Amalya

Chapitre 9 : Chapitre 9 : Las Negras

3137 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 02:15

25 ans plus tôt sur une île du nouveau monde

- Grand frère, tu vas trop vite !

- Tais-toi Lucie, il ne faut pas faire de bruit. Je savais qu’il ne fallait pas que je t’emmène !

La petite fille se tut et accéléra le pas. Hector, garda le même rythme tout en jetant des coups d’œil aux alentours. Il connaissait cette immense jungle comme sa poche.

- On est bientôt arrivé Lucie, c’est près de la rivière.

- C’est vrai qu’il y a des bébés ?

- Le copain de papa a dit qu’il y avait une meute de loup dans le sud de la forêt. Alors je suppose qu’il y a peut-être des louveteaux. On y est ! Viens, on va monter dans l’arbre.

Les deux enfants escaladèrent un figuier des banians et sortirent leurs affaires pour la nuit. Le soleil s’était couché depuis un petit moment et, plus patients que jamais, ils attendirent en silence jusqu’à ce que Lucie entende un jappement. Un loup sortit de sa tanière suivit de trois louveteaux âgés de quelques mois. Ils se tinrent la main et admirèrent ce spectacle ne regrettant pas d’avoir les membres endoloris après avoir attendu si longtemps.

- Il y en a un de bizarre, je crois qu’il n’a pas de poils.

La lune n’étant pas pleine, la forêt était peu éclairée. Il sortit sa paire de jumelle et observa à nouveau la meute.

- Ce n’est pas un loup, c’est un bébé ! Cria-t-il stupéfait.

La meute leva les yeux vers les branches de l’arbre et couru aussitôt se cacher dans sa tanière. Les enfants retournèrent à leur village raconter ce qu’ils avaient vu donnant lieu à une nouvelle expédition composée de leurs parents et de quelques villageois. Le lendemain soir, les branches du figuier des banians se courbèrent sous le poids de ses hommes qui guettaient à leur tour la sortie nocturne des loups. La louve se montra la première, plus prudente que la veille, suivit du bébé humain tant attendu. Le père des enfants brandit son fusil vers la femelle et tira une fléchette anesthésiante. Une fois endormie, le groupe expéditionnaire entoura la louve inoffensive qui était courageusement protégée par l’enfant. Cette petite fille d’une vingtaine de mois fit frissonner tous les adultes par l’intensité de son regard noir et perçant.

************

Cela faisait trois mois que l’équipage du roux accostait d’île en île suivant la direction de la vivre card de Tino. Leur séjour variait selon ce qu’il y avait à découvrir mais aussi en fonction du temps de recharge du log pose, une boussole qui enregistrait le champ magnétique de l’île suivante afin de pouvoir s’y rendre. Ainsi, leur séjour pouvait durer de quelques heures à quelques semaines, ce qui, dans ce dernier cas, exaspérait Amalya qui ne souhaitait qu’une chose, retrouver son ami Tino le plus rapidement possible.

- Pfffff, il fait chauuuud !

Elle sortit du hamac et alla se baigner pour la quinzième fois de la matinée. La température était si élevée que les lattes de bois du pont en était bouillante. L’équipage, à moitié nu, traversait le bateau en courant pour ne pas se brûler les pieds.

- Je récupèrerai bien mon chapeau de paille….Murmura Shanks également allongé dans un hamac, sa chemise sur la tête.

- Capitaine ! Ils sont de retour ! Cria un de ses hommes du haut de la vigie.

Shanks descendit du bateau et attendit sur la plage le groupe mené par Ben qui était parti en expédition depuis cinq jours vers le cœur de cette île estivale.

- Il n’y a rien, que du sable à perte de vue, pas une âme qui vive. Et le log pose ?

- Toujours pas rechargé. Ça fait trois semaines que l’on est bloqué ici, ça commence à faire long.

Les deux hommes entendirent un cri et tournèrent la tête vers Amalya qui sortait de l’eau un poisson accroché au mollet. Elle le décrocha et le tint devant son visage.

- Tu ne me manges pas ! Qu’est-ce que je t’ai dit hein ? Personne ne me mange ! Personne ! Cria-t-elle au poisson tout en lui mettant des baffes.

- …J’espère que le log pose ne mettra pas six mois pour se recharger, certains sont déjà en train de perdre la boule. Les réserves d’eau diminuent, il n’a toujours pas plu et pas d’autres îles dans les alentours. On va peut-être devoir partir à l’aveuglette si ça continue comme ça.

- Restons encore quelques jours, le rechargement dépasse rarement les quatre semaines.

La nuit tombée, l’équipage s’habilla avec d’épaisses vestes et se réunit dans la salle à manger. Alors que la journée, la température avoisinait les cinquante degrés, elle chutait pratiquement à zéro degrés une fois le soleil couché. Amalya prit un bol de soupe et s’assit sur une banquette près des fenêtres, à l’écart des autres avec un livre à la main. Elle avait lu le carnet de bord relatant toutes leurs aventures et s’était attaqué à la bibliothèque. Alors qu’elle commença ce nouveau bouquin, une intuition naquit au fond d’elle. Elle referma le livre et se leva brusquement, faisant tomber son bol. Le bruit du fracas contre le sol attira l’attention des pirates.

