Cœur d'Émeraude

Chapitre 27 : Retour à la réalité

2514 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour il y a 19 jours

Nouveau chapitre. Navré pour l'absence, j'étais absorbé par des recherches à faire sur la suite, ça m'a pris énormément de temps, mais maintenant je suis là


Nouveau chapitre un peu long, mais la première partie ne compte pas de dialogues, alors Jai décidé de rallonger tout ça.


J'espère que ça va vous plaire, que cette fanfiction vous plaît. N'hésitez pas à communiquer, me laisser vos avis, c'est important, ça me motive et ça me récompense.


D'ici-là, bonne lecture à toutes et à tous



Trois heures et demi plus tard. Tatsumaki reprend à nouveau, mais partiellement, conscience, dans un état encore plus nébuleux qu'à son dernier réveil, la faute à l'anxiolotique administré en urgence par Hinata. L'univers de la Classe S semble à la fois incroyablement grand tout en étant effroyablement petit et étroit, comme si elle était recroquevillée et très fermement comprimée par une couverture serrée au maximum tout en flottant dans un espace aux limites insondables. Ses pensées sont comme des galaxie et des constellations de poussières interstellaires trop floues et éloignées pour être correctement appréhendées. C'est apaisant, très apaisant, mais aussi effrayant, angoissant. Plus rien ne compte, plus rien n'a d'importance, juste ce moment présent paradoxalement aussi doux et tranquille qu'anxiogène. Mais peu à peu, des sortes de pulsations, accompagnées de voix, la ramènent dans la réalité. La douce obscurité laisse place à une pénombre plus tangible, et la lumière des lampes de sa chambre filtre par ses cils. Les sons semblables à des voix venant d'un écho lointain parviennent à ses oreilles, agissant comme un crochet la tirant brusquement du ciel. Lorsqu'elle ouvre enfin les yeux, tout est trop intense, trop lumineux, bruyant, net. Une soudaine bouffée d'angoisse l'enveloppe, comme si quelque chose d'inconnu voulait maladroitement la protéger du monde réel. Tatsumaki se rend compte qu'elle veut retourner là-bas, dans ce vide, silencieux et calme. Pendant un court instant, et peut-être pour la première fois, elle était libre, libre de ne plus être la Tornade Tragique. Elle n'avait plus à maintenir son masque d'invincibilité, à surveiller les moindres mouvements du monde autour d'elle. Elle pouvait simplement... être. Jamais elle n'avait ressenti ça, c'était tellement beau. Des larmes coulent silencieusement le long des tempes de la Classe S, pleines de regret, de mélancolie, de nostalgie. À côté, Fubuki pleure également, frustrée par l'impuissance qui l'entrave avec une efficacité redoutable, incapable de venir en aide à sa sœur. Hinata est absorbée par ses vérifications, tâchant de mesurer chaque constante et de créer un environnement apaisant autour de Tatsumaki en éteignant certaines lumières, ne gardant que les plus tamisées. Lorsque Tatsumaki prend enfin conscience de son environnement, ce n'est qu'à travers plusieurs filtres. Elle se sent épuisée, insensibilisée, au point de ne même pas parvenir à émettre un son. Ses yeux se posent sur Fubuki, qui n'est qu'une esquisse rassurante, mais néanmoins présente. Et pour l'instant, ça suffit à son bonheur. La voix de Fubuki passe d'un écho dénué de sens à des mots tangibles et compréhensibles, ses mains douces, fraiches et fines caressent sa tête et ses cheveux. Pendant quelques minutes, Fubuki tâche de surveiller ses mots, terrorisée à l'idée de revoir Tatsumaki faire une crise, mais pour une fois, tout se passe bien, et c'est plus ou moins apaisée que Tatsumaki sombre à nouveau dans l'inconscience.

"Quand est-ce que vous alliez enfin lui retirer ça ? Quand est-ce qu'elle va enfin se réveiller pour de bon ? Demande Fubuki, épuisée, excédée et qui devient peu à peu l'ombre d'elle-même.

-D'ici quatre ou cinq jours environ , on pourra lui faire un test de respiration spontanée. Si elle passe le test, on pourra procéder à l'extubation. Pour ce qui est du sevrage des médicaments, l'anxiolotique lui a fait prendre bien un jour de retard, mais d'ici environ autant de temps , elle sera pleinement consciente, même s'il lui faudra encore quelques siestes et de bonnes nuits de sommeil pour reprendre un rythme normal, explique Hinata en souriant d'un air confiant et rassurant. Fubuki hoche faiblement de la tête. La jeune femme a maigrie, ses joues sont légèrement creusées, ses yeux gonflés par la fatigue et le chagrin. Ses cheveux et ses yeux d'ordinaire brillants sont plus ternes et sa peau a pris une teinte bien plus pâle.

-Vous devriez vous reposez vous aussi. Tatsumaki aura vraiment besoin de vous une fois qu'elle aura repris conscience, et je ne pense pas que vous voir dans cet état va la rassurer, bien au contraire, explique Hinata pleine de sollicitude. Fubuki ne réagit pas, elle sait que la doctoresse a raison.

