Je t'attendrai

Chapitre 8 : Chapitre huitième

6308 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 10/11/2016 05:24

Chapitre huitième

Trois jours s'écoulèrent ainsi, rapprochant particulièrement les deux bretteurs qu'étaient Elena et Zoro. Ils ne se connaissaient que depuis quelques jours et pourtant, ils avaient l'impression d'avoir tous deux fait partie de la vie de l'autre depuis toujours, c'était... Déconcertant. Et surtout, ils se ressemblaient incroyablement. Zoro comme Elena avaient un sens de l'honneur et de la camaraderie à toutes épreuves, un caractère bien trempé et une détermination inébranlable. Ils avaient ce même côté puissant, sauvage, ce même instinct bestial, mystérieux et compliqué et surtout, cette même passion pour la force et les sabres.

Il était le requin, elle était la panthère.

Et sans même s'en rendre compte, ils en apprenaient énormément, l'un au contact de l'autre, et découvraient de nouvelles facettes de leur identité, facettes qu'ils ne connaissaient pas.

Oui, c'était certain, Elena et Zoro étaient beaucoup plus proches que ce qu'ils ne laissaient paraître.

Pour l'instant.

 

Zoro était tranquillement allongé sur son lit, paisiblement endormi. Les bras derrière la tête et les jambes croisées, comme à son habitude. Il était plongé dans un apaisant sommeil sans rêve quand il sentit -ou plutôt, ne sentit pas- deux mains qui le secouèrent légèrement au niveau des épaules. Il ne se réveilla pas, ne cilla pas. Visiblement mécontentes, les mains se mirent à donner de petits coups contre son torse, mais il ne bougea pas non plus. Sans même qu'il en ait conscience, les deux petits membres lui tirèrent les cheveux, le pincèrent, lui tirèrent les joues, le griffèrent, et il ne se réveilla que lorsqu'elles se décidèrent à lui boucher le nez.

«Pouaaah» S'écria-t-il en se relevant brutalement, essoufflé, cognant au passage une tête métisse qui se trouvait sur son chemin.

« Ittaï ! S'écria-t-il en portant une main à sa tête. Chikushou*, Elena, c'est quoi ce b- »

Mais il n'eut pas le temps de poursuivre sa phrase, car ladite Elena qui avait vraiment, vraiment, vraiment galéré à le réveiller lui mit précipitamment la main sur la bouche pour le faire taire. Il haussa un sourcil et fixa ses fins yeux dorés qui semblaient briller dans la pénombre. Elle posa un doigt sur sa bouche pour lui intimer le silence et lui désigna du regard ses compagnons masculins qui dormaient et ronflaient.

OK, si même Sanji dormait, c'est qu'il était vraiment tôt. Lentement, elle lui prit la main et le regarda comme pour lui demander son autorisation, de peur qu'il ne se remette à hurler. Il haussa un sourcil et resta immobile. On venait de le réveiller en lui coupant la respiration, il n'avait pas encore retrouvé tous ses esprits.

Délicatement, Elena se redressa et il se leva du lit en prenant soin de ne pas le faire grincer. Elle le tira légèrement et il la suivit sans un mot. Pourquoi ? Il ne le savait pas. Lorsqu'elle vit qu'il suivait ses pas, la jeune femme lui lâcha les mains et se dirigea vers la porte. Zoro, quant à lui, étouffa un grognement en considérant sa tenue et enfila d'une traite son pantalon et son tee-shirt, attrapa à la volée ses sabres qu'il ne quittait jamais, et continua son chemin. Heureusement pour lui, il s'était rendu compte avant elle qu'il n'était pas habillé.

La minute qui suivait, ils étaient dehors, sur le pont, et Elena souriait à Zoro telle une enfant, dévoilant au grand jour sa dentition. Le soleil n'était pas encore levé, et le vent était assez froid et agressif. La brise fit voler la longue robe et les cheveux de la jeune femme qui lui voilèrent le visage l'espace d'un instant, mais elle les rejeta d'un geste ferme.

« Qu'est-ce que tu veux ? Demanda Zoro en bâillant.

