Amalya

Chapitre 25 : Chapitre 25: c'est à ça que sert la famille

5022 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 01:42

13 ans plus tôt sur l'île de Cosa Nostra,

Tino sculptait un énième morceau de bois quand la porte de sa cabane s'ouvrit brusquement. Amalya, en sueur, rentra et jeta trois lapins sur la commode, renversant l'assiette de pigeon qui était posée dessus.

- La chasse a été bonne, il y a beaucoup de gibier dans le désert ! Quand je pense que vous bouffez tous que du pigeon et du rat ! Vous êtes vraiment stupides !

L'adolescente prit son couteau et dépeça les rongeurs lorsque Tino stoppa son geste.

- Tu perds ton temps, tous les animaux du désert mangent des champignons venimeux appelés Purple. C'est pourquoi nous ne les chassons pas, ils ne sont pas comestibles.

Amalya fixa Tino avant de balancer les lapins contre le mur. Elle s'accroupit et mangea les morceaux de pigeon bouilli qui étaient éparpillés sur le sol.

- Qui est stupide maintenant ? Se moqua le garçon.

- Cela ne fait que trois jours que je suis ici et j'en ai déjà ras le bol de cette foutu ville ! Je t'avais demandé de me mettre en contact avec ceux qui dirigent ce bled, alors s'en es où ? S'énerva-t-elle, honteuse d'être tombée aussi bas.

- Ce n'est pas aussi simple...

- Ah ouais ? On va voir ça !

Elle se redressa et retourna en ville pour rechercher ses fameuses personnes suivit de Tino qui tentait de la faire changer d'avis. Voyant qu'il ne pouvait pas lui faire entendre raison, il resta auprès d'elle au cas où les choses tourneraient mal. Après avoir traversé une partie de Cosa Nostra, Amalya se rendit compte que les habitants les observaient d'un oeil mauvais.

- C'est quoi leur problème ? Demanda-t-elle au garçon.

- Laisse tomber, ne fais pas attention à eux...

Une pomme de terre vola devant les yeux de l'adolescente et finit sa course dans le visage de Tino. Déjà à cours de nourriture, les gens se mirent à lancer des cailloux sur lui en l'insultant et en crachant. Dans la foulée, Amalya s'en prit un dans la poitrine et explosa alors de colère.

- Cassez vous où je vous défonce tous ! Hurla-t-elle en brandissant son couteau mais la menace eut l'effet inverse et les habitants redoublèrent leur assaut.

- Cours Amalya ! Fit Tino en la tirant par le bras.

Les deux adolescents fuirent à toutes jambes et retournèrent dans leur abris pour s'y réfugier.

- C'est quoi ce bordel !? C'est toi qu'il visait ! Que leur as tu fais ? Cria-t-elle en se tenant le front qui dégoulinait de sang.

- ... Je travaille pour le parrain qui dirige cette île. Je dois lui rapporter tout les faits et gestes des habitants... Alors tu imagines bien que ca ne leur plait pas...

- Sale connard... Et qu'y gagnes tu en retour ? Tu crèves de faim et tu vis dans un véritable taudis ! Tu es pitoyable, tu mérites bien ton sort !

La jeune fille, écoeurée par cette révélation, retourna dehors et marcha à travers la ville en prenant soin d'éviter les précédentes ruelles. La pauvreté et la haine qui alimentaient cette ville était difficile à supporter. Rester ici ne lui apporterai rien. Alors qu'elle réfléchissait au moyen de quitter cette île, un petit garçon tenant un bébé vint se poster devant elle, lui prit la main et la tira jusqu'à un vieil entrepôt en ruine.Une fois à l'intérieur, Amalya mit quelques secondes pour s'habituer à l'obscurité. De nombreux chuchotements témoignaient du grand nombre de personnes qui vivaient ici. Un autre enfant apparut devant elle puis une dizaine tenant des bébés plus ou moins âgés. Le plus vieux d'entre eux, dix ans à peine, vint lui souhaiter la bienvenue au nom de tous.

