Chat alors...

Chapitre 17 : L' île aux yokaï

4626 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 30/05/2021 09:02

Hey ! J'espère que votre week-end se passe au mieux, en tout cas je souhaite que ce chapitre vous y aidera.


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Zoro se réveilla sans trop savoir où il se trouvait, il se souvint finalement qu’il avait passé la nuit avec Minu dans sa chambre. Il se remémora ce qui s’était passé la veille, il en était encore chamboulé. Il s’était découvert sous un autre jour. Il avait pu explorer à loisir le corps de la petite femme chat qui s’était laissée faire en toute confiance. Même si l’idée qu’ils allaient peut-être faire l’amour lui avait traversé l’esprit, il l’avait vite mise de côté comprenant d’instinct que ce n’était pas dans les projets de la demoiselle. Il se souvenait de ses mains sur lui, de sa bouche et de ses mots… Comment de simples mots pouvaient-ils avoir un tel impact ? Il se savait émotif, il passait une bonne partie de son temps à le cacher d’ailleurs. Mais elle, c’était comme si elle savait où le trouver à chaque fois et comment le toucher, chaque phrase l’avait bousculé dans ses retranchements, encore ce matin en y repensant il se sentait le cœur tout gonflé d’émotion, à certains moments il avait la désagréable impression qu’il allait déborder ou exploser. Les émotions lui étaient parvenues par bouffées successives et incontrôlables. Il se sentait tellement faible.  

Il se retourna sous les draps, elle était là et elle dormait paisiblement. Alors c’était ça qu’on ressentait en se réveillant près d’une personne qui comptait. Son visage était détendu, un rideau de cheveux lui passait devant le visage. Il approcha sa main et les dégagea délicatement, Minu grimaça un peu, son joli minois se renfrognant de façon adorable. Il se mit à sourire et caressa sa joue lisse comme un galet, elle avait de longs cils noirs, un nez légèrement retroussé et des lèvres comme un bouton de rose humide. Il la trouvait magnifique, ce devait être un ange… rien de ce qui naissait sur cette terre ne pouvait être à ce point merveilleux. Il n’osa pas la toucher d’avantage, préférant rester à la contempler. Elle se mit à ronronner doucement un sourire apparaissant sur sa bouche qui s’étira lentement. Ses yeux s’ouvrirent enfin. 

Ils se regardèrent en silence, puis elle se colla à lui, glissant son visage dans son cou, en attrapant son épaule. Elle prit une grande inspiration. Il n’y avait rien de plus plaisant que de commencer la journée en respirant l’odeur de celui qu’on aime. Elle se blottit tout contre lui, il la serra dans ses bras lui caressant le dos et les reins. Elle ronronna de plus belle. Il se sentait tellement bien… mais en même temps, il ne pouvait pas ignorer la peur.

- Dis-moi, pourquoi est-ce que tout ça me rend si faible ? Lui demanda-t-il de but en blanc, très pensif, en posant son menton sur sa tête entre ses oreilles de chat duveteuses, pourquoi est-ce que j'ai constamment peur que tu disparaisses ?

Minu ne s’attendait pas à aborder ce sujet au petit matin mais elle comprenait qu’il soit perturbé par cette question. Elle était heureuse qu’il lui fasse assez confiance et qu’il se sente assez à l’aise pour en parler ouvertement avec elle.  

- Ton vocabulaire manque de nuance, crois-moi, faible tu ne le seras jamais, répondit-elle en riant et en le serrant un peu plus contre elle, Mais vulnérable ça c’est autre chose… Lâcha-t-elle finalement.   

- Quelle différence ? Demanda-t-il en glissant ses doigts dans ses cheveux.

- Elle est énorme la différence, elle cherchait les mots les plus adéquats pour exprimer son idée, vulnérable, nous le sommes tous dès lors que nous aimons. Tu aimes chacun de tes compagnons et tu serais prêt à toutes les folies pour sauver l'un d'entre eux quitte à mourir. C'est déjà une forme de vulnérabilité. Mais tu ne l'as jamais vécu comme tel tout simplement parce que tu n’y as jamais réfléchi. Alors pourquoi est-ce qu'avec moi c'est si différent ?  

