Chat alors...

Chapitre 9 : La forme hybride

4670 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/03/2021 18:36

Salutations mes très chers petits lecteurs et petites lectrices, j'espère que vous allez bien et que vous êtes prêts pour ce nouveau chapitre. 




Minu rêvait, il faisait nuit et pourtant tout était éclairé d'une lueur orangée et vacillante. Des hurlements lui remplissaient petit à petit les oreilles.

- Cours Minu !! Cours ! Lui criait-on. Elle resta un long moment, figée de stupeur. Tout était en train de brûler autour d'elle. De la fumée lui remplissait les poumons et lui piquait atrocement les yeux et la gorge.

- Père !! Cria-t-elle, Mémé !! Elle marchait, perdue au milieu des flammes qui montaient en vrombissant jusqu'aux étoiles et des gens qui fuyaient.

- Enfuis-toi Minu !! Elle se retourna son père était là, courant pour la rejoindre quand une détonation lui vrilla les tympans. Son père s'effondra et ne bougea plus.

- Père... PAPA !!

De loin elle parvenait à voir la mare de sang qui se formait déjà autour de sa tête. Elle hurla.

- PAPA !! Ça ne pouvait pas être vrai ! Elle entendit des pas claquer sur les pavés de la route.

- Y a quelqu'un là-bas ! 

Elle réfléchissait, "si j'avais pris ma forme hybride ce soir-là plutôt que ma forme animale, les choses auraient peut-être été très différentes." Alors elle se changea, tout son corps exulta une vague d'énergie colossale alors que du feu bleu nimbait sa vision.


Elle se réveilla en sursaut le cœur battant la chamade, dans la panique elle se leva d'un bond. Son crâne heurta violemment le plafond, l'assommant presque. Une lueur bleue crépitait sur les murs. Elle recula déséquilibrée, cherchant un endroit où se rattraper mais elle ne rencontra rien d'autre que le rebord de la fenêtre ouverte qui la faucha derrière les jambes. Elle bascula. Elle réussit à reprendre ses esprits pendant la chute et s'arrangea pour atterrir presque sans un bruit.

- Itaï... dit-elle en ce massant la tête. Elle ouvrit les yeux. Pourquoi le sol était-il si loin en bas. Ses mains lui apparurent grandes et recouvertes d'un fin pelage blanc.

"Ho non !" Se dit-elle.

Zoro était en train de surveiller la mer quand il entendit un bruit sourd dans la chambre de Minu, il se précipita pour aller voir. Une lumière bleue éclairait l'intérieur et l'éblouissait. Il entendit des objets qui se fracassaient et soudain quelque chose passa par la fenêtre et tomba sur le pont, mais il n'entendit pas un bruit. 

- Minu ?! C'est toi ?! Demanda-t-il mi-criant mi-chuchotant. Il décida de descendre rapidement de la vigie pour aller voir sur le pont. D'un bond il fut sur place et commença à dire sur un ton de reproches :

- Vraiment Minu t’en rates pas une ! Qu'est-ce que tu fous... il ne termina pas sa phrase, stupéfait. Il n'y avait aucun doute c'était bel et bien Minu, son aura ne le trompait pas. Mais ce corps, elle devait mesurer un peu plus de trois mètres. Son ombre le surplombant largement. Son œil glissait sur sa plastique. Un bruit se fit entendre sur le bateau, sans réfléchir Minu se pencha et attrapa Zoro, le soulevant de terre, une de ses immenses mains lui couvrant la totalité du visage. Elle le serrait fort, lui coupant le souffle. Il saisit l'un de ses doigts pour l'écarter et respirer. Une porte s'ouvrit et Luffy apparut. Le temps sembla se suspendre alors qu'elle retenait son souffle. Le capitaine marchait tout droit vers le bastingage. Comment pouvait-il ne pas l'avoir vue !? Zoro l'oreille collée dans le pelage infiniment doux qui recouvrait l'intégralité de son corps, entendait le cœur battant à tout rompre de l'hybride ainsi que l'air qui gonflait ses poumons. On entendit un bruit de braguette qui s'ouvre puis des clapotis retentirent en bas du navire sur l'eau. Il était en train de pisser par-dessus bord ! Quand il eut terminé il se rhabilla et se retourna. Minu put alors voir la tête qu'il faisait, il était complètement à l'ouest, encore à moitié endormi, une bulle lui sortant par le nez. Il rentra dans la chambre des garçons, la porte claqua puis on n’entendit plus un bruit. Elle se détendit, Zoro dans ses bras se mit à remuer rageusement. Il se libéra de son étreinte et tomba durement sur le derrière. Il se releva à la vitesse de la lumière, sortant deux sabres de leur fourreau.

