Cœur d'Émeraude
Chapitre 21 : Retrouvailles à travers le brouillard
1595 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 07/12/2024 09:29
Et un chapitre de plus, cette fois Tatsumaki est au centre de l'écrit :-)
Content ? Tant mieux, parce-qu'il était tant de la revoir, non ?
J'attends vos commentaires et évaluations, et d'ici-là bonne lecture à toutes et à tous :-)
Trois heures plus tard. Tatsumaki ouvre doucement les yeux, émergeant d'une sorte sommeil sans rêve, comme si elle avait trop bu ou poussé ses pouvoirs à ses limites. Elle a cette impression d'avoir le cerveau dans le brouillard, incapable de réfléchir, d'aligner des idées ou de décrypter et interpréter ce qu'elle voit. Seule une lumière vive et aveuglante noie ses sens et l'empêche de se repérer. Puis vient l'odeur, une odeur d'antiseptique caractéristique des hôpitaux, ce qui l'amène à se demander pourquoi elle se réveille dans ce genre d'endroit, à quel moment et pour quelle obscure raison elle, Tatsumaki, seconde de la Classe S, y serait ? Elle essaie d'interroger sa mémoire, mais étrangement, elle n'y trouve qu'un vide absolu. Vient ensuite cette sensation désagréable et d'autant plus stressante dans ses poumons, l'impression de ne pas être libre de sa respiration, que l'air s'y engouffre sans invitation, faisant fonctionner son appareil respiratoire à sa place. Au début très déconcertant, elle se fait rapidement à cet automatisme, ce qui lui permet de se concentrer sur ce qui l'entoure. Et au fur et à mesure qu'elle se réveille, son environnement se fait plus net, et elle discerne ce qui ressemble bien à une chambre d'hôpital, et ça attise ainsi sa curiosité, mais aussi son angoisse. Une angoisse latente, instinctive, née de l'inconnue et d'une peur viscérale de la perte de ses repères et du contrôle. Elle aimerait tourner la tête, mais ses muscles peinent à répondre, comme engourdis, gelés ou affaiblis. Mais alors que la panique commence doucement, mais sûrement à la gagner, elle entend ensuite un son, lointain. Rapidement il se rapproche et devient familier, elle reconnaît alors la voix de sa sœur. Elle utilise cette étincelle de positivité, ce petit éclat familier pour se repérer et se rasséréner. Vient après un contact doux, comme une caresse apaisante sur sa tête, des doigts fins et frais qui prennent les siens, une douceur étonnement familière, réveillant un sentiment de douceur et de sécurité lointaine mais bienvenue qui achève de la rassurer, comme une enfant se calme sous les caresses maternelles. Et par un immense effort de volonté, malgré une douleur sourde qui pulse dans sa tête, Tatsumaki se tourne, et discerne la silhouette de Fubuki qui se découpe dans le nacré de la pièce. Elle essaie de parler, mais quelque chose d'encombrant et profondément enfouie dans sa gorge l'empêche de parler et l'irrite. Elle n'arrive qu'à tousser. La voix de Fubuki s'agite, mais elle reste incompréhensible pour autant. Tatsumaki persiste à parler, mais sa toux se fait plus violente, et Fubuki s'agite de plus belle. Mais qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi elle s'agite soudainement ? Doit-elle s'inquiéter ? Pourquoi elle a un truc dans la gorge ? Ses sens s'aiguisent au fur et à mesure que les interrogations s'amoncellent, sa vue et son ouïe captent et décodent plus de données, et d'un coup d'un seul elle est submergée d'informations. Plusieurs personnes font irruption, des voix se superposent et forment un brouhaha sans qu'elle n'en comprenne le sens où la mesure. Une silhouette se penche sur elle, un halo de lumière irradie ses pupilles par intermittence. Une voix féminine, mais inconnue, semble répéter son nom, et rapidement son ouïe s'adapte, des paroles lui viennent comme un écho lointain mais compréhensible :
"Mademoiselle Tatsumaki ? Est-ce que vous m'entendez ? Serrez ma main, clignez des yeux ou hochez de la tête si vous m'entendez, dit doucement, et en articulant, Hinata après avoir vérifié les réflexes pupillaires de sa patiente. Tatsumaki essaie de hocher de la tête, mais elle peine à faire un geste clair et précis. Elle se rabat alors sur la première option et tâche de serrer ses doigts sur la main du médecin.
-Très bien, c'est excellent, sourit Müller. Tatsumaki essaie à nouveau de parler, mais elle ne parvient qu'à tousser, gênée par la sensation de pression dans sa gorge. Les moniteurs commencent alors à s'emballer, signe que Tatsumaki s'agite, comme en témoigne la détresse et l'angoisse déformant son visage.
