Nidaime Kiiroi Senkō

Chapitre 3 : Les vagues - La paix sans quiétude.

44967 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a plus de 8 ans

L’obscurité était à son apogée… Les ténèbres profondes et indicibles de la caverne dans laquelle ils s’étaient réunis. Dans cet antre maudit par leur présence, maudit par leurs âmes damnées. Et là, après si longtemps maintenant à errer tous sur des lieux éloignés du monde, ils venaient de se retrouver, et de reformer leur groupe, ayant tous jugé que leurs missions respectives étaient suffisamment avancées pour passer à la seconde phase… Et les neuf se faisaient enfin face, parmi cette ombre qui ne fit que rendre plus visible leurs hologrammes. Akatsuki étaient prête pour ses plans.

- Cela fait plus de dix ans que nous ne nous sommes pas réunis… prononça alors l’homme qui semblait être le chef de l’organisation criminelle connue pour poursuivre Naruto. « Chacun de vous a disposé d’un temps très long pour accomplir sa tâche… Et le temps est enfin venu pour nous de passer à la phase suivante… »

- Ca me réconforte de savoir que nous allons enfin passer à l’action, Pain-sama… prononça avec amusement Kisame Hoshigaki, le monstre de la brume, et détenteur d’une des épées enchantées de Kirigakure, Samehada.

Un des neuf autres hologrammes, qui se trouvait à la gauche de Kisame, se mit à ricaner. Le dispositif de visée sur l’œil droit démontrait le fait qu’il était Deidara, nuke-nin de rang S de Iwagakure. « Je suis d’accord avec Kisame-san, Pain-sama ! Ça faisait longtemps que j’attendais l’action… J’ai hâte de partir à la traque des Jinchuuriki… Et de tuer ce pathétique Orochimaru… Je pourrais enfin vous montrer que mes œuvres sont plus artistiques que les votre Sasori-danna. » s’exclama-t-il avec entrain, à l’attention de l’individu à gauche. Individu qui broncha à sa remarque. « Tu ne comprendras jamais toutes la complexité et la minutie de mon art, Deidara. Ce que tu fais n’est juste qu’un amas d’explosion et de destruction… Aucun art ne se doit d’être éphémère… » Deidara rechigna à la réplique de son partenaire. Il était impossible pour lui de le convaincre de la sorte… Mais il le montrerait en tuant Orochimaru et en capturant lui-même des Jinchuuriki.

Les autres membres les observaient sans rien dire, leurs regards froids et acérés ne changeant pas. Du moins, jusqu’à ce que Kisame ne s’amuse de l’échange du duo d’« artiste ».

- Et vous, Kakuzu-san, Hidan-san ? J’imagine que ces dix dernières années ont été productive en termes de bénéfices… Après tout, vous avez dû tuer et capturer beaucoup de personnes pour amasser autant d’argent… hasarda-t-il avec son grand sourire carnassier.

- Hidan n’est mon coéquipier que depuis deux ans… Et j’ai envie de le tuer chaque jour deux fois plus que le précédent, tout comme mes anciens coéquipiers pathétiques… maugréa le dénommé Kakuzu, alors que malgré le masque qui cachait son visage, son regard meurtrier parlait pour lui. « Je me débrouille mieux seul, mais cet incapable moulin à parole est immortel. J’envie Zetsu. »

Hidan le regarda dans les yeux, se gaussant littéralement de la colère de Kakuzu à son égard. « C’est moi qui aurait dû te tuer depuis longtemps, avec tous tes blasphèmes envers Jashin-sama. » ; « Misérable insecte… Tu n’es qu’un incapable à ne pas respecter nos horaires avec tes ridicules rituels pour ton dieu païen. Je méprise tout de toi pour massacrer mes clients une fois la prime récupérée. C’est un manque total de professionnalisme. » rétorqua Kakuzu, tout aussi insensible que Hidan quant à leurs menaces réciproque.

- Maa, maa… L’organisation est toujours aussi vivante, n’est-ce pas, Itachi-senpai ? demanda Kisame en voyant déjà deux de leurs duos être conflictuels. Bien sûr, Itachi ne fit que le regarder, sans répondre, ce qui ne fit qu’agrandir le sourire de Kisame. « Toujours aussi muet en leur présence hein ? »

Après quelques secondes cependant, les membres se turent, sentant que leur chef n’était pas aussi loquace qu’ils ne pouvaient l’être. Et personne ne désirait importuner Pain, pas même eux. Il était impitoyable, et si jamais ils le mettaient en colère… Chacun doutait de pouvoir lui échapper. Ils attendirent quelques instants, et finalement, le leader de l’Akatsuki prit la parole.

- Dès maintenant, vous œuvrerez dans la recherche d’information de localisation des Jinchuuriki. Nous connaissons d’ores et déjà l’identité de trois d’entre eux. Gaara, le Godaime Kazekage, qui est le Jinchuuriki d’Ichibi no Shukaku. Yagura le Yondaime Mizukage, Jinchuuriki de Sanbi no Kyōdaigame et… il interrompit son discours en regardant alors les Sharingans bien visibles dans les yeux de Uchiha Itachi. « … et Uzumaki Naruto… Jinchuuriki de Kyuubi no Yoko. Vous chercherez les six autres, puis nous les capturerons. »

Sa voix grésillant à travers la projection holographique ne le rendit que plus apeurant, plus inquiétant. Il était impartial et absolu, et ils allaient exécuter ses ordres à la lettre. Échouer ou déroger à leurs objectifs ne leur était pas permis. Sentant qu’aucun d’eux n’étaient désormais désirés, ils dissipèrent le jutsu de projection. Seul resta dans l’antre Pain, sa seconde, Konan, Zetsu… et étrangement, Itachi. Ce dernier fixa Pain dans les yeux quelques secondes, avant de finalement disparaître, laissant les trois derniers Akatsuki seuls dans le noir. Zetsu observa attentivement ses deux alliés durant plusieurs minutes, avant de se tourner à sa droite, tout comme Pain et Konan, lorsque sortit des ombres la silhouette floue et presque invisible d’un quatrième individu. Tout ce qu’ils purent voir de lui n’étaient que ces deux yeux d’un rouge de sang… Deux Sharingans…

- Nous vous attendions… Madara… prononça lentement Pain.

L’homme ne répondit pas, ne se contentant que de lui adresser un regard. Il se concentra ensuite sur Zetsu. « Il s’est passé quelque chose, Zetsu… » prononça-t-il sombrement. « J’imagine que tu l’as vu de tes propres yeux… » Zetsu ne fit qu’acquiescer. Imperceptiblement, Pain serra les poings. Il était en colère que le dénommé Madara ne l’ait ignoré et ne lui dise pas ce que s’était passé. Du moins, jusqu’à ce que Konan ne prenne la parole pour questionner leur collaborateur. « Madara, que s’est-il passé ? »  Les yeux de l’homme se posèrent alors sur elle.

- Mon pion est mort…  Notre plan va être retardé d’au moins un an…

- Uzumaki Naruto est devenu fort… s’exclama la partie blanche de Zetsu. « Très fort… Il a tué Yagura et libéré Kirigakure… Il serait judicieux de s’en occuper rapidement avant qu’il ne devienne trop puissant… » suggéra ensuite la partie noire.

Pain comprit aussitôt ce que Madara et Zetsu venaient de dire. « Dois-je m’en occuper maintenant Madara ? Il a beau être devenu fort, il ne pourra rien faire contre un dieu… » Madara l’observa méticuleusement, avec un air extrêmement calculateur dans les yeux. Ses Sharingans ne devinrent que plus rouges et lumineux, tournant incessamment dans sa réflexion, avant qu’il ne finisse par répondre.

- Non. Peu importe sa force, son temps viendra, et il mourra comme j’ai tué ses parents… Pour l’instant, nous allons le laisser à Itachi et Kisame…

- Pourquoi ne pas le capturer maintenant, Madara… ? maugréa le Zetsu noir.

- Nous sommes encore trop peu préparés, répondit aussitôt Madara. « Il est encore trop tôt pour que l’on s’intéresse à nous. Patience… Notre temps viendra… »

Finalement, Pain et Konan, en ayant assez entendu de leur collaborateur de l’ombre, stoppèrent le jutsu de projection, ne laissant alors plus que Zetsu et Madara dans l’antre. Ces deux derniers ne dirent rien durant quelques minutes, regardant stoïquement l’emplacement précédent des projections de Pain et Konan. « Ils sont de plus en plus méfiants, chef-sama… » fit remarquer Zetsu, sans vraiment attendre de réponse de Madara. Qui d’ailleurs ne vint pas. Il était inutile pour eux deux de parler de cela. Ils savaient de ce qu’il adviendrait de Pain et sa suivante s’ils venaient à se rebeller…

Indépendamment de l’Akatsuki, Zetsu et le dénommé Madara agissaient pour des dessins obscurs. Des objectifs méconnus même de Pain. « Pourquoi n’as-tu pas vendu toutes les informations acquises sur Naruto… ? » demanda alors Madara, le ton neutre, déjà moins sombre et calculateur qu’en présence de Pain et Konan. « Je ne l’ai pas fait car je ne le pouvais tout simplement pas… Ils avaient un capteur extrêmement doué… Un dénommé Ao. Il aurait pu me voir, et j’ai donc dû partir… et j’ai raté l’affrontement contre Yagura… » Lentement, Madara hocha la tête. Il savait de quel homme parlait Zetsu. Ce pauvre Oi-nin au Byakugan… Mais ce n’était absolument pas grave. Il n’était pas embêtant de ne pas savoir les techniques du jeune Naruto. Au contraire… C’était même amusant. Cela faisait partie de son avancée, de son jeu. De ses pas vers l’accomplissement de son objectif le plus absolu. Et le prix de l’information sur Namikaze Naruto avait déjà été immense, à la grande joie de Kakuzu.

« Ce n’est rien… Rien Zetsu. Rien ne pourra m’empêcher de réaliser mon plan de l’œil de la lune… Et ce pathétique Namikaze l’apprendra à ses dépens…  Bientôt, Zetsu. Bientôt, notre temps viendra… »

***

Quatre jours plus tard.

- L’information est-elle fiable… ?

C’était assis sur son siège, dans les profondeurs abyssales de la feuille, qu’un homme avait posé cette question, le ton sombre.

- Hai, Danzō-sama, répondit alors un autre homme. Agenouillé devant lui, incliné bas et la tête penchée vers le sol, le visage caché par son masque, c’était un ANBU Ne qui venait de se prononcer à son maître. « Les informations sont fiables. Les rapports de nos espions à Kiri nous sont parvenus tous très détaillés. Ils confirment totalement les faits. »

Danzō Shimura, le mystérieux Konoha ne Shinobi no Yami, fonça les sourcils, de sa méfiance accrue. Il ne sut pas vraiment comment interpréter les derniers faits et y réagir en conséquence. Danzō était un homme rusé, malin… Tout aussi intelligent, calculateur et clairvoyant que ne l’avait été son meilleur ami et rival, Hiruzen Sarutobi, le Sandaime Hokage. Il était au courant de tout. Savait tout. Appréhendait tout, et neutralisait dans l’ombre toute menace à Konoha et au pays du feu. Il était puissant autant dans le ninjutsu qu’il ne l’était dans la politique et la manipulation. Il y avait longtemps, des décennies auparavant, alors que les Shodai et Nidaime Hokage étaient en vie, il avait été un candidat coriace au poste de Hokage Sandaime, de par son talent et son intelligence. Il avait été battu par Hiruzen et finalement, avait décidé de se retirer de la lumière pour se tapir dans l’ombre et frapper dans le dos de ses ennemis. La racine, « Ne », était le bouclier secret et la lame impartiale de Konohagakure. Ses agents ANBU étaient l’élite. Ils étaient meilleurs que les ANBU Black-OPS de Konoha, les troupes d’interventions tactiques. Ils ne connaissaient pas la peur, ils ne connaissaient pas la douleur. Et ils ne connaissaient pas la mort.

Doyen de Konoha mais relique emblématique du passé, Danzō Shimura noyait sa vie dans une protection absolue et fanatique de Konoha, la protégeant de l’extérieur comme de l’intérieur quel qu’en soit le prix. Il était là pour prendre les plus sales des missions que cette naïve de Tsunade refusait de prendre, à l’instar de ses prédécesseurs. Mais loin de lui était l’idée même d’abandonner l’ambition d’être le Hokage… Il avait ses plans lorsqu’il y parviendrait, ses propres objectifs et ses projets pour le monde ninja. Mais plusieurs obstacles gênants étaient sur son chemin. Le tout premier était cette idiote de Tsunade Senju, cette femme hautaine qui se pensait au-dessus de tout, cette femme qu’il méprisait. Elle était trop molle, trop ancrée dans son orgueil de Senju, et trop en retrait dans la politique internationale. Elle n’était pas assez agressive… Elle affaiblissait Konoha ! Et l’un des nouveaux obstacles dont il devait faire face n’était autre que son petit protégé, Uzumaki Naruto… Ou plutôt Namikaze.

Il n’avait jamais pu prévoir que Tsunade daigne envoyer un shinobi aider les rebelles à la guerre civile de Kirigakure. Il était encore plus surprenant et imprévisible que ce shinobi était Uzumaki Naruto, Jinchuuriki du Kyuubi et fils du Yondaime Hokage. Les conséquences, s’il était mort, auraient été désastreuses, et il n’avait jamais pensé que Tsunade était capable de faire une telle chose qu’envoyer leur Jinchuuriki dans un territoire en guerre. Mieux encore, étant le fils de Minato Namikaze et représentant des clans Senju et Uzumaki, ses valeurs diplomatiques et génétiques étaient absolument indispensable à Konoha. Car oui, il était au courant de la filiation de Naruto. Quelques années auparavant, il avait dérobé un échantillon de son sang dans la banque de données du complexe médico-militaire de Konohagakure, et l’avait fait analyser, le comparant avec le sang de Minato Namikaze et Kushina Uzumaki. Il n’avait pas fallu très longtemps pour découvrir que Naruto Uzumaki, le petit enfant Jinchuuriki haï par Konoha, était le fils du quatrième Hokage et de sa femme, et par conséquent, dépositaire des attributs génétiques des clans Senju et Uzumaki… car arrière-petit-fils direct de Mito Uzumaki et Hashirama Senju. Ce fut là pour lui toute une révélation… Même s’il s’était douté du patrimoine de l’enfant.

Il n’en avait eu que plus de respect pour le quatrième. Quand bien même il avait été en désaccord avec lui sur sa manière de diriger la feuille, il ne pouvait nier le fait qu’il admirait Minato et Kushina Uzumaki pour leur volonté de fer, leur détermination absolue et leurs idéaux. Ils étaient morts seuls, loin de Konoha, transpercés avec un enfant dans leurs bras… Laissant derrière eux un village en ruine, les flammes s’éteignant sous une pluie naissante, de la tristesse et de la colère, ainsi que beaucoup de morts.  Et à bien y réfléchir, il ne comprenait pas comment le village n’avait pas remarqué les origines de Naruto, étant donné qu’il n’y avait pas plus noble au monde que le couple de dirigeant du village, et que jamais ils n’auraient pris un autre enfant que le leur pour faire un Jinchuuriki. Après l’attaque éclair de Kyuubi et la mort du couple Uzumaki, le village n’avait plus été le même. La bienveillance de leur Hokage et de sa femme disparue, les habitants étaient devenus méfiants et hargneux. Et durant plusieurs années, c’était ce jeune Uzumaki qui avait fait les frais de leur frustration collective. Ignoré ou battu, telle était sa vie.

Mais depuis quelques années, le village était redevenu ce qu’il était. La volonté du feu dont parlait son vieil ami, qui semblait avoir disparue des yeux des ninjas de Konoha, avait lentement et progressivement réapparue… Proportionnellement au nombre de ninjas qui reconsidéraient leurs avis quant au jeune Jinchuuriki de Kyuubi. Ironiquement, c’était à croire pour Danzō que les trois membres de la famille Uzumaki, de leur vivant, étaient indirectement des facteurs de « bien-être » des ninjas de la feuille… Des « motivateurs ». Jusque-là, Danzō n’en avait que faire. Que le Jinchuuriki Uzumaki interagisse négativement ou positivement avec son village n’était en soit pas important… Mais le fait est que ce garçon était devenu un obstacle très gênant… Le fait qu’il était détenteur de l’Hiraishin no jutsu ne le prouvait que trop bien, sans compter que son identité étant publiquement révélée, il allait devenir une figure beaucoup plus emblématique que prévu. Et avec la notoriété qu’il venait de gagner et qu’il n’allait sans doute que plus acquérir, il pouvait devenir très gênant, voire menaçant pour ses objectifs…

« Il peut aussi être un atout très important… » pensa-t-il alors, en émettant la possibilité qu’il puisse soumettre le garçon à sa volonté, que ce dernier soit sous sa coupe… Si jamais cela était possible, sa suprématie prochaine sur Konoha ne serait que toute indiquée. Mais il allait attendre patiemment, comme toujours. Le jeune homme allait revenir dans un peu plus d’un an. Il aurait sa chance à ce moment-là…

- Fais savoir à tous nos espions qu’ils doivent, parallèlement à leurs objectifs de base, se renseigner au maximum sur Uzumaki Naruto… Où qu’il aille, quoi qu’il fasse, je veux tout savoir…

- Ce sera fait, Danzō-sama.

L’ANBU Ne s’éclipsa dans un Shunshin no jutsu, prêt à accomplir sa mission. Danzō ne bougea pas, regardant l’emplacement précédent de son agent, réfléchissant. « Tu es de plus en plus intéressant… Uzumaki Naruto. »

Et il devait être honnête qu’il attendait de voir les réactions du village lorsque la nouvelle arriverait.

***

Une semaine plus tard.

                Tsunade Senju sirotait son saké tranquillement, alors qu’elle remplissait et signait des papiers sur son bureau. Elle était plutôt de bonne humeur, et cette merveilleuse journée ensoleillée n’avait fait que l’amplifier. Septembre était un mois à Konoha où la saison pouvait être particulièrement claire, et la chaleur, sans compter le ciel bleu, l’y indiquait du tout au tout. Ce ciel bleu come les yeux de Naruto… D’ailleurs, elle pensait à lui justement. Presque trois ans qu’il était parti de Konoha… Il lui manquait beaucoup ainsi qu’à Shizune, et le fait que le mois prochain, le dix octobre, était son anniversaire ne lui faisait penser à lui que plus. Elle espérait sincèrement qu’il était en sécurité… Sept mois maintenant qu’elle n’avait plus eu de véritable nouvelle de lui, maintenant qu’il était parti pour la guerre de Kirigakure. Elle priait chaque jour pour qu’il soit sauf. Il était après tout la seule et unique raison du pourquoi elle était Hokage. Sans lui, sa présence ici n’avait plus de sens.

Bien sûr, Jiraiya lui avait envoyé un message comme quoi elle ne devait pas s’inquiéter, il y avait un mois. Il y disait simplement que Naruto était vivant et que le lien avec les crapauds n’avait pas été rompu, ayant invoqué Gamabunta durant la guerre. Elle avait certainement été intriguée par le message de Jiraiya car il n’en avait pas dit plus. Ça la frustrait davantage, sachant que les deux ninjas ne contactaient pas Konoha mis à part quelques petits rapports… Ils lui cachaient des choses. Elle soupira, délaissant son travail avec cette maudite paperasse, et se retourna vers la grande fenêtre de son bureau, qui donnait vue sur le village. Quelques minutes après, une personne frappa à la porte. « Entrez ! » s’exclama Tsunade, alors que Shizune entrait dans la pièce accompagné d’un Chūnin de la régie des courriers. Elle se retourna aussitôt, soudainement intéressée du pourquoi un des ninjas qui s’occupait de leur faucon-messagers venait en personne dans bureau.

Shizune vint déposer la pille de rapport de mission qu’elle avait sur le bureau, avant de s’écarter pour laisser place au Chūnin. Ce dernier s’inclina, avant de poser le rouleau qu’il avait sur le bureau. « Tsunade-sama ! Notre équipe a reçu ce message il y a vingt minutes !  C’est de la plus haute importance ! Vous n’en croirez pas vos yeux ! » Les deux femmes présentes le regardèrent, étonnées, et finalement, Tsunade déroula le parchemin, en en libérant deux plus petits. Elle se mit à lire, d’un air absent le plus gros des trois… Mais son expression se changea bien vite en stupeur, et finalement, elle devint totalement sérieuse, continuant à lire le message. Quand elle l’eut fini, elle leva la tête vers Shizune et le Chūnin. Elle s’occupa ensuite du second rouleau. Ce dernier était entièrement scellé. Aucun ninja avec simplement des compétences moyennes ne pouvait débloquer un tel sceau. Par chance, elle avait des connaissances plus que moyennes en fuuinjutsu. C’était obligé pour elle, pour utiliser le Sōzō Saisei, un fuuinjutsu inventé par sa grand-mère, Mito Uzumaki. Cette fois, elle fut encore plus surprise.

- C’est une blague ? Ces informations sont-elles vraies ?

- Absolument, Tsunade-sama ! Nous avons eu du mal nous aussi à y croire… Et nous attendons de voir comment vous réagissez ainsi que le conseil. Mais comment ? Comment avez-vous pu le cacher ? Le village avait le droit de savoir ! s’exclama le Chūnin, totalement confus.

Shizune le regarda attentivement. « Mais, de quoi parles-tu, Kenta-san ? »

- Que Naruto est le fils de Yondaime-sama bien sûr !! rétorqua-t-il. « Comment est-ce possible ? »

Tsunade soupira bruyamment. Elle venait de se rendre compte que l’information était sortie. Elle venait d’apprendre aussi dans ce message que la guerre de Kiri s’était finie, grâce à Naruto. Et ce, des mots même de Mei Terumī, qui avait rédigé l’une des deux lettres, et qui était une demande officielle d’alliance entre Konoha et Kiri. Naruto savait en plus l’Hiraishin et c’était lui-même qui avait tué Yagura. Elle avait du mal à y croire.

- Cette information n’était pas censée se savoir, dit-elle sous les yeux outragés du Chūnin et de Shizune, qui venait elle aussi d’être choquée. « Les origines de Naruto n’étaient connues que de moi, le Sandaime, et Jiraiya. Personne d’autre. C’était un secret classé rang S. »

Ils ne répondirent rien. Il n’y avait rien à dire. Après tout… Il existait vraiment des secrets que seul des privilégiés connaissaient… Et l’idéal de confiance de Konoha venait de s’effondrer avec cet évènement. Tsunade les renvoya bien vite de son bureau, sentant le mal de tête arriver avec ce qui allait se présenter pour elle. « Bon sang… Et je vais devoir gérer ces imbéciles arrogants du conseil… »

***

Deux semaines plus tard.

                Mais alors que le monde et Konoha apprenaient les nouvelles de la fin guerre à Mizu no Kuni, loin de s’en intéresser, quelque part sur le continent, deux personnes marchaient le long d’une route en terre, au milieu de champs de blés. On ne pouvait pas dire qu’il pouvait passer inaperçu aux yeux des rares passants qui croisaient leur chemin sur cette route. Ils étaient déjà remarquables aussitôt par leur grande taille.

