Amalya

Chapitre 17 : Chapitre 17 : une seconde chance

5474 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 00:03

Vingt ans plus tôt, prison sous-marine d’Impel Down, 6ème niveau

La sirène retentissait à travers toute la prison depuis cinq minutes. Un pan de mur s’était fissuré lorsque Space avait été projeté dessus, laissant l’eau s’infiltrer dans le 6ème niveau.

- Space ! Space ! Réveillez-vous ! Arrêtez-la ! Hurla le savant pris de panique.

- Dr Vegapunk ! Nous devons vous évacuer immédiatement ! Il faut remonter à la surface, suivez-moi ! Ordonna le directeur Magellan tout en regardant l’enfant à l’autre bout du couloir.

La petite fille les fixait, les yeux aussi noirs que les larmes qui coulaient sur ses joues. Elle leva lentement ses bras vers l’avant lorsque la fissure dans le mur s’élargit brusquement transformant la légère infiltration d’eau en véritable torrent. Les trois hommes furent emportés par le courant quand surgit un quatrième homme derrière l’enfant, et qui l’assomma en lui assenant un violent coup de coude sur le crâne. Ils furent à leur tour pris dans le courant mais au lieu de s’échapper en nageant vers la sortie qui menait au cinquième niveau, l’homme serra fermement la fillette contre lui et sorti par la brèche, se retrouvant au fond de l’océan face à un gigantesque monstre marin. Inoffensive, la créature les renifla un moment  avant de se pencher sur le côté pour leur montrer sa nageoire. Surpris, l’homme ne saisit pas de suite son attitude puis il comprit qu’elle souhaitait les aider. Il s’agrippa au monstre qui les emmena sur la plage d’une lointaine île. L’homme déposa l’enfant encore inconsciente sur le sable blanc et s’assit à côté d’elle.

- … Qu’est-ce que j’ai fait… Murmura-t-il en regardant le monstre marin s’éloignait vers l’horizon.

Il s’agenouilla contre la petite fille et caressa ses longs cheveux bruns. Comment un visage aussi angélique pouvait-il faire autant de mal ? Il savait qui elle était et ce qu’elle représentait pour le gouvernement. Mais dans un stupide élan de bonté, il avait décidé de la sauver de la tragique fin qui l’attendait. Et qu’elle méritait. Avait-il fais une erreur ? Sûrement la plus grosse de sa vie. Il glissa ses deux mains autour de son cou et serra lentement lorsqu’elle ouvrit ses grands yeux. De magnifiques yeux jaunes délivrés de leur noirceur.

- Qui es-tu ? Demanda-t-elle d’une délicate voix.

Ebahi, l’homme ôta ses mains de son cou et resta muet un instant. Cette enfant aux nouveaux iris jaunes n’avait jusqu’à présent jamais parler de son existence. Tout le stress et le doute qu’il avait accumulé venait d’être balayé par seulement trois petits mots.

- Je… Je suis William…

- William ?

- William ton grand père, mon ange. Tout va bien, papy t’a sauvé de la noyade. Tu as du perdre la mémoire. Repose-toi maintenant, mentit-il le regard plein d’espoir.

- Tu m’as sauvé la vie papy… Fit-elle en se blottissant dans ses bras.

- Oui mon ange, il semblerait que tu es le droit à une seconde chance…

                                                                  ***********

Il ne fallut que cinq jours pour qu’Amalya se rétablisse parfaitement de ses blessures mais elle resta malgré tout deux semaines de plus à l’infirmerie au côté de Fredo pour deux raisons. Elle regrettait d’avoir mêlée son jeune ami à ses problèmes, elle rachetait donc sa faute en étant au petit soin pour lui. Puis elle ne souhaitait pas retourner auprès de l’équipage et affronter leur regard accusateur. Celui de Ben lui avait amplement suffi. Seul le doc venait leur rendre visite pour apporter les repas et changer les pansements. En apparence jovial, Amalya voyait bien qu’il était très touché par la mort de son compagnon. Tôt ou tard, elle devrait raconter les circonstances de son décès.

