Nouvelles d'Overwatch

Chapitre 10 : L'Armure des Morts (1 sur 3)

2820 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 27/05/2018 15:22

Il n’y avait que le silence.


La patrouille de soldats marchait sans un bruit à travers la ville en ruine.


Une détonation retentit. L’officier de tête s’effondra, une balle dans la tête.


Les autres soldats se jetèrent derrières des couverts, murs en ruines, abris bus, banc… Ils n’avaient même pas repéré l’origine du tir.


Des amateurs, pensa Widowmaker avec un sourire amusé.


Parmi les compagnies de sécurité, Arès Corporation était celle qui offrait les plus bas prix. Et l’efficacité de leurs soldats s’en ressentait. Cela gâchait presque le plaisir de la chasse.


Presque.


Widowmaker aligna un deuxième homme et tira. Un autre cadavre toucha le sol. En bas, les soldats commençaient à paniquer. Le sous-officier arrivait à peine à maintenir l’ordre parmi eux. Cela lui sera encore plus difficile avec une balle dans la tête.


- M’dam, dit quelqu’un derrière-elle. Les omnics voudraient attaquer.


Le regard de Widowmaker arbora un air courroucé tandis qu'elle se retournait. L’homme qui lui parlait était un individu grand et musclé, dépassant légèrement les deux mètres, qui portait l’équipement d’un légionnaire de Talon. Maximilien l’avait chargé de la couvrir pendant la durée de cette mission.


Et derrière lui se trouvait une demi-douzaine d’Unités Zéros.


Les terroristes omnics n’avaient pas disparu après l'Insurrection de Londres. Les survivants de leur groupe s’était dispersé dans tout l’Europe pour continuer leur combat. La cellule qu'aidait actuellement Widowmaker était basé en Allemagne. Là, la faiblesse des autorités et les nombreux anciens champs de batailles, riche en équipements à récupérer, leur avait permis de croître.


L’Onu avait alors engagé Arès Corporation pour s'occuper du Secteur Zéros. Une telle victoire renforcerait la stabilité mondiale et la puissance des compagnies de sécurité, ce que Talon voulait éviter. Aussi, Maximilien avait proposé l'aide de Talon au Secteur Zéros. Les omnics s’étaient montrés extrêmement réticent. Ils détestaient les humains. Mais ils avaient finalement accepté.


- Dites-leur de se retenir, ordonna froidement Widowmaker. Je m’occupe de cette escouade.


- Bien m’dam.


C’est pour ça qu’elle préférait travailler seule. Sans avoir à gérer la soif de sang d’alliés peu fiable ou de voir sa mobilité réduite par la présence d’un garde du corps trop lent.


Widowmaker aligna soigneusement le sous-officier, sa peau frissonnant doucement tandis qu’elle visait. Son doigt s’approcha lentement de la gâchette…


Un énorme “Bam !” se fit retentir derrière elle.


D'un mouvement vif, l’assassine se retourna et apercu une décharge d’énergie bleuté atteindre une unité zéro en pleine tête. Le tireur était juste à côté de la fenêtre, caché par un nuage de poussière.


Les unités zéros répliquèrent, tirant au hasard devant elles. Un bouclier s’interposa. C’était un écu en forme d’amande, entièrement en métal, trop massif pour être manié par un humain ordinaire. Les balles des unités rebondirent dessus sans causer de dommage. Mais ce n’était pas ce que remarqua le plus Widowmaker.


Ces yeux étaient fixés, écarquillés, sur une élégante gravure représentant un livre illuminé. L’assassine était tellement stupéfaite qu’elle en restait immobile.


Le légionnaire lui, s’avança vers l’assaillant, son massif fusil à pompe brandit devant lui.


Une autre décharge d’énergie mis au sol une Unité Zéros, tandis que la poussière retombait au sol, révélant l’assaillant. Ce dernier portait une armure complète, qui ressemblait à un ancien harnois du 16e siècle, mais légèrement plus imposant, et surtout, moderne.


Des circuits d’énergies bleutés étaient visibles en dessous du blindage, tandis que le bras gauche était beaucoup plus massif et qu’un mini canon à énergie était monté sur l’avant-bras droit. Mais c’était une épée que brandissait désormais l’assaillant, un objet de haute technologie parcourut de courant d’énergie qui chauffait le métal au point de le faire blanchir.


