Amalya

Chapitre 13 : Chapitre 13 : retour aux sources

5161 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 13:51

- La côte est complètement dévastée, il n’y a aucun endroit pour accoster, fit Ben à son Capitaine.

- Nous n’avons pas le choix. Nous allons utiliser la barque et faire un camp sur l’île. Le bateau restera ici avec quelques hommes. Amalya ! Va les aider à préparer le matériel. Amalya !?

La jeune femme, debout sur la balustrade, fixait l’île depuis plus d’une heure.

- Quelque chose ne va pas ? Demanda Ben.

- Vous n’avez rien entendu tout à l’heure ?

- Non. Qu’as-tu entendu ?

- Rien…

Les deux hommes se regardèrent, surpris par son étrange comportement. Persuadée que la voix était bien réelle et non pas l’œuvre de son esprit, elle sauta sur le pont et partit aider les autres afin d’aller le plus vite possible sur l’île pour voir ce qui s’y passé.

Une heure plus tard, tout l’équipement nécessaire fut enfin réuni et l’équipage commença les allers retours du bateau à la plage à l’aide d’une embarcation propulsée par un coquillage céleste, le ventio dial. Ravagée par les boulets de canon de la marine, une partie de l’île était parsemé de cratère tandis que tout le reste avait été incendié. Malgré ce carnage, la vie avait repris ses droits et la forêt avait repoussé.

Amalya fut la première à mettre pied à terre, animé par une irrésistible envie d’en savoir plus. Elle participa au montage des tentes pour y mettre à l’abri les provisions et alla couper du bois pour les futurs repas. Une fois les corvées accomplies, Shanks créa trois groupes qui partiraient dans trois directions différentes à la découverte de l’île.

Le premier groupe, mené par Ben, se dirigerait vers le sommet de la montagne afin d’avoir une vue d’ensemble. Le second groupe, mené par le doc, ferait le tour de l’île à la recherche de traces de civilisation. Le troisième groupe, mené par Shanks, traverserait la jungle pour y trouver un point d’eau.

- Capitaine, je souhaiterai faire partie de ton groupe plutôt que celui qui longe la côte.

- Si tu veux, Roar va avec eux.

Le doc, heureux de faire cette expédition en compagnie d’Amalya, fut très déçue par cet échange et partit en boudant.

- Je vais essayer de me blesser pour que tu puisses t’occuper de moi à ton retour ! Lui cria-t-elle le pouce levé.

Le doc lui sourit et reparti à nouveau heureux tandis que Shanks la regarda d’un œil sévère. L’expédition dans la jungle dura trois jours. Ils y trouvèrent plusieurs sources d’eau potable mais pas le moindre animal ni vestige humain. De retour au camp, le troisième groupe attendit les deux autres qui n’arrivèrent que quelques jours plus tard à la nuit tombée. Les compagnons les plus proches de Shanks le rejoignirent à sa tente à l’écart du camp. Ben, le doc, Yasopp, Lucky s’assirent à côté de leur capitaine autour d’un feu pour faire leur rapport.

- Lorsque nous avons atteint le sommet du volcan, Yasopp a pu apercevoir à l’aide de son viseur plusieurs petits villages près de la côte, enfin plutôt ce qu’il en restait. Autrement, l’île est recouverte d’une jungle très dense à travers laquelle on ne peut rien voir, dit Ben en fumant une cigarette.

- En effet, nous avons traversé trois villages en ruine où vivaient certainement des pêcheurs et des paysans. Nous avons trouvé quelques ossements. A part ça, aucune autre trace des habitants, ils ont peut-être été emmené par la marine avant l’attaque, continua le doc en pleine réflexion.

- De notre côté, rien à signaler. Pas la moindre âme qui vive comme nous l’avions senti en arrivant sur l’île, rajouta Shanks. Je ne peux donc pas utiliser mon pouvoir ici.

- As-tu essayé sur les plantes ? Demanda Lucky.

