Je t'attendrai

Chapitre 7 : Chapitre septième

3270 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 21:46

Chapitre septième

 

Les jours et les heures s'écoulaient les uns après les autres, toujours dans cette bonne humeur qui caractérisait l'équipage des Mugiwara. Elena faisait maintenant partie du décor, de la famille. Il n'y avait aucune tension, aucune dispute, juste un Capitaine surexcité d'arriver sur la prochaine ville, en quête d'aventures.

On était en pleine après-midi, le soleil tapait fort dans le ciel. Ce dernier était dégagé, il n'y avait aucun nuages, juste un espace bleu et unifié dans lequel évoluaient quelques oiseaux courageux. Sous un parasol, autour d'une petite table ronde, trois jeunes femmes discutaient ensembles. Dégustant un superbe thé préparé avec amour par le chef cuisinier du bateau, Nami, Elena et Robin échangeaient sur divers sujets.

« Robin, prendre des bains, ça ne te manque pas?

- Si, j'aimerais bien me baigner, aussi. Mais ce qui est fait est fait, répondit la brune avec un petit sourire.

- Et toi, Nami, ça ne te plairait pas, un fruit du démon? Reprit la métisse.

- Je ne pense pas car j'adore nager et aussi prendre des bains, c'est un luxe que je ne suis pas prête à sacrifier. Et toi, Elena?

- Moi, je n'en veux pas. Mon style de combat est uniquement basé sur mes compétences et les âmes de mes sabres. Alors, avoir un fruit du démon, ce serait comme... Tricher. C'est contraire à mes valeurs, et aux principes d'un escrimeur. Et puis, j'aime bien les bains, aussi, rajouta-t-elle sur un ton léger, réalisant qu'elle avait parlé avec beaucoup plus de sérieux que ses deux amies.»

Puis, au bout de quelques minutes, la navigatrice posa sa tasse. Elle regarda aux alentours pour s'assurer qu'elles soient seules puis se pencha vers son amie aux yeux dorés et chuchota:

«Tu le trouves comment?

- Hein? Qui? S'enquit Elena d'un ton innocent.

- Bah, à ton avis? Rigola Nami. Zoro!

- Ah! Euh... Bah... Ano... Il est pas mal?»

Nami souffla. Décidément, Elena n'avait pas l'air de voir où elle venait en venir. Elle jeta un coup d’œil suppliant à Robin, lui demandant silencieusement de l'aider. Après quelques réflexions, la brune s'approcha à son tour.

«Si tu devais le décrire, quels adjectifs utiliserais-tu?

- Euh alors..., commença Elena.

- Dis tout ce qui te passe par la tête, enchaîna Nami.

- Et bien... Il est beau! S'exclama-t-elle avec enthousiasme, Nami hocha la tête. Et musclé aussi. Fort. Ensuite, je dirais... Loyal et mystérieux, ajouta-t-elle, puis elle se renfrogna. Aussi, il est idiot. Super idiot. Un vrai imbécile! Et perdu, en plus. Qui se bute au sport intensif.

- C'est pas un adjectif, ça! S'écria Nami qui riait depuis maintenant un bout de temps, visiblement d'accord avec sa camarade.

- Alors... «Butéausportintensif», répéta Elena, fière.»

 

 

Zoro était sur le balcon, admirant la mer sans pensées précises, quand il entendit trois rires féminins éclater non loin d'ici. En se penchant, il put apercevoir trois chevelures: une couleur mandarine, et deux autres noires, dont l'une plus intense que l'autre. Il s'agissait de Nami, Elena et Robin qui semblaient en pleine discussion. Sans même s'en rendre compte, il se mit à les regarder et tendit involontairement l'oreille. Apparemment, les deux pirates étaient en train de vanter les exploits de leur Capitaine, Mugiwara No Luffy. C'était la première fois qu'il voyait Robin parler autant. Elle semblait émue en contant leur passage à Enies Lobby où le futur Roi des Pirates lui avait redonné le goût de vivre.

