L'inconnue de Trafalgar Law.
Chapitre 7 : Oui c'est un rencard.
5496 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour il y a environ 4 ans
Salutation mes petits loups de mer ! On se retrouve dans les temps pour la publication de mon chapitre de cette quinzaine. Je vous souhaite une excellente lecture.
- Law-
Non mais vraiment je vais crever !! Comment peut-on encore prendre de la vitesse ? Je la serre à l'en étouffer alors qu'elle est penchée en-avant sur la moto. Je ferme les yeux, j'ai eu le malheur de les ouvrir il y a cinq minutes et j'ai vu le bitume de bien trop près à mon goût. Je peux même pas faire une Room pour me barrer, on la traverserait en une demi-seconde. Nous penchons une nouvelle fois dans un virage... Je vous en prie, je veux pas mourir ! Pas comme ça ! Pas avant d'avoir pu réaliser le rêve de Cora-San ! Pas avant d'avoir battu doflamingo ! Pas avant d'être libre ! Elle est complètement folle ! Je la serre un peu plus fort, complètement crispé. Je sens la moto qui tremble, c’que j’ai peur ! Elle accélère encore sur une grande ligne droite avant de ralentir un peu et d'entamer plusieurs virages serrés. Elle me donne un coup de coude, pourquoi elle me frappe ? Je suis tétanisé, de la sueur glacée me coule dans le dos, mes mains et mes pieds sont froids et je dois bien avouer que j'ai furieusement envie de pisser. On sort des virages, on est au bord d'une falaise, elle accélère encore et encore comme si elle prenait la confiance, mais quand va-t-elle s’arrêter ?! Je la vois qui enlève une main du guidon pour faire je sais pas quoi, je lui hurle.
- Putain reprends-le à deux mains !
Elle ne m'entend pas. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis sur cet engin mais j'ai l'impression que ça fait des heures. Le soleil se couche et on est ébloui par ses rayons rasants, on roule à fond de balle à bord de falaise tombant dans la mer. Si je tombe je meurs, c’est certain, je pose mon front contre son dos en fermant fortement les yeux. Putain Traff t’es adulte merde pourquoi tu flippes comme ça ?! Je sens que mes bras et mes jambes sont complètement ankylosés, je ne peux plus les bouger. Y a un bâtiment au loin au-dessus de son épaule, serait-ce le lieu de mon salut !? Quand elle arrive sur le parking du relais elle freine d'un coup, je me heurte à son dos et sens la roue arrière de la moto se soulever dangereusement. Elle retombe, j'ai l'impression que les os de ma colonne vertébrale s'entrechoquent... on ne bouge plus ? Vraiment ? J'ose à peine y croire... J'ai toujours les bras autour de sa taille, l'intégralité de mon corps tremble. J'arrive pas à la lâcher. J'entends des voix qui arrivent vers nous. Liv essaie de bouger mais elle peut pas. Je sais pas pourquoi mais mes bras ne veulent pas se débloquer.
Il y a des éclats de voix, quelqu'un me tape dans le dos. Je comprends rien de ce qu'il se dit. Le corps de Liv-ya est secoué comme si elle riait. J'essaie de faire le point. Effectivement elle rit. Elle a même enlevé son casque, de la sueur lui colle quelques mèches sur le visage. Elle est canon, je veux être près d'elle... pourquoi je pense à ça ?
- 20 minutes et 37 secondes ! C'est un nouveau record et c'est une gonzesse qui conduisait.
- Attendez-vous à voir débarquer des motos roses les chatons !
J'entends qu'on me parle mais je n'arrive pas à me concentrer. Elle a posé les mains sur mes bras et les serre délicatement entre ses doigts. Sa voix me parvient. Elle est belle sa voix à Liv, je voudrais l'entendre tous les jours.
- C'est bon Law on est arrêté tu peux me lâcher maintenant.
- Je...