- Bonjour Madame, c'est bien toi la copine de Tino ?

- ... Plutôt une connaissance... Ne m'appelle pas " Madame ", je n'ai que quatorze ans. Pourquoi m'avoir fait venir ici gamin ?

- Ne m'appelle pas " gamin ", je n'ai que quatre ans de moins que toi.... Je voudrais savoir si Tino a reçu son salaire car on a presque plus rien à manger et on doit payer le loyer.

- Merde, des merdeux comme vous rackettez Tino ? Décidemment, c'est vraiment un boulet celui là !

- Ne dis pas n'importe quoi ! Il prends soin de nous depuis des années ! C'est grâce à lui que nous sommes encore en vie ! Mon petit frère Fredo serait mort depuis bien longtemps sinon ! S'écria l'enfant en pointant du doigt un petit de trois ans.

- .... Je vois.... J'en sais rien, voyez avec lui, je dois partir.

Finalement, Tino était loin de ce qu'il laissait paraitre. C'est à peine s'il avait de quoi manger. Tout donner à ces gosses était la preuve de sa grande force de caractère et d'une profonde empathie. Peu importe, elle partirai quand même. L'adolescente quitta la ville et entama la traversée du désert à dos de cheval qu'elle avait volé. C'est seulement au bout de deux jours de voyage qu'elle se rendit compte qu'elle était suivi.

- Putain, Tino ! Pourquoi me suis-tu ? Ma parole, t'as volé un cheval ?! T'as un semblant de couille !

- C'est le mien. Comment crois tu que je t'ai ramené quand je t'ai trouvé à moitié morte...

- Ce n'est pas parce que tu m'as sauvé la vie que je te dois quelque chose !

- Tu dois te sentir bien seule...

Amalya sauta de son cheval, attrapa le garçon et le jeta au sol.

- Pourquoi dis tu ça enfoiré ?! Mêle toi de ce qui te regarde ! Je ne t'ai jamais rien demandé alors barre toi !

- Si. Tu m'as demandé de te sauver... Alors je te sauve.

- Qu'est ce qui ne tourne pas rond chez toi !? Je suis en vie ! Merci, ciao !

- La vie n'a pas de sens si l'on est seul...

La jeune fille se jeta sur lui et le frappa au visage à plusieurs reprises.

- Que sais tu de moi ?! Tu ne sais rien ! Rien de rien ! Hurla-t-elle pleine de rage.

- Je n'ai pas besoin de savoir, je le vois, je le sens... Souffla Tino le visage ensanglanté, le nez cassé et la lèvre fendue. Laisse moi t'aider...

- Tais toi ! Ferme la ! Gémit Amalya, les joues recouvertes de larmes.

- Je voulais mourir cette nuit là... Je suis faible, tellement faible... Je n'ai jamais eu le courage de me suicider alors quand le typhon a frappé l'île, j'ai espéré qu'il ferait le travail à ma place... Je ne suis qu'un être pitoyable, tu as raison... Fit Tino en pleurant à son tour. Mais tu es aussi pitoyable que moi ! Derrière ton assurance et tes grands airs, je peux voir que tu es faible ! Cria-t-il en saisissant l'adolescente au cou. Tu crois que je ne le vois pas, ton regard triste et effrayé ? Alors pourquoi deux êtres aussi pitoyables que nous ne pourraient-ils pas s'unir pour être plus fort ?!

Amalya repoussa le garçon et tomba en arrière. Tino rampa jusqu'à elle et s'effondra à ses côtés.

- Laisse moi te tenir compagnie, apprend à me faire confiance et accepte moi comme ami, permet moi de te rendre heureuse... Et en échange, aide moi à sauver les habitants de cette île.

- .... Pourquoi tiens tu autant à les aider ? Ils ne le méritent pas, ils te rejètent et te brutalisent... Je sais ce que tu fais pour ces gamins...

- Je crois en l'humanité, j'ai espoir que les Hommes finiront par s'aimer et s'entraider, il suffit juste de leur donner un coup de pouce !