De là où il était, Zoro pouvait très bien apercevoir les yeux d'Elena qui brillaient d'admiration et... d'envie? Était-ce ça? Il l'entendit chuchoter: «Wow, Luffy a l'air vraiment cool, quand il veut.» et un petit sourire étira ses lèvres. Il reporta son attention sur l'horizon. Le temps s'était écoulé depuis cette époque, et ils en avaient vu des vertes et des pas mûres, depuis. Il avait vécu tant de choses au sein de cet équipage qu'il ne pouvait même plus les compter.

Jamais il n'aurait imaginé, en acceptant l'offre de Luffy, qu'il s'embarquait dans une aventure pareille. Ils avaient tant surmonté, ensemble. Mais il ne regrettait rien, au contraire. Il donnerait sa vie sans hésitation pour son Capitaine et pour ses camarades, pour l'âme des Mugiwara.

Mais alors qu'il ressassait dans son esprit les différents problèmes qu'ils avaient rencontrés, il sentit une présence derrière lui et demanda sans même se retourner:

«Qu'est-ce que tu veux, Usopp?»

Le tireur d'élite émit un petit rire satisfait et vint s'asseoir sur la rambarde sur laquelle le bretteur était accoudé.

«Je mène un petit sondage, affirma-t-il en plaçant sa main sous son menton, visiblement fier.

- Un sondage de quoi? S'enquit l'homme aux cheveux verts en haussant un sourcil.

- Elena, tu la trouves comment? Se contenta-t-il de répondre.

- Hein? S'ébroua Zoro. C'est quoi cette question pourrie?

- Et bien, c'est une question comme une autre, répliqua Usopp avec un sourire, qui avait apparemment quelque chose derrière la tête.

- Ouais, bah j'en sais rien, moi, lâcha-t-il en se fermant. Va le faire ailleurs, ton sondage débile.

- Orh, supplia son ami. Allez, fais un effort! Tu es le dernier à passer, tout le monde a répondu.

- Et pourquoi je le ferais, hein? Répliqua-t-il en haussant le ton.

- Tu la trouves bête?

- Oi, je t'ai posé une question!

- Imbécile? Enchaîna-t-il en écrivant sur un petit carnet, sans même considérer sa remarque.

- Ouais, céda Zoro en croisant ses bras sur sa poitrine d'un air renfrogné.

- Têtue?

- Ouais, continua-t-il, se rendant petit à petit compte qu'il avait tout bonnement cédé, alléché par l'idée de pouvoir mettre sur papier tous les défauts de la jeune femme.

- Hystérique sur les bords?

- Ouais.

- Chiante?

- Ouais.

- Maline? Continua l'homme au long nez en accélérant considérablement le rythme.

- Ouais.

- Sournoise?

- Ouai-

- Folle? Étrange?

- Ouais! S'écria-t-il, agacé.

- Attirante? Rayonnante? Super canon?

- OUAIS! OUAIS! OUAIS, Hurla-t-il presque, visiblement énervé par tant de questions.»

Usopp le regarda avec un sourire malicieux. Mission réussie. Mais soudain, Zoro se rendit compte qu'il avait été piégé et son visage se décomposa.

«HEIN? Mais qu'est-ce que tu me fais dire, kisama?

- Je t'ai eu, commença-t-il à crier à tout bout de champ. Oi, tout le monde! Zoro a dit qu'El-

- La ferme, aboya-t-il en essayant de l'attraper.»

Mais ils furent soudainement coupé par Nami qui était apparue juste en bas de leur balcon, les mains posées sur ses hanches.

«Oi, on peut savoir c'est quoi tout ce raffut?»

Zoro la considéra, puis regarda près de la table. Elena n'y était plus. Il se contenta de marmonner un «Rien», et jeta un dernier regard assassin à Usopp. Puis il remit ses mains dans ses poches et descendit l'escalier qui menait en bas. Il se posa de nouveau sur la rambarde blanche du bateau, sur le côté gauche, le couloir qui liait l'arrière et l'avant du navire. Mais alors qu'il soufflait un bon coup, une odeur familière vint lui frôler les narines et il s'immobilisa.