- Ça va pas bien Minu !! Je vais te tuer, ne refais plus jamais ça. La femme chat plia les genoux les mains en avant.

- S'il te plaît Zoro tais-toi... lui intima-t-elle. Sa voix... on aurait dit des cailloux roulant dans une rivière. Il se tut, baissant ses sabres. Il était fasciné, le visage de Minu au-dessus du sien n'avait plus rien à voir avec celui qu'il lui connaissait. Il se perdit instantanément dans ses grands yeux noisette aux pupilles rondes et frémissantes qui réagissaient à la moindre variation de lumière. Son œil remonta pour glisser le long de ses oreilles duveteuses aux petites touffes toutes douces, ses cheveux étaient devenus gris et lui tombaient sur le visage. Elle leva la main pour la glisser dedans et les ramener en arrière entre ses oreilles. Elle avait un museau gris avec une truffe noire mais son menton était blanc, le pelage descendait dans son cou et entre ses seins, puis s'épanouissait sur son ventre avant de dévaler l'intérieur de ses longues cuisses, stoppait sa course dans une pointe puis se reprenait à nouveau sur la fin de ses pattes. La ligne de sa silhouette était longiligne et si sensuelle qu'il en était tout retourné.

- Zoro ? Il releva la tête vers elle. Aucun son ne parvenait à franchir ses lèvres. Il regardait maintenant par-dessous son bras, il ne vit pas une mais deux queues d'une longueur exagérée. Elle posa un genou à terre se penchant un peu plus vers lui, saisit son épaule, la recouvrant entièrement. Elle pesait son poids. C'était réel alors.

- Zoro !? Dis-moi quelque chose.

Elle leva à nouveau la tête, scrutant la nuit, ses oreilles pivotant en tous sens. Une nouvelle fois sans le consulter elle posa sa seconde main sur lui et bondit sans un bruit vers la vigie. Se sentant une nouvelle fois arraché au sol il reprit ses esprits en sentant les muscles de Minu se mettre en branle. Il sentit l'air lui fouetter le visage. Elle atterrit comme au ralenti en haut de l'échelle puis entra dans la pièce. Elle le posa à nouveau. Puis le fixa longtemps.

- Je suis vraiment désolée Zoro mais je ne veux pas qu'on me voie comme ça !

Elle recula dans l'ombre, une lueur bleutée émanant de derrière elle. Il se pencha sur le côté pour voir au bout de chacune de ses queues une flamme bleue qui vacillait, spectrale.

- T'es quoi ? Lui demanda-t-il les sourcils froncés et le regard aussi dur qu'une couche de glace, parce que ça c'est pas un simple chat.

La créature se retourna gesticulant en tous sens, se tortillant les doigts. "Ça c'est du Minu tout craché." Se dit-il.

- Minu réponds ! Elle sursauta, le silence se prolongea encore un moment.

- Le fruit que j'ai mangé, c'est pas le neko neko no mi modèle Neko mais le neko neko no mi modèle Nekomata.

- Nekomata ? Le bretteur haussa les sourcils, c'est un animal mythique ça, non ? 