La jeune fille se releva et regarda l'océan au loin. Jamais elle n'avait vu pareille force chez un homme. La force physique ne signifiait rien, l'espoir et la détermination suffisaient à soulever des montagnes. A ses yeux, les Hommes étaient vils et malhonnêtes, mais peut être que les enfants en valaient la peine. L'image de Loan, toujours présente dans son esprit, finit par la convaincre. Elle se retourna vers Tino, essuya ses larmes et sourit.

- D'accord. Après tout, je n'ai rien à perdre.

Elle aida Tino à se relever. Les deux adolescents se regardèrent et se serrèrent la main pour sceller leur union quand le garçon l'attira à lui et l'embrassa.

- Tu restes malgré tout très con ! S'énerva-t-elle en lui mettant une dernière gifle spectaculaire qui lui fit perdre une dent.

                                                                                                                                           ***********

Shanks, Yasopp, le doc et beaucoup de membres de l'équipage avaient déjà perdu des amis ou de la famille au cours de leurs vies. La mort et la violence faisaient partis de leur quotidien et chacun d'entre eux réagissait à sa façon. La colère, la tristesse, le désir de vengeance étaient des réactions normales, et indispensables pour faire le deuil. Mais Amalya n'avait jamais connu une telle perte jusqu'à aujourd'hui. Ainsi, La Faucheuse avait décidé d'emporter la personne qu'elle aimait le plus au monde, sans lui avoir laissé le temps de le lui dire. Quoi de plus normal que de vouloir hurler de rage ou pleurer toutes les larmes de son corps ? Pourtant, Amalya ne réagit comme aucune autre personne. Murée dans le silence, les yeux secs, aucun signe extérieur ne trahissait le profond désespoir qui la submergeait.

Le jeune dragon, qui l'avait rejoint en volant, se comportait aussi froidement que sa soeur. Shanks s'était rendu compte dès sa naissance que l'animal, en parfait harmonie avec Amalya, ressentait exactement les mêmes émotions et par conséquent, reproduisait le même comportement. Ainsi, il resta prostré près d'elle, le regard vide, comme s'il avait également perdu un être cher.

La jeune femme se déshabilla et recouvrit le corps de son grand père avec son manteau. Elle entra dans la maison et ressortit avec un saut rempli d'eau et un chiffon. Face au mur rougi de sang, elle commença à effacer méticuleusement les lettres une à une lorsque Shanks vint lui donner un coup de main en utilisant sa propre cape comme torchon.

- Recule, ne m'aide pas, je dois le faire seule, lui dit-elle simplement.

- Amalya...

Le capitaine n'insista pas et rejoignit ses compagnons qui n'avaient pas bougé d'un pouce depuis leur arrivée. La mine sombre et le regard grave, les trois hommes respectèrent sa volonté et l'observèrent en silence. Une heure plus tard, le mur de nouveau blanc, Amalya rentra à l'intérieur de la maison et ressortit cette fois ci avec un couteau dans la main qu'elle rangea aussitôt dans son dos. Puis elle retourna auprès de William et le porta sur son dos avant de se diriger vers la jungle. De retour sur la plage, tous les regards se tournèrent vers elle mais à la vue du cadavre, les pirates se turent et laissèrent passer la jeune femme qui marcha jusqu'à la mer pour finir par disparaitre sous l'eau.

Lentement, elle s'enfonça dans les profondeurs et sortit de sa poche un lumino dial qu'elle utilisa pour se diriger dans l'obscurité. A cinq cents mètres sous la surface, elle creusa un trou dans le sable et y enfoui le corps de William.

" Tu aimais la tranquillité. Désormais, plus personne ne viendra t'importuner. "

                                                                                                                                         *************

Le doc, à travers la fenêtre de la bibliothèque, surveillait Amalya qui était assise depuis deux jours sur le bastingage à la poupe du Red Force.

