Chat alors...

La première nuit dans sa nouvelle chambre fut pénible, son sommeil humain se soldant toujours par de terribles cauchemars. Le soleil qui se levait était salvateur. Elle se redressa, voyant par les fenêtres de la vigie que Zoro s'y trouvait déjà. Il était en train de s'entraîner. Elle le regarda faire de longues minutes, elle observait son corps bouger, ses muscles se contracter, son visage, concentré. Il était vraiment très beau. Des papillons s'envolèrent dans son bas ventre. Elle sourit, Minu n'avait pas honte de ses envies et de ce qu'elle ressentait pour lui, au contraire elle chérissait chacune des sensations uniques que lui faisait ressentir le bretteur, c'était comme un cadeau. C'était pas tous les jours qu'elle avait à ce point envie de se rapprocher de quelqu'un. Elle voulait lui faire plaisir, le faire sourire, l'entendre rire.

Quand elle fut habillée elle descendit à la cuisine pour prendre son petit-déjeuner. Elle remarqua qu'il restait du riz blanc quand tout le monde eut terminé. Elle attendit d'être seule à la table.

- Sanji ?

- Oui ma Minu-chwaan ?

- Tu m'apprends à faire des onigiris ? Sanji lui ébouriffa les cheveux entre les deux oreilles.

- Bien entendu ! Tu veux les faire à quoi ? Si tu veux on peut y mettre du poisson séché, des épices, tout un tas de trucs !

- Non en fait ce serait mieux qu'ils soient nature, dit-elle en baissant le regard.

- Ce n'est pas très festif...

- Ils sont pour quelqu'un de plutôt austère...

- Je vois... déclara Sanji en comprenant tout de suite à qui elle voulait les offrir, c'est vrai qu'il adore le riz blanc nature. Il a vraiment aucun goût...

Il lui montra comment préparer l'eau vinaigrée et salée, puis lui expliqua que c'était mieux de réchauffer un peu le riz pour que ce soit plus facile à façonner par la suite. Il lui montra le geste puis colla la feuille de nori qui termina le tout. Il était parfait !

- Tu penses qu'on peut leur donner une autre forme ? Elle manipula le riz, quelque chose comme ça.

Sanji se mit à rire

- Là c'est sûr il ne pourra pas douter une seconde de qui lui a préparé ça. Il sortit un bento en bois sombre.

- Tiens, mets-les là-dedans au fur et à mesure.

C'était le milieu de la matinée quand Minu termina.

- L'heure idéale pour une collation, dit-elle, emballant le bento dans un furoshiki. Elle était vraiment joyeuse. Le bento entre les dents, elle se dirigea vers la vigie et commença à monter.

- Ince upe en a oche ! Elle reprit son ascension. Arrivée en haut elle trouva Zoro en train de s'essuyer avec une serviette. Elle l'admira sans bruit pendant quelques secondes, le détaillant et ayant un peu chaud tout à coup. Elle toqua pour s'annoncer. Quand il la vit le cœur de Zoro fit un petit bond dans sa poitrine, d'une part parce qu'il ne l'avait ni vue ni entendue arriver, mais aussi parce que ça lui faisait plaisir qu'elle soit là. Il ne put s'empêcher de sourire.

- Je suis venue t'apporter ça ! Elle lui tendit le bento à deux mains, plantant son regard dans le sien.

- Qu'est-ce que c'est ? L'interrogea-t-il en prenant lui aussi le bento à deux mains.

- Une collation, je voulais faire quelque chose pour te remercier de m'avoir sauvée.

- Minu... Je t'ai dit que c'était pas la peine.

Elle se crispa, une pointe de colère lui traversa le cœur.

- Tu sais que tu es agaçant ! Qui es-tu pour juger de ce qui vaut la peine ou non ? Elle se reprit, pardonne-moi, je n'aurais pas dû lever le ton.

Zoro avait levé un sourcil. Pourquoi s'excusait-elle de cette façon ? Elle n'avait vraiment rien fait de mal. Il décida de désamorcer la situation.

- Et c'est quoi cette collation ? Lui demanda-il, c'est vrai que j'ai un peu les crocs.

Un sourire illumina le visage félin de Minu.

- Tu verras bien !

Elle tourna les talons.

