Cœur d'Émeraude

Chapitre 24 : Edgar Bouvier

1873 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 18/12/2024 16:40

Comme je l'ai dit, on va découvrir plus en profondeur et en détails la psychologie de Tatsumaki, et comprendre pourquoi elle a le comportement qu'elle a


Le dialogue entre Edgar Bouvier et Hinata Müller va être découpé en deux ou trois parties, il faut dire qu'il y a beaucoup à dire, et j'ai fait énormément de recherches pour que ce dialogue soit le plus cohérent, médicalement exact et buvable.


J'espère que ça va vous plaire, que je ne vais pas vous perdre. N'hésitez pas à commenter, me donner vos avis, c'est important et ça m'aide en motivant à continuer :-)


D'ici là, bonne lecture à toutes et à tous :-)


P.S : J'ai modifié et rajouté du contenu sur le chapitre 6 "Trauma bay" dans un souci de cohérence, j'espère que ça ne cassera pas la fluidité du récit.



L'aile détonne avec le reste de l'hôpital, plutôt sobre et aseptisé, par une ambiance plus colorée et vivante, mais aussi par ses extrêmes : tantôt très calme et harmonieuse, puis soudainement explosive et chaotique. Hinata toque à la porte du bureau qui l'intéresse, et une voix grave et bourrue lui autorise l'entrée. Un homme d'une cinquantaine d'années tranquillement assis derrière son bureau, une viennoiserie à la main l'accueil aussitôt.

-Docteur Müller ! Si je m'y attendais, que me vaut se plaisir ? Dit-il en se levant et s'essuyant la main avec un essuie tout.

-Bonjour Docteur Bouvier, ce n'est pas une visite de courtoisie hélas, répond Hinata en souriant, gênée, elle se l'avoue, de visiter son collègue uniquement par intérêt.

-Je me doute, personne ne vient chez les dingues pour passer du bon temps. Dites-moi ce qu'il vous arrive pendant que je vous prépare un bon café, répond-il, sa bonhomie et sa bonne humeur communicative effaçant progressivement la culpabilité de la jeune femme. 

-Vous devez savoir que l'on m'a assigné à notre invité de marque en VIP ? Demande-t-elle pour préparer le terrain.

-C'est vrai que Kenichi vous a confié la responsabilité du réveil de la Tornade Tragique, répond Edgar, un sourire respectueux et impressionné sur les lèvres alors qu'il se détourne de sa machine à café.

-C'est pour elle que vous venez me voir ? Elle vous en fait voir de toutes les couleurs et vous ne savez pas comment la prendre c'est ça ? Plaisante-t-il ensuite en reconcentrant sur son café.

-Non mais... Hinata marque un temps d'arrêt, intriguée.

-Vous avez l'air de la connaître, je me trompe ? Edgar pose deux tasses de café fumantes sur son bureau et invite Hinata à s'assoir.

-Plus ou moins oui, confirme-t-il en s'asseyant à son tour. Attendant qu'il développe, Hinata hausse les sourcils pour signifier son impatience.

-Dites-moi avant ce qui vous amène, et je verrai si ce que j'ai à vous dire peut être pertinent, décrète-t-il en se positionnant confortablement au fond de son fauteuil. Surprise et légèrement déçue, Hinata ne réplique pas. Edgar est réputé pour sa fermeté à l'égard du secret médical et du bien-être de ses patients, mais aussi pour son mépris de certaines règles de déontologie, mais toujours dans l'unique but d'aider ou de résoudre un conflit.

-Tatsumaki a commencé à se réveiller, et à être lucide, commence Hinata, en insistant sur le dernier mot.

-Mmh... j'imagine que ça a apporté son lot de défi ?

-Oui, mais peut-être pas ce que vous et moi attendions. Je pense que j'avais oublié que... et bien qu'elle reste une humaine comme tout le monde, explique Hinata, d'un air un peu mélancolique.