- M'entraîner avec toi. »

Le jeune homme se passa une main derrière le crâne et s'étira. Ouais, il se doutait bien qu'elle allait lui sortir un truc de ce genre. En temps normal, il aurait été énervé qu'on le réveille si tôt, aurait crié, frappé, juré, mais là, il se contenta de sourire et de lui adresser un regard conjuguant complicité, férocité et satisfaction, -fallait le faire- ce qu'elle lui rendit.

Juste le temps de monter jusqu'à la salle de sport, et c'était parti. Zoro remonta le bas de son pantalon pour en faire un short.

« Musculation en premier » annonça-t-il en retirant son tee-shirt, dévoilant son torse musclé et taillé. « Combats à mains nues, ensuite. »

Il se retourna et allait attraper la barre d'haltère quand il remarqua qu'Elena n'avait pas bougé et était encore vêtue de la robe qu'elle avait acheté avec Nami et de la totalité de ses accessoires.

Il croisa les bras sur son buste et soupira : « Qu'est-ce que t'attends ? Retire tes fringues, sérieux, c'est ni pratique, ni hygiénique. »

Puis, lorsqu'il vit le regard hésitant d'Elena, il comprit. Il souffla et affirma : « Daijobu*. Et puis, j'ai déjà vu tout ça. »

Il la comprenait. Vu sa tête, elle n'avait sûrement jamais dévoilé autant de son corps, ou à peu de personne, du moins. Elle baissa le regard, fronça les sourcils et il vit qu'elle pesait le pour et le contre. C'était déconcertant de voir l'audacieuse Elena qui agissait de façon timide et hésitante, pareille à une petite fille. C'était... Mignon. Zoro se gifla mentalement, et mit cette pensée sur le compte du fait qu'il était tôt, et qu'il n'était pas encore totalement réveillé. Menteur.

Alors, l'homme aux cheveux verts s'approcha d'elle, ce qui lui fit lever les yeux vers les siens. Et, une nouvelle fois, il fit ce même geste qu'il avait répété durant ces derniers jours, ce geste qui était devenu le leur. Il esquissa un sourire et cogna tout doucement le front de la métisse avec son poing. Il la vit sourire sincèrement et demanda : « Fais-moi confiance. »

C'était plus une question qu'un conseil, elle hocha la tête et le remercia du regard. Quelques secondes après, elle retirait sa longue robe pâle, dévoilant les jambières qu'elle avait en-dessous. Elle retira ses dernières, ainsi que ses chaussures, pour ne garder que le boxer blanc qu'elle avait et les bandages qui couvraient son torse comme un bustier.

Lorsqu'elle se retourna, elle ne fut pas surprise de voir que Zoro la matait sans la moindre discrétion, et étonnamment, elle n'était pas plus gênée que ça. Voir, elle aimait ça.

Elle avait accepté de retirer ses jambières, lui dévoilant les longues cicatrices et plaies qui ornaient ses jambes, plus précisément ses cuisses, ses mollets ayant été un peu plus épargnés. Il n'en avait peut-être pas conscience, mais elle venait de se livrer, en petite partie, à lui. Elle venait de s'ouvrir. Un peu, certes, mais quand même.

Zoro, quant à lui, était en train de se demander si il n'avait pas commis une erreur. Le boxer d'Elena était beaucoup trop court et moulant à son goût, et les bandages révélaient un peu trop les courbes généreuses de son corps pour qu'il reste concentré à cent pour cent. Elle était vraiment très séduisante, d'autant plus qu'il voyait ses muscles se tendre sous sa délicate peau bronzée. Ses épaules étaient robustes, ses bras reflétaient la puissance qu'ils contenaient, ses jambes étaient musclées, puissantes et pourtant, elle se déplaçait légèrement, gracieusement, rapidement, comme si elle ne pesait que le poids d'une plume. Il n'en revenait pas. C'était force et souplesse à la fois. Animosité et douceur. Esprit bestial et grâce.