- Tu ne veux pas manger avec moi ? Lui demanda-t-il, la perspective de manger en tête à tête avec la demoiselle chat lui plaisait beaucoup, il avait envie d'être seul avec elle, d'être le centre de toute son attention. 

- Non j'ai du travail qui m'attend, elle s'en alla. Le bretteur s'installa en tailleur et enleva le tissu qui entourait la boîte, puis souleva le couvercle et découvrit plusieurs onigiris. Des onigiris en forme de tête de chat. Il sourit et mangea avec plaisir en pensant à elle. Elle lui avait plusieurs fois échauffé le sang, et autant de fois elle lui avait attendri le cœur. Il ne savait pas du tout ce qu'il voulait. Il sentait bien qu'il avait envie d'être proche d'elle, mais pourquoi ?... Que ressentait-il exactement pour elle ? Il ne pouvait pas dire qu'ils étaient amis. Elle le remuait beaucoup trop pour que ce ne soit que ça. Depuis un certain temps il avait développé une sorte d'obsession, il avait sans cesse besoin de savoir où elle se trouvait et n'était pas tranquille s'il ne l'avait pas dans son champ de vision. Il y avait aussi ses mains, quand elle le touchait c'était à chaque fois un feu d'artifice. Est-ce qu'il l'aimait ? Il n'en était pas sûr, le visage de Minu souriant lui apparut et son cœur se mit à danser de joie. 

- Merde... chuchota-t-il, prenant son visage dans ses mains. Évidemment que si, c'était ça. Mais il ne voulait pas de ça ! Il voulait poursuivre sa route sur la voie du sabre. Toute cette histoire l'avait déjà beaucoup trop déconcentré. Il fallait qu'il progresse, qu'il devienne plus fort ! Et "s'encombrer" d'une relation ne ferait sûrement que le ralentir. C'était décidé ! Il allait mettre le holà et garder ses distances avec elle. Il ne se laisserait plus séduire par son adorable visage, ses douces caresses, la chaleur de sa peau, sa gentillesse, sa lumière, son regard...

- Merde !

L' après-midi Zoro s'installa dans l'herbe pour faire sa sieste quand une ombre lui couvrit le visage. Il ouvrit l'œil, c'était Minu. En l'apercevant, tout son être se mit à fourmiller et son cerveau à crépiter.

- Dis, est-ce que je peux faire la sieste près de toi ? Je dors vraiment très mal ces derniers temps. Je me disais que comme d'habitude je la fais avec toi peut-être que ça me permettrait de bien dormir quelques heures. Il la fixa un moment, faire la sieste avec lui ? Sous sa forme humaine ? Son cerveau se débrancha un instant puis ce fut la fête. Elle n'attendit pas sa réponse et s'assit à côté de lui, épaule contre épaule, cuisse contre cuisse. Le contact de son corps avec celui de la demoiselle l'électrisa délicieusement.

- Juste comme ça, s'il te plaît. Elle avait légèrement rosi. 

- Pas de problème installe-toi, lui répondit-il sans rien laisser paraître.

C'était si plaisant. Ils fermèrent les yeux. Bientôt Minu s'endormit assez profondément. Sa tête tomba sur l'épaule du garçon. Il se crispa et rougit un peu lorsqu'elle enlaça son bras avec le sien pour se caler un peu mieux contre lui. Il ne put s'empêcher de la regarder. Un doux sourire flottait sur ses lèvres, qu'elle avait vraiment très jolies. Il se laissa ensuite couler dans le sommeil à son tour, la tête posée sur celle de la demoiselle aplatissant l'une de ses oreilles.

- Hé Robin, chuchota Nami qui avait levé les yeux de ses cartes pour regarder par la fenêtre, regarde-moi ça... ils sont adorables.

Robin se leva pour regarder, elle sourit.

Zoro passa son bras par-dessus les épaules de Minu et l'attira contre lui, de son côté elle glissa ses mains autour de sa taille pour le prendre dans ses bras. Elle se mit à ronronner tranquillement. Ils dormirent un long moment l'un contre l'autre paisiblement. Rien ne vint troubler les songes de la demoiselle.

