L'inconnue de Trafalgar Law.

Chapitre 20 : Ainsi tout sera détruit

3803 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a environ 3 ans

Law



Je ne réponds pas. Je ne veux pas répondre à sa question. Il connaît déjà la réponse, il sait déjà qu'elle est tout pour moi. Il sait déjà que je pourrais crever pour elle, que s'il lui fait du mal devant moi alors que je ne peux rien y faire je serais anéanti. Je perdrais le peu de lucidité qu'il me reste. 

Il serre de plus en plus fort sa gorge dorée. J'ai envie de le tuer ! De le détruire ! Je veux qu'il arrête ! Qu'il crève !

- Je ne peux pas... Law...

La voix de Liv est comme écrasée entre les doigts de son assaillant, ses yeux sont pleins de larmes. A-t-elle si mal ? A-t-elle si peur ? Liv ! 

Non, ne dis rien je t'en prie... si tu parles il va te tuer. Je veux pas que tu meures... je veux pas qu'il te fasse du mal. Comment on en est arrivé là !? J'en peux plus. Je suis au bord de larmes. 

- Non, liv-ya... ne dit rien... 

Moi voix n'est qu'un murmure qu'elle ne peut même pas entendre. 

- C'est moi... C'est moi qui les ai tués. 

Les mains de Liv tremblent, elle suffoque. 

Elle a une lueur dans le regard que je ne lui connais que trop bien... elle se sait en danger, ça la stimule. 

- Je te tiens alors...

Soudain Liv lui envoie un coup de coude dans les côtes avant de se lever d'un bond. Il la tient toujours par la gorge, d'un mouvement de l'épaule vers l'avant elle le soulève et le fait tomber lourdement sur le bureau. 

Je suis abasourdi. Pourquoi j'oublie ? Je sais pourtant qu'elle sait se défendre. 

Il envoie son pied qu'elle bloque avec force. Elle ne le laisse pas bouger. D'une pirouette il se retrouve de l'autre côté du bureau. 

- T'as pas peur ? 

- Non, plus maintenant, je peux me défendre. 

Elle bouscule le bureau pour l'enlever de sa trajectoire. Il sort un couteau puis se jette à nouveau sur elle. Il est vraiment agile. 

Je suis complètement pétrifié, je ne peux que la regarder se battre. Soudain il lui assène un coup à l'abdomen à l'endroit précis où je l'ai opérée il y a quelques semaines. Elle serre les dents pour ne pas crier. Je vois ses yeux qui se remplissent à nouveau de larmes. Le couteau s'abat sur elle et s'enfonce dans son épaule droite au niveau de l'omoplate. Elle lui attrape le bras, le brise en faisant plier le coude dans le mauvais sens. Il va hurler mais elle lui plaque une main sur la bouche. Il tient bon. Elle le saisit ensuite par la gorge et le maintient loin d'elle. Il finit par lâcher le couteau qui reste dans son dos. Il la frappe à nouveau au visage de son bras valide. Je ne peux pas le supporter. 

- Liv non ! Liv je t'en prie !

Le désespoir me hante, j'ai si peur qu'elle meure. Mon cœur se brise en mille morceaux, je ne sais pas quoi faire. Je me jette sur les barreaux de granit marin. Toutes mes forces m'abandonnent, je ne sers à rien. 

Elle arrache son masque et ses lunettes, du sang gicle de son nez. Ses yeux n'ont jamais été aussi sombres, et je n'ai jamais vu une telle colère habiller son visage d'ordinaire si joyeux. Elle est dure et rigide comme l'acier. Chaque coup qui lui est porté semble rencontrer un mur inébranlable. Elle ne bouge pas d'un pouce. Finalement elle le pousse sur ma cage, il entre en contact avec le granit marin, comme moi l'instant d'avant, il perd ses forces. Elle en profite pour le démolir sans hésitation. J'entends ses poings qui s'abattent sur le visage de Rudy, j'entends son nez qui craque. Je vois les mains de la femme que j'aime couvertes de sang. Il glisse sur le sol la tête en l'air, il la regarde. Je ne vois pas son visage. Elle le laisse là puis va chercher quelque chose dans un tiroir. Elle revient avec une cordelette, elle va l'attacher pour qu'il ne puisse plus nuire. Elle... le retourne et pose un genou au milieu de son dos, glisse la corde autour de son cou et serre de plus en plus fort. Le visage en bouillie de Rudy change plusieurs fois de couleur, le sien ne laisse paraître aucune expression. 