Je peux pas en dire plus, à nouveau on me frotte le dos et on me parle.
- Ça va mon gars détends-toi, c'est fini... Il faut que tu descendes en premier.
Elle arrive à desserrer mes doigts, à me faire ouvrir les bras et à me faire descendre. Elle se lève de la moto. Des hommes se mettent à lui taper les épaules et à la féliciter, ils la regardent tous avec des étoiles d'admiration plein les yeux, j'ai envie qu'ils arrêtent de poser leur regard et leurs pattes sur elle. Je ne comprends pas, on aurait pu mourir et j'arrive à être jaloux ?! Toutes mes sensations et émotions sont décuplées, les hormones qui font leur taf encore...
Soudain le sang revient dans mon corps et avec lui la fureur me monte dans le ventre et explose dans mon estomac j’enlève mon casque avec colère.
- T'es complètement malade ma parole !! On a failli crever !
J'ai les larmes aux yeux, de ma vie je n'ai jamais ressenti un tel soulagement, un tel relâchement qu'en cet instant. La vie se déverse dans mes veines, je me sens tout chaud. Je suis furieux, euphorique, jaloux, heureux, agacé, soulagé, honteux, vivant. Je suis vivant putain !!
Tout le monde se tourne vers moi. Je sens que le feu me monte aux joues. J'ai honte mais c'est incontrôlable, je pleure, y a longtemps que j'avais pas tout lâché de cette façon. Liv demande aux autres de retourner à l'intérieur. Puis elle s'approche doucement de moi avec un sourire. Je crois qu'elle ne sait pas trop quoi me dire et le silence me rend fou alors je hurle.
- T'es vraiment pas finie putain ! Faut être complètement arriéré pour monter là-dessus et faire ce que tu fais.
J'ose pas la regarder des larmes me glissent entre les doigts ça ne s'arrête pas, pourquoi ? Elle me saisit par le bras puis elle me gifle, une vraie gifle, elle a de la force. Je m'arrête net de parler, surpris.
- Tu vas arrêter ça immédiatement Law ! Je suis la meilleure pilote que tu puisses trouver sur tout North blue tu m'entends ! C'est à cause de toi qu'on a failli aller dans le décor plusieurs fois et pourtant tu es toujours là, et pourquoi ? Par ce que JE nous ai sauvé la vie !
- Tu n'aurais pas dû accepter ce pari en sachant que tu prenais quelqu'un derrière toi !
- Je pensais que ça ne t'impressionnerait pas, tu te déplaces en sous-marin à des centaines de mètres sous l'eau !
- Et alors ?! C'est pas effrayant ça !
- Putain mais si !!
Elle hurle aussi maintenant puis elle s'adoucit.
- Je pensais vraiment pas que tu aurais aussi peur... promis quand on repartira je roulerai tranquille.
- Je ne reposerai plus mon cul là-dessus...
- Tu veux qu'on reparte à pied ?
- Oui !
Elle rit puis elle tourne les talons en m'attrapant la main. Je me sens une nouvelle fois embarrassé.
- Viens voir il y avait des escargots caméra sur tout le chemin.
Mes jambes sont en coton comme si j'allais m'écrouler à chaque pas. Je serre sa main dans la mienne, elle est chaude et ferme, ça me rassure.
Il y a d'autres motos alignées devant le relais, c'est un genre de restaurant. On entre, il y a une dizaine de personnes présente, un escargot projecteur projette des images de la route et de nous sur la moto.
- J'y crois pas !! Une pointe en ligne droite à plus de deux cent cinquante kilomètres heure ! Cria l'un des gars une choppe à la main.
Deux cent cinquante... je regarde la vidéo on nous voit à peine, on passe tellement vite, je reconnais le moment où le véhicule a "tremblé" je m'aperçois qu'en fait elle a carrément failli perdre le contrôle.
- Non mais matez-moi cette virtuose ! Y en a pas un seul d'entre nous qui aurait pu rattraper ça !
