Amalya

Chapitre 6 : Chapitre 6 : le vieux sage

2767 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 11/02/2016 09:11

~~Aerus leur proposa de rester dans la cité bleue pour la nuit. Même si sous terre, il n’y avait ni ciel ni saison, le monde continuait de tourner à la surface, et le soleil avait fini par se coucher.

- J’aimerai m’entretenir avec vous, j’ai quelques questions à vous poser.

- Je sais mais avant cela, laissez mon ami Sturf vous montrer vos chambres. Elles ne sont pas très confortables mais j’espère qu’elles vous conviendront. Je vous rejoindrais quand vous serez installés.

L’équipage suivit Sturf, un petit homme velu comme un singe. Ses arcades sourcilières proéminentes lui donnaient un air féroce mais son sourire béat le rendait attendrissant.

- Alors Sturf, comme ça vous n’êtes jamais sorti d’ici ? Il y a pleins de choses extra dehors. Aerus ne vous en a jamais parlé ?

- Sturf, sturf, stuuuurf, répondit Sturf en se grattant le derrière d’une main et le nez de l’autre.

- Okaaaay, je comprends mieux maintenant…

Shanks ne chercha pas à en savoir davantage et préféra observer les alentours. La vie semblait paisible, voire ennuyeuse à mourir pour un pirate comme lui. Les poilus – surnom donnait aux petits hommes – flânaient ici et là. Les enfants s’amusaient à se courir après tandis que les femmes les surveillaient tout en préparant le repas. Les hommes, quant à eux, se divertissaient en jouant aux osselets ou en concourant à celui qui péterai le plus fort, ce qui fit rire Shanks à plein poumon. Décidemment, les femmes n’avaient pas de chance, peu importe l’époque. Ils traversèrent un potager luminescent aux fruits et légumes inconnus entretenu par des poilus et par une grande femme, également aux cheveux blancs, qui leur fit signe de la main.

- Salutation, messieurs de la surface, je me nomme Aeva et c’est un honneur pour moi de vous rencontrer. Je vous souhaite la bienvenue dans notre modeste cité.

- Modeste mais splendide ! C’est un très joli prénom que vous avez là… Dites-moi Aeva, nous avons parcouru beaucoup de tunnels gravés d’énigmes et j’aurai aimé savoir qui les avait inscrites.

Le sourire de la jolie jeune femme s’effaça et son doux visage s’assombrit.

- Je suis désolée, je ne vois pas de quoi vous me parlez. Veuillez m’excuser, je dois retourner à ma cueillette.

- Raté Capitaine ! Ton charme n’a pas d’effet ici ! Taquina Lucky.

L’équipage continua de suivre Sturf jusqu’au sommet de la ville où leur nouvelle demeure était loin d’être modeste. Même si le mobilier était rare, le peu qu’il y avait été richement décoré et les murs croulaient sous de magnifiques gravures d’animaux et de forêts. Le sol, tapissé d’épaisses fourrures bleues et dorées, donnaient envie de se rouler dedans. Le plafond, illuminé par le lichen, rappelait le ciel étoilé de la surface. Les pirates aveugles regrettaient d’avoir tenté de résoudre la première énigme.

- Ne vous inquiétez pas, on va trouver le type qui vous a fait ça et vous reviendrez comme avant, faites-moi confiance.

Les pirates n’avaient jamais douté de la détermination de leur chef. Ils avaient toujours eu une confiance aveugle en lui car il réussissait tout ce qu’il entreprenait. C’est pourquoi aucune mutinerie ne s’était jamais produite au sein du groupe et que l’ambiance y été toujours agréable. Shanks était un homme bon et juste qui revendiquait des valeurs telles que l’amitié, la tolérance et le respect et qui par conséquent, était impitoyable avec les gens malhonnêtes, agressifs et cruels.

Il s’accouda au rebord de ce qui devait être une fenêtre et admira la vue qui s’offrait à lui. Il vit au loin un pan de mur s’effondrait et reconnu Ben et le Doc. Il enjamba l’embrasure et partit rejoindre ses deux amis.

- Ou est-t-elle ? Chuchota-t-il à travers sa mâchoire serrée. Son regard noir et son poing fermé ne présageait rien de bon.

Ben lui expliqua leur déboire et le Doc tenta de le calmer en expliquant qu’Amalya était coriace et particulièrement chanceuse, et qu’après tout, elle était juste tombée dans un autre tunnel.

