L'inconnue de Trafalgar Law.
Chapitre 19 : Des mensonges et des secrets
4981 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour il y a environ 3 ans
Voila le nouveau chapitre j'espère qu'il vous plaira ! Le suivant ne devrait pas tarder.
Liv
Je lui ai fait dire absolument tout ce qu'il savait. Je pouvais pas le laisser vivre, il aurait tout balancé. Sa mort a été rapide.
Avec tout ça, il faut que je réfléchisse mais je suis tellement fatiguée qu'aucune pensée cohérente ne parvient à se mettre en place dans mon esprit, j'ai besoin de dormir. Il m'a certifié que le "pilote" ne devrait pas arriver avant deux semaines, ça court pas les rues les gens capables de manœuvrer ce genre de machine. Je suis aussi face à un autre problème, je n'ai pas de porte sur "l'île" où Law a été emmené... ce n'est pas vraiment une île mais une structure artificielle. D'après mon camarade un autre bateau partira d'ici quelques jours avec un nouveau chargement d'enfants. Il faut que je m'incruste. J'ai récupéré pas mal de choses sur les corps, même s'ils ne portaient pas d'uniforme leur dégaine était plus ou moins similaire. C'est pour ça que je n'ai pas été inquiétée quand le petit a tiré sur l'homme en haut de la falaise, il faisait bien partie du groupe. J'entends du bruit qui vient de l'intérieur du sous-marin. Je me lève d'un bond et...
- Tu brûles les corps ?
Je me fige, comment peut-il me poser cette question.
- C'est loin d'être la première fois que je sens cette odeur. Ici ça arrive souvent...
Je me rassois, il me rejoint en descendant l'échelle puis contemple le bâtiment jaune devant lui.
- J'arrive pas à y croire ! J'étais là-dedans ! Qu'est-ce que c'est ?
- Un sous-marin.
- T'es sérieuse ? J'en ai déjà entendu parler mais j'en avais jamais vu en vrai.
- Et oui, c'est le sous-marin sur lequel voyage l'équipage du Heart, regarde bien le jolly roger.
Personnellement je trouve que ce véhicule est incroyable, même pour moi qui suis habituée à la technologie, ce truc là c'est du génie. Bon... c'est aussi le seul moyen de transport dans lequel je refuserais catégoriquement de voyager. Comment font-ils pour ne pas mourir de trouille quand ils sont sous l'eau...
En voyant le dessin le petit se met à trembler.
- On dirait un peu... c'est pas tout à fait le même mais...
- Qu'est-ce qu'y a ?
- Non c'est juste que... y a quelques années on a vu des gens arriver ici avec un jolly roger qui ressemblait à celui-là. J'étais tout petit, je me souviens pas très bien mais ça m'a marqué.
Une nouvelle fois mon sang se glace dans mes veines.
- Tu es né ici Wil ?
- Non... je... je me souviens pas non plus mais je sais que j'ai fait un long trajet en bateau et que je suis arrivé ici.
Je hoche la tête, c'était sûrement un des enfants enlevés, je ne sais pas ni comment, ni pourquoi il n'a pas été emmené comme les autres mais tant mieux pour lui.
- Comment tu te sens ? Ça va, pas trop mal à la tête ?
- Si j'ai super mal, quand j'avais tiré avant il y avait un adulte pour tenir la crosse. Je pensais pas que c'était si fort.
Je ris.
- C'est pour ça, il va falloir te faire les bras, enfin si tu as toujours envie d'apprendre.
- Pour le moment je sais pas trop. Liv... pourquoi tu as appris toi ?
- On m'a pas vraiment demandé mon avis. Ma grand-mère a commencé à m'entraîner quand j'avais six ans, je me suis jamais arrêtée depuis.
Le silence nous enveloppe à nouveau et mes paupières se ferment toutes seules.
- Wil, j'ai besoin de dormir quelques heures, d’accord ? Je te laisse surveiller. Normalement personne ne devrait débarquer avant un moment, mais si c'est le cas, viens me réveiller immédiatement.