Son corps reflétait sa personnalité, sa différence. Elle était enivrante, ainsi. Sauvage, fauve, indomptable, naturelle, sans aucun artifice. Et surtout, elle ne semblait même pas remarquer l'effet qu'elle lui faisait. Elle ne s'en rendait pas compte.

« Putain, t'es bien foutu. » Lâcha-t-elle sans la moindre gêne, comme si elle le voyait torse nu pour la première fois, ce qui n'était absolument pas le cas.

Il ne répondit pas, mais songea silencieusement qu'elle venait de dire tout haut ce qu'il avait pensé tout bas, en résumé. Elle ne remarqua pas son air préoccupé, trop concentrée à déterminer son programme d'entraînement. Et apparemment, elle n'était pas là pour s'amuser.

Ils firent de tout : pompes, abdominaux, tractions, cardio, jusqu'à n'en plus pouvoir. Durant au moins quatre heures heures, ils suèrent ensemble, repoussant les limites du corps humain, allant toujours plus loin. Elena tenait le rythme et même si on aurait pu s'attendre à ce qu'elle soit plus en difficultés que Zoro, elle n'en montrait rien. Le jeune homme s'arrêta soudainement et regarda avec considération la jolie femme qui transpirait à côté de lui.

Il venait seulement de prendre conscience à quel point cela avait du être dur pour elle. Tout le travail qu'elle avait du fournir juste pour pouvoir atteindre le niveau d'un homme, c'était extraordinaire. Et aujourd'hui, elle les surpassait, dans toute sa splendeur. Elle avait du faire dix fois mieux que les hommes, travailler dix fois plus, qu'eux, continuer à souffrir dix fois plus longtemps qu'eux juste pour avoir une puissance qui frôlait la leur, et tellement plus pour les surpasser.

Elena était vraiment forte, elle avait du mérite. Elle continuait sans broncher, refusant d'accepter les règles que lui imposait son corps de femme, persévérant encore et encore, allant jusqu'au bout, ne baissant jamais les bras. C'était remarquablement admirable, Zoro était stupéfait. Elena avait réalisé le rêve que Kuina n'avait jamais réellement formulé : elle était devenue plus forte, plus rapide, plus robuste, plus tout, qu'un homme ne l'était et ça, c'était tout bonnement incroyable.

Zoro eut un sourire, qu'Elena fit mine de ne pas avoir remarqué, puis se remit au travail. La jeune femme lui donnait envie de travailler encore plus, elle le remotivait inconsciemment et lui faisait aller encore plus loin qu'avant. Elle se donnait tant de mal pour atteindre son but, elle y mettait tout ce qu'elle avait : son âme, son corps, son cœur. Il ne pouvait se permettre de la décevoir. Lui aussi, il allait redoubler d'effort et de motivation pour être digne d'elle, et honorer la force de la nature qu'elle était. Il allait travailler plus dur pour pouvoir devenir plus fort, persévérer, insister comme elle le faisait et s'élever jusqu'au sommet de la montagne, marcher à ses côtés.

Et là, ils deviendraient les meilleurs.

 

Le reste de la journée se passa ainsi, dans une bonne ambiance, comme toujours. Ils avaient passé toute la matinée ensemble, à s'entraîner jusqu'à midi, le temps était passé si vite qu'ils n'avaient rien remarqué. Puis vint l'heure du repas, où ils se réunirent tous pour passer du temps à rire, boire et manger ensemble.

Une fois s'être rempli la panse, Elena s'étira et bailla un bon coup. Elle allait se poser à l'ombre, contre le mur de bois, lorsqu'elle se rappela qu'il s'agissait du « coin » de Zoro et que, la dernière fois, il l'avait justeenvoyé valser quelques mètres plus loin. Alors elle se freina brusquement et soupira bruyamment. Le soleil était haut dans le ciel, et à part à l'intérieur, il n'y avait aucun coin d'ombre. Elle s'apprêtait donc à retourner dans sa chambre quand une voix grave l'interpella :

« C'est bon, tu peux t'y mettre, pour aujourd'hui. Y'a assez de place pour deux. »

Elena ouvrit grand ses yeux et considéra l'homme aux cheveux verts qui était en train de s'asseoir dans le coin en question. Avait-elle bien entendu ? Il prit place, confortablement et croisa les bras derrière sa tête, comme il le faisait toujours. Intrigué, car elle ne répondait pas, il ouvrit un œil et haussa un sourcil. Elle le dévisageait avec stupeur, comme si il venait d'annoncer la fin du monde. Bon, cela dit, c'était compréhensible, vue la façon avec laquelle il l'avait éjectée, la dernière fois. A ce souvenir, un sourire étira ses lèvres.