- Ma soupe n’est pas bonne ? Demanda le coq.

Elle ferma les yeux pour mieux se concentrer et leva son doigt en l’air.

- Il pleut.

Les hommes regardèrent par les fenêtres et ne virent pas la moindre goutte de pluie. Ben fit tourner son doigt près de sa tempe à l’attention de Shanks qui répondit par une moue dubitative. Alors que l’équipage retournait s’asseoir à table, un énorme grondement se fit entendre suivit d’un éclat lumineux.

- Préparez les réservoirs, il faut récolter l’eau, allez on s’active ! Ordonna Shanks.

Entre le bruit assourdissant de l’orage qui tonnait et des pirates qui raclaient leurs chaises, Shanks réussit à entendre Amalya qui lui disait de regarder le log pose. Celui-ci venait juste de se recharger. Une fois l’orage terminé, le Red Force repartit en mer et prit huit jours pour atteindre Las Negras, une petite île printanière sale et sinistre où se retrouvait pirates, mafieux et joueurs invétérés afin de parier tout leur argent dans les combats, aux jeux de cartes ou de courses. L’équipage du accoster parmi les autres bateaux puisque toutes les plages et tous les quais étaient occupés.

- C’est fou le monde qu’il y a, on ne passera pas inaperçu, remarqua Yassop en descendant la passerelle.

- Il est ici, j’en suis sûre, c’est exactement le genre de ville qu’il aime ! Je pars immédiatement à sa recherche.

- Attends Amalya, tu ne pars pas seule.

Shanks constitua plusieurs groupes, un sur le bateau pour le protéger d’éventuels pilleurs, un pour le ravitaillement et un dernier pour retrouver Tino.

- On se retrouve au bateau à l’aube. S’il y a le moindre problème, vous appelez, chaque groupe a son escargophone. Lucky, Doc, Roar, allons-y.

Les trois hommes descendirent du bateau suivit d’Amalya qui aurait préféré être seule. Ils traversèrent le port et jetèrent un coup d’œil aux autres navires afin de voir s’ils connaissaient un drapeau.

- Il y a pas mal de navires civils et marchands, mais aucun de la marine. C’est étonnant qu’il y est autant de monde, il doit sûrement y avoir un événement exceptionnel. Regardez là-bas ! C’est le bateau des Foxy Pirates.

- Oui ? Tenez-moi au courant s’il se passe quelque chose. Shanks raccrocha. C’était Ben, ils ont aperçu de l’autre côté de l’île le bateau d’Eustass Kid. Je sens que cette nuit ne vas pas être de tout repos…

Un immense porte enseigne en bois délabré suspendu à deux poteaux indiquait l’entrée de la ville. « Las Negras, la ville de tous les péchés ». La rue principale, sombre et poussiéreuse, était cernée par de vieilles maisons abîmées. Certains murs, fendus et creusés par des impacts de balles témoignaient de la violence qui régnait sur cette île. Des femmes, dénudées et outrageusement maquillées, aguichaient les passants tout en surveillant leurs enfants qui jouaient ou faisaient l’aumône afin de gagner de quoi manger un repas par jour. Les hommes, quant à eux, se réunissaient dans des taudis qui faisaient office de salles de jeux et de bar pour y dépenser en alcool tout ce qu’ils avaient gagné aux cartes. Les odeurs d’urines et de sueur se mêlaient à celles de viandes grillées qu’exhalaient les restaurants miteux. Cette atmosphère, misérable et affligeante, fit frémir Amalya qui respira ces parfums à plein nez.

- Ca me rappelle tellement de souvenirs !

Ces compagnons l’observèrent avec surprise, se demandant quel genre de vie elle avait bien pu mener.

- Roar, Lucky, vous faites toutes les baraques de ce côté de la rue et nous deux feront l’autre.

Shanks et Amalya rentrèrent dans un premier bar où se déroulait un tournoi de poker et demandèrent aux joueurs s’ils connaissaient un homme du nom de Tino. Concentrés sur leurs cartes, ceux-ci ne prêtèrent pas attention à leurs questions ni à leurs têtes d’ailleurs. Ils firent la tournée des salles de jeux et des restaurants pendant une heure jusqu’à ce qu’Amalya finisse par apercevoir son ami dans une maison où se déroulait des combats de coqs.

- Capitaine, je te laisse questionner les prostituées, je vais voir les types près du gallodrome.

Elle demanda aux joueurs à combien se montaient les paris puis elle se plaça juste derrière Tino et lui chuchota :

- Ne bouge pas Tino, reste ici jusqu’à ce que je revienne.

Elle fit demi-tour et rejoignit Shanks à l’entrée.

- Rien ici non plus.

