Cœur d'Émeraude
Salut tout le monde ! Et bonne année !! 🎉
Déjà merci à tous, on a atteint le cap des 2000 vus ! Et les 100 vus sur le premier chapitre, ce qui n'est pas rien. Et c'est grâce à vous que cet objectif a été atteint.
Navré cependant pour le retard, les vacances de Noël ont été assez prenantes et j'ai laissé de côté Cœur d'Émeraude. Cependant je reprends l'écriture, en espérant que ça vous plaît ^^
Encore une fois, n'hésitez pas à me donner vos avis. Pour ma part j'ai pris la température auprès de connaissances, les avis sont mitigés sur le fond, notamment le changement d'ambiance que j'instaure. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais vos avis m'aideraient beaucoup :-)
D'ici-là encore une fois bonne année, et bonne lecture à toutes et à tous :-)
Comme n'importe quel citoyen, Hinata Müller a toujours vu Tatsumaki comme un symbole de la femme forte par excellence, débordante de confiance en elle, d'assurance et égérie suprême du mouvement "Girl Power". Entre ses démonstrations de puissance et le respect, voir l'adoration, que lui vouent bon nombre de personnes, allant du citoyen lambda au héro parfois haut classé de l'association, Tatsumaki a tout de l'héroïne accomplie, à la limite de la déification, y compris aux yeux d'Hinata qui n'a toujours vu de Tatsumaki au mieux un point vert et lumineux dans le ciel ou un gros plan à la télévision. Du moins jusqu'à il y a quelques heures, ou sa vision de la Classe S à drastiquement changée. Entre ce qu'elle a vu d'elle et ce que lui a révélé Bouvier, Tatsumaki a pris une dimension soudainement très humaine, peut-être même plus que n'importe quel héros, tel que Roulette Rider, qui est pourtant la personnification de l'empathie par excellence. Hinata se surprend presque à admirer Tatsumaki pour son abnégation, sa volonté de vouloir protéger autrui, alors que pourtant, elle est brisée, anéantie, se méfie de tout le monde et déploie un trésor de discipline et d'efforts pour garder tout ce monde qui l'admire loin d'elle. S'en est presque d'un paradoxe affligeant. Elle en est là dans son cheminement de pensées lorsqu'elle ouvre la porte de la chambre, trouvant Fubuki, toujours prostrée sur sa chaise, le regard rivée sur sa sœur. Elle ressent alors toute la tendresse et l'amour qui émane de la jeune femme qui chérie cette sœur qui en a tant bavé, mais qui fait tout ce qui est en son pouvoir pour protéger sa cadette. Elle en vient à ressentir cette tendresse envers Tatsumaki, cette admiration sans borne. Hinata pose une main douce sur l'épaule de Fubuki, la faisant sursauter bien malgré elle.
"Ça va, ce n'est que moi, prévient doucement Hinata.
-Désolé, j'étais dans mes pensées, répond Fubuki en reprenant contenance. Hinata se contente de sourire. Elle rapproche une chaise et s'assoit en observant les traits tranquilles de la Classe S.
-Le Docteur Edgar Bouvier, ça vous parle ? Demande alors Hinata, en étant particulièrement attentive à la réaction de l'héroïne. Cette dernière fronce les sourcils, cherchant pourquoi ce nom résonne tant dans sa mémoire.
-Oui, ça me revient, c'était le psychologue de l'orphelinat ou ma sœur et moi on a grandi, se souvient-elle, les yeux perdus dans un lointain souvenir.
-Mais pourquoi vous me demandez ça ? Vous le connaissez ?
-C'est lui le confrère psychiatre que j'ai été consulté, c'est le chef du département de psychologie de l'hôpital, explique Hinata. L'annonce semble surprendre Fubuki qui fait des yeux ronds.
-Il m'a raconté votre histoire, reprend prudemment le médecin d'une voix la plus posée et douce possible. Fubuki détourne la tête. Mais cette fois, ses yeux fixent un point vide et imaginaire, comme si les mots d'Hinata l'avaient ramenés dans un lointain souvenir que elle seule peut visiter.
-Qu'est-ce qu'il vous a raconté exactement ? Finit-elle par demander, la voix blanche.
-Il m'a surtout parlé du laboratoire, des expérimentations de votre sœur, des dessins qu'elle a fait, et qu'il m'a montré, répond Hinata, hésitante sur la mention des croquis qui la font encore frissonner. Fubuki ferme les yeux, tâchant de contenir ses émotions. Elle déglutit péniblement et tâche de reprendre une nouvelle fois sa contenance, de ne rien laisser paraître.
