack était fichu. Les larmes lui montèrent aux yeux, malgré ses efforts les arrêter. Il prit une grande inspiration, et se força à se calmer. Il ne pouvait pas rentrer dans la maison comme ça. Surtout pas devant Fareeha. Une fois qu'il fut sûr qu'il n'allait pas fondre en larmes, il entra dans la maison, avec un bien faible sourire sur son visage. Ana et Fareeha le regardèrent avec une mine inquiète.

 

 

« Jack. Tout vas bien ? »

 

 

« Oui, Ana. Ne t'en fait pas. Je suis juste encore un peu... Fatigué du voyage. Je... Je remonte dans la chambre... »

 

 

Il parti si vite qu'aucune des deux femmes n'eurent le temps de dire quoi que ce soit pour le retenir. Jack monta les escaliers à toute vitesse avant de se laisser tomber sur son lit, ne prenant même pas la peine de fermer la porte derrière lui. Il voulait juste oublier. Tout oublier. Mais il avait beau essayer d'occulter le problème, il savait qu'il devait un jour y faire face. Son homosexualité était un problème pour son patron et mettait sa carrière au sein de l'Indiana Daily Student en danger, si ce n'est qu'elle était compromise. N'ayant pas le choix, et voulant estimer par lui-même l'étendue des dégâts, Jack prit son ordinateur portable, et ouvrit son twitter. Heureusement qu'il était assis, sinon il serait certainement tombé. 540 000 Retweet. Même lorsqu'il avait posté des infos chocs, cela n'avait pas été aussi impressionnant. Il s’aperçut d'ailleurs du nombre infini de messages privés ou de commentaires qu'il avait reçu. Un nombre si impressionnant, qu'il s'était dit que jamais il pourrait tous les lire. C'était un rêve. Un simple rêve. Ou alors un monde parallèle, Jack ne voyait que ça.

 

Prenant une autre inspiration, il se disait qu'il irait lire les messages privés plus tard, et ouvrit un autre onglet pour aller sur les pages d'accueil du Washington Post et du New-York Times. Son patron avait raison. Partout, l'on ne parlait que de ce journaliste dépourvu qui cherchait à retrouver son âme sœur perdue dans l'Amtrak qui le menait à Los-Angeles. Et des gens des États-Unis entiers écrivaient des messages de soutiens et des confirmations de partage du tweet. Jack ne savait pas si il devait se sentir reconnaissant envers les citoyens américains ou si il voulait se cacher dans un trou de cinquante mètres de profondeurs pour ne plus jamais en ressortir de sa vie. Il retourna sur twitter, et cliqua sur sa boîte de messagerie. +999 messages. Ça commençait bien. Au fur et à mesure qu'il lisait les messages, Jack était encore un peu plus perdu, et ses émotions changeant tellement vite, que la journée n'avait pas encore vraiment démarrée qu'il était déjà fatigué.

 

Il ne savait plus où en donner de la tête, entre les messages de soutiens, auxquels il répondait parfois, et les messages de haine homophobes qui lui donnait envie de vomir. Cependant, il retint que l'idée générale lui était favorable. Peut-être que Ana avait raison, après tout. Peut-être allait-il trouver cet homme ? Il passa des heures et des heures à trier tout les messages. Quand soudain...


 

Message de Gabriel Reyes.

 

Gabriel : Salut ! Comme beaucoup, j'imagine, j'ai vu ton tweet à propos de l'homme que tu cherches. C'est admirable ce que tu fais, peu auraient le courage d'assumer leur homosexualité en publique comme tu le fait. Chapeau, l'ami ! D'ailleurs, j'ai également pris l'Amtrak Chicago – Los-Angeles. L'on s'est peut-être croisé ? Enfin bref, j'ai joué avec des musiciens dans le train, et j'en connaît quelques uns. Peut-être que l'un d'eux correspond à l'homme que tu recherches... En tout cas, fait moi signe si tu as besoin d'aide ! A plus !

 


Cette photo de profil. Ce visage. C'était lui. C'était bel et bien lui. Les yeux de Jack se mirent à pétiller tandis qu'il bondit de son lit et sauta en hurlant de joie partout dans sa chambre. Enfin, il l'avait retrouvé. C'était lui.

 

 

« Jack ! Non mais ça va pas ?! Qu'est-ce qui te prends à la fin ?! »

 

 

« Maman ? Tonton Jack est malade ? Il est devenu fou ? »

 

 

Riant aux larmes, Jack se jeta dans les bras d'Ana avant de l’entraîner dans une danse improvisée, ce qui surprit tellement la jeune femme qu'elle se laissa faire, devant les yeux ébahis de sa fille.

 

 

« C'est lui, Ana ! C'est bel et bien lui ! Je l'ai retrouvé ! Enfin,non, c'est lui qui m'as retrouvé. Mais peu importe ! Regarde, c'est lui ! »

 

 

Fit-il en montrant l'ordinateur portable à l'égyptienne, pointant la photo de profil. Pendant un instant, Ana resta statique.

