Amalya

Chapitre 18 : Chapitre 18 : de surprise en surprise

5156 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/11/2016 04:02

Vingt ans plus tôt, sur une île inconnue

- Où est-elle encore passée nom de Dieu ! A chaque fois c’est la même chose, il me faut des heures pour la retrouver !

Après avoir traversé une partie de la jungle, William retrouva la fillette dénudée près d’une rivière en train de pêcher à mains nues.

- On a un frigo flambant neuf à la maison ! Pourquoi continues-tu de venir jusqu’ici ?

L’enfant se retourna vers son grand père avec un poisson encore frétillant dans la bouche.

- Craches moi ça ! Je t’ai dit de les tuer avant de les manger. Puis rhabilles toi ! Les gens normaux ne se comportent pas comme ça !

- C’est meilleure quand ils sont vivants et les vêtements me gênent !

William soupira. Les mauvaises habitudes étaient dures à perdre.

- Je sais mon ange… Mais ton comportement pourrait gêné ou effrayé les autres. Tu dois vivre comme eux pour pouvoir t’intégrer. Retournons à la maison, c’est l’heure de ton cours de mathématique, nous allons étudier…

- Tu peux encore me raconter l’histoire ? L’interrompit-t-elle sur le chemin du retour.

- … C’est l’histoire d’une femme façonnée dans l’argile et l’eau qui reçut des Dieux de nombreux dons : la beauté, la flatterie, l’adresse, la grâce, l’intelligence mais aussi l’art de la tromperie et de la séduction. Le jour de son mariage lui fut remis une jarre qu’elle ne devait pas ouvrir et dans laquelle se trouvait tous les maux de l’humanité : la maladie, la guerre, la misère, le vice, la vieillesse, l’espérance. Cédant à la curiosité que lui avait insufflée les Dieux, elle ouvrit la jarre, libérant ainsi les maux qu’elle contenait. Elle voulut la refermer pour les retenir mais seule l’espérance, plus lente à réagir, resta enfermée.

- L’espérance peut être perçue comme le plus atroce tourment que l’Homme garde au fond de lui-même ou au contraire, lorsqu’il se voit frappé par le malheur, l’Homme ne doit jamais perdre espoir, conclut la fillette.

- Oui, c’est pourquoi tu t’appelles Amalya, prénom qui signifie espoir. Nous sommes arrivés, au boulot maintenant !

- Je veux bien mais je veux étudier les équations différentielles. Ce que tu me fais faire est beaucoup trop simple papy !

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- Je te dis qu’elle est noire.

- Non, aujourd’hui elle est rouge.

- Elles sont toujours noires, C’est sa couleur préférée !

- Salut les gars, que faites-vous ? Intervint Ben, un café à la main.

- On devine de quelle couleur elle sera.

- Elle sera noire, c’est sa couleur préférée, répondit Ben.

- Tu vois abruti ! Qu’est-ce que je disais !

- Vous préparez une mutinerie ? Intervint à son tour Shanks, une tartine à la bouche.

- Capitaine ! On tente de deviner la couleur d’aujourd’hui.

- Vous n’avez pas honte ?! Retournez bosser bande d’idiots ! S’énerva Shanks en leur postillonnant dessus.

Amalya, debout sur le bastingage, finit par enlever son pantalon et plongea dans l’eau avec son dragon.

- Tiens, elle est noire aujourd’hui aussi. C’est sa couleur préférée, constata Shanks.

- Oui, c’est ce que je disais, conclu Ben en allumant une cigarette.

Cela faisait deux semaines qu’Amalya s’entrainait chaque jour à respirer sous l’eau aussi naturellement qu’à la surface. Accompagné de son petit compagnon devenu aussi gros qu’un chien, elle apprenait à dompter ce précieux liquide qui lui permettait d’augmenter prodigieusement sa vitesse. Chaque matin, une partie de l’équipage déjeunait sur le pont pour suivre ses progrès. D’un battement pied, Amalya se propulsa de l’eau et atterrit parmi eux.

- Alors ?