Le premier, plus petit, atteignait les un mètre quatre-vingt facilement, le second faisait une petite quinzaine de centimètres de plus. Le plus grand portait un kimono de combat vert et un pantalon de même couleur par-dessus un juste au corps en maille, et un haori descendant un peu en dessous de la taille, de couleur rouge. Il avait au pied une paire de Geta qui ne faisait que le rendre plus étrange, et une plaque frontale où était marqué le kanji « Abura », signifiant huile. De plus, il disposait d’une très longue chevelure blanche qui, étant attachée dans le dos, descendait jusqu’à sa taille.

À côté de lui, l’homme plus petit n’en était pas moins étrange. Il portait un pull épais bleu foncé, et un pantalon noir court, standard pour les ninjas. Ses sandales shinobi noires et ses mitaines de même couleur étaient là aussi tout à fait normal… Mais ce jeune homme-là était remarquable de suite par la longue cape haori qui, lui descendant jusqu’au bas des mollets, était d’un orange vif avec des motifs de flammes noires. Il était d’autant plus visible avec sa longue tignasse épineuse blonde qui lui retombait sur les épaules et ses yeux bleu saphir. Et le bandeau frontal sur son front les identifiaient tous les deux comme ninjas de Konoha, agents de l’armée du pays du feu… Et les passants ne mettaient beaucoup de temps pour reconnaître deux des plus célèbres ninjas de Konohagakure, en particulier lorsqu’il était écrit « Nidaime Kiiroi Senkō » sur la cape du jeune homme blond… 

Ce n’était pas particulièrement discret. Et ainsi, se querellant une fois de plus, Uzumaki Naruto le Nidaime Kiiroi Senkō et son maître Jiraiya des Densetsu no Sannin marchaient sur une des nombreuses routes de la campagne d’Anko no Kuni, le pays des haricots rouges. C’était un petit pays limitrophe au sud du pays du feu. Et l’île de Nami no Kuni, le pays des vagues, était à quelques centaines de kilomètres au nord, donc pas très loin. 

- Pourquoi est-ce que j’ai l’impression que tu t’apprêtes à me mener droit dans les ennuis, Ero-sensei ? se lamenta Naruto, à l’idée de s’empêtrer dans une énième situation embarrassante à cause de son maître.

- Je te le dis pour la millième fois, gaki… On est là pour rencontrer un de mes informateurs ! s’écria Jiraiya, en ayant plus qu’agacé des caprices de son élève.

Naruto le regarda de façon impassible et froide. « Te rends-tu compte de l’idiotie de cette phrase ? C’est justement ce que je crains, stupide Sennin ! Tes informateurs à la con ! Ton dernier informateur c’était qui hein ?! Le daimyo du pays du miel ! Et je te rappelle qu’une de ses filles a essayé de me violer bordel ! » s’indigna Naruto, alors que Jiraiya se mit à partir dans un rire pervers en se rappelant cette histoire. Ils avaient en effet été invités au palais du daimyo de Mitsu no Kuni, qui était un très proche collaborateur du daimyo de Hi no Kuni. Ce dernier les avait donc présentés à la cour, à sa femme et à ses six filles… Et l’une d’elle avait littéralement craqué sur Naruto. Jiraiya et lui était resté deux jours dans leur palais, et en deux jours, la jeune fille avait essayé plusieurs fois d’attirer le beau Nidaime Kiiroi Senkō dans sa couche… Ce fut extrêmement embarrassant pour Naruto… Et évidemment, Jiraiya s’en amusa, s’en inspirant pour ses livres. Ils marchèrent donc quelques heures, avant de finalement arriver en fin d’après-midi dans une grande ville du pays, à son extrémité Est, non loin de l’océan.

Déambulant dans les rues, ils progressèrent dans la ville sous les regards et commérages des habitants à leur vue. Les rumeurs et nouvelles du monde étaient parvenues partout… Que le Nidaime Kiiroi Senkō et Jiraiya des Sannin voyageaient où bon leur semblait. Et à chaque fois qu’ils s’arrêtaient dans une ville ou un village, les gens arrivaient le plus clair du temps à les reconnaître. Certains avaient peur, d’autre était en admiration devant eux. Dans tous les cas, si avant l’arc de Kirigakure les deux ninjas pouvaient voyager sans attirer l’attention, aujourd’hui ce n’était plus du tout le cas. Et sur ce point, les deux shinobis venaient à en regretter plusieurs fois de porter respectivement des haori rouges et oranges, et avoir des longs cheveux blancs pour l’un, blond pour l’autre. Pour être atypiques, ils l’étaient…

- Sensei, sérieusement… Qui sommes-nous censés rencontrer dans cette ville ? Ce pays est quand même assez isolé. Quel genre d’information pourrait-on obtenir dans ce coin paumé de la péninsule ? demanda Naruto, alors que son maître prenait une expression sérieuse.

- Ce genre endroit est en effet isolé. C’est donc d’autant plus facile d’avoir des informations ici car les ninjas ou voyageurs gardent ici beaucoup moins leurs langues dans leurs poches. Quant aux informations que nous sommes venus chercher ici ? Figure-toi que je n’en ai pas la moindre idée… J’ai perdu le contact avec mon informateur ici depuis près de cinq mois. Jusque-là je ne m’en formalisais pas, mais il n’a pas répondu aux messages que je lui ai envoyés.

Naruto le regarda, réfléchissant. C’était en effet étrange, voire légèrement inquiétant. Qu’un membre du réseau d’espionnage de Jiraiya ne donne plus signe de vie dans un pays aussi banal que le pays des haricots rouges rendait ce même pays suspect. Finalement, ils pénétrèrent dans l’enceinte d’un petit établissement… Un bar, où Naruto avait suivi son maître. Cet endroit était selon lui, fréquenté par son espion. S’asseyant devant le bar, le barman vint rapidement leur servir du saké, sous plusieurs regards méfiants. Les regards se détournèrent au bout de quelques minutes d’eux, et Jiraiya décida de poser des questions au barman.

- Hey, barman, connaitrais-tu un dénommé Isamu ? Il est de petite taille, un peu rond, une barbe et un franc-parler, demanda alors Jiraiya, le barman se tournant vers lui.

- Isamu ? répondit aussitôt le barman, en détournant son attention de ses verres. « Bien sûr que je le connais. C’est un brave gars ! Il enquêtait sur les disparitions mystérieuses de personnes dans la région.  Cependant, personne ne l’a vu depuis un mois. Il disait aller explorer le petit massif montagneux au nord d’ici car ça l’intéressait. C’est tout ce que je sais. »

Naruto regarda Jiraiya, ce dernier plongé dans ses réflexions. Ils revinrent silencieusement à leur saké. Cela avait été rapide… Ils avaient une piste. Quelques minutes après, ils se levèrent, et payant la boisson, ils sortirent du bar. « Tu sais ce qu’il nous reste à faire, Naruto. On va aller voir ce qui cloche là-bas. J’espère seulement qu’il n’est rien arrivé à mon informateur. »

***

                Ils attendirent le soir, lorsqu’il fit vraiment noir, pour partir en direction de la zone où le dénommé Isamu était censé aller avant de disparaître. Ils arrivèrent dans un terrain difficile, des canyons et cavités de montagnes. Se regardant, ils se décidèrent alors à marcher un peu dans la zone, sans ne relâcher la prudence. Isamu était un ninja. Il n’était pas fort, mais il était habile dans la furtivité et malin. S’ils partaient de l’hypothèse qu’il avait été pris dans un quelconque piège, ils étaient eux aussi susceptible d’y tomber. Et c’est durant une heure qu’ils cherchèrent, sans vraiment savoir quoi chercher, dans ce dédale rocheux. Jusqu’à ce qu’ils sentent que quelque chose n’allait pas. Ils se tournèrent en direction de là où ils sentirent cette sensation, et dégainèrent tous deux silencieusement un kunai. Par précaution, Naruto marqua discrètement un rocher d’une balise avec la paume de sa main.

Partageant un regard entendu, ils s’enfoncèrent alors à travers l’obscurité de la grotte, tout en sortant une petite lampe-torche. Pendant quelques minutes, ils avancèrent dans le tunnel naturel dans la montagne, sans savoir à quoi s’attendre. Mais une chose était sûre. Naruto avait appris à haïr ce genre de situation. Cela, jusqu’à ce qu’ils n’arrivent à… un cul de sac. Ce n’était absolument pas crédible. « C’est un genjutsu de camouflage… » réalisa Naruto. « Kai ! » dit-il, alors que l’illusion se brisant, le mur qui scellait le reste de la grotte disparut… Laissant entrevoir plus loin l’entrée d’un bunker. Ils surent automatiquement où ils se trouvaient.

- Otogakure, prononça simplement Naruto. « Que font-ils dans ce pays ? »

- Je ne sais pas… Nous allons voir, répondit Jiraiya, avant que tous deux n’entrent dans le repère.

Ils se doutaient maintenant bien de ce qu’il était advenu de leur contact. S’il était tombé sur des laquais d’Orochimaru, ils ne se faisaient pas trop d’espoir. Prudemment, ils marchèrent dans les couloirs sombres de la base secrète d’Otogakure. Comme toujours, elles se ressemblaient. Ce n’était pas la première qu’ils exploraient. Plusieurs fois dans le passé, ils avaient trouvé quelques-uns de ces lieux infâmes. L’odeur pestilentielle de cadavres en décomposition leur parvint aux narines, comme ils pénétrèrent dans une salle qu’ils reconnurent bien vite comme l’une des pièces des expériences et des opérations d’Orochimaru. Ecœurés, ils firent chacun de leur côté le tour de la pièce.

- Sensei, interpella Naruto. « Je pense avoir trouvé ton contact. »

Jiraiya vint à ses côtés, et ne put alors réprimer une grimace de dégoût absolu en regardant le spectacle devant lui. Dans un gros tube transparent, contenant un fluide visqueux et fluorescent, baignait son informateur, Isamu. L’homme était mutilé. Les bras séparés de son corps, et des marques de lacération sur le torse. Son ventre était éviscéré. De toute évidence, il avait servi de cobaye pour les expériences sordides d’Orochimaru et ses sbires. Jiraiya resta silencieux, priant pour le repos de l’âme de son défunt camarade. Il ne pouvait pas dire qu’il ne s’attendait pas à ce qu’il ne lui soit arrivé quelque chose, que ce dernier ne soit pas déjà mort… Mais il avait espéré qu’il n’était pas arrivé quelque chose de pire à l’homme. Il se trompait. Son associé avait dû vivre un véritable enfer. 

- Cette base a été abandonnée… Je suis prêt à parier que ton contact est tombé sur Orochimaru… D’où le fait qu’il soit parti rapidement. Ça expliquerait pourquoi tout a été laissé en vrac comme ça, avança alors Naruto, en se retournant pour regarder cette salle atroce. Parmi les nombreux tubes accrochés au mur, il y avait des femmes, des hommes, des enfants. Le Sannin serpent n’avait sûrement pas eu de scrupules à s’en servir. « Sensei, je vais vérifier dans les documents qui ont été laissés. Il est possible qu’Oro-teme ait laissé des informations que nous pourrions utiliser. »

Tout en parlant, le blond s’était avancé jusqu’à la grande table au milieu de la pièce. Mais lorsqu’il posa sa main sur le document, il haleta fortement, avant de la retirer et de se la tenir douloureusement. Jiraiya se retourna aussitôt, alerté en voyant son élève se tenant douloureusement le bras. « Qu’est-ce qu’il y a Naruto !? » s’exclama-t-il. Naruto grogna sous la douleur. « C’était un Fuuinjutsu de garde… Je n’ai pas pensé qu’il avait enfermé des Kanashibari de type Raiton… Bon sang, qu’est-ce que ça fait mal ! » Mais aussitôt eut-il prononcé sa plainte qu’il se tue et regarda son maître. « C’est quoi ce bruit de grésillement ? Tu l’entends aussi, pas vrai Naruto ? » Le jeune Uzumaki hocha la tête. Ils virent alors partout dans la salle et dans le couloir des centaines et centaines de notes explosives, se révélant colées au mur, se mettre toutes à s’allumer.

- Merde !! Le Fuuinjutsu qui m’a électrocuté a dû allumer les notes à son activation. Sensei, partons d’ici !

Jiraiya s’empressa de prendre la main valide de son élève. Ils disparurent aussitôt dans un léger scintillement, alors que la base cachée explosa quelques secondes après, emportant toute information potentielle avec elle. Naruto et Jiraiya apparurent à l’entrée de la grotte, avant de tomber négligemment au sol dans un soupir de soulagement. Jiraiya se réjouit du fait que son élève eut appris un jutsu aussi pratique que le Hiraishin, et Naruto lui, se réjouit du fait qu’il avait pensé à placer une balise à l’entrée de la grotte. Ils regardèrent un instant la grotte qui venait de s’effondrer sur elle-même, après qu’une déflagration en soit sortie, et qu’elle n’ait affaibli la stabilité du tunnel… Scellant ainsi ce lieu maudit. Peinés, ils essayèrent d’oublier ce qu’ils avaient vu et senti à l’intérieur.

- J’ai encore du mal à comprendre comment Orochimaru  a un jour pu être ton ami, Sensei.

- Crois-moi, j’ai aussi du mal à le croire… Mais n’oublie pas que tu es dans un cas identique avec Sasuke. Ces deux-là sont le même genre de personne, et ne t’attends pas à voir un Sasuke différent d’Orochimaru.

- Je sais, sensei. Je sais bien. Je ne l’oublierais pas.

Ils regardèrent alors l’antre scellée, pensifs. Cela n’avait pas été aussi dangereux qu’ils avaient pensé en y entrant. Le Hiraishin obligeait. Cependant, comme toujours, ce que l’on voyait dans ce genre d’endroit était à en perdre l’âme. Ces lieux maudits étaient des catalyseurs du crime et de la folie qui représentaient Orochimaru. Une vue que l’on n’oubliait jamais, à moins d’abandonner l’humanité. Une vue qui, malgré tout, ne signifiait malheureusement plus grand-chose aux yeux de Jiraiya et Naruto. Les deux avaient déjà trop vu pour souiller leur âme encore plus.

- Tu sais quoi, sensei ? hasarda Naruto, un sourire mélancolique s’étirant sur le visage. « J’ai honte de le dire… Mais je n’arrive plus à ressentir quoi que ce soit. »

Jiraiya le regarda curieux, en se demandant s’il parlait du ressenti à la vue des horreurs du village d’Otogakure. Comme si Naruto l’eut vu dans ses yeux, il répondit à l’interrogation de Jiraiya rapidement.

- Depuis le pays de l’eau, je veux dire… Je ne suis plus aussi écœuré en voyant des cadavres… En fait, ça ne me gêne plus. Est-ce un mal, sensei ?

Son maître le fixa longuement, semblant réfléchir pour donner une réponse à son élève. Naruto avait changé… Jamais son filleul n’aurait avoué être insensible à la mort auparavant. Mais c’était tout à fait compréhensible. En fait, Jiraiya ne pouvait pas nier qu’il s’attendait à ce que son élève obtienne ce point de vue sur la mort. 

- Ce n’est pas un mal. C’est ninja, Naruto. Un ninja doit supporter la vue de la mort, peu importe sa vision du monde. Tant que tu arrives à discerner ce qui est juste et ce qui ne l’est pas, tu ne t’éloigneras pas de ton idéal, Naruto. N’ais crainte.

Pour seule réponse, l’Uzumaki acquiesça timidement. Il était particulièrement soulagé d’avoir son maître à ses côtés. Voyager avec lui à travers le monde était une source d’apprentissage très grande. Et il ne pouvait qu’être redevable envers lui. Le Sannin possédait après tout la fibre de la pédagogie. Un grand enseignant.

- Merci, Ero-sensei ! dit-il alors avec plus d’assurance.

- Yare, yare ! Et moi qui pensais que tu avais finalement décidé d’être respectueux avec moi ! lança Jiraiya, ludique.

- Peu importe ce que tu feras, Ero-sensei ! Tu resteras toujours un vieux pervers !

Jiraiya éclata de rire à cette réplique. « Je ne suis pas un pervers, gaki ! Je suis un SUPER-pervers ! Ne l’oublie pas ! » A son tour, Naruto émit un petit rire.

« Sans doute, sensei… Sans doute… »

***

Une semaine plus tard.               

                Le jour se levait et le soleil montait dans le ciel alors que Naruto et Jiraiya observaient l’océan sereinement. Cela faisait maintenant trois jours qu’ils avaient quitté Anko no Kuni. Peu après la découverte de la base secrète d’Orochimaru dans le pays, ils avaient cherché du mieux qu’ils pouvaient la région, en essayant de débusquer d’éventuels anciens occupants du lieu maintenant scellé. Les recherches rapides en furent néanmoins vaines. Le collaborateur de Jiraiya étant mort, le peu d’information qu’il aurait pu recevoir sur le pays fut envolé. Perte ou non, ensuite, tout en dépendait de l’avis. Orochimaru, le Sannin aux serpents, était un maître dans la fuite, la dissimulation et le contre-espionnage. Jiraiya n’avait donc pas eu grand espoir.

Restant un jour dans le pays pour avoir une séance d’entraînement avec Naruto, les deux hommes furent partis au crépuscule, embarquant sur un bateau de transport en direction du nord, voguant sur les mers calmes du large de la péninsule ninja. Et ils en étaient là, patients et détendus, à observer l’horizon infini. Appuyés sur la balustrade, chacun réfléchissait à ce qui allait advenir de leur quête. Ils n’avaient ni direction précise, ni objectif particulier. Ils ne faisaient qu’errer sur la péninsule, en acceptant au gré de leurs honoraires, diverses missions plus ou moins dangereuses. Telle était leur quête. Et leur prochaine destination était le pays situé au nord d’Anko no Kuni… Nami no Kuni, le pays des vagues. Leur bateau faisait route, ou plutôt chenal, droit en direction de Nami… Et ce, à la joie des deux ninjas. Particulièrement à la réjouissance de Naruto, qui trépidait d’impatience de revoir le pays des vagues…

Après tout, Nami no Kuni était l’un des trois pays auquel il était lié le plus… En tant que ninja de Konoha, en tant que Senju et Namikaze, le pays du feu était le premier pays auquel il devait le plus. Mais, le pays des vagues restait facilement le second, de peu d’ailleurs. Il était le héros du pays des vagues, et son libérateur. Mais il était aussi un noble du pays, même si peu étaient disposés à le savoir. Pays auparavant appelé Uzu no Kuni, le pays des tourbillons. Grace à son existence et ses actes en Nami, le pays avait recousu les liens avec le pays du feu qui furent autrefois coupés, à sa première destruction.

Mais le pays ne lui était pas précieux uniquement parce qu’il s’y était battu. Non. C’était dans ce pays même qu’habitait l’une de ses deux dulcinées. Si Mizu no Kuni, le pays de l’eau, était une nation qu’il chérissait, pour s’y être battu mais aussi pour y abriter Mei Terumī, Nami no Kuni abritait quant à elle Emiko Atsu… Et si fréquemment, il était appelé par Mei pour des « entrevues » particulièrement urgentes grâce à son Hiraishin no jutsu, ce n’était malheureusement pas le cas d’Emiko… Cas qui serait rapidement résolu, lorsqu’il lui rendrait visite, lui donnant donc les moyens pour qu’elle puisse le revoir quand l’envie l’en prendrait.

Heureux. C’était ce terme. Naruto était heureux. Il était réellement libre. Personne ne lui dictait sa vie… Il allait là où bon lui semblait. Il faisait ce qu’il voulait, se débrouillait, et Jiraiya l’accompagnait avec bienveillance. Chaque jour, à chaque réveil, il chérissait un peu plus ce qu’il vivait. Parfois tôt à l’aube dans un sac de couchage alors que Jiraiya dormait lui aussi, à quelques mètres en face. Parfois dans la nuit alors que ce même homme ronflait, inconscient de tout mis à part de son petit confort temporaire. Parfois, dans la matinée, dans un lit chaud alors que serré contre lui se trouvait Mei, assoupie et souriante. La chaleur de son corps, la douceur de ses caresses, la jouissance à son touché. La lumière fugace du soleil, et ses rayons lui réchauffant légèrement la peau. L’argent ne manquant pas, via les missions et les rémunérations de leurs livres respectifs, les deux, maître et élève, pouvaient palier à tout leur besoin… Dans la mesure de la décence en ce qui concernait Naruto…     Mais cette ambiance de sérénité changea finalement bien vite à l’entente des petits ricanements que Naruto entendit, et qu’il identifia de rires « malintentionnés », dès lors qu’il réalisa que c’était son sensei qui riait. Il avait dû imaginer quelque chose.

- Qu’est-ce qui t’arrive sensei ? Pourquoi tu rigoles comme ça ? demanda Naruto, suspicieux depuis que son parrain n’avait commencé à ricaner… Evidemment, il savait que l’homme avait imaginé quelque chose.

- Héhéhéhé… Je viens de comprendre pourquoi tu es particulièrement joyeux ces derniers temps, et pourquoi tu es si pensif… J’oubliais que tu es le héros de Nami no Kuni… Je me demande quel accueil ils vont nous donner en te voyant toi, le grand Naruto Namikaze, Nidaime Kiiroi Senkō, le libérateur ! Les dames seront ravies… Héhéhéhé…

- Grrr… Arrête de rire comme ça, pervers stupide… grommela alors Naruto, n’aimant absolument pas la taquinerie. « Aucune fille dans ce pays ne pourra me toucher hormis Emi-… »

Le blond avait interrompu sa phrase, plaquant ses mains sur sa bouche en s’empêchant de parler… Réaction futile, lorsqu’il aperçut soudainement l’immense sourire pervers et enragé de son idiot de maître… Il avait deviné, c’était évident…

- Emi… ? Emi comme Emi de Emiko… ? titilla alors le Myōbokuzan no Sennin, se penchant du côté de son élève comme s’il allait lui dire un secret à l’oreille. « Emiko-chan… Non ? Alors c’est à Nami qu’elle habite… Hohoho… Je vois déjà le scénario !!! »

Aussitôt, Jiraiya sortit son calepin, avant de prendre un crayon de sa poche et de se mettre à écrire, toujours avec ce sourire immense. Apparemment, il avait l’air inspiré. Naruto soupira, abandonnant la bataille pour cette fois. Il s’était fait avoir lamentablement… Comme à chaque fois à vrai dire. Triste réalité. « Je me demande comment elle est ! Est-elle jolie ? A-t-elle des gros seins ? Est-ce qu’elle a de l’endurance !? » s’exclama Jiraiya sans arrêter sa rédaction au rythme sans équivoque. Naruto le regarda, dépité de passer à chaque fois aux yeux de son maître pour un spécimen d’étude louche…

- Heu… de l’endurance ? demanda-t-il alors que Jiraiya releva la tête. « Comment ça, de l’endurance ? »

- Oui, de l’endurance, Naruto ! De l’endurance au lit ! En sachant que ta Mei-chan est une Kage, il faut que ton autre fille assure au lit !! s’écria alors l’ermite des crapauds, sous la tête impassible de son élève, et légèrement dégoûtée et méfiante des personnes qui avait entendu ce qu’il venait de dire.

