Chat alors...

Chapitre 2 : Le grand ménage

4551 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 30/04/2021 16:03

"Non... c'est pas possible je rêve..." se demanda le bretteur, s'il n'était pas déjà sur le cul il serait tombé dessus. "Je peux pas croire ça... elle a pas pu me faire un truc pareil !"

Zoro se leva, les jambes en coton. Il ne savait ni quoi dire, ni quoi faire. Malheureusement pour lui il ne dormait pas et la petite Minu se tenait bel et bien devant lui sur deux jambes, le collier bleu autour du cou. Et elle était belle ! Son visage était fin et délicat, ses yeux en amande lui donnant un regard de chat, un joli nez droit au-dessus de lèvres roses et joliment ourlées.

- Je suis enchantée de vous revoir, elle s'inclina profondément. Depuis qu'elle était là, elle n'avait pas prêté attention à l'épéiste, se souvenant que quand il n'était pas seul il n'appréciait pas spécialement sa présence.

- Tu es déjà venue Minu ? Demanda sa collègue plus âgée dont le tee-shirt trop court laissait entrevoir des tablettes de chocolat à faire baver d'envie tous les culturistes de la planète, elle avait également un piercing au nombril et fumait une cigarette toute noire qui sentait la menthe.

- Oui, plusieurs fois !! Dit-elle joyeusement, il y a de l'herbe sur le pont, c'est parfait pour faire la sieste au soleil ! Elle souriait si fort qu'elle irradiait de partout, les membres de l'équipage levant la main devant leur visage pour se protéger. Les deux autres femmes de ménage ayant baissé une paire de lunettes de soleil.

 

- Elle est radieuse aujourd'hui notre petite Minu. Lâcha la seconde qui était si grande et si fine qu'elle donnait l'impression de pouvoir se faufiler partout.

- J'espère que tu as mis une culotte aujourd'hui ma petite chatte, tu vas devoir grimper pas mal, dit-elle levant les yeux vers les mats du navire.

- Culotte ok Leslie ! Dit-elle en soulevant sa robe. L'équipage tout entier fut soufflé par la vision. Nami, Ussop, Franky, Luffy et Sanji avaient les yeux qui leurs sortaient de la tête. Brook pleurait de bonheur à genoux dans un geste de prière pour remercier les dieux.

- Merci pour ce cadeau Kami-sama.

Robin riait dans son coin, quant à Zoro il ne s'était pas remis du premier choc, abasourdi il se releva tant bien que mal, ses yeux se posant sur la petite culotte rayée bleu et blanc puis sur son adorable nombril. Un poing s'abattit sur la tête de la demoiselle.

 

- Combien de fois faudra-t-il te le répéter Minu, ne montre pas tes dessous, enfin !!

- Pardon Leslie, j'oublie tout le temps, dit-elle se penchant une nouvelle fois en-avant, une énorme bosse sur la tête et les yeux pleins de larmes. Sous sa robe on pouvait apercevoir une masse grise et touffue dépasser de plus en plus largement.

- Ça ira pour cette fois... Je te préviens tu n'as pas intérêt à tirer au flan, si je te trouve en train de roupiller dans un coin tu auras affaire à moi ! Et ça va barder pour tes moustaches. Range-moi cette queue tu vas mettre tes poils partout. Lui intima la femme à la cigarette

- Oui Katrina, j'essaierai de ne pas m'endormir, promis ! La queue disparut à nouveau sous la robe.

 

Katrina s'avança vers Nami pour lui présenter le contrat et le lui faire signer. Une fois que ce fut chose faite, le travail repartit parmi les trois demoiselles. Les directives étant que les membres de l'équipage pouvaient vaquer normalement à leurs occupations pendant qu'elles opéraient. Minu fut envoyée dans un premier temps dans les cales où elle devait balayer la poussière et les toiles d'araignées si il y en avait, laver par terre, huiler les portes si besoin et enfin cirer le bois des sols pour un entretien idéal.

Pendant ce temps Katrina devait s'occuper de la chambre des garçons.

- Si vous avez des choses à cacher c'est maintenant, déclara-t-elle tirant une bouffée de sa cigarette. 

Leslie quant à elle était chargée du quartier des filles.

Ces trois affaires-là ne leurs prendraient pas longtemps, il s'agissait surtout de balayer et cirer les sols, mais aussi changer les draps de lit et taper les tapis. Le plus compliqué étant de laver les carreaux des hublots. Quand chacune des deux eurent terminé, elle se retrouvèrent dans la cuisine qui était impeccable.