Ces arômes sucrés venaient toujours le hanter, le narguer, où qu'il soit. Il tourna la tête et aperçut, au loin, à l'arrière du bateau, de longs cheveux bouclés d'un sombre et éclatant noir qui voletaient dans le vent. Sans même la voir, Zoro devinait très bien qui était la propriétaire d'une telle chevelure, d'une telle odeur. Il n'avait jamais vu de femmes avec des cheveux si noirs, si intenses. Il n'y en avait pas dix comme elle. En pensant à elle, le bretteur ne put s'empêcher de s'avouer qu'elle était vraiment spéciale, différente de toutes les femmes qu'il avait croisées, connues. Elle avait comme... Quelque chose qu'il n'arrivait pas déterminer, sur laquelle il n'arrivait pas à poser le doigt.

Tout en étant perdu dans ses pensées, Zoro s'était laissé porté par ses pieds qui, inconsciemment, le menaient à Elena. Elle était, elle aussi, accoudée sur le rebord, le vent caressant son visage. Son odeur se fit de plus en plus forte, enivrant au passage les narines du bretteur. Elle sentait indéniablement bon. Sans un bruit, il s'approcha, sachant pertinemment qu'elle l'avait déjà repéré depuis longtemps, malgré ses yeux fermés. Il s'accouda à côté d'elle, maintenant quand même une certaine distance.

«Tu me suis ou quoi, jeune homme? Dit-elle sans même bouger, un petit sourire sur les lèvres.

- La ferme, lâcha-t-il, gêné qu'elle ait raison car au fond, il ne savait pas du tout ce qu'il venait faire ici, ce n'était pas dans son habitude de rechercher la compagnie d'une personne. Disons que... Je te surveille.

- Bien rattrapé, rigola-t-elle en ouvrant les paupières. Mais, dit comme cela, ça sonne comme si tu ne me faisais pas confiance.

- Je devrais? Rétorqua-t-il en la regardant, un petit sourire illuminant son visage.»

Mais la réaction de la jeune femme ne fut pas du tout celle à quoi il s'attendait. A sa réponse, elle eut comme un petit sursaut et son visage se décomposa littéralement. Elle écarquilla les yeux, et plongea son regard dans celui de Zoro. Ce dernier eut un mouvement de recul et ouvrit légèrement la bouche. Son regard... Son expression... C'était comme... Un appel au secours.

Oui, c'était ça. Il n'arrivait pas à se l'expliquer, mais la lueur de détresse qui brillait dans ses prunelles était bien présente. C'était comme si elle lui criait qu'elle voulait être... Sauvée. Mais sauvée de quoi?

Cependant, Elena détourna son regard et fixa l'horizon. Tout s'était passé en à peine deux secondes, et n'importe quelle personne n'aurait pas pu identifier ce qui se tramait chez la jeune femme. Elle dut prendre sur elle et souffla légèrement pour que son visage reprenne une expression normale, quoi que légèrement crispée.

Zoro reporta également son regard sur l'océan, perdu dans ses pensées. Il n'avait pas rêvé, Elena l'avait regardé, comme si elle l'appelait au secours. Et ce n'était pas la première fois qu'il lisait du désespoir dans ses prunelles dorées. Mais il n'eut pas le temps d'y penser plus car elle demanda d'une voix impassible:

«Tu ne vas pas me demander d'où venaient toutes ces blessures sur mon corps?»

L'homme aux cheveux verts ne cilla pas. Son ton était dur, mais il la connaissait assez bien pour savoir que ce n'était qu'une façade. Il savait qu'elle lui poserait cette question, à un moment ou un autre, il commençait à comprendre ses réactions. Enfin, il pensait. C'était vrai qu'il était très intrigué et qu'il aurait aimé savoir. Elena avait-elle des problèmes? Lui aurait-elle dit si c'était le cas? Avait-elle fuit un quelconque bourreau? Des centaines d'hypothèses avaient chevauché son esprit. Quelle pouvait être la raison de tant de cicatrices? Cela le préoccupait et à vrai dire, il était vraiment inquiet. Mais il ne pouvait la forcer à rien, alors il se contenta de répondre:

«C'est vrai que j'y ai beaucoup pensé, avoua-t-il. Et j'y pense toujours, d'ailleurs. Mais chacun son histoire. Si tu voulais que je sache, tu me l'aurais dit.

- Je vois, répondit-elle dans un vague murmure, comme soulagée. Bon, je suis fatiguée, je crois que je vais aller faire une petite sieste.»

Zoro la regarda s'éloigner. Depuis quand était-elle une si mauvaise menteuse? Puis, alors qu'il la contemplait en train de fuir, elle s'arrêta.

