Nouvelles d'Overwatch
Chapitre 34 : Un Homme de Parole (1 sur 6)
3195 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 12/02/2020 22:43
*Durant la Crise Omnic*
Une explosion retentit, faisant trembler le véhicule. Jack s’accrocha plus fermement à la barre qu’il tenait, ainsi qu’à son arme. Réflexe inutile, pensa-t-il.
Non loin de lui, quelqu’un gémit. Jack se tourna dans la direction et aperçu une petite femme, portant l’équipement complet d’une militaire américaine, qui regardait le toit avec un air terrifié.
Felicity Barrett se rappela aussitôt Jack. Sortie du programme d’entraînement il y a dix jours.
D’autres soldats lui jetaient des regards agacés, voir désobligeant. Il fallait admettre que son comportement faisait tâche. Surtout qu’ils étaient censés être une unité d’élite. Mais la première expérience de combat pouvait troubler même les meilleurs. Jack se souvenait très bien de la boule dans son ventre, lorsqu’il avait été dans la même situation.
Précautionneusement, Jack se mouva dans le transport, s’approchant de Felicity. Il dû s’arrêter une poignée de fois, lorsque les tremblements reprirent.
- Ca..capi…capitaine…bégaya Felicity lorsqu’il fut clair qu’il se dirigeait vers elle.
- De quoi avez-vous peur, soldat ?
Jack avait choisi ses mots avec soin. « Est-ce que ça va ? » entrainait généralement un vague oui, pieu mensonge destiné à le rassurer ou à paraitre plus brave qu’on ne l’était. Le capitaine n’avait besoin d’aucun des deux. Il fallait que ses soldats expriment franchement leurs craintes, pour qu’il puisse les écarter.
- Je…eh…et si un obus tombait sur le transport ? demanda Felicity.
- Ce véhicule est solidement blindé et entouré d’un champ de force. La plupart des armes ennemis ont besoin de plusieurs impacts directs pour le détruire. Je nous ferais débarquer bien avant.
Felicity hocha la tête, quelque peu rassuré. Mais la prochaine remarque de Jack la fit vite déchanter.
- Cependant, il existe certains calibres capables de détruire ce transport en un coup et de nous tuer. Vous devez accepter cette possibilité et apprendre à vivre avec.
La jeune femme déglutit péniblement, sans rien dire.
- La perspective de la mort peut être effrayante. A vous de vaincre cette peur. Pensez à votre pays. À votre famille. À vos amis. Ils comptent tous sur vous.
De nouveau, Felicity hocha la tête.
- Vous ne seriez pas ici si vous n’en étiez pas capable, conclut Jack.
Ceci dit, il reprit son ancienne place. Felicity paraissait toujours aussi nerveuse qu’auparavant, nullement rassurée par les paroles de Jack.
Un autre officier lui avait un jour dit qu’il fallait parfois mentir aux troupes pour leurs propres bien. Minimiser ou ne pas évoquer les menaces qui pesaient sur eux, pour qu’ils aient l’esprit plus léger.
« Jamais je ne mentirais à mes soldats » avait répondu Jack. « Jamais ». Pas de duperie, pas de mensonge, pas d’infantilisation. Rien que la vérité. Comment prétendre commander hommes et femmes sans être parfaitement honnête envers eux ?
Felicity allait être moins efficace lors de sa première bataille. Mais les autres soldats la protégeraient. Tel était leurs devoirs. La jeune femme ne subirait rien de pire que quelques regards désapprobateurs. Il n’y avait pas d’harceleur ou de petites brutes dans la compagnie de Jack. Il en était sûr. Le capitaine connaissait chacun d’entre eux personnellement.
Quelques minutes passèrent. D’autres explosions retentirent. Puis, l’oreillette de Jack s’activa. « Capitaine Morrison, ennemi repéré sur le flanc gauche. » commença une voix féminine. « Soyez près au déploiement dans 3 minutes. Le rapport complet a été envoyé sur votre console tactique ».
« Reçu cinq sur cinq, colonelle », répondit Jack, via son oreillette.
La « console tactique » se trouvait juste en face de lui. Il s’agissait d’une carte interactive, qui indiquait la position de chaque unité alliée, ainsi que celles, réelles ou supposés, de l’ennemi. De là, Jack pouvait visualiser la situation sur le champ de bataille et donner ses ordres.
- Débarquement dans trois minutes ! cria-t-il aux soldats présents dans le transport.
Puis, il se mit à tapoter l’écran de la carte, tout en contactant, via oreillettes, les divers lieutenants de sa compagnie. Les ordres furent rapidement transmis et, le moment venu, ses troupes étaient prêtes au combat.
Juste avant de débarquer, Jack activa son oreillette et la configura pour parler à toute sa compagnie.
