Cœur d'Émeraude
Vingtième chapitre, ça prend forme mine de rien.
Je ne sais pas ce que vous pensez de tout ça : est-ce que ça vous plaît ? Trouvez-vous mon traitement de Tatsumaki et Fubuki cohérent et crédible ? Qu'est-ce que ça vous évoque ? J'adorerais en discuter avec vous :-)
D'ici-là, bonne lecture à toutes et à tous :-)
Fubuki c'est calmée. Les yeux rougis, elle caresse distraitement les doigts de sa sœur, observant son visage d'un air absent. Trois quarts d'heure sont passés depuis le réveil mouvementé de Tatsumaki. Directement après qu'elle soit de nouveau tombée inconsciente, Hinata, Mark et ses deux subordonnés ont immédiatement procédés à des contrôles très minutieux. Fubuki a alors demandé, encore sous le choc, ce qu'il venait de se passer.
"Elle a juste fait une crise de panique, ça arrive très fréquemment, et c'est compréhensible. Pour elle, les quatre dernières semaines n'existent pas, et entre son choc à la tête, le traumatisme psychologique que ses blessures ont occasionnées, il est fort probable que son esprit ait occulté son combat. Il lui faudra du temps pour se remettre, explique Hinata.
-Tous ses réveils vont être comme ça ? Demande Fubuki angoissée à l'idée de devoir trouver sa sœur ainsi à chaque fois qu'elle reprendra conscience.
-Cela dépend. Théoriquement elle ne devrait pas avoir de séquelles neurologiques majeures, mais il est possible que sa mémoire à court terme ait été impactée par son traumatisme crânien. La trachéotomie prive la personne de ses repères respiratoires, ça peut être très perturbant et angoissant de ne plus sentir l'air passé par le nez et la gorge, et il est également fort possible qu'elle développe un syndrome de stress post-traumatique à l'issue de son hospitalisation, avec tout ce qui va avec. C'est un cocktail très dangereux qui peut causer de gros dommages psychologiques, même pour quelqu'un d'une grande force mentale, explique la médecin, assise à côté de Fubuki.
-On n'est sûr de rien Hinata, inutile de faire des plans sur la comète, pour l'instant le sevrage suit un court normal, prévient Mark d'un ton réprobateur en auscultant Fubuki. Hinata s'apprête à répliquer, mais Fubuki la devance.
-Qu'est-ce que je peux faire ? Demande la Classe B, désemparée.
-Être là pour elle, l'encourager à consulter un professionnel, lui laisser du temps. Malheureusement votre rôle sera très passif, ce sera à elle de faire le plus gros du travail, c'est ce qui rend les SSPT très cruelles et dures pour l'entourage, répond Müller, s'engouffrant dans la diversion. Fubuki ferme les yeux pour essayer de contenir ses larmes, mais elles parviennent à se frayer un chemin et s'enfuir le long de ses joues. Un syndrome de stress post-traumatique... elle ne sait que trop bien de quoi il s'agit, tout simplement parce-que Tatsumaki en traîne un depuis son enfance, comme un boulet à son pied. Un traumatisme causé par l'abandon de leurs parents qui les ont vendues, leurs propres filles, la chaire de leur chaire, comme de simples objets... et ensuite les différentes expérimentations dont Tatsumaki a fait l'objet ont rajoutées une couche, et enfin, pour enfoncer le clou, la culpabilité que Tatsumaki s'entête à se rabâcher sans relâche depuis que Fubuki a développé ses pouvoirs à cause de la peur qu'elle lui a inspirée... si la cadette était trop jeune pour se souvenir clairement de tout ça et le conscientiser, Tatsumaki, elle, était bien lucide, trop peut-être. Trop intelligente et mature, trop capable de comprendre la portée de tout ce qu'il lui arrivait... trop jeune et innocente pour vivre tout ça... et c'est l'une des raisons pour lesquelles Tatsumaki refuse autant que possible que sa sœur et elle dorment sous le même toit... pour que sa petite sœur ne l'entende pas pleurer, se réveiller en sueur et sursaut, au beau milieu de la nuit, à cause des cauchemars. Seule Fubuki voit la quantité d'efforts considérables que Tatsumaki déploie pour paraître forte et inébranlable en public, et même à ses yeux, montrer qu'elle est cette héroïne forte, froide et stoïque que rien n'atteint, qui ne connait ni la peur ni le doute. Elle est adulée et presque déifiée pour ça, mise sur un piédestal et considérée comme l'un des ultimes remparts de l'humanité contre l'anéantissement. Pour tout ça, Tatsumaki s'oblige à être forte, excessivement confiante à ne montrer ni faiblesse ni pitié, à ne laisser personne l'approcher d'assez près pour voir ce que seule Fubuki voit et sait. Comprendre à quel point sa grande sœur est vulnérable, fragile et esseulée, tellement humaine, et même tristement et tellement plus humaine que la plupart des héros de cette fichue association...
-D'accord... merci... murmure-t-elle presque au bout d'un moment, congédiant ainsi le médecin et l'infirmière.
-Comme l'a bien souligné ma collègue, certains symptômes et événements relèvent plus de la psychiatrie que de la réa, mais rassurez-vous c'est assez courant, et je transfère systématiquement mes dossiers à mes confrères de l'aile psychiatrique. S'ils estiment que le cas de Mademoiselle Tatsumaki relève de leur compétence, elle sera automatiquement prise en charge, explique Mark avant de s'en aller. Fubuki hoche de la tête, puis détaille pour la énième fois les traits détendus et harmonieux de sa sœur, contrastants de manière flagrantes avec son air dur habituel et le masque de panique qu'elle affichait à son réveil. Elle ne sait pas si elle va réussir à la calmer la prochaine fois, car elle a peur de céder elle aussi à la panique et au désespoir. Elle espère que Tatsumaki est bien la plus forte des deux, sinon elle ne sait pas si elle aura la force de faire ce que Tatsumaki a fait pour elle depuis qu'elles sont plus que toutes les deux : être ce phare et cette présence protectrice et rassurante qu'elle doit désormais devenir... pour elle...