- Et bien Mister coq !! On n’a jamais vu une cuisine si rutilante, d'habitude on y passe une après-midi entière. Katrina sortit une cigarette de la poche de sa chemise blanche et la porta à ses lèvres. Sanji s'approcha rapidement et lui alluma.

- Merci beaucoup jeune homme. Leslie, tu vas quand même aller faire un tour dans le conduit de la hotte, personne n’arrive à bien nettoyer ces endroits-là.

Le cuisinier était surpris, "entrer dans le conduit de la hotte ?". Leslie s'approcha, enleva la grille et entra la main dans le trou. En un instant elle sembla être aspiré par celui-ci y entrant tout entière.

Katrina remarqua la tête de Sanji.

- Haha, ne t'en fais pas c'est le pouvoir d'un fruit du démon, Leslie peut se faufiler par n'importe quelle ouverture, trou ou fissure peu importe la taille, grâce à ça elle peut facilement récupérer la poussière partout, c'est dingue le temps qu'on gagne. Sanji était horrifié, ce pouvoir était flippant.

Pendant ce temps Minu finissait de cirer le sol des escaliers avant de remonter à l'étage où elle récupérerait ses prochaines instructions. Une ombre menaçante s'éleva dans son dos, noircissant sa vision. Un violent frisson lui traversa l'échine, elle se retourna et vit Zoro en haut des marches, furieux. Il les descendait avec colère.

- Attention Zoro, le bois n'a pas encore bu la cire tu vas gli... le bretteur glissa sur une marche, dévala les autres et entra de plein fouet dans la petite Minu qui tomba sur son derrière, sous le poids du bretteur. Son souffle se coupa, il était lourd, son cœur manqua un battement. Elle se dégagea.

- Itaï dit-elle avec une grimace, se massant le fessier. Elle s'approcha de lui pour l'aider à se relever mais il la repoussa durement de la main, la faisant tomber à nouveau.

- Comment tu as pu faire ça ? Lui demanda-t-il, froid.

- Mais enfin... c'est mon travail de cirer le parquet. Dit-elle se remettant sur ses pieds.

- Je parle pas de ça ! Il se leva, comment tu as pu te présenter devant moi tout ce temps sous ta forme de chat et me laisser te... C'est... c'est vraiment un sale coup !

- Je ne comprends pas.

- Je croyais que tu étais un chat ! Un vrai et simple chat ! Je t'ai ca... je t'ai dit... tu...

Il rougit violemment, la main devant sa bouche. La petite femme chat était complètement interdite, elle se sentait incapable de bouger. Il se releva, la surplombant de tout son corps. Elle n'avait nulle part où fuir, son cœur battait si vite qu'il menaçait de lui fracasser les côtes.

- Pourquoi t'as fait ça !? Tu t'es vraiment foutue de ma gueule ! J'ai l'impression que tu m'as entubé ! Tu comprends ça ?!

- Non je ne comprends pas, mais je suis vraiment désolée si je t'ai fait du mal sans m'en apercevoir. Elle s'inclina devant lui avec respect. N'osant pas relever la tête tant qu'il se trouvait là, elle finit par passer à côté de lui sans le toucher ni le regarder.

- Je dois remonter j'ai du travail là-haut.

Un bras puissant jaillit devant son visage, lui barrant le passage.

- Je ne te pardonnerai pas ça.

Minu baissa la tête et passa sous son bras, son nez se mit à piquer et ses yeux se remplirent de larmes. Elle remonta les marches en courant, le visage dans les mains. Elle se cacha dans un coin puis pleura quelques minutes, dans l'incompréhension totale. 

Pourquoi était-il en colère contre elle de cette façon, elle n'avait pourtant rien fait de mal. Son cerveau carburait à tout allure. Qu'avait-elle bien pu faire de si terrible ?