« Tant que tu ne me déranges pas » ajouta-t-il alors en refermant les yeux.

Il ne vit donc pas l'immense et sincère sourire qui illumina le visage d'Elena et la seconde d'après, elle était assise à ses côtés, adossée contre le mur de bois, prête à faire un petit somme. Enfin, elle pouvait faire la sieste en toute tranquillité !

 

Elena était donc plongée dans un sommeil plutôt léger quand elle sentit soudain un coude puissant s'écraser dans sa face. Elle poussa un petit cri de surprise et se redressa vivement, tous ses sens en alerte. Le grognement qu'elle émit lorsqu'elle comprit qu'il s'agissait du bras de Zoro, qui avait visiblement le sommeil agité, était digne d'un véritable animal. Repoussant le bras de son camarade sur son corps, elle songea tout d'abord à lui rendre la pareille. Mais, voyant son visage si calme, apaisé et entendant le petit ronflement qu'il émettait, elle ne put se résoudre à lui gâcher ce moment de sérénité et décida que, pour une fois, elle se devait de le laisser un peu tranquille et allait faire abstraction.

Alors elle ferma de nouveau les yeux et souffla, bien décidée à se rendormir. Mais, alors qu'elle s'apprêtait à retomber dans les bras de Morphée, ce fut soudain un poing bien trop élancé à son goût qui vint faire la violente rencontre avec son abdomen. Elena manqua de s'étouffer et cracha, les yeux exorbités.

Sans perdre une seconde, elle roula sur le sol et sauta sur son agresseur : Roronoa Zoro.

Elena n'était pas dupe. Une folle veine battit sur sa tempe et elle eut un sourire mauvais. Elle choisissait de l'épargner et il revenait aussitôt à l'attaque. Oh, oh. Intéressant. Lorsqu'il eut comprit qu'elle l'avait démasqué, Zoro avait tenté de rouler pour lui échapper, mais elle avait été beaucoup plus rapide. Et maintenant, il était étalé de tout son long sur le sol, une métisse aux longs cheveux noirs à califourchon sur son torse.

Le sourire qu'affichait Elena était aussi tordu que celui de l'escrimeur, et le jeune homme ne put s'empêcher de penser qu'ainsi, elle avait tout d'un félin, un véritable prédateur. Et aussi en passant, qu'il n'accepterait pas d'être l'oiseau qu'elle s'apprêtait à bouffer.

Elena le maintenait au sol par la simple pression de ses mains sur ses épaules et elle se pencha dangereusement vers lui jusqu'à atteindre son oreille :

« Tu me cherches, on dirait ? Lui souffla-t-elle malicieusement.

- Il semblerait que je t'ai trouvé, répondit-t-il sur le même ton. »

Et alors qu'ils se fixaient avec intensité et connivence, ils entendirent tous les deux Sanji qui avait crié à Usopp, Chopper et Luffy de lui attraper un poisson à cuisiner ce soir. Le sang d'Elena n'avait fait qu'un tour et elle avait aussitôt laissé Zoro en plan pour se précipiter vers le bord.

Tout en courant, elle avait jeté sa robe et ses sabres au sol pour ne garder que ses bandages, ses jambières et son boxer blancs avant de crier à son ami resté allongé :

« Cette fois-ci, je ne me laisserai pas devancer ! »

Puis elle s'adressa à ses trois autres amis, affirmant qu'elle s'en occupait, avant de plonger à l'eau telle une sirène.