Il émergea alors que le soleil amorçait sa descente derrière l'horizon. Machinalement il caressa ce qu'il avait sous la main. Il comprit rapidement que ce n'était pas le pelage habituel, ouvrant l'œil il découvrit le bras blanc de la femme chat. Sa peau était vraiment douce et veloutée. Elle était serrée tout contre lui le visage sur sa poitrine, il eut de nouveau l'impression d'être près de l'être le plus doux et le plus fragile de la création. Le soleil couchant lui faisait une peau dorée, presque pailletée, qui la rendait extraordinairement belle à ses yeux. Il avait irrésistiblement envie de la caresser. Il aimait la douceur de cet instant, le calme et la tranquillité du moment qu'ils partageaient. La chaleur du corps de la demoiselle, son odeur de sable, de sel et de vent, les vibrations de ses ronronnements apaisants. Minu se réveilla en sentant les caresses du bretteur sur son bras, elle ouvrit ses jolis yeux et se redressa en baillant à son tour, découvrant ses petits crocs blancs et luisants.

- J'ai vraiment bien dormi, je ne tenais plus debout. 

Zoro la regardait vraiment, il n'avait plus envie de détourner les yeux d'elle ni de la lâcher, il aurait voulu rester indéfiniment ici sur ce pont avec elle sous le soleil couchant.

- Pourquoi tu me regardes de cette façon ?

- J'ai envie c'est tout. Le cœur de Minu rata un battement, puis pour faire bonne mesure il se mit à battre plus vite comme pour récupérer ce qu'il avait perdu. Le bretteur finit tout de même par se lever et s'en aller. "Le holà hein ?" Se dit-il "j'ai vraiment une volonté en mousse en ce qui la concerne. Je pourrai jamais garder mes distances avec elle."

Quelques jours s'écoulèrent encore. Minu parvenait à nouveau à se couler dans la peau du chat, mais la manœuvre n'était plus aussi aisée et surtout elle avait un peu de mal à y rester aussi longtemps qu'avant. Évidemment elle savait que ce serait comme ça, il lui fallait de nouveau s'entraîner et retrouver ses capacités. 

Elle se tenait debout près du bastingage admirant la mer, ravie de sentir le vent fouetter son visage. Elle passait des nuits épouvantables mais de se réveiller tous les matins sur ce bateau lui faisait un bien fou et les siestes en compagnie de Zoro l'aidaient grandement. Ils étaient maintenant tous les deux tant à leur aise qu'elle avait décrété qu'ils n'allaient plus faire la sieste mais qu'ils allaient "s'empiler". Évidemment ces moments étaient d'un côté comme de l'autre l'occasion d'être tout près, de se toucher, de se respirer, quelques caresses furent même échangées dans l'intimité et le secret. C'étaient des moments précieux, Minu avait décidé qu'elle prendrait ce que le bretteur serait prêt à lui donner. Le type de relation qu'ils pourraient entretenir lui était bien égal, du moment qu'elle pouvait se trouver près de lui. Elle se sentait en sécurité lorsqu'elle dormait dans ses bras ou sur ses genoux, qu'il l'effleurait timidement de ses doigts quand il pensait qu'elle dormait. Quelque chose était en train de se passer et ça lui plaisait déjà.

Elle s'étira un long moment, son corps longiligne formant une courbe parfaite. Zoro l'observait du coin de l'œil fasciné par sa beauté.

- Ce que je peux me sentir raide, lui dit-elle. En faisant rouler ses fines épaules.

- T'as vraiment douillé c'est normal. Lui répondit-il détournant le regard en soulevant ses haltères en rythme.

- Il est temps de délacer tout ça. Ça fait vraiment une paye que je n'ai plus fait de souplesse ! Ça va me rappeler des souvenirs.

Elle commença par échauffer son cou, puis ses épaules. Elle poursuivit en s'asseyant en "tailleur" les pieds face à face. Elle appuya sur ses genoux pour qu'ils touchent le sol et doucement elle se pencha en avant, les bras devant elle sur l'herbe, plaquant son ventre contre ses jambes. Elle enchaîna plusieurs mouvements au sol et se releva. Elle se pencha en avant le dos bien droit. Le postérieur en évidence sa queue bien haute comme une flèche guidant le regard.

Zoro ne put s'empêcher de suivre l'indication, foudroyé par la vision qu'elle lui offrait. Il n'avait jamais vraiment maté les filles, mais là... il sentait le feu qui lui montait aux joues, qu'est-ce qu'il était en train de faire ?

