De l'autre côté du miroir (Partie 1)
Jeudi 11 janvier 2007, bureaux du NCIS
Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent.
« - Alors, du nouveau patron ? demanda Tony.
- Rien du tout à part que ce pourri prend du paracétamol.
- Ce qui n’avance à rien », ajouta Ziva.
Gibbs allait s’asseoir à son bureau quand il remarqua que Jenny les observait et semblait surtout l’attendre. Il la rejoignit en montant les escaliers quatre à quatre.
« - Tu en es où dans l’enquête Jethro ?
- On sait qui lui a fait ça et pourquoi mais cette ordure est introuvable. On n’arrive pas à le coincer.
- C’est une ordure mais il est remarquablement intelligent pour t’avoir échapper autant de temps. Il continue d’envoyer des lettres à Nora ?
- Oui. Il est sûr qu’il va réussir à terminer ce qu’il a commencé mais je te promets que s’il s’approche de Nora à moins d’1 kilomètre, il est mort.
- Oh, ça faisait longtemps que je ne t’avais pas vu aussi déterminé à protéger quelqu’un. Tu as l’air de t’être beaucoup attaché à Nora, on dirait.
- C’est un reproche, directeur ?
- Non. C’est une remarque, c’est tout. D’habitude, tu ne t’attaches pas aussi facilement à une adolescente.
- Cette fois c’est différent.
- Et en quoi ? Ca a peut-être un rapport avec le secret dont toute ton équipe est au courant sauf moi ?
- Quoi ? Tu penses que je te cache quelque chose.
- Je ne suis pas complètement dupe, Jethro. Je te connais et je le sais quand tu me caches quelque chose. »
Gibbs ne répondit rien et commença à descendre les escaliers. Jenny voulait une réponse.
« - Agent GIBBS ! s’écria-t-elle fermement.
- J’ai un tueur en série à enfermer directeur », lui lança-t-il sans se retourner.
Jenny se mordit la lèvre, Gibbs ne changera jamais. Il esquivera toujours les questions auxquelles il ne veut pas répondre. Elle retourna vers son bureau quelque peu énervée et s’assit à son bureau. Gibbs l’agaçait. Qu’est-ce que cela lui coûte de lui répondre ? En tant que directeur, elle a le droit de savoir, non ? Pourquoi toute l’équipe de Gibbs est au courant sauf elle ? Et surtout, pourquoi Gibbs a-t-il l’air aussi touché par cette affaire ? Il ne connaissait pas Nora auparavant. Qu’est-ce qui fait qu’il s’y est autant attaché ? Il ne l’avait pas explicitement dit mais elle le connaissait, elle savait qu’il tenait beaucoup à Nora. Mais pourquoi elle plus que les autres auparavant ? Elle devait savoir. Elle attrapa donc son téléphone et demanda à Cynthia d’ordonner à l’agent GIBBS de monter la voir immédiatement. Gibbs arriva deux minutes plus tard sans frapper et en claquant la porte pour la fermer, comme à son habitude.
« - Qu’est-ce que tu veux Jen ? dit-il un peu en colère.
- Tu n’as pas répondu à ma question.
- J’ai une enquête à boucler!
- Tu me caches quelque chose et toute ton équipe est au courant sauf moi.
- Et alors ?
- Je veux savoir quel lien tu as avec Nora pour que tu tiennes autant à elle.
- Tu veux vraiment savoir ?
- Oui », dit-elle décidée.
Gibbs inspira un grand coup puis se décida. « Sors le dossier de Nora WATSON sur ton ordinateur. » Jenny fut surprise mais s’exécuta. Une fois le dossier sortit, Gibbs attrapa la souris de Jenny et se positionna face à l’écran plasma. Il fit basculer le dossier de Nora dessus et zooma sur sa photo d’identité. « Directeur, je vous présente ma fille. » Jenny resta bouche bée. Elle s’attendait à tout comme révélation sauf à ça !
« - Nora est ta fille !?