Le concerné mit un certain temps à se rappeler que la dernière fois, il l'avait dépassé de peu. Un grand sourire étira ses lèvres. Il aimait être en compétition avec Elena, quelque soit le thème et l'épreuve, car elle prenait un malin plaisir à challenger, toujours plus, et il adorait ça.

Alors, il retira également ses habits, avant de plonger à son tour, suivant les traces de sa camarade. Une fois sous l'eau, il ne fut nullement surpris de voir qu'Elena l'attendait. Elle était juste, au moins. Si Zoro n'avait pas eu besoin d'air, il aurait sourit et dévoilé toutes ses dents, et il comprit en croisant le regard de son amie qu'il en était de même.

Puis, soudain, elle lui tourna le dos, et l'instant d'après, elle s'était propulsée avec toute la puissance et la grâce d'un être aquatique. Surprenant, pour un félin. Zoro, troublé, resta quelques temps à la détailler méticuleusement, absorbé par la danse de ses jambes qui se coordonnaient parfaitement avec ses bras. C'était hallucinant la facilité avec laquelle elle évoluait dans l'océan, c'était comme si elle se frayait un chemin entre les molécules d'eau qui épousaient sa délectable silhouette.

Et lorsqu'il reçut le sourire amusé qu'elle lui avait envoyé, la même expression s'afficha sur son visage et il se jeta à sa poursuite. Ce fut certainement le moment le plus intime et complice qu'ils partagèrent ensemble, de tout le séjour. Elena avait ralenti la cadence pour qu'il puisse la rejoindre et ils nageaient maintenant ensemble, se défiant du regard, côte à côte. Les accélérations d'Elena étaient phénoménales, et dépassaient de loin les capacités humaines, mais Zoro pouvait compter sur son endurance et sur sa condition physique pour tenir la cadence.

Ils semblaient avoir oublié la mission de Sanji, qu'ils s'étaient eux-mêmes attribuer en plongeant et ne pensaient qu'au moment présent. Elena se plaisait à bifurquer violemment de droite à gauche pour voir si il suivait. Zoro, lui, prenait un malin plaisir à tourner autour d'elle, créant une sorte de tourbillon qui l'aspirait en arrière. De nombreuses fois, ils se firent avoir mais après quelques essais, ils entamèrent une course sans pareille et encore une fois, repoussèrent leurs limites.

De temps à autre, ils revenaient à la surface pour remplir leurs réserves d'air. Zoro, lui, faisait à peine dépasser sa tête pour repartir aussitôt dans l'eau et reprendre la course. Mais Elena, elle, se propulsait en l'air et sautait comme un véritable dauphin pour replonger de plus belle, avec encore plus de puissance et de vitesse.

Aucun arbitre n'aurait pu les départager, ils étaient à parfaite égalité. Mais cela ne les dérangeait pas. Ils s'amusaient comme des fous et ça se lisait dans leurs regards, luisants et pétillants.

Environ une demi-heure plus tard, demi-heure qu'ils n'avaient pas vu passer, ils remontèrent sur le bateau, chacun avec un immense butin sur le dos. Pour Elena, il s'agissait d'un gigantesque poisson qui frôlait le monstre marin. Zoro, lui, avait préféré s'attaquer à deux énormes bêtes, qui ensembles, donnaient tout aussi de viande, de chair que celle de sa camarade.

Usopp et Chopper s'approchèrent, suivi d'un Luffy aux yeux brillants. La tête de ce dernier alternait entre les deux grosses bêtes de son second et l'immense poiscaille de sa « Lena », de longs filets de bave dégoulinant de sa bouche. En le voyant ainsi, la concernée ne put réprimer le fou-rire qui menaçait d'exploser, même avec la main sur sa bouche.

Zoro la regarda et sourit, amusé. Il allait parler mais fut coupé par son rivale de toujours :

« Merci beaucoup, Elena-swaaan, fit la Jambe Noire en glissant jusqu'à elle. Mais tu aurais du laisser ce sale cactus vert faire le sale boulot !