- Mon gars quand elle se couche dans le virage il faut te coucher aussi... sinon vous allez à la catastrophe.
C'était de ma faute ? En y réfléchissant, elle... elle n'a pas tremblé une seule fois.
- Vous allez bien rester manger avec nous les jeunes pas vrai ?
- Désolée, je suis en plein rencard. C'est avec lui que j'ai envie de passer du temps. Même si vous êtes tous chou... en plus j'ai l'impression d'avoir grillé mes chances, il faut que je me rattrape... je suis pas sûre que transformer notre rendez-vous en rassemblement de motards le fasse tomber dans mes bras.
Elle rit encore, comment fait-elle pour parler de ses choses-là si naturellement ? J'en tressaillis. Elle me regarde de ses beaux yeux bleus en me touchant la joue du bout des doigts. Elle n'a vraiment aucune honte ! Pas de retenue quand il s'agit de dire ce qu'elle pense. Elle glisse sont bras au creux du mien et elle nous redirige vers la sortie. Je suis soulagé, je n'aurais pas pu rester calme au milieu de tous ces mecs qui la mataient... pourquoi d'ailleurs ? Je veux dire, on n’est pas un couple on n’est rien l'un pour l'autre ? Putain Traff voilà que tu recommences à te mentir, vous n'êtes pas rien, depuis le début vous n'êtes pas rien. Il y a quelque chose, je ne saurais pas mettre de mots là-dessus mais ce que je sais c'est que ça me rend dingue de l'imaginer avec quelqu'un d'autre que moi.
- Attends ! C'est quoi ton nom ?
- Elle s'appelle Olivia.
Elle est secouée d'un grand rire, j'ai répondu à sa place avec le prénom que "JE lui ai donné" ça a été plus fort que moi... Je comprends maintenant... je la veux pour moi seul et je supporte très mal qu'un autre la regarde ou la touche en ma présence.
Bon il faut impérativement que je remonte sur cette bécane. J'ai arrêté de trembler, je vais pas me laisser impressionner par un tas de ferraille.
-Liv-
La porte se referme derrière nous. Je suis vraiment trop conne, qu'est ce qui m'a pris d'accepter ce pari alors que j'allais avoir Law derrière moi... il m'en veut à mort. Il a pleuré... il a pleuré devant moi et je l’aie giflé. Jamais il ne pourra me pardonner ça, même avec toutes les fessées et punitions du monde. C'est terminé...
Comment je vais le faire remonter sur la moto pour repartir, on va quand même pas rentrer à pied il y en aurait pour des heures ! Des heures de gêne et de silence.
- Law... je suis vraiment désolée, je n'ai pas du tout réfléchi en acceptant ce défi...
Il ne me répond pas, il s'assoit sur les marches le visage dans les mains.
- Liv... j'ai jamais ressenti ce que je viens de ressentir avec toi sur cette moto. Je me sens...
- Vivant ?
- Oui c'est ça...
- Tu n'as jamais failli mourir ?
Il relève la tête et me fixe.
- Évidemment que si ! Mais jamais pour rien comme ce soir !
Il me crie encore dessus. J'encaisse, je le mérite.
- C'est sûr qu'une course contre la montre pour première expérience à moto c'était pas l'idéal.
Je ris nerveusement en m'asseyant à côté de lui. J'ose pas le toucher, je sais pas si j'en ai le droit... c'est pas comme "d'habitude", si on peut parler d'une habitude. Il a les mains crispées sur ses genoux, les jointures de ses doigts sont blanches. On dirait qu'il mène un combat intérieur. Je n'ai aucune idée de ce qui lui traverse l'esprit, en tout cas ça le perturbe.
- Tu veux que je te ramène en ville ?
- Pourquoi, tu ne veux plus passer la soirée avec moi ?
- Quoi ?! Si, bien sûr que si ! Mais...