- En gros, vous êtes en train de me dire qu’il y a sûrement un type qui possède le pouvoir du fruit de l’effondrement, qui, je vous le rappelle, a tenté de nous diviser voire tuer et qu’il existe, au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, certainement un autre possesseur du pouvoir du fruit de l’énigme qui a handicapé la moitié de mon équipage. Et que, dans tout ce merdier, Amalya est seule, au milieu de nulle part, dans le trou du cul du monde mais qu’avec un peu de chance, tout se passera bien. C’est bien ça ?

- …..

- Lequel de vous deux je prends pour taper sur l’autre ? Nous avons une invitée parmi nous et un groupe de trente hommes n’a pas été fichu de veiller sur elle !

- On a merdé Shanks, reconnu Ben.

- Ouais mon pote et en beauté. Je crois qu’il est temps d’aller parler à Aerus.

Ben et le Doc se questionnèrent du regard, ils avaient loupé une partie de l’histoire. Les trois acolytes se dirigèrent vers le sommet de Babel lorsque Shanks remarqua que l’atmosphère se faisait plus pesante. Les poilus, plus nerveux qu’au début, s’agitaient dans tous les sens, la tension était palpable. Une fois l’équipage au complet, tous sortirent de l’habitation et se trouvèrent nez à nez avec le chef de la cité.

- Aerus, il est temps que vous répondiez à mes questions ! Ordonna Shanks menaçant.

*******

L’homme sauta du haut de la cascade pour atterrir sur un rocher en contrebas, au milieu de l’eau turquoise. Amalya se rapprocha lentement du bassin et observa cet inconnu. De près, l’homme paraissait encore plus vieux et fragile. Sa maigreur, sa peau ridée, sa bouche édentée et ses mains figées par l’arthrose semblait être tout ce que sa longue vie lui avait laissé. Etait-il possible de lui donner un âge ? 100, 150 ans ? Tout son corps s’était tassé sous le poids d’autant d’années. Ses cheveux et sa longue barbe blanche immaculée le rendait surnaturel. Le plus déroutant était l’intensité de son regard qui, à travers ses yeux blanchis par la cataracte, prouvait que cet homme énigmatique pouvait voir bien au-delà de ce que le commun des mortels apercevait.

- Que veux-tu savoir ? Lui demanda le vieux sage.

Face à lui, Amalya était troublée. Elle ne comprenait pas la situation. Cet homme semblait la connaitre mais elle n’avait pas la moindre idée de qui il était. Elle ressentit au plus profond d’elle que cette rencontre était écrite mais dans quel but ? Une multitude de questions envahirent son esprit. Qui était-il ? Comment la connaissait-il ? Quelle était cette île ? Pourquoi le lierre avait-il tenté de la tuer ? Mais une seule et unique question la préoccupait réellement.

- Qui suis-je ?

Les yeux du sage s’agrandirent sous l’effet de la surprise. Il ne s’attendait pas à une telle question. Son corps se raidit, son regard se perdit dans le vide. Il ferma les yeux comme si le monde qu’il ne voyait pas obscurcissait ses pensées. Il réfléchit longuement.

- Répondre à ta question je ne peux.

- Quoi ? Je ne comprends plus rien.

Elle tomba à genoux et des larmes coulèrent le long de ses joues. Un court instant elle crut que son calvaire se terminerait mais la réponse du vieux la brisa. Le sage comprit alors que cette femme avait perdu une partie de sa mémoire.

- Dans ton enfance un traumatisme tu as subi.

- Un marine m’a violemment frappé la tête avec la crosse de son fusil lorsque j’avais 7 ans. Je suis tombée dans le coma plusieurs semaines. Je n’ai jamais pu me rappeler de ces premières années. J’ai la sensation que j’ai un rôle à jouer mais je ne parviens pas à savoir lequel. Chaque nuit, d’horribles rêves me tourmentent et je n’en saisie pas le sens.

Le sage réfléchi à nouveau. Cette rencontre n’avait plus lieu d’être. Il se sentit si soulagé, que pour la première fois depuis de nombreuses années, un sourire apparut sur son visage. Celui-ci disparut aussitôt car la femme avait peut-être perdu la mémoire, mais elle pouvait revenir à tout moment.

- Au passé tu ne devras plus penser. Semées d’embûches ta route tu devras tracer. Bien choisir tes amis il faudra car ton avenir en dépendra. Le bon choix tu feras car il croit en toi.

Un pan de mur s’écroula non loin d’eux faisant apparaitre un homme, surpris mais heureux d’être là.