- Tu es satisfaite ? »
Gibbs partit en claquant la porte laissant Jenny encore sous le choc de la révélation. Gibbs, de son côté, était agacé de l’obstination presque absurde de Jenny mais il n’avait pas voulu être aussi glacial avec elle. Etant donné qu’il était déjà 21h30 passées, il dit à son trio d’aller se chercher quelque chose à manger s’ils voulaient tenir la nuit. Tony dit à Mc Gee d’y aller mais celui-ci lui dit d’attendre quelques minutes le temps qu’il finisse quelque chose. Gibbs partit vers l’ascenseur sous le regard indécis de Nora qui ne savait pas si elle devait le suivre ou pas. « Tu viens Nora ? », lança Gibbs au moment où il appuyait sur le bouton de l’ascenseur. Gibbs l’emmena prendre des plats à emporter pour trois personnes dans un petit restaurant. Ils revinrent au NCIS. Gibbs portait le sac contenant les plats. Ils montèrent les escaliers menant au bureau du directeur et entrèrent sans frapper dans son bureau. Jenny fut surprise de les voir débarquer tous les deux dans son bureau mais elle ne dit rien et resta assise à les observer. Gibbs et Nora était rentrés presque en l’ignorant. Gibbs avait conduit Nora vers un endroit du bureau où il y avait une table basse, un canapé et un fauteuil disposés autour de la table. Nora sortit les assiettes et les couverts qu’elle disposa sur la table et Gibbs sortit les plats, deux bières et une canette de Coca du sac qu’il posa ensuite par terre. Il fit asseoir Nora à côté de lui au bout du canapé, juste à côté du fauteuil. Jenny sourit et se leva pour les rejoindre.
« - Oh oh ! Qu’est-ce que ce repas de luxe va me coûter cette fois ? dit-elle avec humour.
- Ca ne t’a rien couté la dernière fois.
- A part le millier de calories en trop qui n’était pas nécessaires.
- On te laisse si tu veux, répondit Gibbs en faisant mime de s’en aller.
- J’ai pas dit ça, dit-elle en s’asseyant sur le fauteuil.
- Mais elle a raison Gibbs. Il y a beaucoup trop de calories là-dedans. C’est pas bon pour la ligne.
- Tu peux parler toi. Tu pourrais te cacher derrière un manche à balai sans qu’on te voie, lui rétorqua Gibbs avec humour.
- Eh !
- Si tu veux on mange pour toi, dit Jenny en commençant à tirer l‘assiette de Nora vers elle.
- Non c’est bon. Je plaisantais. J’ai faim moi ! » répondit-elle en souriant et en reprenant son assiette.
Jenny et Gibbs rirent. Gibbs ouvrit les deux bières et la canette de Nora pendant que Jenny servait les plats.
« - Tiens tu as pris des asperges crues ? demanda Jenny surprise à l’attention de Gibbs.
- Raa, ils se encore trompés », répondit Gibbs qui détestait les asperges crues.
Ils mangeaient tranquillement, quand Nora et Jenny se regardèrent puis regardèrent les asperges de Gibbs.
« - Tu ne manges pas tes asperges, n’est-ce pas ? » demanda Jenny en dirigeant sa fourchette vers l’assiette de Gibbs avec Nora qui en faisait autant.
Gibbs tapa sur leurs fourchettes pour les éloigner et leur distribua ses asperges. Une fois leurs assiettes terminées, ils s’appuyèrent tous les trois sur le dossier du canapé leurs boissons à la main. Gibbs avait posé son bras sur le haut du dossier du canapé, derrière la tête de Nora. Gibbs sentit un malaise de sa part mais il s’était dissipé quelques instants après. Ils discutèrent de choses et d’autres : de ce que Nora voudrait faire plus tard, comment elle s’en sortait à l’école, quel sport elle faisait, comment elle s’entendait avec son oncle et sa tante… Elle répondait aimablement aux questions mais prenait soin d’éviter les questions auxquelles elle ne voulait pas répondre et de ne laisser paraître aucune émotion lorsqu’on lui parlait de son oncle et sa tante même si d’en parler la blessait beaucoup. Seulement, ils ne pouvaient pas le savoir parce qu’elle le cachait. Elle s’intéressait aussi à eux, quand ils lui demandaient ce qu’elle faisait comme sport par exemple, elle leur demandait ce qu’ils faisaient eux, quand ils étaient au lycée. Finalement, au bout d’un moment, Nora s’endormit, exténuée de sa journée quelque peu mouvementée. Elle dormait assise, la tête droite mais quand elle commença à s’endormir profondément, sa tête bascula sur le côté et se trouva appuyer contre Gibbs qui posa sa main sur son épaule et l’amena contre lui. Jenny les observa et trouva la scène attendrissante. Nora dormant, elle profita de l’occasion pour parler à Gibbs.
