Chat alors...

Chapitre 23 : Trésor du passé

4080 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/06/2022 23:15

Au cœur de la nuit, les yeux dans les yeux, elle au-dessus de lui, ses mains sur ses hanches, les étreignant avec douceur. Les siennes sur son torse, posées avec délicatesse. Elle se pencha pour l'embrasser, un rideau de cheveux noirs tomba sur leurs visages comme pour garder le secret de leur baiser. Il remonta les mains le long de son dos, d'un geste lent et tendre, leurs souffles se mélangèrent.

Joue contre joue, ils s'unissaient de la plus belle des façons à leurs yeux. Il savoura sa belle amante en lui caressant le derrière de l'oreille. Les vibrations de ses ronronnements entrecoupés de soupirs le ravirent. Il se redressa pour s'assoir sur les draps, plongeant son visage dans le creux de son cou. Il respira à pleins poumons l'odeur de sa peau parfaite. Ses doigts dégringolèrent le galbe de ses frêles épaules. Il murmura tendrement son prénom. De son côté, elle lui chuchotait des poèmes, des phrases qui faisaient frémir son cœur comme personne n'avait su le faire avant elle. Il entendait pour la première fois des mots qu'il avait toujours voulu qu'on lui dise sans même le savoir. 

- Minu... 

- J'aime ça, quand le moindre degré de ma vision est plein de toi. 

Ils s'embrassèrent encore, jamais ils ne pourraient se lasser l'un de l'autre. Leurs fronts collés, il entendit les gémissements contenus au fond de sa gorge. Il écouta avec avidité les hoquets de son plaisir. Les yeux clos il remercia le ciel d'avoir mis la demoiselle sur sa route. 

Elle glissa ses deux mains dans ses cheveux verts et le repoussa à nouveau sur les oreillers. De sa vie, il n'avait jamais rien vu de plus beau que le corps nu de Minu au-dessus de lui. Il tenait sa taille fine entre ses mains, sa peau était fraîche.

- Je t'aime Zoro... dit-elle en plongeant une nouvelle fois son regard dans le sien. 

Pour réponse il lui saisit la nuque et l'attira à ses lèvres avec fougue. Il l'embrassa comme s'il n'allait plus connaître de lendemain. Ils roulèrent sur le matelas, il se retrouva au-dessus d'elle. Il la retourna sur le ventre avec douceur et baisa sa nuque, la faisant délicieusement gémir. Ses lèvres descendirent le long de sa colonne pour venir fourrager dans le pelage infiniment doux à la base de ses queues qui ondulaient calmement en lui caressant le torse et les cuisses. Les baisers remontèrent jusque dans son cou, ses doigts explorant à nouveau la zone la plus secrète de sa belle amie. Elle ronronna de plus belle, c'était un délice. Il saisit délicatement ses mains en emmêlant leurs doigts, collant ses pectoraux contre son dos. Il y eut un moment de flottement, de tension et d'attente, qui fut rapidement comblé par un profond soupir de contentement. Elle redressa la tête, il posa sa joue contre la sienne. Leurs quatre mains jointes au-dessus de leurs têtes, coude contre coude, ils s'aimèrent jusqu'au petit matin. 


Minu se réveilla la première avec un large sourire, elle se tourna pour se retrouver nez à nez avec Zoro. Il était tellement paisible, ses boucles d'oreilles tombant sur sa mâchoire. Elle consulta les traits fins de son amant, elle finit par glisser la main sur son visage, elle savait très bien que ça ne le réveillerait pas. Il remua un peu pour blottir sa joue dans sa paume avant de venir saisir ses doigts délicats et de les porter à ses lèvres pour les y poser. Il avait pourtant la respiration lente et profonde de l'endormi. Elle n'avait pas très envie de se lever. Elle se retourna et colla son corps contre le sien, ramenant la main qu'il ne voulait pas lâcher contre elle. Elle se rendormit. 