- Arrête de dire des conneries...
Il est en train de reprendre contenance et retrouve son air impassible.
- Law... vraiment pardonne-moi...
- On verra ça plus tard...
Je le sens mal... mon cul va en prendre pour son grade je crois. Il est de nouveau lui-même, grand, froid, impassible et nonchalant, terriblement sexy. Tout mon corps se met à frissonner.
- Je vais remonter derrière toi, mais je te préviens, tu as intérêt à filer droit.
- Oui chef ! À vos ordres chef !
Je lui fais un salut digne des plus grands Marine en claquant mes talons l'un contre l'autre. Je me dirige vers la moto en remettant mon casque. Il ramasse le sien par terre et l'enfile à son tour. Je m'assois et il prend à nouveau place derrière moi. Je me retourne.
- Je vais vraiment rouler tranquillement donc ne t'en fais pas, la moto va beaucoup moins se coucher. Mais il faudra quand même que tu suives mes mouvements d’accord ?
- ok !
Je démarre et il m'enlace à nouveau, ce que je peux aimer ça quand il me touche, quand il est proche de moi, même en cet instant je me sens complètement grisée. Je suis bien redescendue par rapport à tout à l'heure pendant la course, je me suis pris un bon shoot d'adrénaline. Bon c'était parce que Law a failli nous tuer mais c'était génial ! Je démarre et nous repartons. Comme promis je roule très tranquillement, c'est si agréable. Le soleil est en train de se coucher sur les falaises les couvrant d'or, c'est magnifique. La moto avale les kilomètres de bitume et je me sens plus libre que jamais. On se penche dans un virage, il me suit à la perfection non sans se crisper un peu, je sens ses poumons se remplir et sa respiration se bloquer. Puis il se relâche, se détend. Je le sens même qui se décolle de mon dos pour regarder le paysage. La mer est magnifique, le ciel se colore de rose, d'orange et de mauve flamboyant. C'est comme si on était seuls sur terre, le temps s'est arrêté. Il n'y a plus que la moto entre mes jambes, le soleil, la lumière et Law derrière moi qui se serre contre mon corps. Je décide de tout de même lui donner quelques sensations en faisant onduler la moto sur la route, comme pour nous bercer. Finalement il resserre son étreinte sur moi, je le sens même qui pose sa tête sur mon épaule, c'est un geste si tendre... Je ne réfléchis pas et pose ma main gauche sur son bras pour le serrer doucement avant de reprendre le guidon pour négocier un nouveau virage large. C'est tellement agréable ce qui se passe. C'est romantique à souhait. Il m'a peut-être pardonné.
Finalement je ne regrette plus d'avoir eu cette idée. Nous roulons pendant un long moment dans le silence. Il bouge très bien, suivant chacun de mes gestes. À un moment il se sent assez à l'aise pour desserrer un de ses bras d'autour de moi et de poser sa main sur ma cuisse. Ça me fait sourire, je décide d'accélérer un peu. Je prends les virages un peu plus serré histoire que la moto se couche un peu plus. Soudain je vois qu'on arrive à un endroit parfait pour manger. J'arrête la moto et nous descendons en enlevant nos casques et les posant sur la selle. Nous sommes au bord de la falaise, le vent souffle doucement faisant virevolter les cheveux extirpés de ma tresse. Devant nous, la mer, et le soleil qui commence à disparaître derrière l'horizon. Je retourne vers la moto et sors mon sac à dos du coffre et y récupère deux boîtes de bois sombre, ce sont deux bento que j'ai fait préparer par Cloé.
- J'espère que tu as faim ? Tu te sens de manger ?
- Oui sans problème.