Les enfants commencent à pleurer et à réagir. 

- Fermez-la ! ... s'il vous plaît, ne faites pas de bruit. Je vais vous sortir de là. 

Elle a crié avec autorité avant de se radoucir. Le silence s'abat sur nous tous. Elle laisse tomber le corps sans vie de notre bourreau sur le sol glacé et se redresse, son souffle est court. Elle s'essuie le visage ne parvenant qu'à étaler un peu plus le sang qui le macule. Elle se lève, chancelante et fixe un moment sa victime. Elle essaie une nouvelle fois d'ôter le sang avec sa manche. Elle se tourne vers moi et rejoint la cellule à grandes enjambées. Une fois à ma hauteur ses bras jaillissent à travers les barreaux et m'attrapent par le col, me catapultent à sa rencontre, nos bouches s'entrechoquent. Elle m'embrasse comme jamais. Elle me serre contre elle alors que notre énergie à tous les deux nous quitte. Nous glissons peu à peu mais elle me tient toujours nous empêchant de tomber. Elle me serre dans ses bras de toutes les forces qu'elle n’a probablement plus. Nos lèvres ne peuvent plus se quitter. Même le goût du sang ne pourrait me pousser à les quitter. Je sens que ses joues sont humides. Je l'entends qui devrait reprendre son souffle mais elle ne le fait pas. Elle ne s'arrête pas, nous sommes à genoux maintenant et nous nous embrassons toujours. Mes mains rencontrent le couteau. 

- Li... huuummf... 

Elle ne me laisse pas parler, sa bouche fondante sur la mienne. Je n'arrive pas non plus à m'arrêter. C'est si bon qu'elle soit près de moi. Je glisse mes doigts dans ses cheveux. 

- Liv-ya... a... arrête ! 

Je la saisis par les épaules et la repousse doucement. Je reprends mon souffle tant bien que mal. 

- Il faut t'enlever le couteau. Son visage est méconnaissable, elle est soulagée, des larmes laissent des sillons dans le sang. Elle tient le mien à deux mains, elle irradie de bonheur en me voyant, ses yeux sont si brillants, si beaux. Je veux l'embrasser encore !

- Je t'aime Law... je pouvais pas te laisser, je pouvais pas.. je.. comment... j'ai... il fallait que je te retrouve. Je savais que tu avais eu un souci. Il fallait que je te retrouve... 

Je saisis son visage à mon tour et dépose sur sa bouche un profond baiser. 

- On est ensemble maintenant Liv-ya ... calme-toi, d'accord ? 

Elle me sourit, nos fronts sont posés l'un sur l'autre et nous nous sourions comme si nous étions seuls. Je ne peux pas empêcher mes mains de couvrir son visage de caresses, elle me les embrasse.

- Tu as raison, le plus dur reste à venir... 

- Tu as les clefs des cellules et des menottes ?

- Non, j'avais pas prévu d'agir tout de suite... mais il m'y a obligé. 

Son regard est doux, presque docile. 

- Bon retourne-toi je vais enlever le couteau. 

Elle s'exécute sans broncher. Je saisis le manche et tire d'un coup sec. Elle se crispe et pour contenir un nouveau cri. Elle est tellement forte, je ne me doutais pas d'à quel point. Je tombe un peu plus amoureux d'elle. 

- Il est où ton collègue ? 

- J'en sais rien c'est pour ça qu'il faut qu'on se dépêche. Tu peux arrêter le saignement ? 

- Faudrait recoudre... 

- Ok attends deux secondes. 

Elle se lève et se dirige vers la porte. 

- Où tu vas ?! Tu peux pas sortir d'ici comme ça ! 

- T'en fais pas. 

Elle entrouvre la porte et regarde vite fait à l'embrasure puis elle quitte la pièce. Elle réapparait au bout de deux minutes avec des bandages, et tout le nécessaire pour une suture. 

- Comment tu as pu trouver tout ça aussi vite...

- Je t'expliquerai quand ça sera terminé, tu veux bien ? Suture-moi que je puisse continuer ce que j'ai commencé. 

Elle se rassoit près de la grille. 

- Je comprends pas que personne se pointe, y a forcément des gens qui surveillent les escargots camera non ? 

- Je suis totalement d'accord avec toi... j'irai me renseigner après. 

- D'accord. 