- Tu as pris cinq secondes pour faire le tour de bateau, répondit Lucky.

- Fais chier ! Ce n’est pas terrible, je sais que je peux mieux faire ! Râla la jeune femme.

- Ne déconne pas ! Aucun d’entre nous n’est capable de faire ça !

- C’est parce que vous êtes nuls ! Lui, il me bat à plate couture ! S’exclama-t-elle en pointant du doigt le dragon, aussi agile dans l’eau que dans le ciel, qui lui répondit en lui crachant un jet d’eau au visage.

- Il est trop marrant ! Je peux le caresser Amalya ? Demanda Yasopp admiratif.

- J’en sais rien, c’est à lui qu’il faut demander…

La créature se tétanisa et poussa un long feulement.

- Et moi je peux le bouffer ? Surenchérit Lucky toujours à l’affût d’une nouvelle saveur.

- Ca, je peux répondre et c’est non.

Elle remit son pantalon et partit s’isoler dans le jardin exotique où elle commença une série de pompes avec le dragon sur le dos.

- Quelle mouche t’as piqué princesse ? Tu sembles drôlement motivée ! Tu as prévu une nouvelle bataille ? Préviens-moi que je mette à jour mon matériel ! S’exclama le doc dans les parages.

- … Le temps passe plus vite lorsqu’on s’entraine…

- Si ça t’intéresse, je pensais t’apprendre les rudiments de la médecine. S’il devait m’arriver quelque chose, tu pourrais me remplacer.

- Il n’y a personne au sein de l’équipage qui te seconde ?

- Penses-tu ! Ils sont bien trop idiots !

- … Je ne sais pas trop doc… Je ne ferais plus partie de l’équipage après notre rencontre avec Kaïdo, ce serait te faire perdre ton temps… Je préfère m’entrainer.

- Je comprends… N’en fais pas trop non plus ! Répondit le doc déçu.

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Dix nouveaux jours s’écoulèrent lorsque le Red Force atteint Myconos. Leur voyage avait pris plus de temps que prévu à cause du mauvais temps. Heureusement, Kaïdo ne devait arriver que quelques jours plus tard, cela laissez à Amalya le temps de découvrir les lieux. Cette petite île aride, habitée par une dizaine de villages de pêcheurs, ne semblait pas avoir grand-chose à offrir. Les pirates accostèrent dans l’un des ports et furent chaleureusement accueillis par les habitants.

- Bonjour Capitaine ! Cela faisait longtemps ! Comment allez-vous ? Demanda un homme âgé au crâne rasé.

- Bonjour mon ami ! Nous nous portons encore mieux rien qu’en pensant au festin que vous allez nous préparer ! Mais avant tout, je voudrais vous présenter notre dernière recrue. Amalya ! Je te présente Chilon, le maitre des lieux.

Le vieil homme regarda la jeune femme et s’attarda plus longuement sur son dragon, assis à côté d’elle.

- Je vois… Il semblerait que vous ayez beaucoup de choses à me raconter Capitaine. Permettez-moi de vous accompagner à la paillote, nous avons tout organisé après votre coup de fil.

L’équipage s’installa à table et mangea un repas préparé exclusivement à base de poisson. A la vue de sa nourriture préférée, l’animal se déchaina et vola malicieusement les mets des pirates.

- Il est intéressant de voir ce jeune dragon se mouvoir sans jamais décrocher son regard de cette jeune femme. Qui est-elle ? Demanda Chilon en renversant un tonneau plein de poissons sur le sol.

Shanks raconta sa rencontre avec Amalya et toutes les aventures qui s’en suivirent.

- La cité bleue, Boratora… Murmura le vieil homme pensif. Si vous avez fini, nous pouvons y aller Capitaine.

- Peut-elle venir ?

Chilon observa un moment Amalya avant d’acquiescer. Ben, Shanks et leur hôte se levèrent de table et firent signe à la jeune femme de les suivre. Tandis que l’équipage continuait de festoyer gaiement, tous les quatre montèrent sur un énorme bœuf de trait qui les emmena au pied d’un mont rocheux au centre de l’île.

