Nouvelles d'Overwatch

Chapitre 11 : L'Armure des Morts (2 sur 3)

2943 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 27/05/2018 15:23

C’est à ce moment que Torbjörn et Traian revinrent dans la salle, portant tous les deux une lourde boîte métallique, qu’ils posèrent aussitôt sur la table de la pièce, juste avant que l’ingénieur n'ouvre ladite boite.


À l’intérieur se trouvait l’armure qu’il avait passé les dernières semaines à concevoir, aidé de plusieurs des meilleurs ingénieurs français. Elle ressemblait beaucoup à un harnois du seizième siècle, mais en beaucoup plus moderne.


Gérard observa l’armure avec un regard calculateur, tandis que Traian écarquillait les yeux.


- J’vous présente pas ce que c’est, commença Torbjörn. Vous avez dû en voir des tas.


- Pas tant que ça...dit Traian. Eh...désolé.


- Bon, globalement, j’ai tout amélioré, dit Torbjörn. L’exosquelette du bras gauche est plus puissant, ce qui permet de soulever un bouclier encore plus lourd. Donc, j’ai grossi le bouclier. J’ai utilisé de meilleurs matériaux pour le ridicule truc sur le bras droit, sérieux à quoi elle sert cette arme, la version de base blesserait pas une mouche !


- C’est un équipement secondaire, non ? répondit Traian. L’armure est conçue pour combattre au corps à corps.


- Je sais tête de nœud !


- Il est inutile de répondre à Torbjörn, dit doucement Gérard.


- Oh...d’accord, désolé...dit Traian.


- Merci. Donc, j’ai aussi utilisé de meilleurs matériaux pour l’armure, histoire qu’elle soit plus résistante. C’est des alliages ultra-couteux donc attention à pas l'abîmer hein ! Pas comme l’autre grand dadais quoi.


- Bien sûr, dit Gérard.


- Aussi amélioré la fonction course, de deux manières : courir encore plus rapidement, et un mode super-saut.


- Houa ! s’exclama Traian.


- Eh, on t’avait dit de te taire ! s’écria Torbjörn


- Eeeh…toutes mes excuses, chef ingénieur.


- Grmblm… Sinon, pour l’épée, j’ai surtout amélioré la source d’énergie, histoire qu’elle puisse rester allumer plus longtemps. Enfin, j’ai pas touché aux capteurs, comme les autres ingénieurs me l’ont mille fois répétés ! Pfff.


Les capteurs étaient le plus grand atout d’une armure Bayard. Ils percevaient chaque objet en approche du porteur (parfois avant même son départ) et prévenait celui-ci au moyen d’une micro-impulsion sur le corps. La puissance de l’impulsion variait en fonction de la vitesse et de la taille du projectile.


Le porteur devait s’entraîner des mois pour apprendre à “lire” les micro-impulsion. Et des années pour maîtriser cette capacité à la perfection. Un porteur vétéran agissait avec des réflexes surhumains. Il pouvait même esquiver une balle. Parfois. Le corps humain avait ses limites.


Mais un seul changement dans la programmation des capteurs suffisait à fausser leur lien avec la mémoire musculaire, réduisant à néant tous les avantages de l’armure.


- Merci Torbjörn, dit poliment Gérard. J’apprécie que tu ais consacré autant de temps à réaliser cet objet.


- Mouai...essaie juste de pas la casser, d’accord ?


L'ingénieur marqua une courte pause avant d'ajouter :


- C’est quand même une super armure.


- Je ferais au mieux, dit Gérard.


- Fait « mieux » que Reinhard alors, d’accord ? Enfin bon…j’ai du travail. R’voir.


Et Torbjörn quitta la salle.


- Traian, pourrait tu nous laisser, s’il te plaît ? demanda Gérard.


- Bien sûr, monsieur. Je vais reprendre l’écriture de cette fiche de synthèse sur les activités en Asie de la Coalition pour l’Humanité.


- C’est parfait.


Traian salua, puis quitta la salle, laissant le couple seul dans la pièce.


- Alors, tu aimes cette armure ? demanda Amélie, toujours excité.


Gérard tourna son regard dans sa direction. Il affichait une expression sympathique. Mais Amélie le connaissait bien et pouvait sentir un peu de...gêne ?


- Hum…, commença-t-il très lentement, comme s’il cherchait ses mots. Pourquoi as-tu as fait graver un livre illuminé sur le bouclier et le plastron, avec l’ancien blason de ta famille à côté ?