« - Tu le savais dès le début ? commença-t-elle.
- Non, c’est Abby qui l’a découvert et qui me l’a dit.
- Tu sais qui est la mère ?
- Oui, c’est Shannon.
- Shannon !?
- Elle était enceinte quand je suis parti en Irak. Quand j’ai appris sa mort, j’ai cru que le bébé qu’elle portait était mort dans l’accident jusqu’à ce qu’on m’apprenne le contraire et qu’on me dise que le bébé avait été volé. J’étais rentré au NCIS dans l’espoir de le retrouver.
- Tu savais que c’était une fille ?
- Oui, Shannon me l’avait dit dans une cassette qu’elle m’avait envoyée en Irak.
- Je comprends maintenant pourquoi tu t’es autant attaché à elle et aussi vite. Nora est au courant ?
- Oui elle le sait.
- On ne dirait pas. Elle cache bien son jeu. »
Jenny eut un temps de pause et observa Nora qui dormait paisiblement contre son père. « Elle est vraiment belle. Je trouve d’ailleurs qu’elle te ressemble beaucoup. » Gibbs sourit. C’est vrai qu’elle était très belle, c’était évident puisque c’était sa fille. Mais elle avait le même nez, la même peau blanche et la même expression que sa mère lorsqu’elle dormait. Le simple fait de la regarder dormir lui rappelait des souvenirs datant d’il y a bien longtemps.
« - Bon, il faut que j’aille me chercher un café et que j’aille voir où en est mon équipe, dit-il en allongeant Nora le plus doucement possible pour ne pas la réveiller. Je peux te la laisser ?
- Pas de souci. Je ne bouge pas d’ici.
- Merci Jen », dit-il en partant.
Gibbs descendit se chercher un café puis demanda où Tony, Mc Gee et Ziva en était dans leurs recherches. Ils n’avançaient pas. « Ce type est un véritable fantôme. Je pense qu’il faut lancer un avis de recherche pour le fils de L’Homme invisible et de Jack l’Éventreur », avait dit Tony, ce qui lui avait valu une tape derrière la tête de la part de Gibbs. Gibbs s’assit ensuite à son bureau pour réfléchir un peu, son breuvage à la main. Mais lui aussi était fatigué, il regarda autour de lui : tout le monde s’était endormi même Ziva. Il s’endormit à son tour. Il commença à rêver. Il s’était réveillé, était allé chercher un café et un chocolat chaud et était monté dans le bureau de Jenny. Quand il ouvrit la porte, il vit Jenny qui dormait assise sur son fauteuil et Nora, allongée sur le dos, égorgée, plein de sang recouvrant son corps et le canapé. Il avait levé les yeux et avait vu Kyle BOON souriant triomphalement et tenant un couteau plein de sang dans la main. Il se réveilla en sursaut et en sueur. Son cœur battait à tout rompre. Il regarda sa montre : 2h30 du matin. Quand il eut repris ses esprits, il se leva, monta les escaliers et entrouvrit la porte du bureau de Jenny sans faire le moindre bruit : Jenny dormait dans son fauteuil et Nora dormait paisiblement là où il l’avait laissé. Il redescendit à son bureau, s’assit et se rendormit rassuré jusqu’au lendemain.