- Que faisons-nous ici ? S’impatienta Amalya.

- Un moment de patience peut préserver de grands malheurs, un moment d’impatience détruire toute une vie… Lui répondit Chilon.

Amalya croisa les bras et soupira d’agacement, ce qui exaspéra fortement Ben.

- Il faut que jeunesse se passe… Rajouta le vieil homme en regardant Ben.

- C’est quoi son problème aux vieux ? Chuchota Amalya à Shanks qui lui répondit par un coup de coude.

Un bruit sourd mit un terme à cette étrange conversation et une entrée apparut dans la roche. Le petit groupe rentra, suivit de près par le dragon et un autre vieil homme au crâne rasé fit rouler de l’intérieur une pierre pour boucher l’ouverture.

- Après quelques secondes d’adaptation à la faible luminosité, Amalya vit le visage de cette nouvelle personne qui ressemblait trait pour trait à leur hôte.

- Amalya, je te présente Solon, le frère de Chilon.

- Sans blague…

- Bonjour Capitaine, cela faisait longtemps ! Veuillez me suivre s’il vous plait.

Ils traversèrent un étroit couloir de pierre illuminé par de rares bougies qui les mena dans une ancienne mine gigantesque. Ce qui fit frissonner Amalya ne fut pas le soudain écart de température avec l’extérieur mais plutôt la beauté inattendue du lieu. Encastré dans les parois, des milliers de livres attendaient d’être lu. Bouche bée, elle courut jusqu’à la balustrade qui surplombait un profond fossé. De multiples passerelles aériennes reliées par des échelles permettaient d’accéder aux coins les plus impraticables.

- Voici le Muséion, fit Shanks dont la voix résonna à travers la bibliothèque. La moitié du savoir du monde y est entreposé.

- L’autre moitié se trouvait dans l’arbre de la connaissance, sur l’île d’Ohara qui a été détruite par le gouvernement, déduisit Amalya émerveillée.

La jeune femme s’approcha d’un mur, caressa quelques manuscrits avant d’en sortir un au hasard qu’elle feuilleta aussitôt, assise par terre.

- Amalya ! Viens t’asseoir là, il y a des fauteuils ! Fit Shanks content de l’avoir amené ici.

- Elle ne vous entend plus Capitaine, intervint Chilon. Ben, rejoignez-nous, j’ai quelque chose à vous montrer.

Le vieil homme leur donna un parchemin défraichi écrit dans une langue morte.

- Cette écriture ressemble étrangement à celle des ponéglyphes, remarqua Shanks.

- J’ai déjà vu cette écriture, murmura Ben en sortant un carnet de sa poche. Lorsque nous étions à Babel, il y avait cette porte d’entrée en forme d’arche protégé par un lierre. Une phrase était gravée dessus. Regardez, je l’ai dessiné.

- « Le malin en toi je perçois, passe ton chemin esprit sournois ou de l’Hedera le châtiment tu subiras. » Traduisit Chilon. Je ne pensais pas avoir l’occasion de revoir un jour cette écriture… Ce parchemin que je vous ai apporté correspond parfaitement au langage de votre croquis. Lors de mon voyage à Ohara, j’ai pu étudier certains manuscrits avec l’aide des archéologues de l’île. Nous y avons découvert un morceau de parchemin vieux de plus de huit cents ans, écrit dans un langage similaire à celui des ponéglyphes. Trop abîmé pour pouvoir le lire, nous avons malgré tout réussi à traduire quelques mots. Il s’agissait d’une incantation adressée à une entité. Puis quelques années plus tard, mon frère a découvert au Muséion cet autre morceau de parchemin. Nous en avons conclu que celui d’Ohara et celui-ci faisait partie du même rouleau. Egalement en piteux état, il nous parle d’une créature sacrée, le dragnix. Capable de voler au-delà du ciel et de nager jusqu’au centre de la terre, éphémère mais immortelle, il renait de ses cendres et apparait aux yeux de l’Humanité lorsque…

- Lorsque ? Demanda Ben captivé.