Plus tard c'est lui qui se réveilla, Minu était toujours étendue au creux de lui, il enroula ses bras autour d'elle pour la serrer contre lui. Il n'en revenait pas... Si on lui avait dit quelques mois plus tôt qu'il allait tomber amoureux, qu'il allait faire l'amour et qu'il allait adorer ça, il aurait pris le prédicateur pour un fou à lier. Et pourtant, si aujourd'hui Minu devait lui être arrachée, il ne le supporterait pas. Il posa sa joue sur sa tête. Il n'avait pas souvenir que sa vie ait été si douce un jour. Parfois il se demandait si c'était vraiment une bonne chose, et si tout ça ne le rendait pas plus faible. Son cœur s'était tellement attendri. Non, son cœur avait toujours été tendre mais il ne l'avait jamais montré comme maintenant. Saurait-il être aussi tranchant qu'avant ? Pourrait-il continuer à se battre en mettant sa vie en péril ? Comment pourrait-il se battre à son maximum si une partie de lui ne pense qu'à elle et à sa sécurité. 

Il s'entraînait un peu moins pour passer du temps avec elle. Est-ce que l'amour était vraiment compatible avec ses objectifs de vie ? Que ferait-il s'il se rendaient compte que ce n'était pas le cas ? Il aimait Minu de tout son cœur mais... 

- Zoro ? 

Elle venait d'ouvrir les yeux et de rencontrer le regard perdu du bretteur. 

- Tu as une crise existentielle matinale ? demanda-t-elle avec un sourire un peu mutin. 

- Je me demande si je réussirai à devenir le meilleur sabreur tout en ayant... ce lien avec toi. Je n'y consacre plus autant de temps et je me sens profondément changé. 

Minu avait quitté son visage moqueur pour un bien plus sérieux. Elle se redressa, c'était une discussion sérieuse. 

- T'imagines-tu revenir en arrière ? Que je ne sois plus là ? 

Elle prit quelques instants pour réfléchir. 

- Si tu me quittes, je pense que je partirai, je ne supporterai pas de vivre près de toi sans pouvoir t'aimer comme je le fais aujourd'hui. 

Ces derniers mots le heurtèrent comme on prendrait un taureau en pleine face. Il ne répondit cependant pas et la laissa poursuivre.

- Cela dit, tu aurais tout à fait le droit de mettre un terme à notre histoire si tu penses que ça t'empêche de faire ce que tu veux. Parfois l'amour ne suffit pas. 

Zoro était pétrifié par la tournure que prenait la discussion. 

- Je croyais que l'amour devait être le plus important, qu'il fallait renoncer à tout pour lui, dit-il, j'aurais l'impression de mal t'aimer si je le faisais. Tu mérites de l'être comme il faut... 

C'était une autre de ses préoccupations, il lui semblait qu'il y avait des règles à suivre en amour. Que si certaines conditions, gestes ou attitudes n'étaient pas scrupuleusement respectées, ça voudrait dire qu'il ne l'aimait pas assez, pas assez bien, pas comme il faudrait et ça le faisait souffrir de penser qu'il ne lui donnait pas ce dont elle devait avoir besoin. 

Minu ricana. 

- "Comme il faut ?" Il n'existe pas de "bonne" façon d'aimer. Il y a autant de façons de le faire qu'il existe de personnes sur cette terre. Les gens sont trop fleur bleue quand ils parlent d'amour. Il ne faut pas renoncer à ce qui nous tient à cœur Zoro, même par amour... En fait, surtout pas par amour. Tu n'as pas idée comme je m'en voudrais si tu me disais abandonner ton rêve à cause de moi. 

Un silence s'abattit sur eux avant qu'elle poursuive dans un murmure. 

- De toute façon, tu n'as même pas envisagé d'y renoncer, en revanche, je sais que tu t'en veux d'avoir réfléchi à renoncer à moi...

- Je suis désolé, commença-t-il en la prenant tout contre lui, Minu je... 

Il la serra contre lui à l'en étouffer. Il était sûr de l'avoir blessée, la douleur qui lui traversa le cœur fut si vive qu'il ne savait plus quoi faire, c'était comme si on lui avait planté un sabre en plein dedans. 