- D'accord.
Je me lève et récupère mes lettres, les photos et le gros ours en peluche.
- Pourquoi tu prends tout ça ?
- Tu te souviens quand je te disais que je cherchais mon ami ?
- Ton amoureux.
- Oui, et bien je l'ai retrouvé. Regarde, je lui tends une photo de Law et moi prise dans un photomaton, c'est lui mon amoureux. C'est le capitaine de cet équipage.
Nous échangeons encore quelques mots puis je décide de trouver la cabine de Law. J'y entre, comment je sais que c'est la sienne ? C'est une évidence, tout y est impeccable, il n'y a rien qui dépasse. Le lit est fait, les draps noir et gris sont propres et sans un pli, je l'imagine en train de faire son repassage et ça me met en joie. Les livres dans la bibliothèque sont tous parfaitement alignés, les plus grands sur les côtés et les plus petits au centre de l'étagère. Je pose l'ours sur le lit et les papiers sur son bureau. Par terre, je trouve la boîte, celle qu'avaient évoqué plus tôt les hommes dans la grotte. Je la ramasse, et regarde à l'intérieur. Il a tout gardé... plus d'un an de souvenirs se trouve là-dedans. Il a gardé tous mes petits mots, même les plus simples, toutes nos photos et tous les tickets des lieux où nous sommes allés ensemble. Je me plonge dans la contemplation de chaque petit objet, je plonge dans mes souvenirs. Je reconnais un porte-clefs ridicule que je lui ai offert dans une boutique. Je range les photos et les lettres dans la boîte et la laisse sur le bureau. Je regarde autour de moi, il y a une porte qui mène vers une minuscule salle de bain avec toilettes, lavabo et douche. Alignées dans le porte-savon, de toutes petites bouteilles de gel douche et de shampoing récupérées dans les hôtels où nous avons séjourné. Je ris, je ne pensais pas qu'il était du genre à prendre ce genre de choses dans les hôtels. Malheureusement je ne peux pas me laver, enfin je ne peux pas prendre de douche. Je dois pouvoir réagir à tout moment. Je m'imagine dans celle-ci avec lui. Nous serions si serrés... ça ne me dérangerait pas. Je retourne vers la chambre et ouvre son placard. Évidemment tout y est parfaitement plié, rangé et aligné. S’il faisait le même genre de visite chez moi il ferait une syncope. Je lui emprunte un tee-shirt et un caleçon. Je me dirige vers la salle de bain et me lave du mieux que je peux au lavabo. Je me change et me glisse dans le lit une place. Les draps portent son odeur, il me manque tellement. J'espère qu'il va bien. Une fois la tête sur l'oreiller j'entends un bruit très régulier qui résonne dans le matelas, c'est rien c'est mon cœur, je soupire. Mon cœur ? Je me redresse et regarde sous l'oreiller mais ne trouve rien. Finalement je me lève et enlève complètement le matelas. C'est là que je trouve une boîte fermée à clef dans un trou creusé dans le sommier. Je la prends et la sens qui remue. C'est mon cœur j'en suis convaincue ! Je suis prise d'euphorie, je m'apprête à forcer le cadenas pour le récupérer mais... qu'est-ce que je pourrais en faire ensuite. Comment le remettre dans ma poitrine. Ce serait trop dangereux de prendre ce coffret avec moi. Il sera bien plus en sécurité ici. Je replace la boîte dans son trou, remets le matelas et l'oreiller et me recouche. Alors comme ça tu t'endors en écoutant mon cœur qui bat, Law.
Law
On me balance un saut d'eau glacée sur le dos. Je garde les dents serrées, je dirai pas un mot.
- Purée Trafalgar, on va pas pouvoir continuer comme ça indéfiniment.
Mon interlocuteur s'assoit devant moi. Je ne vois que d'un œil, l'autre est bouffi parce qu'il m'a cogné, du sang dégouline de ma bouche.