- Aujourd’hui, nous nous battons pour reprendre Boston, déclara-t-il. C’est ici que les premiers citoyens américains sont morts pour la liberté de notre pays. Montrez-vous digne de leur bravoure !
Et il ouvrit la porte du transport, avant d’en sortir.
Autour de lui, se trouvait Boston. La fière cité, berceau de l’indépendance des Etats-Unis, n’avait pas été épargné par la guerre. Des trous parsemaient les chaussés, tandis que de nombreux gratte-ciels, autrefois magnifiques, avaient été réduit à l’état de ruines. Une malheureuse conséquence du bombardement de préparation. L’armée américaine avait toujours fait un usage massif d’une puissance de feu écrasante. Mieux valait tuer l’ennemi de loin, avant qu’il puisse s’en prendre aux vôtres. Une ville pouvait être reconstruite. Pas une vie perdue.
Mais qu’importe la puissance de leur bombardement, l’ennemi était toujours là. Jack les apercevait, tandis qu’il se mettait à couvert derrière un banc à moitié détruit. Des silhouettes humanoïdes. Certaines étaient faites de matériaux synthétiques de mauvaises qualités et tenaient en mains des armes à feux quelconques, parfois directement greffé à leurs corps. Des exterminateurs, les troupes de secondes mains des omnics. Leur principale mission était de traquer les civils des zones conquises, d’où leur nom.
Ces machines de secondes mains n’inquiétaient pas Jack, qui savaient ses troupes largement supérieures. La mitrailleuse de son transport blindé venait d’ailleurs d’en abattre une demi-douzaine d’une rafale, tandis que trois autres s’effondraient sous les balles des soldats américains. Mais il gardait l’œil à l’aguet, à l’affut d’autres menaces.
- Escouade six, bastion à neuf heures ! hurla-t-il à son oreillette.
Un corps humanoïde, des membres rectangulaires, un avant-bras constitué d’un fusil d’assaut et une mitrailleuse lourde dans le dos. Tous les soldats américains savaient désormais reconnaitre la silhouette d’un bastion, les troupes de lignes des omnics. Aussi puissant que résistant, leur système d’auto-réparation les rendait très difficile à tuer. Heureusement, celui-ci n’avait pas eu le temps de préparer son arme lourde. Ses tirs de fusil éraflèrent quelques soldats américains, mais ses balles furent heureusement déviées par leurs armures.
L’escouade ciblé réagit dans une belle coordination, qui rendit Jack fier. Ils tournèrent tous leurs armes vers le bastion et concentrèrent leur feu sur son torse. Les tirs ainsi combinés endommageaient l’omnic au-delà de ses capacités de régénération. Il s’effondra au bout de quelques secondes.
Mais d’autres de ses semblables barraient la route des américains. Plusieurs des bastions avaient troqué leur mitrailleuse lourde contre un lance-missile. Une évolution récente, sans doute pour répondre à l’usage grandissant de blindés chez les humains.
- Trois bastion à neuf heures de ma position, 4e étage, signala Jack dans son oreillette.
Un grincement métallique se fit entendre dans son dos, suivit d’une détonation. La position qu’il avait indiquée fut pulvérisée, tous comme les trois omnics qui s’y trouvaient. Derrière Jack, le blindé pointait son massif canon vers une nouvelle cible.
C’est ainsi que cela fonctionnait. L’infanterie repéraient les cibles et couvraient les flancs, de nombreux soldats de Jack prenaient d’ailleurs positions dans les bâtiments bordant la rue, tandis que les blindés détruisaient les points de résistance.
Jack pris une paire de jumelle, surveillant la progression de ses troupes et les manœuvres de l’ennemi. Il combattait beaucoup moins depuis sa promotion en capitaine. Il y avait trop à faire en termes de surveillance et de commandement. Il ne l’avouerait à personne mais cela lui manquait. Se tenir au front, apercevoir l’ennemi au loin, presser la détente… Cela donnait un flot d’adrénaline que n’apportait pas les devoirs d’un capitaine. Mais il servira son pays comme on le lui demanderait.
Les combats se poursuivirent pendant plusieurs heures. La première ligne omnic avait été facilement écrasée, permettant à la colonne blindée de reprendre son avancée. Une avancée lente, pénible et dangereuse. Les omnics avaient parsemé la ville de traqueurs. Ces robots étaient leur spécialiste des embuscades. Leur corps gélatineux pouvait se compacter dans de nombreuses cachettes et comportaient plusieurs plaques capables de s’accrocher aux murs ou aux plafonds. Et tout comme les bastions, certains s’équipaient de lance-roquettes, histoire de pouvoir détruire un char avant d’être abattu. Les omnics n’avaient aucun scrupule à sacrifier un des leurs pour infliger une perte à peine supérieure à l’ennemi.