- Ce n'est pas grave. Réfléchir à son avenir n'a rien de répréhensible et l'amour ne se laisse pas déloger si aisément. Tu n'as pas à renoncer à quoi que ce soit... tu m'aimeras même si tu m'écartes de ta vie. L'amour nous maudira, et nos cœurs n'auront plus de repos, parviendras-tu à être fort alors ? Peut-être bien mais ça pourrait aussi être complètement l'inverse.

Elle s'était assise et avait pris son visage dans ses mains. 

- L'idée de ne plus être près de toi me terrifie même si je sais que ça n'arrivera jamais. 

- Comment tu peux en être aussi sûre ? 

- Je t'ai choisi, je t'ai aimé à la seconde où je t'ai vu, à partir de là je n'aspirais plus qu'à une seule chose, être près de toi peu importe la façon. Je voulais juste pouvoir te voir. Ce n'est pas vraiment un hasard si je me suis endormie sur votre bateau, je n'avais pas fermé l'œil de la nuit. Toutes mes pensées étaient pour toi. Je n'arrivais pas à me faire à l'idée que tu allais partir loin de moi et qu'on ne se reverrait probablement jamais. Alors je me suis retournée toute la nuit dans mes draps, je me suis levée pour te dire au revoir, tu dormais alors je me suis couchée dans un coin et j'ai attendu, la suite tu la connais. 

- Je t'ai attendue sur le pont toute la matinée ce jour-là, à l'époque je ne l'avais pas compris, mais j'avais le cœur brisé de ne pas t'avoir revue. 

Les yeux de la demoiselle étaient brillants de larmes contenues alors qu'elle souriait magnifiquement. 

- Toi aussi tu m'as aimée tout de suite ? 

- Je me suis attaché au petit chat gris, j'ai même réfléchi à te kidnapper, il rit, puis j'ai vu ton visage, j'ai entendu le son de ta voix, j'ai vu ton sourire. À l'époque je ne l'aurais jamais avoué, mais oui ça a été instantané... 

Il rougit fortement n'ayant pas encore l'habitude de parler de ses sentiments. 

Minu se jeta contre lui, manquant de les faire basculer par-dessus le lit, elle riait et pleurait en même temps.

- Tu as assez de force pour faire tout ce que tu veux. Ce n'est pas moi qui t'empêcherais de faire quoi que ce soit. Tu peux te sentir libre de t'entraîner, de mettre ta vie en danger, de te battre à ton maximum sans te soucier de moi. Tu n'as ni compte à me rendre, ni ne me dois quoi que ce soit. Je n'exige rien, pas même ton temps... 

- Mais... 

- Je sais que tu m'aimes, je le vois, dit-elle en plongeant son regard aux pupilles dilatées à l'extrême dans la prunelle de l'épéiste. 

- Je te jure que je le vois. 

Zoro se sentit déstabilisé par ce regard d'une profondeur quasi surnaturelle. Elle semblait regarder à l'intérieur de lui et y voir quelque chose de fabuleux. 

Un clignement de ses paupières allégea l'atmosphère. Elle embrassa le bout de son nez.

- J'ai moi aussi quelque chose à te confier. Nous approchons de chez moi et j'ai très peur. 

- On sera avec toi trésor, il dégagea une mèche de son visage blanc et la serra nouveau contre son cœur. 



Quelques jours plus tard Ussop cria depuis la vigie qu'une île était en vue. Minu se précipita pour la voir, espérant reconnaître son ancien foyer, mais la réalité c'est que ça ne servait à rien, elle ne l'avait jamais vue de l'extérieur. Elle aurait été bien incapable de savoir si cette masse sombre à l'horizon était ou non, l'endroit d'où elle venait. Son instinct lui indiqua que non, le voyage n'était pas encore terminé. 

- On devrait s'arrêter, dit Sanji en s'avançant à son tour, nous n'avons presque plus de vivres. 

Luffy s'était également approché et avait posé une main ferme sur son épaule.