- … Tout d’abord, pourquoi Mei-chan aurait-elle de l’endurance dans… dans…

Mais Naruto ne termina pas sa phrase, alors qu’il se mit à rougir progressivement, sous le regard entendu de son maître. Evidemment, Jiraiya savait très bien que le garçon ne manquait pas de disparaître dans un Hiraishin à un moment aléatoire de la journée, et de revenir quelques heures après, l’air ahuri et euphorique, voire le lendemain avec un immense sourire ravi sur le visage, qu’il gardait généralement toute la journée. Le cinquantenaire savait très bien où Naruto était appelé, et ce qu’il y faisait… Après tout, qui d’autre qu’une femme super chaude pouvait se permettre de demander la présence continuelle et les disparitions inexpliquée du jeune et téméraire Nidaime Kiiroi Senkō… Pour que celui-ci revienne avec un air béat et idiot…

- Oui heu… Hum, proféra Naruto, en essayant de reprendre son air digne plutôt que l’air tomate mûre. « Je ne vois pas le lien entre être Kage et être bon dans des domaines plus particuliers… Et non, je ne te dirais rien d’Emiko-chan ! Ça te donnerait encore plus de raison de l’espionner et ça c’est hors de question ! Elle est à moi ! »

Jiraiya l’observa muet, comme s’il fut en transe, avant de se remettre à écrire avec un ricanement. « Hohoho quelle réaction… Elle est à moi hein… ? Tu es vraiment une mine d’or gaki ! Même en parlant tu me donnes des idées… ! » répondit-il avant que Naruto ne comprenne qu’il venait d’inspirer Jiraiya juste avec ses mots… Ça ne l’énerva qu’encore plus. Il n’y avait aucun moyen de vaincre ce pervers… Désespérant. Il voulait en pleurer. Mais une chose était certaine. Il n’allait jamais laisser cette andouille approcher SA Emiko-chan. La jeune femme elle, n’avait après tout pas moyen de fondre les parties intimes de l’homme. Et connaissant le genre d’homme qu’était Jiraiya, il savait très bien que ce dernier n’allait pas manquer d’approcher Emiko pour lui faire des remarques et suggestion dont il ne souhaitait absolument pas connaître la nature…

- Dis-moi sensei… Est-ce vraiment sûr que j’ai un Kekkei Genkai ou est-ce que c’est seulement une supposition ? questionna alors Naruto, changeant de sujet et prenant un air plus sérieux.

- Pourquoi cette question ? Par rapport à quoi désires-tu savoir la réponse ? demanda alors Jiraiya, lui aussi ayant laissé de côté la situation précédente. « Est-ce par rapport à tes capacités ? Ou alors social, comme le fait que cela pourrait même t’attribuer un rôle géniteur ? »

Naruto réfléchit alors. « A vrai dire… Un peu des trois. Je veux savoir si c’est réellement certain que je dispose d’attribut génétique. J’ai choisi d’aimer à la fois Emiko-chan et Mei-chan, mais pas par l’intermédiaire d’éventuel attribut génétique… C’est par propre choix. D’ailleurs, je ne sais même pas si Emiko-chan acceptera… » Jiraiya soupira légèrement, posant sa tête sur sa main, accoudé.

- C’est une supposition. Mais… En même temps ça ne l’est pas. Je ne peux pas certifier, là, que tu es détenteur d’un Kekkei Genkai. Seul des appareils électroniques peuvent confirmer la présence d’un gène particulier sans que celui-ci ne se soit déjà manifesté. Cependant, il est évident que tu en dispose d’un Naruto. En fait, il est possible que tu disposes de plusieurs Kekkei Genkai.

- De plusieurs ?

- Oui. En tant que Senju et Uzumaki de sang direct, je peux d’ores et déjà dire que tu manifestes leur Kekkei Genkai du corps, vu la quantité de chakra que tu as, sans que ce ne soit par défaut prodigué par Kyuubi. Tu as tellement de chakra qu’il est impossible d’en déterminer le seuil. Ensuite, en tant qu’Uzumaki, un second Kekkei Genkai possédé par les Senju et Uzumaki… Celui de réprimer et contrôler parfaitement les Bijuus. Ton arrière-grand-père, ton arrière-grand-mère et ta mère disposaient tous les trois du pouvoir de réprimer et contrôler Kyuubi avec facilité par leur propre chakra. C’est peut-être pour ça que comme Kushina et Mito, ta condition de Jinchuuriki est aussi parfaite. Car en effet, il est très difficile de stabiliser un Jinchuuriki, même avec un bon sceau.

Naruto l’écouta, pensif. Il ne pouvait plus vraiment douter de posséder au moins un Kekkei Genkai avec ces explications.

- Mais pas seulement. Génétiquement, il est encore très difficile de prouver l’existence de Kekkei Genkai ne concernant pas le chakra. Car la génétique chez les ninjas touche normalement le chakra uniquement… par exemple, même le développement des os du clan Kaguya est issu de leur chakra. Mais toi, je suis convaincu que tu disposes, tout comme le clan Uzumaki, du premier Kekkei Genkai ne touchant pas le chakra, mais le cerveau. Tu as une évolution génétique cérébrale qui te favorise à la compréhension du fuuinjutsu.

- Et ce n’est pas lié à notre chakra ? hasarda Naruto. Il pouvait lui aussi connaître beaucoup de chose, mais concernant le chakra, il s’intéressait plus au ninjutsu qu’aux Hijutsu. La génétique de base l’intéressait, mais pas la génétique shinobi.

- Non, ce n’est pas lié à ton chakra. Je t’ai observé, et Tsunade et certains médecins avaient déjà observé Mito et Kushina. Les flux de chakra dans vos cerveaux n’ont jamais touché à quoi que ce soit. C’est bel et bien génétiquement cérébral.

Naruto acquiesça. Finalement, ce Kekkei Genkai n’était qu’indirectement ninja. Un Kekkei Genkai de connaissance.

Car il existait plusieurs types de Kekkei Genkai. Le Kekkei Genkai étant à la base une optimisation particulière d’un individu car le chakra développait le corps.  Les plus référencés et les plus dangereux directement étaient des Kekkei Genkai élémentaires, qui prédisposaient à l’utilisation d’éléments de natures normales ou avancées. Il existait aussi les Kekkei Genkai de corps, ou le chakra modifiait drastiquement le code génétique, et pouvait donc déformer les cellules du corps. Cela donnait des capacités innées telles que le dōjutsu, très rares, ou des capacités comme celles des Kaguya, le chakra permettant à la structure osseuse de croitre et durcir excessivement.

Et là, Naruto venait d’apprendre qu’il était fort possible qu’il dispose de Kekkei Genkai, dont un d’un type particulier, car ce dernier n’était pas dû à l’intervention du chakra.

- Mais ce n’est pas tout, Naruto. Il est techniquement impossible pour une personne sans capacité particulière d’avoir trois affinités élémentaires. Tu disposes du Fūton, du Raiton et du Suiton. En sachant qu’en plus, le Raiton et le Fūton sont deux natures opposées, c’est obligé que tu ais un Kekkei Genkai élémentaire liant les deux éléments pour disposer des deux. Jamais un seul ninja n’a eu sa feuille de chakra se foudroyant tout en se coupant net, avant de se liquéfier. C’est un Kekkei Genkai, aucun doute.

- J’imagine… Ben, de toute façon, si c’est un Kekkei Genkai, je devrais pouvoir créer du ninjutsu en manipulant normalement les deux natures simultanément, voire faire des jutsu nécessitant la combinaison des deux natures. Mais en sachant que le Raiton et le Fūton se repoussent comme deux aimants polarisés de façon identique… C’est techniquement impossible, ça aussi, sensei.

Jiraiya le regarda, perplexe. Il le regarda avec sarcasme, et répliqua.

- On dirait que t’oublis que ce cas est pareil avec le Suiton et le Katon. Et pourtant, ta Mei-chan arrive à créer de l’acide pour me frire. Impossible est relatif, gaki. N’oublie jamais ça.

Naruto soupira, s’affalant négligemment contre la balustrade, observant avec absence les petites vaguelettes percutant la coque du bateau. Encore une fois, Jiraiya avait raison.

- Si tu le dis, sensei, ça doit être vrai. Nous verrons.

- Certes, gaki.

***

Nami était un petit pays. Il y avait trente ans, il s’était reformé avec à sa tête un petit daimyo anonyme dans  le monde, avec un petit essor commerçant. Trop dévasté après sa destruction durant sa vie en tant qu’Uzu no Kuni, la reconstruction avait été longue. Peu d’habitant avaient d’ailleurs souvenir de cette époque, comme elle fut très sombre et froide, lorsqu’il n’y avait plus rien eu que des pluies incessantes, des ruines, et le silence absolu de la défaite. Le génocide d’Uzushiogakure était tu, comme cela avait été l’un des évènements les plus honteux de l’histoire de la péninsule. Plus d’une demi-douzaine de villages s’était liguée pour massacrer les habitants d’Uzushio jusqu’au dernier.

Aujourd’hui, les ruines d’Uzushio étaient ainsi perdues, cachées parmi les jungles du petit pays. C’était un voile du passé, la mélancolie de la honte et l’amertume de la mort qui éprenaient le triste ou le repentant  qui ressassait l’histoire du village des légendaires utilisateurs du scellement. Aujourd’hui, peu s’en souvenaient. Et ces derniers désiraient mourir en emportant avec eux le secret qui révélait la lâcheté absolue du monde et des hommes. Les ennemis d’un jour avaient arrêté leur guerre pour s’unir spontanément, momentanément, et attaquer un village paisible dans le dos. Kumo, Iwa, Ame, Hōchi, et quelques autres villages.

Uzushiogakure no satō, le village caché des remous. Connu aussi sous le nom du « village du temps », pour le fait que le clan Uzumaki avait un corps très sain et résistant. La longévité des membres du clan, qui étaient très majoritairement féminins, pouvait atteindre jusqu’à deux cent cinquante ans. Cela s’expliquait par le fait que le corps, baigné en permanence par des quantité pharamineuses de chakra de qualité, propre aux Uzumaki, était entretenu et maintenu beaucoup plus que n’importe qui dans le monde. Même les Senju, qui pourtant avaient un phénomène similaire – bien que moindre – ne pouvaient atteindre un tel âge. Mais chez les Uzumaki, l’âge fréquent était de cent quarante ans. Mito Uzumaki était, elle, morte bien plus rapidement par affaiblissement à cause de plusieurs grossesse en présence de Kyuubi, ajouté à la surutilisation de son chakra, des nombreuses blessures de guerre, de régénérations instantanée trop nombreuses et du stress obtenu à avoir une vie de dirigeante de Konoha en tant de guerre, de chagrin à cause de perte d’être cher… Et de nombreux autres facteurs. Si Mito Uzumaki avait vécu une autre vie, sans Kyuubi ni guerre, elle aurait encore été vivante et en bonne santé aux temps actuels.

Tout ceci était oublié, emporté et noyé dans les flots éternels du temps et du changement. Les Uzumaki, la gloire du fuuinjutsu ainsi que la terreur que donnait Uzushiogakure aux autres villages ninjas étaient des vestiges d’une époque révolue. Des vestiges, des bastions de mémoires, qui avaient résidé dans les derniers représentants du mythe. Naruto était l’un d’eux. Sans nul doute le dernier aujourd’hui. Et là, à observer au loin la resplendissante île-pays de Nami no Kuni, il se promettait de rendre fier les légendes qui l’avaient précédé. Car il était le mélange totalement homogène de trois noms et trois sangs bleus. Un Senju de la forêt, un Uzumaki du tourbillon, et d’un Namikaze, icône de la vitesse. Il avait tout pour lui.

« À tous les passagers, votre attention s’il-vous-plait. Le bateau est en approche de Nami no Kuni. Il est demandé aux occupants des cabines de troisième et seconde classe de commencer à quitter leurs quartiers. Le bateau arrive dans trente minutes. Nous vous remercions pour avoir utilisé notre compagnie, et espérons que vous avez passé un agréable voyage. »

Cela avait été le message du personnel du bateau, prévenant les occupants du bateau qu’ils approchaient Nami no Kuni. Naruto, en entendant ce message, ne put s’empêcher de sourire. Bien sûr, l’île était bien visible devant, et vu qu’il était venu sur le pont avec son maître avant les aurores – donc qu’ils avaient tous deux attendu depuis – ils avaient donc eu un long temps pour observer l’île qui mangeait toujours plus de leur champs de vision, au fur et mesure qu’ils s’y rapprochaient. Naruto appuya son dos contre la rambarde, et le dos à la mer, il observa alors l’espace accueillir petit à petit les passagers du bâtiment. De temps en temps, il tournait la tête vers la droite, à l’avant du bateau, où il pouvait regarder Nami. Au loin derrière l’île, à peine visible, une simple ligne floue et légèrement foncée, la côte de Hi no Kuni, s’étendait. Du côté de la mer, l’Uzumaki pouvait apercevoir les formes presque imperceptibles de quelques îles secondaires de l’archipel de Nami.

« Vous avez vu… Les deux-là… Ce sont eux… Les rumeurs qui disaient qu’ils étaient sur le bateau étaient vraies… » Naruto entendit plusieurs personnes murmurer entres elles. Quand il vit que ces dernières les regardaient plus ou moins discrètement lui et son maître, il réalisa qu’il était le sujet de leur conversation. Il resta impassible, mais jura intérieurement. Encore une fois, on l’avait reconnu. A moins d’être dans des villages perdus au milieu de nulle part, il était impossible pour lui de passer inaperçu en circulation libre. Et même dans ces villages, il était tellement visible à cause de son apparence qu’il était toujours un sujet de discussion. Des fois, les gens se demandaient qui il était car ils ne l’avaient jamais vu, d’autre fois, ils se posaient la même question mais parce qu’ils étaient intéressés de quelconque façon… Et d’autre fois, il était juste reconnu.

L’opinion publique sur lui était assez diverse. Ce qu’il savait d’ores et déjà, c’était qu’en se révélant dans le monde ninja, tout n’allait pas bien se passer. Il était haï intensément quelque part sur le continent, il en avait parfaitement conscience. Il ne pouvait pas certifier qu’Iwagakure se positionnait hostilement par rapport à lui, le temps pouvant faire changer les choses, mais il ne doutait absolument pas du fait qu’au moins une bonne partie des ninjas d’Iwagakure ne désiraient rien de moins que sa mort et son malheur... Ainsi que sans doute d’autres ninjas et non ninjas dans le monde.

Minato était un ninja. Il avait bouleversé des univers, assurément, que ce soit directement ou indirectement. Mais le pire restait le domaine symbolique des choses. Minato Namikaze pouvait avoir été indulgent, idéaliste, pacifiste, mais au-delà de son individu demeurait le symbole. Il était l’Hokage, il était Konoha. Et il était le second roi du pays du feu. En tant que tel, les anciens ennemis et ennemis actuel de Konohagakure ou de Hi no Kuni l’étaient donc de Minato, et Naruto faisait indubitablement partie du symbole de Minato Namikaze. Et quiconque était lié à Naruto était donc susceptible d’être lié à la symbolique de haine, de peur ou de culte du nom « Namikaze ». Mais ce n’était pas tout. Non seulement il était le sujet polémique du moment à cause de son nom, mais en plus à cause de lui-même. Il était apparu dans le monde pour la véritable fois, à la fois en tant que chef de guerre, et à la fois en tant que libérateur. Son profil était atypique, à la fois rassurant et menaçant. Ce qui doublait l’intérêt du tiers monde à son égard. Des fois, reconnus, il était sujet de méfiance, de peur, voire d’hostilité des personnes alentours, et inversement, d’admiration et de convoitise.

« C’est Jiraiya des ninjas de la légende… » ; « Et regarde l’autre… C’est Naruto Namikaze… » ; « Naruto Namikaze… Le fils du Yondaime Hokage… Des gens disent qu’il a tué plus de mille personnes à lui tout seul… Vous pensez que c’est vrai… ? » ; « Vrai ou pas, c’était contre l’armée de Kiri… Après tout, on dit qu’il est l’un des ninjas les plus forts du monde… Je n’en reviens pas de le voir de mes propres yeux… » Et cela continuait. Ils parlaient et parlaient… Curieux, mais pas inquiets. Konoha avait la réputation d’être un village très droit et qu’elle ne tolérait pas les crimes. Les jugements et exécutions nombreuses des ninjas de Konoha ayant commis des crimes de guerre après l’armistice et la venue du Yondaime Hokage étaient connus de tout le continent. Et par logique déductive, en tant que visage récent de la feuille et fils du quatrième, Naruto Namikaze n’était pas censé commettre de crime.

Naruto les écouta à moitié, d’une oreille distraite. Il n’avait pas besoin de rester sur ses gardes. Son sensei l’était constamment, et si une personne assez qualifiée pour l’atteindre entrait dans son espace, Jiraiya pouvait intervenir dès lors que cela devenait dangereux. D’ailleurs, il regarda du coin de l’œil son maître, ne loupant pas le moins du monde son mince sourire. Il devina que le Sennin sourit à l’entente des quelques commentaires sur eux deux… C’en était presque touchant.

- Ils sont comme ça ici… commença Naruto, le ton légèrement pensif. « S’ils sont comme ça ici, je n’oses même pas imaginer les réactions des habitants du pays des vagues… J’ai toujours voulu revenir ici. J’ai beaucoup de raison d’aimer ce pays après tout. C’est la terre de mes ancêtres… Enfin. J’espère seulement que je retrouverais Emiko-chan. »

Comprenant que son élève était sérieux, le sage des crapauds acquiesça. Lui aussi voulait rencontrer Emiko. Au-delà des petites blagues qu’il envoyait à son filleul, il tenait réellement à la connaître. Elle était après tout celle qui avait donné l’inspiration à Naruto, et entre eux deux, ils se comprenaient sur le fait que l’inspiration pour un écrivain, était quelque chose de sacré. L’inspiration, issue du plaisir, de la passion, de la motivation. Tout un mélange d’émotion qui ouvrait une porte à l’esprit pour s’exprimer dans toute sa précision, son expression. Qui plus était, encore au-delà de ça, Naruto était comme un fils pour lui. Il tenait à voir quel genre de fille elle était. Mei Terumī était jolie et responsable, elle était donc un choix tout indiqué en tant que compagne pour Naruto. Il voulait savoir si la dénommée Emiko était elle aussi digne d’être avec Naruto. Mais il ne se faisait aucune spéculation. Par défaut, si elle était une compagne de Naruto, elle devait donc être intéressante.

***

                Tsunade poussa un gémissement d’ennuis, repoussant avec dégoût la pile de rapport devant elle, grimaçant. Cette situation l’insupportait. Elle en avait particulièrement marre de rester cloitrée à longueur de temps dans ce bureau, à regarder un village dans lequel il ne se passait rien, mais absolument rien. Depuis le départ de Naruto, tout avait été trop calme et fade pour elle. Au moins quand il était là, sa présence pouvait briller aux yeux de la Sannin aux limaces, lui embellissant sa vie. Elle avait horreur de l’avouer mais elle craquait littéralement sur le petit garçon blond. Les personnes qui la connaissaient suffisamment pouvaient s’en rendre compte. Dans Naruto, elle voyait beaucoup de son petit frère adoré et de son défunt amant. Mais encore au-delà de l’image de Nawaki Senju et Dan Katō que lui envoyait Naruto, ce dernier lui envoyait aussi sa propre image, sa propre détermination, sa propre personnalité.

Au départ, Tsunade l’aimait seulement pour le fait qu’il lui rappelait Nawaki et Dan, ainsi que Minato et Kushina. Mais peu après, elle avait commencé à l’aimer pour plus que ces raisons-là. La vie du garçon avait été désastreuse. Le village avait ensemencé sa haine partout autour du petit Uzumaki, tout au long de sa vie, le stigmatisant. Elle avait ressenti ce dégoût immense, qui lui avait fait prendre conscience d’une chose. Naruto était courageux non pas parce qu’il était naïf, mais bien parce qu’il ne l’était pas, et qu’il savait ce qu’était la souffrance. Elle avait donc décidé d’apprendre réellement à le connaître, et voilà où tout ceci l’avait mené. Elle le considérait aujourd’hui comme sa famille. Ce qui était génétiquement vrai vu que tous les deux étaient cousins plus ou moins proches. Mito et Hashirama Senju étaient ses grands-parents comme ils étaient les arrière-grands-parents de Naruto. Pour elle, il était comme son petit frère ou son fils. Elle s’inquiétait lorsqu’il était menacé ou qu’il n’allait pas bien, elle souriait lorsqu’il était près d’elle et qu’il jouait l’andouille. Elle vivait lorsque lui, vivait aussi. C’était ça, le lien qu’elle avait avec Uzumaki Naruto. C’était son petit protégé qu’elle adorait et qu’elle ne voulait que couver.  

Mais ce qui se passait en ce moment avait la manie de l’angoisser au plus haut point. Son petit Naruto-kun était loin du village, elle ne savait pas vraiment où. Il était dans le pays du feu, dans d’autres pays, même des pays neutre voire à tendance hostile au pays du feu. Il se battait seul le long du chemin, il apprenait à survivre, et elle avait peur. Peur qu’il ne lui arrive quelque chose. Plus encore maintenant que le monde savait qu’il était le fils de Minato. Les ninjas, une fois que l’on sortait de la protection et l’insouciance d’un village caché comme Konoha, devenaient incontrôlables, imprévisibles. Ils étaient fourbes, avides, tout plein de haine et de folie. Ils usaient de moyens lâches pour détruire leurs cibles, jusqu’à rechercher le moindre lien accessible, la moindre chose utilisable. Après des années et des années d’errance loin de Konoha, elle ne le savait que trop bien. Seuls des ninjas comme elle, Jiraiya ou des Oi-nins de l’ANBU connaissaient la véritable cruauté du monde ninja à l’extérieur des murs des villages cachés.

Assassinats. Viols. Trafics humains. Menaces. Extorsion de fond. La fin justifiait les moyens. On ne reculait devant rien pour le profit, et l’argent était la solution exclusive à tout problème. Ce n’était pas un dieu, non. C’était un rêve fou, et c’était plus utile que dieu. Et même si Naruto était avec Jiraiya pour la plupart du temps, elle n’aimait en fait pas l’idée qu’il évolue dans la réalité. Elle préférait de loin une vie dans la niaiserie du paisible village caché de Konoha plutôt qu’une vie dans la dureté du tiers monde. Qui plus est, pour ne pas ajouter encore plus de peur à Tsunade, elle avait permis à Jiraiya d’envoyer Naruto participer à la guerre de Kirigakure.