- Ce sont tes armoiries, dit Amélie d’une voix qui commençait à devenir hésitante. Un livre illuminé, c’est parfait pour toi !


- Mes armoiries ? répéta très lentement Gérard.


- Oui. Et il y a toujours de la place pour le logo d’Overwatch. Donc tout va bien...n’est-ce pas ?


- Amélie, répondit son mari d’un ton très pédagogue. Nous ne sommes plus au Moyen-Âge. Les armoiries sont devenues inutile.


- C’est...artistique. Votre propagande pourra en tirer parti. Mais, est-ce que tu apprécies l’armure sinon ?


Gérard soupira très doucement.


- Chérie...c’est un équipement de très grande qualité il est vrai. Torbjörn s’est surpassé.


Le sourire d’Amélie se crispa. Son mari parlait très doucement, comme lorsqu’il cherchait à la ménager.


- Mais quel est l’intérêt de dépenser une fortune pour ce cadeau, alors que je passe maintenant les trois quarts de mon temps de travail dans un bureau ? poursuivit Gérard, toujours très gentiment.


Amélie regarda ses pieds en rougissant. Elle se sentait bête. Pourquoi avait-t-elle voulu se préoccuper de chose militaire et d’affaire sérieuse, elle qui n'était qu’une artiste ? Forcément qu’elle allait faire une erreur !


- C’est pour le quart du temps restant où tu es sur le terrain, dit-elle néanmoins.


C’était plus facile de se justifier que de s’excuser.


- Amélie, dit Gérard, d’un ton très doux. En toute franchise, si tu avais de l’argent à dépenser, il aurait mieux valu le donner à une association humanitaire plutôt que de créer une nouvelle arme.


Il faisait des efforts pour la ménager mais Amélie ne put s'empêcher de rougir encore plus. Comment avait-t-elle pu penser qu’une armure ferait plaisir à son mari ? Ce n’était pas, alors pas du tout, le genre de cadeau qu’il appréciait.


- Mais elle est fabriquée maintenant, dit Amélie. Donc autant qu’elle te serve.


- Autant qu’elle serve oui, approuva Gérard. Mais pas à moi. Il y a de nombreux agents qui passent beaucoup plus de temps sur le terrain, risquant leur vie à chaque instant, et à qui cette armure sera bien plus utile.


- Quoi ?! Non...s’il te plaît Gérard.


Amélie prit une grande inspiration. Allez, il était temps d’être honnête, autant envers lui qu’envers elle-même.


- Garde là pour moi, dit-elle en posant sa main sur son torse. Je me sentirais plus rassuré si je sais que tu possèdes cette armure.


C’était pour ça qu’elle l’avait commandé. Pour ça qu’elle avait demandé à Torbjörn de la réaliser. À chaque fois que son mari partait en mission, Amélie avait peur pour sa vie. Elle l’avait vu revenir blessé tant et tant de fois ! Et dans ses moments, elle se sentait tellement impuissante ! Alors pour une fois, Amélie avait voulu l’aider. Ou au moins, avoir l’impression d’aider.


Gérard hésita quelques secondes. Amélie pria pour qu’il ne sorte pas un nouvel argument, rationnel, éthique...tellement raisonnable, qui justifie qu’il n’utilise pas son cadeau. Ce cadeau qu’elle avait juste fait parce qu’elle l’aimait.


- D’accord, chérie, dit-il finalement. Je vais la garder.


*Aujourd’hui*


- C’est l’heure de mourir, traîtresse ! déclara l'assaillant dans un impeccable français, tout en pointant son épée vers Widowmaker.


Il était impossible d’identifier sa voix. Les armures Bayard utilisaient des modulateurs vocales, conçu pour créer une voix grave et intimidante, propre à effrayer leurs adversaires (une modification ajoutée après la Crise Omnic). Mais Widowmaker aurait reconnu l’armure entre mille.


Son adversaire se mit à courir dans sa direction, bouclier vers l’avant. Widowmaker savait qu’elle n’avait aucune chance au corps à corps. Elle tendit son bras gauche et activa son grappin. Une seconde plus tard, et elle était dans l’immeuble d’en face.


Il y eut des cris de surprise en contrebas. Les soldats d’Arès. Elle les avait oubliés ceux-là… Ils l’avaient vu et était sans doute en train de demander des renforts. De quoi rendre la situation encore plus compliquée.