-Je ne me souviens pas de grand chose de cette époque-là. J'étais trop petite, je me souviens seulement de la fois où j'ai utilisé mes pouvoirs pour la première fois pour repousser Tatsumaki, mais même ça c'est flou, explique Fubuki.
-Tatsumaki ne parle jamais de ce qu'il c'est passé dans ce... laboratoire, ou dans ce foyer, du moins au début. Mes souvenirs ne vont pas avant mes trois ou quatre ans. Le reste est trop flou. Je sais juste que de nous deux, c'est Tatsumaki qui a vécu le pire, continue-t-elle. Hinata hoche pensivement de la tête. Les propos de Fubuki rejoignent ceux de Bouvier.
-Pourquoi est-ce qu'elle garde tout ça pour elle ? Qu'est-ce qu'elle a perdre à au moins se confier, ne serait-ce qu'à vous ? Demande Hinata, qui aimerait plus que tout aider cette jeune femme qu'elle admire maintenant pour son abnégation et sa volonté de fer.
-J'ai essayé un jour de la faire parler, de la forcer à se confier, au moins à moi. Elle n'a jamais voulu, c'était comme parler à un mur, raconte Fubuki.
-Et un jour, elle m'a dit que si elle refusait d'en parler, c'était pour éviter ce regard que je lui portais, à cet instant, et que... Edgar Bouvier lui portait aussi, lorsque l'on était en foyer. Elle le détestait juste pour ça, parce-que chaque fois qu'il la regardait, et à chaque fois que je voulais parler de ce qu'il c'est passé là-bas, on la regardait comme... une petite chose brisée et fragile. On avait ce regard désespérément pathétique à son égard. Elle ne veut pas être perçue comme ça. Parce-que si elle laisse quiconque la voir comme ça, on la prendra en pitié, on la sous-estimera, on l'a dévalorisera, et finalement, on lui marchera sur les pieds, parce-qu'on ne verra d'elle que cette... souffrance, cette pitié et cette faiblesse, explique Fubuki, alors que des larmes perlent sur ses joues. Hinata n'est pas en reste, elle contient difficilement ses propres larmes.
-Je peux vous assurer qu'elle détesterait que l'on la regarde comme ça. Mais je sais aussi qu'elle n'aime pas plus que les gens aient peur d'elle. Mais elle m'a confié qu'elle préfère être respectée par la peur, qu'être sous-estimée et humiliée par compassion, ou par pitié, complète Fubuki, l'air triste et sombre.
-J'aimerais l'aider, annonce alors Hinata, d'une voix douce mais déterminée et étranglée par l'émotion.
-Vous n'êtes pas la seule. Mais si vous voulez vraiment l'aider, sortez-la du coma, faite en sorte qu'elle récupère le plus rapidement possible, qu'elle puisse à nouveau être une super-héroïne. Pour le reste, je ne sais plus quoi faire. Je me contente d'attendre et d'être là pour elle, comme elle l'a été pour moi, et l'est encore, à sa façon, répond Fubuki, d'une voix résignée et triste, comme si le fait de ne pas pouvoir soulager la conscience et les épaules de sa sœur est pour elle un fardeau d'un poids infini. Hinata reconnaît alors cette fierté qui anime les deux sœurs, cette volonté d'en montrer le moins possible, mais d'en vouloir le plus possible, quitte à y laisser des plumes. Enfant unique, Hinata n'a jamais connu ce lien puissant qui uni les membres d'une fratrie, et si elle avait toujours vu ça avec une certaine futilité, elle en discerne aujourd'hui toute la puissance, tout le potentiel. Mais tandis que Fubuki semble tout de même être en train de baisser le bras, Hinata, elle, compte bien faire ce qu'elle peut, à son niveau, pour faire en sorte que cette transition se fasse le mieux possible, même si elle a pris conscience que c'est très utopique et idéaliste comme objectif.
-Tatsumaki est entre de bonnes mains. Mais... je ne peux rien vous promettre à part que je ferais tout ce qui est possible de faire pour que tout se passe bien. Et si vous avez besoin de quoi que ce soit... ma porte est ouverte, quoi que ce soit dont vous ayez besoin, prévient le médecin, avant de se lever. Fubuki hoche simplement de la tête. Lorsqu'Hinata est enfin sortie, Fubuki se laisse aller à ses larmes. Sa sœur lui manque, et au-delà de ça, elle aimerait tellement pouvoir la soulager, la prendre dans ses bras, qu'elle puisse enfin lâcher toute cette pression inhumaine qui pèse sur ses épaules... si seulement...