Nouvelles d'Overwatch
Chapitre 9 : La Fierté de ses Parents (3/3)
2679 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 24/02/2019 21:26
Pharah retourna auprès de son escouade. Le médic s’approcha d’elle.
- Je dois traiter vos brûlures, capitaine.
- Faites.
Avec l’excitation du combat, puis la dispute, elle avait oublié sa douleur. Mais elle redevenait plus vivace maintenant qu’elle s’en rappelait. Heureusement, les nanites médicales firent rapidement effet.
- Capitaine, commença le médic. J’ai vu l’auxiliaire tiré sur un filin pour faire tomber une caisse devant vous. Je doute de sa loyauté.
Fariha réfléchit quelques secondes. Mince ! Comment allait-elle pouvoir justifier ça à ses subordonnés ?
- C’était un tir mal calculé, dit-elle.
- Capitaine, sauf votre respect, j’ai vu l’auxiliaire réussir deux tirs à la tête sur nos ennemis, de nuit, à plusieurs centaines de mètres. Chez Helix, seulement un sniper sur dix est capable de faire ça. Et l’auxiliaire aurait “par erreur” tiré sur un minuscule filin pour faire tomber une caisse devant vous ?
- Oui, médic. N’évoquez plus le sujet.
- A vos ordres, capitaine.
Fariha se retint de grimacer. Il allait lui falloir réussir sa mission pour éviter que ses supérieurs ne s'intéressent de trop près à cette histoire.
- Médic, quel est l’état exact de Raptora 5 ?
- Il a une légère commotion à la tête. Je crains que ça n’affecte ses réflexes et sa visée.
- Vous craignez ? Donc vous n’êtes pas sur ?
- Non. Mais je pense qu’il ne vaut mieux pas courir de risque.
“Trop tard pour ça” pensa Fariha.
Elle activa son oreillette.
- Raptora 4, statut.
- Le bateau est calme, capitaine. Je pense qu’ils doivent toujours être dans la cale.
Ils attendent pour des renforts compris Fariha.
Elle aussi aurait pu demander des renforts. Avec un peu de chance, ils arriveront avant ceux de l’ennemi et Pharah pourra alors réattaquer le bateau avec une confortable supériorité numérique. C’est probablement ce qu’aurait fait sa mère.
Mais Pharah n’était pas sa mère. Elle allait finir sa mission maintenant.
- Medic, quel est la dernière fois que vous vous êtes servie d’une arme ?
- Il y a trois jours, sur le terrain d'entraînement.
- Et en mission de combat ?
- Il y a deux mois.
- Parfait.
Pharah réactiva son oreillette.
- Raptora 4, revenez à la zone de regroupement 2.
- A vos ordres, capitaine.
Ce qu’il restait de son escouade fut bientôt de nouveau rassemblé. Ana était également revenu, après avoir replacé son foulard et son synthétiseur vocal.
- Raptora 4, donnez votre arme au médic, ordonna Pharah.
La soldate leva un sourcil de surprise. Mais, disciplinée, elle obéit.
- Prenez ça, dit ensuite Fariha en donnant son lance-rocket à sa subordonnée.
- Raptora 5, donnez-moi votre arme, ordonna-t-elle ensuite.
Kofi s’exécuta, passant son fusil d’assaut à Pharah. C’était une arme de bonne qualité, robuste et efficace.
- Je vais ouvrir une brèche dans la coque du bateau par l’ouest et lancer un assaut sur nos ennemis, expliqua Pharah. Pendant ce temps, Raptora 4 et Medic iront à l’est. Là, vous utiliserez mon lance-rocket pour créer une nouvelle ouverture, qui vous permettra d’attaquer l’ennemi à revers. La surprise et l’encerclement nous donneront la victoire.
- Mais capitaine, cela veut dire que, le temps que nous contournions, vous serez toute seule contre quatre adversaires, fit remarquer Raptora 4.
- Affirmatif.
- Sauf votre respect, vous, et votre armure, êtes trop précieuses pour Helix. Je suis volontaire pour prendre votre place et m’occuper de la diversion.
