Nouvelles d'Overwatch

Chapitre 33 : Coup d'Envoi (5 sur 5)

2762 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 02/07/2019 22:55

La forêt avait perdu tout charme désormais. Ces Nettoyeurs omnics enlaidissaient vraiment tout.


Gabriel était de nouveau dedans. Cet état de…prédateur, où son ouïe semblait multipliée par deux, au point que sa propre respiration produisait un bruit insupportable.


Mais elle restait infiniment plus discrète que les lourds et pesant mouvement des craztoast, dont chaque geste provoquait un concert de bruits mécaniques.


Son oreillette s’activa.


- Nous sommes en position, capitaine, l’informa Mateo.


- Engagez l’ennemi, ordonna Gabriel.


Des coups de feu résonnèrent au loin, suivit d’impact de balles. Les Nettoyeurs restèrent imperturbables. Ils ne se tournèrent pas vers la source du bruit, n’affichèrent pas d’expressions surprises, ne sursautèrent pas. Ces saloperies n’étaient pas affectées par les faiblesses humaines.


En revanche, une rafale de fusil d’assaut produisait sur eux le même résultat que pour un humain. Et c’est ainsi que les gardes omnics s’effondrèrent, lorsque la seconde ligne du commando fit feux.


Gabriel lui, était dans la première ligne, soigneusement caché derrière un arbre. Pour l’instant, il devait rester ainsi.


Les craztoast contre-attaquèrent immédiatement. Des dizaines et des dizaines de Nettoyeurs, ces trucs devaient vraiment rien couter à produire, s’avancèrent vers le commando. Ils ne se mettaient pas à couvert, subissant sans broncher des pertes que n’importe quel commandant humain aurait jugé abyssale. Mais pour ces machines sans âme, ça n’avait aucune importance. Après tous, ils pouvaient réparer chaque omnics qu’ils perdaient. S’ils gagnaient.


Un plaisir que Gabriel n’allait pas leur laisser. Un Nettoyeur passa juste devant lui, tellement concentré sur la deuxième ligne du commando, qu’il n’avait pas aperçut la première, soigneusement caché. Et maintenant, ils étaient à portée de son fusil à pompe.


Gabriel le détruisit d’une rafale au torse, avant de se retourner et d’en détruire un autre, et encore un autre. Puis, il repassa à couvert pour éviter les tirs de riposte.


Tout autour de lui, les membres de la première ligne, équipés aussi de fusils à pompe, avaient causé un carnage similaire.


Le logiciel qui dirigeait les omnics décida soudain qu’il valait mieux se replier. Comme un seul homme, tous les Nettoyeurs se mirent à marcher en arrière, en faisant des tirs de couverture.


Gabriel en profita pour contacter Morrison et lui ordonner d’attaquer. Puis, lui et son commando se mirent à avancer, continuant de massacrer les Nettoyeurs sur leur chemin.


- Bastion ! cria soudainement une des commandos.


Six d’entre eux, pas encore en mode tourelle, couraient dans leur direction, tirant de leurs bras-fusil.


Sautant de couvert en couvert, Gabriel se rapprocha des omnics. Un tir de son fusil à pompe arracha la tête d’un des Bastion. Un autre commando réussit le même exploit et un troisième fut détruit via un feu continu. Mais la moitié survivante parvient à se mettre en mode tourelle.


Gabriel se jeta à terre tandis que la souche derrière lequel il se cachait était réduit à l’état de copeaux. Il entendit un cri de douleur juste à côté, alors que l’odeur du sang se mit à imprégner l’air, s’ajoutant à celle de la poudre et de la sueur. Non loin, un craquement se fit entendre et un arbre s’effondra, sa base détruite par un Bastion.


Un sifflement retentit. Missile pensa le cerveau de Gabriel. Trois projectiles partirent, venant de leur côté, et foncèrent vers les Bastions. Il y eut une explosion et l’odeur âcre du fumé s’ajouta au mélange. Les Bastions n’étaient plus que des débris, anéantis par les lance-missiles que Gabriel avait pris soin de faire emporter.


