Foutue malédiction

Chapitre 3 : Et si c'était si simple

1905 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 08/05/2018 21:21

L’odeur des œufs au plat envahissait tranquillement la cuisine, Régina avait également préparé quelques pancakes pour une journée, qui, elle s’en doutait, serait probablement aussi chargé en émotion que celle d’hier. Peut être juste un peu moins chargé en blessure. Alice dormait encore à poings fermés et elle était persuadée que Robin, en revanche, n’avait pas fermé l’œil. Puisque la nuit était passée comme un coup de vent et une bonne partie de la matinée aussi, Régina avait décidé qu’un brunch avec un peu de ci et un peu ça ferait totalement l’affaire. Sans compter les différents SMS qu’elle avait reçus de la part de sa sœur qui devrait probablement arrivée d’une minute à l’autre. Le ciel bas et nuageux n’était pas d’humeur à la joie de vivre mais au moins, il ne pleuvait pas. Robin débarqua dans la cuisine, portant les mêmes vêtements que la veille.


« Hé tante Régina.

-As-tu seulement essayé de faire semblant de dormir ? »


Robin haussa les sourcils.


« C’est une vraie question ?

-Tu aurais pu au moins te mettre en pyjama, essayer de détendre.

-Je ne vois pas comment j’aurai réussi à faire ça.

-Tu as passé des heures dans la cave pas vrai ? Le nez dans les grimoires et le chaudron à essayer de trouver une solution ?

-Coupable. Mais je n’ai rien trouvé. »


L’archère fixa les fruits d’un air maussade.


« Tu crois vraiment qu’Alice va se réveiller et que tout ira bien ? Que c’était juste… Un mauvais coup sur la tête ? »


Régina pinça les lèvres, elle sortit l’œuf qui menaçait de brûler, cherchant un moyen d’amener la nouvelle avec le plus de douceur possible. Elle fut temporairement sauvée par l’arrivée de Zéléna.


« Maman ! »


Mère et fille finirent rapidement dans les bras l’une de l’autre.


« Tu m’as tellement manquée ma chérie.

-Je suis contente que tu sois venue. Chad n’est pas avec toi ?

-Non, j’ai pensé que c’était préférable, pour lui surtout, mais tout va bien. Des nouvelles d’Alice et de Hook ? »


Elle quitta sa fille pour enlacer brièvement sa sœur qui se chargea de répondre.


« Hook est sorti d’hôpital tout à l’heure. Les médecins n’ont pas d’explication, ils n’ont rien trouvé d’anormal mais on sait tous pourquoi. Quant à Alice, pour le moment, elle dort toujours. »


Zéléna hocha la tête et puisqu’elle s’était parlée par SMS une bonne partie du temps, elles partagèrent un long regard qui ne trompa pas Robin le moins du monde.


« Qu’est-ce que vous ne me dites pas ? Ne faites pas ça, ne me cachez pas des trucs, pas en ce moment ! 

-Non non, nous n’avons pas l’intention de te cacher quoique ce soit ma chérie. Assieds-toi. »


Les muscles raidies par la tension et l’inquiétude, Robin se laissa faire malgré tout. Régina servit les œufs avant de prendre place à table. Mais aucune des trois n’avait vraiment l’intention de manger. Le fumet de nourriture envahissait la pièce, c’était un moment qui aurait dû être chaleureux. Régina soupira.


« Bon… Inutile de tourner autour du pot. Après vous avoir ramené ici, je suis retournée dans le parc pour… Hé bien, pour mener ma petite enquête. Et ce que j’y ai trouvé confirme ta version des faits, Robin, c’est un sort qui a été jeté. Je crois, par Gothel elle-même. Un dernier mauvais tour avant de faire ses adieux. »

Robin baissa la tête, son regard vert perdu dans le détail de son œuf sur le plat qui continuait de dégager un peu de vapeur.


« Alors tu penses qu’à son réveil, Alice sera toujours Tilly. »


Zéléna posa sa main sur celle de sa fille.


« Nous pensons que oui… »


L’archère hocha légèrement la tête, les yeux toujours dans son assiette. Mais lorsqu’elle redressa le menton, elle semblait plus déterminée que jamais.


« Très bien, alors comment on brise ce foutu sortilège ? »


Les deux sœurs échangèrent un léger sourire, reconnaissant bien là comme un petit air de famille. Régina lui fit un clin d’œil.


« Heureusement pour toi, et pour Alice, Zéléna et moi avons une longue expérience en la matière. Le plus simple souvent, c’est le baiser d’amour véritable. »


Elle passa sur l’air effaré de sa sœur pour se concentrer sur sa nièce dont les joues venaient soudainement de se colorer d’un très joli rouge pivoine.


« Je… Heu… C’est que… »


Robin se perdit dans le détail de ses chaussures, même l’œuf était encore trop près pour la gêne et l’embarras qu’elle ressentait.


« Je ne sais pas… si…

-Vous n’êtes pas amoureuse l’une de l’autre ?

-Ce n’est pas aussi simple.

-En fait… Si. Ca l’est.

-Je… »


Robin se frotta les joues, elle joua avec sa tresse, puis croisa les bras, s’agitant inutilement sur sa chaise. Elle finit par murmurer.