- Il faut que tu me dises qui est le gars qui nous descend tous comme des mouches.
- Je vous ai dit que j'en sais rien, on n’a rien à voir avec lui...
- Pourtant tu nous colles au train depuis des mois, tu dois bien avoir une idée.
- Aucune... je sais juste qu'il m'a rendu la tâche encore plus difficile pour vous trouver.
- Et finalement c'est nous qui t'avons trouvé...
Je relève la tête pour voir le visage de celui qui me parle.
- Tes petits camarades non plus ne sont pas très bavards. Pourtant, je sens que vous me cachez quelque chose, le mensonge a une odeur...
Il se tapote le bout du nez. Ses yeux sont bleus comme la glace, vous donnant l'impression de vous transpercer et de voir vos secrets les plus enfouis.
- Tu sais, mes gars ont fini par ouvrir ta cabine, et ils ont trouvé des choses plus qu'intéressantes. Il paraît que tu as une dulcinée.
- Oula c'est aller un peu vite en besogne.
Heureusement que j'ai détruit toutes nos lettres contenant des informations importantes.
- Elle s'appelle Olivia c'est ça.
- Effectivement.
- Qu'est-ce que tu dirais si on allait lui rendre visite... on sait où elle est après tout.
Il ment... je pourrais mettre ma main à couper. Il pense que Liv est une petite nana lambda. Je dois contenir mon sourire.
- Mes gars vont aller la trouver et s'amuser un peu avec elle.
- Vous pouvez bien faire ce que vous voulez, des petits culs il y en a partout, celui d'Olivia me manquera mais bon...
- Tu écris des lettres à ton plan cul toi ?
- Non, mon plan cul m'écrit des lettres, il faut remettre les choses dans l'ordre. Et puis il faut bien entretenir un minimum la flamme sinon elle ne m'ouvrirait plus ses cuisses et j'en serais bien triste.
- Tu mens... tu ne fais que mentir.
- Elle écrit des trucs sexuels, ça me sert de support pour mes petits moments en solo, si tu vois ce que je veux dire...
Je fais un mouvement du poignet pour imager mon propos. Putain je me dégoûte, ça me coûte de dire des choses comme ça à propos d'elle, mais il faut pas que je flanche, je dois rester solide.
- T'es répugnant.
- Fais pas le choqué, tu vends des enfants, entre ça et une branlette on se demande qui est le plus tordu.
Quelque temps plus tard on m'attache à nouveau dans ma cellule.
- Ça va capitaine ?
La voix de Bepo me cogne dans le crâne.
- Pas top mais mieux que ce que j'aurais pu penser.
Je relève la tête pour le voir à travers mes yeux tuméfiés, son pelage est couvert de taches de sang, il presse un tissu sur l'une de ses pattes avant, malgré son état ses yeux sont pleins d'inquiétude pour moi.
Ici il y a beaucoup de petits bruits. Des gouttes qui tombent, des reniflements et des pleurs. Nous sommes entourés de cellules dans lesquelles sont prisonniers plusieurs dizaines d'enfants.
Penguin et Shachi sont adossés au mur, les yeux clos et la respiration un peu sifflante. Ils sont vraiment mal en point.
Plusieurs jours passent encore, je me demande bien ce qu'ils attendent, ils tiennent vraiment à savoir qui les décime. Liv et moi n'avons jamais vraiment discuté de ça... je ne sais pas du tout quelles sont les informations qu'elle détient et surtout combien de personnes de cette organisation sont déjà tombés sous ses balles. Je regarde à travers les barreaux le bureau et l'homme qui nous surveille, ils sont deux d'habitude... Il est en train de lire un magazine en grignotant, les pieds sur le bureau. De temps en temps il nous jette un regard ou se lève pour faire le tour de toutes les cages.
- Il est où ton collègue ?
- Ça te regarde pas Trafalgar.