- Doc… Je voulais que tu saches que je…

- C’est inutile Princesse… Tu n’as pas à te justifier auprès de moi. Je sais que tu n’y es pour rien. Sache que personne ne te reproche sa mort et si aucun d’entre eux n’est venu te voir à l’infirmerie, ce n’est pas parce qu’ils t’en veulent, mais plutôt parce qu’ils regrettent de ne pas t’avoir aidé à temps. A présent, nous devons tous passer à autre chose. Fredo va beaucoup mieux et je pense qu’il est temps pour lui de reprendre le cours de sa vie.

- Merci monsieur. Je n’ai pas de quoi vous payer mais je vous revaudrez ça un jour ! S’exclama le garçon content de rentrer chez lui.

Amalya lui mit une claque derrière la tête avant de lui pincer affectueusement la joue. Ce gamin venait de perdre deux de ces membres et sa joie de vivre n’en avait pas été affecté le moins du monde.

- Tu es vraiment un drôle de gamin… Tiens, prends ça et allons-y, fit le doc en lui tendant une béquille.

Tous les trois retournèrent sur le pont, prêt à quitter le bateau pour retourner à la ville. Amalya fut surprise de voir aussi peu de pirate présent à bord. Elle chercha du regard le capitaine qui ne semblait pas être là non plus.

- Il n’est pas ici, princesse. Montez dans la charrette, nous avons encore quelques jours de voyage.

Après trois jours de route, Fredo distingua enfin au loin sa ville natale.

- Ce que c’est bon d’être de retour chez soi !

Amalya fronça les sourcils. Elle comprenait ces sentiments pour l’avoir elle-même ressentie quelques semaines auparavant. Mais Cosa Nostra était bien loin de la vie idéale à laquelle on aspirait tous. La chute de Don Vito avait dû semer la zizanie parmi ses hommes et ses habitants, amoncelant ainsi une guerre civile pour savoir lequel reprendrait sa place.

- Regardez là-haut, sur le toit de la demeure du Don, il y a quelque chose qui flotte !

Ils descendirent de la charrette garée à l’entrée de Cosa Nostra et furent accueilli par une ribambelle d’enfants qui se réjouissaient de leur retour. Malgré les cris et les accolades, Amalya ne put décrocher son regard du toit de la maison de Vito, au sommet de la ville. Un immense drapeau noir était fixé dessus. Un drapeau sur lequel était dessiné le symbole de l’équipage de Shanks le Roux.

- Comment te sens-tu ?

- Qu… Quoi ? Bégaya Amalya en se tournant vers son interlocuteur.

- Je te demande si tu vas mieux, répéta Shanks au côté de Mama.

- Ca va, répondit-elle avant de regarder à nouveau le drapeau.

- Cosa Nostra est désormais sous ma protection. Quiconque s’attaquera à cette île aura affaire à moi. Ensuite, Mama a remplacé Don Vito et ses hommes lui ont immédiatement fait allégeance. Apparement, la mort de leur chef a été une véritable délivrance.

- Vito a fait sombrer son peuple dans la drogue pour mieux les manipuler. Nous n’avons jamais eu le courage de nous dresser contre lui mais grâce à toi Amalya, je peux à présent reprendre les rênes et supprimer ce fléau qui avili mon pays, rajouta la pourvoyeuse reconnaissante.

Amalya fixa Mama et lui rit au nez.

- La drogue n’est qu’un prétexte pour justifier la lâcheté de ces habitants. Je n’ai pas tué Vito pour faciliter vos vies insignifiantes et je ne pense pas, capitaine, que cette île mérite votre protection.

- Tout le monde n’est pas aussi fort que toi Madame. Et le courage peut nous faire défaut lorsqu’on a peur de mourir ou de perdre un être cher. Je reconnais que la plupart des gens d’ici sont loin d’être respectable mais je crois que tu n’as pas le droit de les juger sans connaitre leurs vies. Ils ont juste besoin d’un bon leader et d’un gros coup de pouce pour retourner sur le droit chemin. Pour beaucoup d’entre eux Madame, tu es effrayante et sans cœur, mais moi j’ai appris à te connaitre et tu es la plus belle personne que j’ai rencontré… Intervint Fredo timidement.

- Fredo… Tu es jeune et si naïf… Ces gens vous ont pourtant maltraité et exclu de leur société toi et tes amis. Comment peux-tu dire ça ?