Widowmaker ne s'arrêta pas de courir. Elle savait que la distance n’était pas une protection suffisante. L'assaillant la poursuivrait.


Dans un geste mécanique, elle s’apprêta à activer une mine à venin derrière elle. Avant de se rétracter. Si c’était Gérard, elle ne voulait pas lui faire du mal...


Les ennemis de Talon doivent être éliminé, pensa-t-elle soudainement. Il avait interrompu une opération, détruit plusieurs alliés, tué ou blessé gravement un agent.


La mine s'éjecta de son bracelet tandis qu'elle continuait à courir. Derrière, Widowmaker entendit un violent bruit de chute. Le super-saut de l’armure avait moins de portée que son grappin, aussi l’assaillant avait-il dû atterrir dans la rue. Tant mieux. Cela lui donnait plus de temps.


Une nouvelle fenêtre apparut devant elle et Widowmaker utilisa son grappin, atterrissant sur un toit juste en face. Puis, elle se retourna, activa le mode-sniper de son fusil, avant de se mettre à surveiller le chemin qu’elle venait d’emprunter.


- Aller, viens par-là...murmura-t-elle.


Grâce à sa lunette grossissante, elle vit l’assaillant atterrir dans la même pièce que là où elle se trouvait il y a deux minutes. Avant de suivre le même chemin. Widowmaker attendis patiemment...jusqu’à ce que sa mine s’active.


Un nuage de poison se répandit dans le couloir, faisant suffoquer et trébucher l’assaillant. Widowmaker pointa son fusil vers la tête et tira. Mais, malgré les toxines qui l’empoisonnait, son adversaire eut les réflexes suffisant pour baisser la tête. Pour agir aussi rapidement, il avait dû s'entraîner des années avec l’armure.


Cela ne découragea pas Widowmaker, qui enchaîna trois autres tirs, aussi vite que son arme le permettait. Une balle fut bloquée par le bouclier, une autre esquivé mais la troisième le toucha au torse, où elle fit chanceler l’assaillant, sans traverser son armure.


Widowmaker analysa la situation froidement. Même dans la meilleure situation, avec un ennemi empoisonné et une fenêtre de tir parfaite, elle n’avait réussi à infliger aucun dommage. La retraite était la meilleure solu…


Un bruit de moteur détourna son attention. Widowmaker tourna son fusil dans la direction des sons et aperçut un convoi blindé portant le logo d’Arès Corporation. Le véhicule de tête, qui avait dû la repérer grâce à ses tirs, pointait un obusier dans sa direction.


Son grappin partie au même moment que l’obus. Des éclats de béton ricochèrent contre ses jambières, mais leur impact suffit à déstabiliser sa trajectoire. Ce qui aurait dû être un parfait atterrissage sur un balcon se transforma en une chute vers le sol. A la dernière seconde, Widowmaker réussit à réactiver son grappin, ce qui lui permit d’amortir sa chute. Mais la douleur la fit tout de même grimacer.


Bam ! entendis-t-elle juste à côté. Elle leva la tête et aperçut la superbe armure Bayard qu’avait réalisé Torbjörn.


- Vous allez payer pour tous ceux que vous avez tué ! cria le porteur, tout en s’élançant vers elle.


C’était étrange. Au combat, Gérard était plutôt du genre à dire “Rendez-vous au nom d’Overwatch !” ou à expliquer calmement à ses adversaires pourquoi ils étaient dans l’erreur. Sans compter qu’il ne la vouvoyait pas. Mais Widowmaker avait des réflexions plus urgentes.


Par exemple, comment ne pas mourir transpercé par l’épée chauffé à blanc qui se dirigeait vers sa tête. Elle esquiva en sautant sur le côté. Cela la fit se retrouver pile face au bouclier du porteur, qui la frappa avec.


L’énorme masse métallique rentra en contact avec son torse et la projeta en arrière sur plusieurs mètres. Heureusement que Talon avait amélioré la résistance de son corps, sinon Widowmaker serait morte sur le coup. Cela n’en restait pas moins incroyablement douloureux.


- Ça c’était pour Gérard ! lui cria le porteur.


“Pour Gérard” ?


- Tu n’es pas lui...murmura Widowmaker. Tu n’es pas mon mari...


- Je suis celui qui va le venger !