Je me rassois et patiente encore. J'attends une opportunité qui semble ne jamais vouloir se présenter. Je suis à bout de force et les autres aussi. Ils ont grandement besoin de soins mais personne ne les leur prodigue. Ce n'est pas le pire. J'entends tous ces petits autour de moi qui toussent horriblement, certains d'entre eux sont très malades.
La porte de la pièce s'ouvre et une nouvelle personne entre, accompagnée d'un gars qu'on a déjà vu de temps en temps.
- Je te présente Oliver, il va remplacer Shade à partir de maintenant.
- Vous l'avez toujours pas retrouvé ?
Il a de l'inquiétude dans sa voix pourtant les deux autres ne semblent pas du tout s'en préoccuper.
Je regarde attentivement le nouvel arrivant. Il fait près d'un mètre quatre-vingt, ses vêtements sont amples, impossible de savoir quel type de physique se cache en dessous. Il porte une sorte de masque à gaz très fin et une large paire de lunettes qui ne laisse rien entrevoir de son visage. Son torse semble musclé, il a une carrure impressionnante.
Quand son nouveau collègue lui parle il ne lui répond pas vraiment, préférant hocher la tête. Je n'ai réussi à entendre sa voix profonde qu'une fois ou deux de façon étouffée.
Je sens qu'on me tire la manche, c'est Bepo, il le fixe avec les larmes aux yeux et il me murmure.
- Elle est là Law, c'est elle...
Quoi ? Qui ça elle ?! Ce mec serait une fille... attendez. Il sait qui c'est, il a réussi à identifier cette personne, c'est... c'est Liv !?
Je regarde mieux. Elle porterait des chaussures compensées pour être plus grande, une capuche par-dessus une casquette pour cacher ses longs cheveux.
La porte claque et les deux individus vont s'assoir au bureau.
L'autre écoute attentivement ce que lui explique son interlocuteur en hochant la tête sagement.
- T'as pas l'air bavard... va falloir faire des efforts parce que ce taff est pas mal barbant. Viens je vais te faire faire le tour.
Ils marchent tous les deux et passent devant chaque cellule. Ils ne laissent rien paraître, aucun tremblement, aucune émotion. Finalement ils passent devant nous.
Je ne suis pas sûr que c'est elle, on ne voit rien du tout mais si Bepo le dit c'est que c'est vrai. J'essaie de voir à travers ses grosses lunettes mais je ne croise aucun regard.
Ils commencent à discuter et soudain je l'entends, j'entends la voix de Liv quand elle lui répond de façon impulsive. J'ai l'impression que je pourrais pleurer. Je suis à la fois tellement heureux qu'elle soit là et tellement effrayé pour la même raison.
Liv
C'est le moment que je redoute le plus, Law me regarde. Que lui est-il arrivé, son visage est couvert de bleus et de plaies, sa lèvre est fendue ainsi qu'une de ses pommettes. Je reste bloquée sur ce que je vois, tout l'équipage est là, assis et abîmé. Je ne bouge pas et les observe, espérant que ça va le pousser à me parler un peu.
- Ouais... c'est pas des gosses, mais pour le moment on sait pas trop quoi en faire. Celui-là notre boss veut pas qu'on lui fasse de mal.
- C'est raté.
Ma voix est sortie toute seule.
Je vois les yeux de Law qui s'allument comme des étoiles. J'ai un mal fou à contenir mes émotions, j'ai l'impression que je n'aurai pas la force pour ce qui est prévu.
- Ouais je sais c'est pas beau à voir... mais tant qu'ils ne se décideront pas à nous dire ce qu'ils savent... on peut pas laisser les choses comme elles sont, des dizaines de gars sont morts depuis huit mois à peu près, tous butés par on ne sait qui d'une balle dans la tête. On est sûre qu'ils savent de qui il s'agit. Ce connard nous colle aux basques depuis que ça a commencé.