- Capitaine, ça fait 48 heures qu'elle n'a ni mangé ni dormi. Elle reste assise au même endroit sous cette chaleur suffocante sans boire ! J'ai beau la solliciter, elle ne me réponds pas, en fait je ne sais même pas si elle m'entends... Je m'inquiètes beaucoup, son comportement est anormal et à ce train là, elle va mourir de déshydratation. Nous allons devoir la forcer... Expliqua le docteur anxieux.

- Elle ne m'écoutes pas non plus. Nous naviguons vers Stoneland et j'y ai envoyé Roar à la recherche de Tino pour gagner du temps, j'imagine que lui seul pourrait la raisonner. Si je pouvais mettre la main sur son frère Loan... Seulement, je n'ai pas la moindre idée d'où il pourrait être.

- Une chance que ce Loan ne se trouvait pas sur l'île ! Comment aurait-elle pu supporter la vue d'un second cadavre ? Je me sens si inutile, c'est insupportable de ne rien pouvoir faire... Se plaint-il en jetant un nouveau coup d'oeil par la fenêtre. Capitaine ! Elle n'y est plus !

Shanks et le doc sortirent en trombe de la bibliothèque quand Yasopp leur indiqua le réfectoire. A ce stade là, personne ne pouvait prédire ces réactions mais ils redoutaient, bien que ce ne soit pas son genre, qu'elle tente de se suicider. Après tout, que pouvait-il bien se passer dans sa tête ? Finalement, les deux hommes s'inquiétaient peut être trop puisque la jeune femme était au côté du coq et l'aidait à préparer le repas du soir.

Le teint livide, les lèvres asséchées et les cernes noires, Amalya tendit un morceau de poisson cru au cuisinier qui le mangea dans sa main. Comme s'il avait la berlue, Shanks se frotta les yeux et questionna le coq du regard qui lui répondit par un haussement d'épaule. Elle s'installa à table et dévora plusieurs plats qu'elle venait de sortir du frigo puis d'un trait, bu un litre d'eau directement au goulot. La bouche pleine, elle sourit à ses amis et leva son pouce, signifiant qu'elle se sentait mieux. Ragaillardi, le docteur et le cuisinier soupirèrent de soulagement alors que le capitaine trouvait louche que son attitude change si radicalement. De plus, Mahakala, toujours prostré dans un coin, restait toujours morose, l'oeil hagard.Amalya, le ventre plein, remercia le coq pour sa succulente cuisine en l'embrassant sur la joue et retourna sur le pont suivi d'un Mahakala complètement déprimé.

- A ton tour Maka. Tu plonges, tu chasses et tu manges, compris ? Tu dois reprendre des forces.

De la taille d'un poney, le dragon se traina lourdement vers le bastingage en poussant des gémissements de protestation. Il ressortit de l'eau une heure plus tard des arrêtes plein les dents. Amalya passa les heures suivantes auprès des autres pirates en aidant aux corvées et en participant aux activités que ses amis mettaient en place pour lui changer les idées. Au moment du souper, elle s'assit près du doc et fut au petit soin pour lui.

- Princesse, tu es sûre que tout va bien ? Merci pour toutes ces attentions que tu me portes mais tu en as plus besoin que moi...

- J'avais envie de passer un moment avec toi, dit-elle en lui prenant les mains. Doc, ne change jamais, tu es parfait comme tu es.

Le docteur rougit et la regarda quitter le réfectoire. Elle fit une courte pause sur le pont pour regarder le ciel. La lune et les étoiles masqués par les nuages, la nuit était noir. Elle fit signe au dragon de rester dehors puis elle partit se coucher quand Shanks la rattrapa devant la porte de sa chambre.

- Tu ne restes pas avec nous ?

- Je suis fatiguée Capitaine.

- ... Alors à demain, murmura-t-il le regard triste.

La jeune femme ouvrit la porte et passa un pied à l'intérieur lorsqu'elle se retourna brusquement.

- Shanks ?

- Oui ?

Amalya posa ses deux mains sur les joues du pirate, plongea son regard dans le sien et l'embrassa tendrement sur la bouche.