-Oui... on a tendance à ne voir que cette puissante machine de guerre, en obstruant la jeune femme qui se cache derrière, confirme Edgar.

-Je crois qu'elle a développé un syndrome de stress post-traumatique Docteur, en tous cas, elle en a tous les signes.

-Ah bon ? Vous m'avez l'air bien sûr de vous pour affirmer un tel diagnostique devant un psychiatre, s'étonne Edgar, néanmoins amusé par l'audace de sa consœur.

-Elle a paniqué, mais une crise très violente, j'ai du la sédater avant qu'elle ne se fasse mal, raconte Müller.

-Sans doute un syndrome de déconnexion, répond Bouvier en haussant les épaules.

-Non, j'étais là à son réveil, elle a très bien réagit aux différents stimulus, à mes réponses, à son environnement, réplique Hinata, très sûr d'elle.

-Je l'ai laissé seule quelques minutes avec sa sœur, elle était un peu stressée, mais quand sa sœur m'a appelé à l'aide, vous auriez du la voir, c'était un état de panique très intense, comme si elle était terrorisée par quelque chose, explique Hinata. Bouvier l'écoute sans broncher, ses épais sourcils froncés.

-Mmh... c'est vrai que c'est suspect, je dois le reconnaître, concède Edgar.

-Vous avez interrogé sa sœur je suppose ?

-Oui, elle est sous le choc, et épuisée, je ne pense pas qu'elle ait vu ou fait quoi que ce soit.

-Si j'en crois strictement ce que vous dites, Tatsumaki a expérimenté une réaction de reviviscence, ou un épisode d'hyperactivation, dans les deux cas, c'est en effet une réponse inhérente à un SSPT, confirme Bouvier.

-Et... comment identifier le déclencheur ?

-C'est précisément là que les SSPT relèvent des compétences d'un psychiatre. Il n'y a pas toujours de facteur déclencheur. Parfois, en effet, une victime de SSPT peut faire une crise à cause d'un stimulus, qu'il soit extérieur, comme un son, une odeur, ou intérieur, comme une pensée intrusive, ou ce que l'on appelle un hyper-éveil permanent, lorsque le cerveau est toujours aux aguets et excessivement vigilant. Mais parfois, une victime panique et fait une crise sans raisons, explique Bouvier. Hinata hoche machinalement de la tête, songeuse. Ce n'est pas la réponse qu'elle attendait.

-Comment... prévenir ces crises ? Éviter que ça se reproduise ?

-Dans le cadre de Tatsumaki, étant donné son état, on ne peut qu'éviter qu'elles se reproduisent, limiter les risques. Que ce soit en réduisant les stimulus environnementaux, c'est-à-dire sons et lumières, les contacts avec votre équipe médicale, définir un moyen clair de communication, et éventuellement la soumettre à un anxiolytique léger. Mais étant donné son caractère, je pense qu'une autre crise est difficilement évitable, elle est bien trop indépendante pour tolérer une hospitalisation aussi lourde, c'est un immense facteur de stress et de frustration pour elle, explique Edgar. Hinata fronce à nouveau les sourcils, intriguée. Ça fait deux fois qu'il parle de sa patiente comme s'il la connaissait presque personnellement.

-Docteur Bouvier, vous me faites confiance, n'est-ce pas ? Demande Hinata, en fixant Edgar pour s'assurer d'une réponse claire et honnête.

-Mmh... j'en ai encore trop dit on dirait, quelle pipelette je fais décidément, s'autoflagelle Edgar avec dérision.

-Pipelette oui, gaffeur, beaucoup moins, alors pourquoi tant de mystères ? Demande Hinata, perplexe.

-Très bien. Mais je vais vous demander de garder ça pour vous, prévient Bouvier. Hinata hoche de la tête, lève solennellement la main et clôt ses lèvres avec une fermeture éclair imaginaire, symbolisant son silence sur le sujet.