La vigie était plongée dans l'obscurité, la seule lumière provenait des feux bleus qui brûlaient au bout des queues de Minu. Ses longues moustaches blanches translucides donnaient l'impression de briller dans le noir. Elle attrapa chacune de ses extrémités pour souffler sur les flammes. De la fumée s'éleva lentement en volute.

- Minu... tu sais que personne ne te fera plus confiance si tu mens en permanence sur qui tu es, lui dit Zoro agacé.

- Je sais. La grande créature plia les genoux et entoura ses jambes de ses bras et y enfouit son visage. C'est juste que les gens disent que les nekomata portent malheur... on m'a si souvent rejetée à cause de ça, caillassée, battue, certains ont même failli me tuer.

- Tu t'es pas défendue ? Lui demanda le bretteur un peu exaspéré. 

- Et quoi ?! Leur prouver qu'ils ont raison de me craindre, que cette apparence apporte bel et bien le malheur avec elle ? Zoro ne comprenait pas bien son point de vue mais pour le moment il ne voulait pas en débattre.

- Minu, tu nous as bien tous regardés dans l'équipage, un cyborg, un renne humain, un squelette vivant, un homme en caoutchouc, une femme qui peut faire pousser son corps partout, on est tous plus ou moins des monstres.

Ces derniers mots la percutèrent comme un coup de poing au visage. Un long silence tomba entre les deux.

- Dis, tu pourrais me donner quelque chose à me mettre sur le dos, je voudrais reprendre mon autre forme.

Être nue ne lui posait aucun souci, mais elle savait que pour lui ça poserait problème. Zoro sentit la chaleur lui monter aux joues instantanément. Il n'avait pas pensé à ça étant donné que son pelage recouvrait l'intégralité de son corps. Il n'avait rien sous la main à part du linge sale, et il était hors de question qu'il lui donne un vêtement souillé. Il avait laissé son kimono posé sur une chaise, il attrapa l'habit vert et le lui lança.

- Tiens enfile ça.

Elle se saisit du vêtement au vol et avant de le mettre respira son odeur.

- C'est vraiment trop bizarre Minu ! Fais pas des trucs comme ça !

- C'est pas de ma faute, tu sens très bon... répondit-elle calmement en enfilant les manches. S'enveloppant dans le tissu, elle ferma les yeux et se changea lentement en la petite Minu qu'il connaissait. Le kimono lui glissa de l'épaule. Elle était tellement adorable en cet instant, il rosissait une nouvelle fois dans le noir. C'était vraiment le jour et la nuit entre ses deux formes.

Il s'était souvent retrouvé seul avec elle mais cette fois c'était vraiment différent, la tension entre eux était palpable. Elle baissait les yeux, penaude et triste, ses oreilles basses la rendaient juste si mignonne qu'il sentit une nouvelle fois son cœur danser dans sa poitrine. Il déglutit. Finalement elle se pencha en avant dans un geste d'excuse.

- Je suis vraiment désolée Zoro, depuis qu'on se connait je fais vraiment que des âneries et je ne t'apporte que des problèmes. Il leva les yeux au ciel, c'était vrai mais bon, il avait l'habitude avec tous les énergumènes qui constituaient l'équipage.

- Tu sais, je me suis retrouvé dans des situations bien plus désespérées à cause de Luffy.

- Peut-être mais c'est pas une raison.

- Pour en revenir à ce que je te disais, tu n'as vraiment pas à avoir peur de ce que vont penser les autres s’ils te voyaient sous ta forme hybride. Ils seraient surtout impressionnés. Moi en tout cas je l'ai été... Tu es nekomata ? Et alors ? Tu es forte, assume-le ! Ta bestialité fait partie de toi, ne cherche pas à la camoufler.

Il espérait que ce soit un compliment. Minu lui sourit encore plus largement.

- Merci Zoro, tu me rassures et tu me donnes du courage.