T'en fais pas garçon, quand j'en aurai fini avec vous, il ne restera plus rien de cette endroit, je vais rayer vos vies et ce lieux de ce monde. La personne que vous cherchez tu l'as juste en face de toi et elle meurt d'envie de te refaire le portrait comme tu as refait celui de celui qu'elle aime le plus au monde.
C'est juste une coïncidence... j'ai commencé à fréquenter Law un peu avant de m'intéresser à toute cette histoire d'enlèvement dont j'avais un peu discuté avec Loyd qui semblait ne pas s'en soucier le moins du monde. Sauf que moi je m'en soucie et j'ai décidé de passer à l'action.
Finalement nous retournons nous assoir au bureau.
- Tu sais Trafalgar, ta copine là... tu sais qu'on l’a retrouvée et qu'on va lui faire la peau si tu nous dis pas ce qu'on veut savoir.
Sa copine ? De qui est-ce qu'ils parlent.
- Je lui ai déjà dit qu'Olivia était juste un plan cul. Je lui ai aussi dit que je ne sais pas qui est celui qui vous descend à tour de bras.
- Sauf que Rudy est sûr que tu nous mens. Tu sais, il sent le mensonge quand il en entend un, y a une petite sonnette d'alarme qui s'active dans sa tête et avec vous il finit par avoir mal au crâne. Il sait que cette fille c'est pas juste ton plan cul.
- Autant mettre carte sur table alors, moi je sais que vous n'avez aucune idée d'où elle se trouve.
Je les regarde discuter sans trop réagir même si ce que Law a dit à propos de moi me fait sourire. Le silence s'étend à nouveau.
- Ça m'a saoulé, je te laisse je vais manger un morceau.
Il passe près de moi en me heurtant l'épaule. Je regarde autour de façon plus libre, il y a des escargots caméra presque partout dans la pièce. Il sera difficile de déterminer un angle mort pour communiquer avec l'équipage, de toute façon c'est plus dangereux qu'utile donc je ne m'y risquerai pas. Je m'assois donc sur une des chaises et abaisse mes lunettes autour de mon cou. Puis je lève à nouveau les yeux vers Law. Je tremble d'envie de courir vers lui de le prendre dans mes bras et de l'embrasser à pleine bouche. J'ai envie le sortir de là dans la seconde sans réfléchir, mais c'est impossible je dois me préparer, mon objectif étant : faire sortir les enfants, libérer l'équipage et enfin détruire cette structure.
Law.
Elle lève les yeux vers moi et je sens tout mon corps qui se met à trembler. Des larmes continuent à me monter aux yeux. Je peux pas croire qu'elle soit là, qu'elle m'ait cherché et surtout qu'elle ait réussi à me retrouver. Quelles sont les compétences que tu as Liv ? Je ne l'ai jamais vue aussi concentrée, aussi stable, aussi calme qu'en cet instant. On ne se quitte pas des yeux, je comprends qu'on ne puisse ni se parler ni se toucher. Elle doit avoir un plan et je ne dois surtout pas la mettre dans une situation compliquée. Bon sang ce qu'elle est belle... elle a l'air d'aller bien... je l'ai vue marcher et elle ne semblait avoir aucune difficulté. Pendant de longues minutes je la vois qui triture le bureau, elle ouvre les tiroirs et les placards, se lève pour aller voir dans un casier qui se trouve dans un coin de la pièce. Elle se dirige ensuite vers la porte, en touche la poignée, ouvre lentement et referme. Qu'est-ce qu'elle fabrique. Finalement elle refait une ronde autour de toutes les cellules. Je n'arrive pas à la quitter des yeux. Au bout d'un certain temps l'autre revient avec un grand sandwich.
Elle remet ses lunettes sur ses yeux.
- J'ai faim moi aussi, tu crois que je peux me trouver un truc.
Elle trafique sa voix pour avoir l'air d'être un homme.
- Te suffit d'aller à la cuisine. Traîne pas trop quand même.
Elle disparaît de ma vue.