- Oui mais aucun résultat. De toute manière, je ne sais même pas si ça fonctionne avec le monde végétal. Je possède ce pouvoir depuis trop peu de temps pour savoir l’utiliser correctement. Je ne comprends pas les raisons pour lesquelles la marine à détruit cette île. Que pouvait cacher de simples paysans ? Je crois que nous en saurons pas plus. Nous allons attendre que le log pose se recharge et nous repartirons.

- Comment peux-tu être sûr que personne ne vit ici ? Intervint Amalya qui s’était rapprochée pour écouter la conversation.

- Tu n’as rien à faire ici Amalya, je ne t’ai pas convoqué.

- Tu n’as pas répondu à ma question. J’ai besoin de savoir ce qui se passe, surenchérit-elle agacé.

Ben jeta sa cigarette dans le feu et la regarda droit dans les yeux.

- Ferme la. N’oublie pas où est ta place. Evite de manquer de respect au Capitaine car un jour, cette manie d’ouvrir toujours ta bouche va finir par vraiment m’énerver. Ensuite, l’équipage aurait été mis au courant une fois la réunion terminée. Alors, retournes d’où tu viens et tu attends comme les autres.

- J’ai entendu une voix. Quelqu’un vit encore ici.

- C’est impossible.

- Mais comment pouvez-vous le savoir ? Nous n’avons pas exploré toute l’île !

- Nous n’avons pas besoin de voir pour savoir qu’il n’y a plus de vie Amalya. Il suffit de le sentir, intervint enfin Shanks. C’est un des pouvoirs du haki. Nous pouvons sentir la présence des êtres vivants.

Elle se souvint de la nuit de la tempête lorsqu’elle avait sauvé Cornaq. Elle avait elle-même utiliser involontairement et durant un court instant cette capacité.

- Mais cette personne efface peut être sa présence !

- C’est possible, certaines personnes en sont capables. Mais comment expliques-tu qu’il n’y est que toi qui la ressentes ?

- Sûrement parce que je suis plus douée que vous, répondit-elle en retournant vers son camp.

Enervé, Ben finit par se lever lorsque Shanks lui demanda de se rasseoir. Ce dernier ferma les yeux et concentra toute son attention sur l’île. Il soupira et hocha la tête.

- Il n’y a rien…

- Evidemment qu’il n’y a rien Capitaine. Elle est tout simplement folle, Doc tu devrais la soigner !

- Elle a peut-être raison Capitaine. Elle a sentit l’arrivée de la tempête du siècle sans même la voir et lorsque nous étions coincé sur l’île estivale, elle a également ressentit l’orage arriver. Il est possible qu’elle soit plus perceptive que nous, défendit Yasopp.

- D’accord, elle est capable de prévoir les changements de temps, elle ferait une bonne navigatrice et après ? Il ne s’agit pas de ça.

- Yasopp a raison. Elle n’est pas une femme ordinaire, on devrait lui accorder le bénéfice du doute, rajouta le doc.

- Dans ce cas, en attendant la recharge du log pose, nous continuerons d’explorer l’île, conclu Shanks.

Amalya s’allongea sur une serviette à la lisière de la forêt, en retrait du camp et tenta d’employer le haki pour retrouver l’inconnu à la voix agonisante mais sans succès. Elle observa alors les étoiles et finit par s’endormir.

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A quatre pattes, elle imitait les louveteaux qui jouaient autour d’elle. Elle sauta sur l’un d’eux lorsque leur mère apporta un lapin tout juste tué. Etant la favorite de la louve, elle mangea la première pendant que les autres attendaient impatiemment leur tour. Le ventre rassasié, elle leva les yeux vers le figuier des banians dans lequel une créature noire l’observait avec tendresse. Se sentant en sécurité, elle lui sourit et sombra dans le sommeil.

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Elle se redressa brusquement et chercha les traces de sang sur ses mains. Ce n’était qu’un rêve. Tout l’équipage s’était endormi et le doc, allongé à côté d’elle, aussi. Elle porta alors son attention sur la forêt et décida d’y faire une petite randonnée. A peine mit-elle un pied dans la jungle que quelqu’un lui tira le bras.

- Je viens avec toi princesse. Moi aussi j’aimerais trouver cette personne.

- Merci Doc, souffla-t-elle en souriant.