Elle s'avança à pas lent. Le cœur du bretteur rata un battement, elle approchait. Arrivée tout près de lui elle l'enlaça tendrement, son nez au niveau de son estomac. D'abord hésitant, il glissa une main dans son dos et la serra contre lui, caressant ses cheveux de l'autre. À cause de sa petite taille il n'arrivait pas à l'étreindre comme il l'aurait voulu, mais c'était déjà mieux que rien. L'occasion était trop belle pour qu'il ne la saisisse pas. Tout son corps était envahi de frémissements délicieux, alors qu'elle lui faisait de vastes caresses dans le dos. Elle leva la tête vers lui et plongea dans son œil d'acier, sa bouche s'entrouvrit légèrement avant de se refermer. Il avait fixé ses lèvres un court instant et était à nouveau saisi par le désir de les lui voler. Elle avait remarqué son regard furtif, il avait envie de l'embrasser. Sans détacher son regard du sien elle le poussa doucement du plat de la main. Ne comprenant pas le bretteur recula de quelques pas et se retrouva à buter contre le rebord du banc, instinctivement il s'y assit. Elle n'avait pas cessé de le fixer son visage illuminé par les rayons de la lune. Il se trouvait maintenant à sa hauteur elle s'approcha entre ses genoux, posant une main légère sur son épaule, l'autre retenant le kimono pour qu'il ne s'ouvre pas. Il ne savait absolument pas quoi faire, son cerveau lui envoyait des signaux totalement contraires les uns des autres. On lui disait de fuir, de trouver quelque chose à dire pour qu'elle s'arrête là, mais aussi d'y aller et de profiter un maximum de l'instant. Elle se pencha lentement au-dessus de lui, sa main se coulant sur son cou dans une caresse divine. Il n'avait jamais embrassé personne, tout son corps était tendu à l'extrême. Ça allait arriver dans quelques secondes. Le visage de Minu se rapprochait de plus en plus.

- Minu j'ai jamais... commença-t-il mais c'était trop tard, elle avait déjà posé ses lèvres sur les siennes.

Quelle sensation unique c'était, la douceur se mélangeait au moelleux et au chaud. Il avait l'impression qu'un oiseau se débattait dans son ventre, il était à fleur de peau frissonnant sous son baiser. Elle détacha sa bouche de la sienne, comment ? C'était déjà fini ? Alors que le mot délicatesse venait de prendre tout son sens ? Elle fit passer son nez de l'autre côté du sien et l'embrassa à nouveau tout doucement du bout des lèvres. Il avait l'impression de disjoncter, toutes pensées avaient quitté sa tête, il pensait n'être plus rien que cette sensation fondante et tendre. Des friselis lui parcourant la peau par vagues délicieuses. Elle s'écarta à nouveau, sa main était remontée dans ses cheveux, les caressant et le grisant. Elle lui souriait. Il en voulait plus, plus de ça ! Plus d'elle ! C'était bien trop fugace, il ne pourrait pas s'en contenter. Il leva le visage pour réclamer la suite, la demoiselle répondit à ses aspirations. Il ne se souvenait pas s'être un jour autant laissé porter par le cours des choses. Il ne savait pas du tout comment s'y prendre mais il se laissait complètement guider par le ballet des lèvres de Minu sur les siennes. Elle savait embrasser, elle. Sans trop réfléchir il glissa les mains sur sa taille et l'attira un peu plus à lui pour coller son corps au sien. Il sentait sous le tissu la chaleur de sa peau et les courbes de son corps. Il voulait la serrer plus fort, ressentir chaque centimètre carré de ce qui la constituait mais d'un autre côté elle était si fine qu'il avait peur de lui faire mal. Comme elle, il laissa une main remonter le long de son dos pour la glisser dans ses cheveux sombres, approfondissant leur union, ayant saisi comment il fallait faire. Minu sentait tout son corps devenir chaud alors qu'il s'enhardissait, l'embrassant franchement en imitant sa façon de faire. Elle quitta ses lèvres puis l'enlaça tendrement de ses bras. Il se retrouva le visage dans son cou de marbre blanc, respirant son odeur à pleins poumons. Elle lui caressait les cheveux avec lenteur. Il ne parvenait pas à retenir ses élans d'affection et déposa une myriade de baisers délicats sur sa peau, son désir grimpant en flèche, ses mains palpant ses hanches délicates. Ça l'électrisa, elle recula cependant d'un pas, puis deux, s'arrachant à sa bouche et à ses bras. Elle ne voulait pas aller trop vite. Zoro se senti immédiatement dépossédé d'un bien précieux. Soudain son cerveau se remit à fonctionner et il se rendit compte de ce qui venait de se passer, il baissa la tête, se sentant rougir jusqu'aux oreilles.