- Je t’ai trouvé !

***********

Alors que l’équipage du Roux s’apprêtait à s’expliquer avec Aerus, un attroupement de poilus se forma derrière eux.

- Capitaine Shanks, vous n’êtes pas en mesure de me demander quoique ce soit.

- Je vous trouve bien sûr de vous pour un homme qui est entouré d’êtres préhistoriques ignorants et stupides ! S’étonna Shanks.

- Mes compagnons sont peut-être inférieurs intellectuellement mais je ne doute pas de la supériorité de leur force et courage. Permettez-moi de vous donner un conseil, ne vous fiez pas aux apparences, cela vous jouera des tours.

Ben repensa à Amalya, elle en représentait parfaitement l’exemple.

- Ou est la femme qui nous accompagnait ?

- Je ne peux vous le dire.

- Vous ne pouvez ou vous ne voulez pas ?

Un des pirates s’approcha d’un poilu pour le provoquer et se prit en contrepartie un violent coup de massue dans la mâchoire, l’éjectant à plusieurs mètres. Tous se mirent alors à brailler des sons incompréhensibles tout en levant leurs outils en l’air. Shanks se dressa devant eux et utilisa le Haki des rois, un pouvoir possédait par très peu de personne, qui permettait de faire sombrer dans l’inconscience n’importe quel ennemi faible d’esprit. Il espérait ainsi se débarrasser d’un grand nombre de poilus et éviter un affrontement inutile. Mais, à son grand étonnement, aucun d’eux ne fut touché par son intimidation. Cette horde d’idiots avait une force d’esprit extraordinaire.

- Je ne redoute pas votre colère car je sais que l’on ne craint rien, fis Aerus.

- Vous devriez pourtant vous méfier de la fureur d’un homme qui tente de sauver son amie.

- L’Hedera ne se trompe jamais.

- Quoi ?

- C’est le lierre doré qui était à l’entrée. Il se nomme l’Hedera. Je m’en souviens à présent, intervint Ben. C’est une plante mythique qui sépare le bien du mal. Toutes les plantes à la surface de l’île sont reliées à lui. Et leur pollen représente en quelque sorte le reflet de notre âme. Ils peuvent donc savoir quel genre d’homme nous sommes grâce à la couleur de ce pollen.

- En effet, peu de gens connaissent cette histoire. Le pollen bleu correspond à la sérénité et la vérité. Le jaune à la joie et la douceur. Le vert à la tristesse et le regret et enfin le rouge à la colère et au mensonge.

- Et le noir ? Demanda Shanks.

- … Vous n’auriez jamais dû vous lier à cette femme, elle n’est pas ce que vous croyez.

- Ne pas se fier aux apparences, c’est ça ? Pour la dernière fois, dites-moi où elle se trouve.

Le silence de l’homme ne fit qu’augmentait la détermination de Shanks et tous les pirates se préparèrent au combat. Les poilus se jetèrent corps et âmes dans la mêlée, mordant et fracassant tout ce qui leur tombait sous la main tandis que l’équipage, sous les ordres du capitaine qui ne souhaitait pas blesser grièvement ses petits hommes, assommait et ligotait leurs adversaires. Plusieurs minutes s’écoulèrent lorsque Aerus hurla d’arrêter.

- Allez-vous enfin répondre à ma question ?! Cria Shanks à son égard.

Le chef de la cité fronça les sourcils, leva la main vers la paroi par où était sortis Ben et le Doc et une nouvelle partie de la roche s’effondra.

- Ce chemin vous mènera à elle.

- C’était donc vous les éboulements ! Vous cachez bien votre jeu. En tout cas, merci. Je ne voulais pas en arriver là.

- Si ça ne tenait qu’à moi, Capitaine Shanks, j’aurai tout tenté pour que vous ne la revoyiez jamais.

Il se sépara de son équipage et parti seul retrouver son amie. Ce nouveau tunnel était particulièrement pentu et même parfois pratiquement à pic. Une fois le bout atteint, il vit une énigme inscrite dans la roche.

« L’émotion parfois nous le fait ressentir, le froid parfois de lui nous en fait parcourir, seul l’amour nous fait vivre le grand »

La roche s’affaissa avant qu’il est eu le temps de répondre. Une magnifique forêt scintillante se dressa devant lui et Amalya l’observant au pied d’une cascade. Un frisson le parcouru. Cette vision apaisa son âme et davantage encore quand il vit que son amie était saine et sauve.

- Je t’ai trouvé !

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