C’était le pire dans tout cela. Elle ne savait maintenant plus du tout si Naruto reviendrait à la feuille comme avant. Elle priait chaque jour pour lui, espérant qu’il n’avait pas changé en mal après s’être vêtu du vêtement du tueur. Car elle était au courant. Un mois auparavant, les nouvelles de Naruto commençaient à s’ébruiter à échelle mondiale, et elle n’avait eu confirmation de telle chose qu’avec une lettre qu’elle avait reçue de… Kirigakure elle-même. Non, plus précisément de Mei Terumī. Naruto avait changé. Il avait tué. Plus encore. Il avait décimé à lui seul, de sang-froid, des centaines de ninjas, impitoyablement, avant de tuer le Mizukage Yondaime lui-même. Par conséquent, il avait permis à la résistance de Kiri d’investir le village et d’en reprendre le contrôle, devenant ainsi un héros libérateur dans un énième pays. Et ce pays qui désirait une alliance avec Konoha, par respect et gratitude pour les services rendus par leur héros.

Elle voulait le revoir. Elle trépidait inlassablement à cette envie de revoir son petit Naruto-kun. Le petit garçon exubérant était devenu un ninja reconnu et craint en très peu de temps… Toujours Genin hiérarchiquement dans Konoha, mais vraisemblablement ninja de rang S, et au sommet des hauts niveaux de Konoha. Le fait qu’il usait de la technique du Dieu du tonnerre volant le prouvait. Elle ne savait bien sûr rien de son ninjutsu mise à part ce jutsu – donc qu’il était le plus grand maître de fuuinjutsu de Konoha – et qu’il était apparemment un maître dans le ninjutsu élémentaire, à l’énoncé des trois éléments qu’il semblait maîtriser. Elle n’était même pas dérangée à l’idée que l’Uzumaki était plus fort qu’elle.

Tout cela faisait donc la situation au jour d’aujourd’hui. Ces évènements avaient entrainé de fortes réactions dans le monde, et Konoha n’avait pas fait exception. Car lorsque la nouvelle arriva dans le village… Ce fut LE grand scandale jamais eu depuis la mort du Quatrième. Elle eut choisi d’appeler ça « L’indignation générale ». La quasi-totalité des habitants de Konoha vouaient un culte divinatoire autour de Minato Namikaze. Yondaime Hokage, Kiiroi Senkō… Pour eux, c’était un mythe symbolisant la gloire et la toute-puissance de Konoha. Le fait que l’être le plus méprisé de Konoha était prétendument son fils avait allumé la rage et le dégoût de beaucoup de monde. Pour commencer, tous avaient ri et craché sur cette information, démentant le fait que le déchet qu’était Naruto Uzumaki était le fils de leur plus grand et charismatique héros. De même, lorsque l’information qu’il avait libéré Kirigakure presqu’à lui seul, éliminant Yagura et son armée après avoir recrée le Hiraishin no jutsu, ils l’avaient contesté, criant au blasphème. Ils avaient demandé immédiatement de rendre justice à cet affront, exigeant de reconnaître que Naruto avait volé l’héritage du Yondaime. Naruto était lui-même l’héritage du Yondaime. Tsunade en riait encore amèrement, à y repenser.  Ces fous de villageois avaient prévalu que Naruto était réellement un monstre pour tuer autant de monde… Quelle naïveté. Naruto venait peut-être de comptabiliser plus de mille victimes à son actif, mais certains ninjas dépassaient encore ce nombre… Et de loin pour certain. Ce n’était pas son cas à elle, mais elle savait que Minato, Jiraiya et Hiruzen avaient tué un certain nombre d’adversaires…

Dans tous les cas, même si elle avait voulu agir dans l’intérêt des villageois indignés, elle n’aurait pas pu. Déjà parce que Naruto était sous la responsabilité de Jiraiya. En tant que tel, toutes les libertés de services et libertés juridiques du titre de Sannin de Jiraiya s’étaient transmises à Naruto. Tout comme elle et Shizune, ou quelques années auparavant, Orochimaru avec Anko Mitarashi. Ajouté à cela l’immunité juridique directe de Naruto car il était l’atout principal de l’armée. En tant que Jinchuuriki, le rôle de Naruto était de se battre continuellement pour son village. Même si Konoha n’avait jamais fait de lui le Jinchuuriki qu’il devait être, le principe restait le même. Le but de sceller un Bijuu dans un humain était de prodiguer le pouvoir du Bijuu à l’humain. Tout son pouvoir. L’objectif envisagé était que l’humain devienne littéralement le Bijuu, tout en agissant dans l’intérêt des commanditaires de la création du Jinchuuriki. Tsunade savait par exemple que la majorité des Jinchuuriki actuellement existant contrôlaient tous plus ou moins le pouvoir de leurs Bijuu. Yagura avec Sanbi à Kiri. Gaara avec Ichibi à Suna. Iwa possédant Yonbi et Gobi, Tsunade ne doutait même pas quant au fait qu’ils avaient créé deux Jinchuuriki depuis longtemps. Et connaissant le Sandaime Tsuchikage, Ōnoki des Ryuutenbin, c’était absolument prévisible que les deux armes humaines soient au maximum de leurs capacités. Yotsuki Bee de Kumo était lui aussi un parfait Jinchuuriki avec Hachibi, et elle avait eu vent d’une Jinchuuriki de Nibi à Kumo également. Taki étant proche allié de Konoha, elle connaissait aussi l’existence de Fuu, la Jinchuuriki de Nanabi. Cette dernière était d’après les rapports donnés par Taki gardée en sureté à l’intérieur du village, en attendant de la transformer en arme. En somme, mise à part le Rokubi et le Kyuubi, tous les autres étaient exploités activement.

Et c’était en pensant à ça qu’elle se rappelait de la situation du mois dernier. Les villageois intervenant, elle n’avait eu autre solution que d’annoncer officiellement que les nouvelles étaient belles et bien vraies. Naruto Namikaze du nom, était le fils légitime mais caché de Minato Namikaze avec son épouse, Kushina dite Namikaze, mais de nom de clan, Uzumaki. Qu’il était l’arrière-petit-fils de Hashirama Senju et de son épouse, Mito Senju, mais de nom de jeune fille, Uzumaki. Autant dire que cela avait fait encore plus émule et scandale, mais dans un silence absolu. Automatiquement, le haut conseil de Konoha réclama une audience avec la Godaime… Et elle dut accepter. Les souvenirs de cette réunion étaient encore clairs…

***

Trois semaines auparavant…

                Le conseil d’administration de Konohagakure no satō… Tsunade serra les dents imperceptiblement, alors qu’elle les regardait en faisant mine d’être détachée. Intérieurement, elle était contrariée, pour ne pas dire que la colère commençait à se manifester en la présence de ces personnes qu’elle méprisait… Voire détestait pour plus d’un. Le conseil était la principale pièce obstacle sur son chemin. Elle préférait avoir les querelles avec Iwagakure plutôt que ces individus tout aussi méprisants que méprisables. Leur arrogance n’avait d’égale que leur cupidité. Une cupidité qui n’était pas forcément identique à chacun. Certains étaient des conservateurs, d’autres des généralistes – Ces derniers, principalement des civils, cherchaient à centraliser les affaires civiles et ninjas –. Il y avait aussi quelques anarchistes, ne cherchant qu’à apposer leurs grains de sels à chaque affaire et y semer la discorde, réfléchissant d’une seule façon. Parmi tous, seule elle était une idéaliste. C’était d’ailleurs pour cela qu’elle tenait la ligne face à eux jusqu’à aujourd’hui. Car tout Hokage digne de ce nom se devait d’être idéaliste, pensant de façon optimiste de l’avenir. 

Le conseil était un organisme administratif. Il gérait aussi des tâches exécutives générales au village. Tsunade n’aimait absolument pas que le conseil ait droit de s’occuper de tâches exécutives pour le village, mais elle s’y était faite. Etant Hokage, sa parole restait absolue, et il était possible pour elle d’entraver chaque chose sans besoin d’explication, bien entendu, mais ce n’était pas aussi simple. Pas aussi simple pour une personne comme elle. Elle n’avait aucun objectif particulier quant à Konoha dans le monde politique, donc, par défaut, la tâche était de maintenir le village sur une bonne ligne. Ce manque d’action permettait donc au conseil de prendre progressivement de l’importance, renforçant son influence dans le village par des optimisations du système d’organisation… Généralement dans leur propre intérêt – d’où le fait que leur influence était donc grandissante, et la sienne décadente. –

L’assemblée était très hétérogène… C’était d’ailleurs un des problèmes qu’elle considérait comme l’un des plus gros… Pour la bonne raison qu’étant hétérogène, les intérêts étaient trop divers selon les membres du conseil. Cela engageait des conflits d’intérêts entre conseillers. A la base, cela n’aurait posé aucun problème pour Tsunade, cependant, c’était un conseil d’une trentaine de membre. Civils comme ninjas. Commerçant comme travailleurs ouvriers, chefs de clans ou doyens, représentants des rassemblements de villageois comme représentants des différentes factions ninjas. En somme, ils étaient tous ensembles trop imprévisibles pour qu’elle ne puisse les appréhender efficacement. Mais peu importait. Elle pouvait être tolérante, et très peu compétente dans la manipulation, quand il s’agissait de choses qui lui tenaient à cœur, elle se trouvait être aussi indélogeable que ne pouvait l’être une montagne.

Voyant que toute la salle s’accalmit, et que tous s’installèrent, Tsunade se tourna vers les doyens. Au milieu de cette atmosphère, la Godaime se sentit oppressée, isolée. Elle n’aimait personne ici, elle ne tenait pas non plus beaucoup d’estime à grand monde dans cette salle. Pas même les chefs de clans ne lui inspiraient confiance et l’ardeur combattante significative aux Senju. Cette ardeur dans les yeux que son défunt maître avait qualifié si longtemps de volonté du feu… Qui n’était en fait rien d’autre que la volonté de la paix, la volonté du bonheur commun… Et donc fondamentalement opposée aux personnalités manipulatrices et/ou dominatrices de la totalité des membres de ce conseil. Voyant donc que la petite Tsunade leur incita à démarrer la séance avec une prompte complaisance, reflétant implicitement son état de contrainte, Koharu Utatane, l’une des trois doyens de Konoha, décida d’exaucer sa silencieuse demande.

- Le conseil a été réuni urgemment suite à certains évènements qui viennent de bouleverser drastiquement le monde, tel que nous le connaissons, prononça-t-elle lentement, sans émotion apparente sur son visage, à l’instar de Homura Mikotado et Danzō Shimura, de part et d’autre d’elle. Cette attitude insupportait Tsunade, comme elle n’arrivait pas à prévoir ce que pouvaient préparer ces trois-là. En terme de manigance et de manipulation, ils étaient doués, si bien qu’ils pouvaient la leurrer, même elle qui était pourtant la Hokage. « Certaines choses qui étaient réellement imprévisibles se sont déroulées, et ces derniers jours, nous avons tous appris les nouvelles, avec plus ou moins de précision ou de véracité, selon l’individu et selon sa source. Nous sommes réunis ici pour en parler, et pour réagir en conséquence. En tant que doyenne de Konoha, je demanderais à chacun implication, honnêteté et modération. »  

Tsunade regarda la vieille manipulatrice du coin de l’œil, extrêmement méfiante. Elle savait sur quoi allait porter la réunion. Sa position dans le débat allait être claire et précise… Naruto ne leur appartenait pas. Car il allait être l’un des principaux sujets de débats de la réunion, et elle ne pouvait se permettre de leur laisser la possibilité de le manipuler. La seule fois où le conseil s’était véritablement intéressé au jeune Namikaze fut à sa naissance, là où sous l’erreur monstrueuse de Hiruzen de laisser passer une telle chose, ils le condamnèrent à vivre dans la haine et dans l’abandon. Où ils le condamnèrent à être le véritable premier Jinchuuriki de Konoha. Mais cette fois, le Hokage ne l’abandonnerait pas. Naruto était à elle. La seule dans ce village damné à pouvoir décider et dicter la vie de Naruto n’était autre qu’elle. Quiconque osait remettre sa parole en doute allait en subir les conséquences.

 - Tsunade-san, si vous vouliez bien expliquer, demanda avec amabilité un Danzō d’ordre courtois.

Là encore, elle savait qu’il manipulait. Lui faire commencer le débat la mettait par défaut en position de défaveur vis-à-vis des autres occupants de la salle, mais étant donné qu’il avait été poli, elle ne pouvait refuser, même poliment, auquel cas là encore elle serait remarquée particulièrement. Elle se résigna alors intérieurement.

- Merci, Danzō-san, dit-elle rapidement, se répugnant de prononcer une telle chose. Encore une fois, elle n’avait pas le choix. Les enjeux étaient trop gros pour se révéler aussi tôt. « En effet, des évènements récents ont agité le monde ninja. Cela peut en effet provoquer une ère de changement sur la péninsule. Je n’irais pas jusqu’à dire drastiques, mais visibles, oui, certainement. »

Les divers conseillers se regardèrent discrètement durant quelques secondes, avant de revenir à l’écoute. Tsunade reprit alors.

- Il y a plusieurs mois, j’ai reçu une demande de soutien militaire du mouvement de résistance à Kirigakure, qui était dirigé par Mei Terumī. J’ai malheureusement été dans un premier temps obligée de refuser, tout en le gardant confidentiel, car les enjeux diplomatiques auraient été trop lourds, et les autres villages auraient pu intervenir. Cependant Jiraiya a réussi à intercepter l’information. Il m’a convaincu d’accepter la demande de Mei Terumī. Il m’a incité d’y envoyer Naruto Uzumaki seul. Car Naruto a évolué de façon phénoménale. Sous l’enseignement de Jiraiya ces dernières années, il a rattrapé tout le retard qu’il avait accumulé à cause de sa stigmatisation dans le village… - 

- Qu’insinuez-vous, Tsunade-sama ? coupa net un des membres du conseil. C’était le capitaine de la faction Chūnin de Konoha.

Le silence s’installa aussitôt, et personne n’osa se manifester. Tsunade venait de s’arrêter, et l’expression sinistre sur son visage, surtout au regard glacial, convainquit à tous de ne surtout pas attirer l’attention. Le chef des Chūnins venait de se mettre en difficulté. Mais ce fut bien le fait que Tsunade avait arrêté de parler qui inquiéta particulièrement les conseillers. Actuellement, Tsunade était le ninja le plus fort du village… Et derrière cet air habituellement négligeant et détaché se cachait un ninja. Ce n’était pas parce qu’elle était une femme qu’elle était au secondaire… Avec elle particulièrement, ils ne pouvaient se permettre de brandir les jugements et assurances sexistes des hommes du pays du feu. Car elle était l’Hokage, et elle pouvait les tuer. C’était ce regard. Les doyens s’en rappelaient. C’était ce regard qu’elle avait durant la troisième guerre, à Amegakure. Peut-être que l’ancienne Tsunade n’était pas entièrement partie… Petit à petit, l’expression de Tsunade redevint calme, l’affront du Chūnin maintenant oublié. Ce dernier était crispé sur sa chaise, le cœur battant. Il avait échappé à la fureur du Hokage. Il avait eu de la chance. Mais ce n’était pas de sa faute. Il détestait tellement ce gamin Kyuubi que ça lui en donnait envie de le tuer, et la jalousie le torturait lorsqu’il voyait les gens avec ces mots à la bouche : « Fils du Yondaime » ; « Namikaze » ; « Héros » ; « Ninja de rang S ». Il était inconcevable pour lui que ce déchet ne soit même qu’un seul des quatre.  

- Comme je le disais, sous l’enseignement de Jiraiya, Naruto a rattrapé les années qu’il a perdu, d’où le fait que Jiraiya ait insisté pour que je l’envoie combattre à Kiri. Même s’il ne voulait pas m’éclairer sur les compétences de Naruto, je faisais confiance à Jiraiya. Bien qu’il n’en ait pas l’air, il reste l’un des ninjas les plus raisonnables existant et ne prend jamais de risques inutiles. J’ai donc accepté d’envoyer Naruto, en supposant qu’il était au niveau, dit-elle en regardant dans les yeux quelques conseillers, pour essayer de savoir si certains voulaient objecter. Elle reprit la parole après quelques secondes. « Mes suppositions étaient justes, comme vous l’avez tous appris. Naruto a terminé de lui-même la guerre entre Yagura et Mei Terumī. J’ai reçu des nouvelles de cette dernière. Elle m’y a décrit la qualité des résultats. Et en effet, les rumeurs qui circulent un peu partout dans le monde actuellement ne sont pas des infondés. Des questions ? »

Les conseillers réfléchirent tous. Chacun avait une façon de voir les choses. Mais aucun d’eux n’appréciait Naruto Uzumaki à sa juste valeur. Au mieux, ils avaient toujours préféré l’ignorer, au pire, ils l’avaient méprisé. Même si cette habitude de haine de dissipait lentement, c’était encore trop lent pour être perceptible sur une durée courte. Finalement, ce fut Tsume Inuzuka qui décida de prendre la parole.

- Hokage-sama, pouvez-vous nous éclairer sur le niveau de Naruto…? Il me semble logique que cette Mei Terumī aurait détaillé certains points de ce qui s’est passé…? Et aussi…  A titre personnel, j’aimerais savoir quelle rumeur est exacte…

Tsunade la regarda. Tsume Inuzuka… Hautaine, bornée, se basant le plus clair du temps sur des préjugés… Une Inuzuka dans l’âme. Elle faisait partie de ces personnes qui n’avaient prêté aucune attention à Naruto, même si ce dernier pouvait mendier à ses pieds. Mais le pire dans tout cela, c’était que cette femme avait été une connaissance des Uzumaki. Elle riait bien à la misérable qui se rendait compte qu’elle avait méprisé leur fils toute sa vie. De même pour les autres chefs de clan qui étaient de la génération de Kushina et Minato. C’était amusant de les voir douter.

- Naruto se révèle être un véritable génie. Tout est dit dans les livrets de renseignement. Naruto a combattu ces derniers mois à Kirigakure avant de finalement affronter de front les ninjas de Yagura. Son armée était composée de deux milliers d’homme. Il pensait pouvoir en finir avec la rébellion, mais c’est Naruto lui-même qui les a tués… Avec le Hiraishin, répondit finalement Tsunade, dans un sourire légèrement narquois.

Tous la regardèrent bouche-bée, n’y croyant pas. Seul Danzō ne manifestait pas de surprise. « Il sait… » réalisa Tsunade. Danzō était malin et ne reculait devant rien. Elle aurait à le surveiller.

- Non pas que je veuille vous manquer de respect, Hokage-sama mais… intervint alors Inoichi Yamanaka, amusé par ce que venait de dire Tsunade. Elle le reconnut comme le chef du clan Yamanaka et adjoint de la division torture et interrogatoire. Il faisait partie des personnes qui ignoraient et méprisaient Naruto lui aussi. « Je trouve difficile à croire que Naruto Uzumaki soit capable d’être… suffisamment compétent, pour prétendre vaincre des ninjas tels que le Yondaime Mizukage… Ce serait prétendre être plus fort que plusieurs d’entre nous, les meilleurs de nos clans respectifs. »

Les avis furent partagés. Certains approuvèrent Inoichi en riant, tels que les civils ou les ninjas n’aimant pas Naruto… A contrario des autres, qui considéraient avec sérieux ces nouveaux faits. Les doyens, Hiashi Hyuuga ou Shikaku Nara, chef respectivement des clans Hyuuga et Nara, et capitaine des Jōnins pour le second. Ils ne s’intéressaient pas à l’Uzumaki, mais ce n’était pas pour autant qu’ils n’en avaient aucune estime. En particulier avec Hiashi, il ne pouvait qu’être reconnaissant de l’Uzumaki pour avoir amorcé un mouvement de réconciliation entre les deux branches de son clan.

- Mais il l’est, répondit alors Tsunade avec un air ennuyé, sans gêne en affirmant une telle chose. Plusieurs conseillers hoquetèrent à l’affront de la Godaime Hokage. La tête appuyée sur sa main, accoudée de côté sur la table, elle regardait négligemment Inoichi dans les yeux. « Il est plus fort que vous tous ici. Je doute même être au niveau contre lui maintenant. Je suis peut-être une des Sannin et la Godaime Hokage, mais je ne pense pas être au niveau contre Yagura. En fait, ce n’est pas que je ne le pense pas. C’est seulement qu’aucun ninja de Konoha n’a les capacités pour combattre un Jinchuuriki, mis à part les Hokage et quelques exceptions. Des exceptions comme Naruto. »

- Mais l’Uzumaki n’est qu’un simple Genin ! s’exclama un conseiller civil, frustré à l’entente de tel fait.

- Et alors ? répliqua Tsunade, cinglante. « Êtes-vous tous tellement simples à en juger un ninja par son grade ? C’est en tant que Genin que Naruto a combattu et vaincu Ichibi no Shukaku durant l’invasion de Suna. »

Elle soupira. Comme d’habitude, ce genre d’entrevue ne menait nulle part. Il fallait qu’ils en viennent à l’essentiel, qu’elle puisse retourner à ses papiers. Elle les préférait au conseil.

- Et ce n’est officiellement plus Uzumaki. Maintenant que le secret a été brisé, Naruto a repris ses droits sur son nom légitime, conformément à l’accord officiel signé par le Yondaime Hokage. S’il le désire, c’est Naruto Namikaze, maintenant.

« Pourquoi le haïssent-ils à ce point ? Est-ce seulement parce qu’il est un Jinchuuriki ? Ça n’a plus aucun sens. Ils sont aveugles s’ils n’arrivent pas à reconnaître sa valeur. »

- Je m’y oppose ! Je m’y oppose totalement ! Je demande un vote officiel pour déshériter Uzumaki Naruto au profit des caisses de Konohagakure ! Les biens de Yondaime-sama appartiennent au village et non à lui ! s’écria un membre civil en se levant.

Aussitôt, la salle partit alors dans un brouhaha total, la presque totalité du parti civil soutenant bruyamment celui qui avait manifesté et exigé la demande de vote. Deux ou trois conseillers ninjas soutenaient aussi cette motion, dont justement le capitaine des Chūnins… Pour eux, il était hors de question de laisser le démon avoir un lien quelconque avec leur plus grand héros. Yondaime Hokage allait s’en retourner dans sa tombe selon eux. Autres que les trois conseillers ninjas demandant au vote également, le reste des membres du conseil shinobi furent surpris. Même Hiashi Hyuuga et Shibi Aburame regardaient cette manifestation avec de grands yeux perplexes. Etait-ce une plaisanterie ? Car cela prenait des proportions ridicules. Ils étaient clairement guidés par leur ressentiment. Les doyens restèrent calmes… Et Tsunade fut ahurie… Avant de partir dans un grand rire amusé, faisant ainsi cesser les revendications des membres du conseil.

- Etes-vous sérieux ?! s’exclama Tsunade tout en riant. « C’est une blague… ! »

- Il n’y a rien de drôle ! En tant que membres du haut conseil, nous exigeons une motion immédiate pour déshériter Naruto Uzumaki ! Nous sommes majoritaires ! Jamais cet individu ne devra porter de nouveau le nom de Namikaze !

Tsunade cessa aussitôt ses rires. Là, ils venaient de dépasser les limites.

- Asseyez-vous, dit-elle calmement, mais avec dureté.