- Je ne suis pas naïf Madame, je pense seulement que chacun a le droit à une seconde chance !

Amalya resta bouche bée, surprise par son charisme et son grand cœur. Ce jeune adolescent à qui on avait mené la vie dure deviendrait un très grand homme.

- J’aiderai Mama à sortir tout le monde de cette mauvaise passe même si je ne suis que la moitié d’un homme ! Rigola-t-il en regardant ses deux membres amputés.

- Même un demi-homme peut changer la face du monde ! S’exclama Shanks en tapotant son épaule.

La jeune femme regarda son capitaine et son jeune ami, ils se ressemblaient tant. Une étrange douleur oppressa sa poitrine comme si la soudaine prise de conscience de sa malhonnêteté venait de l’écraser. Elle s’était persuadée que sa colère n’était que le fruit de ce qu’on lui avait fait subir tout au long de sa vie. Rejeter la faute sur les autres était comme une armure qui l’empêchait de voir ce qu’elle était vraiment. Cette haine qui l’animait ne pouvait qu’engendrer autour d’elle encore plus de haine. Croire que Shanks était un homme mauvais et se servir de ce prétexte pour le manipuler était inqualifiable. Faire du tort à ce pirate qui ne lui voulait que du bien équivalait à s’en prendre à l’innocence même de Fredo. Amalya recula d’un pas et pris de sa main tremblante le couteau qu’elle cachait dans son dos avant de le tendre à Fredo.

- Tiens, ce couteau a beaucoup de valeur à mes yeux et j’espère qu’il t’aidera à bâtir un meilleur avenir pour Cosa Nostra.

L’adolescent prit l’arme et regarda le manche en bois. Un arbre à trois branches avec une initiale sur chacune d’entre elle était gravé dessus.   A   W    L

- Merci Madame, je sais à quel point tu y tiens… Dit Fredo en se blottissant contre elle.

Non. Merci à toi mon ami de m’avoir fait prendre conscience de qui j’étais réellement.

- Nous devons partir. Une longue route nous attend avant notre prochaine destination. Mama, n’hésitez pas à m’appeler en cas d’urgence même si je pense qu’à la vue du drapeau, beaucoup s’abstiendront de tenter quoique ce soit. Allons-y Amalya.

Après une dernière étreinte avec Fredo, la pirate suivit son capitaine qui monta sur un cheval.

- Ou sont les autres ? Demanda-t-elle en jetant un œil aux alentours.

- Ils sont déjà en route vers le Red Force. Monte !

- Il n’y a qu’un cheval ?

- Oui. Ça te pose un problème ?

- … Je n’ai pas vraiment le choix… C’est moi qui prends les rênes, bougonna-t-elle en montant devant Shanks.

                                                            **********

Le premier jour de voyage se passa en silence. Le second également lorsque le soir, près du feu de camp, Shanks finit par ouvrir la bouche.

- Ca fait deux jours que tu évites mon regard et que tu ne m’adresses pas la parole.

 Amalya leva les yeux vers lui avant de les reposer sur les flammes.

- Merci et pardon, murmura-t-elle en se recroquevillant davantage sur elle-même.

- D’accord… Un bref regard et trois mots… C’est un bon début, remarqua-t-il amusé.

- Capitaine, merci d’avoir offert ta protection à ce pays même si je ne saisi pas pourquoi tu as pris cette responsabilité puisque tu n’as aucun lien avec ces habitants. Je sais qu’en ce qui me concerne, je ne l’aurai pas fait…

- C’est vrai, je n’avais aucune raison de le faire mais faut-il vraiment une raison ? Prendre cette responsabilité ne m’apportera rien. Mais si ma notoriété peut les aider à s’en sortir, alors je leur donne sans détour. Comme le gamin le dit si bien, tout le monde a le droit à une seconde chance.

- Capitaine, je suis désolée pour Cornaq, il a tenté de m’aider durant l’affrontement contre Vito. Je ne voulais pas de son aide. Je ne veux aucune aide. Shanks, m’offriras-tu une seconde chance ? Pourquoi es-tu si bienveillant envers moi ? Le fais-tu aussi sans raison ?

- Cornaq n’est pas le premier homme à mourir en défendant un autre membre de l’équipage et il ne sera pas le dernier. Je n’accepte pas tes excuses car tu n’as pas à m’en donner.