Les américains disposaient de détecteur capable de localiser les traqueurs. Mais sur une courte distance seulement. Et puis, il y avait toujours la peur que les omnics trouvent un moyen de les contrer. Ils l’avaient déjà fait par le passé. Et les américains ne s’en rendaient souvent compte qu’en pleine bataille, lorsqu’un traqueur surgissait dans leur dos…
Ces machines coutèrent à Jack deux soldats au cours de leur avancé. Un traqueur à lance-missile échappa à leur vigilance et tira sur un char. Heureusement, le bouclier du blindé absorba le tir.
Lorsque la nuit tomba, leur division fut rappelée du front pour se ravitailler et se reposer. Les soldats se retirèrent dans des baraquements construit par les ingénieurs militaires. Ces derniers avaient déblayé un champ de ruine dans Boston et installé dessus des bâtiments préfabriqués. Dortoirs, hangars, entrepôts… C’était tout un quartier qui avait été érigés en une journée.
Jack géra l’installation de ses soldats, s’assurant que chacun ait un lit où dormir et un repas chaud pour la soirée. L’armée savait s’occuper de ses soldats mais des erreurs pouvaient arriver.
Une fois qu’il fut sur du bien être de ses hommes, Jack vérifia également que leurs véhicules recevaient réparations et carburants. Puis, que de nouvelles munitions étaient distribués. Là encore, les quartiers-maîtres faisaient bien leur travail.
Certains officier leur faisait aveuglement confiance et ne vérifiait pas derrière eux. Quant à Jack… Et bien, ce n’était pas qu’il ne faisait pas confiance. C’est qu’il voulait être sûr. Sur que ses hommes avaient bien tout ce qu’il leur fallait.
Ses tâches terminés, Jack prit le temps de se laver, puis de manger. Par la fenêtre du mess, il pouvait voir un parc, non loin des baraquements, qui semblait relativement intacte.
L’envie de s’y rendre le saisit. D’avoir un peu de tranquillité, de silence. De respirer un air qui ne serait pas remplis d’odeurs de poudre et de sueur. Cela lui rappellerait sa maison.
Prudent, Jack chercha d’abord à savoir si le périmètre autour du camp était sécurisé. On l’informa que oui : des patrouilles encadraient le périmètre, tandis que des guetteurs étaient installés dans plusieurs bâtiments des environs.
Rassuré, le jeune capitaine quitta le camp et se dirigea vers le parc. L’endroit se composait d’une petite forêt, parsemés de chemins de promenade et décorés par quelques statues. Jack y marcha quelques temps, observant les arbres et les fleurs, ainsi que l’étang. L’eau était toujours claire et pure, un petit miracle dans une zone de guerre. Il semblait que ce lieu avait été entièrement épargné par les combats. Jack espéra qu’il le resterait.
L’air était effectivement plus frais. Mais pas autant que chez lui, dans sa ferme natale. Jack se souvenait nettement de la pureté de l’air, lorsqu’il parcourait les champs, juste avant la moisson. Ses parents, très traditionalistes, utilisaient peu d’engrais et encore moins de pesticides. Puis son frère et lui effectuait la récolte et l’air se chargeait alors de l’odeurs de la paille, des tiges et de la terre retournée.
Ici, les arbres ne pouvaient masquer l’odeur de poussière venant des bâtiments en ruine, ni celle des carburants utilisé par les baraquements non loin. Tant pis.
Jack s’éloigna, tout en contemplant un gratte-ciel, à la façade criblée de trous. Comme la ville devait être impressionnante lorsqu’elle était encore intacte… Jack se souvenait encore du choc qu’il avait ressentie lors de sa première visite à Washington, alors qu’il n’était qu’un jeune enfant. Son père l’avait emmené voir la Maison Blanche, le Capitole, la statue de Lincoln et les autres monuments de la capitale. Ce voyage l’avait beaucoup marqué.
Il se demandait s’il pourrait visiter les monuments de Boston, une fois la ville sécurisée. A supposer qu’ils soient encore debout. Les omnics avaient tendance à se barricader dans les structures historiques. Ils semblaient avoir compris que les humains répugnaient à les bombarder. Ces monstres n’accordaient aucun respect à la culture ou à l’histoire. Une autre preuve de l’importance de cette guerre. De l’importance de la victoire.
Alors qu’il marchait vers le camp, Jack entendis un bruit de chute d’objet venant d’un bâtiment proche. Un ancien immeuble d’habitation, dont les étages supérieurs avaient été éventrée par Dieu savait quelle arme.