Je me dirige à nouveau vers lui et lui en tends un. Je m'assois dans l’herbe au bord du précipice, mon cœur bat un peu plus fort. J'ai un peu peur, c'est une sensation si agréable. Il s'assoit près de moi la boîte sur les genoux. Il a les yeux levés vers le ciel, le gris de son iris se teinte de couleurs. Je ne peux pas m'empêcher d'admirer son profil. J'ai envie de l'embrasser. Je commence à m'approcher quand il bouge pour ouvrir la boîte. Je suspends mon geste et renifle pour reprendre contenance. J'ouvre à mon tour la boîte pour commencer à manger.
Les baguettes dans la main il semble pensif.
- Merci Liv-ya... c'était vraiment bien ce trajet avec toi, finalement ça me plaît bien.
Je lui souris chaleureusement en posant ma main sur son épaule.
- Mais de rien... la moto c'est comme ça, on a peur au début et après on adore...
Je me tais un instant et poursuis.
- C'est un peu comme l'amour...
Il a une espèce de sursaut qui me fait sourire, il panique c'est trop mignon, j'arrive à le faire rougir... Je n'y crois pas ! Il est si beau... Nous mangeons en silence un moment.
- Pourquoi tu as appris à piloter ?
Je lève les yeux au ciel, mon dieu ça remonte à si loin.
- Pourquoi tu veux savoir ça ?
- C'est un rencard non ? On n’est pas censés apprendre à se connaître dans ces moments-là ? Je sais pratiquement rien de toi... je me disais que ce serait un bon début.
Il m'impressionne, il a retrouvé toute son assurance et son flegme. Je me décide donc à parler.
- C’est pas « pourquoi » c’est « comment » parce qu’en fait ça s’est un peu imposé à moi. Un jour quand j'étais petite mon grand-père m'a envoyé un vélo électrique de sa création... une "super comète" comme il l'avait baptisé. Cette bécane était un vrai danger public mais j'adorais rouler avec, j'ai pris de ces gadins, ma grand-mère s'en est arraché les cheveux, je ne sais pas combien de kilomètres de bandages ont été utilisés aux fil du temps pour me soigner. Je suis toujours remontée dessus et j'ai fini par dompter la bête. C'est comme ça que je me suis passionnée pour les deux roues motorisés. Je suis avec attention tous les progrès dans le milieu et cette beauté derrière nous c'est la crème de la crème, y en a qu'une poignée comme elle.
Repenser à tout ça me rend tellement nostalgique. Je me retourne vers Law mais il ne m'écoute plus j'ai l'impression. Il a les yeux écarquillés comme s'il avait vu un fantôme.
- Law ça va ?
- Law-
Une super comète ? Son grand-père ? J'ai roulé sur une super comète moi aussi ! Attendez c'est trop gros, elle serait la petite fille de Wolf ? Mais le fils de ce vieux croûton n'a jamais eu d'enfant alors comment c'est possible ? Il doit y avoir une erreur...
Je me tourne vers elle et la fixe longuement.
- Me regarde pas avec ces yeux-là ! J'ai l'impression que tu vas me couper en rondelles ! Qu'est-ce qui te prend ?
Il faut que je sache !
- Il s'appelle comment ton grand-père ?
- Tout le monde l'appelle Bric à Brac parce qu'il est inventeur... mais moi depuis petite je l'appelle pépé Leloup.
Non ! C'est impossible que le monde soit si petit, ce genre de chose n'arrive pas dans la vraie vie. Je garde mon calme.
- Tu as l'air de beaucoup l'aimer.
- Oui même si je ne l'ai pas vu beaucoup, notre relation était surtout épistolaire. On s'écrivait presque chaque semaine.
Elle me regarde avec un air interrogatif.
Je revois Wolf qui ouvre son courrier en souriant. Quand on habitait encore chez lui, Bepo, Sachi, Pingouin et moi on se demandait qui pouvait bien lui écrire si régulièrement. On s'était amusé à théoriser sur la question s'imaginant une amourette de jeunesse qui refaisait surface. Il lisait la lettre avec un sourire tendre puis la remettait dans l'enveloppe avant de la ranger dans le tiroir d'un buffet encombré de mille objets inutiles mais surtout il y avait un cadre photo et dans ce cadre, l'image d'une petite fille aux long cheveux blonds comme le blé, aux yeux plissés par le rire et bleus comme les profondeurs de la mer, les joue rosies serrant contre elle un gros ours en peluche. Je repars tellement loin dans mon passé que des souvenirs surgissent.