- Négatif. Vous avez vos ordres soldate.
Fariha avait conçu ce plan pour obtenir un succès rapide qui, entre autres, protégerait sa mère de toute enquête d’Helix. Un pur bénéfice personnel. Il était hors de question qu’un de ses soldats prennent les risques à sa place.
- Capitaine, déclara Kofi. J’insiste pour participer au combat.
- Et pourquoi le voulez-vous tellement donc, Raptora 3 ?
- C’est mon devoir en tant que soldat d’Helix.
- Donnez la vrai raison, soldat, déclara soudainement Ana d’une voix autoritaire.
Kofi se retourna vers elle. Il y avait de l’hésitation dans ses yeux. Pour lui, Ana était juste une auxiliaire, une mercenaire locale venu rejoindre la mission contre un quelconque paiement. Il n’avait pas à lui obéir. Mais il y avait quelque chose dans sa voix, dans sa posture...sans compter le fait qu’il l’avait vu réaliser deux tirs dignes des meilleurs snipers.
- Le Cartel a tué mon ancien coéquipier, dit-il finalement. Abattus au cours d’une embuscade à Jakarta. J’ai...des comptes à régler avec eux.
Ana resta silencieuse, immobile comme une pierre. Fariha ne pouvait deviner son avis sur la question.
Mais si, elle pouvait le deviner. Jamais sa mère ne laisserait un de ses précieux soldats courir le risque de repartir au combat alors que le médic était contre.
Rien que pour ça, par pur esprit d’opposition à sa mère, Fariha se dit qu’elle allait réintégrer Kofi. Après tout, le médic n’était pas sûr de son état et s’il rejoignait le groupe arrière, il risquait peu d’être mis en danger. Quant à son fusil, Pharah pouvait s’en passer. Elle avait encore suffisamment de mini-rocket dans son armure.
- Raptora 5…commença-t-elle….
Elle hésita une poignée de seconde avant de poursuivre sa phrase. Qu’est-ce qu’elle faisait ? Depuis quand laissait-elle ses émotions décider à sa place ? Discipline, sang-froid, connaissance du protocole. Voilà ce qui faisait un bon soldat. Encore plus un bon officier. Elle n’allait pas prendre une mauvaise décision juste pour mécontenter sa mère !
Car c’était une mauvaise décision. Sans même tenir compte de l’avis du médic, Kofi se battait pour de mauvaise raison et cela pouvait lui faire faire des erreurs.
- …vous restez ici, acheva-Pharah. Et cessez de demander de retourner au combat.
En entendant la réponse, Kofi fit une grimace de mécontentement, qu’il fit bien vite disparaître.
- A vos ordres, capitaine.
- Sniper 1, poursuivit Pharah en se tournant vers Ana. Vous surveillerez le périmètre pour empêcher nos ennemis de fuir ou nous prévenir s’ils reçoivent des renforts.
- A vos ordres capitaine.
- Vous savez tous quoi faire, reprit Pharah. Alors exécution !
Puis elle décolla, rapidement imité par Raptora 4 et le médic.
Pharah s’approcha du côté ouest du navire, avant de se positionner bien en face de la coque.
- Tous les emplacements, activations, dit-elle.
Les multiples mini lance-rocket intégré à sa Raptora s’ouvrirent alors, sauf ceux situé en haut à droite, là où l’armure était endommagée. Néanmoins, le déluge de feu qui s’ensuivit fut largement suffisant pour créer un trou dans la coque.
Pharah s’y enfonça immédiatement. Au passage, elle aperçut un des mercenaires qui était en train de se jeter à couvert. Elle lui tira une rafale. Les balles rebondirent contre son armure, mais la puissance du choc le fit s’effondrer au sol.
Il y eut une détonation et Pharah sentis une vive douleur à la jambe. Une des mercenaires venait de la toucher. Elle se cacha derrière une grosse caisse métallique.
