Cœur d'Émeraude

Chapitre 21 : Retrouvailles à travers le brouillard

1813 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour il y a 6 mois

Et un chapitre de plus, cette fois Tatsumaki est au centre de l'écrit :-)


Content ? Tant mieux, parce-qu'il était tant de la revoir, non ?


J'attends vos commentaires et évaluations, et d'ici-là bonne lecture à toutes et à tous :-)


Trois heures plus tard. Tatsumaki ouvre doucement les yeux, émergeant d'une sorte sommeil sans rêve, comme si elle avait trop bu ou poussé ses pouvoirs à ses limites. Elle a cette impression d'avoir le cerveau dans le brouillard, incapable de réfléchir, d'aligner des idées ou de décrypter et interpréter ce qu'elle voit. Seule une lumière vive et aveuglante noie ses sens et l'empêche de se repérer. Elle essaie d'interroger sa mémoire, mais étrangement, elle n'y trouve qu'un vide absolu. Vient ensuite cette sensation désagréable et d'autant plus stressante dans ses poumons, dans sa gorge et son nez, l'impression que rien ne passe, comme si quelque chose bloquait sa respiration. Elle ouvre la bouche pour prendre une grande inspiration, mais rien ne parvient à combler cette horrible sensation de ne pas pouvoir respirer, comme si l'air n'existait plus. Puis elle sent ce picotement, cette légère brûlure mais bien plus bas dans la gorge et dans les bronches. Elle a alors la désagréable sensation de ne pas être libre de sa respiration, que l'air s'y engouffre sans invitation, faisant fonctionner son appareil respiratoire à sa place. Au début très déconcertant, elle se fait rapidement à cet automatisme, qui est plus rassurant et agréable que la sensation d'étouffer, ce qui lui permet de se concentrer sur ce qui l'entoure. Et au fur et à mesure qu'elle se réveille, son environnement se fait plus net, et elle discerne ce qui ressemble à une chambre d'hôpital, et ça attise ainsi sa curiosité, mais aussi son angoisse. Une angoisse latente, instinctive, née de l'inconnue et d'une peur viscérale de la perte de ses repères et du contrôle. Mais plutôt que d'y céder, elle se demande pourquoi elle se réveille dans ce genre d'endroit, à quel moment et pour quelle obscure raison elle, Tatsumaki, seconde de la Classe S, y serait ? Elle aimerait tourner la tête, mais ses muscles peinent à répondre, comme engourdis, gelés ou affaiblis. Et là, la panique commence doucement, mais sûrement à la gagner. Et alors qu'elle la sent monter inexorablement en elle, Tatsumaki entend ensuite un son, lointain. Rapidement il se rapproche et devient familier, elle reconnaît alors la voix de sa sœur. Elle utilise cette étincelle de positivité, ce petit éclat familier pour se repérer et se rasséréner. Vient après un contact doux, comme une caresse apaisante sur sa tête, des doigts fins et frais qui prennent les siens, une douceur étonnement familière, réveillant un sentiment de douceur et de sécurité lointaine mais bienvenue qui achève de la rassurer, comme une enfant se calme sous les caresses maternelles. Et malgré un immense effort de volonté, une douleur sourde pulse dans sa tête et son cou, comme des coups de poignards un peu partout dans le dos, mais aussi d'intenses contractures musculaires qui tétanisent la jeune femme pourtant très tolérante à la douleur. Tatsumaki renonce aussitôt à se tourner et même à bouger, et en bougeant seulement les yeux elle discerne la silhouette de Fubuki qui se découpe dans le nacré de la pièce. Elle essaie de parler, mais absolument rien ne passe par sa gorge, ne stimule ses cordes vocales. Elle n'arrive qu'à tousser et à provoquer de vives sensations de brûlures dans ses bronches et ses poumons en insistant. La voix de Fubuki s'agite, mais elle reste incompréhensible pour autant. Tatsumaki persiste à parler, mais sa toux se fait plus violente, les brûlures deviennent lacérations vives et aiguës, et Fubuki s'agite de plus belle. Mais qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi elle s'agite soudainement ? Doit-elle s'inquiéter ? Pourquoi ellen'arrive pas à respirer normalement ? À parler ? Ses sens s'aiguisent au fur et à mesure que les interrogations s'amoncellent, sa vue et son ouïe captent et décodent plus de données, et d'un coup d'un seul elle est submergée d'informations. Plusieurs personnes font irruption, des voix se superposent et forment un brouhaha sans qu'elle n'en comprenne le sens où la mesure. Une silhouette se penche sur elle, un halo de lumière irradie ses pupilles par intermittence. Une voix féminine, mais inconnue, semble répéter son nom, et rapidement son ouïe s'adapte, des paroles lui viennent comme un écho lointain mais compréhensible :


"Mademoiselle Tatsumaki ? Est-ce que vous m'entendez ? Serrez ma main, clignez des yeux ou hochez de la tête si vous m'entendez, dit doucement, et en articulant, Hinata après avoir vérifié les réflexes pupillaires de sa patiente. Tatsumaki essaie de hocher de la tête, mais elle peine à faire un geste clair et précis. Elle se rabat alors sur la première option et tâche de serrer ses doigts sur la main du médecin malgré la douleur dans ses membres.


-Très bien, c'est excellent, sourit Müller. Tatsumaki essaie à nouveau de parler, mais elle ne parvient qu'à tousser, gênée par la sensation de pression dans sa gorge. Les moniteurs commencent alors à s'emballer, signe que Tatsumaki s'agite, comme en témoigne la détresse et l'angoisse déformant son visage.