De son côté Zoro ne décolérait pas, il traversa le navire à grandes enjambées. Le reste de l'équipage avait pourtant l'habitude de le voir de mauvais poil ou agacé, mais là il semblait tout simplement hors de lui. Rageusement il monta à la vigie où il avait installé "ses quartiers" c'était là qu'il s'entraînait. Il attrapa son haltère et commença une série de mouvements. Mais il avait vraiment du mal à se concentrer. Des images de Minu lui flottaient devant les yeux. Il se revoyait lui caresser le ventre et le poitrail, ses doigts glissant dans son pelage, cependant il ne la voyait plus sous sa forme de chat mais sous sa forme humaine, imaginant sa main entre ses petit seins ronds et blancs alors qu'elle lui jetait un petit regard contrit. Il eut un violent frisson, le sang lui montant immédiatement au visage. Il lâcha le manche de son haltère, la laissant tomber dans un grand fracas. Il recula cherchant le bord du banc de sa main, il s'assit les coudes sur les genoux et le visage dans les mains, il serrait les dents, tout son corps bouillant de honte. Une nouvelle image hanta son esprit, il avait ri quand il avait découvert que la petite relevait le derrière quand il lui grattait la base de la queue. Une fois de plus l'image fut transformée dans son esprit et il la vit à genoux les fesses en l'air, une épaule sur le sol, nue.

"C'est pas possible" se dit-il. Il frappa le banc du poing. Il ne parvenait pas à faire redescendre sa rage et sa frustration, il se sentait si abusé ! Tellement trahi !

Il lui avait fait des bisous, respiré son odeur ! Elle avait dormi des heures contre lui dans son kimono. Il eut un flash, se leva et descendit dans le cabinet de Chopper !

- Chopper !! Le petit renne sursauta, faisant tomber une boîte d'éprouvettes quelques-unes se brisèrent.

- Les zoans ne peuvent pas dormir sans reprendre leur forme humaine, non ? 

Le médecin de bord trouva son compagnon si bouleversé qu'il ne répondit pas tout de suite.

- Chopper !

- Oui ! Oui c'est exact lui répondit-il, tu vas bien Zoro tu es tout rouge, tu as de la fièvre ? Assieds-toi !

Zoro s'assit sur le lit de l'infirmerie.

- Ça veut dire que pendant tout ce temps elle faisait semblant de dormir ! Elle s'est vraiment foutue de moi ! La rage montant encore d'un cran. Si je ne me retenais pas j'en ferais une descente de lit ou des gants fourrés pour la prochaine île hivernale.

- Attends Zoro, de quoi tu parles ? Le médecin toucha le front de son compagnon pour être sûr qu'il n'avait pas de température.

- De Minu ! Elle est venue presque tous les jours me rendre visite sous sa forme de chat... il rougit de nouveau, n'osant pas en dire davantage.

Chopper était stupéfait, il avait rarement entendu son compagnon parler autant et jamais sous le coup d'une telle émotion. Il sentait que quelque chose le dérangeait vraiment. Il écouta son cœur qui battait comme un fou et vérifia sa tension.

- Je ne vois pas bien où est ton problème... ton cœur bat très vite, tu devrais te calmer.

D'une voix un peu plus calme il se décida à parler.

- Le problème chopper c'est que je l'ai touchée...

- Nous l'avons tous caressée hier tu sais... Lui répondit le docteur, comprenant que son problème n'était pas physique mais émotionnel.

- Je l'ai embrassée plusieurs fois, j'ai respiré son odeur, caressé chaque petit centimètre carré de sa fourrure. Elle dormait dans mon kimono ou dans le creux de mon cou. Chopper, si j'avais su jamais je ne me serais permis, jamais j'aurais...

Le renne posa son sabot fendu sur le bras du bretteur.

- Je comprends ta colère, nous avons tous été surpris en le découvrant ce matin, mais ne la condamne pas trop vite, je passe moi-même tout mon temps dans ma forme hybride alors que ce n'est pas censé être possible. Je ne me suis même pas rendu compte que ce n'était pas un vrai chat. Ses capacités de transformation semblent hors du commun, on se sait rien d'elle.

Le silence tomba entre les deux compagnons. Chopper reprit doucement la parole.

- Tu sais nous partons demain, tu n'auras plus jamais affaire à elle, je te conseille donc de ne pas te préoccuper d'avantage de cette question.

- Tu as raison, répondit-il se relevant.

 

Katrina se trouvait dans la salle de l'aquarium.

- Et bien en voilà un bel aquarium, mais il faut laver l'intérieur sinon des algues vont se développer.

- Aucune chance répondit Franky, l'eau de mer est filtrée en permanence.

- Vous êtes vraiment un équipage d'exception, lâcha Katrina, cependant je vais tout de même plonger pour aller laver les vitres.

Franky était abasourdi, plonger dans le vivier ? Il n'avait pas encore connecté ses deux neurones que la femme de ménage était sortie sur le pont en enlevant sa chemise... elle plongea gracieusement.