- A demain, souffla-t-elle avant de refermer la porte derrière elle.

Ce doux baiser qu'il avait souvent imaginé avait un goût amer. Il fixa la poignée près à débouler dans sa chambre pour la serrer contre lui et rester à ses côtés tout le reste de la nuit mais il se fit violence en faisant demi-tour. Il ne voulait pas profiter de la situation puis il sentait que ce geste affectueux n'aurait pas eu lieu en d'autre circonstance. Il serra son poing à s'en faire saigner la paume et retourna auprès de son équipage, la boule au ventre.

                                                                                                                                         *********

Malgré la fatigue, Amalya ne put s'endormir et passa les premières heures de la nuit à fixer le manche du couteau de William. Identique à celui qu'elle avait donné à Fredo, les trois initiales gravées dans le bois A W L représentaient le lien qui l'unissait à William et Loan. Elle prit son sac et y rangea l'arme blanche, le carnet rouge et quelques affaires. Discrètement, elle sortie sur le pont en faisant attention de ne croiser personne. L'obscurité dû au temps orageux était idéale pour passer inaperçu. Elle se dirigea vers le petit jardin à la poupe du bateau en rasant les murs où devait l'attendre Mahakala. A la vue du dragon, elle fit un signe de la main pour signaler sa présence lorsque la lune surgit entre deux nuages, faisant ainsi briller les chaines qui ligotaient l'animal.

- Maka ! S'écria-t-elle stupéfaite.

Le gueule muselée, le dragon poussa un faible grondement de détresse. La jeune femme courut vers lui pour le libérer lorsque plusieurs hommes sortirent de derrière les palmiers, l'empêchant de porter secours à son frère.

- Où comptes tu aller de si bonne heure ? Demanda Ben qui s'appuya contre l'animal.

- Détachez le, siffla Amalya d'une voix tremblante.

- Réponds à sa question, fit Shanks en lui faisant face.

- Je ne peux plus rester ici. Je dois retrouver l'homme qui a tué William... Et qui m'a torturé durant tant d'années.... Libère Makahala, ordonna-t-elle sentant la colère l'envahir.

- Non.

- Capitaine, je le pensais quand je t'ai dit que je voulais faire partie de ton équipage et que je vous considérais tous comme ma famille. Je le pensais encore plus quand je t'ai dit que connaitre mes origines n'était plus mon objectif. Mais peu importe ce que je décide, mon passé me rattrape.... Je ne pourrais pas avancer tant que je ne saurais pas... Tu peux comprendre ça non ?! Cria-t-elle les nerfs à fleur de peau.

- Tu oses encore m'appeler capitaine alors que tu nous abandonnes délibérément ?! Cria-t-il à son tour. J'aimerais bien savoir quel sens à le mot famille pour toi ?! Tu refais la même erreur qu'avec William et Loan, tu fuis encore et toujours !

- Je t'interdis de parler d'eux ! Hurla-t-elle en frappant des deux poings le torse de Shanks. Je ne veux plus que mes proches meurent par ma faute ! Je ne supporterais pas de voir de nouveaux cadavres ! Je ne supporterais pas de vous voir mourir ! Je dois régler cette histoire seule ! Laisse moi partir ! Supplia-t-elle en tendant la main vers le dragon.

- Non ! Cria-t-il en saisissant son bras.

- Libère Maka ! Il souffre ! Les chaînes lui font mal ! Gémit-elle en montrant ses propres poignées qui avaient connu les chaînes pendant des années durant son séjour à Impel Down.

- NON !! Ragea Shanks qui était prêt à tout pour l'empêcher de partir.

Amalya saisit sa tête de ses deux mains et tomba à genoux, face contre terre. Une intolérable douleur irradia son esprit et la plongea dans le noir totale. La haine l'enveloppa entièrement comme une aura et de l'encre noire dégoulina de ses obscures iris, recouvrant presque en totalité son visage. Les yeux également devenus sombres, le dragon se débattit et regurgita de l'acide pour faire fondre sa muselière d'acier.