« On ne se l’ait jamais dit… 

-Vraiment ? »


Régina semblait prendre un malin plaisir à taquiner sa nièce.


« Non, on a à peine eu le temps de faire connaissance et puis… tout est allé très vite. »


Robin soupira et releva la tête, toujours aussi cramoisie.


« Je sais que je l’aime. Je l’aime plus que tout et elle me l’a écrit, dans sa lettre, avant la malédiction mais... Ca ne veut pas dire pour autant que c’est… Enfin… Tout ce truc de l’amour véritable… »


Si elle avait été complètement abasourdie au début, Zéléna réfléchissait maintenant à la situation plus posément. Avec le recul, elle comprenait effectivement là où Régina voulait en venir. Dès l’instant où elles avaient fait connaissances, dans leur royaume ou dans ce monde, les deux femmes ne s’étaient pratiquement plus quittées. Elle ne comptait plus le nombre de fois où Robin était sortie de la maison pratiquement en courant, lançant à tue-tête : « J’apporte une lettre de Hook à Alice maman ! A tout à l’heure ! » et si ça, ce n’était pas la meilleure excuse du monde alors… Zeléna elle-même s’était tellement concentrée sur l’amélioration de sa relation avec sa fille qu’elle était passée à côté de l’évidence. Elles s’étaient trouvées dans ce monde, comme elles s’étaient trouvées dans leur royaume. Et ici comme ailleurs, elles avaient commencé à tisser des liens, à passer du temps ensemble. Ce sourire qui illuminait le visage de sa fille chaque fois qu’il était question d’Alice, comment n’avait-elle pas pu le voir avant ? Zéléna posa sa main sur celle de Robin et lui sourit très tendrement.


« Je crois que tous ceux qui vous connaissent n’ont pas de doute sur la question. Sauf… Sauf peut-être vos propres parents en fait, Hook et moi. »


Régina rit légèrement.


« Hook est devenu blanc comme un linge lorsque je lui en ai parlé. »


L’archère sourit timidement.


« Alors… C’est tout ? J’ai juste à l’embrasser et après tout rentrera dans l’ordre ? 

-Tu dois embrasser qui ? »


Tilly avait trouvé le chemin jusqu’à la cuisine, probablement en suivant l’odeur. Mais entendre Robin qui parlait d’embrasser quelqu’un, quelqu’un qui ne pouvait pas être elle, voilà qui venait de lui couper l’appétit. Elle posa un regard triste sur Margot. Ca ne pouvait être que cette fameuse Alice, celle dont elle n’avait pas oublié le prénom alors que le sien… en revanche… lui avait échappé.


Régina lui désigna un siège.


« Hé bien tu as l’air en forme, assieds-toi, nous n’avions pas encore commencé à manger. »


Tilly tira maladroitement sur les manches de son haut.


« En fait… Vous avez déjà fait plein de choses pour moi, je crois que c’est mieux si je rentre. Alors merci et à bientôt ! 

-Tilly, attends ! »


La blonde fila sans demander son reste, elle était arrivée au bas des escaliers lorsque Robin finit enfin par lui attraper le bras.


« Tilly, s’il te plait.

-Je ne veux pas vous ennuyer plus longtemps, c’est déjà génial de vous avoir eu, Régina et toi, pour veiller sur moi.

-Tilly…

-Je préfère y aller Margot, avec un t. A la fin. Pas au début, parce que sinon ça fait Targo et c’est… bizarre. Enfin… pas plus que Tilly je suppose. Mais c’est moins joli que Alice. »


Robin secoua la tête.


« Non, ce n’est pas moins joli. C’est même plutôt similaire en fait. »


Elle posa sa main sur la joue de la blonde, caressant doucement la peau.


« C’est toi.

-Moi ?

-C’est toi que j’aimerai embrasser.

-M.. Quoi ? »


La surprise le disputait à l’envie mais une chose était certaine, la tristesse qui alourdissait son cœur quelques minutes auparavant venait soudainement de disparaitre.


« Moi ?

-Oui, toi… Si tu es d’accord bien sûr. »


Le sourire de Tilly s’élargit jusqu’à devenir éclatant. Le hochement de tête était si léger, si timide, qu’il était possible de passer à côté. Mais pas pour Robin et c’est pleine d’espoir qu’elle déposa un baiser sur les lèvres de sa compagne. Le souffle magique rayonna autour d’elles un court instant avant de se dissiper. Robin s’écarta tandis que Tilly ouvrait les yeux, irradiant de bonheur.


« Ca marche ! Robin ! Je me souviens ! Je suis revenue ! »


Elle sauta dans les bras de sa compagne pour la serrer tout contre elle. A un détail près toutefois, l’archère n’avait pas l’air aussi réceptive que d’habitude. Le sourire qu’elle lui offrait comportait autant de joie que de confusion. Alice s’écarta pour l’observer.


« Robin ? Ca va ?

-Robin ? Qui est Robin ? »


L’archère regarda autour d’elle, complètement perdue.


« Moi c’est Margot.

-Avec un t.

-Oui, à la fin. »


Les bras d’Alice retombèrent le long de son corps, son regard se dirigea vers le haut des escaliers où se tenaient Régina et Zéléna, l’air sincèrement aussi désolée qu’elle.

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