- Attends !! On ne sait pas ce que Luffy a mis dedans !!

Mais il était trop tard !

Il retourna le plus vite possible vers l'aquarium. Le spectacle qu'il vit le stupéfia, Katrina était en train de latter un requin à coups de chiffon, l'entortillant puis s'en servant comme d'un fouet, créant de gigantesques tourbillons ! Quelques minutes plus tard le requin lui servait de siège pendant qu'elle lavait la vitre.

 

- Pendant combien de temps cette femme peut-elle retenir sa respiration ? Demanda Robin qui passait par là. Luffy avait les yeux pleins d'étoiles, il voulait apprendre la technique du chiffon à tout prix !! 

Minu se présenta près de l'aquarium, Leslie venait d'arriver aussi pour la suite.

Katrina se sécha et les rejoignit. Un seul regard de cette dernière lui permis de remarquer que Minu n'était plus si joyeuse qu'au matin.

- Qu'est-ce qui se passe ma petite, lui demanda-t-elle.

- Je ne sais pas trop, je me suis fait disputer mais je comprends pas trop pourquoi...

Katrina et Leslie se regardèrent.

- Minu, tout va bien ?

- Oui pardon, j'ai juste vraiment envie de dormir, le soleil me fait somnoler. Elle ne voulait pas parler de Zoro aux deux autres. Peut-être qu'elles allaient la crier aussi.

- Je ne te crois pas mais soit, déclara Katrina, lui tapotant le dessus de la tête, bon Minu tu vas monter aux cordages et t'occuper de la vigie, Leslie et moi allons nous occuper de la salle de bain.

- Oui Katrina.

- Et coince ta jupe dans ta poche quand tu grimpes.

- Oui Katrina.

Minu récupéra ses ustensiles de nettoyage et sortit de la pièce. Comme elle l'avait promis elle attrapa le pan arrière de sa robe, le passant entre ses jambes et fourra le bout de tissu dans sa poche. Puis elle entama son ascension. Zoro venait de sortir de chez chopper, il la vit grimper vers la vigie, son sang ne faisant qu'un tour il l'interpella.

- Tu vas où comme ça !! Lui cria-t-il.

- C'est à moi de nettoyer la vigie, lui lança-t-elle.

Il la regarda, son œil glissant malgré lui sur les cuisses puissantes de la demoiselle, "Les zoans ont vraiment un corps fascinant, elle a l'air si musclée malgré son minuscule gabarit." se dit-il. Arrivée en haut elle entra et fut prise de court, cette odeur c'était... celle de Zoro, partout chaque mètre cube de la pièce en était imprégné. Il y avait là tout un tas d'affaires qui devaient être à lui. Elle commença par ramasser une de ses haltères.

- Attends Minu ne soulève pas ça tu vas te faire mal ! Rugit-il dans son dos. Mais la demoiselle se redressa sans effort, soulevant le poids de plusieurs centaines de kilos. Elle le reposa sur la grille de rangement. Il était abasourdi... il n'était pourtant pas si rare de rencontrer des gens avec une force physique prodigieuse dans le nouveau monde mais il ne savait pas pourquoi, il ne voulait pas admettre que la petite femme chat puisse faire partie du lot.

Il alla s'assoir sur un des fauteuils qui faisaient tout le tour de la pièce. Minu commença par passer le balai, lui demandant gentiment si il pouvait lever les pieds de temps en temps. Elle lessiva ensuite le sol. Puis ouvrit une fenêtre. Elle rassembla également les vêtements et autres serviettes de bain pour aller faire une machine. Zoro la regardait faire, résolu à ne pas la laisser seule dans cette pièce. Mais plus il la regardait plus il sentait sa colère retomber, elle avait l'air si douce et calme, exactement comme quand elle était chat. Ses gestes étaient fluides et gracieux, et son petit visage concentré acheva de l'attendrir. Elle devait mesurer dans les un mètre cinquante et peser quoi... quarante kilos maximum. Replaçant la robe dans sa poche, Minu sortit par la fenêtre pour laver les vitres extérieures. Une gêne s'était installée entre eux. Il ne savait vraiment pas comment nouer le dialogue avec elle. Il n'avait pas l'habitude d'être confronté à des émotions qui demandaient à être exprimées et qui nécessitaient une autre réponse que : foncer dans le tas et tout détruire. Ses émotions n'avaient toujours concerné que lui, il n'avait jamais eu à donner d'explications ou à s'exprimer à leur sujet. Même si il ne la reverrait plus il ne voulait pas qu'elle recommence, quelqu'un pourrait tant lui en vouloir qu'il pourrait lui faire du mal, et cette idée lui était insupportable. Étrangement il avait envie de la protéger, il la fixa un moment. "Tsss en même temps qui n'aurait pas envie de la protéger... Elle est tellement petite." Son cœur se serra.