- Aucune idée, comme je vous disais, le parchemin est très abîmé.

- … Pourquoi vouliez-vous nous montrer ce texte ?

- Car vous m’avez parlé d’un dragon sur l’île de Boratora et d’un œuf qui est apparu dans ses cendres. J’ai immédiatement fait le rapprochement avec cette légende.

- Rien ne dit que cet œuf est la résurrection de ce dragon. Il l’avait peut-être pondu avant de mourir, fit Shanks en regardant le nouveau compagnon d’Amalya.

- Oui, c’est fort possible. Je voulais juste vous en faire part.

- Eh ! Papy aux dictons ! Il y a trop de bouquins incompréhensibles, vous pourriez m’apprendre à les traduire ? S’exclama Amalya qui avait sorti une vingtaine de livres du mur.

- Rangez moi de suite ces manuscrits à leurs places ! Ils sont fragiles et irremplaçables ! S’énerva Chilon d’habitude si calme.

- Je vais retourner auprès de mes hommes, je peux la laisser ici avec vous ? Tenta Shanks amusé.

- Je reste là Capitaine, j’aimerai aussi jeter un œil aux ouvrages. J’en profiterai pour la surveiller, dit Ben déjà en pleine lecture.

Shanks repartit au port laissant ses deux amis s’abandonner à leur unique point commun, l’érudition. Impressionné par ses connaissances et sa capacité de mémorisation, Solon prit plaisir à partager avec Amalya son savoir qu’elle absorbait comme une éponge tandis que Chilon orientait Ben vers les ouvrages qu’il souhaitait lire.

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- Ils ne sont toujours pas rentré ? Demanda le doc attablé dans la salle à manger le lendemain matin à l’heure du petit déjeuner.

- Tiens, en parlant du loup ! S’exclama le coq en voyant rentrer Ben et Amalya dans la pièce. Et voilà de bon œuf au plat suivit d’un smoothie de fruits frais pour ma superbe savante !

Après s’être fait servi trois fois, Amalya remercia le cuisinier et partit se reposer dans un des hamacs du jardin exotique où se trouvaient déjà Yasopp et Shanks, en pleine discussion. A la vue des deux pirates, elle fit demi-tour lorsque Yasopp l’interpella.

- Viens avec nous, il y a encore de la place ! On se demandait ce que tu pensais du Muséion.

- Je ne m’attendais pas à voir un tel lieu sur une île pareille… Répondit-elle en s’asseyant à côté d’eux.

- C’est une belle surprise hein ? Fit Yasopp content de ne lui avoir rien dit.

- C’est pour moi que nous sommes venus ici ?

- Oui, Mama nous a expliqué ton engouement pour les livres et ton désir de tout connaitre. On s’est dit que ça te ferai plaisir. Cette bibliothèque est unique au monde et peu de gens connaissent son existence. Un autre secret que nous tentons de protéger !

- Merci… Merde ! Si j’avais su que cette île abritait un secret si précieux, je n’aurais jamais fait venir Kaïdo. Tu parles d’une surprise !

Shanks commença à raconter l’époque de leur découverte de Myconos lorsque la vigie déclencha l’alerte.

- Deux bateaux à l’horizon ! Ce sont ceux de l’empereur Kaïdo ! Hurla le pirate au sommet du Red Force.

 Tout l’équipage se rua sur le pont pour regarder la venue de l’homme considéré comme le plus puissant du monde.

- Que fait-il ici ? Tu crois qu’il a découvert l’existence du Muséion ? S’écria Yasopp à son Capitaine.

- … Cet homme se fiche totalement de ce que peux contenir la bibliothèque. Peut-être est-il ici par hasard même si j’en doute fortement, répondit Shanks saisit par un mauvais pressentiment qui le poussa à regarder Amalya. Que tout le monde se prépare au combat et descendent sur la plage ! Ordonna-t-il à ses hommes. Yasopp ! Conduit Amalya auprès de Chilon et dit lui de l’emmener au Muséion. Ensuite, demande-lui de réunir son clan et de se tenir prêt au combat.