Son nez venait de toucher ses genoux, en prenant doucement appui sur ses mains elle releva les jambes pour faire le poirier puis encore plus lentement elles s'écartèrent l'une de l'autre dans un grand écart transversal parfait.

Le bretteur n'était plus en rythme du tout, oubliant même de soulever l'un de ses poids. Il fixait Minu le cœur battant à lui fendre le plexus, il déglutit difficilement... on voyait tout. Ce short était vraiment trop moulant, et ce tee-shirt pas assez, il était tombé de plusieurs centimètres dévoilant son ventre, sa peau était blanche. Il se demandait si cette peau était douce, elle l'était c'était certain, il rêvait tout éveillé de la parcourir de ses mains. Il ne comprenait pas, il avait passé des années avec Nami et Robin sans réaction et là il perdait les pédales pour un carré de peau. Un carré de peau peut-être, mais un carré de la peau qui appartenait à Minu. Depuis quelques jours il s'était un peu enhardi pendant leurs siestes journalières et avait osé répondre aux douceurs qu'elle lui prodiguait tout naturellement. Il s'était aperçu qu'il ne savait pas caresser, il n'avait jamais fait ça ! Demandez-lui de couper, de taper, de soulever ou de détruire et il serait votre homme, mais tout ça c'était vraiment nouveau. Alors il l'imitait, reproduisant ses gestes et sa façon de faire, il aimait la toucher, sentir la douceur de sa peau sous ses doigts, il aimait aussi quand elle le touchait et faisait glisser sa main le long de son bras ou dans son dos, les sensations étaient vraiment agréables. Il arrivait à atteindre un degré de bien être qu'il n'avait jamais connu lorsqu'elle se mettait à lui faire des caresses. Il se reconcentra sur la demoiselle.

Il avait vraiment la bouche sèche et très chaud. Il l'entendit pousser un gémissement sous l'effort, son petit visage devenant rouge. Son estomac se souleva comme s'il prenait le chemin pour une île céleste. "Maîtrise-toi Zoro ! Même si son corps est à se damner !" 

Son œil glissa sur les courbes si finement musclées de Minu, elle était souple, suave mais vigoureuse. Il le voyait dans chaque petit tremblement sous sa peau. Il se mordit la joue, complètement subjugué par ce qu'il voyait. Il crevait littéralement d'envie de la toucher, de la prendre dans ses bras, de l'embrasser, de poser ses lèvres sur le petit carré de peau nu de son si joli ventre. 

- MINU ! Cria chopper depuis le pont supérieur, tu ne forces pas trop hein ! Je te surveille.

Zoro sursauta, expulsé de ses rêveries par la voix aigüe du médecin.

- Oui docteur Tanuki, dit-elle en riant tranquillement.

- Je suis un renne !! Entendit-on hurler.

La jeune femme laissa retomber ses jambes, se retrouvant dans la position du pont. Sa tête touchait presque ses reins.

"Elle est tellement souple". Il ne pouvait détacher son regard des formes de la demoiselle, son ventre, sa petite poitrine seyante pointant vers le ciel, ses cuisses solides qui tressautaient légèrement sous la tension. Il avait l'impression que quelqu'un avait saisi ses viscères et les malaxait délicieusement. De sa vie il n'avait jamais ressenti une telle attirance pour le corps d'une femme.

Le nez de Minu la chatouilla, cette odeur... c'était celle de Zoro, elle était si enivrante tout à coup. Elle le regarda. Il se détourna d'elle comme si ne rien était, soulevant à nouveau ses haltères. Elle regarda les muscles de son dos rouler et se tendre, elle déglutit et se releva lentement. Une fois debout elle entama une lente série de mouvements, chaque geste étirait les muscles le plus possible pour les dénouer. Une fine couche de sueur recouvrit sa peau, la faisant briller sous le soleil levant. Il la regarda faire à la dérobée et nota que tout ceci ressemblait à des poses d'arts martiaux.