Après avoir rampé vers un autre arbre, le capitaine se releva. Il jeta un bref coup d’œil hors de son couvert, aperçut un Nettoyeur en train de reculer et l’abattit sur le champ. Puis, il tourna la tête et vit une de ses commandos s’effondrer.


Gabriel ne réfléchit pas et se jeta de nouveau à terre. Au loin, il aperçut un autre de ses soldats tomber au sol, sans comprendre d’où venait l’attaque.


Puis il le vit.


C’était imperceptible. Juste un bout de canon qui dépassait du creux d’un arbre. Le canon d’une carabine de Traqueur.


Sans réfléchir davantage, Gabriel saisit une grenade, la dégoupilla et la lança dans le creux. Le projectile fit exploser l’arbre, répandant autours les morceaux gélatineux du corps du Traqueur.


Une nouvelle fois, Gabriel rampa jusqu’à un couvert, avant de se relever.


Son commando avait chassé les omnics de la forêt. De là où il était, Gabriel apercevait les bâtiments des craztoasts, près du pont. De hauts murs métalliques entouraient quelques blocs fait en la même matière. Gabriel reconnaissait là des stations de recharge et de réparations pour omnic. Quelques Nettoyeurs y trainaient d’ailleurs les corps des leurs.


Mais ça ne les sauverait pas. De l’autre côté, Gabriel apercevait le groupe de Mateo. Il reconnut la silhouette du lieutenant qui, fidèle à sa réputation, abatis coup sur coup trois Nettoyeurs. Ses troupes avaient placé le canon léger démontable, en parfaite position pour pilonner le poste omnic. Du côté de Gabriel, plusieurs porteurs de lance-missiles se mettait en position. Et sur le pont, le peloton mené par Morrison avait avancé, transportant barricades, sac de sable ainsi que leurs propres canons. Les omnics étaient totalement cernés.


C’est fou comme un rien pouvait changer la difficulté d’une mission. Si les craztoast avaient tenus les deux rives, Gabriel et ses hommes auraient eu un mal de chien à monter un assaut digne de ce nom. Mais enlever un quart des ennemis, faite reculer ces positions, rajouter une poignée d’allié et une mission suicide se transforme en victoire bien mérité. Ils allaient anéantir cette compagnie de craztoast et ramener leurs carcasses comme butin. Les corps de ces omnics seraient fondu pour créer les balles qui détruiraient les leurs. Ça c’était de la justice poétique.


Déjà, les armes lourdes commençaient leur pilonnage. Les murs omnics furent transpercés. Un poste de réparation, réduit en morceaux, emportant le Bastion qui venait d’en sortir. Ce n’était plus qu’une question de minutes. Gabriel en profita pour demander où en était la pose de bombe. Quasiment terminé l’informa Everly. Bien.


Il entendit un bruit d’avion.


La confiance se changea en inquiétude. L’état-major avait été clair : ils n’avaient pas d’appareils à envoyer en soutient. Cela voulait dire que…


Il leva les yeux. Des avions omnics. C’était facile de les reconnaitre, car ils n’avaient pas de cockpit, étant contrôlé par une IA. Il y avait deux bombardiers et un largueur de troupes.


- Bombardiers ennemis ! Tout le monde à couvert ! hurla Gabriel dans son oreillette. Eloignez-vous des canons et cachez les lance-missiles ! Morrison, dégagez votre peloton de ce pont ou vous allez vous faire massacrer comme des lapins !


Puis, il suivit son propre conseil et couru vers la forêt. Le sifflement des missiles ne tarda pas à se faire entendre. Une fois encore, Gabriel se jeta à terre. Puis, tout ne fut plus qu’explosion.


Combien de fois s’était-il retrouvé, allongé sur le sol, les mains plaquées contre la tête, à sentir la terre trembler, tandis qu’autour de lui, le seul bruit audible était celui de missiles heurtant le sol ? Bien trop de fois à son goût.

La terre lui effleurait les lèvres. Des courants d’air chaud soufflait sur son corps. La fumée lui piquait la peau et les yeux, tandis que son odeur remplaçait toute les autres.


Puis, ce fut finit.


Gabriel se redressa et regarda le ciel. Les avions ennemis repartaient. Il baissa alors les yeux et contempla le désastre.