-Ça va aller, répond-elle d'une voix lasse, mais déterminée, sans lâcher Tatsumaki de la main et du regard.

-Tatsumaki ne va pas reprendre conscience avant au moins deux heures et demi, vous devriez vous allonger, elle ne se réveillera pas avant, je peux vous l'assurer, s'il-vous-plaît allez fermer les yeux au moins quelques minutes, insiste Doucement Hinata. Fubuki soupire, tiraillée entre son envie irrépressible de lâcher prise et s'endormir et sa détermination à rester près de Tatsumaki. Finalement, la Classe B capitule, et se lève, mais non sans tituber. Elle semble avoir pris des décennies d'un coup, et sous l'œil attentif et peiné d'Hinata, Fubuki s'allonge sur le divan, et s'endort presque aussitôt. La doctoresse n'est pas en reste, elle est aussi épuisée. D'ici deux heures environ, Tatsumaki va se réveiller, et elle compte bien tout faire pour minimum le risque de crise...

Les quatre prochains jours se dérouleront ainsi, au rythme des réveils de Tatsumaki. Une fois l'anxiolotique évacué, la Classe S reprendra un rythme de sommeil et de réveil normal et qui tendra vers un équilibre au fur et à mesure qu'Hinata baissera les doses. Ainsi au neuvième jour, l'héroïne est à un ratio d'approximativement une heure quarante-cinq de sommeil pour une quarantaine de minutes d'éveil. Hinata parviendra, que ce laps de temps, à isoler Tatsumaki d'un point de vue sensoriel, parvenant ainsi à esquiver la plupart des crises et à étouffer dans l'œuf quelques autres avant qu'elles n'explosent, cependant la doctoresse a conscience qu'il ne s'agit que de chance, même si elle l'a provoqué. Elles parviendront à communiquer sommairement avec Tatsumaki via un crayon et un bloc-notes en la faisant cocher des réponses simples tel qui oui, non, ne sait pas et sur des questions simples pour éviter qu'elle ne réfléchisse de trop et ne déclenche une nouvelle crise. Fubuki, principalement épuisée par la crise de Tatsumaki, parviendra à reprendre un peu de couleur, mais sans pour autant perdre son visage émacié, la faute à un appétit réduit par l'émotion. Dans ce laps de temps, plusieurs visiteurs défileront, à commencer par l'Association des Héros en la personne de Sytch, bureaucrate désireux de prendre soin et de surveiller une de ses ressources les plus précieuses. Il ne s'éternisera jamais, se contentant des progrès médicaux, ce qui aura le dont d'énerver Fubuki, et dans une moindre mesure Hinata. Les quelques fois où il passera sur les temps d'éveil de Tatsumaki, cette dernière incendiera allègrement le cadre du regard, ne le lâchant des yeux que lorsqu'il quittera la chambre. Kioshy ensuite, dans une démarche bien plus humaine, mais avec des discours bien plus optimistes qui ne feront que rassurer et réconforter Fubuki qui avait grandement besoin de bonnes nouvelles. Le dernier visiteur est Bang, qui, dans une démarche également humaine et bienveillante, tâchera de faire quitter l'hôpital, ou au moins la chambre à Fubuki, mais cette dernière se montrera inflexible, et Bang se contentera de discuter avec elle pour lui changer un peu les idées, une stratégie qui ne marchera qu'à moitié. Ils s'alarmeront tous deux de l'état préoccupant de la cadette, mais à part lui prodiguer conseils et réconfort, ils ne parviendront pas à la faire manger. À chaque question que Bang et Kioshy posaient directement à Tatsumaki, généralement si ça allait, ou si elle avait besoin de quelque chose, la Classe S répondait d'office oui et non, tâchant de mettre le moins de fatigue et le plus d'assurance et de férocité possible dans son regard tout en faisant en sorte que les petites croix qu'elle cochait soient le plus nets et précis possible pour paraître plus vaillante que ce qu'elle ne l'est en réalité, mais personne n'était dupe. Ses périodes de vaillance ont eu au moins le mérite de démontrer que Tatsumaki est restée égale à elle-même : courageuse, déterminée et excessivement fière. Hinata réduisant progressivement les doses de calmant et les fonctionnalités du ventilateur mécanique, elle contrôlera de plus en plus régulièrement, notamment son rythme respiratoire et la pression partielle d'oxygène et de dioxyde de carbone en vue d'une extubation. Le soir du neuvième jour de sevrage, Hinata exécute un dernier bilan, et sourit.

-J'ai une bonne nouvelle, les résultats de Tatsumaki sont plutôt bons, ce qui veut dire que l'on pourra faire un bilan complet dès demain matin pour une extubation, explique Hinata. Fubuki, jusque-là passive et éteinte, semble se revigorer soudainement, comme si elles se nourrissait d'espoir et d'eau fraîche.

-Ça veut dire que vous allez lui retirer ça ? Elle va pouvoir enfin respirer toute seule ? Hinata hoche la tête, heureuse de voir la jeune femme un peu plus énergique.