Shanks, ce besoin de savoir qui je suis m’obsède sans cesse. Pardonne-moi mais je suis obligée de t’emmener avec moi rencontrer Kaïdo, un de tes pires ennemis.

- Amalya, si tu étais à nouveau en danger, je serai le premier à te défendre. Tu fais partie de mon équipage et je te considère comme mon amie.

Je peux entrevoir l’homme que tu es mais ne me donne pas l’occasion d’en savoir plus car sinon, je ne sais pas si je serais capable d’aller jusqu’au bout…

- Je n’imagine même pas ce que tu as pu vivre pour refuser l’aide de tes compagnons. Amalya, pourquoi cherches-tu à rester seule ?

- J’imagine que c’est dans mon caractère d’être solitaire… Shanks, je suis un monstre. Il y a quelque chose tapis au fond de moi qui détruit tout sur son passage, je suis incapable d’avoir une relation normale avec quelqu’un…

- Personne ne naît avec l’envie de rester seul. Je vois à travers tes yeux cette profonde solitude qui t’accables. Pourquoi ne veux-tu pas partager avec moi ce que tu ressens ou simplement ce que tu penses ?

Shanks tenta de poser sa main sur son épaule lorsqu’Amalya, prise de panique, se leva et hurla.

- Ne me touche pas ! Ne t’approche pas de moi bordel ! Tu ne comprends donc rien !?

- Comment veux-tu que je comprenne si tu ne me dis rien ! S’énerva-t-il à son tour.

- Je veux être seule ! Je dois être seule !

La jeune femme commença à s’éloigner du camp lorsqu’un bruit s’échappa de son dos. Elle prit l’écharpe qui soutenait l’œuf et s’agenouilla sur le sol. La coquille se fissura et un petit museau noir pointa hors du trou. Comme si elle assistait à la naissance de son enfant, Amalya versa des larmes de joie à la vue de ce petit être fébrile. Portrait miniature du dragon de Boratora, la petite créature noire grimpa jusqu’à son visage, plongea ses grands yeux jaunes dans ceux de la pirate avant de la lécher du menton au front, déposant ainsi une épaisse pellicule de salive visqueuse. Instinctivement, Amalya lui rendit la pareille, amorçant ainsi leur future et fusionnelle amitié. Elle retourna près du feu avec le dragon sur l’épaule et s’assit à quelques mètres de Shanks.

- Comment vas-tu l’appeler ? Demanda-t-il repoussant à plus tard leur dispute.

- Pourquoi devrais-je lui donner un nom ?

- Bah… Bonne question. C’est ce que font les gens lorsqu’ils ont un enfant ou adopte un animal…

- Ce dragon ne m’appartient pas. Je ne pense pas avoir le droit de le nommer. S’il veut s’appeler, il choisira son nom lui-même.

- Je n’avais jamais vu les choses sous cet angle... Dans la mesure où il est capable de choisir son propre nom, pourquoi pas ? Rigola Shanks plus détendu.

                                                               **************

Le lendemain après-midi, les deux pirates atteignirent enfin le bateau. A la vue du mini dragon, l’équipage tenta de l’approcher, curieux de voir une créature mythique. Mais l’animal, toujours sur l’épaule d’Amalya, sauta sur le sol et poussa de longs grognements hostiles envers eux. En posture défensive, comme s’il voulait la protéger, il déploya ses petites ailes, leva son épaisse queue pointue puis la couleur de ses iris s’assombrit. Tous les hommes reculèrent aussitôt, impressionné par la puissante aura que dégageait ce dragon tout juste né.

- Tiens, ça me rappelle quelqu’un… Chuchota Ben à son capitaine.

La pirate s’accroupit et murmura à la jeune bête.

- Je suis avec ces gens et tu ne dois pas leur faire de mal.

Le dragon observa un par un le visage de chaque pirate, mémorisant ainsi les personnes qu’il ne devait pas tuer et retourna sur l’épaule d’Amalya, plus doux qu’un agneau.

- Putain ! Il est flippant ton nouveau pote ! S’exclama Yasopp. Et il va devenir aussi grand que celui de Boratora ?

Shanks se posta devant elle et fixa l’animal.