Finalement la petite femme chat se présenta à nouveau devant lui, enlevant le chiffon qu'elle avait sur la tête, libérant deux grandes et charmantes oreilles de chat qui semblaient duveteuses à souhait. Il remarqua qu'elles avaient aussi ces drôles de petites touffes de poils au sommet qui les rendaient si adorables. Elle était vraiment très belle. C'était si rare qu'il trouve de l'intérêt à une femme que quand ça lui arrivait il en était tout chamboulé, n'arrivant pas à saisir pourquoi cette personne en particulier arrivait à lui faire perdre ses moyens ; de toute évidence Minu faisait partie de ces individus femelles capables de le toucher. Sans être totalement ignorant des choses de la vie et des rapports qui pouvaient exister entre les hommes et les femmes, il n'avait vraiment pas beaucoup d'expérience. La voie du sabre ayant toujours été une priorité absolue à ses yeux, et si il y a bien une chose qu'il avait comprise sur l'amour, c'est que ça rendait les gens stupides et faibles, incapables de vivre librement leur vie. C'était une maladie, un poids, un truc dont il ne voudrait jamais.

Minu avait les yeux braqués sur ses pieds, tortillant son chiffon entre ses doigts. D'une petite voix elle lui dit :

- Zoro... vraiment je suis désolée, je ne voulais pas te mettre dans l'embarras, mais il m'arrive souvent d'oublier plein de choses, quand je me transforme le monde est très différent pour moi. Je réponds à des besoins immédiats dans le présent. Manger, dormir, jouer, me prélasser au soleil. Je ne me pose pas de questions et je fais ce qui me fait envie sur le moment. Je m'excuse de t'avoir embêté tout ce temps. C'est juste que... tu m'as tout de suite plu et je voulais me rapprocher de toi, faire ta connaissance.

Zoro fut surprit, il lui plaisait, il n'était pas tout à fait sûr de savoir ce que ces mots pouvaient signifier pour elle, aussi décida-t-il de ne pas relever. Il soupira.

- Tu ne m'embêtais pas Minu... tu l'aurais su si c'était le cas. C'est juste que j'ai fait des choses que je n'aurais jamais faites si j'avais su que tu n'étais pas un vrai chat.

- Je ne comprends pas...

Zoro rougit, tout son visage se crispa, il allait vraiment devoir lui dire à voix haute !?

- Je n'aurais jamais posé la main sur toi, ni n'aurais laissé cette proximité s'installer entre nous. À l'avenir dis aux gens que tu es zoan, on sait jamais comment les gens peuvent réagir.

- C'est vrai... les humains ne sont pas aussi tactiles entre eux. Elle commençait à saisir le malaise. Elle se pencha à nouveau vers l'avant.

- Ça va Minu pas la peine de t'excuser encore, combien de fois le fais-tu dans une seule journée ? Lui demanda-t-il en souriant, espérant la mettre à l'aise, il avait naturellement levé la main pour lui caresser la tête mais avait suspendu son geste, gêné. Pourquoi cherchait-il à la réconforter ? C'était cette petite tête et ces grands yeux doux, ça le faisait se sentir tout bizarre. Il n'aimait vraiment pas ça.

- Vous êtes vraiment étranges vous autres, les purs humains. Vous avez envie de faire des choses mais vous ne les faites pas. La plupart du temps pour une raison stupide. Je sens que tu as un vrai souci avec l'expression de la tendresse et de l'affection. Elle lui attrapa délicatement la main entre ses doigts fins, puis dans un lent mouvement la plaça derrière son oreille de chat. Le duveteux pelage glissa entre les doigts du bretteur, la demoiselle se mit à ronronner tranquillement.

-Ce ne sera jamais une faiblesse d'avoir de la tendresse pour quelqu'un, cela ne te dérangeait pas d'en avoir pour moi quand j'étais "quelque chose". Tu n'avais aucun problème à me toucher, à m'embrasser ou à me dire de gentilles choses.

