Red Memories / Tome 1 : Tainted Love
Ils restèrent tous sur place. Apparemment, Daniel avait reconnu sa fille, pour son plus grand bonheur. La petite s'allongea aux côtés de sa mère, tandis que DiNozzo se risquait :
- Daniel, tu me reconnais ?
Jones eut un instant de doute, elle regarda Tony sous toutes les coutures puis, finalement :
- Non, désolée. Je devrais ?
- C'est pas grave, te casse pas la tête.
Gibbs, Tony et Bridges décidèrent de laisser Patrick, Daniel et Shanna ensemble. Ils sortirent de la chambre et descendirent à la cafétéria. Ils se posèrent à une table avec des cafés.
- T'inquiètes pas, lança Gibbs devant la tête d'enterrement de DiNozzo, ça lui reviendra. C'est peut-être juste une amnésie rétrograde. Si j'en suis revenu, elle peut le faire.
- Je l'espère, patron.
Tony se tourna vers Nash :
- Elle était coment avant ?
- Avant quoi ?
- Qu'elle arrive chez nous.
- Toujours introvertie mais bosseuse. Rapide, efficace, elle savait se faire respecter des supects. C'est drôle que vous me parliez de ça, je repensais justement au dernier jour où je l'ai vue, la veille de son départ.
- Vous pouvez nous le raconter ? Je pense qu'on a du temps devant nous.
- D'accord, continua Bridges en soupirant. C'était en janvier, si je me souviens bien. On venait de boucler une enquête. Le soir, elle m'a rejoint sur le pont de la péniche, et elle m'a dit :
- ça va Nash ?
Bridges se retourna :
- Bien et toi ? Qu'est-ce que tu fais là à cette heure ?
- Rien pour l'instant. Je suis juste venue te voir, profiter un peu du Golden Gates avec toi.
Elle alla jusqu'à la rembarde en fer où elle posa ses avant-bras tout en regardant le pont rouge qui se dressait face à eux. Un vent doux soufflait sur San Francisco en ce soir d'hiver.
- Tu n'as pas froid ? demanda Nash à la jeune femme.
- Non, ça va.
- Toi, ya quelque chose qui va pas.
- Pourquoi tu dis ça ?
- Je le vois à tes yeux.
- Même sous la torture, je ne parlerai pas, capitaine Bridges !
Ils pouffèrent de rire tous les deux. Nash se rapprocha d'elle :
- Dis-moi.
- Je m'en vais, Nash. Ma demande de mutation a été accepté.
Bridges marqua une pause pour réaliser ce qu'elle venait de dire.
- Je vois... Tu... Tu vas où ?
- A Washington DC, au NCIS.
- Au NCIS ? Bah écoute... Bravo, félicitations. Je suis content pour toi.
Il baissa la tête et regarda dans le lointain. Daniel ne le quittait pas des yeux. Elle passa sa main dans ses cheveux dorés :
- Nash... Ne fais pas cette tête... Je ne pouvais pas rester éternellement...
- Pourquoi cela ? Tu sais très bien qu'on tient tous à toi... Harvey, Joe... Et moi. Evan nous a déjà quitté l'année dernière, pourquoi faut-il que tu t'en ailles toi aussi ?
- Justement parce que ce lieu me rappelle trop de choses. Et malheureusement plus mauvaises que bonnes. Richard, après Evan... Je ne supporte plus, j'ai besoin d'air.
- Et tu crois qu'il est plus pur à Washington ? Tu penses que tu ne verras plus personne mourir devant toi ? Là, tu te trompes ma chérie, c'est ça le métier de flic.
- Je ne me suis pas engagée pour ça.
- Non, c'est vrai. Toi, tu es celle qui appuie sur la détente, pas celle qui ramasse les morceaux.
- Ne me parle pas sur ce ton. Mes choix m'appartiennent.
- D'accord, alors je ne dis plus rien.
Nash se tut et recommença à fixer le Golden Gates, tentant de cacher sa tristesse.
- Ce que je regrette le plus, commença-t-elle, c'est de ne pas avoir pû mettre une balle dans la tête au meurtrier de Richard. Cela fait trois ans, trois ans que je ne dors plus, que mes bras me font mal et que je me retiens tous les soirs de sauter de ma fenêtre. Pourtant, du cinquième étage, je ne me raterais pas. Mais je suis toujours là. Tu m'as aidé à me relever, à avancer, maintenant j'ai besoin que tu lâches ma main.
- Tu n'as pas d'enfants. Un jour, quand tu en auras, tu verras que c'est très dur de faire ce que tu me demandes.
- Mais je ne suis pas ta fille.
- Tu as raison. Tu es tellement plus que ça...
Il se rapprocha d'elle et la prit dans ses bras :
- Je déteste les adieux...
- Je le sais. Mais c'est justement parce que je t'aime que j'ai décidé de ne pas partir comme une voleuse.
Il la serra plus fort contre lui, tout en l'embrassant tendrement sur la joue. Daniel posa sa tête sur son épaule et laissa rouler des larmes le long de ses joues.
- Je ne veux que ton bonheur, murmura Nash. Si tu penses le trouver loin de moi, alors, pars sans te retourner.
Jones étouffa un sanglot puis se détacha de Nash qui la regardait lui aussi avec des yeux brillant de larmes. Elle ne put s'empêcher de lui caresser la joue, puis elle recula, se retourna et s'éloigna de lui...
Gibbs, Nash et DiNozzo remontèrent dans la chambre de Daniel. Ils la trouvèrent en pleine conversation avec Patrick. Gibbs s'avança le premier :
- L'heure des visites est terminée, hélas.
- Ah bon ? questionna Daniel. Déjà ?
- Oui, déjà.
- On reviendra demain, assura DiNozzo.
Patrick fit descendre Shanna. Il s'avança vers Daniel, se pencha au dessus du lit et déposa ses lèvres sur les siennes. Lorsqu'il se releva, il remarqua que Jones avait une étrange expression : les sourcils froncés, les yeux plissés. Elle tourna la tête et son regard remonta la perfusion, survola le cardiogramme et finit sur le mur d'en face. Elle tourna la tête vers les trois hommes qui étaient toujours devant la porte :
- Bon Gibbs tu m'expliques ? C'est quoi ce bronx ! Qu'est-ce que je fous à l'hosto avec tous ces machins dans les bras ?
Elle se tourna vers Patrick :
- Et puis d'où il sort celui-là ?! ça passe cinq ans loin de sa fille et ça revient comme une fleur ?! Non mais je rêve ! ça va pas se passer comme ça Patrick ! Et lui là ! Pouvez-vous m'expliquer ce que mon ancien patron fait ici ? Tony tu arrêtes de rire tout de suite !