A nouveau réuni au bout de l’allée principale, les quatre pirates entendirent un brouhaha dans une rue voisine. Une foule d’une trentaine d’individus s’était amassée devant un grand bâtiment flambant neuf où était inscrit au-dessus de l’énorme porte d’entrée « Fight Club ». Un homme aux cheveux gominés et vêtu d’un costume rayé noir et blanc, debout sur un tonneau, interpellait les passants à l’aide d’un escargoparleur.

- Messieurs Dames, approchez ! Venez contempler la 18ème compétition du Fight Club qui ouvrira ses portes d’ici quelques minutes !

- Je comprends mieux maintenant pourquoi il y avait tant de navires. J’aimerai bien y participer ! Fit Roar, un membre puissant de l’équipage. Sa franchise et sa grande gueule avaient tendance à échauffer les gens mais son imposante silhouette refroidissait rapidement les esprits.

- On n’est pas venu pour ça, répondit Shanks décidé à continuer leur recherche dans le reste de la ville.

- S’il est ici, il viendra certainement voir cet événement. Allons jeter un coup d’œil, ça ne coûte rien non ?

D’immenses estrades surplombaient trois rings au centre de la pièce. A gauche de l’entrée se faisait les inscriptions au combat et à droite la prise des paris.

- Je reviens, une envie pressante...

Alors que la foule devenait de plus en plus dense, Amalya se dirigea vers l’arrière des rings en jouant des coudes et une fois hors de leur vue, elle se baissa et fit demi-tour vers la sortie en veillant à ce que ces compagnons ne la voient pas. Surexcitée à l’idée de le revoir, elle partit aussitôt rejoindre Tino. Son seul véritable ami qu’elle n’avait pas vu depuis deux ans était assis à la même place et n’avait pas bougé d’un pouce. Elle posa sa main sur son épaule et lui souffla à l’oreille :

- Qu’est-ce que tu paris cette fois-ci ?

- Mon bateau.

- Tu as un bateau !?

- Non. Tu n’aurais pas un peu beaucoup de fric sur toi ?

- …Démerde-toi, je t’attends à l’entrée. Fais vite, je suis pressée.

Elle arracha un rideau d’une fenêtre et s’en servi comme cape pour se camoufler puis s’adossa au mur près de la porte. Trente secondes s’écoulèrent lorsque Tino franchi l’entrée à toute vitesse suivi de deux types qu’il avait roulé. Amalya soupira et sortit à son tour.

- Eh les gars ! Il vous doit combien ?

Ils s’arrêtèrent et la scrutèrent de haut en bas. L’un des deux hommes, le visage caché par un masque troué bleu et blanc, répondit à sa question.

- Ton pote nous doit cinq millions de berry plus un bateau.

La jeune femme sortit de sa veste une liasse de billets qu’elle leur tendit.

- Tiens, dix millions et on oubli le bateau.

- Dix millions ne suffiront pas à laver cet affront, dit-il en mettant l’argent dans sa poche. Il va falloir m’offrir autre chose.

- Dans ce cas, il faut voir avec notre Capitaine.

- Vous êtes des pirates ? C’est lamentable, un poltron et une pisseuse. Un équipage a le capitaine qu’il mérite. Et qui est ce crétin qui vous sert de chef ?

- C’est un grand type, plutôt roux, avec une espèce de cicatrice sur l’œil… Ah ! En parlant du loup, il est là-bas !

Les deux hommes se retournèrent et virent Shanks qu’ils reconnurent immédiatement.

- Putain… Le roux…

- Laisse tomber Killer, allons prévenir le boss.

Amalya en profita pour s’éclipser et retrouva Tino planqué trois rues plus loin.

- Ma Lya ! Tu m’as sauvé ! S’exclama-t-il en la prenant par la taille avec l’intention de l’embrasser. Il se prit à la place une violente claque doublé d’un reproche.

- Tu devrais te faire greffer une paire de couille.

- …Tu les as tués ?

- Je ne tue pas à tout va… Je leur ai filé dix millions de berry.

- C’est une sacrée somme ! Tu les as obtenus comment ?

- Je les ai empruntés.

- Emprunté… Ce mot ne fait pas partit de ton vocabulaire… Viens, on va chez moi.

*************

- Merde ! Où est-elle passée ? S’énerva Shanks en cherchant cette fois-ci Amalya autour du fight Club.

- Cette manie qu’elle a de disparaitre ! S’inquiéta le doc.

- En même temps, ce n’est pas très malin de la laisser seule. Vous avez remarqué comment les gens la dévisageaient ? Une aussi belle poupée, ça se fait vite kidnapper ! Ça ne m’étonnerai pas qu’elle soit vendue comme esclave, surtout dans ce genre de ville. Enfin, moi je dis ça mais je ne dis rien… Dit Roar sous le regard glacial de son capitaine qui composait un numéro sur l’escargophone.

- Ben, oubli le ravitaillement, rejoignez-nous devant le Fight Club, Amalya a disparu.

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