Liv
Les enfants sont presque tous malades je comprends pas pourquoi ils font ça. Je marche dans les couloirs à la recherche de la cuisine. Y a pas grand monde, j'en profite pour ouvrir toutes les portes que je trouve et les enregistrer dans ma "portothèque". C'est une vraie aubaine, ce sont pratiquement toutes les mêmes. J'arrive devant une double porte qui donne sur la cuisine/salle de repos. Il y a une vingtaine de personnes qui se trouve là, en train de discuter et de manger.
- Tiens, revoilà notre petit nouveau ! Je vous présente Oliver, il remplace Shade, apparemment ils se connaissent bien.
Tu parles... c'est surtout que je me suis bien renseignée, votre pote vous le retrouverez jamais.
- Faites pas gaffe il est pas très bavard.
Il me donne une virulente tape dans le dos.
Soudain le silence se fait dans la pièce.
- Alors comme ça tu t'appelles Oliver...
Un autre homme s'est levé, c'est lui, c'est Rudy, Shade m'a dit qu'il possédait les pouvoir d'un fruit du démon, celui de détecter le mensonge.
- C'est mon nom en ce moment oui...
Ce n'est pas un mensonge. Il faut à tout prix que j'évite de lui parler plus longtemps.
- C'est quoi ton nom ? Le vrai.
- Je n'ai pas l'intention de vous fournir cette information.
Mais en même temps je ne dois pas donner l'impression de trop en savoir sur lui.
- T'es là pour quoi ?
- Je remplace Shade.
- Tu sais ce qui lui est arrivé ?
- Oui, je pense qu'il est mort, tué par cette personne qui vous préoccupe tant depuis des mois.
Il me regarde de la tête aux pieds, il ne s'inquiète pas du fait qu'on ne voie rien de moi, beaucoup d'entre eux portent le même type de vêtements.
- Bienvenue parmi nous alors...
Il me soupçonne quand même, le contraire aurait été très bizarre. Je décide d'aller vers le frigo et de me préparer à moi aussi un petit en-cas bien mérité. Rudy vient s'installer près de moi. Je n'aime pas sa présence près de moi, il n'est pas du tout comme tous ceux que j'ai affrontés jusque-là. Celui-ci c'est une pointure, une des personnes qui chapeaute tout ici. Il est dos au plan de travail et se penche à mon épaule pour me murmurer dans l’oreille :
- Je te fais pas confiance Oliver, les mensonges je ne fais pas que les sentir, je les vois, et toi, je vois comme en plein jour que t'es pas un mec.
Ma main tremble alors que je tiens le couteau qui me sert à étaler le beurre sur mon pain.
- C'est vrai mais c'est plus facile comme ça. Si je me montre telle que je suis il y aura trop de problème, crois-moi.
Je me tourne vers lui, il est beau mais il porte la malveillance sur son visage et dans son regard glacé. Je déglutis avec difficulté, ce gars-là va être un vrai problème.
- Je te crois.
Il me regarde à nouveau de la tête aux pieds mais cette fois je sens qu'il me déshabille des yeux.
- Je suis quand même curieux, j'ai pas vu de fille depuis longtemps.
Il me caresse lentement le coude, personne ne le voit. Je sens mon sang qui se met à bouillir et battre dans mes veines. Mes doigts se resserrent sur le couteau. Je finis rapidement de faire mon sandwich.
- Fais bien attention à toi, je te surveille de près... O-liv-er.
Il s'éloigne, je reprends rapidement mon souffle et retourne sans demander mon reste dans la pièce des détenus.
Je m'assois à côté de mon collègue et abaisse mon masque pour manger. Mon cœur bat si vite. Mon instinct me hurle de tuer ce mec le plus vite possible avant que... avant que... avant que ce ne soit lui qui me tue. Jusqu'à aujourd'hui je n'ai jamais eu à affronter cette sensation, celle de savoir au plus profond de mes tripes que quelqu'un a la capacité de me terrasser. C'est plus fort que moi, je souris comme un diable je le sens bien, et en même temps je tremble comme une feuille.