Tout en parlant, l’assaillant fonça dans sa direction. Mais Widowmaker réactiva son grappin pour toucher le mur d’en face. L’épée s’enfonça dans le béton sans causer de dommage, tandis que l’assassine sautait souplement au-dessus de son adversaire. Elle en profita pour tirer en mode automatique.


À courte distance, les capteurs de l’armure avaient beaucoup moins de temps pour prévenir le porteur. Quand on parle de réflexe, un quart de seconde peut faire toute la différence.

Aussi, la rafale de balle toucha l’assaillant de plein fouet, au dos et au bras. Encore une fois, les balles ne traversèrent pas l’armure, mais le choc fit tomber à genoux le porteur.


- La naiba ! jura-celui-ci.


Il fallut une poignée de seconde à l'assassine pour reconnaître la langue.


Du roumain.


- Traian, déclara calmement Widowmaker en se réceptionnant au sol.


Traian se releva tout en se retournant.


- Madame Lacroix, dit-il d’une voix pleine de haine. Mais je suppose que vous préférez Widowmaker ?


- Ainsi, tu as volé l’armure de mon mari.


- Et vous l’avez tué ! Il m’a fallu six ans pour en être sûr mais maintenant je sais que c’est vous ! Sale afurisită ! Et vous prétendiez l’aimer ?


Il se remit à charger, épée pointée vers elle. Widowmaker savait qu’elle ne pouvait pas transpercer l’armure. Mais elle avait un plan.


Une nouvelle fois, elle activa son grappin, se posant sur un balcon situé à l’opposé du convoi blindé qui lui avait tiré dessus un peu auparavant. Comme prévu, ils étaient en train d’avancer dans sa direction. Arès Corporation toucherait sans doute une belle prime s’ils arrivaient à la tuer. Mais pas aujourd’hui.


Widowmaker tira sur un des blindés. Sa balle ricocha contre le blindage et les véhicules se mirent aussitôt à rouler vers elle.


Avec Traian sur leur chemin.


L’ancien agent d’Overwatch s’était précipité derrière elle pour arriver à portée de son super-saut. Mais dès que les blindés d’Arès l’avaient aperçu, ils s’étaient mis à tirer. Pas très diplomatique ces compagnies de sécurité. Mais après tout, ils étaient dans une zone de guerre. Tout ce qui n’était pas un allié était probablement un ennemi.


Pris pour cible par un obusier, Traian n’eut d’autre choix que d’abandonner la poursuite. Widowmaker avait pris soin de choisir un chemin de fuite qui obligerait Traian à rester exposé s’il la suivait.


Quelques minutes plus tard et Widowmaker estima s’être suffisamment éloigné pour être en sécurité. Il était temps de préparer l’élimination de son adversaire. Elle n’avait pas la puissance de feux suffisante pour traverser l’armure, mais un ou deux bastions l’aurait sans doute.


L’assassine sortie son communicateur de sa sacoche. Elle haussa un sourcil de surprise en voyant s’afficher un autre contact de Talon, situé non loin d’elle.


- M’dam, ravi de voir que vous vous en êtes tiré, dit le légionnaire.


- Comment êtes-vous vivant ? demanda-t-elle d’une voix inexpressive.


- Grace à deux trucs, m’dam. Un, l’avantage d’être frappé par une lame aussi chaude, c’est que la plaie a cautérisé immédiatement. Deux, je sais pas exactement ce que les crânes d’œufs ont foutus avec mon corps, mais ça m’a rendu sacrément résistant.


- Très bien. Rejoignez ma position.


- A vos ordre m’dam.


Widowmaker appela ensuite le Secteur Zéros.


- Humaine, la salua froidement une grinçante voix robotisée.


- Un élément hostile est arrivé en ville dans le but de m’éliminer.


- Nous savons. Il a tué trois des nôtres pour vous atteindre.


- J’ai besoin de votre aide pour m’en occuper.


- Non. Votre présence a été responsable de la mort d’omnics. D’autre risque de subir le même sort par votre faute. Nous ne voulons plus collaborer avec vous, humaine.


Widowmaker grimaça. C’était le souci de collaborer avec des fanatiques extrémistes. Ils laissaient leurs émotions affecter leur jugement.


- Cet individu menace vos opérations ici. Il doit être éliminé et nous y arriverons mieux en collaborant.


- Quitter cette ville, humaine. Vous êtes maintenant une cible du Secteur Zéros.

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