Pharah entendis ses adversaires approcher rapidement de sa position de plusieurs côtés à la fois. Tout en restant accroupis, elle s’écarta de la caisse qui la protégeait, avant de pointer vers elle son avant-bras droit, à peu près dans la direction d’où un ennemi se trouvait.
Une roquette sortie du gantelet de son armure et explosa près de la caisse, propulsant celle-ci de plusieurs mètres en avant. Comme prévu, cela la fit heurter de plein fouet un mercenaire. Pharah profita de la brusque ouverture pour tirer sur un autre, tout en se précipitant derrière un pilier. Comme pour sa précédente rafale, les balles ne firent aucun dommage mais jetèrent son ennemi au sol.
Cependant, elle affrontait quatre adversaires et les deux indemnes ne manquèrent pas de lui tirer dessus. L’un rata, l’autre le touche en plein torse.
Fariha sentis l’impact comme une dizaine de coup de poing. Elle fut projetée en arrière, en plein vers un pilier métallique. Ce second choc troubla sa vision et son audition, tout en lui faisant lâcher son arme.
C’est à peine si elle se rendit compte que la forme noirâtre qui s’approchait d’elle était un de ses ennemis, en train de brandir une carabine vers sa tête.
Pharah activa son jet-pack et le tir partie dans le vide, puis elle retomba sur son adversaire tout en frappant. L’impact le mit à genoux. Elle rajouta un coup de coude à l’épaule mais manqua, le mercenaire ayant roulé au sol pour esquiver.
Puis elle eut l’impression de recevoir une voiture dans les côtes. C’est seulement allongé sur le sol, que Fariha comprit qu’on venait de lui tirer au-dessus de la hanche et que son hébétement l’avait empêché d’entendre la détonation.
Elle tourna la tête et vit une forme noirâtre qui la surplombait. Sans arme, sans rocket dans son armure, le mécanisme de son jetpack trop loin de ses mains, Fariha fut juste capable de lever le bras. Le mercenaire l’écarta et lui donna un coup de crosse sur la tête.
Puis ce fut le noir total.
Quand Fariha se réveilla, la première chose qu’elle remarqua, c’est qu’on lui avait retiré son armure. Puis ce fut la douleur, aux côtes et encore à la tête. Elle ouvrit les yeux.
Du gris, métallique, ternes. Comme une cellule.
Ou un transport standard d’Helix.
Des bruits de pas se firent entendre, Fariha tourna la tête dans leurs directions.
- Capitaine ! Vous êtes réveillé ! dit le médic.
- Aaaaah...qu’est-ce qui s’est passé ?
- Votre plan a parfaitement fonctionné. Anneli a utilisé votre lance-rocket pour ouvrir un trou dans la coque et nous avons attaqué l’ennemi à revers. Notre première salve a descendu deux mercenaires et les survivants se sont rendu.
Le cerveau embrumé par la douleur de Fariha se souvint qu’Anneli était la Raptora 4.
- John Adam est en cellule, nous avons pu récupérer le corps de Reena, ainsi que son équipement et celui de tous les mercenaires.
Fariha poussa un immense soupir de soulagement. La mission était réussie.
- Cependant, vous avez des blessures assez importantes à la hanche, au torse et à la tête. Il faudra attendre l’avis d’un médecin plus compétent que moi, mais je pense que vous êtes partie pour plusieurs mois d’invalidité.
- Ça...valait...le coup.
- De vous à moi, vous auriez dû laisser Anneli vous remplacer.
Fariha ne répondit pas. Elle doutait qu’il puisse comprendre.
- Enfin. Cette action vous vaudra sans doute une médaille. De quoi rendre vos parents fiers, n’est-ce pas ?
- Mouai…
Visiblement, ce soldat-là ne savait pas que sa mère était officiellement morte. Enfin, bon, il y en avait qui ne connaissait même pas le nom du premier ministre de leur pays...
Le medic lui sourit. Puis, il cala une béquille contre la couchette dans laquelle se reposait Fariha.
- Utilisez ça pour vous déplacer. Et éviter de vous appuyer sur votre hanche blessée. Compris ?