Les pertes étaient légères, grâce aux couverts des arbres. Mais les missiles avaient détruit tous leurs canons. Pire encore, le transport avait largué une vingtaine de Bastions et deux Marcheurs Légers.


Basiquement, un Marcheur était un tank sur pattes, entre quatre et huit, ces dernières étant recourbés et fortement mécanisé, tenant plus du membre d’insecte que d’humains. Le modèle léger était, comme son nom l’indiquait, le plus petit de sa catégorie. Il faisait quand même deux mètre et demi de haut, portait un obusier, deux mitrailleuses lourdes et avait un blindage encore plus épais que celui d’un Bastion.


Mais ce n’était pas le plus grave. Le plus grave était que les Bastions et les Marcheurs cernaient totalement le groupe de Mateo. Bon sang, la moitié de son commando se trouvait là-bas !


- Réinstallez moi ces lance-missiles et plus vite que ça ! ordonna Gabriel à son propre groupe. Mateo, poursuivit-il en activant son oreillette. Fait évacuer ton groupe vers le pont et ne t’arrête pas ! Morrison, réinstallez vos propres lance-missiles pour couvrir notre retraite ! Everly, tu en es où de ces bombes ?!


- Elles sont installées, capitaine, lui répondit sa lieutenante.


- Alors dégages de là avec ton équipe !


Il lui suffisait juste d’évacuer ses hommes de l’autre côté et la mission serait finit. Enfin… « Juste ». « Juste » sans se faire tuer par la vingtaine de Bastion et les deux tanks sur pattes.


Heureusement, les murs érigés par les omnics faisaient de bons couverts. Gabriel s’y précipitait à toute allure, accompagné de ses soldats armés de fusils à pompe. Plus loin, le capitaine pouvait voir les conscrits courir vers leurs anciennes positions. Sans doute s’étaient-ils cachés dans leur poste fortifié.


Un tir de lance-missile partit du côté du groupe de Mateo, en plein vers un des Marcheurs. L’omnic encaissa en bronchant légèrement, puis répliqua à l’obusier vers la position du tir. Un arbre explosa en morceau, tandis qu’une brume rouge de mauvais augure s’élevait.


- Ne perdez pas de temps sur les Marcheurs ! ordonna Gabriel via son oreillette. Il nous faudrait trop de missiles pour les détruire ! Tirez une fois sur un Bastion puis courrez vers le pont !


Tout en parlant, Gabriel jeta un coup d’œil par un trou dans le mur des omnics. Il y a aperçu un Bastion, qu’il détruisit aussitôt d’un tir à la tête. Il lui fallait à tout prix empêcher ces machines d’atteindre le pont. Si un seul s’y mettait en mode tourelle, alors il pourra exterminer tous les fuyards.


Une poignée de missiles sortirent de la forêt, tiré par son groupe, abatant quelques Bastions. Puis, les soldats jetèrent leurs armes et se précipitèrent vers les bâtiments omnics. A raison, car les Marcheurs pilonnèrent l’endroit où ils se trouvaient juste avant.


Pendant ce temps, Gabriel et ses autres soldats avaient éliminés les quelques Bastions et Nettoyeurs encore présent dans les bâtiments omnics. Au même instant, le peloton de Morrison finit de reprendre position et une nouvelle poignée de missiles détruisirent quelques Bastions.


Ces pertes combinées créèrent une brèche dans la formation omnics, par lequel le groupe de Mateo put se faufiler. Bien sûr, les Bastions survivants et les deux Marcheurs leurs tirèrent dessus, se donnant à cœurs joie. Quelques commandos s’effondrèrent, touché en pleine course. Bien trop aux yeux de Gabriel. Mais la majorité s’en tira.


- Au pont ! ordonna Gabriel.


Et son groupe s’avança sur la structure, courant en toute hâte vers l’autre rive. Ils étaient hors de portée des Bastion maintenant. Mais pas des Marcheurs. Un obus explosa juste derrière leurs groupes. Gabriel continua de courir sans se retourner. Ce fut seulement à la barricade des conscrits qu’il prit le temps de regarder en arrière.


Trois commandos avaient été fauché par l’obus, dont Mateo. Non, attendez, Mateo était toujours vivant. Juste atteint à la jambe.

