Une dernière nuit

Entrons directement dans le vif du sujet pour ce one-shot.

Style/orthographe:

C'est un one-shot écrit à la première personne. Usage pratique puisqu'il s'agit d'un étalage de pensées d'un personnage. Cela doit d'ailleurs expliquer pourquoi le texte est entièrement en italique. Les pensées sont toujours en italique, c'est bien connu. Le problème c'est qu'il n'y a que des pensées donc tout le texte est en italique. Dans ce cas, c'est inutile de formater le texte ainsi. La lecture n'est pas très confortable.

L'orthographe, plutôt la conjugaison est très problématique. L'auteur ne maîtrise pas le passé simple: on a parfois une confusion des terminaisons avec celles de l'imparfait: j'essayais mais le pire c'est quand même la conjugaison des verbes du premier groupe : "Je fermis" , "Je me sépara" , "Je lui agrippa"  etc. Les verbes de premier groupe prennent la terminaison -ai au passé simple. Un bon bescherelle aurait été un investissement non négligeable, il y en a vraiment besoin ici ! En parlant de conjugaison, la concordance des verbes a quelques ratés vers la fin, on a du présent en plein milieu et qu'on ne peut pas considérer comme mise en relief par du présent de narration. Ici, c'est une erreur. Il y a aussi des erreurs de terminaisons à divers endroits, oublis de "t" pour la troisième personne du singulier, accords du pluriel inexistants ou avec un sujet singulier. Les accords d'adjectifs, les confusions imparfait/infinitif/participe passé sont aussi à revoir. En bref, une bonne relecture guidée par des outils grammaticaux aurait été bienvenue.

Certaines tournures de phrases laissent perplexe : "Nous avions escales dans son pays natale", "Il s’essaya sur le bord du lit" (je pense qu'ici, c'est "il s'assit".) . Quelques autres cas ponctuent la fin comme si l'auteur avait voulu finir son texte à toute vitesse sans se relire. Je doute qu'il l'ait fait pour le début, d'ailleurs.

Le style pâtit beaucoup des problèmes d'orthographe. A part ça, l'auteur nous livre un texte dans un style un peu mélo, aux phrases pathétiques qui collent assez avec ce qu'il se passe même si ça fait légèrement surfait. Assez classique pour ce genre d'écrit.

Scénario/Personnages:

On assiste donc aux derniers instants de Nami par le biais de ses pensées. Cette information nous est donnée dès la fin du premier paragraphe, ce qui permet de mieux comprendre le texte. J'avoue quand même avoir eu un souci avec "Cette tentatrice aux cheveux ébènes et aux yeux azur, je ne peux faire face à cette beauté démentielle." Il s'agit de Robin. J'y reviendrai. En gros, Nami nous livre ses pensées à propos de l'homme qu'elle aime, en l'occurence, ici, Luffy. Elle regrette qu'il en aime une autre, schéma habituel. Apparemment, l'histoire toucherait à sa fin car on parle de bataille finale. Ce n'est pas évident de situer l'histoire dans le contexte du manga et le lecteur est livré à lui même et doit prendre des indices pas toujours faciles à trouver. On sent que l'histoire de bataille finale est un prétexte à l'histoire. Beaucoup se permettent ce genre de procédés. Nami, donc, en proie à un désarroi sans limites se voit interrompre sa morosité par l'arrivée du-dit Luffy qui lui demande,- ô cliché et ficelle grosse comme un pied de table -, comment savoir si on aime quelqu'un. Luffy, mon grand, tu vas apparemment te battre contre l'ennemi suprême et t'as même pas de chance de t'en tirer, comment oses-tu te conduire comme ça ? Bref, la suite est facile à deviner. En fait Luffy aime Nami, on a le droit à une scène de baiser romantiquement écrite, une nuit d'amour élipse et la mort et le suicide des femmes de Luffy. Quel sex-appeal, ce Luffy, quand même. Le tout arrosé de phrases sirupeuses et vraiment Harlequinesques. Un classique du genre, donc. Là dessus, l'auteur réussit l'exercice de la romance guimauve et bien angst. Ce One-shot est en totale contradiction avec l'univers de One Piece tel qu'Oda le représente. Tout a un pouvoir comique et décallé, aucune place pour la romance, ce n'est pas le but de ce shônen.

Au niveau des personnages, je trouve Nami bien molle pour une fille qui a du caractère. Oda la dessine souvent avec des dents de requin quand elle se met bien en colère. Je trouve que ce désarroi lui ressemble peu.

Luffy est pas très présent dans le sens où il parle peu et d'une manière sérieuse qui ne lui ressemble pas trop. Oda ne laisse pas entrevoir de romance dans son manga, ce qui fait que personne ne sait vraiment comment Luffy réagirait s'il était amoureux. Tout est tellement dérisoire dans One Piece et le comique domine toujours. Même si Sanji adore les femmes, ce n'est jamais représenté de manière sérieuse. On peut laisser le bénéfice du doute, ici.

Robin est peu présente mais elle montre à la fin qu'elle est différente de l'image que Nami donne. Je trouve que même si elle n'intervient qu'une fois, elle est assez IC. Les autres personnages sont apparement morts donc pas la peine de revenir dessus.

En résumé:

Une fanfic qui se démarque peu de ce qui se fait dans le genre romance. Le scénario est convenu, le ton est un peu pathétique, les personnages ne sont pas vraiment travaillés. L'orthographe est vraiment à revoir en ce qui concerne la conjugaison. Un bêta lecteur n'aurait pas été de trop. Une fanfic qui plaira à ceux qui aiment les histoires d'amour larmoyantes qui se finissent mal et qui ne sont pas trop exigeants.