Une conversation me revient.
" - Bric à Brac, c'est qui la fille de la photo ?
- Haha... elle est mignonne hein ?
- non pas spécialement, mais c'est qui ?
- quelqu'un d'important pour moi. C'est la petite fille d'une amie à moi."
Je ne lui aurais jamais dit au vieux mais j'avais secrètement le béguin pour la fille de la photo, je la trouvais tellement jolie... Mais je n'ai jamais eu l'occasion de la rencontrer en vrai. Je consacrerai un certain temps chaque jour à sa contemplation, puis j'ai grandi et la blondinette non, donc j'ai fini par de moins en moins y penser même si parfois je me demandais à quoi elle pouvait bien ressembler maintenant. Les filles bien réelles de Swallow aidant un peu j'ai fini par ne plus du tout y songer et oublier. Je souris en repensant à tout ça. Bric à Brac et elle ne partageaient pas leur sang, mais sûrement beaucoup de sentiments. Je considère moi aussi le vieux comme mon grand-père et comme l'un de mes meilleurs amis au même titre que Bepo, sachi et Pingouin. Néanmoins je garde tout ça pour moi, je ne serais pas capable de faire face à l'émotion que cela pourrait engendrer chez elle de savoir que j'avais vécu avec son pépé. Je souris.
- Tu vivais chez ta grand-mère ?
- Ah te revoilà ! J'ai bien cru t'avoir perdu.
- Pardon j'étais perdu dans mes pensées.
- À quoi pensais-tu ?
Je la regarde et c'est évident maintenant, c'est bien elle la fille de la photo. Il n'y a aucun doute. C'est dingue, tout à coup j'ai à nouveau douze ans et j'ai l'impression de réaliser un rêve de gosse, la rencontrer. J'observe son visage devenu celui d'une femme. Je ressens à nouveau ce que je ressentais en la regardant dans son cadre. Mon cœur s'emballe, mes mains deviennent moites et ma bouche sèche, je suis fébrile. Putain je régresse. On dirait que c'est la première fois que je parle à une fille qui me plaît, mais c'est plus juste une fille, c'est LA fille. Je me sens comme si je venais de découvrir un secret. Mon souffle devient plus court. Je mange pour rassembler mes idées et reprendre mon sang froid. Je comprends mieux pourquoi Bepo me disait être sûr de l'avoir déjà vue bien avant le concert.
- À rien de très important... alors tu ne m'as pas répondu.
- Oui, c'est elle qui m’a élevé.
Elle baisse doucement les yeux, ses longs cils noirs assombrissant encore plus ses iris.
- Tes parents sont morts ?
- Et bien dis-moi tu ne t'encombres pas de circonvolutions pour demander les choses aux gens.
- Les miens le sont, ainsi que ma petite sœur. C'est un fait, ça ne sert à rien de prendre des pincettes, évoquer les personnes disparues est toujours douloureux alors autant ne pas tourner autour du pot.
- Tu as raison, mais non... mes parents ne sont pas morts... enfin peut-être que mon père l’est, j’en sais rien du tout je ne l’ai jamais vu. Je sais même pas comment il s’appelle.
Je la sens qui est un peu tiraillée.
- T'es pas obligé de me parler tu sais, si t'as pas envie laisse tomber.
Elle lève la tête vers le ciel violet pour regarder les étoiles qui commencent à s'y allumer les unes après les autres. Elle s'allonge dans l'herbe les bras derrière la tête. Puis elle soupire.
- Je suis pas une enfant de l'amour...