- Vous n’avez pas compris, nous -

- Asseyez-vous, répéta-t-elle. « Je vous ordonne d’obéir. Ma patiente à des limites. Continuez, et je vous fais arrêter aujourd’hui pour haute trahison. Tous. »

Son ton ne laissait entendre aucune réponse, et pourtant, un conseiller insista – quand bien même ayant obéi à l’ordre de s’asseoir sur son siège. « Vous n’avez pas le pouvoir de faire ça, Hokage. » tonna-t-il avec mépris.  « Nous sommes du haut conseil ! » Tsunade s’en moqua, sous le regard inquiet des doyens et des chefs de clans.

- C’est amusant. Réellement. Vous avez de la chance que je sois tolérante aujourd’hui, civil. Je suis de bonne humeur car j’ai eu des nouvelles de mon petit Naruto… dit-elle, avant que ses yeux ne reprennent cette lueur de folie qu’elle avait eu avec l’intervention du capitaine Chūnin, accompagné d’un sourire mauvais encore plus effrayant et inquiétant que celui de Anko Mitarashi. « Mais ne vous méprenez pas… Je suis le Hokage… Si je voulais massacrer tous les civils du village et mettre Konoha à feu et à sang dès maintenant, j’en ai le pouvoir. Mes ANBU n’attendent que mes ordres pour se déplacer et commencer le massacre… ! Et j’irais commencer ça personnellement par vous ! Essayez seulement de me contredire, essayez seulement de m’arrêter si vous en êtes capable ! Je suis la plus forte dans ce village ! Alors essayez, misérables insectes ! Essayez de pourrir la vie de MON SUCCESSEUR, et je vous tuerais tous ! »

Ils serrèrent les dents, entièrement humiliés par la Godaime Hokage. Voilà donc qui était réellement Tsunade Senju… Ils étaient allés trop loin et l’avaient provoquée. « Cette femme est monstrueuse… » pensèrent-ils tous. Danzō lui, regardait l’interaction avec amusement. Il était amusé de voir les réactions de Tsunade lorsque l’on essayait de faire du mal  à Naruto. De toute évidence, elle tenait véritablement à lui. D’un autre côté, ça l’énervait sérieusement, car il constatait par-là que s’il voulait mettre la main sur Naruto, il aurait à affronter Tsunade directement à un moment ou un autre. Et si elle était habituellement reculée et absente pour tout, en ce qui concernait Naruto, elle était encore plus enragée qu’une lionne à qui l’on arrachait son petit. Mais peut-être était-ce là aussi sa plus grande faiblesse… S’il pouvait lui faire perdre ses moyens…

- Très bien, Tsunade, il est vrai que la réaction du conseil était injustifiée, car en effet son héritage revient de droit au petit de Minato-kun, commença Koharu, sous l’œil encore furieux de Tsunade. « Cependant, tu n’aurais pas non plus dû réagir de façon aussi extrême et immature. Après tout, le jeune Uzumaki Naruto est un sujet préoccupant. »

Tsunade la fixa un moment… Puis, finalement, décompressa aussitôt, se réinstallant mieux sur son siège, droite.  Ces idiots arrogants avaient eu leur leçon pour l’instant. « Très bien. Passons outre. La suite. »

- Et bien… hasarda Homura. « Qu’en est-il de son interaction sociale ? Il serait judicieux de choisir une épouse appropriée pour le jeune Naruto. »

- Pour mieux le manipuler ? répliqua aussitôt Tsunade, avant de secouer la tête de dépit. Polie ou non, la manipulation restait de la manipulation. « Non, le problème de l’épouse est réglé. »

Tous haussèrent un sourcil à cette réponse. Que voulait-elle dire par cette réponse ? Hiashi réagit alors, ayant peur de comprendre. Il ne savait pas du tout ce que voulait dire Tsunade par-là. En tant que père s’étant un peu plus intéressé à sa fille après les examens Chūnins ayant précédé l’attaque de Sunagakure, il avait remarqué le goût très prononcé de sa fille pour l’Uzumaki. Il ne savait pas quoi penser d’ailleurs de ça. Mais si Tsunade envisageait de lier Naruto et Hinata, il ne pouvait pas l’accepter. Pas maintenant en tout cas, c’était trop rapide. « Tsunade-sama… J’ai peur de ne pas comprendre ce que vous entendez par « Le problème de l’épouse est réglé »… Vous n’envisagez tout de même pas de… »

- De mêler votre fille aînée à un mariage arrangé ? devina Tsunade, un sourcil levé. « Rassurez-vous, Hiashi-san, loin de moi cette idée. L’épouse est simplement déjà choisie. Je demanderais d’ailleurs à ce que cette information reste confidentielle. »

- Qui est-ce, Tsunade ? demanda Koharu, les sourcils froncés.

Tsunade se tourna vers elle, avant de sourire avec ironie.

- Et bien, j’ai reçu plusieurs rouleaux de la part de Kirigakure. L’un d’eux était le rapport des actions de Naruto rédigé par Mei Terumī. Le second rouleau… n’était autre qu’une demande officielle d’alliance entre nos deux villages, en gratitude de Kiri envers Konoha, prononça Tsunade, sous l’extrême surprise de tous les membres du conseil. « Une alliance qui n’est illustrée par rien d’autre qu’un mariage politique entre deux ninjas de nos villages. Mei Terumī, qui est devenue la Godaime Mizukage, est la désignée, et Naruto est demandé. »

- Pardon ?! s’écria Homura, cette fois réellement surpris. « Vous avez accepté un tel compromis mais vous reprochez aux autres d’utiliser Naruto ? A quel jeu jouez-vous, Tsunade ? Cette femme a dix ans de plus que Naruto et est la Mizukage ! Elle pourrait tout aussi bien se servir de lui via ce mariage ! »

Tsunade rechigna à cette réplique, se sentant insultée. « Vous vous apprêtiez à faire la même chose ! D’ailleurs, vous me connaissez bien mal, Homura ! Jamais je n’accepterais d’agir dans le désintérêt de Naruto. Je n’avais juste aucune façon de m’opposer à ce mariage politique… Pour la simple et bonne raison que Naruto et Mei Terumī sont… en relation. » Enième surprise annoncée durant cette réunion…  Ils avaient appris que la guerre de Kiri était terminée, que Naruto était devenu un ninja extrêmement qualifié et qu’il avait libéré lui-même Kirigakure du Yondaime Mizukage en le tuant lui et son armée. Et maintenant, il venait d’apprendre que ce même Genin était maintenant amant avec la nouvelle Godaime Mizukage…

- Je sens le mal de tête venir… Mendokusai… geignit Shikaku en posant son front sur la paume de sa main, comme si sa tête fut alourdie.

- Et vous êtes d’accord avec ce genre de relation ? demanda Inoichi, curieux en regardant Tsunade.

Elle répondit aussitôt. « Evidemment. Cette Mei Terumī a passé plusieurs mois en compagnie de Naruto, et a combattu à ses côtés continuellement, en temps de guerre. Ils se sont rapprochés et ont tissé un lien. Même si je désapprouvais que Naruto ait une relation avec une femme qui n’est pas de son âge, quel serait l’intérêt à refuser ? Réfléchissez aux faits. Si nous refusons, cela peut entrainer de sévères retombées diplomatiques entre Kiri et Konoha, et j’aurais interdit à Naruto d’aimer la femme qu’il a choisie ! En outre, si nous acceptons, non seulement cela respectera la volonté de Naruto, mais la Godaime Mizukage de Kirigakure répondra au nom de Mei Namikaze… Ce serait une première pour deux villages cachés qu’un Kage soit marié avec un ninja d’un village différent… »

Tous acquiescèrent, plus ou moins convaincus… Ce n’était pas pour autant qu’ils étaient d’accords. Les civils haïssaient Naruto et ils allaient trouver un moyen de le discréditer. Quelques-uns d’entre eux ne se souciaient même pas du prix. Ils trouveraient, pour se venger… et finir le travail du Yondaime…

***

                Tsunade avait senti cela. C’était logique qu’ils n’allaient pas s’arrêter parce qu’elle leur avait fait peur. Fort heureusement, seuls les conseillers représentaient une menace, les villageois et les ninjas normaux n’étaient que trop peu au courant des évènements à l’extérieur du village et ne disposaient que de très peu d’importance dans la hiérarchie, de sorte à ce qu’ils n’étaient pas susceptibles de faire obstacle à ses objectifs de protection de Naruto. Car elle s’était juré de le protéger, et elle n’allait pas faillir à sa promesse. 

Mais en réalité, elle aussi était préoccupée par cette prétendue relation avec Mei Terumī. Elle n’arrivait pas à croire que Naruto pouvait faire ça… Il avait après tout couru si longtemps derrière Sakura Haruno, qui en passant, était sa disciple. Bien sûr, elle n’avait pas du tout apprécié qu’il soit aussi axé sur Sakura, étant donné que personnellement, elle n’aimait pas trop la jeune fille. Néanmoins, le fait qu’il était avec une femme de vingt-sept ans, alors que lui n’était âgé que de quinze… Elle avait tout d’abord pensé à une éventuelle manipulation de Mei Terumī, mais elle ne pouvait en parler à personne. Elle savait que si le conseil apprenait qu’elle doutait des intentions de la Mizukage quant à Konoha et Naruto, ils allaient en profiter. Elle vivait donc un dilemme.

***

Deux jours plus tard.

                 Naruto se réveilla lentement, ouvrant petit à petit ses yeux encore embués par un sommeil lourd mais réparateur. Il émanait de la pièce dans laquelle il dormait une étrange aura de quiétude, la lumière émise par les rayons du soleil de la douce matinée filtrant à travers les épais rideaux foncés couvrant la fenêtre de la pièce. Grâce au silence de la chambre, il parvint à percevoir les crissements des mouettes et des albatros au dehors, comme il se trouvait une ville maritime. Car oui, il se trouvait en effet à Nami no Kuni depuis peu, et il ne put empêcher un doux sourire s’étirer sur ses lèvres en repensant à comment il en était arrivé à dormir dans cette chambre. Il se redressa tranquillement, avant de s’étirer et de regarder autour de lui. Cette chambre qui lui rappelait le passé.  Comme il l’avait prévu sur le bateau de transport, l’accueil lorsqu’ils avaient tous les deux, lui et Jiraiya, atteint le pays des vagues fut véritablement grandiose. Etant reconnus d’office sur le bateau durant le voyage et faisant l’objet de nombreuses discussion, il avait en effet paru logique pour Naruto que tous deux soient vite reconnu à Nami no Kuni.

Ils étaient alors arrivés tranquillement dans le port de la ville principale de l’île, posant les pieds sur le pavé de l’espace portuaire, et donc sur la terre ferme après ce petit interlude à bord d’un bateau. Lorsqu’ils entrèrent réellement dans la ville, il ne fallut pas longtemps pour que les gens ne se retournent sur leur chemin, et réalisent qui était venu dans leur pays. Démasqué, Naruto avait donc salué gentiment les gens présents, signalant par-là qu’il était vraiment celui qu’ils pensaient qu’il était. Avec cette grande cape orange et noire, ces cheveux jaune d’or, ces grands yeux bleus et ces marques de moustaches atypique, tous sans exceptions purent alors réaliser que Uzumaki Naruto, le libérateur de leur pays quelques années auparavant, était retourné chez eux. Et ce furent des dizaines de personnes qui se précipitèrent sur eux deux avec joie, venant ensuite entourer Naruto pour commencer à lui poser mille questions et lui offrir mille louanges sous l’œil amusé et attendri de Jiraiya. Ils voulaient tous lui parler, le toucher, le voir. Les gens de ce pays semblaient l’aimer énormément, et au vu des faits et du grand sourire radieux de son filleul, il commençait à comprendre pourquoi ce dernier parlait sans cesse en bien du pays des vagues. Bien sûr, une grosse partie des passants étaient perplexes à une telle chose, pour la simple et bonne raison qu’ils n’avaient pas rencontré Naruto à l’époque de la libération du pays. Soit parce qu’ils étaient parmi les quelques milliers d’habitants ayant emménagé ici après que la situation du pays se soit améliorée, soit parce qu’ils n’avaient pas participé aux péripéties s’étant passé sur le grand pont de Naruto, où Gatō de la Gatō company avait vu la mort.

 Ainsi, c’est entraîné dans les rues par les habitants qui lui étaient redevables que la première journée de Naruto commença. Jiraiya suivit l’interaction ludique avec intérêt. Pour lui, Naruto était un spécimen d’étude très intéressant… Toutes ses expressions, de ses joies à ses tristesses, étaient curieuses. Parfois même inestimables. Rapidement, la nouvelle que leur héros était retourné dans le pays se répandit dans la ville, jusqu’à même en sortir, et les habitants de Nami stoppèrent tous tout activité, pour se réunir là où leur héros était présent. C’est une immense fête nationale improvisée qui s’organisa rapidement, tous souhaitant la bienvenue à Namikaze Naruto à Nami no Kuni. La journée pencha entre le long et le trop court, comme la célébration et le jour continuèrent. Ce fut d’ailleurs encore plus à l’amusement de Jiraiya que Naruto dut décliner d’innombrables propositions et demandes de demoiselles serviables et entreprenante à souhait… Quand bien même elles pouvaient être comparées à des groupies, Naruto ne put les considérer avec mépris. Non, loin de là. Ces jeunes filles avaient des raisons légitimes de l’adorer, tous comme celles de Mizu no Kuni après la fin de la guerre, étant donné qu’il avait été dans les deux pays un facteur clé de la libération et donc de l’avènement de la paix. Néanmoins, le fait qu’il refusait leur demande avec douceur et politesse ne faisait que le rendre encore plus attirant pour elles, comme il ne les ignorait pas et que cela ajoutait à l’image du héros, une image de gentilhomme. Ce n’était pas vraiment dans son intérêt… Jiraiya avait après tout remarqué à quel point les habitants l’avaient traité comme un véritable roi… Ce qui était très ironique étant donné que, techniquement parlant, dans le monde actuel, Naruto était bel et bien la personne qui se rapprochait le plus du statut de roi du pays des vagues, ancien pays des tourbillons. Il avait même plus de sang bleu que le daimyo actuel du petit pays.

Ce fut en fin d’après-midi que Naruto et Jiraiya étaient parvenus à se retirer des festivités qui allaient sans doute durer jusqu’à tard ce jour. Naruto avait donc guidé son maître, jusqu’à rejoindre un endroit où quelques années auparavant, il avait découvert comment vivait une famille… La maison où habitait justement la famille de Tazuna, ancien client de Konoha et ami de Naruto. C’est alors qu’il revit après trois ans les trois habitants de Nami no Kuni qui occupaient de grandes places dans son cœur. Tazuna, Tsunami et Inari étaient restés chez eux durant la fête, car ils savaient que Naruto leur rendrait visite. Ainsi, il les présenta tous les trois à son maître, et ce fut dans la joie des retrouvailles que les deux ninjas furent invités à rester chez eux. Une invitation qu’ils acceptèrent très facilement. Ils passèrent donc la soirée tous les cinq, le temps étant à la discussion et les plaisanteries. Ce fut d’ailleurs avec dépit que Naruto et Tsunami constatèrent que Tazuna et Jiraiya étaient fait pour s’entendre à merveille. Deux ivrognes grivois. En outre, Naruto accepta avec amusement de raconter à Inari, et donc par conséquent à Tsunami et Tazuna, une partie de ses aventures, dont celle qui faisait polémique en ce moment : la libération du pays de l’eau. Autant dire que quand la soirée fut terminée, un Inari de onze ans partit se coucher avec des étoiles dans les yeux aux récits héroïques qu’il avait entendu. Sous les ricanements des quatre autres. Et ce fut ainsi que Naruto s’en alla dormir dans une des deux chambres d’amis mises à disposition, l’autre comprenant Jiraiya. Il ne mit pas longtemps pour s’endormir, vu qu’il ne dormait pas forcément le plus clair du temps dans de vrai lit.

Et il se réveillait de la sorte, dans un pays où les gens l’acceptaient sans hésiter, dans un endroit où il n’était pas haï de tous. Sans bruit, il posa les pieds au sol, et se levant, il alla jusqu’à la fenêtre, tirant les rideaux, et illuminant alors la salle d’une vive lumière. Il cligna des yeux, gêné et ébloui, mais cela ne l’empêcha pas d’ouvrir la fenêtre, laissant alors un grand souffle d’air frais s’engouffrer dans la chambre, y apportant sa senteur marine. Pour sûr, Naruto trouvait qu’il y faisait bon vivre. Bien plus qu’il y a trois ans. La ville était bien plus neuve et colorée, plus de misérables, les orphelins errants avaient été pris en charge, et les déchets qui couvraient les rues auparavant avaient été déblayés. Il s’accouda alors à la fenêtre, et émergeant du sommeil, il s’amusa à observer la ville et la mer en arrière-plan, tout en appréciant la caresse de la brise sur sa peau. Cela, jusqu’à ce qu’il n’entende des éclats de voix en bas, dans la maison. Il reconnut la voix d’Inari et de son grand-père. Il se rappelait que Tsunami se levait toujours la première, donc logiquement, les trois étaient réveillés. Curieux, il se dirigea donc à la porte de la chambre, et descendit alors en bas.

Dans la salle à manger, Tazuna, Inari et Jiraiya étaient assis autour de la table basse, alors que Tsunami était dans la cuisine adjacente en train de préparer le déjeuner. Elle avait cependant la vue sur la salle, et garder donc un œil sur les trois hommes. Ces trois derniers n’avaient de cesse de plaisanter, et comme ils racontaient leurs blagues idiotes, Inari riaient aux éclats. Tsunami se retenait elle aussi de rire. Le maître de Naruto-kun était très amusant, malgré le fait qu’elle eut compris qu’il était un odieux pervers dans ses moments, tout comme son père. C’est alors qu’ils entendirent tous les quatre des pas dans l’escalier, et Naruto se dévoila à leur vue. Il n’avait pas encore l’air très réveillé, et sa tignasse était encore plus épineuse et en désordre que d’habitude, vu qu’il avait retiré son bandeau frontal en allant dormir. Ne portant qu’un bermuda et un T-shirt pour dormir, il était donc pied nu sur le parquet. Ils le regardèrent étonné, surtout à la vue de sa crinière. Un peu perdu, Naruto s’avança. « Ohayo… » dit-il avec un doux sourire, ne manquant pas de faire rougir Tsunami. Mais pouvait-on lui en vouloir ? Le petit garnement acharné s’était transformé en un beau garçon… Un bel homme même. Et pour elle en particulier, il était dur de nier la frustration procurée par la solitude du célibat. Après tout, il était dur de vivre sans amour. Bien sûr, ils répondirent à son salut.

- Hey ! La belle au bois dormant se réveille enfin ! Il était temps… ! taquina Jiraiya, alors que Naruto eut un petit rire timide.

- Ne m’embête pas dès le matin, sensei… répondit-il, avant d’aussitôt sentir l’odeur du plat que cuisinait Tsunami. Il comprit aussitôt qu’ils n’étaient pas réunis pour prendre le petit-déjeuner, mais bien le déjeuner. « Mais… c’est pas le matin ? Quelle heure est-il ? » questionna-t-il ensuite, perplexe. Lui et Jiraiya se réveillant toujours vers six heure du matin pour aller s’entraîner, il ne pouvait pas s’être levé si tard, si ?  

- Et bien, pour répondre à ta question, il est exactement midi et trente-deux minutes, répondit Tazuna en regardant sa montre. « Ah oui, autre chose… »

- Oui quoi ? demanda Naruto, voyant que Tazuna cherchait à lui dire quelque chose.

Ce qu’il voulait lui demander fit rire et sourire Inari, Jiraiya et Tsunami. « N’as-tu jamais soupçonné l’existence du peigne ? » Le visage impassible de Naruto leur suffit pour prouver qu’il n’avait pas apprécié la pique de Tazuna, et maintenant qu’ils y pensaient, c’en était encore plus drôle. Après quelques secondes, Naruto décida de venir s’installer à table, alors que les trois autres déjà assis se remirent à discuter avec entrain. Naruto les écouta d’une oreille distraite, les regardant plus ou moins, plongé dans ses propres pensées joyeuses. Après quelques minutes d’attente, Tsunami vint à son tour s’asseoir à table, déposant le plat, sous la réjouissance de Tazuna et Inari. Ils s’empressèrent tous les deux de se servir, sous l’énervement contenu de la femme de la maison. « Papa, Inari, où sont passé vos manière ? » s’exclama-t-elle en donnant une petite tape à l’arrière de la tête de Tazuna pour le réprimander. « Ces deux-là, je vous jure… » grogna-t-elle, alors que Jiraiya rigola légèrement. 

- Tu les tiens bien en laisse pour ne pas qu’ils ne fassent de bêtise, Tsunami-san, fit-il remarquer, aux réactions diverses des occupants de la salle. Un grand sourire victorieux et orgueilleux de Tsunami, et une expression résignée pour Tazuna et Inari. Cependant, les rires de Jiraiya furent aussitôt interrompus.

- Ne vous y prenez pas, prévint Naruto à l’attention des trois citoyens de Nami, en souriant à Jiraiya, qui n’aima pas cette expression farceuse. « Je fais la même chose avec Jiraiya-sensei. C’est sans doute le pire et le plus irresponsable, égoïste et pervers des hommes qui existent dans ce monde. Si je n’étais pas là pour le garder calme et le sortir de vilaine situation, il serait mort depuis longtemps par la main des femmes qu’il a énervé avec ses manies de vieux vicieux. »

L’expression ahurie et indignée de Jiraiya à ce commentaire fit rire les quatre personnes qui lui faisaient face. « La vie est dure, à ce que je vois, Jiraiya-san ! » s’exclama Tazuna, hilare, alors que l’ermite des crapauds rechigna, parlant dans sa barbe, ne rajoutant que plus de comique à la situation. Naruto s’était déniché un drôle de maître. Finalement, Tazuna et Inari n’attendirent pas. « Enfin bref, moi je meurs de faim. Itadakimasu ! » prononça Tazuna, avant de commencer à manger, vite imité par son petit-fils. Peu après, Jiraiya se servit, et Tsunami se servit à son tour. Naruto contempla cette scène, alors que les quatre mangeaient dans un silence détendu. Cette atmosphère conviviale resserra quelque peu le cœur Naruto, à la fois de peine, et à la fois de gratitude. De la peine, car il voyait là une scène qu’il aurait aimé vivre, des sensations qu’il aurait aimé connaître dans son enfance. De la joie, car il voyait aussi là la quiétude symbolique d’une famille heureuse. Cette même famille qui faisait comme s’il était l’un d’entre eux. Jiraiya ne fit comme s’il n’eut rien remarqué, occupé avec son bol, mais il connaissait très bien chaque réaction, chaque manie de son filleul. Le garçon était sensible, peut-être trop, dans ce genre de situation aussi… naturelle. Il savait que lorsque Naruto vivait dans la normalité, ça le renvoyait au fait qu’il n’avait jamais été fait pour être normale, et que cela aboutissait à le plonger dans des réflexions contradictoires, mêlant angoisse, lassitude et bonheur.

- Tu ne manges pas, Naruto-kun ? demanda Tsunami avec un regard à la fois soucieux et innocent. Elle était une véritable mère de famille. « Tu devrais te servir. » suggéra-t-elle ensuite.