Elle s'approcha plus encore, le prenant dans ses bras, le serrant contre elle en ronronnant plus fort. Il sentait la chaleur l'envahir et les vibrations du ronronnement le détendre. Il déglutit avec difficulté, n'osant pas poser les mains sur elle mais ne pouvant se résoudre à la repousser.

- Tu vois, ni toi ni moi ne sommes moins forts qu'avant, dit-elle en frottant sa joue contre lui, vous avez vraiment la fierté mal placée parfois. Tu sais, que ce soit dans cette forme ou l'autre, je serais toujours ravie de faire la sieste avec toi. Elle resta collée à lui un petit moment, il ne savait pas comment réagir, si ça avait été quelqu'un d'autre il aurait déjà volé à l'autre bout de la pièce, mais quelque chose l'en empêchait, il ne parvenait même pas à lever ne serait-ce qu'un petit doigt sur elle.

Comment c'était possible ? Il y a cinq minutes elle ne comprenait rien et tout à coup elle avait la science infuse et avait su exactement trouver ce qui "n'allait pas" chez lui. Il ne se souvenait plus de la dernière personne qu'il avait prise dans ses bras, de la dernière caresse qu'il avait reçue ou donnée avant de rencontrer Minu la semaine passée et avant aujourd'hui. Elle resserra son étreinte autour de sa taille, frottant à nouveau son visage sur son torse. Il tressaillit, un long frisson lui remonta le long du dos, hérissant les cheveux de sa nuque, rougissant instantanément, choqué. Il n'arrivait pas à bouger, pourquoi ?

- Tu ne connais que la douleur, l'effort et le sacrifice, je le vois quand je te regarde. C'est ce qui a poussé le petit chat que je suis à venir te voir. Elle le regardait dans l’œil avec tellement de douceur qu'il en fut complètement désarçonné, elle avait levé la main pour la porter à son visage et lui caresser la joue. Zoro frissonna encore, il aurait voulu fuir, la repousser, mais rien à faire il ne parvenait pas à bouger ou à protester.

- La joie t'a quitté depuis trop longtemps. Tâche de la retrouver sinon tu te perdras dans le noir. Trouve une lumière dans l'obscurité, quelque chose qui saura toujours te ramener dans la joie.

Zoro s'écarta finalement d'elle, lui saisissant les mains pour les lui rendre.

- La joie... n'est pas une priorité à mes yeux.

- C'est bien dommage, si ça l'était tu ne serais pas surpassé par un adolescent qui irradie comme le soleil. Je vais m'en aller maintenant.

Il lâcha ses mains et la regarda partir en récupérant ses ustensiles de nettoyage.

- J'espère que vous ferez bon voyage jusqu'à la prochaine île.

 

-OÏ LES FEMMES DE MÉNAGES !! Entendit-on crier en bas du bateau.

Zoro et Minu se regardèrent et coururent tous deux pour rejoindre le pont, Minu sauta carrément depuis la vigie, sa robe claquant sur ses cuisses. Elle atterrit sur le bois sans un bruit.

 

Tout le monde se rassembla pour voir de quoi il retournait. Katrina se pencha pour mieux voir sur le ponton.

- Ha ! Les petits pirates du bateau d'hier, que pouvons-nous faire de plus pour vous ? Demanda-t-elle joyeuse, un large sourire se déployant sur son visage.

 - C'est du travail bâclé que vous nous avez fait ! Dit celui qui semblait être le capitaine de la troupe, il est hors de question que je paie pour ça ! Votre femme chat a rayé plusieurs endroits avec ses griffes !

Minu serra les dents et les poings.

- Ce n'est pas vrai ! Je ne me fais pas les griffes pendant le travail et encore moins dans les bateaux que nous nettoyons.

- Katrina, je crois que nous avons à nouveau affaire à une bande de sales rapiats qui ne veulent pas payer, déclara Leslie, relevant lentement les manches de sa chemise.

- Minu, qu'est-ce qui est écrit tout en bas du contrat pour chacun de nos clients ? Lâcha finalement la patronne dont le sourire avait disparu.

- Le client est tenu de payer ce qu'il doit, s'il refuse en accusant la ShipWashing Compagnie de mal faire son travail, cette dernière se verra dans l'obligation de leur refaire le portrait et la somme à payer se verra doubler dans la minute.

Tous regardaient Minu avec incrédulité.

- Je vous jure c'est vraiment écrit ça, s'incrusta Nami, en tout petit et au dos du contrat, mais c'est écrit.

 

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