- Tu es vraiment beau quand tu rougis, lui dit-elle avec un sourire, tout en lui caressant le visage pour qu'il la regarde. Il sentit tout son être s'enflammer d'un coup.

- Il est vraiment tard je ferais mieux de retourner me coucher. Il lui saisit la main avec empressement.

Il voulait qu'elle reste ! Il voulait l'embrasser encore, partout, qu'elle l'embrasse encore, qu'elle le touche encore. Mais il lui répondit.

- Oui tu as raison. Il laissa ses doigts glisser le long des siens pour la lâcher dans une ultime caresse. 

Elle lui tourna le dos, laissa glisser le kimono le long de ses épaules découvrant son dos de satin. Zoro écarquilla l'œil,

- Oï ! Qu'est-ce que tu fous ? Il rougit encore plus si c'était possible. Le cœur battant à tout rompre, il observa le vêtement dévaler la chute de ses reins, elle sembla rapetisser et se retrouva ensevelie sous le tissu. Elle en ressortit quelques secondes plus tard sous sa forme de chat, trottinant vers la sortie. Il la suivait de l'œil. Il entendait le sang pulser à ses oreilles et les battements de son cœur cogner contre ses côtes. Il la trouvait plus belle à chaque regard qu'il posait sur elle. Elle avait disparu quand il se releva chancelant, les jambes en coton comme s'il avait eu la peur de sa vie.


La nuit lui sembla interminable, il avait passé la fin de sa garde à ressasser l'instant qu'ils avaient partagé, revoyant, ressentant ses lèvres et ses mains posées sur lui. Quand il avait finalement rejoint son lit, il ne trouva pas le sommeil. Tout son être n'aspirait plus à rien d'autre que de retrouver ses bras, sa bouche et sa peau. Il tenta de dormir, mais son sommeil se révéla aussi léger qu'un voile. Il faisait des rêves enfiévrés où se mêlaient leurs bouches et leurs corps. Il se réveilla à de nombreuses reprises en sueur et embarrassé. Il réussit finalement à s'endormir au petit matin.

Quand les garçons se réveillèrent ils le trouvèrent toujours dans son lit, profondément endormi.

- Il est tout rouge vous avez vu ça ? Dit Luffy qui se penchait au-dessus de lui.

- Il a peut-être pris froid pendant sa garde cette nuit ? Répondit Ussop, on dirait qu'il a de la fièvre.

- Cet abruti n’est pourtant jamais tombé malade, dit Sanji.

- Yohohoho, c'est vrai qu'il a pas l'air dans son assiette.

- Oï Chopper ! Faut que tu viennes voir Zoro il a pas l'air bien. Lança Luffy.

On entendit les petits pas saccadés du renne qui s'approchait, se hissant sur le lit pour observer le bretteur.

- Effectivement... laissons-le dormir pour le moment. Je m'occuperai de lui quand il sera levé.