Zoro l’écoutait avec attention, c’était vrai, il serait prêt à donner sa vie pour ses nakama. Mais l’idée de ne plus avoir la femme chat près de lui, lui était insupportable.  

- Pour une raison que j'ignore encore et que j'ignorais certainement toute ma vie. Il y a parfois une personne qu'on aime d'une façon tout à fait singulière. Un être d’exception qui peut nous toucher si fort, qui nous fait vibrer tellement plus que les autres, une personne qui compte tant qu'il nous est impossible d'imaginer pouvoir continuer à vivre sans elle. Elle est là la vulnérabilité, la peur s'installe ici, dans la chaleur de l'amour. On ne peut pas aimer si fort quelqu'un qu'on ne craint pas de perdre. 

Elle avait plongé son regard dans l’œil gris de Zoro, sans honte, sans gêne, sans peur aucune sa main parcourant son visage. 

- Entends ces paroles et comprends-les : tout comme toi aujourd'hui je vis avec le cœur étreint par la peur de te voir me quitter, ou disparaître. La peur et la vulnérabilité sont les prix à payer pour avoir la chance d'aimer. Pour rien au monde je ne voudrais me débarrasser d'elles si cela devait éloigner mon cœur du tien… je t'aime bien plus que je n'ai peur. 

Que venait-elle de dire ? Il était incapable de répondre. Il avait rougi… encore, comment faisait-elle ? Évidemment qu'il l'aimait également il ne serait pas là si ça n'avait pas été le cas mais le dire c’était encore impensable. Que devait-il faire ? Elle lui souriait tendrement puis un rire lui échappa, elle l’embrassa du bout des lèvres : 

- Tu n'as rien à me répondre, pas plus qu’hier, ne te l’ai-je pas dit ? Tu n'as pas besoin de me parler pour que je comprenne ce que tu ressens. Tu es un homme d’action pas un beau parleur, je serais bête d’attendre de toi une longue déclaration enflammée. Tu ne t’en rends peut-être pas compte mais tu me dis tous les jours que tu m’aimes et ça me suffit.  

- Je ne te dis rien du tout pourtant...

- Je viens de dire que tu ne t’en rendais pas compte. 

- Comment alors ? 

- Je ne te le dirai pas… pas maintenant en tout cas, ça risquerait de te bloquer, mais plus tard promis je te dirai tout. 

Il se glissa au-dessus d'elle sur les coudes puis se pencha lentement pour l'embrasser, le visage, les lèvres, le cou et les épaules. Il voulait lui faire savoir ce qu'il ressentait, il comprit instantanément que c’était là une des façons qu’il avait de lui communiquer son amour sans s’en rendre compte.  

- Il y a bien une façon pour que je te le montre encore plus tu sais…

- Je sais… mais ce n’est pas encore le moment, tu as un peu de chemin à faire. 

- Tu me tortures. 


Ils arrivèrent tous les deux dans la cuisine sous les regards intrigués de certains de leurs camarades. Nami fixait Minu avec des yeux avides, elle savait très bien que la navigatrice chercherait à se trouver seule avec elle dans la journée pour lui tirer les vers du nez. La femme chat lui sourit avec gentillesse en se disant qu’elle serait bien déçue d’apprendre qu’il ne s’était rien passé de croustillant durant cette première nuit ensemble après des semaines. Les garçons aussi regardaient Zoro avec un certain intérêt même s’ils savaient pertinemment que pour lui faire lâcher la moindre info il faudrait se lever de bonne heure. Minu se servait un thé fumant quand Luffy lui sauta presque dessus relevant son visage vers lui par derrière sa chaise pour le regarder dans les yeux. 

- Alors Minu, parle-nous de ton île ! Ordonna le capitaine. 

Elle poussa un profond soupir, laissant le capitaine s’assoir à sa place à côté d’elle. Elle posa un coude sur la table et demanda. 

- Nami, est-ce que tu as mon log avec toi ? 

- Oui tiens le voilà. 

La petite femme chat s’en saisit, le posa sur la table et fixa un moment la flèche pointant inlassablement la même direction. 