Les mots aimables de Tsunami ramenèrent Naruto à la réalité, et il s’empressa de sourire, pour dissimuler son léger malaise... En vain en ce qu’il s’agit de son parrain. Il décida ensuite d’écouter Tsunami, imitant alors la famille. Quelques minutes passèrent dans un silence presque religieux, juste dérangé par le son des couvercles et du repas. Mais au bout d’un moment, Naruto choisit de poser la question qui lui triturait l’esprit depuis maintenant longtemps, et qui n’eut fait que prendre plus d’importance ces derniers jours, jusqu’à l’en frustrer sévèrement.

- Tazuna-san, Tsunami-san, j’ai quelque chose à vous demander. Connaissez-vous la famille Atsu ?

Les deux interpellés levèrent leur attention du bol pour s’intéresser à la question de leur jeune ami.

- La famille Atsu ? Bien sûr que nous les connaissons, répondit Tsunami. « A vrai dire, nous nous connaissions tous dans la ville avant l’arrivée des nouveau habitants. Donc, oui, nous connaissons les Atsu. »

Naruto ne put s’empêcher d’esquisser un grand sourire à cette réponse. La famille d’Emiko connaissait donc la famille de Tazuna.

- Puis-je savoir où ils habitent ? Je connais leur fille, et je lui ai promis de revenir la voir… continua-t-il alors timidement, sous le regard amusé de son maître.

- Leur fille ? demanda Tazuna. « Ah oui, la jolie petite Emiko ! » s’exclama-t-il ensuite, en se rappelant la jeune femme.

- Tu connais Emiko-chan ? demanda alors Tsunami avant que son regard ne s’illumine, à l’instar de celui de Tazuna. « Mais oui ! Emiko-chan était passée nous voir ce jour… Sa joie la rendait si mignonne ! Elle nous a passé ton bonjour. Maintenant je me rappelle ! Elle était partie travailler à Hi no Kuni il y a deux années, après avoir décroché un contrat d’embauche… Et il me semblait que l’entreprise où elle travaillait supervisait les travaux d’états pour la construction de voies fluviales. Elle est revenue chez ses parents l’année dernière… » dit-elle alors, avant d’hésiter, comme elle n’en avait pas plus à dire.  « C’est exact non, papa ? »

- Et bien, oui en fait, répondit Tazuna, son regard se faisant plus sérieux. « C’est vrai qu’elle est revenue il y a un an. D’ailleurs, lorsqu’elle est passée chez nous, elle n’a pas arrêté de nous parler de toi. Elle avait l’air de t’aimer énormément… »

Il arrêta sa phrase, avant d’échanger un regard avec Tsunami. Cette dernière semblait légèrement peinée. Naruto et Jiraiya froncèrent les sourcils, se demandant ce qu’ils avaient. « Hey Ji-san, Tsunami-san, que se passe-t-il ? » demanda-t-il alors, méfiant. Les deux interpellés se tournèrent vers lui, et Tazuna reprit.

- Tout ne s’est pas très bien passé à son retour. Au départ, tout allait bien. Elle était lumineuse et gentille avec tout le monde, tous l’aimaient. D’ailleurs, beaucoup de garçons lui tournaient autour, c’est pour dire à quel point elle était en vue.

Naruto ne put s’empêcher de froncer dangereusement les sourcils à cette remarque.

- Mais malgré tout ça, ses parents étaient mécontents. Enfin plutôt son père qui a très mal réagi à son retour car elle a abandonné sa carrière au pays du feu. En gros, elle ne s’entendait pas du tout avec lui. Et puis la rumeur qu’elle était richissime est sortie pour venir jusqu’aux oreilles du père. Et c’était vrai. Personne ne sait comment elle a eu autant d’argent, mais son compte bancaire comptait plus de deux millions de ryōs lorsque ça a été découvert. Tout a dégénéré une semaine après. Elle s’est disputée brutalement avec son père d’après ce que les gens disent, en hurlant à son père que l’argent sur son compte lui appartenait à elle seule. Il y a eu un procès, et à l’aide d’une vieille loi bizarre datant de trente ans, son indépendance a été résolue, la plaçant juridiquement à la charge des parents jusqu’à ce qu’elle soit apte à assumer son rôle.

- Quel rôle ? questionna Jiraiya, perplexe.

- Je ne sais pas, répondit aussitôt Tazuna. « À mes yeux, toute cette histoire est louche. D’ailleurs, je n’ai jamais aimé le père, Tsukeiru Atsu. Sa femme est charmante, la fratrie d’Emiko est plutôt normale, mais lui, je ne sais pas… Il est tellement conservateur et calculateur, il n’est pas clair quoi. Dans tous les cas, ça fait quatre mois qu’on n’a pas revu Emiko. La dernière chose qu’on a entendu à son propos, c’était que son père comptait la fiancer à un garçon d’une famille très aisée ayant emménagé après ta victoire sur Gatō company, Naruto.

A l’entente d’une telle chose, le verre que tenait Naruto dans sa main se brisa sous la force avec laquelle il l’avait serré. Ils ne dirent rien, comme ils virent évidemment la colère dans les yeux glacés du Namikaze. Tazuna et sa fille en conclurent facilement qu’il y avait quelque chose entre Emiko et lui. Ça devait être dur à apprendre. Et honnêtement, s’il se mêlait du problème de la famille Atsu, cela allait vite se régler. Au-delà du fait qu’il était une figure symbolique du pays et quel l’opinion pencherait obligatoirement en sa faveur, il était aussi un ninja du pays du feu. Et lorsque l’armée était mêlée au juridique, et un juridique aussi suspicieux, ça n’allait jamais être aussi bon.

- Très bien… prononça-t-il sombrement. « Tazuna-san, je te demande l’adresse des Atsu. J’ai quelques mots à dire au père… »

- Euh… O-oui ! Bien sûr… je vais te noter ça sur un papier ! dit-il précipitamment en se levant pour aller chercher de quoi écrire.

Naruto hocha la tête. « Bien, je monte me préparer. Cet homme vient de faire une grosse erreur en me faisant un tel affront. » Il ne prononça rien de plus, disparaissant dans l’escalier. Jiraiya grimaça. Il espérait que son filleul ne fasse pas de bêtise. Après ce qui s’était passé à Kirigakure, il pouvait très bien aller tuer l’homme. Surtout quand ce dernier avait fiancé l’amante du jeune homme avec un inconnu.

- Jiraiya-sama, puis-je savoir ce qu’il y a entre Emiko-chan et Naruto-kun ? Il semblerait que Naruto-kun soit aussi mêlé à cette histoire… questionna alors Tsunami, inquiète, surtout en ayant vu cette lueur dangereuse dans les yeux de Naruto.

 - Je ne vais pas y aller par quatre chemins alors, soupira le Sannin. « Naruto et Emiko sont amants. Ils se sont rencontré à tout hasard au pays du feu, et ont fait connaissance. Je pense qu’il doit y être pour quelque chose dans le retour d’Emiko et doit en ce moment s’en vouloir énormément, étant donné qu’elle a eu des ennuis. Surtout en sachant que l’argent sur le compte bancaire d’Emiko était un cadeau de sa part pour qu’elle vive aisément ici. »

- Je vois… Que pensez-vous qu’il pourrait arriver maintenant… ?

- A vrai dire je n’en sais rien. Je suis perplexe quant au fait que Tsukeiru Atsu ait gagné le procès, même jusqu’à résigner la majorité de Emiko. Tout ça me semble très tiré par les cheveux. Quant à savoir ce qui pourrait se passer… J’ai bien peur que Naruto réagisse violemment. Il adore cette Emiko Atsu, et il est possible qu’il arrive malheur au père. Enfin, nous verrons. Je ne suis pas assez fou pour arrêter Naruto lorsqu’il est en colère. Donc s’il tue quelqu’un, sérieusement, je m’en lave les mains. Ça leur apprendra à ne pas jouer avec lui… dit-il avec un ton entièrement détaché, et si cela n’avait pas porté sur ce genre de sujet, c’en aurait été comique.

Quelques minutes plus tard, Tazuna revint avec un post-it, rapidement rejoins par Naruto, lavé et entièrement habillé. Il remercia Tazuna, prenant le post-it et le mettant une poche à l’intérieur de sa cape.

- Attendez-moi là. Je n’en ai pas pour longtemps. Je reviendrais sans doute avec Emiko-chan.

Sans attendre de réponse, le garçon quitta la maison, avant de sauter haut pour atterrir sur un toit de maison, et du poursuivre son chemin depuis les hauteurs, sous les regards surpris des passants, et inquiets de Jiraiya et la fille de Tazuna. Ils plaignaient sincèrement l’idiotie du père d’Emiko de s’être mis Uzumaki Naruto, le Nidaime Kiiroi Senkō, à dos… 

***

                C’était une magnifique matinée qui illuminait ce jour. Le soleil brillait au milieu d’un ciel bleu sans nuage. La mer était calme, alors que les bateaux de pèches étaient partis, pendant que la marée permettait de pêcher de nombreux poissons. Depuis la mort de Gatō, la vie était redevenue simple et agréable. Plus de danger, ni de survie. Plus aucun vol, ni viol, plus aucun meurtre. En théorie, les habitants de Nami no Kuni vivaient heureux. Tout ceci aurait été vrai si la maison Atsu n’était pas aussi déchirée. C’était ce que pensait Kazuyo Atsu alors qu’elle faisait le ménage dans la maison de la famille. Mère de quatre enfants, à cinquante ans, Kazuyo savait qu’elle était une femme relativement simple, la vie étant maintenant derrière elle. Comme presque tous les habitants de Nami no Kuni avant Gatō, elle avait emménagé dans le pays après le génocide d’Uzu no Kuni. Elle y avait rencontré Tsukeiru, un pêcheur, à qui elle avait été donnée par ses parents, faute d’autre choix. Ainsi, elle lui avait donné quatre enfants, trois filles et un garçon. Elle avait déjà abandonné toute idée de rencontrer le véritable amour, acceptant l’homme, et chérissant ses enfants. 

Emiko était leur fille ainée et leur premier enfant…  Elle aimait sa fille. Elle l’avait élevée et éduquée avec amour, malgré les relations conflictuelles qu’elle pouvait avoir avec son mari, ce dernier en désaccord sur ses méthodes d’éducation. Emiko avait toujours été une fille joyeuse, amie avec tout le monde, aimant sa mère profondément ainsi que ses deux petites sœurs et son petit frère. Elle ne pouvait pas en dire autant de ses rapports avec son père. Ils ne s’étaient jamais réellement entendu, et le fait qu’elle lui tenait tête, elle une fille, l’insupportait le plus clair du temps. Elle savait que le père d’Emiko avait été l’un des facteurs principaux de son départ pour le pays du feu. Son départ avait brisé le cœur de beaucoup de monde, en particulier le sien et celui de ses deux sœurs. Son absence durant toute une année avait été lourde dans la famille, sauf pour Tsukeiru bien entendu.

Le retour cependant, avait été une autre histoire. En tant que mère, elle avait été réellement heureuse que sa fille revienne. Mais cela ne s’était pas bien passé avec le reste de la famille. Le côté manipulateur de Tsukeiru avait pris le dessus, montant les sœurs d’Emiko contre cette dernière, même cas avec le frère. Elle se souvenait encore du regard confus et blessée de sa fille. Elle, qui était heureuse de retrouver sa famille, s’était heurtée à un mur d’hostilité indestructible. Et comme la famille vivait du métier de son mari, Kazuyo ne pouvait intervenir pour aider Emiko, auquel cas il se servait de ça pour la menacer. Elle en avait pleuré de nombreuse fois ces derniers mois, que sa fille ne perde cette lueur chaleureuse pour celle d’une femme malheureuse. Mais si c’en était resté là… Le fait était qu’Emiko était revenu ici avec une vraie fortune. Une fortune dont Tsukeiru était devenue véritablement obsédé. Une telle obsession qu’il en était venu à lancer des procédures de justice pour résigner la majorité d’Emiko, qui avait pourtant vingt ans, et donc, s’emparer de sa liberté et de sa fortune. Et il avait réussi, allant même jusqu’à aussitôt fiancer Emiko à un garçon qu’elle ne connaissait absolument pas.

Elle savait intimement que son mari avait organisé toute cette manigance, et que la famille du garçon qui lui était fiancée était aussi liée. Et Kazuyo ressentait le dégoût de sa fille. Elle aussi avait été fiancée puis mariée sans le vouloir. Cette situation l’écœurait, mais ce qui l’écœurait encore plus, c’était qu’elle, sa mère, ne pouvait intervenir pour l’aider, alors que Emiko était sa propre fille.

Et c’était sur ce genre de réflexion amère que Kazuyo entendit sonner à la porte de la maison. Dans un premier temps, trop déprimée, trop ailleurs, elle décida simplement d’ignorer les sonneries. Qui de particulier pouvait de toute façon venir sonner ici ? De simples coursiers qui faisaient du porte à porte pour des enjeux publicitaires… Rien digne d’ouvrir en tous cas. Elle ne garda pas cet avis longtemps lorsque cette fois, on frappa à la porte. Les publicitaires n’insistaient jamais. C’était donc réellement un visiteur. Elle descendit dans l’entrée, délaissant les tâches ménagères dont elle était chargée de s’occuper. Quand elle fut devant la porte et qu’elle l’ouvrit, elle vit cependant quelqu’un qu’elle ne s’était douté voir de toute son inintéressante vie…

Elle le reconnut aussitôt qu’elle l’aperçut. Cette longue cape élégante orange, brodée de flamme noire… Avec ces longs cheveux épineux, en crinière blonde. Ce beau visage et ces étranges marques de moustaches sur les joues, et surtout… ces yeux d’un bleu tellement profond. C’était sans nul doute la personne la plus célèbre de tout le pays des vagues : Naruto Namikaze, ou Naruto Uzumaki, le héros libérateur du joug de Gatō. Aussi connu partout pour ses faits de guerre au pays de l’eau, qui faisaient état de mythe et de crainte. La rumeur la plus persistante était celle qu’il avait combattu et vaincu à lui seul mille de ses adversaires. Mais ce que Kazuyo savait, c’était qu’en tant que ninja, Naruto Uzumaki était quelqu’un de très dangereux, qu’il ne fallait surtout pas provoquer. Et sa venue ici, chez elle, de tous les endroits pourtant possibles, la rendait perplexe, troublée, confuse. Tout état de malaise apparent.

- B-Bonjour, Naruto-sama… dit-elle timidement, ne sachant pas vraiment quoi dire sous le regard assez froid du jeune homme devant elle.

Naruto l’observait sans rien dire depuis qu’elle avait ouvert la porte. Il avait essayé de trouver ce qu’il pouvait faire en arrivant chez les Atsu. Imaginer qui allait pouvoir ouvrir la porte ? Si c’était un frère ou une sœur ? Si c’était le père, qu’il n’aimait d’office pas. Si c’était la mère ? Ou même Emiko, ou alors un ami de famille ? Mais il ne s’était pas décidé. Il voulait d’abord voir par lui-même, et réagir selon ce qui pouvait être juste, le moment venu.

De toute évidence, cette femme devant lui était la femme du dénommé Tsukeiru Atsu. Absolument aucun doute. Malgré qu’elle fût d’âge mûr, la cinquantaine, il lui fut facile de constater la douceur et la beauté de ses traits. De longs cheveux châtains foncés, et de jolis yeux chocolat. Elle était la mère d’Emiko, vu la ressemblance flagrante avec la jeune femme, si ce n’était pas pour le fait qu’à l’inverse des cheveux et yeux marron de la mère, ceux d’Emiko étaient noirs.

- Bonjour madame. Suis-je bien chez la famille Atsu ? posa alors poliment Naruto, sans sourire cependant.

- O-Oui… Est-ce qu’il se passe quelque chose concernant notre famille ? répondit-elle, l’inquiétude apparaissant dans sa voix.

Autant, elle devrait se sentir extrêmement honorée d’être en présence de son héros, autant elle savait que sa présence ici n’était pas de bon augure. Naruto ne prononça rien dans un premier temps, avant d’hocher finalement la tête affirmativement. « Oui, il semblerait bien que quelque chose se passe et concerne de très près votre famille, madame Atsu. Puis-je entrer ? » demanda-t-il alors, en faisant un sourire doux et amical, pour rassurer Kazuyo. Elle ne put réprimer un petit rougissement des pommettes à la vue du sourire tellement charmant du garçon. Que ne donnerait-elle pas pour quelques années en moins… Ce garçon était tellement beau après tout. Mais elle revint vite à elle en se rendant compte qu’en dépit du sourire, il avait quand même demandé à entrer. Se sentant légèrement idiote, elle bégaya légèrement, acceptant bien sûr qu’il n’entre. « J-Je vous en p-prie, entrez ! »

Si ce n’était pas pour cette situation, Naruto en aurait ri et l’aurait taquiné. Cette jolie dame était le portrait craché d’Emiko. C’était absolument hallucinant. Elle s’écarta sur le côté, lui permettant d’entrer, et quand il fut dans le petit hall, elle referma alors la porte. Hésitante, elle lui demanda finalement de la suivre jusque dans le salon, où elle le fit asseoir. « Désirez-vous un thé, Naruto-sama ? » D’abord légèrement surpris, l’Uzumaki déclina poliment la demande, mais en faisant en sorte de ne pas blesser la mère d’Emiko par ce refus. Voyant que plus rien n’empêchait de discuter maintenant, Kazuyo Atsu s’assit sur le canapé en face du siège dans lequel était assis Naruto.

- Madame Atsu, commença alors Naruto, mais fut aussitôt coupé.

- Appelez-moi Kazuyo, Naruto-sama, demanda-t-elle, sous l’acquiescement de Naruto.

- Kazuyo-san. Tout d’abord… Si je peux me permettre… Où se trouve le reste de votre famille ?

Kazuyo s’en étonna légèrement, mais ne mit pas longtemps à répondre.

- Et bien… Mes enfants sont à l’école, et mon mari est un pêcheur… Ils devraient être rentrés d’ici deux heures.

« Elle a omit Emiko. Il s’est bien passé quelque chose, je sens clairement son malaise. » pensa-t-il en hochant la tête.

- Puis-je savoir quel âge ont vos enfants, Kazuyo-san ?

- Mes enfants… ? Et bien… Mes deux filles ont dix-sept et treize ans, et mon fils à quinze ans. Attendez… Rassurez-moi, il n’y a aucun problème les concernant… ?

En effet, Kazuyo excluait sa fille aînée. Mais il n’arrivait pas à sentir de malice, qu’il percevait habituellement des gens avec des intentions mauvaises. Si cette Kazuyo Atsu était de mèche avec cette magouille autour de son Emiko-chan, il l’aurait automatiquement senti. Ce point rassura déjà Naruto.

- Rassurez-vous, ce n’était qu’une simple question. Rien ne leur est arrivé. Kazuyo-san, en fait, j’aimerais parler avec votre mari. Savez-vous à quelle heure rentre-t-il exactement ?  

- Exactement je ne saurais pas dire… Comme je vous l’ai dit, d’ici deux heures environ… Est-ce que cela pose-t-il problème ?

- Non. Mais je ne peux pas vous assurer qu’il n’y a aucun problème. Comme vous vous en doutez, ma venue ici n’assure rien de bon à votre famille. Je vais vous demander d’attendre avec moi la venue de votre mari. Vous en saurez beaucoup plus à ce moment-là.

Elle ne savait absolument pas ce qui se passait. Apparemment, son mari avait fait quelque chose qui n’avait pas plus à Naruto Uzumaki. Mais, cela n’avait aucun sens ! La seule chose qui aurait pu poser des problèmes était ce scandale du procès gagné contre Emiko pour obtenir cette mystérieuse somme d’argent qui… Non… Etait-ce lié ? Son mari avait-il vraiment fait quelque chose de grave ? Bien sûr, c’était une personne à histoire, mais irait-il jusqu’à se mettre en difficulté avec Konoha pour de l’argent ? Ils n’étaient que de simples civils, ils avaient peur des ninjas. Même de bons et gentils ninjas comme ceux de Konoha…

N’ayant pas d’autre solution, elle ne fit qu’acquiescer. Même si ce garçon pouvait être plus jeune que ses enfants – n’ayant que seize ans après tout – elle savait que les personnes étant entrées dans le monde de la guerre et du crime grandissaient beaucoup plus vite. Cela devait être encore plus poussé avec les ninjas. Elle se leva et partit terminer les corvées. Dans deux heures, tout le monde serait rentré et elle saurait enfin ce qui se passait de grave avec son mari.

***

Deux heures plus tard.

                Ce fut après une journée comme une autre que Tsukeiru Atsu revint à la maison. Dans la relativité du terme « journée comme une autre » s’entend. Après le procès de sa fille pour résigner son indépendance parentale, Tsukeiru Atsu était devenu littéralement l’homme le plus riche de la ville. Il avait fait croire à tout le monde de son entourage qu’il continuait le train de vie habituel d’un marin pêcheur somme tout à fait quelconque, mais non. Le compte bancaire de sa fille, dont il s’était emparé deux mois plus tôt, comptait près de deux millions cinq-cents mille Ryōs. Mieux encore, il avait remarqué que le compte était crédité chaque semaine de près de cinquante mille ryōs. Aujourd’hui, il était riche. Il partait alors le matin pour ne revenir qu’à quelques intervalles de la journée, exactes à celles des marins, pour faire croire à sa femme qu’il l’était toujours.

En réalité, il passait ses journées à dépenser pour des jeux d’argents, des boissons et des plaisirs dans les maisons closes. Cent mille pièces étaient déjà partie ces deux derniers mois. En temps normal, il s’en serait inquiété, mais le compte était crédité de deux-cent mille chaque mois, d’où le fait qu’il se permettait d’user de cet argent à outrance. Il avait conclus un accord avec une dite famille bourgeoise venue du pays du feu sur cette affaire. Le fils de la famille s’était apparemment épris de sa fille, Emiko, alors que le père du garçon était un procureur des affaires civiles. Il avait promis sa fille à la famille si cette dernière l’aidait à s’emparer de l’argent. Un accord convenable pour eux.    

Et c’est ainsi qu’il rentrait chez lui, comme à l’habitude, après une petite journée bien remplie. « Je suis rentré ! » s’exclama-t-il en ouvrant la porte. Il s’étonna légèrement du fait que sa femme ne vint pas le saluer, vu qu’elle le faisait toujours. Il ne le nota pas, préférant poser son manteau sur le porte-manteau du couloir, et retirer ses sandales. Ce furent ses filles qui vinrent le voir alors, avec de grands sourires. « Ohayo Tō-san ! Tu ne devineras jamais qui est à la maison ! » s’écria la plus petite. Il les regarda avec ennuis.

Ses filles… Natsumi pour la plus petite, et Hitomi pour la plus âgée. Elles ne l’intéressaient pas. Bien sûr, il ne les détestait pas – pas comme Emiko par exemple – mais ce n’était pas comme s’il avait une éventuelle considération pour elles. C’était pareil avec son fils et sa femme. Ces quatre-là étaient plus de simple poids pour lui, qui l’obligeaient à passer pour un membre de la famille et gâcher ses journées en leur présence plutôt que d’aller s’amuser. Surtout maintenant qu’il n’avait plus de problème d’argent.  Contrarié, il fut obligé d’être guidé jusqu’au salon, où il entrevit son fils, Hiro, et sa femme, Kazuyo.