Ils marchèrent durant neuf heures sans avoir la moindre idée de l’endroit où ils devaient se rendre lorsque le doute finit par envahir la jeune femme qui s’assit au pied d’un arbre.

- Doc, je crois que je deviens dingue. Peut-être n’y a-t-il vraiment rien. Je ne ressens aucune présence et je ne sais pas où chercher.

- C’n’est pas grave princesse, on aura essayé. Tu as fait une erreur, ce sont des choses qui arrivent.

Il passa sa main dans ses cheveux et sentit son crâne brûlant.

- Amalya ? Regarde-moi, tu es sûre que ça va ?

Le visage rouge et perlé de sueur, elle ne semblait pas au sommet de sa forme.

- J’ai la tête qui tourne.

- Depuis combien de temps ? Tu ne t’es pas fait piquer par un insecte ?

- Non. Ça a commencé dès notre arrivée sur l’île. J’ai chaud, tout le temps…

- Faisons demi-tour, il faut que je t’examine. Tu t’en sens capable ?

- Pas de soucis Doc, je n’ai pas mal, c’est juste la forêt qui tangue un peu…

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Le coq était en train de préparer le repas lorsqu’il vit débouler de la jungle le doc avec Amalya sur son dos.

- Capitaine ! Ils sont de retour !

Shanks et une partie de l’équipage encercla les deux pirates qui était parti presque vingt-quatre heures.

- Que s’est-il passé ?

- Capitaine, il me faut des compresses, de l’eau fraîche et tout le matériel que j’ai apporté ! Je veux aussi des serviettes et une tente propre, vite !

- Doc j’ai chaud… Trop chaud… J’en peux plus…

Il porta la jeune femme dans ses bras et couru jusqu’à la mer pour la plonger dedans. Il retourna sur la plage et l’allongea dans la tente déjà prête. Il l’a déshabilla et regarda minutieusement tout son corps à la recherche d’une quelconque blessure. Il l’a recouvrit de serviettes trempées et lui fit avaler un médicament lorsque Shanks entra.

- Cela fait plusieurs jours qu’elle a de la fièvre et son état a soudainement empiré dans la forêt. J’ai alors pensé à une piqûre d’insecte ou à une plante mais elle ne porte aucune trace. C’est peut être une maladie. Quelqu’un d’autre a-t-il les mêmes symptômes ?

- Non.

- Il faut l’emmener sur le bateau, tout mon matériel est à l’infirmerie.

- Allons-y tout de suite.

- Non… Je veux rester là… Je dois rester sur l’île… J’ai juste un peu chaud…

- La fièvre peut être dangereuse et tu as certainement attrapé un virus, il faut te soigner princesse.

- J’ai dit non. Emmène tes affaires ici et n’en parlons plus !

Le doc soupira et céda à son caprice. Il fit envoyer des hommes à sa place et commença ses analyses dès leur retour. La nuit passa tranquillement lorsqu’au petit matin, Shanks vint demander des nouvelles.

- Il n’y a absolument rien. Son sang est sain. Elle est en parfaite santé ! S’énerva le doc, plus stressé que jamais. Ce n’est pas normal. J’ai refait tous les tests cinq fois et rien.

- Ce n’est sûrement qu’un coup de chaud.

- Possible, mais la température ne veut pas baisser…

- Ca va aller Doc… Arrête de t’inquiéter. Capitaine, vous n’avez toujours rien trouvé ? Demanda Amalya essoufflée.

- Non mais on continue l’exploration.

- Je vais dormir un peu maintenant…

Au coucher du soleil, le doc sortit se dégourdir les jambes et respirer un peu d’air frais en marchant le long de la plage lorsqu’il entendit quelqu’un criait. Il se retourna brusquement et vit Amalya à l’extérieur de la tente, à genoux, le visage contre le sable. Il courut aussitôt à ses côtés, la peur au ventre.

- Ça brûle ! Mon corps me brûle ! Putain ça brûle ! Cria-t-elle en tapant le sol du poing.

La respiration saccadée, le cœur battant la chamade, d’étranges visions l’assaillaient. Les images s’enchainaient à toute vitesse. Des flammes. Des animaux effrayaient. La fumée dans le ciel. La chaleur insoutenable. Un boulet de canon qui tomba sur elle. Puis le noir total. Elle se tint soudainement le bras droit et hurla de douleur.