- Allons-y !! Je me demande bien ce que nous allons y trouver ! Ça va sûrement être très intéressant ! Allez dépêchons-nous. Nami ! On y va ! Que tout le monde se prépare à débarquer ! 

Il fallut gérer un capitaine complètement hystérique pendant plusieurs heures encore avant d'atteindre le port. 

L'endroit semblait plutôt charmant. De ces îles toutes jolies où règne la paix et où tout le monde se connait.  

Des pêcheurs étaient en train de décharger des caisses de poissons attrapés durant la nuit. Les hommes leurs firent signe pour les saluer. 

- Ils sont super accueillants, déclara Franky, ils n'ont pas peur de voir débarquer un bateau pirate. 

- Je crois que c'est seulement CE bateau qui ne les inquiète pas, répondit Robin avec un sourire satisfait. 

Luffy complètement penché sur le bastingage prêt à basculer à tout moment leur faisait de grands signes en criant à tue-tête. 

- Saaaaalut ! 

- Ola ! Qu'est-ce qui vous amène ? Demanda l'un des pêcheurs. 

- Nous devons nous ravitailler, cria Sanji en réponse.

Quelques minutes plus tard tout l'équipage avait quitté le navire. L'île ressemblait à une gigantesque colline sur laquelle les villageois avaient installé leurs différentes cultures. 

- Ces champs sont immenses, dit Robin qui s'avançait calmement sur la route de terre. 

- Le village doit être de l'autre côté de la colline, suggéra Nami.

- Allons-y !! Cria Ussop en sautant joyeusement bras dessus bras dessous avec Luffy et Chopper. 

Sanji s'approcha des filles pour leur faire escorte. Franky et Brook marchaient ensemble en discutant tranquillement. 

Minu et Zoro étaient seuls et un peu en retrait. 

- On y va Mimi-chan ? Demanda-t-il en lui tendant la main avec un sourire. 

Minu prenait conscience qu'elle faisait partie d'un tout, d'une aventure ! Que ses camarades seraient toujours là, près d'elle, et que sa vie ne serait plus que voyages et découvertes passionnantes. Jamais plus elle ne songerait à les quitter comme par le passé. 

- Allons-y ! Dit-elle en lui attrapant la main et le bras puis en courant vers les autres. Zoro l'attrapa alors par la taille et la souleva pour la mettre sur ses épaules. Elle était rougissante et heureuse. Ils gravirent tous ensemble la colline dans la bonne humeur. Au bout d'un certain temps ils atteignirent le sommet où il la reposa. Un paysage à couper le souffle s'offrit alors à eux. 

Le village n'était pas sur l'autre versant comme ils se l'étaient imaginé. Non, une ville s'étendait et tapissait un cratère gigantesque. C'était une ville tout en escalier, on pouvait en observer des dizaines qui descendaient vers le centre de la cuve où se trouvait une place avec une grande fontaine représentant différents rois des mers connus. L'équipage entama la descente, émerveillés. Tous n'avaient de cesse d'observer l'architecture magnifique des lieux. Les escaliers bifurquaient à intervalles réguliers pour rejoindre la porte d'entrée d'une maison aux fenêtres fleuries ou d'une échoppe à la vitrine colorée. C'était un lieu vraiment charmant. Ici un fleuriste, plus loin une quincaillerie, un vendeur de tissu et autres antiquaires. Les gens qu'ils croisaient les saluaient gaiement, parfois ils échangeaient quelques mots avec eux. 

- Vous êtes pas d'ici vous ? 

- Non, on cherche de quoi acheter à manger, répondit Luffy, dont la bave lui coulait au coin des lèvres. 

Leur interlocuteur posa par terre la caisse de pommes qu'il transportait. 

- Alors il faut que quelqu'un vous explique. Notre ville est une demi-sphère creuse. Il y a vingt grandes artères verticales qui descendent vers la grand place, ce sont les Escaliers et vingt artères circulaires horizontales qu'on appelle les Rondes. Vous pouvez pas vous perdre. Le marché est sur la grand place aujourd'hui, vous y trouverez tout ce que vous voulez. 