Elle posa ensuite une jambe sur la rambarde du navire, se penchant une nouvelle fois en avant. Il cessa dans la seconde de penser à cette question, son cerveau tournant à plein régime. Il avait très envie d'elle c'était un fait, mais il ne savait absolument pas quoi faire, n'ayant jamais couché avec personne. Le besoin ne s'était jamais fait sentir. Mais aujourd'hui devant la plastique de la femme chat, son corps réagissait très favorablement aux stimulations qu'il recevait. Il rougit dans la seconde "Là c'est trop !" Se dit-il. Il laissa tomber les haltères et se dirigea "calmement" vers la salle de bain où il s'enferma pour prendre une douche glaciale. Depuis quand lui, Zoro, perdait-il ainsi le contrôle de lui-même ! Il en était fou de rage. Sa petite bouille et son corps allaient le rendre barjot c'était sûr !

Minu le regarda s'en aller et se mit à rire toute seule. Décidément il était vraiment fascinant et amusant. La demoiselle était très consciente de son pouvoir de séduction, après tout elle était un chat, c'était pratiquement dans sa nature. Elle continua ses exercices quelques minutes puis décida d'en rester là pour la journée. Elle remonta dans sa chambre perchée et se changea. Tout l'équipage se retrouva pour le petit-déjeuner. Zoro prit place en face de la demoiselle aux jolies oreilles. Il semblait nerveux. Comme c'était devenu une habitude elle but son verre de lait et celui du bretteur, le fixant avec une telle intensité qu'il se sentait pétrifié sur place. Il émanait d'elle quelque chose de puissant qui semblait attirer chaque particule de son corps vers le sien. Elle posa le verre et se lécha la lèvre supérieure en le regardant dans les yeux. Zoro eut de nouveau chaud aux oreilles. "C'est de la provocation ça, non ?". Minu se contenta de lui sourire, mutine. Elle se leva et déclara :

- Je vais m'occuper du ménage.

La matinée passa sans encombre. Puis au bout d'un moment quelqu'un cria.

- On approche de l'île, regardez !!

Minu qui était en train d'étendre du linge sur la corde, mit sa main en visière pour mieux y voir. Il leur fallut encore plusieurs heures pour atteindre la terre. Ils accostèrent près d'une plage. Et au-delà de cette plage c'était la forêt dense.

- Nous y voilà, dit Minu, qui marchait dans le sable.

- Je ne sais pas combien de temps le log va mettre pour se recharger, nous verrons bien. En attendant il faut aller explorer trouver des vivres et de l'eau douce. Luffy, Sanji, Zoro, vous vous y collez ! Décréta Nami en souriant.

- Pourquoi nous, crièrent Zoro et Sanji avant de se foudroyer l'un l'autre du regard et d'entamer une dispute sans queue ni tête.

- Je viens avec vous ! Lâcha Minu toute joyeuse.

Zoro la regarda attentivement, était-elle assez remise pour venir avec eux ? Ils ne savaient pas sur quoi ils allaient tomber.

- Tu es sûre ? Demanda-t-il

Elle le fixa un moment.

- Comment ça, "je suis sûre" ?

- Minu tu as été gravement blessée, ce n'est peut-être pas une bonne idée que tu nous accompagnes. Expliqua Sanji.

- Je vois, dit Minu, s'il vous plaît laissez-moi venir je suis sûre de pouvoir vous être utile ! Je vous promets que je me sens assez bien pour chasser...

- Bien parlé Minu ! Allez on y va ! Cria joyeusement Luffy lui tapant dans le dos, ça la bouscula si fort qu'elle tomba en avant dans le sable. Elle se releva, honteuse. Elle se dirigea vers la forêt à grandes enjambées.

- On se bouge messieurs ! Cria-t-elle.

Ils s'enfoncèrent de plus en plus dans la forêt. Elle était si dense qu'on avait l'impression qu'il y faisait nuit. Les oreilles de Minu tournaient dans tous les sens. Elle inspira profondément cherchant les odeurs intéressantes.

- Par ici, dit Luffy lui passant devant, il y a quelque chose par là.

Ils arrivèrent dans une clairière dans laquelle dormaient quatre énormes cochons sauvages. Chacun d'eux devait bien mesurer quatre mètres de haut. Ils se réveillèrent, menaçants.

- Luffy t’as pas intérêt à nous gâcher le plaisir, tu t'occupes que d'un ! Cria Zoro.

- Ok les gars. Répondit-il.