Il s’approcha lentement de l’entrée, puis un peu plus vite quand il entendit des discussions en anglais. La première pièce, un hall d’accueil, était vide mais il y avait de la lumière venant d’un appartement. Jack s’y dirigea.
A l’intérieur, il vit trois soldats, des opérateurs de blindé à leur uniforme, le bras chargé d’objet précieux.
- Oh mer…capitaine ! s’exclama l’un d’eux.
La surprise le fit sursauter et il lâcha un des objets qu’il tenait, un projecteur holographique dernier cris.
Que de telles bien soit encore ici ne surprenait pas Jack. Les omnics pratiquaient le pillage, mais il cherchait avant tout à récupérer des matières premières. De ce fait, ils visaient surtout les installations industrielles et dédaignait les zones résidentielles, qui étaient souvent laissés intouchés. Du moins, quand un autre genre de vermines ne s’y attaquaient pas.
- Hum. Nous faisions juste un peu de…récupération, capitaine, tenta de se justifier l’une d’entre eux.
Jack lui jeta un regard noir.
- Ce que vous faites s’appel du pillage, soldat, répondit-il d’un ton sec. Et cela est strictement interdit par le règlement. Vous allez reposer tout ce que vous avez pris et me donnez vos matricules.
- Oh allez ! se plaignit un autre. Ces trucs n’appartiennent plus à personne maintenant. Autant qu’on en profite tant qu’on peut.
- Vous n’en savez rien ! tonna Jack. Si ça trouve, la famille qui habitait ici encore vivante, attendant dans un camp de réfugié pour pouvoir retourner dans leur foyer. Et que vont-ils penser lorsqu’ils verront leur maison mise à sac non pas par l’ennemi, mais par les soldats qui avaient juré de les protéger ?!
Les opérateurs eurent le bon sens de baisser la tête d’un air honteux.
- Reposez ces objets et donnez-moi vos matricules ! ordonna Jack. Je ne le répéterai pas une troisième fois.
Cette fois ils obéirent. Une fois les biens remis à leur place, Jack nota le matricule de chaque soldat et les raccompagna à la base. Là-bas, il assigna un blâme à chacun des pillards et, en punition, doubla leur nombre de corvée pour le reste du mois.
Bon sang, ils étaient supposés être des citoyens-soldats défendant leur pays, pas une bande de soudards en quêtes de richesses ! Peut-être leur propre capitaine ne maintenait-il pas une discipline assez stricte.
Il était tard et Jack avait envie d’aller dormir. Demain, sa compagnie pouvait être renvoyé au front. Mais il prit le temps d’aller à salle d’état-major, voir comment se déroulait les combats. Il eut la satisfaction d’apprendre que les trois quarts des points stratégiques avaient été capturés. La victoire n’était qu’une question d’heures.
Alors qu’il s’apprêtait à aller dans sa chambre, un soldat, un jeune homme affecté au service de l’état-major, vint le voir.
- Capitaine, dit-il en faisant un rapide garde à vous. Le général Walls demande à vous parler.
Walls ? Curieux, c’est la première fois que Jack entendait ce nom.
- Très bien, soldat, répondit-il. Où dois-je le rencontrer ?
- Au mess, capitaine.
Jack fit un effort pour ne pas grimacer. Le mess…cela faisait terriblement non-professionnel.
- J’y vais de suite. Soldat, conclut Jack en faisant un rapide garde à vous, imité par son interlocuteur.
Il se rendit au mess, qui était encore bien remplis malgré l’heure. Certains soldats devaient bénéficier d’une permission.
- Eh, vous êtes bien Morrison ? demanda quelqu’un derrière lui.
- Général Walls ? questionna Jack en se retournant.
- Lui-même ! Venez donc vous assoir, capitaine.
Walls était un cinquantenaire au visage laid et recouvert de cicatrice. Malgré cela, son attitude, sa posture, son sourire confiant, le faisait paraitre sympathique. Mais d’une sympathie roublarde, dont Jack se méfiait. L’uniforme de général laissait voir une musculature de qualité. Walls avait dû appartenir à une unité d’élite, avant sa promotion.
- Whisky ? proposa le général à Jack. Ou autre chose ?
Une bouteille de cet alcool se trouvait sur la table, accompagné de deux verres, dont un à moitié plein.
- Non merci, répondit Jack. J’en ai déjà pris un verre lors de mon dîner.
- Et ?
- Et je tiens à être sobre si je dois combattre, cette nuit ou demain.
Walls eut un sourire amusé. Il finit son propre verre d’une gorgé, avant de s’en resservir immédiatement.
- Dites-moi, capitaine, commença Walls, ses paroles ponctuées par le bruit du whisky coulant dans son verre. Avez-vous entendu parler du programme de super soldats ?