Minu serra un peu plus la main de Zoro qu'elle tenait dans la sienne. 

- Vous êtes arrivés par le port donc c'est l'Escalier neuf, ne vous en faites pas, à chaque croisement vous verrez un panneau qui vous indiquera le numéro de l'Escalier et de la Ronde où vous vous trouvez. 

Nami avait écouté les instructions avec attention et trouvait cette organisation particulièrement efficace. Elle jeta néanmoins un regard à Zoro. Il était avec Minu, elle le ramènerait s’il venait à s'égarer, elle avait remarqué que l'équipage passait beaucoup moins de temps à le chercher ces dernier mois, en fait Minu partait systématiquement à sa recherche. Elle donnait l'impression de tomber sur lui par hasard "ho tiens ! Tu es là Zoro" disait-elle, puis elle lui prenait la main et le ramenait au bateau. La rousse souriait en observant les deux amoureux. Elle avait l'impression de pouvoir observer pour la première fois le vrai Zoro. Celui que tout le monde soupçonnait mais que personne n'avait jamais vu. Il souriait tellement plus ! 

Le vieux monsieur donna une pomme à Luffy qui semblait mourir de faim et ils reprirent leur descente.

- Je suis déjà fatigué à l'idée de devoir remonter ces marches, se plaignit Ussop en regardant derrière lui l'escalier qui remontait à presque perte de vue. 

- On y pensera plus tard ! Pour le moment, à la bouffe ! Cria Luffy, Nami, donne-moi mes sous ! 

Il sautait autour de la rouquine qui, excédée, lui plaqua plusieurs billets dans la main. 

- Ne le gaspille pas en babioles ! 

Elle distribua à chacun sa part puis s'en alla avec Robin. 

- Rendez-vous ici tout à l'heure ! Cria-t-elle en espérant que tous l'avaient entendue. 

L'équipage explosa en petits groupes dans le marché. 

Minu était avec Brook, Franky et... Zoro avait disparu, tant pis elle le recroiserait plus tard. Elle sourit, observant toutes les bonnes choses disponibles sur les étalages. Des fruits, des légumes, du poisson, des fromages et du pain. Il y avait aussi de la volaille qui tournait sur des piques en la faisant délicieusement saliver.

- Tu veux prendre du poulet Minu ? Lui demanda Sanji qui était apparu dans son dos. 

- Ils ont l'air bons non ? 

- Tu as raison je vais en prendre plusieurs pour le repas de ce midi. 

- Tu peux prendre des pommes de terre avec ? Ça... me ferait plaisir. 

Sanji la prit dans ses bras. 

La jeune femme n'avait jamais rien demandé. Elle n'avait compris que récemment que ça se faisait. Avant l'équipage, son avis et ses besoins étaient toujours passés au second plan. Elle rougit et baissa le regard. 

- Moooooh Minu-chwaaan, tu es tellement adorable ! Je te prendrai toutes les pommes de terre que tu veux !!

Minu rit et se détacha de lui. Pendant plus d'une heure chacun vaqua à ses occupations. Ils se retrouvaient puis se séparaient et se retrouvaient à nouveau dans la joie de montrer aux autres leurs trouvailles. 


Elle avait fini par retrouver Zoro, elle lui tenait la main et le guidait sans qu'il ne se rende compte de rien. 

Soudain son œil fut attiré par quelque chose qui brillait au loin. Elle ressentait une sensation très particulière, comme si un hameçon avait transpercé son âme et que quelque chose à l'autre bout essayait de la faire venir. 

- J'ai besoin d'aller par-là, dit-elle à Zoro.

Ils marchèrent quelques instants. 

- On sort du marché Trésor, tu vas où ? 