Je la regarde espérant ne pas comprendre ce qu'elle voulait dire.
- Je suis les conséquences indélébiles d'un acte odieux. Ma mère a jamais voulu de moi…
Je serre les dents en comprenant finalement. Je me tais cependant pour la laisser continuer.
- Je vais te raconter pourquoi je m'appelle Liv, c'est un prénom étrange pas vrai... ce qui est paradoxal c'est que c'est une histoire assez drôle malgré sa tristesse. Quand ma mère s'est rendu compte qu'elle était enceinte elle a tout fait pour se débarrasser de moi... mais je m'accrochais furieusement à la vie ! Je ne voulais pas mourir ! Je voulais vivre !
- Tu t'en souviens ?
- Non c'est ce que m'a raconté ma grand-mère. Elle m'aimait, elle, du jour où sa fille est venue la voir pour lui demander comment se débarrasser de moi et qu'elle a vu les bleus sur son ventre. Elle l'a convaincue de rester avec elle, qu'elle mettrait au monde cet enfant et qu'une fois cela fait elle pourrait s'en aller et le laisser là. Je naquis et pas de chance, je ne ressemblais pas du tout à ma mère, ses cheveux, ses yeux, je les dois à mon géniteur, mon... père. Je ressemblais déjà beaucoup à son violeur il faut croire, de toute façon je ne pense pas que ne pas lui ressembler aurait changé quoi que ce soit... Elle est partie en me laissant seule avec Baba Kudan... Mémé voulait me donner un prénom qui symbolise mon envie de vivre. Elle avait entendu le mot "life" qui signifie "vie" mais c'est une mamie et bon les langues étrangères et les vieilles personnes... et donc... Liv, L.I.V.
Elle sourit les yeux un peu humides. Je ne peux pas m'empêcher de sourire moi aussi. La voir comme ça c'est quelque chose. Elle pleure et elle rit en même temps. Elle est tellement belle. Je ne sais pas ce qui me prend, je me penche et glisse mes bras autour d'elle, collant mon visage dans son cou. J'ai envie de la réconforter.
- Tu es triste ?
- Non je suis en train d'aimer.
Je la serre un peu plus fort contre moi. C'est la première fois que j'entrevois chez elle de la fragilité. Je sais bien qu'elle ne parle pas de moi quand elle dit ça mais ça me touche de voir quelqu'un capable d'aimer si fort qu'il en pleure. Tout à coup je pense à Cora-san, mon nez se met à piquer violemment, je pense à mes parents et à ma sœur... Lamy. Je sens qu'elle me prend contre elle passant ses doigts dans mes cheveux. J'ai encore envie de pleurer. Je repense à tout ce qui s'est passé à la cité blanche. Je peux plus retenir mes larmes. Y a rien à faire il faut que ça sorte. Je reste le visage contre sa peau je veux pas qu'elle me voie.
- Tu as déjà entendu parler de la cité blanche ?
- J'étais vraiment petite mais oui, c'est terrible ce qui s'y est passé...
- J'y étais, je suis né là-bas.
Elle cesse de me caresser un instant puis reprend, elle ne parle pas et me laisse raconter une partie de mon histoire. Je lui parle du saturnisme blanc, de la façon dont la maladie s'est développée petit à petit, de mon père et de ma mère qui m'ont donné envie de devenir médecin, du jour où Lamy a finalement contracté le mal. De mes espoirs de voir mon père la guérir et puis la quarantaine, les gens massacrés, mes parents morts, ma petite sœur morte, la ville brûlée, comment je me suis caché pour quitter cet enfer. J'en reste là. C'est déjà beaucoup. Je ne veux pas évoquer la Donquijote family avec elle.