- Par où commencer, se demanda-t-elle, mon île est grande par rapport au nombre d’habitants qui y vivent. C’est surtout une terre agricole. Il y a des rizières, des champs de céréales et de légumes mais aussi des vergers avec de nombreux arbres fruitier, un tiers d’entre eux étant des pêchers. Donc par chez moi la vie de tous est rythmée par les saisons qui passent. Et oui contrairement aux îles que vous avez déjà pu visiter, là-bas les quatre saisons se succèdent formant un cycle idéal pour le travail de la terre et la culture. 

- Bon quand est-ce que tu parles des trucs dangereux ! Lâcha finalement Luffy excédé les joues gonflées. 

- Très bien très bien… puisque de toute façon il n’y a que ça qui t’intéresse. On ne sait pas l’expliquer mais les esprits y sont visibles par tous et tout le temps. Vous pouvez vous balader en forêt et croiser l’esprit de cette forêt, celui d’un arbre âgé ou d’une pierre. Quand je suis arrivée dans « votre monde » j’ai été très perturbée de constater que les gens ne voyaient pas les esprits, que j’étais la seule, pourtant ils étaient là, tout autour d’eux mais ils ne voyaient rien. Bref tout ça pour dire que quand vous mettrez un pied sur ma terre natale attendez-vous à faire des rencontres qui dépassent votre entendement. Les esprits sont multiples et tous très différents, ce serait trop long de tous vous les énumérer mais ceux dont il faudra vraiment vous méfier ce sont les Yokaï. Ce mot signifie fantôme, esprit, démon ou apparition étrange et mon île en déborde. Ces esprits-là sont… farceurs, le plus souvent « malveillants » et aiment jouer des tours, certain plus dangereux sont du genre à apporter La Calamité sur vous, votre famille et vos proches. C’est la réputation des Nekomata par exemple. 

- On peut les taper ? Demanda Luffy. 

- Oui et non, c’est très compliqué, tout dépend de qui vous avez en face de vous. Je vous ai dit que j’étais prêtresse, c’était mon travail de déloger les esprits des endroits où ils posaient problème.

- Et toi tu es un Yokaï ? Questionna Robin. 

- Exactement, elle sourit, la légende raconte que les nekomata sont issus de chats très vieux et très gros à la queue très longue, passé un certain âge celle-ci se fend en deux et le chat acquiert ses pouvoirs. Ils sont très méchants et puissants… vraiment diaboliques, jamais dans aucune histoire je n’ai lu l’histoire d’un Nekomata bienveillant et qui apporte joie et bonheur autour de lui…

- Nous on en aura une à raconter ! Déclara Sanji en lui caressant doucement la tête. 

- Ne croyez pas que je fasse exception… la haine, la colère et la vengeance sont à mes yeux des idées très séduisantes… ce que je vous disais la dernière fois sur les cadavres que j’ai laissés derrière-moi n’était pas exagéré. Dans le folklore les nekomata sont connus pour dévorer les gens et bien… il s’avère que j’ai hérité de cette particularité. Les yokaï ne sont presque jamais bon. J’ai compris que je ne l’étais pas non plus la première fois que j’ai maudit quelqu’un… 

- Maudit … tu es donc capable de proférer des malédictions ? Demanda Brook. 

- Oui… heureusement que j’ai été élevée par des gens qui m’ont appris que la vie a de la valeur, que la violence ne devait jamais être la réponse parce que sinon j’aurais été comme ma nature me le suggère, une vraie calamité. Je n’ose même pas imaginer ce qui se passerait si je venais à mourir et que mon fruit était récupéré par quelqu’un d’autre qui n’aurait pas accès à ma culture et à mon éducation, il lui suffirait de quelques mots pour maudire des gens, détruire des vies … C’est pour ça que vous ne m’entendrez jamais commencer une phrase par « je souhaite », « j’aimerais » ou « je voudrais » c’est proscrit.

- Même pour dire « je voudrais de l’eau s’il vous plait ? » demanda Luffy. 