- C’est quoi cette connerie !? Hurla la jeune femme. Pourquoi je ne peux pas me battre ? Je fais partie de l’équipage et comme les autres, je veux me battre !

- Capitaine, elle a raison. Nous avons besoin de tout le monde face aux navires de Kaïdo, on ne peut pas se permettre d’écarter ne serait-ce qu’une personne, raisonna Yasopp.

- Je ne la veux pas dans mes pattes. Je ne serais pas en mesure de me battre sereinement  si je dois veiller à ce qu’elle ne se fasse pas tuer !

- Tu te fous de moi ?! Pourquoi tu m’as recruté  si tu me largues à chaque bataille !

Shanks l’attrapa par la veste et la décolla du sol.

- Ecoute-moi bien gamine, tu es dans la cour des grands à présent. Tous les petits merdeux que tu as combattus jusqu’ici ne sont rien comparés aux hommes qui vont s’affronter aujourd’hui. Tu ne sais pas te battre correctement et encore moins en équipe. Alors je ne le répèterai pas une autre fois, tu vas au Muséion et tu attends là-bas jusqu’à ce qu’on revienne te chercher, car si je te vois dans les parages, je te jure que tu le regretteras amèrement, c’est clair ? Lui souffla Shanks menaçant.

- Comme de l’eau de roche…

Amalya suivit en silence Yasopp jusqu’à la cabane de Chilon au port qui séchait du poisson.

- Chilon, l’empereur Kaïdo ne va pas tarder à accoster. Le Capitaine vous demande de cacher Amalya à la bibliothèque et de vous préparer au combat.

- Kaïdo ? Mais que fait-il ici ?

- Nous n’en savons rien, soupira Yasopp en regardant la pirate. Amalya, le Capitaine ne veut pas prendre le moindre risque tu comprends ?

- Je comprends que je n’ai rien à faire parmi vous. Pouvons-nous y aller Chilon ?

Le vieil homme ordonna à un de ses compagnons de l’emmener à la bibliothèque tandis qu’il s’occuperait des préparatifs en vue de l’imminente bataille. Amalya, toujours accompagné de son dragon, monta avec le pêcheur sur le bœuf qui, malgré son imposante taille, cavala prestement en direction du centre de l’île.

Il est arrivé plus tôt que prévu… Comment vais-je pouvoir lui parler sans croiser la route de Shanks ? Je devrais peut-être attendre la fin de l’affrontement. Et si jamais Kaïdo ne s’en sort pas ? Je comptais sur l’équipage pour me protéger en cas de problème avec Kaïdo mais comment faire si Shanks m’exclut du combat ? Et merde ! Je fonce dans le tas et advienne que pourra !

Amalya frappa d’un grand coup sec la nuque de son escorte qui tomba par terre puis elle prit les rênes du bœuf et rebroussa chemin. Soudain, l’animal cabra, la faisant chuter à son tour.

- Mais comment !

- Ne vous fiez pas aux apparences, je ne suis pas un simple pêcheur mademoiselle. Je suis un moine du Muséion et un expert dans l’art martial. Mon maître Chilon m’a demandé de vous conduire à la bibliothèque, et soyez en sûre, je vous y mènerai.

- Putain, il manquait plus que ça !

Amalya attaqua la première et chacun de ses coups furent facilement contrer par son surprenant adversaire. Agé d’une cinquantaine d’années, celui-ci s’était entrainé chaque jour de sa vie pour défendre le Muséion en cas d’attaque du gouvernement mondial. Comptant davantage sur sa chance et ses étranges facultés, Amalya manquait d’entrainement et en prit rapidement conscience.

- Aide-moi ! Cria-t-elle à son petit compagnon.

Le dragon sauta sur le dos du moine et lui lacéra les omoplates puis se posta entre les deux combattants. Ses ailes se déployèrent, sa cage thoracique gonfla et un épais liquide noirâtre jaillit de sa gueule, formant ainsi une petite flaque juste devant lui.