- Amalya ! Cria le doc en lui tenant les épaules. Calme-toi ! Ton bras n’a rien !

Shanks lui attrapa le menton et releva son visage couvert de sueur et de sable. Il éclaira ses yeux à l’aide d’un lumino dial et vit ses pupilles se dilataient et se rétractaient sans cesse.

- Elle ne nous voit même plus ! On l’emmène au bateau immédiatement, elle doit quitter cette île !

Tandis que le doc l’emmenait à la barque, Amalya se débattait tant bien que mal pour ne pas y aller. Arrivé au Red Force, Shanks fit couler un bain et le remplit de glace puis ils l’immergèrent dedans. Quelques secondes dans ce froid intense finirent par la calmer et elle reprit ses esprits.

- Que s’est-il passé ? Leur demanda-t-elle en claquant des dents.

- Tu n’étais plus toi-même. Comment te sens-tu ?

- J’ai froid… Et je suis épuisée.

Elle sortit de l’eau et partit vers sa chambre où elle dormit sur le champ.Deux jours plus tard, l’équipage était réuni dans la salle à manger, débattant sur les raisons de la destruction de Boratora lorsqu’Amalya rentra dans la pièce et vint s’asseoir à table. La mine défaite et d’une humeur mélancolique, elle resta prostrée le regard dans le vide.

- Nous avons exploré toute l’île et nous n’avons rien trouvé, fit Ben en brisant le silence.

Un orage éclata au loin. Amalya se posta devant une fenêtre et regarda l’île à l’horizon s’éloignait de plus en plus. Accablée par la tristesse, elle marcha le long de la salle en serrant sa tête entre ses mains.

- Tu ne te sens pas bien ? S’inquiéta le doc.

- Il faut que j’y retourne….

- Ca suffit Amalya ! Tu avais tort et je ne veux plus en entendre parler, c’est clair ?

- Oui Capitaine…

- Aide-moi à servir tout le monde, ça te changera les idées, dit le coq en lui donnant un plat.

Les mains tremblantes et le regard brouillait par les larmes, elle remplit les assiettes de chaque pirate quant au moment de servir Shanks, elle eut une nouvelle vision. Celle de deux grands et magnifiques yeux jaunes. Puis cette même voix agonisante résonna dans sa tête.

« Je t’en supplie, ne pars pas petite sœur »

Une partie de sa mémoire lui revint alors. Elle avait vécu sur cette île. La meute. Les habitants. Le jeune homme aux cheveux noirs. Et la créature qui veillait constamment sur elle. Choquée par cette révélation, elle fit tomber le plat sur les pieds du Capitaine. Débordante d’énergie, elle fixa Shanks d’un regard déterminé.

- Je n’ai jamais tort.

Elle courut vers la porte qu’elle ouvrit d’un coup de pied tandis que Shanks, Ben et le doc se levèrent pour la rattraper.

- Amalya ! Hurla Shanks hors de lui, si tu montes dans la barque, tu vas le regretter !

Elle courut vers la balustrade et sauta dans la mer.

- Elle se fout de ma gueule !

Les trois hommes jetèrent l’embarcation à l’eau, sautèrent dedans et démarrèrent en trombe pendant qu’Amalya, à la surface de l’eau, nageait le plus rapidement possible. Très vite rattrapée, elle sut qu’elle n’avait aucune chance de s’approcher du rivage en gardant ce rythme. Elle plongea sous la surface et se força à respirer malgré le liquide qui envahissait ses poumons.

« Vite, plus vite, dirige-toi vers le sommet du volcan »

« J’arrive »

Sentant une incroyable force affluer dans tout son corps, sa vitesse augmenta prodigieusement en seulement quelques battements de pied. Capable de respirer grâce à l’oxygène que contenait l’eau, elle finit par atteindre la plage sans effort.

- Comment a-t-elle pu nager aussi vite et sans reprendre sa respiration ! Cria le doc médusé.