Minu se laissait guider par la sensation de tiraillement. Elle se retrouva devant un antiquaire. Il y régnait une atmosphère calme et feutrée, il y avait des objets partout, l'endroit semblait vaste à s'y perdre. Chaque endroit où se posait le regard se trouvait quelque chose, à tel point que les yeux ne savaient plus où regarder. Il y avait des sabres dans un tonneau et accrochés aux murs. Des miroirs et des tableaux, des rouleaux de tissu anciens, des tapis recouvrant l'intégralité du sol. C'était une sorte de caverne aux merveilles où tout le monde pouvait trouver un objet à adopter et à aimer. 

Pourquoi est-ce qu'elle était ici ? Elle regarda autour d'elle sans savoir ce qu'elle cherchait. Soudain elle entrevit un manche en bois derrière un rideau. 

- Puis-je vous aider ? 

Minu sursauta, le vieil homme avait poussé comme un champignon au milieu d'un amoncellement de livre qui tombèrent en cascade. 

- Oups... décidément, je ne sais plus où mettre les pieds, dit-il.

C'était un homme sec, tout en coudes et en genoux, il portait des vêtements amples et colorés. Sur un de ses yeux bleu voilé par l'âge était vissé un monocle doré. 

- Alors, dit-il une fois à sa hauteur, puis-je vous aider mon enfant ?

Minu le regarda avec la plus grande attention. Il était assez vieux pour qu'elle accepte qu'il l'appelle ainsi.

- Qu'est-ce que c'est ? Questionna-t-elle en pointant du doigt l'objet qui l'intriguait. 

- C'est une vieillerie dont personne ne peut se servir, répondit-il, je l'ai acheté il y a une dizaine d'années, c'est un magnifique objet vous avez l'œil. 

- Pourriez-vous me le montrer ? 

- Bien entendu. 

Il ouvrit les rideaux, c'était une naginata* immense. Les mains de Minu tremblèrent. C'était impossible, comment cette arme avait pu atterrir ici ? Elle était splendide, elle reconnaissait là l'un des chefs-d'œuvre qui venait de chez elle. C'était un forgeron de son île qui l'avait faite. En attestait le poinçon nekomata dans le métal de la lame. 

- Minu qu'est-ce qui se passe ? Lui demanda Zoro en posant la main sur son épaule. 

- Cette lame vient de chez moi. Elle a été forgée sur mon île et est destinée à la Nekomata... c'est impossible qu'on vous l'ait vendue et moi-même je ne l'ai jamais vue dans la grande galerie, c'est... 

Elle se mura dans le silence quelques secondes une main sur la bouche. Elle releva ensuite le regard sur la lame grise. 

- C'est l’arme qui a été forgée pour moi au moment où le village a été détruit et où j'ai été enlevée. Elle aurait dû m'être remise lors de mon quinzième anniversaire, le jour où j'aurais dû officiellement prendre ma fonction de prêtresse.

L'antiquaire écoutait la demoiselle en souriant sans rien dire. 

- Vous disiez que personne ne pouvait s'en servir n'est-ce pas ? 

- C'est exact, de nombreuses personnes ont souhaité me l'acheter mais ils me l'ont tous rapportée car elle ne convenait pas, expliqua-t-il calmement. 

- Combien la vendez-vous ? 

Minu était fébrile, elle avait pas mal d'argent sur elle mais peut-être que ce ne serait pas assez. 

- Attendez, je vais vous la chercher, dit-il en disparaissant à un angle de meuble. 

Il posa un escabeau de bois et grimpa les quelques marches pour la récupérer à deux mains. 

- Tenez, dit-il. 

Elle tendit la main et laissa la lame tomber du côté plat sur les tapis. 

- Il semble qu'elle soit bien trop grande pour vous, fit remarquer le vieil homme en s'asseyant sur les marches de son escabeau. 

- Non, elle est parfaite. 

Son âme se déploya pour envelopper la lame, ses mains se couvrirent d'un pelage blanc, puis ses bras devinrent gris, elle grandissait à vue d'œil alors qu'elle prenait sa forme hybride. 

Effectivement la lance était parfaite. 



* La naginata est une arme japonaise, semblable à une lance surmontée d’une longue lame courbe.


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