Je me racle la gorge.

- Il faudrait que tu te déshabille. Elle ne réfléchit même pas et enlève sa veste non sans grimacer. Je découpe son tee-shirt et trouve un bandage fortement serré qui comprime ses seins. 

- Enlève-moi ça au passage s'il te plaît. 

Je m'exécute, elle prend une profonde inspiration. 

- Bon sang comme ça fait du bien. 

Je regarde la plaie c'est pas très beau mais pas très grave. Je désinfecte puis prépare de quoi faire la suture. 

- Je vais y aller Liv-ya. 

Elle soupire et se cale un morceau de tissu entre les dents. 

Mes mains tremblent à cause de la fatigue. J'essaie de ne pas toucher le granit marin et mes menottes pèsent lourd mais je dois le faire. J'approche l'aiguille et perce la peau, je me concentre sur ma tâche en occultant les réactions de ma patiente qui subit de violents spasmes à chacun de mes gestes. 

Je suis tellement désolé Liv, je fais au plus vite et au mieux. Il restera une vilaine cicatrice mais dans l'état actuel des choses je ne peux pas faire mieux. Je finis par lui faire un pansement et pose ma main dessus. 

- Voilà, ça devrait aller. 

Elle me tend une seringue et un flacon. 

- C'est quoi ? 

- Antidouleur, je vais avoir besoin de toutes mes capacités. 

- Liv-ya c'est de la folie, où est-ce que tu as eu ça ? 

- J'en ai toujours sur moi en cas de problème, allez pique-moi... j'aime pas le faire moi-même.

J'hésite... 

- Allez Law fais-moi confiance ! Il faut que je puisse me battre. 

Je la pique en soupirant, il y a toute une vie que je ne connais pas chez elle. 

- J'espère que tu sais ce que tu fais. 

Elle se lève une nouvelle fois et se dirige vers le casier gris. Elle l'ouvre et récupère des vêtements qu'elle enfile rapidement. Je la regarde faire quand elle dévoile un peu plus son corps. Je reconnais cet accoutrement noir, avec les plaques de métal sombre. 

- Capitaine... 

Je me retourne vers mon équipage qui me fixe avec incrédulité. Shachi et Penguin me regardent puis le reste de mes gars qui sont tous pantelants. 

- Heu... Je vous présente Olivia enfin Liv-ya... c'est... c'est la personne qui partage ma vie depuis plus d'un an maintenant. 

- Ravie de tous vous rencontrer ! 

Ils la regardent sans rien dire. 

- Tu vois je te l'avais dit qu'il avait une goe ! On peut pas être joyeux comme il l'était si on a pas passé une bonne nuit. 

Ils se mettent tous à rire avec joie. Je ne comprends pas pourquoi cette nouvelle les fait rire. Bref je me retourne à nouveau vers elle. Elle ferme le casier gris puis le réouvre, pour récupérer deux gros pistolets noirs dans un holster qu'elle accroche à ses hanches, les deux armes de mort sur le côté de ses cuisses. Elle referme à nouveau le casier et le réouvre à nouveau. Pourquoi est-ce qu'elle fait ça ? Cette fois elle récupère une dizaine de petits boîtiers qu'elle place sur le bureau. Ainsi que de nombreux chargeurs. 

Elle pousse le bureau à côté de la porte. Remet son masque, ses lunettes, sa casquette et sa capuche. Elle prend une grande inspiration, elle ouvre la porte et elle tire... 



Liv



BAM BAM BAM BAM 


Je referme la porte et la réouvre sur une autre pièce. J'abats tout le monde sans sommation. Je me retourne et récupère une des bombes que Baboomka m'a appris à fabriquer. Je rentre dans la pièce et la lance en l'air pour qu'elle s'accroche au plafond. Je ressors, ferme à nouveau la porte et la réouvre. Dans leurs rangs personne ne survivra à ce jour. J'ouvre la porte sur la salle des caméras... je tue ceux qui s'y trouvent et entre, je colle ma bombe au plafond et fixe les écrans, les caméras des cellules sont éteintes, quelle chance...

Rudy devait avoir de terribles projets pour avoir voulu le cacher. 

Ça fait trois bonnes minutes que l'alarme s'est mise à sonner dans tout le bâtiment et qu'à travers une seule porte, j'ouvre toutes les autres pour tuer. Dans chaque pièce une charge explosive. Il n'y a sûrement plus personne dedans, ils doivent tous être dans les couloirs maintenant. Je referme la porte. 