- Ne t'inquiète pas, rigola-t-elle en jetant un regard à Zoro qui rageait silencieusement, j'aime me rendre utile. D'ailleurs, je vais aller faire la vaisselle, Sanji. Repose-toi, en attendant ! »

Et sous les yeux incrédules du blondinet, elle se dirigea vers la porte de la cuisine, attrapant à la volée la main de Zoro qui n'avait pourtant rien demandé.

« Oh, qu'est-ce que tu fous ? Avait-il grogné. Je n'ai jamais-

-Tu viens avec moi, ordonna-t-elle d'un ton sans appel. »

 

Elena referma la porte derrière elle et se frotta les mains.

« Alors, par où on commence ?

- Je n'ai jamais dit que j'allais t'aider, rétorqua Zoro.

- Oh, si tu vas le faire.

- Ah bon ? Et qu'est-ce qui te rend si confiante ? »

Elle ne prit pas la peine de répondre et lui balança un chiffon qu'il attrapa au vol.

« Je lave, t'essuies. Ça te va, Roronoa ? » Avait-elle demandé en le regardant du coin de l'œil, un sourire comme pour la plupart du temps malicieux sur le visage.

Le jeune homme soupira bruyamment. Mais, sérieux, qu'est-ce qui lui arrivait ? Il devait arrêter de passer ses journées entières avec Elena, elle commençait à déteindre sur lui. Ce n'était pas bon, ça. Pas bon du tout.

Enfin, il avait beau se plaindre, il l'aidait quand même. Comme toujours, la jeune femme usait d'une vitesse surhumaine pour laver la pile d'assiettes qui s'entassaient sur sa gauche et bientôt, l'escrimeur fut dépassé et se retrouva avec le même tas à sécher.

« T'es pas efficace, rigola-t-elle.

- C'est toi qui va trop vite, s'écria-t-il.

- Moi, trop vite ? Fit-elle mine de s'offusquer en accélérant davantage le mouvement.

- Garce. »

Elle éclata d'un rire sincère.

Quelques minutes plus tard, Elena s'était mise à danser autour de la table, attendant patiemment que Zoro finisse de sécher ses assiettes. Elle le regardait faire, quand soudain, elle eut une idée. Il avait les assiettes dans les mains, il ne pouvait donc pas se défendre et l'empêcher de s'approcher. Un sourire de chat étira ses lèvres pulpeuses. Elle allait lui en faire baver, ce soir.

Alors, tout en continuant sa danse, elle le contourna et sans même qu'il ne s'en rendre compte, détacha le brassard noir qui était enroulé autour de son bras. Lorsque le jeune homme leva la tête vers elle, il fut stupéfait de constater que celle-ci avait chipé son bandana pour se l'attacher autour du front, comme il avait l'habitude de le faire. Bon, c'était vrai que cela lui allait bien.

« Rends-le moi, grogna-t-il.

- Attrape-moi donc, susurra-t-elle malicieusement.

- Ah, tu veux jouer à ça ? Répliqua-t-il sur le même ton. Tu vas être servie. »

Et, après avoir posé les vingt-sept assiettes blanches sur sa main gauche, il s'élança à sa poursuite autour de la table carrée de la cuisine. Ils se poursuivirent de longues minutes durant, mais Zoro ne parvint pas à rattraper la belle métisse. C'était vrai qu'elle était douée pour échapper à ses poursuivants et pour se déplacer avec agilité et adresse. Lui vint une idée.

Alors qu'il prenait un virage, il se pencha subitement en avant, perdant son équilibre. Il fit mine d'écarquiller les yeux, conscient que les assiettes allaient tomber et leva une main pour les redresser. Voyant bien qu'il n'allait pas réussir à les rattraper, Elena, pleine de bons réflexes, se retourna et se précipita à une vitesse incroyable pour éviter qu'elle ne tombe.

Mais la jeune femme comprit trop tard qu'elle avait été prise au piège. Lorsqu'elle fut assez proche de lui, Zoro rattrapa les assiettes avec une facilité déconcertante et plaqua son amie au mur de sa main restante, un sourire vainqueur aux lèvres.