Ses enfants étaient des idiots. Il les avait facilement manipulés pour leur faire détester leur grande sœur. Et comme la mère était une idiote introvertie qui n’avait pas le cran pour défendre Emiko, cette dernière était passée pour une fille irresponsable et de mauvaise intention devant le jury. Et avec l’appui toujours agressif du procureur envers elle, il avait gagné le procès très facilement. Peu importe. Il se fichait de toute façon éperdument de cette idiote effrontée. Elle devait bien le payer à vivre avec ce garçon.

Ses pensées furent interrompues lorsqu’il entra dans la pièce, et qu’il put alors voir qui s’y trouvait.

- Kazuyo, c’est quoi cette blague ? Qui c’est celui-là ? demanda-t-il méchamment, en pointant ostensiblement du doigt Naruto, assis dans un fauteuil et les pieds négligemment posés sur la table basse.

Naruto le regarda alors. Voilà donc Tsukeiru Atsu. Cet homme qui avait vendu sans regret sa propre fille à des gens malintentionnés. Cet homme qui avait vendu SA Emiko. Il lui fallut un sang-froid monstre pour ne pas se lever et le tuer, incessamment. Mais le regard sombre parla pour lui. Les enfants étaient revenus les uns après les autres, et avait tous sautillés partout à sa venue chez eux. Il avait compris d’eux qu’il était pour les jeunes de leur âge une véritable « star ». Là encore, il aurait bien discuté avec eux, mais le moment n’était pas du tout à ça.

- Bonjour, Tsukeiru-san, prononça Naruto avec neutralité. « Je suis Naruto Uzumaki. Je vous en prie, asseyez-vous. Nous avons à parler vous et moi. »

Le garçon ne lui laissa même pas le temps de parler. Tsukeiru le reconnut dès qu’il le vit. Il était réellement identique à la photo de lui que les gens avaient eu. Lui, ne l’avait jamais vu en vrai comme les autres habitants durant l’insurrection contre Gatō. Il était resté chez lui à ce moment-là. Et là, il voyait la personne qui était prétendument le libérateur de plusieurs pays. Pour lui ce n’était que de simples bobards, surtout que ce n’était qu’un gamin qui devait jouer aux ninjas. Cependant, lorsqu’il lui demanda de s’asseoir, il préféra quand même écouter.

- J’espère que vous avez passé une agréable journée, Tsukeiru-san, car maintenant que vous êtes là, je vais enfin pouvoir commencer, dit-il en regardant Kazuyo, qui était assise sur le canapé avec son fils, et les deux filles debout dans le coin de la pièce.

Ils restèrent silencieux, attendant que Naruto ne se mette à parler.

- Tout d’abord… Savez-vous qui je suis, Tsukeiru-san ?

- Uzumaki Naruto ? dit-il ironiquement pour essayer de faire décrisper le visage de Naruto. Mauvaise idée, étant donné que la réponse ne plut pas du tout à Naruto.

- Je vais être clair avec vous, Tsukeiru-san, répliqua alors sombrement Naruto. « Je ne suis pas un gamin, et encore moins le gamin de base que l’on rencontre à tous les coins de rue dans des villes comme celle-là… Je suis un ninja. Et en tant que ninja, ma présence ici n’a rien de bon pour une famille telle que la vôtre… »

Sa phrase fit son effet, comme il jeta un froid sur les cinq personnes présentes dans la pièce. Mais ce fut la peur qui se refléta dans les yeux de Kazuyo qu’il remarqua. Il devinait qu’elle savait ce dont les ninjas étaient capables. Peut-être avait-elle vu les dégâts et massacres d’Uzu.

- Je vais vous poser une question à tous les deux, Kazuyo-san, Tsukeiru-san… Pourquoi n’êtes-vous pas au complet ? Non je vais reformuler. Pourquoi n’y-a-t-il ici aucune trace de Emiko Atsu. Pouvez-vous me dire où elle est ?

- De quelle Emiko Atsu parlez-vous, Naruto-sama… ? demanda d’une voix faible Kazuyo, ne recevant alors du jeune homme qu’un regard très contrarié.

- Me pensez-vous dupe à ce point ? Je demande à savoir où se trouve Emiko Atsu, et vous allez me le dire ! tonna-t-il alors, la colère commençant à s’immiscer sur son visage.

- Et de quel droit te permets-tu de nous ordonner de répondre, Uzumaki ? rétorqua Tsukeiru avec mépris, sous l’inquiétude grandissante de sa famille. S’il allait trop loin, il allait se mettre en danger… Il n’avait pas l’air de s’en rendre compte.

Naruto ricana alors. 

- Il y avait de l’argent sur son compte… dit-il d’un ton sinistre, alors que la frange de ses cheveux cacha ses yeux. Cette révélation glaça le sang de Tsukeiru, comprenant d’où provenait l’argent. « Cet argent est le mien… »

- N-Naruto-sama… bégaya Kazuyo. « Ma… Ma Emiko-chan n’aurait jamais pu voler… Elle ne peut pas faire une chose pareille ! Elle est bien trop gentille, bien trop pure ! Je vous en prie, croyez-moi !! »

- Tais-toi, espèce d’idiote écervelée ! maugréa Tsukeiru, alors que ses enfants grimacèrent en voyant leur mère être humiliée devant un invité… leur héros de surcroit. « Cette petite garce est bien capable de faire ce genre de méfait honteux ! Tout le monde…- »

Naruto le coupa  aussitôt.

- Taisez-vous Tsukeiru. Cet argent se trouvait sur le compte de Emiko car c’est moi qui le lui ai donné, et je suis perplexe, vraiment. Voulez-vous savoir pourquoi ? demanda avec sarcasme Naruto, sous le silence de l’homme. « C’est simple ! J’ai crédité le compte d’Emiko Atsu à dix pourcents de mes revenus, de façon hebdomadaire, en règle des lois bancaires du pays du feu. Un changement de lieu d’envoi de crédit nécessite obligatoirement un accord du créditeur, en l’occurrence moi, Tsukeiru-san. Mieux encore, le compte étant devenu indirectement un compte joint, il n’avait pas sa place dans un procès d’affaire familiale, et mieux encore, il est techniquement impossible pour un si petit organisme juridique de contester les lois éditées par daimyo-sama du pays du feu lui-même! Ce que vous venez de faire, Atsu Tsukeiru, c’est un détournement majeur de fond. Pire encore, vous m’avez volé ! »

Tsukeiru ne savait pas quoi faire. Si le problème n’avait pas concerné l’argent, il aurait pu être indélogeable, même face à un ninja, mais il n’avait jamais pensé au fait que l’argent devait provenir d’une source puissante pour être aussi affluant. Il commençait à paniquer.

- Donc je vais aller droit au but, Tsukeiru. Tu vas me dire ce qui est advenu de Emiko-chan, et maintenant. Auquel cas je vais très mal le prendre, et je risque de te tuer sans m’en rendre compte. Tu sais, j’ai tué tellement de gens que cela ne me ferait ni chaud ni froid, surtout si je tue un petit salopard dans ton genre. Maintenant parles !

Sa femme et ses enfants le regardaient avec doute et indignation. Il leur avait menti, et ils l’apprenaient. Il leur avait menti à propos d’Emiko. Il savait que c’en était fini de son équilibre social… Il était entièrement fini. Mais il était encore vivant, et il avait une peur bleue de la mort. Il ne voulait pas mourir… !

- J-j’ai… Il… Il y a d-deux mois j’ai… vendu Emiko au procureur des affaires… en échange de l’argent…

« Non… Ce n’est pas possible… ? Il n’a pas pu… Ma Emiko-chan… Ma belle Emiko-chan… » La douleur dans les yeux de Naruto fut aussi grande que celle dans les yeux de Kazuyo, du frère et des sœurs d’Emiko. Leur propre père avait vendu leur grande sœur pour de l’argent. Les yeux de Naruto s’humidifièrent mais il s’empressa de les essuyer.

- Où est-elle ? demanda-t-il sans perdre en dureté.

- Dans l’avenue périphérique de la ville… Au numéro sept-cent-trente-cinq. C’est là qu’habite le procureur. Le nom de l’homme est Uruguri Kira… Il détient Emiko depuis deux mois.

Naruto se leva aussitôt, fixant alors Tsukeiru avec un regard froid. Il sortit un kunai Hiraishin, qu’il planta dans la table qui les séparait. « Je te jure que s’il est arrivé quelque chose à ma Emiko. S’ils l’ont touché, s’ils l’ont ne serait-ce que toucher… Je vais te tuer de la plus atroce des façons que je trouverais, et je trainerais ton cadavre au milieu de la rue en montrant ce qui arrive aux pères vendant leurs propres filles. » La rage pure dans les yeux, Kazuyo se retenait de se précipiter sur son « mari » pour l’étrangler elle-même.

Sans se retourner, Naruto se dirigea vers l’entrée, et quitta rapidement la maison. Si le père de Emiko était vivant, cette espère d’ordure de procureur corrompu lui, n’allait pas vivre assez longtemps pour voir le soleil se coucher.

***

                Naruto sautait de toit en toit sans s’arrêter, rapidement, brisant légèrement le béton des toits à chaque atterrissage. Il était résolu. Pour la première véritable fois, sans utiliser le chakra de Kyuubi, il ressentait cette haine inextinguible. Cette rage, cette envie intarissable de sang. Il avait envie de tuer. Il avait envie de tuer quiconque osait le déranger, mais pire encore. Il avait cette envie horrible de torturer à mort ceux qui détenaient en ce moment Emiko. Cette jeune femme, qui n’était qu’à lui seul… On avait osé l’acheter. L’acheter. Ce mot l’horrifiait, l’écœurait, l’enrageait. Et il eut envie de mettre à mort son imbécile de sensei qui eut l’audace de barrer sa route, là.

- Oy, gaki. Je pourrais savoir ce qui se passe ? Ça fait longtemps que je t’attends, et franchement, je me demande vraiment où tu vas en dégageant autant d’envie de meurtre. Tu as envie de tuer les passants où quoi ? reprocha l’ermite à son filleul.

- Je vais te demander de t’écarter de ma route. Ce n’est absolument pas le moment pour jouer à ça.

- Mais qu’est-ce qui te prends !? Ne te la joue pas Uchiha, Naruto, parce que vraiment… gaki ? Jiraiya interrompit sa phrase quand il vit Naruto disparaître. Il se retourna, voyant que le blond l’avait passé et avait continué sa route, sans l’écouter.

Soupirant, Jiraiya se mit à le suivre, le rattrapant rapidement et venant se placer juste à sa droite. Il remarqua les larmes qui coulèrent des yeux de son filleul. « Naruto. Dis-moi ce qui te met dans cet état. Je ne suis là que pour t’aider. » Il n’eut pas de réponse, et résigné, il ne fit que le suivre jusqu’à destination. Ils s’éloignaient des quartiers du centre-ville pour rejoindre la périphérie. Naruto s’arrêta alors, et observa la rue. Jiraiya ne sut pas ce qu’il fit, jusqu’à ce que le blond ne parle alors. « Regarde au numéro sept-cent-trente-cinq, juste en bas, Jiraiya… Dis-moi ce que c’est… »

Jiraiya observa méticuleusement l’endroit. Il ne mit pas longtemps pour le reconnaitre. Il les reconnaissait à des kilomètres après tout. Des femmes légèrement vêtue stationnant à l’entrée pour accueillir les gens, des lumières blafardes émanant des fenêtres aux étages… Pas de doute. « C’est une maison close. » conclut-il, alors que le regard de son filleul s’en fit d’autant plus triste.

- Ce genre d’endroit que tu fréquentes tout le temps… C’est dans cet endroit qu’ils ont amené Emiko-chan… dit-il sous l’indignation de Jiraiya. « Ne m’arrête pas Kyofu. Dans une minute, tous les déchets de cet endroit sont morts et j’ai récupéré Emiko-chan. Ils vont payer… Kage Bunshin no jutsu ! »

Une quinzaine de clones d’ombre apparurent, tous l’air meurtrier. Naruto ne prit pas la peine de les regarder. Car pendant que lui cherchait son amour, eux s’occupait de tuer chaque homme de garde et chaque homme lié de près ou de loin à cet endroit. Si une maison close séquestrait des femmes, c’était un repère encore plus corrompu qu’il ne devait l’être.

En quelques secondes, Naruto et ses clones s’infiltrèrent dans le bâtiment, comme des ombres, invisibles malgré la couleur de sa cape et de ses cheveux, montrant par-là qu’il était un véritable maître de l’infiltration. Aussi, d’un bon angle de vue, Jiraiya put alors observer en grimaçant lorsqu’il vit les gardes et les clients du bâtiment tomber les uns après les autres, égorgés sans bruit, morts sur le coup. Naruto n’avait pas menti, il fut sans pitié. Seules les femmes de l’endroit allaient en sortir vivantes.

Et tandis que ses clones faisaient leur travail en neutralisant toute menace, Naruto lui, marchait lentement dans les couloirs de l’établissement. Passant de porte en porte, de chambre en chambre, il fut de plus en plus écœuré en sentant ces odeurs qui signifiaient tout… Et chaque femme séquestrée qu’il y trouvait. Créant un clone pour chaque chambre, ils forcèrent les portes pour aussitôt emporter les victimes et les sortir de cet endroit. Epouvanté à l’idée que la femme qu’il aimait avait été soumise ces deux derniers mois à un tel enfer, il priait sans espoir pour qu’elle aille bien. Mais aucun signe d’elle ici. Fermement décidé à la retrouver, il monta alors à l’étage.

A la différence des étages inférieurs, ce dernier étage était un appartement de grande taille. Arrivant dans une grande salle, il trouva alors une table recouverte de documents en tout genre. Il ne mit pas longtemps à comprendre ce qu’il en était. Le procureur n’était en fait qu’une couverture sociale pour cacher le fait que Kira Uruguri était un des hauts membres d’un réseau de trafic humain… Mais ce fut le summum de son inquiétude lorsqu’il vit sur le sol ce kimono… Ce kimono que Emiko avait dit adorer porter, et qu’elle avait porté lorsqu’elle l’avait rencontré. Un kimono offert par sa mère. Il contrôla sa respiration, et se cacha aussitôt lorsqu’il entendit des bruits de pas dans le couloir. Ce fut un homme qui sortit de la salle de bain… Un type d’homme que Naruto reconnut… La caricature de l’individu trop aisé pour sa santé, corpulent et particulièrement repoussant par sa démarche grossière. Et cette lueur hautaine dans ses yeux prouvait tout.

- Kira Uruguri ?

L’homme se retourna, étonné d’entendre son nom. « Hein ? Que faites-vous chez moi, et comment connaissez-vous mon nom !? » demanda-t-il lorsque Naruto eut surgi de l’ombre, dans son dos. Il ne prononça rien d’autre, alors qu’un Rasengan s’enfonça dans son ventre. Il fut envoyé voler contre le mur à l’autre bout de l’appartement, avant de retomber mort, baignant dans son sang. Naruto n’y accorda aucune importance, continuant alors dans l’appartement. Et ce, jusqu’à ce qu’il n’entende des petits sanglots. Ses pas de marche devinrent des pas de course, et traversant le couloir jusqu’à la source du son, il arriva brusquement dans une des chambres de l’appartement.

- Emiko-chan !!! s’écria-t-il, alors que la vue de son amante, recroquevillée à demi-nue dans le coin de la pièce lui fit abandonner la colère pour la peur.

Il se précipita sur elle, la prenant aussitôt dans ses bras pour la serrer fort, comme s’il eut peur qu’elle ne disparaisse. Tout d’abord inertes, les yeux de Emiko Atsu reprirent vie à l’entente de cette voix et  la sensation de cette si chaleureuse étreinte. Ne comprenant pas du tout ce qui se passait, quand elle se rendit compte que sa tête était appuyée contre le torse d’un homme comme pour la rassurer, elle releva la tête. Et ce fut ces yeux bleus qu’elle vit, ces mêmes yeux d’un bleu intense qu’elle avait rêvé revoir depuis tout ce temps. Ces yeux exprimant tellement de chose, du regret, de la douleur, de la peur, de l’amour, de la joie… Et les yeux onyx de la femme brisée qu’était Emiko Atsu s’écarquillèrent alors entre les larmes acides, lorsqu’elle se rendit compte que le miracle s’était accompli. Il l’avait retrouvé. Il l’avait enfin retrouvé.

- Na… Naru… Narutoooo !!! gémit-elle entre le sanglot de joie et d’horreur, le serrant de toute ses forces, mais tremblant de tout son être en craignant que ce ne fut qu’un rêve désespéré parmi tous ceux qu’elle avait fait chaque nuit.

Qu’elle fut nue et souillée n’empêcha pas à l’Uzumaki de la caresser, de lui faire mille baiser sur sa peau de lait, de lui offrir à cœur joie ce refuge qu’elle tentait de se faire dans le creux de son cou. Lui prenant le menton, il redressa son visage, il lui fit un baiser si tendre que les sanglots d’Emiko s’égayèrent, avant qu’elle ne réponde avec une passion immense.

- Le cauchemar est fini, ma puce. Je te le promets… je te le promets ! Plus jamais tu ne vivras une telle chose. Je serais là ! jura-t-il entre ses baiser, alors qu’elle pleurait et riait à la fois.

Par-là suite, Naruto retira sa cape, et emmitoufla Emiko à l’intérieur, avant de la prendre en berceau. Il ouvrit la fenêtre de la chambre, et sortit du bâtiment pour rejoindre Jiraiya. Dans ses bras, bien calée contre lui, son beau petit ange était déjà endormi, sans doute pour faire le premier beau rêve après plusieurs mois. « Plus jamais je ne permettrais ça. »

Jiraiya était resté sur le bâtiment de l’autre côté de la rue, observant les choses se passer. C’est ainsi qu’il vit Naruto sortir par la fenêtre du dernier étage, avec une énième femme dans ses bras. À l’inverse des clones qui semblaient être partis à l’hôpital ou au commissariat de police locale, celui-là vint vers lui, révélant le fait que c’était bien l’original, et s’il en notifiait la cape orange couvrant la jeune femme dans ses bras, cette dernière devait logiquement être Emiko Atsu.

- Naruto, est-ce que ça va ? demanda alors Jiraiya.

- Je ne sais pas, Kyofu. Je me sens mal. Mais au moins, Emiko-chan est en sécurité maintenant. L’histoire du fils de procureur fiancé à Emiko n’était qu’un masque pour s’emparer d’elle sans que personne ne se méfie. Ce fumier a inventé cette histoire. C’était en fait un proxénète qui se masquait derrière ce profil, et vu qu’il avait la main sur la justice, j’imagine qu’il a dû clore des affaires de disparition… Enfin, tout ceci est de l’histoire ancienne. Je l’ai tué.

Jiraiya acquiesça, attristé pour la douleur apparente de Naruto. Le garçon allait-il pouvoir se pardonner d’avoir renvoyé Emiko, avec de l’argent, double facteur de son malheur ? Et Emiko allait-elle aussi lui pardonner ?

- Ne restons pas là, Kyofu. Retournons chez Tazuna. Je dois m’occuper d’Emiko.

De nouveau, Jiraiya hocha la tête sans rien dire. Il n’y avait rien à dire. Pas dans ces situations.

***

Deux jours plus tard.

Jiraiya mangeait tranquillement un bol de ramen dans la salle à manger de la maison de Tazuna et Tsunami. Avec ce qui s’était passé récemment, l’ambiance de bonheur et de détente qui avait commencé à croître s’était estompée totalement pour de l’anxiété continuelle. Il n’arrivait même plus à écrire. Son passe-temps se résumait donc à manger des ramens au miso tout en racontant des aventures qu’il avait eu avec Naruto à Tsunami et Inari. Ces deux-là adoraient les récits de guerre, d’aventure et de courage. Et étant donné que Naruto et lui s’étaient retrouvé dans une multitude de situation dangereuses et épiques, il en avait à raconter. Il pouvait donc parler des heures durant, il pouvait être sûr que la jeune mère de famille et son fils étaient là pour tout assimiler. Parfois même, Tazuna venait s’asseoir avec une bière et écoutait lui aussi. Tous ce qui manquait pour que cette situation soit idéale n’était autre que la présence de Naruto, et d’Emiko par conséquent. 

La rumeur que Naruto avait massacré tous les hommes d’une maison close car ceux-ci séquestraient des femmes depuis des années, sans omettre que c’était le procureur Uruguri à l’origine d’une telle chose, avait créé un vrai scandale. C’était un réseau de trafic humain sur la zone de Nami no Kuni qui s’était révélé, et tous les noms étaient sortis. La justice du petit pays était encore très jeune et désorganisée, et n’avait donc pas appréhendé les éventuelles exploitations des failles. Cette faiblesse avait permis aux trafiquants d’enlever des femmes, et malheureusement, celle de Naruto avait eu la malchance d’avoir un père l’ayant vendu à ces criminels. D’ailleurs, l’homme avait été placé en retenue par les autorités. Naruto leur avait ordonné via ses clones de le garder jusqu’à ce qu’il vienne lui-même lui faire justice. Etant donné son statut hautement privilégié, l’ordre avait facilement été pris en compte, et l’individu répondant au nom d’Atsu Tsukeiru attendait patiemment que le châtiment ne tombe.

Mais ce qui l’inquiétait n’était pas tous ces évènements au dehors, non. Ce qui l’inquiétait en ce moment était Naruto. Encore et toujours Naruto, ainsi que sa petite Emiko. En deux jours, les deux n’avaient pas quitté la chambre dans laquelle ils se trouvaient. Lorsqu’ils étaient arrivés chez Tazuna avec Emiko, la petite famille n’avait posé aucune question. L’odeur qu’ils sentirent, leur donnant une forte envie de rendre leur déjeuner, voulut tout dire. Bouleversée à ce qui pouvait être arrivé à leur jeune amie, Tsunami avait aussitôt donné une chambre à l’étage avec salle de bain. Naruto n’avait rien dit de plus que nécessaire, et fermant la porte à clé, il n’était depuis lors pas ressorti. Peu importe ce que les gens pouvaient  dire sur le Namikaze, ce dernier n’avait jamais vécu le malheur de voir un proche vivre l’enfer. Surtout quand ce proche était en plus une amante. De sa longue expérience de vie, Jiraiya connaissait la douleur qui déchirait en ce moment le cœur de son filleul, qui devait se griffer lui-même jusqu’au sang en essayant de s’infliger une quelconque punition pour expier les fautes qu’il pensait les siennes. Pourtant, même s’il s’en voulait, Naruto n’était fautif en rien. Tout était la faute du père et de Uruguri. Il espérait seulement que Naruto et Emiko passent la page.