Il faut que je fasse quelque chose, que j'arrête de penser à tout ça, quelque chose qui me viderait la tête. Sans m'en apercevoir je commence à embrasser délicatement son cou en lui caressant la hanche. J'ai envie de me perdre en elle, de me mélanger à elle. J'ai besoin de ressentir quelque chose de fort, je presse mon corps contre le sien. Tout à coup ça me paraît être la meilleure idée du monde, Je vais faire l'amour avec elle, ici, maintenant. Je lui attrape les poignets pour les poser de part et d'autre de son visage. Je me redresse pour l'embrasser et...
- Non Law...
Je m'arrête et colle mon front sur le sien nos nez s'effleurent. Je ferme les yeux.
- Pourquoi non ?
- Je ne veux pas le faire pour te soulager...
- Tu as raison... pardon.
Je reste contre elle, j'écoute son cœur qui bat lentement, elle a pris ma main dans la sienne et de l'autre elle me caresse doucement la tempe. C'est tellement agréable.
- Dit Liv-ya...
- hum ?
- Si on en a l'occasion, tu voudras bien m'apprendre ?
- T'apprendre quoi ?
- À piloter une moto...
Elle rit et son rire me fait rire.
- Sans souci ! Mais je serais triste de ne plus pouvoir emmener mon joli copain en virée pour le faire frissonner.
Je me redresse pour la regarder, elle a à nouveau son petit regard et son sourire de friponne qui me font complètement craquer. Je baisse le regard sur sa bouche, est-ce que je peux me le permettre ? Est-ce que je peux m'autoriser ça ? Juste une fois. L'embrasser juste une fois... je m'approche doucement, elle ne me repousse pas. Je sens sa respiration sur ma peau. Nous sommes si près l'un de l'autre, j'y suis presque. Je vais le regretter mais j'en ai trop envie. Juste cette fois, juste un baiser, juste une fois.
Je pose mes lèvres sur les siennes et c'est comme si je le faisais pour la première fois. J'en frissonne de partout. Elle se laisse faire, lâche ma main et vient prendre mon visage en coupe en se redressant en position assise pour répondre à mon baiser. On s'est jamais embrassé comme ça, c'est doux, c'est lent, c'est tendre. J'aime ça. Nos bouches se collent et se décollent dans une valse alanguie qui me transporte. Des bouffées de son odeur de fleurs me submergent, je glisse dans un monde parfait, je goûte sur ses lèvres le goût de la félicité. J'ai envie d'être plus proche encore, plus intime, alors je glisse délicatement ma langue pour trouver la sienne. Je suis foudroyé de plaisir alors que mon corps est secoué par des milliers de frissons délicieux. Je n'ai jamais ressenti quelque chose de semblable avec personne. Ma poitrine va exploser, mes entrailles fondent et mon cerveau crépite. À chaque mouvement de nos bouches je m'arrime un peu plus à son cœur. Bordel, je l'adore ! Je la serre plus fort contre moi. Je vais mourir étouffé mais je ne veux pas arrêter de l'embrasser. Je veux que cet instant s'éternise, si c'est le seul baiser que je m'autorise il est hors de question qu'il s'arrête maintenant. Elle commence à s'agripper à moi, nous nous jetons corps et âme dans cet étreinte. Je me resserre autour d'elle comme un étau. J'ai envie de l'enlever, de l'emmener avec moi, je veux qu'elle soit près de moi à chaque seconde, je vais lui demander de nous rejoindre ! Je vais lui demander de tout quitter pour moi je...
Non !
Finalement je m'éloigne d'elle, je ne peux pas, je ne peux pas lui demander ça. J'en ai pas le droit.
Mais qu'est-ce que je vais faire ?
C'est tout pour cette semaine j'espère que vous avez passé un bon moment. J'ai pris beaucoup de plaisir en écrivant ce chapitre. Je vous dis à dans deux semaine, si vous souhaitez lire un autre de mes écrits vous pouvez tenter la lecture de " chat alors " une autre fanfiction dans l'univer de one piece. J'en sors également un chapitre toute les deux semaines. A très vite !