Minu se réveillait elle aussi dans son lit sous sa forme de chat. Elle reprit sa forme humaine et s'étira sur les draps. Ce qui s'était passé hier entre elle et Zoro avait été un moment merveilleux. Elle se caressa la bouche en souriant. Ce serait peut-être les premiers et les derniers baisers qu'ils échangeraient. Elle espérait qu'à travers ce geste elle avait réussi à lui faire comprendre ses intentions. Maintenant il avait toutes les cartes en main. Ce serait à lui de décider de la suite des événements. Quand elle descendit pour déjeuner avec les autres, Zoro n'était pas là. Elle en fut un peu déçue.

- Qu'est-ce qui lui arrive ? S'enquit Minu un peu inquiète.

- On pense qu'il a pris un coup de froid cette nuit pendant sa garde. Lui répondit Ussop. "Il allait pourtant très bien hier soir ? Je ne pense pas que ce soit le genre de garçon à prendre froid..." se dit-elle.

Nami entra dans la cuisine en bondissant.

- Le log est enfin rechargé nous allons pouvoir repartir ! Aussitôt dit aussitôt fait. Ils reprirent la mer dans l'heure qui suivit.


Quand il se réveilla enfin il était plus de dix heures. Zoro sentait la houle, avaient-ils repris la mer ? Il se leva d'un bond, il avait raté son entraînement du matin ! Il émergea du dortoir des garçons comme une tornade, passa vite fait par la cuisine pour engloutir un petit-déjeuner quand il fut stoppé net par Chopper.

- Pas si vite Zoro ! Je dois t'ausculter !

- Hein, pourquoi ça !? Lui répondit-il alors qu'il se dirigeait vers la vigie une tranche de pain dans la bouche.

- Tu t'es pas levé ce matin, et tu avais l'air d'avoir de la fièvre, lui apprit le renne.

- De la fièvre ? répéta-t-il en levant un sourcil, je me sens plutôt bien. Minu passa derrière Chopper un panier de linge dans les bras. Elle ne lui accorda pas un regard trop concentré pour ne pas faire tomber les vêtements fraîchement lavés. À la seconde où son œil se posa sur elle, les événements de la veille lui sautèrent en mémoire. La chaleur envahit instantanément tout son corps et son visage.

- Ha tu vois ! Regarde-toi, on dirait que tu fais une insolation.

Zoro se reprit et contourna le renne pour passer.

- Je te dis que ça va très bien Chopper ne t'inquiète pas. Il rejoignit la vigie sans prêter attention aux cris de désapprobation du médecin. Une fois dans ses quartiers il se mit au travail. Instinctivement il s'était mis près d'une fenêtre d'où il pouvait voir Minu en train d'étendre le linge. Elle parlait avec Robin. Peut-être qu'elle était en train de tout lui raconter, après tout les filles jacassent. Il la vit rire doucement. Se moquait-elle de lui ? Il devenait parano, Minu n'avait jamais parler de leurs moments d'intimité à personne, pourquoi commencerait-elle aujourd'hui ? Peut-être qu'il n'avait pas été à la hauteur de ses attentes, peut-être que son baiser avait été minable. Robin venait de partir. La petite femme chat était à nouveau seule. Elle s'était assise sous un clémentinier et prenait le soleil. Pourtant il avait eu l'impression que tout s'était plutôt bien passé... son instinct ne lui avait jamais fait défaut et il était persuadé qu'il ne l'avait pas laissée indifférente. Quand il regarda à nouveau par la fenêtre Minu avait disparu, le linge claquant au vent. Il la chercha un peu mais ne la voyant nulle part se reconcentra sur son entraînement. Enfin il essaya de se reconcentrer, les gestes mécaniques et répétitifs ne lui permettaient pas d'échapper à ses pensées, et elles étaient toutes dirigées vers une seule et unique personne, Minu. 

Ils se retrouvèrent pour le repas du midi. Minu semblait fidèle à elle-même, souriante et solaire comme toujours. Il profitait d'être assis en face d'elle pour la regarder tout son saoul. Il essayait de capter ses yeux mais il ne les accrochait que de façon fugace. Est-ce qu'elle l'évitait ?