- Fais en sorte qu’il ne s’attaque à personne sinon je me chargerai moi-même de son dressage.

- Capitaine, quel est notre prochaine destination ? Demanda-t-elle en fronçant les sourcils.

- Nous allons au Museion, fit-il à l’attention de tout l’équipage. Levez les voiles !

- Ou est-ce ? Demanda Amalya à Yasopp.

- C’est sur l’île de Myconos.

- Et qu’allons-nous y faire ?

- Je t’en dirais pas plus, c’est une surprise !

Chaque pirate se tint à son poste et le Red Force leva l’ancre, prêt pour un voyage de trois semaines sans escale.

                                                           *************

Au milieu de la nuit, réveillée par les gargouillements de son nouveau compagnon, Amalya partit à la cuisine pour lui dénicher un morceau de viande qu’il refusa catégoriquement.

- Je ne sais pas ce que t’es censé manger… Tu préfères peut être les légumes ? Fit-elle en lui tendant un poireau.

Le dragon sauta de son épaule et marcha jusque sur le pont avant de plonger par-dessus bord. Il revint en volant quelques instants plus tard avec un poisson dans la gueule.

- Va pour le poisson ! Je me baignerais bien à mon tour mais je n’ai pas le temps pour ça ce soir.

Elle partit vers la bibliothèque et s’installa au fauteuil du bureau après avoir déroulé plusieurs cartes. Peu après l’enterrement de Cornaq, elle avait contacté l’empereur Kaïdo avec qui la conversation fut plutôt brève. C’était un homme peu enclin au compromis mais il avait fini par accepter de la rencontrer sur l’île de son choix. Elle sortit l’escargophone de sa veste et appuya sur le bouton.

- Oui ?

- C’est moi.

- Alors ?

- Dans exactement dix-neuf jours, je serais sur l’île de Myconos.

- … Il me faudra plus de temps pour l’atteindre. Disons un mois. J’ai hâte de te rencontrer. Seras-tu accompagné ? Peu importe, il faudrait vraiment être stupide pour tenter quelque chose contre moi. Et tu es loin d’être idiote n’est-ce pas ?

- Je souhaite simplement parler avec vous.

- Bien sûr… Dans ce cas, nous nous reparlerons dans un mois.

Amalya rangea l’appareil. Un mois. Encore un mois et elle saurait enfin qui elle est. Elle prit un papier et un stylo dans le tiroir puis se ravisa. La lettre pour Tino attendrait.

- Allons-nous baigner maintenant.

Elle retourna sur le pont, enleva ses vêtements et plongea dans l’obscure océan. Loin de la surface, là où les rayons de la pleine lune ne pouvaient plus l’atteindre, elle ferma les yeux et se laissa flotter au gré du courant. La fraicheur de l’eau qui inonda lentement ses poumons la revigora instantanément. C’est certain. Il n’y a que là qu’elle se sentait bien. Dénuée de toute pensée, son esprit totalement apaisé finit par lâcher prise et la jeune femme s’endormit dans les profondeurs du monde.

                                                          *************

Peu avant midi, Amalya se réveilla complètement trempée dans son lit.

- Qu’est ce qui s’est passé ? Je ne me rappelle de rien… C’est toi qui m’as ramené ici ?

Le dragon fit des bonds avant de lui lécher frénétiquement le visage.

- Je ne sais pas comment tu as fait mais merci. Quelle idée de s’endormir au fond des eaux ! Où sont mes vêtements ?!

Elle les trouva en boule au pied du lit avec l’escargophone dedans.

- Tu as même pensé à me les ramener… Tu es très malin ! Allons prendre un bain puis nous monterons manger. Une fois propre, Amalya monta sur le pont pour accéder à la cuisine lorsqu’elle vit le bateau à l’arrêt.

- C’est étrange…  Il n’y a personne et c’est si calme.

Elle rentra dans la salle à manger et vit une douzaine de pirates agonisants sur le sol et les chaises.

- C’est quoi ce bordel ? Coq, que s’est-il passé ?

- Amalya, je crois qu’on a tous chopé un sale truc, tu es la seule à être indemne…  Les autres sont au dortoir et le doc à l’infirmerie.