- Affirmatif. Hum… Qu’est devenu l’auxiliaire ?
- Elle est avec nous dans le transport. Elle s’est installée à l’écart, tout au fond.
- Et les affaires de John Adam ?
- Dans l'armurerie.
- Merci medi…, eh, Alexis.
Fariha se mit en position assise, puis prit les béquilles qu’elle utilisa pour se rendre d’abord à l'armurerie. Là, elle récupéra la tablette de John Adam, dont elle fit une rapide copie des données sur une clés USB.
Puis, elle allât retrouver sa mère.
Ana s’était installé vraiment à l'extrémité du vaisseau, là où il n’y avait personne d’autre. Ce qui expliquait pourquoi elle s’était sentie libre de retirer son foulard et son synthétiseur vocale. Elle était en train de boire du thé.
- Une tasse ? proposa poliment Ana.
- Non. Comment diable as-tu réussi à faire du thé à bord ?
- Je le gardais sous thermos dans mon package. Enfin, comment te sens tu ?
- Fière du devoir accomplis.
- Et physiquement ?
Fariha lui lança un regard noir.
- Je te demanderais bien de ne plus jamais me refaire ça, reprit Ana. Mais…
- Ce serait terriblement hypocrite vu comment tu t’es comporté dans ta dernière mission à Overwatch.
Ana soupira doucement.
Fariha lui tendis la clés USB.
- Tient, une copie de la tablette de John Adam. Les renseignements que tu cherches sont sans doute à l’intérieur.
- Merci, dit Ana en prenant l’objet.
Il y eut un silence gênant. Ana but une gorgée de thé.
- Quand je l’ai vu, déclara soudainement Fariha. Papa m’a dit qu’il était fier de moi. Et cela sonnait vrai.
- Je… Ce n’est…
N’arrivant pas à trouver ses mot, Ana soupira d’exaspération.
- Je sais que je ne commande pas comme toi, maman, reprit Fariha. Mais ma méthode est aussi…
- J’aurais pris exactement les mêmes décisions, la coupa Ana.
Fariha la regarda d’un air stupéfait.
- Tu es aussi brave et intelligente que je l’étais, reprit l’ancienne capitaine. Peut-être même plus.
Malgré ses douces paroles, son visage affichait une profonde tristesse.
- Mais regarde où cela m’a mené, poursuivi l’ancienne capitaine.
Elle montra son cache-œil.
- Une vieille femme mutilée, brisée, se cachant aux yeux du monde car elle a trop honte de ses échecs.
Son regard se porta sur la hanche blessée de Pharah.
- Ce n’est pas la vie que je voulais pour toi.
Fariha resta de longue seconde sans répondre, contemplant sa mère avec des yeux plein d’émotions.
Puis son visage se raffermit.
- Mais c’est celle que j’ai choisi, maman.
- Je sais. Et je veux bien l’accepter. Mais...ne me demande pas d’être fière.
Fariha poussa un long soupir. Puis, elle se détourna.
Quelques heures plus tard et le transport se posa à la base d’Helix. Ana disparut discrètement, après avoir promis à sa fille de reprendre contact. Fariha savait que, lorsque cela arriverait, elle viendrait retrouver sa mère. Car c’était la seule qu’elle avait, peu importe leurs différends.
Le haut-commandant d’Helix la félicita chaudement pour avoir menée à bien la mission, malgré le piège du Cartel. Que ces derniers aient été capable de tromper leur service de renseignement était extrêmement inquiétant et révélait que cette organisation était bien plus puissante qu’ils ne le pensaient. Ils n’avaient sans doute pas fini d’en entendre parler.
Et comme Alexis l’avait prévu, Fariha reçu une médaille pour « acte de bravoure ».
Son “acte de bravoure” lui valut aussi cinq mois de rétablissement. Pas de mission, pas de sport, pas de conduite… Elle allait s’ennuyer.
Mais quand ce serait finis, Fariha pourrait retourner au combat.
Non pas pour rendre ses parents fiers.
Mais parce que c’est la vie qu’elle avait choisi.
Fin