-D'accord, calmez-vous, vous ne pouvez pas parlez et c'est normal. Je vais tout vous expliquez, mais pour ça, j'ai besoin que vous me fassiez confiance et que vous gardiez votre calme, d'accord ? Est-ce que vous pensez en être capable ? Intervient Hinata d'une voix ferme, mais douce. Le rythme cardiaque de la Classe S se stabilise, bien qu'étant tout de même au-dessus des normes.


-Grande Sœur, c'est moi, c'est Fubuki, tu m'entends ? Tu me vois ? S'immisce Fubuki en prenant la main de son aînée. Cette dernière serre aussitôt, bien que faiblement, la main de sa cadette, comme si elle avait peur de la lâcher, et tente de la regarder, comme pour confirmer son identité. L'anesthésiste se décale alors pour laisser place à la seule famille de sa patiente. Sitôt le contact visuel établi, Tatsumaki se calme, son esprit confus se raccrochant à Fubuki comme à une bouée de sauvetage.


-Tout va bien, tu peux faire confiance à Mademoiselle Müller, je te le promets, et je reste là Grande Sœur, argue la plus jeune. Tatsumaki laisse s'écouler un moment durant lequel ses yeux verts investissent ceux de sa sœur, y cherchant cette tranquillité qui lui fait actuellement défaut. Elle hoche imperceptiblement la tête, Fubuki fait de même, et Hinata, sans pour autant prendre tout le champ de vision de sa patiente reste suffisamment en périphérie pour être visible et compréhensible.


-Vous souvenez-vous de ce qu'il vous est arrivée ? Clignez deux fois des yeux si oui, une fois si non. Demande-t-elle. Tatsumaki cligne une fois des yeux après un petit moment de réflexion durant lequel elle n'a aperçu qu'un trou noir vide et absolu en guise de souvenirs. Une sensation terriblement angoissante qui n'est que l'un des symptômes d'une impuissance de plus en plus oppressante. Fubuki jette un coup d'œil à Hinata, cherchant à savoir si la réponse de Tatsumaki est mauvaise augure.


-Vous avez été grièvement blessée, et avez notamment subie plusieurs blessures graves. Rassurez-vous vous êtes tirée d'affaires, mais vous avez besoin d'encore un peu de repos pour pouvoir faire certaines choses vous-même, explique doucement Hinata, restant égale à elle-même et rassurant de ce fait, et en partie, Fubuki.


-La sensation d'inconfort dans votre gorge c'est une trachéotomie, il permet de véhiculer l'air dans vos poumons qui ont été gravement touchés, vous ne devriez plus en avoir besoin d'ici un jour ou deux. Vous avez également subie plusieurs fractures, vos deux bras et vos deux jambes sont plâtrés, c'est pour ça que vous ne pouvez pas bouger, trois plâtres sur les quatre devraient être retirés d'ici deux semaines environ, et le dernier plâtre devrait être retiré d'ici huit semaines environ. On vous a également enfilé un corset orthopédique, car vous avez plusieurs fractures au niveau du dos mais aussi des côtes et de la cage thoracique, mais ne vous en faites pas, rien n'indique que vous ne vous en remettrez pas. Tatsumaki semble réfléchir, comme si les paroles d'Hinata devait passer par plusieurs filtres d'interprétation avant d'être intégrées. Puis elle commence à s'agiter, faute de souvenirs pour rationaliser tout ce qu'elle entend. Des milliers de questions fusent dans sa tête qui n'est pas encore prête à fonctionner à un tel régime. Les questions sont transformées en un capharnaüm d'interrogation qu'elle ne parvient pas à ordonner. Le désordre devient angoisse que les moniteurs retranscrivent par des bips en série dont la fréquence est de plus en plus serrée. Mais c'est une réaction qu'Hinata attendait, fort de son expérience, elle a vite compris que personne ne réagit bien à ce que vit Tatsumaki, certaines séquelles, lorsqu'elles sont mélangées, deviennent un cocktail très instable.


-D'accord, tout va bien, votre mémoire va revenir, mais vous devez vous laisser du temps, d'accord ? Ça va aller, prévient Hinata d'une voix la plus tranquille possible. Tatsumaki semble se battre contre elle même, cherchant désespérément un repère auquel se fier. Elle le trouve en sa sœur qu'elle cherche du regard.


-Tout va bien Grande Sœur, je suis là, reste tranquille s'il-te-plaît, susurre la cadette, sa main caressant la chevelure émeraude de son aînée. Tatsumaki se calme presque aussitôt. Elle ne sait pas ce qu'il se passe, pourquoi elle est là, dans cet état, ni comment c'est arrivé. Mais si Fubuki est là et semble en confiance, alors elle peut se permettre de lui faire confiance. Hinata, satisfaite de la réaction de sa patiente, pose une main sur l'épaule de Fubuki pour attirer discrètement son attention.


-Bien. C'est suffisant pour aujourd'hui, il ne faut pas trop la surmener ou lui donner trop d'informations, le cogitage n'est pas bon et sa mémoire reviendra d'elle-même. Donc vous pouvez lui parler, mais évitez d'apporter plus d'éléments, du moins pour l'instant, d'accord ? Explique Hinata. Fubuki hoche la tête. Hinata sourit, satisfaite.


-Je vais prévenir le Docteur Moore que tout va bien, s'il vous faut quoi que ce soit, prévient-elle ensuite, puis elle puis quitte la pièce, laissant les deux sœurs tranquille pour enfin se retrouver.

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