- C’est quoi ça !? S’écria Amalya qui attendait de sa part une puissante attaque.

La créature renifla la flaque, la recouvrit de terre et lécha ses babines en soupirant.

- Je n’ai pas le temps ! Je dois vite retourner au port !

Le dragon sauta sur le bras de la pirate, referma ses puissantes pattes autour de son poignée et vola brusquement dans les airs.

- Waouh c’est génial ! Je ne savais pas que tu pouvais me porter !

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A quai, Kaïdo et ses soixante hommes débarquèrent sur la plage, patiemment attendu par Shanks et ses trente hommes.

- Kaïdo… Quelle surprise de te voir ici. Dis-moi, quel bon vent t’amène sur cette île ?

- Le roux… En effet, quelle surprise. Je t’avoue que je suis plutôt contrarié de croiser ta route en ce lieu. Si tu veux tout savoir, je suis venu rencontrer quelqu’un.

- Ah oui ? Qui est ce ?

Kaïdo regarda chaque membre de l’équipage de Shanks avant de répondre.

- Une femme.

- Etrange. Cela fait plusieurs jours que nous sommes ici et nous n’avons croisé aucune femme. Seulement quelques pêcheurs venu tenter leurs chances. Parait-il que ça mord plutôt bien dans le coin !

Kaïdo sourit et hocha la tête.

- Bien sûr… LE ROUX ! NE TE FOUS PAS DE MOI ! Cette femme m’a dit qu’elle serait ici, alors où est-elle ? Rugit l’empereur hors de lui.

Jusque-là silencieux, des murmures éclatèrent dans les rangs de Shanks et s’estompèrent aussitôt lorsque leur capitaine leva son bras. Ben regarda Shanks et perçut, le temps d’une fraction de seconde, une profonde déception sur son visage.

- Il n’y a aucune femme sur cette île, répéta-t-il gravement.

La tension parvint à son paroxysme lorsque les deux capitaines dégainèrent en même temps leurs armes.

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- Dépose-moi là, un peu avant la plage, je ne dois pas être vu. Tu m’entends ? Oh ! Tu m’écoutes ?

Gêné par un filet de liquide qui bouchait ses naseaux, le dragon éternua à plusieurs reprises, desserrant petit à petit son emprise sur Amalya.

- Arrête-toi ! Arrête ! Tu vas trop loin !

L’animal éternua pour de bon, libérant enfin son petit museau et se sentit agréablement plus léger. Il jeta un œil à ses pattes arrière et ne vit plus son amie.

- Noooooooon ! Paniqua Amalya qui chuta de quinze mètres et atterrit sur ses fesses.

- Ooooooooh mon cul… Gémit-elle allongé sur le sable.

Elle s’assit tant bien que mal et vit sur sa droite, à seulement quelques mètres, un monstrueux colosse à la crinière noire surmontée de deux cornes qui brandissait son sabre vers elle. Elle tourna sa tête et vit sur sa gauche Shanks qui la fixait, ébahi.

- Il suffisait de demander et la voilà qui tombe du ciel ! Se réjouit Kaïdo de bonne humeur.

A nouveau silencieux, il regarda plus attentivement Amalya et redevint sérieux.

- C’est bien toi… Je reconnais ce visage… Seul ton regard à changer. Cela fait vingt ans que je te recherche. Et un beau jour, je reçois ton coup de fil et nous voilà réuni.Kaïdo rangea son sabre et tendit sa main vers elle.

- Intègre mon équipage et je te dirai tout ce que tu veux savoir.

Amalya regarda son capitaine qui, subitement enragé, fit trembler le sol par l’onde de choc de son aura meurtrière. Entre ces deux monstres, la jeune femme se sentit plus insignifiante que jamais. Elle avala sa salive, serra ses poings pour diminuer ses tremblements et regarda l’océan. Dans quelle emmerde je me suis encore fourrée… Je suis allée trop loin. C’est évident. Je n’ai aucune chance… 

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