J'entends Law qui me questionne mais je n'ai pas le temps de lui répondre. Je cherche dans les poches de Rudy la clef de son bureau. 

Je n'ai jamais tenté cette expérience si ça marche ça pourrait m'ouvrir de nouvelles possibilités et me faire gagner un temps fou aujourd'hui.  

De nouveau devant la porte je touche la poignée et visualise celle de son bureau. Je glisse la clef dans la serrure. 

Clac ! 

Je souris... c'est dingue ! Je peux ouvrir les portes à distance si j'en possède les clefs ! 

J'entre dans le bureau, jusque-là il ne m'avait jamais laissé y mettre les pieds. J'ouvre les tiroirs et les armoires pour trouver son trousseau. Je l'ai !

Une nouvelle idée germe dans mon esprit. Est-ce que... ?

Je retourne dans la pièce des cellules, glisse à nouveau la clef dans la porte. 

Clac. 

Le bureau est à nouveau fermé. Je lâche la poignée, la reprends et ouvre la porte à nouveau. C'est... hallucinant ! Je me dépêche de fermer le plus de portes possible à clef, si certains restent enfermé c'est pas plus mal. 

Soudain j'entends qu'on tambourine. 

- Oliver ! OLIVER ! Ouvre je sais pas ce qui se passe ! Y a des morts partout ! On sait pas combien ils sont et d'où ils sortent. Ouvre grouille-toi, je veux pas crever. 

Je reconnais cette voix. J'ouvre finalement et le laisse entrer en trombe. C'est mon "collègue". Il est tout dégoûtant, il a dû glisser sur un flaque de sang. 

- Vas-y ferme la porte on va rester tranquille ici le temps que ça se calme... 

Il regarde le corps de Rudy étendu sur le sol le visage bleu. 

- Oliver... qu'est-ce qui c'est... 

- C'est Olivia mon nom et je suis seule. 

BAM 

Il tombe en arrière sans vie. Je l'enjambe sans faire attention et lui écrase les doigts. Je me dirige vers la cellule de Law. Je me saisis de la clef, elle est en granit marin. 

J'essaie de ne pas trop chanceler. Law me regarde, complètement décontenancé. J'arrive pas à viser la serrure, je sors la langue et me concentre un maximum.

Tic tic tic. 

La clef tape tout autour. 

- Bon tu vas y arriver !

- J'aimerais bien t'y voir ! Si tu insistes je peux très bien me barrer sans toi ! 

Clac clac. 

Enfin ! J'ouvre et donne les clefs à un des gars près de lui, un gars avec une casquette avec écrit "penguin" dessus. Il me regarde comme fasciné. 

- Tu peux ouvrir les menottes et les autres cellules s'il te plaît ? Préparez-vous on va bouger et on pourra pas s'arrêter. 



Law

 


Nous nous organisons le plus vite possible. 

Les enfants sortent des cellules, terrifiés. Certains ne veulent pas quitter leurs geôles. Ils ont peur de Liv. Je les comprends. C'est une machine que rien n'arrête, ni la douleur, ni les cris, ni la peur. Elle ne fait aucun geste superflue, elle sait ce qu'elle doit faire et comment elle doit le faire. J'ai moi-même été un enfants soldats alors je la comprends, même si je n'ai jamais atteint son niveau.

- Viens petit... elle est là pour tous nous sortir de là... elle ne te fera aucun mal je peux te le promettre. 

- Allez viens Toby... reste pas planté là. 

Ses camarades essaient de le convaincre. C'est le dernier, il ne veut pas bouger. 

Liv entre se penche et le saisit par le col.

- Bouge ! 

Elle le lance presque en dehors de la cellule puis passe à nouveau à côté de lui elle le relève brusquement sur ses jambes. 

- Tu vas vivre petit ! Je vais te sortir de là tu comprends ? Alors il faut que tu bouges, il faut que tu m'aides et que tu aides les autres. De toute façon si tu restes planté là tu mourras, quand j'en aurai fini il ne restera plus rien de cet endroit.

Que veut-elle dire par là ?

- Bon l'équipage venez par ici, vous allez récupérer vos affaires. 

Je m'approche avec les autres, nous sommes tous à ses ordres. Elle se concentre, glisse la clef dans la porte et l'ouvre sur... une pièce ? C'est... 

- C'est censé être un couloir. 