 

 

« Tu es en train de me dire que tu t'es mit dans des états pas possible pour... Ce navet ?! Jack, quand tu m'as dit qu'on aurait dit un ange tombé du ciel, je t'avoue que je m'attendait à beaucoup mieux ! Regarde moi ces cicatrices, elles en feraient fuir les enfants ! »

 

 

« Maman, il est bizarre le monsieur ! Regarde, on dirait une vraie tête de méchant ! »

 

 

« Chut, Fareeha, les adultes sont en train de parler. »

 

 

Choqué devant de telles paroles, Jack s'offusqua. Une main sur sa poitrine avec un air dramatique, et se força à retrouver la parole alors que les mots de sa meilleure amie lui avait coupé le souffle.

 

 

« Mais enfin, Ana ! Il est magnifique ! Et c'est un ange ! La preuve ! Il s'appelle Gabriel ! »

 

 

Il y eu un bref moment de silence pendant lequel ni Jack, ni Ana, ni Fareeha ne surent quoi dire. Puis, quelques secondes plus tard, les deux adultes éclatèrent de rire ensemble. Ce que ça faisait du bien pour Jack qui était sous pression à cause de son patron !

 

 

« Oh, Jack. Sérieux... Bon ! Si tu le dis. Je te laisse avec ton prince charmant alors... Allez viens Fareeha. Ça te dit de faire des cookies ? »

 

 

Il n'en fallu pas plus à l'égyptienne miniature pour éclater de joie et se précipiter en bas des escaliers. Ana, quand à elle, ferma la porte derrière elle pour rejoindre sa fille, un doux sourire sur les lèvres. Jack, quand à lui, se précipita sur son ordinateur portable et la messagerie de Twitter. Il ouvrit la conversation avec Gabriel, tout sourire, et commença à rédiger.

 

 

De : Jack Morrison.

 

Jack : Bonjour Gabriel ! Merci de ton message. A vrai dire, je dois t'avouer que

 

 

Jack effaça le message sur le champ, la panique se lisant sur son visage, ne prenant même pas la peine de terminer sa phrase. Et si Gabriel n'aimait pas les hommes ? Il ne ferait que se prendre un râteau à l'avance. Non, il avait eu asses d'émotions pour aujourd'hui. Il réfléchit cinq petites minutes de plus avant de se remettre à écrire.

 

 

De : Jack Morrison

 

Jack : Bonjour Gabriel ! Merci de ton message. C'est vrai ? Toi aussi tu as pris l'Amtrak ? Quel dommage que l'on ne se soit pas vu dedans ! Puisque tu le propose si gentiment, et que je pense que tu es définitivement le mieux placé pour m'aider, j'accepte volontiers ton aide pour le retrouver. Enfin, seulement si tu es toujours d'accord, bien sûr...

 

 

Comme le ferait remarquer Fareeha, c'était pas beau de mentir. Mais là, il n'avait vraiment pas le choix. Et à peine eut-il fermé les yeux, qu'un petit bruit provenant de son ordinateur se fit entendre.

 

 

Message de Gabriel Reyes.

 

Gabriel : Mais bien sûr, je suis plus que ravi de t'offrir mon aide ! En plus tu as de la chance, si il est descendu à Los-Angeles hier, il y a de fortes probabilités pour qu'il y soit encore. Toi aussi tu es toujours à Los-Angeles, je suppose ? Enfin bref, évidement que je vais t'aider ! Mais dit-moi, un journaliste comme toi, ça ne sait pas faire des investigations pour rechercher des personnes, du genre, S.O.S : personne disparue ? ;)

 

 

Jack éclata de rire. Gabriel était marrant. Du moins, à son goût. Il était à peu près sûr qu'Ana roulerait des yeux si jamais elle était là. Le journaliste se mordit la lèvre inférieure pour éviter toute nouvelle crise de joie, et il se remit à écrire.

 

 

De : Jack Morrison

 

Jack : Merci quand même de ton aide, tu n'était pas obligé ! Et oui, je suis toujours à Los-Angeles, pour quelques semaines seulement. Je sais que c'est peu, mais peut-être finirai-je par le croiser dans la rue, par hasard... Hey ! Ne me compare pas aux paparazzi, s'il te plaît ! Il n'ont pas un millième de mon talent d'investigateur. :3

 

 

Message de Gabriel Reyes.

 

Gabriel : Du calme, Golden Boy ! Je suis sûr que tu vaux beaucoup mieux que ces racleurs de merde en effet... Mais dit moi, si tu es toujours à Los-Angeles, l'on pourrait se voir ! J'habite ici et j'ai encore quelques jours avant de reprendre le travail. Bien sûr, tu n'est pas obligé, on se connaît à peine, si ce n'est pas du tout...

 

 

Jack sourit à lui-même. C'était sa chance.


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