« Attrapée. » Fit-il avec fierté.

Celle-ci grogna, mais lui rendit son sourire, bonne perdante.

Mais, soudainement, ils se rendirent compte de la proximité qu'ils entretenaient et leurs yeux s'ouvrirent en grand, comme ceux d'un seul homme. Zoro, le poing contre le mur, était à seulement quelques centimètres du visage d'Elena, leurs torses se frôlant. Ils se regardaient, yeux dans les yeux, et le chasseur de prime se perdit bientôt dans les extraordinaires iris de sa camarade.

De près, elles étaient encore plus belles, plus captivantes. Près de la pupille, il pouvait clairement distinguer toutes ces nuances de vert et de marron qui se mélangeaient, s'associaient et qui donnaient, de loin, une fascinante couleur dorée comme il n'en avait jamais vu. Quand il était si près d'elle, il se sentait perdre tout contrôle. Il se sentait devenir quelqu'un d'autre. Les émotions qui parcouraient le regard d'Elena l'encourageaient, et il voyait clairement son torse se soulever bien plus violemment qu'en temps normal.

Son regard alternait entre son si beau regard et ses lèvres, naturellement rosées, qui semblaient le supplier. Sans même s'en rendre compte, ils franchissaient peu à peu la distance qui les séparait, tendant légèrement leurs bouches respectives, comme attirés l'un par l'autre. Quand soudain, un bruit extérieur les tira de leur rêverie et vint rompre ce moment intime et magique.

Pour la première fois, Zoro n'eut aucun mal à déchiffrer ce que ressentait Elena et il était sûr qu'elle pouvait en faire de même. Cependant, la lueur de culpabilité mêlée à l'éclair de détresse qui traversa son regard lui retourna l'esprit. Et soudain, il la vit se fermer complètement et prendre un visage impassible, dur et froid qu'il ne lui connaissait pas.

La jeune femme se faufila sous son bras en une fraction de seconde, détacha le bandana pour le jeter sur la table, et sortit sans un mot, laissant un Zoro complètement chamboulé dans la cuisine. Et tout ça, en à peine trois secondes.

C'était quoi, ça ?

 

« Robin, je vais prendre mon bain avec Chopper, tu viens ?

- Non, merci, répondit la brune, je risque de perdre toutes mes forces.

- Ah, sérieux, soupira la rouquine. Ces utilisateurs des fruits du démon, alors !

- Et moi, je peux venir ? S'enquit le squelette à ses côtés. Je suis près à faire une impasse sur- »

Mais le coup de poing qu'il se prit violemment sur le crâne le coupa sec, et Nami sortit de la pièce comme si de rien n'était, Chopper dans les bras.

Et, alors qu'elle s'apprêtait à monter l'escalier pour se rendre aux bains, elle vit Elena sortir de la cuisine, la mine sombre, les poings et dents serrés.

« Elena, tout va bien ? S'enquit-elle, inquiète.

- Qu-, Oh, Nami, fit-elle, comme surprise. Oui, ne t'inquiète pas ! »

La rouquine analysa son amie. Le sourire qu'elle lui affichait était le plus faux qu'elle eut jamais vu, mais elle ne releva pas. Elle soupira, il avait du se passer quelque chose avec Zoro. Elle mit dans un coin de sa tête qu'elle allait devoir apprendre à son ami à se comporter correctement avec les femmes.

« On va prendre un bain, avec Chopper. Ça te dirait de venir avec nous ? Ça pourrait te changer les idées, proposa-t-elle avec un clin d'œil. »

Elle vit l'hésitation de sa camarade, mais ne dit rien, et se contenta d'attendre. Puis, après quelques réflexions silencieuses, Elena accepta.

«Ahhh, ça fait du bien, souffla-t-elle en se laissant aller dans l'eau chaude. On dirait presque un saunât, ici, tant il fait chaud !

- C'est agréable, non ? Demanda Nami en versant une bassine d'eau sur Chopper qui devint tout mou. Je ne m'en lasserais jamais.