Ils avaient complètement oublié la présence de Minu, se jetant dans la bagarre avec énergie. Il ne fallut pas plus d'un coup à chacun d'eux pour terrasser les bêtes. La dernière se tourna vers la jeune chatte, elle avait l'air furieuse. Elle se mit à charger, les yeux exorbités, de la bave lui coulant de la bouche comme folle.

Les garçons amorcèrent un mouvement pour lui venir en aide mais Luffy les arrêta d'un geste de la main.

- Laissez-la faire... il donnait l'impression de vouloir la laisser faire ses preuves, mais en réalité il espérait juste qu'elle prenne sa forme hybride.

Minu ne bougeait pas d'un pouce, elle émit un grondement sourd dévoilant ses crocs luisants, elle croisa le regard du cochon qui stoppa lentement sa course. D'un pas félin Minu s'approcha du porc, si près qu'il aurait pu l'avaler toute crue, elle pouvait sentir sa respiration bouillante sur sa peau. Elle leva la main et caressa doucement son cou aux poils hirsutes.

- Merci pour ta vie, je la prends car je dois nourrir les miens... Lui dit-elle comme une prière que personne n'entendit.

La bête ferma les yeux, résignée.

L'ongle de son index s'effila pour devenir une griffe acérée et d'un geste presque invisible elle égorgea le monstre qui s'affala sur les pattes avant puis tomba sur le côté. Du sang se répandit sur le sol, elle recula pour ne pas marcher dedans.

- Minu !! Tu maîtrises le haki ? je n'ai rien senti pourtant, s'émerveilla Luffy, tu es trop géniale ! Ce n'était pas la forme hybride mais ça valait quand même le coup.

- Non Luffy je ne maîtrise pas le haki...

- Ha non ? C'était quoi ça alors ?

Zoro et Sanji étaient comme paralysés, elle l'avait mis à mort avec une telle sérénité, c'en était presque effrayant. Le bretteur était fasciné par ce nouvel aspect d'elle.

- Je suis un prédateur, c'était une proie, il savait que j'allais le tuer alors à quoi bon...

- Tu veux dire qu'il t'a laissée faire !? Demanda Sanji subjugué.

- Oui c'est ça. Quand elles se font attaquer les proies finissent par comprendre qu'elles vont mourir de toute façon, que la lutte ne servira à rien alors elles abandonnent tout simplement.

- Minu, c'est assez horrible... Mais même quand tu tues des choses de sang-froid tu es absolument magnifique !! Ajouta-t-il.

Pour une fois Zoro était d'accord avec le cuistot. Un prédateur, il n'y avait jamais réfléchi mais c'était bien vrai et ça le fascinait. Son œil dévala la jeune fille de la tête aux pieds. Elle était solide et puissante en cet instant, et bien que toute petite elle dégageait beaucoup de force. Ses crocs et ses griffes, elle les portait toujours sur elle, ce qui la rendait potentiellement dangereuse à toute heure du jour comme de la nuit. Il déglutit, celui qui partagerait l'intimité de cette femme côtoiera la mort de près. Il se sentait séduit par une telle pensée, et par cette ambivalence qui venait de naître dans son esprit.

- Ça ne l'est pas Sanji, c'est dans l'ordre des choses, j'ai faim donc je tue. Il n'y a rien de plus naturel, certains animaux ne se laissent pas faire et ils m'échappent. Elle laissa un petit silence s'installer.

- Ho et pour information, je suis un chat, je suis tout le temps magnifique. Ajouta-t-elle avec un sourire coquin.

Zoro cligna plusieurs fois de l'œil, elle en avait conscience en plus ? Il était complètement ébahi par ce qui émanait d'elle là tout de suite, un mélange de sérénité, de charisme et de sensualité.

- Tu peux le faire sur des humains ? Demanda-t-il.

- Oui ça peut marcher mais c'est juste un tout petit peu différent que pour les animaux, là où ces derniers trouvent la mort, les humains eux la cherchent ou la désirent. Son regard plein de feu plongea dans celui gris et froid de Zoro.

- Tu veux dire que ça marche sur ceux qui ont envie de mourir ? Un sourire mi-carnassier mi-enjôleur apparut sur ses lèvres, la chasse exacerbant ses instincts et ses comportements félins.