- Capitaine ! Le dragon va se libérer ! S'écria le doc lorsque le bateau tangua violemment sur le côté.

Shanks se retourna vers l'animal et vit à l'horizon une colonne d'eau se formait à la base de l'océan et monter vers les nuages. L'orage éclata et un premier éclair fendit le ciel.

- Putain ! Une tempête du siècle ! Ca fait deux en quelques mois, elle porte mal son nom ! Fit Yasopp qui vit deux nouvelles colonnes d'eau au loin.

- Non... C'en est pas une cette fois ci... Souffla Shanks qui s'était retourné vers Amalya.

Le visage noir de la jeune femme et son terrifiant sourire le firent frémir des pieds à la tête. Elle se redressa lentement, croisa ses mains devant elle et les écarta brusquement. Au même moment, l'océan sous leurs pieds se fendit en deux, ce qui fit chuter le Red Force de plusieurs dizaines de mètres avant de finir sa course en percutant violemment le sommet d'un volcan sous marin. Effarés, deux des pirates coururent vers le bastingage et virent que toute l'eau qui était censée être en dessous se trouvait à présent autour d'eux, tel un gigantesque mur.

- ARRETE LA SHANKS ! ELLE VA TOUS NOUS TUER ! Hurla Ben, suspendu en l'air par le pied qu'une torsade d'eau venait de saisir.

- Essaye donc pour voir, siffla Amalya avant de frapper le torse de Shanks d'un puissant coup de poing qu'il encaissa de justesse.

Surprise, la femme mordit sa lèvre inférieure et sourit en voyant le torse noir du Capitaine. Grâce au haki qui pouvait s'utiliser de différente manière, il avait pu renforcer juste à temps sa poitrine pour la rendre aussi dur que du métal.

- Ca me plait... Quelqu'un à la hauteur... Amusons nous toi et moi ! S'exclama-t-elle avant d'enchainer les coups que Shanks contrait un par un.

- Amalya... Murmura-t-il peiné de la voir dans un tel état.

Réveillé par la secousse et le vacarme, l'équipage avait rejoint le jardin prêt à se battre et fut consterné à la vue du décor digne d'une fin du monde tandis que le doc, présent depuis le début, tentait de calmer Mahakala qui crachait de l'acide sur le reste de ses chaînes.Ne voulant pas rentrer dans son jeu, Shanks finit par ne plus se défendre et se laissa frapper, mettant à mal son corps qui n'était plus protégé par le haki.

- Bats toi ! Comment veux tu que je m'amuse si tu te laisses faire ! Montre moi, Shanks le Roux, que tu es à la hauteur de ta réputation ! Le provoqua-t-elle avant de se jeter sur lui.

- Si ça peut te soulager, frappe moi encore et encore, et redeviens la Amalya que j'ai connu, au caractère bien trempé qui me plait tant... Répondit Shanks, le visage en sang.

Amalya se figea juste devant lui, le poing encore en l'air. Shanks l'attrapa à la nuque et la colla contre lui avant de murmurer à son oreille:

- Evacue ta rage, laisse sortir toute ta tristesse et ta peur, vide ton sac pour de bon. Et après, seulement après nous discuterons de la marche à suivre pour retrouver cet enculé qui a tué William. C'est à ça que sert la famille, pour se soutenir et s'aider dans les moments les plus difficiles...

Shanks sentit alors le corps d'Amalya se détendre et trembler sous l'effet des sanglots qui montaient par vagues. La jeune femme s'agrippa au torse du pirate et enfouit son visage dans son cou avant de hurler toute sa peine et sa haine qu'elle avait refoulé depuis la mort de son grand père tandis que le mur d'eau retombait en pluie torrentielle. Epuisée, elle s'endormit dans les bras de Shanks qui lui souffla une dernière phrase.

- S'il te prends l'envie de m'embrasser à nouveau, j'apprécierais que ce ne soit pas pour me dire adieu...

Laisser un commentaire ?