-D'accord, calmez-vous, vous ne pouvez pas parlez et c'est normal. Je vais tout vous expliquez, mais pour ça, j'ai besoin que vous me fassiez confiance et que vous gardiez votre calme, d'accord ? Est-ce que vous pensez en être capable ? Intervient Hinata d'une voix ferme, mais douce. Le rythme cardiaque de la Classe S se stabilise, bien qu'étant tout de même au-dessus des normes.
-Grande Sœur, c'est moi, c'est Fubuki, tu m'entends ? Tu me vois ? S'immisce Fubuki en prenant la main de son aînée. Cette dernière serre aussitôt, bien que faiblement, la main de sa cadette, comme si elle avait peur de la lâcher, et tente de la regarder, comme pour confirmer son identité. L'anesthésiste se décale alors pour laisser place à la seule famille de sa patiente. Sitôt le contact visuel établi, Tatsumaki se calme, son esprit confus se raccrochant à Fubuki comme à une bouée de sauvetage.
-Tout va bien, tu peux faire confiance au Docteur Müller, je te le promets, et je reste là Grande Sœur, argue la plus jeune. Tatsumaki laisse s'écouler un moment durant lequel ses yeux verts investissent ceux de sa sœur, y cherchant cette tranquillité qui lui fait actuellement défaut. Elle hoche imperceptiblement la tête, Fubuki fait de même, et Hinata, sans pour autant prendre tout le champ de vision de sa patiente reste suffisamment en périphérie pour être visible et compréhensible.
-Vous souvenez-vous de ce qu'il vous est arrivée ? Clignez deux fois des yeux si oui, une fois si non. Demande-t-elle. Tatsumaki cligne une fois des yeux après un petit moment de réflexion durant lequel elle n'a aperçu qu'un trou noir vide et absolu en guise de souvenirs. Une sensation terriblement angoissante qui n'est que l'un des symptômes d'une impuissance de plus en plus oppressante. Fubuki jette un coup d'œil à Hinata, cherchant à savoir si la réponse de Tatsumaki est mauvaise augure.
-Vous avez été grièvement blessée, et avez notamment subie plusieurs blessures graves. Rassurez-vous vous êtes tirée d'affaires, mais vous avez besoin d'encore un peu de repos pour pouvoir faire certaines choses vous-même, explique doucement Hinata, restant égale à elle-même et rassurant de ce fait, et en partie, Fubuki.
-La sensation d'inconfort dans votre gorge c'est un tube endotrachéal, il permet de véhiculer l'air dans vos poumons qui ont été gravement touchés, vous ne devriez plus en avoir besoin d'ici un jour ou deux. Vous avez également subie plusieurs fractures, vos deux bras et vos deux jambes sont plâtrés, c'est pour ça que vous ne pouvez pas bouger, trois plâtres sur les quatre devraient être retirés d'ici deux semaines environ, et le dernier plâtre devrait être retiré d'ici huit semaines environ. Tatsumaki semble réfléchir, comme si les paroles d'Hinata devait passer par plusieurs filtres d'interprétation avant d'être intégrées. Puis elle commence à s'agiter, faute de souvenirs pour rationaliser tout ce qu'elle entend. Des milliers de questions fusent dans sa tête qui n'est pas encore prête à fonctionner à un tel régime. Les questions sont transformées en un capharnaüm d'interrogation qu'elle ne parvient pas à ordonner. Le désordre devient angoisse que les moniteurs retranscrivent par des bips en série dont la fréquence est de plus en plus serrée. Mais c'est une réaction qu'Hinata attendait, fort de son expérience, elle a vite compris que personne ne réagit bien à ce que vit Tatsumaki, certaines séquelles, lorsqu'elles sont mélangées, deviennent un cocktail très instable.
-D'accord, tout va bien, votre mémoire va revenir, mais vous devez vous laisser du temps, d'accord ? Ça va aller, prévient Hinata d'une voix la plus tranquille possible. Tatsumaki semble se battre contre elle même, cherchant désespérément un repère auquel se fier. Elle le trouve en sa sœur qu'elle cherche du regard.
-Tout va bien Grande Sœur, je suis là, reste tranquille s'il-te-plaît, susurre la cadette, sa main caressant la chevelure émeraude de son aînée. Tatsumaki se calme presque aussitôt. Elle ne sait pas ce qu'il se passe, pourquoi elle est là, dans cet état, ni comment c'est arrivé. Mais si Fubuki est là et semble en confiance, alors elle peut se permettre de lui faire confiance. Hinata, satisfaite de la réaction de sa patiente, pose une main sur l'épaule de Fubuki pour attirer discrètement son attention.
-Bien. C'est suffisant pour aujourd'hui, il ne faut pas trop la surmener ou lui donner trop d'informations, le cogitage n'est pas bon et sa mémoire reviendra d'elle-même. Donc vous pouvez lui parler, mais évitez d'apporter plus d'éléments, du moins pour l'instant, d'accord ? Explique Hinata. Fubuki hoche la tête. Hinata sourit, satisfaite, puis quitte la pièce, laissant les deux sœurs tranquille pour enfin se retrouver.