L’orage grondait au-dessus de l’île, frappant la jungle de centaines d’éclairs.

- Si elle ne meurt pas foudroyer, je veux bien m’en charger Capitaine ! S’exclama Ben une cigarette trempée à la bouche.

Les pirates atteignirent enfin la plage et partirent à la poursuite d’Amalya qui était déjà dans la forêt. La pluie diluvienne avait transformé le sol en boue, rendant difficile la course. Courant sur le flan du volcan, le visage entaillé par les branches et le corps recouvert de terre, la jeune femme ne faiblissait pas lorsqu’un éclair frappa un arbre juste à ses côtés, la faisant tomber et glisser sur vingt mètres en contrebas.

- Elle court vite la garce ! S’énerva Ben des feuilles plein les cheveux.

- C’est parce qu’elle sait qu’elle va s’en prendre une ! Ajouta Shanks.

- Vous êtes durs avec elle ! Je reconnais qu’elle a peut-être un grain mais ce n’est pas en lui tapant dessus que vous allez arranger les choses ! Fit le doc essoufflé.

- T’inquiète ! Elle a la tête dure. Comme les animaux, il faut lui montrer par la force qui commande ! Là-bas, je la vois !

En voyant Amalya se relevait de sa chute, Ben redoubla d’effort et réussit à l’attraper par les cheveux avant de la jeter à terre. Shanks, juste derrière, se jeta sur elle et la bloqua au sol en posant ses genoux sur sa poitrine.

- Jamais personne ne m’a autant énervé que toi ! Si tu as un don, c’est bien celui de faire chier le monde ! Hurla-t-il à son visage.

- Tu me fais mal… Gémit-elle en tentant de le repousser.

- Tu veux notre mort ?! Dit-il en lui montrant les éclairs qui continuaient de s’abattre tout autour d’eux.

« Dépêche-toi, je ne tiendrais plus très longtemps »

Amalya posa son pied sur le torse de Shanks et le rejeta de toutes ses forces, le projetant plusieurs mètres en arrière. Celui-ci atterrit sur ses pieds et posa la main sur ses côtes, un léger rictus de douleur aux lèvres.

- Je crois qu’elle m’a fêlé quelques côtes… Souffla-t-il en souriant impressionné par sa force.

- Cette fois-ci, s’en est trop !

Ben s’approcha d’elle avec l’intention d’en découdre lorsque Shanks lui ordonna d’arrêter.

- Ben, regarde la, elle n’est pas dans son état normal !

Amalya, légèrement accroupie en position d’attaque, montrait ses dents tout en grondant comme un animal et ses yeux noirs leur intimaient de ne pas s’approcher davantage.

- Laissons la partir et suivons là.

Quelques secondes s’écoulèrent et elle repartit dans son ascension vers le sommet de la montagne, suivit à distance par les autres.

« Je suis là, juste en dessous »

Amalya s’arrêta subitement et frappa d’un puissant coup de pied le sol qui s’affaissa sous ses pieds, la faisant tomber dans une cavité souterraine. Les trois hommes sautèrent dans le trou et atterrirent juste derrière elle, dans le noir. Une légère respiration saccadée entrecoupée de sifflements brisait ce silence de mort et une affreuse odeur de putréfaction rendait l’air irrespirable. Shanks prit le dial et éclaira la grotte.

- Mon dieu… Murmura le doc effaré.

Toute la tension qu’ils avaient accumulée s’évapora aussitôt face à ce triste spectacle. Shanks se mit à genoux à côté d’Amalya, déjà assise sur le sol et posa sa main sur son épaule. Il regarda tendrement cette étrange femme dont le visage dégoulinait de larmes. Les deux mains sur sa poitrine, Amalya ressentit au fond de ses entrailles un désespoir intolérable. Elle gémit de douleur et se prosterna devant la créature.

- Pardon… Pardon… Pardon… Tout est ma faute… Pleura-t-elle silencieusement.

Le dragon noir ouvrit lentement ses ailes, tendit sa tête vers elle et lui lécha le visage.