«Zoro? Fit-elle, sans se retourner.

- Hm?

- Ce jour-là, tu m'as dit que tu voulais tenir une promesse que tu avais faite.

- Oui, c'est vrai, répondit-il sans vraiment comprendre.

- Si ce n'est pas trop indiscret, quelle était cette promesse?»

Zoro la regarda. Ses longs cheveux bouclés d'un noir plus intense encore que ceux de Robin volaient légèrement, caressant le bas de son dos. Elle était vêtue de ce fameux pantalon noir près du corps, de ce large tee-shirt blanc et de cette ceinture qu'elle portait le jour de leur rencontre. Jamais il n'avait pensé, ce jour-là, que cette femme spontanée, têtue, hystérique, audacieuse et simple -négligée, selon Nami- cachait de si lourdes blessures, et peut-être, de lourdes responsabilités. Il la lâcha du regard. Depuis qu'il l'avait croisée, il ne pouvait s'empêcher de faire le parallèle avec sa meilleure amie d'enfance, Kuina. Cela lui trottait dans la tête depuis un petit moment. Alors, le fait qu'elle lui pose cette question était assez... Comment dire... Déroutant.

«Je ne sais pas si tu l'as lu dans mon esprit, mais j'avais une amie, avant, qui comme toi... Il s'arrêta. On s'était promis de devenir les plus forts escrimeurs du monde entier.

- Une compétition, hein? Chuchota-t-elle. Je ne suis pas remontée aussi loin, je n'avais pas assez de temps. Et puis, je ne lis pas le passé. Comment s'appelle-t-elle?»

Zoro serra les dents, une boule dans la gorge. C'était la première fois qu'il parlait ouvertement, ou presque, de sa défunte amie. Il ne vit pas Elena lui jeter un regard en coin. Elle avait compris.

«Kuina, finit-il par lâcher. Elle est mon amie d'enfance. Elle..., reprit-il après un petit arrêt d'hésitation. Elle disant toujours qu'elle n'atteindrait jamais son rêve.

- Quel pessimisme. Pourquoi abandonner sans même avoir essayé?

- Parce qu'elle était une fille.»

Sans même la regarder, il sentit la crispation d'Elena qui serra les poings et fit violemment volte-face.

«En quoi le fait d'être une fille est-il un désavantage? Cria-t-elle presque.

- Je ne sais pas. Mais elle pensait être handicapée car, selon elle, appuya-t-il, en grandissant, elle n'arriverait pas à rivaliser avec les hommes. Elle...

- Et bien, si tu la vois, tu lui diras qu'être une fille n'est en rien un handicap, répondit durement la jeune femme. On peut en tirer de grands avantages, au contraire. Et puis, c'est la volonté qui compte! Seule la détermination peut nous faire avancer et nous fait devenir ce qu'on veut être. La force n'est que secondaire.»

Et alors qu'elle lui tournait de nouveau le dos, ce fut au tour de Zoro d'écarquiller ses yeux et de la regarder. Il était choqué. Ses paroles étaient similaires à celles qu'il avait hurlé à Kuina, peu avant sa mort.

«Elena, tu...»

Mais il ne parvint pas à finir sa phrase. Elle ne le regardait pas et il la vit se détendre légèrement.

«Je deviendrais la meilleure quoi qu'il arrive, Zoro, lança-t-elle d'une voix emplie de détermination. Alors, si un jour, tu te retiens contre moi sous prétexte que je suis une femme... Je... Je ne te le pardonnerai jamais.»

Et sur ces paroles, elle fila et disparut derrière le bois. Le concerné était encore sous le choc. Elena...

Sans même qu'il en prenne conscience, un sourire béat étira son visage lorsqu'il se remit à admirer la mer. Il ne put s'empêcher d'avoir une pensée pour Kuina. Si seulement elle était encore là... Elle l'aurait adorée. Si seulement elle avait eut l'occasion de rencontrer Elena, il était certain que sa vie en aurait été bouleversée, comme elle était en train de bouleverser la sienne.

 

 

 

 

Merci d'avoir lu.

Excusez-moi pour ce chapitre court et carrément nul, mais c'était juste histoire d'avancer un peu avant de partir en vacances!

 

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