Elle courut rejoindre le médecin qui, assit dans son officine, tentait de trouver un remède. Son teint livide et ses lèvres violettes en disaient long sur son état.

- Princesse… Je suis rassurée, tu vas bien… Je pensais à une intoxication alimentaire mais c’est bien plus grave. Qu’as-tu mangé hier soir ?

- Rien, je n’ai pas soupé.

- Alors ça explique pourquoi tu n’es pas malade.

Le doc s’effondra sur le sol, haletant et inconscient.

- Doc ! Doc ! Merde ce n’est pas le moment ! Cria-t-elle en lui giflant les joues.

Elle courut jusqu’au dortoir et trouva le capitaine parmi le reste de l’équipage.

- Capitaine ! Ouvre la bouche ! Ordonna-t-elle en inspectant chaque centimètre de son visage. Ta langue est gonflée, tes lèvres cyanosées et tes pupilles dilatées. Ce sont les premiers symptômes d’un empoisonnement par le Purple. Qu’avez-vous mangé  hier soir ?

- Du civet. Les gars ont chassé le lapin sur le voyage du retour.

- Les lapins de Cosa Nostra mangent des champignons nommés Purple. C’est un poison mortel pour l’homme. Les habitants de Cosa Nostra s’en servaient pour s’entretuer avant l’arrivée des armes. Un si puissant équipage décimé par un simple poison, quelle mort stupide !

- Quel tact… Dans l’état actuel des choses, je me fiche de l’histoire de ton pays.

- C’est en lisant des livres sur l’histoire de ce pays que j’y ai découvert le remède. Merde ! A cause de ce fichu champignon, nous n’arriverons peut-être pas à temps à Myconos. Si le doc n’a pas les bons ingrédients, ils vont tous y passer !

- A quoi penses-tu ?

- … J’espère pour vous que le doc à ce qu’il faut à l’infirmerie…

- Je vois… Je compte sur toi Amalya pour nous sortir de ce merdier.

La pirate retourna à l’officine et allongea le doc sur le lit. Elle ouvrit tous les placards puis sortit tous ce qui était susceptibles de servir à la composition de l’antidote. Par chance, le doc était prévoyant. Du Carcone Zombi, le remède de tous les poisons végétales. Une émulsion d’une poignée de graines suffirait mais avant tout, il fallait faire vomir tout l’équipage pour diminuer drastiquement la quantité de poison dans leurs corps. Elle courut à la cuisine, récupéra tous les plats creux et les distribua au maximum de pirates.

- Que veux-tu que je fasse d’un putain de saladier… Grogna Shanks dont l’état empiré à vue d’œil.

Amalya repartit aussitôt en cuisine et fit chauffer plusieurs litres d’eau dans laquelle elle jeta quelques grammes de poudre d’Ipéca. Elle versa le contenu dans des bouteilles vides qu’elle fit boire à chaque homme.

- Je comprends mieux l’utilité du saladier… Murmura Shanks en vomissant dedans.

Elle prépara ensuite le remède en commençant par écraser les graines qu’elle fit ensuite bouillir dans de l’eau pour en récupérer l’huile. Elle obtint un liquide légèrement épais en mélangeant l’huile avec du lait et de la lécithine qu’elle distribua enfin à l’équipage. Toutes les pièces du bateau s’imprégnèrent d’un nauséabond relent de vomis tandis qu’Amalya s’agita toute la journée pour soigner ses compagnons.

Au coucher du soleil, elle revint examiner le capitaine qui, à nouveau sur pied, aidait les autres à se lever.

- Bien joué Amalya !

- Tout le monde dans la salle à manger, j’ai préparé un bouillon pour vous réhydrater.

Réunis autour de la table, elle servit les pirates dans des verres puis elle s’allongea sur une banquette près d’une fenêtre.

- Il n’y a plus de vaisselle et comptez pas sur moi pour la laver ! Rigola-t-elle moqueuse.

- Tu es meilleure en préparation d’antidote qu’en cuisine… Fit Ben en buvant la soupe.

Endormie, Amalya ne surenchérit pas au sarcasme de Ben. Shanks la couvrit avec sa cape et s’assit à côté d’elle.

-On lui doit nos vies… Reposez-vous cette nuit, on repart dès l’aube !

 

 

 

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