- Tu comprends vite dis-moi... c'est souvent inconscient mais oui c'est ça. Et c'est bien plus banal que tu ne te l'imagines... Surtout chez ceux qui se battent régulièrement, finit-elle sur un ton mystérieux tout en le regardant doucement.

- Les quelques autres Zoans carnivores que nous avons rencontrés ne disposaient pas de cette technique. Ajouta Sanji.

- Ça c'est parce qu'ils n'ont jamais vraiment chassé. Ils n'ont jamais eu faim au point d'en arriver là. J'ai chassé et tué des centaines d'animaux dans ma peau de chat. J'ai découvert ce lien particulier entre la proie et son prédateur. C'est indescriptible ce moment où leur volonté se brise et où ils vous abandonnent leur corps pour que vous puissiez vous repaître d'eux.

Elle fixait toujours Zoro, imperturbable, calme et douce malgré la force qu'elle sentait bouillonner sous sa peau et dans ses veines. Puis son regard changea, une lueur s'y allumant, un scintillement de faim. Il n'y avait plus aucune trace de douceur, ses yeux étaient sereins, sensuels, presque érotiques. Zoro se sentit instantanément cloué sur place, immobile, une nouvelle fois tout son corps semblait tendre vers elle, vers sa bouche. Il n'y avait plus qu'elle ! Plus que son regard et ses lèvres. Son cœur battait fort et sa respiration s'accéléra, une vague de chaleur lui remonta dans la nuque. Personne ne pouvait le voir mais ses jambes tremblaient légèrement. Entre bêtes sauvages on se reconnaissait. "Elle va te manger !!" Lui disait son cerveau. Elle détourna les yeux. L'étau se desserra instantanément. Zoro en resta complètement abasourdi. Ça avait marché sur lui ?! Pourquoi !? Il n'était pas une faible proie ! Et surtout il ne voulait pas mourir ! Minu le coupa dans son cheminement de pensée.

- Bon c'est pas tout ça mais il faut les transporter au bateau pour les préparer et conserver leur viande. Elle souriait maintenant comme à son habitude, illuminant tout autour d'elle.

Elle attrapa un cochon par une patte et le tira sans grande difficulté.

- Alors vous venez ?!

Sanji, Luffy et Zoro se chargèrent du reste. Ils marchèrent un peu en arrière de la demoiselle.

- Elle fait peur... mais elle est aussi beaucoup trop sexy !! Dit Sanji les yeux en cœur.

- Quoi ? Minu ? Répondit Luffy, je trouve pas moi, je veux dire je trouve pas qu'elle fait peur, pour le reste...

- Elle fait un mètre vingt sans les oreilles, à qui elle peut faire peur, déclara Zoro assez fort pour que la demoiselle l'entende et aussi pour se prouver sa supériorité.

Elle se retourna pour le fusiller du regard, les joues gonflées.

- C'est pas très gentil de se moquer Zoro ! De un je fais « presque » un mètre quarante-cinq, de deux quand je veux je suis plus grande que toi ! Et de trois je suis peut-être petite mais j'ai de la ressource. Elle banda le "biceps". Pouvait-elle réellement être plus grande que lui ? Une lumière avait jailli du regard de Luffy, avide.

- C'est dans ta forme hybride que tu es plus grande que Zoro ! Ce dernier regarda son capitaine puis il s'approcha de la demoiselle, lui tâtant le bras.

- Je sais pas ce qu'il y a là-dedans mais certainement pas un muscle. Il rit, comment faisait-elle pour le faire passer d'un état à un autre aussi rapidement.

- Hooo toi ! Tu devrais faire attention à ce que tu dis ! Les choses ne sont pas toujours ce qu'elles semblent être...

- Tu comptes t'y prendre comment Mini-minette ? Répliqua-t-il avec un sourire de défi.

- Toi, moi, on rentre, une table... on fait un bras de fer !

L'esprit de Zoro avait un peu vagabondé avant d'intégrer la fin de sa phrase.

- T'es sérieuse Minu ?? Cria Luffy qui courait derrière eux pour les rattraper. Zoro est vraiment super fort. T'as pas une chance de gagner.

- Tu penses honnêtement pouvoir me battre ? Ricana-t-il.

- Que je gagne ou non n'est pas la question, je veux juste vous montrer ce que j'ai dans le ventre.