Mince. Y’avait plus rien à faire pour lui. Il était dans la zone de tirs d’un des Marcheurs, qui continuait à approcher de surcroît.

Dommage. C’était un très bon soldat. Mais bon, Gabriel n’allait pas regretter sa personnalité.


Il s’apprêtait à reprendre sa course, avant de s’arrêter net. Morrison venait de jeter son fusil à terre, avant de se mettre à courir vers Mateo.


Gabriel revissa son jugement. Morrison ne deviendrait pas officier avant la fin de l’année. Non. Parce qu’avant la fin de l’année, il serait un homme mort.

Sa course relevait du suicide. Le Marcheur allait juste les tuer, Mateo et lui. Car même si Morrison avait de bonne chance à l’aller, il ne survivrait jamais au retour, ralentit par le poids d’un corps.


Sauf si quelqu’un l’aidait à porter Mateo.


Gabriel tourna les talons et courut derrière Morrison.


Etais-ce l’adrénaline ? Le désir de montrer à ses soldats que, lui aussi, pouvait prendre des risques pour eux ? Le fait qu’il n’avait pas envie de laisser mourir deux bons soldats, même si Mateo était un connard et Morrison un boy-scout coincé ?

Sur le moment, il ne savait pas.


Et bordel, il ne comprenait pas Morrison. Mateo l’avait quasiment insulté. Il ne lui devait rien. Et personne, vraiment personne, ne lui aurait rien reproché s’il s’était juste barré en le laissant là.


Mais pourtant, ils étaient là, deux idiots à courir sur un pont, droit vers une machine de mort haute de deux mètre et demi.

Heureusement, Morrison n’était pas totalement fou non plus. Il avait ordonné à son peloton de tirer au lance-missiles sur le Marcheur, un projectile à la fois. Chaque impacte déstabilisait légèrement l’omnic, gênant sa visée.


C’est ainsi que Gabriel et Jack purent atteindre Mateo et le soulever sans être blessé. Ils furent moins chanceux au retour. Un tir d’obus explosa juste à côté d’eux. Gabriel sentis un éclat l’atteindre au bras. Et au grognement de Morrison, ce dernier n’était pas indemne non plus.


Pourtant, ils y parvinrent, rejoignant l’autre rive, où les attendaient toute leurs troupes.


- Oh Dieu soit loué ! s’exclama Matéo. Merci ! Merci infiniment !


- Equipe de démolition, dit pour sa part Everly. Détruisez ce pont.


- Non ! réagit Gabriel en levant le bras. Attendez.


Il se retourna. Un des deux Marcheurs était sur le pont. Et comme Gabriel le prévoyait, l’autre le rejoignit bien vite, accompagné des Bastions survivant.


- Maintenant équipe de démolition ! ordonna Gabriel.


Une série d’explosion retentirent en contrebas. Puis, lentement au début, puis de plus en plus rapidement, le pont s’effondra.

C’était un spectacle impressionnant. Encore plus avec les omnics présent dessus. Ces derniers tentèrent bien de retourner à leur rive. En vain. Ils tombèrent tous au fond du précipice. Gabriel, et beaucoup de soldats, eurent un sourire satisfait en entendant les bruits de choc métalliques.


Tandis qu’un médecin de combat les examinait tous les deux, le capitaine se tourna vers Morrison.


- Vous êtes un putain de taré, lui dit-il.


- Est-ce que vous souhaitez que je me fasse examiner par un psychologue, capitaine ? répondit celui-ci, imperturbable.


Gabriel éclata de rire et, à sa surprise, fut rejoint par Morrison. Tient, il n’était pas aussi coincé que ça finalement.


Bref, mission accomplie. Ils allaient tous rentrer aux avions de transport, qui les emmèneraient à un véritable hôpital militaire. Ensuite, chacun repartirait de son côté.

Mais Gabriel se doutait qu’il recroiserait un jours ce Jack Morrison. Les meilleurs soldats se retrouvaient souvent aux mêmes champs de bataille.


Enfin, à supposer que ce boy-scout ne meurt pas d’ici là. Mais Gabriel avait moins d’assurance sur le sujet, désormais.

Laisser un commentaire ?