- Non bien sûr que non, mais nous nous éloignons de notre sujet de départ. Mon île natale déborde littéralement de monstres et fantômes en tout genre ; ils exercent sur ceux qui les regardent une sorte de fascination parce qu’ils sont étranges et bizarres mais en même temps ils sont très beaux, intriguants, mystérieux…

- ça me rappelle vaguement quelqu’un… dit Zoro en marmonnant un sourire aux coins des lèvres. Minu leva les yeux vers lui ses oreilles pointèrent en avant alors qu’elle l’écoutait.  

- Sinon de manière plus prosaïque mon île ressemble à une patte de chat, avec un gros coussinet central et cinq doigts, les doigts sont reliés à l’île principale par de grands ponts de bois. L’un d’eux est un volcan, on raconte que c’est lui qui a mangé un fruit du démon et que c’est pour ça que les esprits prennent vie. Un autre doigt accueille le temple nekomata, c’est là que je passais le plus clair de mon temps, un autre l’école, même s’il n’y a jamais eu beaucoup d’enfants. Le plus haut d’entre eux servait à réserver et conserver notre nourriture était donné que c’est le plus froid. Le dernier c’est la haute forêt hantée.

- Pourquoi, il y a une basse forêt hantée ? demanda Franky, amusé. 

- Oui tout à fait. L’île est une très vieille chaîne de volcans, le coussinet central est un plateau surélevé à plusieurs centaines de mètre au-dessus de la mer, on y accède par un escalier ou un monte-charge quand il y a quelqu’un pour s’en occuper, mais pour arriver à l’un ou à l’autre il faut traverser la basse forêt hantée, et dedans il y a de tout, esprits des arbres, des pierre, élémentaire de terre, d’air et d’eau, des yokaï évidemment, tout un panel de monstres qui vous feraient dresser les cheveux sur la tête. 

Justement Ussop et Chopper avaient déjà l’air tout ébouriffés.

- Luffy, tu es sûr de vouloir y aller ! Se plaignit le petit renne. 

- Je… Je crois que je suis malade, je fais une crise de « je ne veux pas aller sur une île pleine de monstruosités »

- Et ce n’est pas ce qui m’inquiète le plus vous savez, ça j’ai l’habitude c’est la routine, je vous fais traverser cette forêt en moins de trois jours sans vous perdre et sans une égratignure. Non ce qui me fait vraiment peur, c’est qu’il y a eu des centaines de morts le jour où j’ai été enlevée et que personne n’a pu s’occuper de leurs âmes… J’ai très peur de ce qu’elles sont devenues. Ça fait treize ans… treize ans qu’elles doivent errer, seules… Je suis allée sur plusieurs lieux de guerre et de pillage quand j’étais à la C.W&cie, c’était plus fort que moi dès que je voyais dans le journal un endroit où avait eu lieu ce genre d’évènement, il fallait que j’y aille, que j’aille prendre soin des âmes, que j’aille les faire passer. Et chez moi, personne n’a fait ce travail… j’ai… jamais eu le courage d’y retourner pour me confronter à tout ça. Si ça se trouve se sera devenu trop énorme, trop violent pour que je puisse y faire quoi que ce soit, ça me terrifie. Je vous aurais embraqué encore une fois dans un truc qui ne vous concerne pas et qui risque de vous faire du mal. 

- Minu… Tu nous préviens des risques, mais de toute façon on est tous dans la même galère, regarde la tête de Luffy. Dit Sanji. 

Le capitaine avait les yeux pleins d’étoiles. 

- On y va ! Y a pas à tortiller ce qu’on y trouvera on lui bottera le cul !

- Et je suis sûr que d’ici qu’on y arrive on aura trouvé une solution pour te venir en aide. Enchaîna Robin. 

Certains membres de l’équipage quittèrent la table mais l’archéologue ne bougea pas, se contentant de fixer la petite demoiselle. 

- Dis-moi Minu, est-ce que je peux te poser des questions ? Ça fait des semaines que je suis intriguée par des choses que tu as dites. 

- Oui bien sûr je te répondrai si je le peux. 