- Rudy, il est dangereux pas vrai ?
- Il suffit de les regarder.
Il pointe le menton vers l'équipage du Heart.
Nous restons encore un moment silencieux.
- Assure-toi de toujours faire ce qu'il te dit, il n'a pas de scrupules à faire du mal. Si tu veux mon avis il y prend bien trop de plaisir. C'est pour ça que ceux-là sont toujours là. Il peut pas tabasser les gosses mais eux oui.
Je serre les dents.
Je reste plusieurs jours dans le bâtiment, je flâne et j'évite le plus possible de croiser Rudy qui ne manque pas à chaque fois que je le vois de m'effrayer avec des phrases et des gestes qui m'indiquent avec transparence qu'il rêve de me faire du mal. C'est un sadique je le sens, plus que de s'en prendre aux autres ce qu'il aime c'est faire peur aux femmes.
J'ai visité toutes les pièces que je pouvais en toute discrétion. La peur au ventre à chaque instant, j'ai commencé à mettre mon plan en place. Je ne dormais jamais au même endroit et jamais sans une arme sous mon oreiller.
Je suis seule dans le bureau, mon coéquipier n'est pas là. J'entends quelqu'un qui arrive dans le couloir, la porte s'ouvre et Rudy apparaît. Il vient me rendre une petite visite. Que fait-il ? Pourquoi est-ce qu'il s'approche de moi comme ça !? Il s'installe derrière moi, m'enlève ma capuche et il commence à me masser les épaules.
- Tu sais Oliver, j'ai vraiment du mal à savoir ce que tu fous là.
Il me fait mal.
- Je sais que tu me caches des choses, je sens que tu n'es pas là pour les mêmes raisons que nous.
Law me regarde, terrifié.
Law.
Liv est là depuis plusieurs jours, elle se comporte de façon admirable. Je comprends qu'elle doit attendre d'être prête pour passer à l'action. Je suis tellement rassuré qu'elle soit ici, tous les matins j'attends avec la boule au ventre qu'elle franchisse cette porte.
Ce matin, elle est seule alors nous nous regardons tout notre saoul, je plonge littéralement dans ses yeux bleus. Je veux la tenir dans mes bras, je veux embrasser sa peau je veux...
La porte s'ouvre d'un seul coup. Elle regarde Rudy avec méfiance, elle semble presque pétrifiée. Qu'est-ce qu'il fout lui ? Il fait glisser la capuche de sur sa tête. Pourquoi est-ce qu'il pose ses mains sur elle, il lui masse les épaules. Elle est complètement crispée.
Enlève tes sales pattes enfoiré ! Ne la touche surtout pas ! Arrête !
Chaque fois qu'il presse ses mains sur elle mon esprit se vide un peu plus de toutes pensées cohérentes, la colère envahit lentement chaque particule de mon corps.
Il lui parle sans qu'elle ne lui réponde, avec ses lèvres qui lui caresse l'oreille en faisant voleter quelques cheveux blonds échappés, de sa casquette.
- Tu vois, mon pouvoir est un peu plus vaste que ce que je veux bien laisser paraître.
Il est penché au-dessus de son épaule et pose sa joue contre la sienne.
Il me regarde, pourquoi il me regarde et me sourit.
- Ça prend parfois un peu de temps mais je suis capable de voir quand il y a des secrets et où ils sont cachés.
Il saisit sa gorge dans une horrible caresse. Mon cœur va éclater, la colère et la peur me leste l'estomac comme du plomb. Je suis impuissant. Bepo à côté de moi s'est levé d'un bond en montrant largement les crocs.
- Et toi, tu empestes le secret Oliver, ce qui est étrange c'est que lui, il porte la même odeur que toi, ce qui signifie que vous partagez un même secret, que vous êtes liés, tu vois...
Il me regarde toujours.
- Dis-moi Trafalgar, cette femme a-t-elle de l'importance pour toi ?