« vingt-trois années de souffrance ne sont rien comparé à cette instant de bonheur, je suis heureuse de te revoir petite sœur »

Amalya passa ses bras autour du cou du dragon et frotta son visage contre son énorme museau. Le corps de la bête entièrement brûlé et son aile droite déchiqueté firent frémir la jeune femme qui éclata en sanglots.

« Pardonne moi, je n’ai pas su te protéger de ce monde »

Le dragon gémit et se laissa tomber sur le flan avant de vomir un liquide visqueux et noirâtre. Amalya se jeta à son cou et lui caressa le crâne.

- Je t’en prie, ne me laisse pas seule… J’ai besoin de toi….. Dis-moi ce que je dois faire… Je suis perdue…

Le cœur de la créature ralentit énormément et sa vision s’estompa.

« Ta nature humaine te perturbe mais tu ne dois pas oublier la mission que nous a confié Mère. Mon rôle consiste seulement à te protéger. Et j’ai échoué…. Pardonne-moi »

Amalya enlaça la bête qui rendit son dernier souffle et lui murmura à l’oreille :

- Je te pardonne.

Le corps en décomposition s’affaissa sur lui-même et disparu dans un nuage de cendre. Comme si elle avait perdu une partie de son âme, un grand vide s’installa en elle. Ecrasée par cette lourde perte, elle se mit à genoux et attendit.

- Allez-vous-en, dit-elle aux trois hommes.

- Amalya, tu ne peux plus rien faire, retournons au bateau, fit Shanks compatissant. Rester seule ne t’aidera pas à surmonter cette épreuve. Si tu as besoin d’aide, je suis là, lui dit-il en prenant sa main.

Elle se releva et sortit de la grotte avec eux puis elle prit le dial pour éclairer le tas de cendre afin de faire ses adieux lorsqu’elle y vit une étrange bosse. Elle sauta dans le trou et enfonça ses mains dans la cendre.

- Il y a un œuf !

Elle ressortit de la grotte et l’examina de plus près.

- Ca bouge…. Je prendrai soin de toi… Murmura-t-elle en le serrant contre elle. Ben ! Ton écharpe !

Celui-ci leva les yeux au ciel avant de lui jeter le tissu qui lui servait de ceinture pour son arme. Elle enroula l’œuf dedans et le mit sur son dos.

- Allons-y.

Les trois pirates se regardèrent, encore surpris par la situation qu’ils venaient de vivre. Sous la pluie battante, ils retournèrent tous au Red Force, la tête pleine de questions sans réponses. A peine posèrent-ils le pied sur le pont qu’un cri retentit dans le ciel.

- Clakbek !

L’aigle royal plongea en piqué vers le sol et se posa délicatement sur le bras tendu d’Amalya. Elle défit l’étui de sa patte, en sortit une lettre et s’éloigna de ses compagnons pour la lire.

« De retour au bercail auprès d’Anna. J’ai reçu une visite ce matin à laquelle je ne m’y attendais pas. Un des hommes de Don Vito est venu me proposer un contrat pour le débarrasser d’un équipage pirate qui serait venu s’installer dans sa ville et qui chercherait à faire main mise sur ses affaires. Il m’a suggéré de faire appel à toi pour ton expérience du combat mais également parce qu’il souhaitera te revoir… Pour des raisons d’argent, je ne ferai pas appel à d’autres mercenaires, je te laisse t’en charger, avec ou sans ton équipage, c’est toi qui voit. La chance te sourit puisque le symbole de Kaïdo orne leur pavillon. Si tu as besoin de quoique ce soit, demande à Mama, elle me doit un service. Passe le bonjour à tout le monde de ma part, certains seront peut être content de te revoir…Ma Lya, fais attention à toi et tiens moi vite au courant. »

- Qu’est-ce que c’est ? Lui demanda Shanks de loin.

- Une lettre de Tino, il est bien rentré chez lui et il nous souhaite une bonne route !

Elle se retourna et s’accouda à la balustrade avant de jeter la lettre par-dessus bord. Amalya resserra l’écharpe qui soutenait l’œuf et sourit. Tracé par la chance et la détermination, le chemin qui s’ouvrait petit à petit devant elle la conduisait vers la réponse à la question qu’elle se posait constamment : Qui suis-je ?

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