Une Unité Zéros se prit un coup du massif bouclier, qui détruisit le canon de son arme. Une autre s’avança pour tirer mais vit son bras couper en deux par l’épée, le métal chauffé à blanc passant à travers l’omnic comme dans du beurre.


Le légionnaire tira. L’assaillant eut un mouvement instinctif pour esquiver mais fut trop lent. Il chancela alors que la décharge l’éteignit de plein fouet, tandis qu’une méchante trace noirâtre apparaissait sur l’armure. Sans attendre, le soldat de Talon s'avança davantage pour porter un coup de poing. Mais l’assaillant para l’attaque et se fut le légionnaire qui se prit un coup de bouclier en pleine tête.


Le soldat de Talon chancela une demi-seconde, puis, se fit transpercer par l’épée en plein ventre. Il tomba à genoux. L’assaillant retira la lame de son corps, avant de s’avancer vers Widowmaker.


Cette dernière était toujours aussi stupéfaite. C’était maintenant le torse de l’armure qu’elle fixait. Il y avait un autre blason gravé dessus. Deux moitiés découpées pour être exact. Le livre illuminé d’un côté, et trois fleurs au-dessus d’une étoile de l’autre. Les armoiries des Guillard, sa famille.


- Gérard… ? demanda Amélie d’une voix chevrotante.


*À l’époque de l'Age d’Or*


Amélie avançait d’un pas tranquille à travers un immense hangar. L’endroit bourdonnait d’activité. Partout, des employés d’Overwatch s’affairait autours de nombreuses pièces d’équipements (armes, armures, véhicules, missiles, implants cybernétiques et étranges gadgets dont elle ne pouvait deviner l’utilité), les réparant, les démontant ou les construisant.


- Excusez-moi, dit-elle à une employée qui passait près d’elle chargée d’une caisse marquée du logo d’Overwatch.


- Eh oui, madame ? réagit la jeune femme, en la regardant d’un air surpris.


Il faut dire qu’avec sa robe de luxe, son maquillage, ses discrets (mais élégants) bijoux, Amélie détonnait vraiment dans cet endroit.


- Où puis-je trouver l’ingénieur en chef Torbjörn ? demanda Amélie.


- Atelier 46...eh...là-bas, dit-elle en montrant un endroit du doigt.


- Merci beaucoup.


- Y’a pas de quoi, madame.


Amélie s’avança doucement vers l’atelier 46. Elle y aperçut de loin Torbjörn, occupé à travailler sur un énorme marteau à réaction, aidé de trois autres employés. Le propriétaire du marteau était d’ailleurs juste à côté.


- ...et alors, racontait Reinhard d’un ton théâtral. Les trois mecha se sont mis à me tirer dessus…


- Puis ton bouclier a explosé et tu es mort ? répondit Torbjörn. Parce que je vois pas comment il pourrait résister aux tirs de trois mecha de cette catégorie.


- Mais non ! J’ai héroïquement supporté leur attaque, tandis que le reste de l’escouade se mettait en position.


- Ah oui en effet, héroïque de ta part d’avoir résisté à l’envie de charger comme un imbécile. Au passage, j’attends toujours le moment où tu casses ce marteau.


- J’y viens, mon ami, j’y viens ! Mais donc...oh...madame, mes salutations.


Il avait prononcé les derniers mots en français, accompagné d’une parfaite révérence, ce qui fit sourire Amélie.


- Lieutenant Wilhelm, c’est un honneur, dit Amélie en faisant elle-même une courte révérence.


- Mais qu’est-ce que vous fichez là ? dit Torbjörn en levant la tête. C’est une zone interdite au civil !


- J’ai pris rendez-vous avec vous pour 15H, dit Amélie, d’un ton aimable. Il est 15H32 poursuivit-t-elle, sans se départir de son sourire.


- Et puis c’est la femme de Gérard, poursuivit Reinhard. Tu ne l’as pas reconnu ?


- Il serait le premier à dire qu’il faut pas donner de traitement de faveur à la famille, répondit Torbjörn. Enfin, désolé madame, mais j’ai trop de travail. On fera ce rendez-vous demain.