Je me tourne vers mon camarade qui m'ôte les mots de la bouche. Ca fait un moment que j'observe son petit manège et que j'ai saisi en partie quels sont les capacités qu'elle pocède. Voir cette porte s'ouvrir ainsi confirme toutes mes théories.

- On n’a pas le temps pour les explications, vous les aurez plus tard. Allez chercher ce qui est à vous. 

Nous entrons elle nous suit. 

Je regarde un peu partout, mon nodashi est là ! Je suis vraiment content de le récupérer. En ressortant je m'arrête à sa hauteur. 

- Voilà donc la nature de ton fruit du démon...

- Et oui...

- Tu es tellement pleine de surprises. 

- Je crois que tu as tout vu maintenant...

Elle me saisit la main et la serre tendrement. 

- Continuons ! 

Petit à petit les enfants se rangent deux par deux devant la porte. 

- Les adultes répartissez-vous autour des enfants pour les protéger. Les plus balaises devant et derrière. Nous allons nous déplacer dans un couloir. 

- Tu penses pouvoir utiliser ton fruit Law ?

- Non... j'ai déjà du mal à tenir debout. 

- Ce soir on dormira dans ton lit. Va te mettre au milieu. 

Elle m'embrasse sur le bout du nez. 

Je peux pas m'empêcher de sourire. 

Une fois que nous sommes tous en place, elle recharge ses armes de poing et en "colle" d'autre un peu partout sur sa tenue. Comment tiennent-ils. 

- Nous allons y aller ! Quoi qu'il arrive surtout ne vous arrêtez pas. Si un de vos camarades tombe aidez-le à se relever le plus vite possible. 

Elle ouvre la porte cette fois bel et bien sur un couloir. Le cortège se met en branle, nous avançons et au bout de trente seconde les premières balles sont tirées avant que le silence ne retombe. Les enfants crient, tout mon équipage les aide à avancer, les rassurant comme ils peuvent. Pour le moment rien ne peut arriver derrière nous. Le silence est mortel. Nous suivons Liv presque aveuglément. Je n'arrive presque pas à la voir. Parfois j'entends derrière une porte quelqu'un qui tambourine. Nous passons sans nous arrêter. J’enjambe deux cadavres. Nous montons un escalier. De nouveaux coups de feu me parviennent de devant. Une minute plus tard j'enjambe de nouveaux corps sans vie. Le trajet me semble interminable, tous les couloirs se ressemblent. Il y a parfois du grabuge à l'arrière mais tout semble se régler rapidement. J'ai l'impression d'être perdu dans un labyrinthe cauchemardesque. Elle ouvre une toute dernière porte, je sens l'air frais du dehors qui me caresse le visage. Notre troupe se précipite un peu et se bouscule vers la sortie. Nous nous expulsons de l'enfer comme un bouchon de champagne avant de nous répandre dans la nuit. La lune éclaire presque comme en plein jour. L'air est vif mais je n'ai jamais autant apprécié le froid. 

- Non, continuez d'avancer ! Il faut qu'on s'éloigne un peu.

Nous marchons encore, personne ne nous suit. 

Elle fouille dans un buisson non loin de là en sortant une sorte de... c'est un détonateur. Il y a un fil qui serpente jusqu'au bâtiment. 

- Vous pouvez vous assoir et bouchez-vous les oreilles. 

Les petits se laissent tous tomber dans l'herbe. Ils se mettent à pleurer et à crier.

Je me tiens près d'elle, elle est accroupie, prête à déclencher sa bombe. 

- Si, il y a peut-être ça comme dernière surprise. Je suis balaise pour faire sauter des trucs.

Elle appuie sur la poignée à deux mains. Il se passe quelques secondes. Une première charge explose. Suivie de dizaines d'autres, tout le bâtiment vole en éclat. 

- KABOOMKA !! 

Liv hurle. Elle saute de joie, ses yeux pétillent. Elle me prend dans ses bras comme si nous étions deux amoureux regardant un feu d'artifice. Des charges continuent d'exploser les unes après les autres. Le feu est gigantesque, des débris et de la fumée obscurcissent le ciel. 

- J'aurais tellement voulu que ma grand-mère voie ça... 

Autour de nous les enfants et l'équipage sont à la fois terrifiés et fascinés par le spectacle qui se joue sous leurs yeux. 

Moi je n'ai d'yeux que pour elle, elle est sublime éclairée par le feu. 


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