-Bon. Ça fait trois ans que je travaille pour l'Association des Héros en tant que chef du département de psychologie. Avant ça, je travaillais en tant que psychiatre et psychologue au foyer et orphelinat "Les Petites Pinces" dans la Ville C. C'était un petit foyer sans prétention, on faisait de notre mieux pour gérer les orphelins, les aider et leur trouver un foyer, commence à raconter Edgar.

-Il y a approximativement vingt ans, j'étais un jeune psychiatre fraîchement diplômé à l'époque, on a reçu deux pensionnaires, deux orphelines, assez spéciales, continue-t-il avec une note de mystère et de suspense. Hinata fronce les sourcils, réfléchissant à l'identité de ses deux filles, quand la connexion se fait brusquement dans sa tête.

-Ce n'était tout de même pas...

-Si, Tatsumaki et sa petite sœur. Tatsumaki n'avait que sept ans à l'époque, Fubuki elle, n'en avait que deux, confirme Bouvier.

-Mais... comment sont-elles arrivées là ? Demande Hinata, sous le choc d'une telle révélation.

-Elles nous ont été confiées par Blast en personne, il c'est ramené en pleine nuit avec les deux gamines dans les bras, en nous demandant d'en prendre soin. Il a été assez avare en détails, il nous a seulement dit qu'elles n'avaient plus de parents et qu'elles avaient été traitées comme des cobayes de laboratoire.

-Mais c'est horrible ! S'insurge Hinata.

-Oui, et encore, je ne pense pas que l'on ait inventé de mots pour qualifier ce genre d'agissements, renchérit Edgar, visiblement encore très touché par la situation.

-Les pauvres petites... mais c'était quels genres d'expérimentations ? À quelles fins ? Demande Hinata.

-L'étude des pouvoirs psychiques. Mais après avoir un peu parlé avec les gamines, notamment Tatsumaki, on a compris que c'était elle le vrai sujet d'expérience. Sa sœur n'avait pas encore développé de pouvoirs, elle a donc été relativement épargnée par tout ça. Une question brûle les lèvres d'Hinata, mais Edgar devance la jeune femme.

-Ce serait Tatsumaki qui aurait "débloquée" les pouvoirs de sa sœur en voulant la sortir du labo, mais la petite a été tellement effrayée, que la réaction de stress intense aurait activé les pouvoirs latents de Fubuki. Depuis, Tatsumaki s'en veut de lui avoir imposé ça. Hinata reste silencieuse, assimilant cette terrible histoire qu'est l'enfance de sa patiente.

-Donc vous la connaissez si bien parce-que c'est vous qui l'avez suivi lorsqu'elle était enfant ? Déduit Hinata.

-"Suivie" est un grand mot. J'ai eu l'occasion de faire quelques séances avec elle mais... elle était... très renfermée, extrêmement méfiante et hypervigilante. Pour elle, le moindre adulte, homme ou femme, était un danger en puissance, et elle était d'une agressivité extrême quand il s'agissait de sa sœur, elle m'a d'ailleurs cassé une omoplate quand je me suis approché trop près de Fubuki sans son accord, explique Edgar en faisant jouer son épaule avec une grimace endolorie. Certains mots et notamment symptômes décrits par Edgar font comme un tilt dans l'esprit d'Hinata. Elle n'est pas psychologue, encore moins psychiatre, mais elle s'y intéresse beaucoup, notamment parce-que beaucoup de ses patients, sortant d'un coma, ont en général vécus un traumatisme qui les a amené là. Elle a appris à reconnaître les signes d'un traumatisme non-résolu, appelé plus communément un syndrome de stress post-traumatique.

-Attendez... vous n'êtes pas en train de me dire que...

-Si, malheureusement, confirme Edgar en coupant la jeune femme.

-Lorsque Tatsumaki est arrivée, elle présentait tous les signes d'un SSPT. C'était indéniable, clair comme de l'eau de roche, explique-t-il.

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