- Allons Torbjörn ! s’exclama Reinhard. Ce n’est pas poli de faire attendre une dame !


L’ingénieur poussa un immense soupir.


- D’accord. Mais faites vite s’il vous plaît. Je dois réparer le marteau que l’autre abrutis a cassé contre des mécha.


- En fait non ! Je l’ai cassé en l’utilisant…


- Oui oui, on s’en fiche Reinhard ! Madame, vous vouliez me dire quoi ?


Amélie avait eu un sourire amusé lors de la petite mimique des deux. Maintenant que Torbjörn la regardait de face, elle revient à une expression polie.


- Comme vous le savez, mon mari a été formé à utiliser une armure Bayard.


L’armure Bayard était un équipement développé par les entreprises d’armements française pendant la Crise Omnic. Elle était destinée à combattre des Bastions en milieux urbains confinés.


- Ouai Et donc ?


- J’ai commandé un modèle amélioré pour…


- Attendez attendez, la coupa Torbjörn. Vous, une civile qui…c’est quoi votre métier ?


- Je suis danseuse étoile.


- Danseuse quoi.


- Si vous voulez, répondit aimablement Amélie.


- Donc vous, une danseuse, avez commandé un équipement de qualité militaire, destiné à une unité d’élite et produit uniquement par une entreprise publique ? Comment ?


- Je sais que c'est normalement interdit par la loi. Mais étant donné la place de Gérard à Overwatch, le ministère de la défense a accepté de faire une dérogation, vu que l’armure lui est destiné.


- Oh. Vous avez utilisé des relations haut placées, hein ?


- Torbjörn ! s’exclama Reinhard. Tu es indiscret !


- Pfff ! Bref, qu’est-ce que j’ai à voir là-dedans ?


- Je tiens vraiment à ce que Gérard ait la meilleure armure possible, reprit Amélie, un soupçon d’inquiétude perceptible dans sa voix. J’ai déjà mis dedans beaucoup plus d’argent que le coût standard d’une armure Bayard. Mais l’argent est inutile sans talent. C’est pour ça que j’aimerais que vous participiez à sa réalisation.


- J’ai pas le temps, dit Torbjörn, avant de se remettre à regarder le marteau.


- S’il vous plaît, reprit Amélie. Cela me rassurerait énormément si vous participiez à la création de cette armure.


- Madame, je dois gérer toute la section équipement d’Overwatch et…


- Rooo Torbjörn ! s’exclama Reinhard. Arrête de lui sortir le discours officiel. Tu trouves toujours du temps pour réparer toi-même mon armure.


- Mouai. J'me demande d’ailleurs si je devrais me donner autant de mal.


- Tu peux bien en trouver pour réaliser une nouvelle armure pour Gérard ! D’ailleurs, tu ne m’avais pas dit que tu avais toujours voulu voir comment fonctionnait les Bayards ?


- Hum...si.


Reinhard se saisit de son immense marteau.


- Aller, tu sais quoi ? dit-il. Je vais aller confier ça à un autre atelier, comme ça tu auras le temps d’honorer la requête de madame Lacroix.


- Bon...ok.


- Merci infiniment à vous deux, dit Amélie.


- C’est un plaisir madame, répondit Reinhard.


- J’espère que vous vous êtes occupé de toute la paperasse, ajouta Torbjörn. Parce que je ne perdrais pas une seule seconde là-dessus.


*Quelques semaines plus tard*


Amélie était tellement impatiente qu’elle tapotait la table. Elle se mordit les lèvres et fit un effort de volonté pour arrêter. Ce genre de mimique pouvait rapidement devenir agaçante pour autrui.


Un homme entra dans la salle. Relativement petit, légèrement musclé, il portait un uniforme de cadet d’Overwatch et en avait l’âge.


- Bonjour, madame Lacroix, dit-il. Je me nomme Traian Ioan. Je suis le nouvel assistant de votre mari.


Il avait parlé en français, avec un accent d’Europe de l’Est qu’Amélie reconnu aussitôt.


- Bonjour, monsieur Ioan. Vous êtes roumain, c’est bien ça ?