- Oh ouais... lâcha-t-elle. Ça, tu l'as dis. »

Les deux jeunes femmes se mirent à parler de tout et de rien, et visiblement, la rouquine avait réussi à faire passer la mauvaise humeur d'Elena. Elles s'entendaient vraiment bien, toutes les deux. Chopper, quant à lui, se fit masser et savonner par ses deux amies qui s'y donnaient à cœur joie et qui le lavaient avec amour. Bon nombre des hommes du monde entier aurait rêvé d'avoir un tel traitement.

Puis, au bout d'une vingtaine de minutes passées, Elena demanda innocemment :

« Eh, au fait, Nami, je n'ai pas encore entendu ton histoire, moi. D'où viens-tu ?

- Oh... Fit-elle doucement. Moi, je viens d'un petit village d'East Blue, paisible et tranquille. J'ai été... Hm... Trouvée sur un champ de bataille par une Marine, Belmer, qui m'éleva comme une mère, moi et ma sœur adoptive. On vivait bien, toutes les trois, on formait une famille unie, même si c'était un peu dur, au début. Mais un jour, un Homme-Poisson Pirate, Arlong, vint s'emparer du village, et imposa de lourds tribus à chacun des habitants. Puis, Belmer, elle... Elle n'avait pas assez d'argent, coupa-t-elle. Il l'a tué. »

Voyant le visage sombre d'Elena qui s'apprêtait visiblement à lui dire qu'elle n'était pas obligée, Nami continua :

« Ne t'inquiète pas. Tu es mon amie, et puis, ce qui est fait est fait. Ensuite, reprit-elle, Arlong m'enleva pour faire de moi sa navigatrice attitrée, car depuis petite, c'était ma vocation. Il m'avait promis de rendre sa liberté au village, si je travaillais pour lui et que je lui apportais de l'argent. Il voulait 100 millions de berry, et j'étais prête à tout pour les lui donner. Alors j'ai vogué ici et là, j'arnaquais les pirates, et leur volais leurs trésors. J'étais d'ailleurs poursuivie par l'une de mes victimes, quand Luffy arriva et me sauva la mise. Il était accompagné de Zoro, et Usopp. J'intégrai alors leur équipage, uniquement pour pouvoir me servir d'eux. Et un jour, je me suis sauvée avec leur navire pour rejoindre Arlong, alors qu'ils étaient sur le bateau restaurant sur lequel vivait Sanji. Je ne m'attendais pas à ce qu'ils débarquent sur l'île et continuent à croire en moi. Mais tout l'argent que j'avais amassé me fut pris par les Marines, qui avaient été embauchés par Arlong. Il m'avait roulé. Lorsque Luffy eut comprit et qu'il me vit pleurer, il devint fou. Il se chargea donc d'Arlong et de ses sbires hommes-poissons, avec l'aide de Sanji, Zoro et Usopp et m'invita à rejoindre, cette fois-ci pour de vrai, leur équipage. Du Luffy tout craché, dit-elle avec un petit sourire triste. Je ne le remercierai jamais assez d'avoir cru en moi, de m'avoir sauvée, et avec moi, tout mon village qui avait retrouvé sa liberté. »

Elena et Chopper regardaient attentivement Nami. On lisait toute la reconnaissance qu'elle éprouvait envers Luffy dans ses prunelles, tout l'amour qu'elle lui portait. Elena baissa la tête, sombre. Elle n'entendit plus rien de ce que dirent Nami et Chopper ensuite, totalement refermée sur elle-même. Puis, soudainement, elle se leva, sortit de l'eau, attrapa une serviette et quitta la salle en prétextant une envie pressante, prenant soin de masquer son visage.

Nami la fixa jusqu'à ce qu'elle referme la porte avec surprise. Quelque chose n'allait pas. Mais quoi ?

 

 

*Chikushou : putain,

*Daijobu : tout va bien.

Excusez-moi du retard, j'espère que ce chapitre vous aura plu ! J'ai essayé de l'écrire le plus rapidement possible, alors je m'excuse d'avance pour les possibles fautes d'orthographe et sa médiocrité.

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