La demoiselle était un peu perturbée. Elle ne savait pas du tout ce que Zoro pensait de ce qu'il s'était passé la veille. Peut-être qu'il regrettait... que finalement ça ne l'intéressait pas. Après tout la voie du sabre n'était peut-être pas compatible avec le fait d'avoir quelqu'un dans sa vie. Après le repas Zoro s'installa pour faire sa sieste, il s'attendait à ce que Minu le rejoigne au moins sous sa forme de chat mais elle ne se montra pas, la sieste en fut moitié moins agréable. Il avait vraiment l'impression qu'elle se cachait.

Elle se cachait, au fond d'elle elle avait vraiment peur d'avoir tout gâché, peur de se présenter à lui et qu'il la rejette. Le soir venu alors qu'il remontait s'entraîner à la vigie il l'aperçut dans sa chambre en train de lire. De temps en temps elle levait les yeux vers lui et lui les détournait aussitôt. Ainsi passa un premier jour. Puis un second. 


Il avait tenté de lui parler de tout et de rien histoire de renouer un peu le contact, elle, lui répondait de façon tout à fait normale. Mais il ne parvenait pas à être seul avec elle. Elle se dérobait toujours à ses yeux. C'était fou ça ! Elle n'avait pourtant jamais eu le moindre souci à se trouver seul avec lui. Elle l'avait pris dans ses bras le premier jour de leur rencontre ! Et depuis leurs baisers elle gardait toujours soigneusement ses distances. Il ne pouvait pas croire que la proximité était le problème. Est-ce qu'elle avait finalement obtenu ce qu'elle voulait et maintenant il ne l'intéressait plus ?


Au troisième jour il commençait à être vraiment agacé, est-ce qu'elle se fichait vraiment de lui ? Mademoiselle voulait se rendre inaccessible maintenant qu'elle avait fait de lui un assoiffé ! Il se ressaisit, non, avoir reçu un baiser une fois ne voulait pas forcément dire qu'elle en voulait d'autres. Elle lui avait dit merci juste avant, peut-être que c'est de cette façon qu'elle montrait sa reconnaissance. Elle ne ressentait peut-être rien du tout de particulier pour lui. Après tout elle était tactile avec tous les membres de l'équipage... Mais alors pourquoi évitait-elle tout contact avec lui tout à coup.


Le jour se leva et se coucha sur le quatrième jour.

- Zoro ça va ? Tu es tout crispé, t'as mal au ventre ? Lui demanda Luffy ce soir-là qu'ils étaient côte à côte en train de pêcher. Zoro s'imagina parler de son problème au capitaine mais il se rendit très vite compte que c'était une très mauvaise idée compte tenu de la capacité de ce dernier à mettre les pieds dans le plat. Il le voyait déjà courir et chercher Minu pour la confronter.

- Non ça va, lui répondit-il le visage fermé.

- T'es bizarre en ce moment, tu parles encore moins que d'habitude.

- Je suis un peu préoccupé... c'est tout.

- C'est à cause de Minu ? Lui demanda-t-il. Zoro sursauta et se recula.

- Comment tu sais ça toi ?

- Elle aussi elle est bizarre, et comme je sais que tu fais beaucoup attention à elle...

- Moi je fais attention à elle ?

- T'es toujours en train de la chercher en tout cas. Puis on vous voit plus ensemble, vous vous êtes disputés ? M'enfin ça me regarde pas, dit-il se tournant vers lui en lui souriant, t'as une touche Zoro !

- Tu crois ? je suis vraiment pas sûr en fait. Elle m'évite depuis... 

- Au bout de ta canne ! Lui cria le capitaine. Le bretteur réagit au quart de tour et remonta le poisson, il était énorme, Franky, Ussop et Chopper arrivèrent pour contempler la prise. 


Merci à tous ceux qui me lisent, j'espère que ce chapitre vous aura plu. Je vous fais plein de poutous et vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour la suite !


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