- Oui tout à fait, dit le jeune homme en souriant. C’est rare de trouver quelqu’un qui le devine. Gér…Eeh...enfin, monsieur Lacroix, votre mari, m’a envoyé vous avertir qu’il serait un peu en retard. Le comman...he...en fait, c’est top secret.


Tandis qu'il paraît, ses yeux s'étaient fixé tour à tour sur ses chaussures, sur un mur de la salle, puis sur un point invisible derrière elle. Il était visiblement mal à l’aise à l’idée de regarder une aussi jolie femme. Amélie se sentait désolée pour le pauvre Traian.


- Ne vous inquiétez pas, dit-elle gentiment. J’ai l’habitude.


- Ah...très bien alors.


- Comment mon mari vous a-t-il rencontré ?


- Hum...et bien...dit-il d’un ton gêné. J’ai candidaté au concours d’entrée d’Overwatch. Et eh...j’ai fini vingt et unième, pour vingt places.


- Oh.


- Alors, monsieur Lacroix m’a proposé d’entrer en tant que son assistant. J’étais fou de joie. Rejoindre Overwatch a toujours était mon plus grand rêve depuis...eh, vous avez déjà dû entendre ça mille fois.


- C’est moi qui vous ai posé la question, rappela gentiment Amélie.


- Oui. Désolé madame...enfin, j’ai bien entendu accepté...logique vue que je suis ici...et…me voilà.


Il laissa passer un court silence avant d’ajouter :


- Je lui suis éternellement reconnaissant de m’avoir donné une chance.


- Et vous ne l’aviez jamais croisé avant ? demanda Amélie.


- Non jamais. C’est pour ça que j’ai été très surpris de sa proposition. Je ne sais pas ce que j’ai fait pour attirer son attention…


- Je lui demanderais.


- Je...eh...est-ce que ça ne va pas...je veux dire…


- Il ne vous arrivera rien, promis, dit Amélie avec un sourire rassurant.


- D’accord. Eh. Merci.


La porte de la salle s’ouvrit, laissant entrer Gérard et Torbjörn. Le premier portait un élégant costume de travail, tandis que le second avait son uniforme d’ingénieur en chef.


- Chérie ! s’exclama Gérard. Tu es tellement ravissante.


- Toi aussi, mon cœur.


Les deux s'approchèrent et échangèrent un court baiser.


- Merci de l’avoir averti, dit ensuite Gérard à Traian.


- A votre service, monsieur.


- Alors, poursuivit Gérard vers son épouse. Que me vaut donc le plaisir de ta présence ici ?


- Vous lui avez rien dit ? demanda Torbjörn à Amélie.


- Non ! Je voulais lui faire la surprise !


Elle avait beaucoup d’effort pour se contenir, mais n’avait pu s'empêcher de sautiller légèrement.


Torbjörn leva les yeux au ciel.


- Pffff. Bon, je vais avoir besoin d’aide pour amener la “surprise”. Cadet, vient avec moi.


- A vos ordres ingénieurs en chef, répondit Traian.


Les deux sortirent de la salle, laissant le couple seul.


- Il est sympathique ce Traian, commenta Amélie.


- Tout à fait, confirma Gérard en souriant. C’est quelqu’un de très agréable, même s’il manque de confiance en lui.


- Pourquoi l’as-tu pris comme assistant ?


Le français haussa un sourcil de surprise.


- Pourquoi cette question ?


- Il se demande ce qu’il a fait pour attirer son attention. Il n’arrive pas à l’expliquer. J’avoue que moi non plus je ne comprends pas. Pourquoi prendre comme assistant quelqu’un qui a échoué au concours ? Pourquoi ne pas prendre le premier ?


- Le poste que je lui ai donné est très formateur. Il me permet de repérer les défauts d’un individu et de l’aider à les corriger. Ce serait du gâchis que de le confier à quelqu’un qui a déjà toutes les qualités pour être un agent autonome.


- Donc en fait tu l’as pris...car il était le moins bon ? demanda Amélie, pouffant doucement.


- Car cela pouvait l’aider à devenir meilleurs, la reprit Gérard.


- Oooh, tu es tellement gentil mon cœur, dit Amélie en l’embrassant.

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