Sanji leur apporta une nouvelle tasse de thé ainsi qu’une assiette de petits gâteaux. Il ne restait plus à la table que Robin, Nami, Zoro et Brook. 

-Merci Sanji-san, dit le squelette, je suis moi aussi très curieux d’en connaître davantage sur ta vie. Quelque chose me dit que c’est très intéressant. 

- Je vous écoute, déclara la femme chat en se calant dans sa chaise. 

- Je me souviens que tu as dit qu’il y avait eu plusieurs nekomata avant toi ? comment est-ce possible ? demanda Robin. 

- Le « nekomata no mi » est issu d’une pêche c’est pour ça qu’il y a tant de pêchers sur mon île. Il faut savoir que c’est un endroit fermé, personne n’y entre et personne n’en sort, sauf exception pour le commerce. S’il y a bien une personne qui n’est absolument pas autorisée à quitter les lieux c’est bien la prêtresse nekomata, vous imaginez si elle mourait ailleurs que sur l’île, le fruit se perdrait. Honnêtement je pense qu’il y retournerait mais je n’ai pas envie de mourir pour vérifier ma théorie. Donc toutes les prêtresses sont nées et sont mortes sans jamais avoir quitté l’île.  

- Combien d’entre vous y a-t-il eu à ta connaissance ?  

- Une trentaine sur 1500 ans mais il y en a peut-être eu d’avantage, connaître la vie de mes ancêtres a été l’un de mes apprentissages fondamentaux. C’est vraiment fabuleux de savoir comment elles ont vécu, les découvertes qu’elles ont faites sur le fruit, les esprits qu’elles ont eus à gérer, je me sens proche des anciennes nekomata, je les comprends et si elles étaient là, elles me comprendraient. 

- C’est incroyable de voir qu’une dynastie s’est créée autour d’un fruit du démon, comment faites-vous pour vous transmettre le savoir ? Demanda Nami. 

- Nous écrivons… chaque une des trente nekomata a tenue un journal où elle parle des temps forts de sa vie et de ses trouvailles. Chaque carnet est ensuite gardé au temple avec le reste de leurs affaires dans la grande galerie du temple, s’il est toujours debout je vous promets de vous y emmener et de vous montrer. 

- Comment est choisie la future prêtresse ? Demanda Robin. 

- Elle doit remplir un certain nombre de critères, être issue de la famille, approcher les quinze ans et… être belle… enfin selon les standards de chez moi, il y règne un vrai culte de la beauté. Une fois qu’elle a mangé le fruit, elle change de nom et prend ses fonctions. 

- Tu avais un autre nom avant Minu-chwan ? questionna Sanji

- Non moi je n’ai pas changé, je porte toujours mon prénom de soupirante Nekomata… Minu. Je n’ai pas… été intronisée, mon père voulait attendre que j’aie l’âge requis, quinze ans mais la suite vous la connaissez je n’en n’ai pas eu le temps. 

- Pourquoi tu dois boire la première gorgée de saké ?

- Quand on est prêtresse, on est au service des autres, c’est pour eux que nous vivons, marchons, respirons. C’est pour les accompagner dans la vie et surtout dans la mort que nous sommes là. C’est aussi pour les protéger donc si quelqu’un doit quitter ce monde c’est moi… 

- J’espère que tu ne crois plus ça ! s’emporta Zoro tapant du poing sur la table. 

Minu le fixa avec beaucoup de douceur, elle comprenait très bien ce qu’il ressentait elle posa délicatement sa main sur la sienne sous la table pour l’apaiser. 

- Non Zoro, je ne crois plus ça… Je ne crois plus en tout un tas de choses que j’ai apprises durant les douze premières années de ma vie. Ne t’en fais pas, je ne boirai plus la première gorgée de saké, plus jamais, je te la laisse volontiers. Elle rit en serrant les doigts du bretteur dans les siens.  


- Mais d’où vient-elle cette tradition ?    

- C’est assez récent, le pouvoir rend les gens fous, certaines personnes auraient voulu que leur fille soit choisie plutôt qu’une autre, alors elles se débarrassaient de la concurrence et l’un des moyens les plus utilisés était l’empoisonnement. C’est une des prêtresses précédentes qui a instauré cette règle. La nekomata en place doit gouter le saké en premier. C’était plutôt dissuasif. 