-Oui, je pense que dès demain à 6h, on pourra commencer, affirme-t-elle. Des larmes pointent dans les yeux de Fubuki, et son regard se porte sur sa sœur, inerte et endormie.

-C'est... c'est une excellente nouvelle, merci Docteur Müller, lâche Fubuki d'une voix émue.

-Ne me remerciez pas encore, rien n'est fait, mais c'est en très bonne voie, tempère le médecin. Puis elle reprend un air plus grave et traîne une chaise à côté de celle de Fubuki pour s'y assoir.

-Écoutez, demain va être une journée particulièrement tendue, Tatsumaki sera très sollicitée, et elle aura besoin de vous en forme, explique Müller.

-Et je serais là, faites-moi confiance, affirme Fubuki, bombant la poitrine et redressant la tête dans un air de défi qui ne berne cependant pas l'anesthésiste.

-J'en doute pas, mais je veux que vous soyez vraiment en forme. C'est pourquoi je vais vous faire monter un plateau repas que je vous allez entièrement manger, suite de quoi vous irez vous coucher pour une bonne nuit complète de sommeil, et je vous réveillerai demain peu avant six heures pour entamer les premiers examens. D'accord ? Explique Hinata d'une voix douce mais ferme.

-Ça va aller, je vais bien, je n'ai pas besoin d'être babysittée, proteste la Classe B d'un ton réprobateur.

-Vous vous êtes vue ? N'importe qui de sensé dirait l'inverse, à ce rythme je vais finir par vous mettre sous perfusion à côté de votre sœur, lance Hinata d'un ton sec et ferme. La remarque fait mouche, Fubuki lance à Hinata un regard assassin, mais la doctoresse ne se laisse pas intimidée et soutient sans broncher les yeux de la cadette.

-Alors faites-moi plaisir, prenez soin de vous, je ne vous demande pas de quitter la chambre, seulement de bien manger et de bien dormir pour être en forme demain, insiste posément, cette fois, Hinata. Fubuki soupire, son regard devient las. Hinata est bien la seule personne, avec sa sœur, à pouvoir lui parler ainsi sans en subir les conséquences. Et l'exploit est encore plus notable lorsque l'on sait qu'Hinata, avec Tatsumaki, est également la seule personne à pouvoir faire plier la télékinésiste. 

-C'est d'accord, concède finalement Fubuki avec une voix qui trahit sa fierté blessée.

-Très bien. Je vous ai déjà concocté un plateau, il arrivera vers 19h00, décrète Hinata, fière d'elle en se levant.

-Je vais faire de même dans la salle de garde, je veux être au point pour demain, je compte donc sur vous pour faire de même, insiste Hinata en pointant un doigt charger d'avertissement à Fubuki. La Classe B lance un regard qu'elle veut impatient et agacé, mais la vérité c'est que les deux femmes ce sont considérablement rapprochées ces derniers jours, grâce à l'investissement du médecin et à sa volonté d'aider du mieux qu'elle peut les deux sœurs. Et si d'habitude Fubuki est assez hermétique à ce genre de comportement, l'infinie douceur et compassion d'Hinata, combinée à son épuisement, ont fissurés l'armure de Fubuki, permettant à l'anesthésiste de s'y engouffrer, mais sans se montrer envahissante ou maternaliste, bien au contraire. Fubuki ne le sait pas, mais elle c'est faite sa première véritable amie, une amie qui n'est ni attirée ni intimidée par son statut, ses pouvoirs ou sa célébrité. Juste quelqu'un qui lui veut vraiment du bien quitte à lui tenir tête tout en la traitant avec respect et égalité.

Hinata sourit devant le regard agacé de Fubuki, puis s'en va. Plus tard et comme promis, un plateau est monté, et les senteurs qui en émane réveillent subitement l'appétit latent de la jeune femme qui se rend compte qu'elle est véritablement affamée. La soupe miso aux algues et au tofu, le saumon grillé avec riz complet et petits légumes et le yaourt nature aux noix et au miel seront intégralement ingurgité en un temps record, pour le plus grand bonheur de la jeune femme qui remercie intérieurement l'insistance et l'instinct d'Hinata. Quand cette dernière revient, Fubuki savoure les dernières gorgées de sa tisane à la camomille et au gingembre encore légèrement fumante.

-Je vois que vous avez fait honneur à ce repas, lance-t-elle d'un air ravi. Fubuki sourit jaune. Admettre pour elle-même qu'Hinata avait raison est une chose, l'admettre devant elle en est une autre, quand bien même elles sont maintenant plus proches.

-Merci, lâche timidement Fubuki, avant de boire lentement une gorgée pour se donner contenance.

-Bonne nuit, à demain, j'arriverai vers 5h30, répond Hinata avec autant de simplicité, respectant la pudeur de l'héroïne. Fubuki hoche doucement de la tête. Elle reste encore quelques minutes à côté de sa sœur, observant ses traits, sa respiration, puis elle va s'allonger sur le divan et s'emmitoufle dans la couverture. Les émotions et pensées qui tourbillonnent inlassablement dans sa tête la maintiennent éveillée encore quelques minutes, mais rapidement la fatigue reprend le dessus, et Fubuki s'endort.

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