- Est-ce que la prêtresse a du pouvoir ? demanda Robin

- C’est un grand honneur, notre voix pèse lourd dans les prises de décision, nous rendons parfois la justice quand la voie normale ne sait pas comment faire. Nous sommes respectées. Et surtout les gens nous font des offrandes. Les gens sur mon île sont soit agriculteur, soit artisan. Pour nous remercier de les protéger les gens nous offrent ce dont ils sont le plus fier. Prenons pour exemple un potier, s’il estime que son vase est une pièce d’exception et bien il devra l’offrir à Nekomata, c’est comme ça.  

- Mais du coup vous devez avoir des centaines d’objets rares et précieux ? déclara Nami dont les yeux brillaient d’une lueur que l’équipage ne connaissait que trop bien. 

- Cherche pas ces objets appartiennent à Minu ! Dit Zoro un peu excédé. 

- En fait non, ils ne m’appartiennent pas, ils appartiennent au temple… Et tu sais Nami chez moi l’argent n’existe pas… 

- Pas d’argent ? Mais comment faites-vous pour vivre ? 

- Chacun fait son travail et donne à autrui ce dont il a besoin.

- Mais et si certaines personnes ne travaillent pas ? Demanda la navigatrice incrédule.  

- Il reçoit ce dont il a besoin au même titre que les autres… 

- Mais c’est injuste envers ceux qui travaillent non ? Poursuivit-elle. 

- Et en quoi ? J’aurais moi aussi tout ce dont j’ai besoin. 

- Mais l’autre l’aura eu sans rien faire… 

Minu comprit ce qui tracassait la jeune femme. 

-Les gens ne travaillent pas pour vivre chez moi, chacun fait ce qui le fait vibrer, ils produisent par plaisir, par amour… Les objets qui sont fabriqués par les gens de mon île ont des âmes merveilleuses. Quand un artisan créé un objet une partie de lui s’arrache et s’incorpore dans sa création, c’est magnifique, j’aurais aimé que vous puissiez voir ça.  

- Il n’y a jamais d’abus ? 

- Non, nous avons tous été élevés dans le respect et dans l’idée de prendre ce dont nous avons besoin et ce qui nous fait plaisir parfois, comme un bijou ou un vêtement… 

- C’est un peu idyllique comme façon de vivre… déclara Brook. 

- J’ai conscience que ça ne fonctionnerait jamais s’il y avait beaucoup plus de monde. 

- Tu as dit qu’il y avait tout de même un peu d’argent qui circulait sur l’île. 

- Oui chaque année tout le monde travaille et donne une certaine part de ce qu’il a fait au marchand, il emporte tout ça sur les différentes îles et le vend. Vous vous demandez surement pourquoi et bien simplement parce qu’il y a certaines choses qu’on ne peut pas avoir directement sur l’île et qu’il nous faut acheter à l’extérieur, l’argent sert à ça. 

- Ce marchand c’était donc la seule personne qui pouvait entrer et sortir de l’île ? Demanda Zoro. 

- Lui et son équipage oui. Répondit la femme chat. 

- Oui et le marchand à l’époque où je vivais encore là-bas c’était mon grand-père maternel, Kichi (=Bonne chance). Il n’était pas là quand le raid a eu lieu, il aurait dû être de retour depuis un moment mais on ne le voyait pas revenir. 

- Tu veux dire qu’il y a potentiellement un membre de ta famille toujours en vie ! s’écria Nami. Tu ne l’as jamais cherché ? 

- Oui peut-être… Et non, je ne sais pas trop pourquoi d’ailleurs… Peut-être que j’avais vraiment peur… 

Minu réfléchit un long moment avant de déclarer. 

- Nous avons assez discuté de moi pour aujourd’hui, j’ai pas mal de travail qui m’attend, nous en reparlerons à l’occasion. 


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Et voilà c'est tout pour cette semaine, on se retrouve dans deux semaine pour la suite. En attendant portez vous bien. ^^



  

 

  

  

  

       

 

   



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