Car à l’étage au-dessus, couchés sur le lit, l’un en face de l’autre, Naruto et Emiko se regardaient. Se tenant la main, ils ne s’étaient pas lâché du tous ces deux derniers jours, mise à part lorsque Naruto se levait pour ouvrir la porte, et récupérer la nourriture posée à son seuil. Emiko avait été perdue. Elle avait été tellement perdue qu’entre ses larmes de fatigue et de tristesse, elle ne sentait même plus son corps. Elle ne sentait même plus son cœur battre, elle ne sentait même plus ses poumons se gonfler d’un air sain. Elle avait l’impression d’être morte… La seule chose qui la rattachait toujours au monde des vivants était cette sensation de chaleur dans sa main… La main de son Naruto, qui l’avait secouru, qui l’avait sauvé de cet homme l’ayant tellement déshonoré. Qui l’avait pris dans ses bras, pour partir loin dans les airs purs de l’extérieur. Il lui avait promis d’être toujours là maintenant… De ne plus jamais l’abandonner. Les larmes acides et douloureuses s’étaient alors changées pour des larmes chaudes, lourdes mais si agréable. Et ses lèvres… La douceur de ses lèvres, l’amour derrière ses caresses. Ces choses qui en si peu de temps, lui avait donné envie d’oublier qu’elle se sentait si sale.

Lorsqu’ils étaient arrivés ici, elle avait été réveillée. Malgré son état entièrement fermé après être sortie d’une vie de deux mois où elle était violée perpétuellement par toujours plus d’homme qu’elle ne connaissait pas, elle avait compris qu’elle se trouvait chez des personnes qui ne lui voulaient rien d’autre que du bien. Après avoir été amenée à l’étage, dans une chambre, elle avait alors été déshabillée par son Naruto, avant d’être emportée dans le premier bain chaud qu’elle n’avait jamais pris en deux mois. Fini les douches froides, fini les viols, fini toutes ces mains sales… Car ce furent les mains chaudes de Naruto qui la nettoyèrent partout, ce fut son corps contre lequel elle put se blottir. Et alors séchée, ce fut plus propre qu’elle ne se fut jamais sentie qu’elle s’endormit, nue, contre le corps nu du garçon qu’elle aimait. Aucun mot n’était sorti. Juste des gestes, juste le souffle de leurs respirations, le son de leurs baisers.

Et elle le regardait dans les yeux, maintenant qu’elle retrouvait pleinement ses esprits. Elle ne savait pas quoi penser. Elle voulait le frapper. Elle voulait le griffer. Le mordre pour lui arracher la peau et le faire souffrir. Elle voulait le haïr et le maudire de toute son âme pour l’avoir abandonné… Mais elle n’y arrivait pas. Elle n’allait jamais pouvoir y arriver. Car en dépit du fait qu’il n’avait pas été là pour la sauver dès le début, il était quand même venu. Il ne l’avait pas oublié. Il était revenu pour elle. Son rêve ; que son héros ne vienne la libérer et l’emporter avec lui loin, la prenant où il désirait, la gardant tout pour lui. C’était un conte de fée qui s’était réalisé sous ses yeux. Et c’était ça qui la faisait rêver et l’aimer que d’autant plus. Si elle était tombée amoureuse de lui après seulement un seul jour, elle avait eu la confirmation que ce rêve était réciproque, et par conséquent, n’en était plus un. Que tout était réel.

- Je t’aime, Uzumaki Naruto. Ne me laisse plus jamais.

Elle le dit simplement, sans rien de plus. C’était suffisant, surtout au sourire s’étirant sur le visage de son amour.

- Je ne te laisserais plus jamais, Emiko… dit-il avant de la serrer contre lui, lui caressant le dos. « Tu es à moi. Je t’aime ! »

Et elle, elle ne put s’empêcher de pleurer à l’entente de ses mots. C’était nerveux, elle n’y pouvait rien. Naruto se mit à rire gaiement, avant de couper ses sanglots par un baiser passionné. Prise de court en premier lieu, elle y répondit bien vite. Leurs caresses s’intensifièrent alors, Emiko commençant à gémir. Brisant le baiser, le Namikaze vint dévorer de baiser le cou de la jeune femme, et descendant encore plus bas, ce fut alors ses seins qu’il vint taquiner. Gémissant d’autant plus, Emiko posa ses mains sur sa tête, la caressant, alors qu’elle sentait ses mamelons être sucés par son amant sans retenue. « Naru-kun… ! Fais-moi oublier… Fais-moi tout oublier ! Je te veux là, maintenant ! » geignit-elle frustrée, ne désirant rien d’autre que d’être entièrement la sienne, à lui seul. À son Naru-kun.

Elle n’attendit pas longtemps avant qu’il ne s’installe entre ses deux jambes ouverte, et que n’entrant en elle sous son gémissement, elle ne commence réellement à oublier ces deux derniers mois sous un flot d’amour passionné. Et elle n’était absolument pas prête à ce qu’il sorte maintenant, comme elle serra sa taille fortement avec ses jambes.

Jiraiya, appuyé contre le mur dans le couloir, les bras croisé et calme, écouta l’ébat ente les deux jeunes avec un sourire attendri sur le visage. Quand il entendit Emiko gémir de façon répétée, sans doute sous les venues de Naruto en elle, il décida alors de quitter l’endroit, et de laisser leur intimité aux deux amoureux.

Il n’était pas un simple pervers idiot après tout… Il était un SUPER-pervers, il valait donc mieux que ça ! Pour une fois, il pouvait donc faire preuve de compréhension.

***

                « Où est ma fille !? Où est ma belle Emiko ? » hurla Kazuyo Atsu en arrivant en panique dans la maison de Tazuna, suivie de ses trois enfants. Elle avait été prise de panique lorsque la police avait frappé à la porte de chez eux, investissant la maison, deux jours auparavant. Naruto Namikaze les avait quittés que déjà quelques heures après, des agents de la sécurité venaient à leur tour. Ils avaient émis un mandat d’arrêt pour Tsukeiru, et l’avait emporté. D’un autre mandat, ils avaient été autorisés leur maison pour rechercher d’éventuelles preuves. Toute cette situation pour les quatre Atsu avait été perturbante et humiliante. Ils avaient perdu Emiko, et maintenant, étaient traités comme la famille d’un criminel.

Aucun d’eux n’avait dormi la nuit ayant suivie, préférant regarder les informations sur les chaines télévisées. Car en quelques heures, des dizaines et des dizaines de noms avaient été découvert, liés à un long réseau de trafic humain basé en Nami, et partant pour de nombreux pays. Et en pensant que leur père ou mari avait été lié, directement et indirectement à ces individus, qu’il leur avait donné Emiko, leur incitait à débarquer au commissariat et de le tuer lentement. Et ils avaient donc passés deux jours horribles, à angoisser et se reprocher d’avoir abandonné Emiko… Même de s’être retourné contre elle. Kazuyo brûlait de haine envers son « mari ». Elle avait supporté toute une vie avec lui, elle avait accepté de lui donner des enfants, elle avait tout accepté, de réprimer sa vie et sa joie de vivre… et lui, lui, avait vendu sa propre fille à des proxénètes. Sachant qu’elle allait en devenir folle si elle ne faisait rien, elle s’était levée sous l’étonnement de ses enfants, partant pour le commissariat avec la lame qu’avait planté Naruto Namikaze dans leur table, dans l’unique but de s’en servir pour égorger et poignarder elle-même Tsukeiru. 

Mais elle fut lamentablement maîtrisée par les policiers. Ces derniers la suspectèrent dès qu’elle fut entrée dans le bâtiment, et lorsqu’elle se dirigea vers les cellules de garde à vue, courant lorsqu’ils la remarquèrent en possession d’un couteau de ninja, ils lui barrèrent la route. Elle avait hurlé à la mort, à son envie de justice envers le monstre sans cœur qu’était Tsukeiru pour avoir prostitué sa fille. Les agents présents furent compréhensifs, et en total accord avec elle, quand bien même les ordres donnés venaient de Naruto Namikaze lui-même. Ce fut de la sorte qu’elle se redirigea chez Tazuna, après que les policiers lui eurent révélé qu’en cas de demande d’information, le héros de Nami no Kuni logeait là-bas. Et elle s’en retrouvait à supplier dans un cri désespéré la présence de sa fille.

Elle s’écroula en pleurs dans le hall d’entrée, alors que Tsunami et Tazuna vinrent de suite, attirés par le fracas. Ils s’empressèrent de venir aux côté de Kazuyo, qui soutenue par ses enfants, vidait toutes les larmes de son corps. Reconnaissant une de ses amies, Kazuyo posa les mains sur les épaules de Tsunami. « Tsunami-chan !! Dis-moi que mon Emiko-chan va bien ! Je t’en supplie, dis-moi qu’elle est ici avec Naruto-sama !! » Tsunami fut prise de court, regardant son père, puis les enfants de Kazuyo, qui avaient l’air de se contenir émotionnellement. Elle s’adressa ensuite à l’ainée des trois enfants. « Hitomi-chan, s’il-te-plait, soit gentille et amène donc ta mère dans le salon. » Hitomi Atsu acquiesça, et rassurant sa mère bouleversée par quelques caresses, elle s’occupa de la guider jusque sur le canapé dans le salon.

Le petit frère de Hitomi, Hiro, remarqua aussitôt la personne dans la salle. « Vous êtes Jiraiya des Densetsu no Sannin ! » attirant l’attention sur l’homme, qui, assis négligemment sur un siège de la salle, semblait fumer un encens de très longue taille. L’air absent, ce dernier ne fit que hocher la tête, s’occupant de regarder la pauvre mère de famille au cœur brisé. Elle avait perdue à la fois son mari, une vie stable, et elle était terrorisée à l’idée de perdre sa fille aînée, qu’elle semblait aimer encore plus que sa propre âme.

Pendant les quelques minutes qui passèrent, Tsunami et Hitomi s’occupèrent de consoler du mieux qu’ils pouvaient Kazuyo, ce qui fit son effet, comme elle arrêtait progressivement ses sanglots. Quand le silence revint, la pauvre mère serrée dans les bras de Tsunami, Jiraiya décida d’intervenir. Il souffla un imposant nuage de fumée. « Yare, yare… Et si nous arrêtions les situations mélodramatiques pour une fois ? ». Lorsqu’il vit que les gens présents le regardaient, il se permit un sourire amusé. « La petite Emiko est la haut, en train de s’amuser avec son amoureux depuis un certain temps déjà... M’est avis que cette histoire est déjà oubliée pour elle, maintenant que Naruto est de retour, et que les vilains méchants sont morts ou derrière les barreaux. »

Le ton sarcastique et négligeant de l’homme ne plut à personne, mais Kazuyo l’oublia vite, préférant s’intéresser au contenu des paroles de Jiraiya des ninjas légendaires.

- Amoureux ? S’amuser ? questionna-t-elle, sa voix encore légèrement tremblotante.

- Ouais. Pourquoi croyez-vous que mon élève soit revenu ici ? Il tenait spécialement à revoir Emiko. Dans tous les cas, ils sont là-haut. Ils devraient descendre aujourd’hui si je ne me trompe pas. Je ne veux pas imposer mes décisions, mais Tsunami-san, j’imagine que vous ne serez pas opposés à ce que la petite famille ne loge ici pendant quelques jours… le temps que cette histoire soit complètement élucidée. N’est-ce pas ?

Tsunami acquiesça silencieusement. Jiraiya avait raison, elle l’aurait proposé, étant donné que malgré la différence d’âge d’une quinzaine d’année entre elle et Kazuyo, les deux mères s’étaient rencontrées à l’époque où Inari n’était pas encore né, et avaient sympathisé. Elles étaient amies depuis.  Mais alors qu’elle s’apprêtait à assigner des chambres aux Atsu pour qu’ils puissent loger chez eux – A la joie de Inari qui désormais, aimait beaucoup les invités – ils entendirent des bruits de pas grincer dans l’escalier.

Et Naruto apparut alors, tenu au bras par une Emiko habillée légèrement, la cape orange de Naruto par-dessus. Elle sourit, et à la vue de Kazuyo et ses enfants, elle sembla si sereine que l’on put croire qu’elle n’eut jamais vécu deux mois exploitée dans une maison close. Naruto l’amena lentement dans la salle, sous les yeux de ses occupants silencieux. Assise sur le canapé, Kazuyo fixait sa fille, les larmes lui revenant aux yeux, et finalement s’élança vers elle pour la serrer fort contre elle. « Mon bébé ! » dit-elle avec joie, et Naruto s’éloignant sur le côté, Emiko répondit alors à l’étreinte de sa mère, les larmes se mettant à couler. « Kaa-chan… » Naruto partit s’installer à côté de son maître, dans le coin de la pièce à l’écart, tandis que les retrouvailles entre Emiko et sa famille se déroulaient.

- Elles sont identiques, n’est-ce pas ? s’exprima Naruto en croisant les bras, tandis que Jiraiya continuait à fumer son encens. « Je serais tenté de dire que tout fini relativement bien mais… »

- Mais ce n’est malheureusement pas le cas, compléta Jiraiya, avec un ton las. « Les choses ne se finissent que rarement bien, hélas. Cette fois, tu as eu beaucoup de chance. Si elle était morte, tu aurais vécu ta toute première perte. » 

Naruto observa sans rien dire Emiko accorder un pardon total à ses frères et sœurs, avant de les serrer dans ses bras en riant et pleurant. Le plus important était qu’elle vivait, en effet. Il ne préférait pas imaginer sa mort, car il ne supportait pas de penser que son amante pouvait mourir par sa faute. Pour lui, tout cela n’avait démarré que par son initiative. S’il n’avait pas incité Emiko à rentrer chez elle et donc, revoir son père, rien de ceci ne se serait passé. C’était encore pire de penser qu’elle avait été séquestrée et abusée parce que l’on avait convoité l’argent que lui-même lui avait versé. Il lui avait offert un cadeau maudit. Jamais il n’allait être capable de se pardonner une telle chose.

- Encore en train de t’auto flageller ? lança ironiquement Jiraiya, sous le manque de réaction de Naruto, se faisant justifier le proverbe « qui ne dit mot consent ». « Sincèrement, tu n’as pas changé, mon cher filleul... Tu restes au fond toujours le petit idiot téméraire pensant inconsciemment que le monde tourne autour de toi. Mais il ne tourne pas vraiment autour de toi, Naruto. Il est juste sensible. Sensible à chaque acte que tu feras, et il évoluera en fonction de tes choix. »

- Comme le hasard, répondit alors Naruto, sa réplique sonnant comme une affirmation.

- Non, pas le hasard, gaki. Le hasard n’est qu’un terme pour regrouper des milliers et milliers de conjectures possibles et prévisibles. C’est la probabilité, Naruto. Le monde évoluera avec les informations les plus précises, avec les choix les plus flagrants et les plus importants. Il évoluera avec les évènements les plus ciblés, mais par-dessus toute cette probabilité qui fait qu’un homme peut prévoir l’avenir, il reste encore cette part d’improbabilité, d’imprévu, qui fait que le monde n’est pas composé de dieux, mais surtout de ninjas.

- C’est philosophique…

- Le simple fait d’exister est philosophique, mon jeune apprenti.

Naruto l’écouta sans rien dire. Le côté de Jiraiya le plus attrayant restait son côté penseur, son côté visionnaire. Avec des privilégiés tel que lui ou son père, ce côté se manifestait, révélant alors un homme véritable qui avait une expérience de vie immense et un acquis insoupçonné au premier regard. Ce puits de savoir, d’expérience et d’intelligence qui faisait que Jiraiya avait réponse et connaissance sur presque tout, un avis à donner sur chaque sujet, des arguments et des idéaux politiques complexes. Être avec un homme tel que Jiraiya revenait à s’assurer survie et stabilité. Car derrière ses airs pervers et idiot se cachait le ninja cultivé et malin, le véritable ninja de niveau Kage, celui qui avait une parfaite maîtrise du corps et de l’esprit.   

- Ton amoureuse t’appelle, prévint Jiraiya avec amusement, en voyant Emiko se retourner vers eux et intimer à son filleul de venir.

- Bizarrement, tu es dans le même cas avec sa mère, Ero-sensei… répondit Naruto en se levant, et voyant Kazuyo faire signe à Jiraiya.

Le Myōbokuzan no Sennin ricana, avant de lui aussi se lever. Quel genre de gentleman serait-il s’il ignorait les appels d’une dame ? Encore plus si cette dame était une Emiko Atsu de cinquante ans. Trop tentant.

La fin de journée et la soirée qui s’en suivirent furent des plus belles de la famille Atsu.

***

Un mois plus tard. 

                Un énième soleil monta haut dans le ciel, illuminant l’océan de mille vaguelettes scintillantes. La lumière dissipait les ombres de la nuit, et changeait les nuages sombres et difformes pour des silhouettes blanches et poétiques, voguant dans les cieux au gré des vents marins. La terre et les hommes se réveillaient avec l’astre du jour, signalant alors l’aube d’une nouvelle journée toujours plus douce et joyeuse que la précédente. C’étaient ces pensées enchanteresses qui occupaient l’esprit d’un Naruto Namikaze le matin. La tête tournée vers la fenêtre, Naruto était couché sur son lit, alors que s’étendait devant lui la ville portuaire en Nami no Kuni. Emiko dormait à point fermé, blottie contre lui, tout aussi nue qu’il ne l’était – après une nuit qui était à son habitude : merveilleuse mais épuisante…

Un mois maintenant, que lui et son maître s’étaient posés en Nami. Ils ne l’avaient jamais prévu au départ. Mais certaines choses avaient fait qu’ils y étaient restés, en pause de voyage, bien que le moment de partir fût arrivé. Jiraiya avait accepté de rester ici pour que Naruto puisse un peu vivre après les évènements qui étaient arrivés en série. Le changement d’une vie de haine à une vie de répit, de cette vie répit à une vie plongé dans la guerre. Une vie compliquée, mais à la fois tellement enrichissante. Il s’était vu grandir plus vite qu’il n’aurait dû, il avait mûri au milieu de l’action, et il avait rencontré deux femmes qu’il avait fait siennes, pour le meilleur et pour le pire.

Il ne leur avait pas menti. Il avait parlé d’Emiko à Mei, et réciproquement, avait parlé de Mei à Emiko. Quel n’avait pas été son soulagement avec Mei lorsque celle-ci n’avait vu aucun problème à le partager, tant qu’il l’aimait réellement. Lorsqu’Emiko avait répété la même chose, il avait ressenti un apaisement d’une rare intensité. Il avait eu peur qu’avec ce qui lui était arrivé, Emiko ne refuse une telle chose. Cette dernière avait balayé négligemment une telle supposition. « Quelle personne irait refuser son ange gardien ? » avait-elle dit avec amusement. Elle était sûre de vouloir être sa femme. Elle se considérait déjà comme sa fiancée. Lui caressant le visage en repoussant quelques petites mèches sur les côtés, il la contempla dans son sommeil, se promettant de lui acheter une jolie bague pour qu’elle puisse sautiller de joie en sachant qu’elle était officiellement sa fiancée. C’était amusant après tout. La jeune femme allait presque jusqu’à l’idolâtrer. Elle avait même fait tailler un kimono orange, dont les extrémités brodées de flamme noires et le tourbillon dans le dos, lui rappelait sa cape. L’orange lui seyait d’ailleurs à ravir, même s’il n’appréciait pas les regards des fois trop captivés des hommes lorsqu’elle passait dans les rues. Il ne parlait même pas des avances des plus audacieux.

Ce derniers mois, il s’était passé beaucoup de chose. Kazuyo Atsu avait finalement quitté son mari dès le premier jour, et entamé des procédures de divorce. En trois jours, avec un appui cette fois réel de la justice des affaires familiale, elle avait réussi à obtenir les papiers officiels. Avec ce qu’avait fait Tsukeiru à sa fille comme argument de poids, sans compter que Tsukeiru était absent pour se défendre, encore détenu en garde à vue, à l’attente de sa peine. Après avoir été mariée sans amour pendant des décennies, autant dire que Kazuyo voyait une nouvelle vie s’étendre devant elle. Auparavant, jamais elle n’avait eu le courage de faire ça, comme sa famille dépendait de l’argent de Tsukeiru, mais ces jours-ci, sa fille étant millionnaire et Naruto Namikaze étant encore plus riche, elle savait qu’elle n’avait plus à se soucier d’un toit où loger. A la fin de la procédure, les Atsu, femme et enfants, ne s’appelaient plus comme tel. Ils étaient les Tsuhi, le nom de jeune femme de Kazuyo. Le nom était à tonalité noble, aussi, Naruto et Jiraiya questionnèrent Kazuyo quant à ses origines. Cette dernière était en fait la dernière descendante d’une ancienne famille noble du pays du feu, qui s’était éteinte avec la faillite de son père il y avait trente ans. C’était pour fuir ce déshonneur que les Tsuhi étaient partis à Nami no Kuni, où ils avaient marié leur fille au fils des Atsu, une famille bourgeoise de la ville, en espérant s’élever socialement avec cette liaison. Manque de chance, une épidémie tua les parents avant que ceux-ci n’en profitèrent.

Lorsqu’elle avait repris son ancien nom, en vertu des lois impartiales de la justice du pays des vagues, les yeux de Kazuyo avaient repris cette joie pétillante qu’elle avait perdue bien longtemps avant dans le passé, lorsque le destin de sa vie avait été scellé avec un mot « profit ». Naruto avait envie de rire en pensant à l’une des raisons du pourquoi Jiraiya avait si facilement accepté de rester ici, lui qui était pourtant le dernier des hommes à être capable de rester au même endroit trop longtemps. Il avait été captivé par Kazuyo. Au départ, Naruto s’en était moqué, étant donné le côté pervers et névrosé de son maître. Dans toute sa vie, Jiraiya n’avait pas été homme à aimer, surtout pas après ses nombreux chagrins d’amours et son abandon avec Tsunade. D’un côté, un homme qui intérieurement, ne rêvait qu’à trouver une femme pour lui, mais s’échappant dans des activités idiotes pour oublier, et de l’autre, une femme qui après avoir vécu une vie banale et moche, revivait à chaque bouffée d’air frais pour profiter au maximum de chaque plaisir de la vie. Les deux adultes n’avaient pas pris longtemps pour faire connaissance. Naruto les avait quelques fois espionnés, et il ne pouvait s’empêcher de rire aux larmes en voyant un Jiraiya timide et hésitant. Il ne pouvait pas dire que les deux s’aimaient, car ils étaient encore trop étrangers à tout ce panel de saveur, mais ils s’aimaient beaucoup.

- Hmm Naru-kun…

L’étreinte d’Emiko se resserra autour de lui, alors qu’il perçut entre les paroles qu’elle avait dans son sommeil, des petits gémissements. Elle avait l’air de bien rêver. Gloussant légèrement, il resserra légèrement ses bras autour d’elle avant de venir lui donner de petits baisers. Lentement, elle ouvrit les yeux, en sentant quelque chose sur ses lèvres. Elle se rendit compte que c’était en fait le sujet même de ses rêves qui l’embrassait tout en la serrant contre lui. Elle ne put s’empêcher de faire un grand sourire. Dieu qu’elle aimait ce genre de réveil. Elle en avait presque oublié que c’était aujourd’hui même qu’il repartait.

- Promets-moi que tu vas revenir Naru-kun ! gémit-elle en ne le serrant que plus fortement.

Il fut légèrement surpris à cet assaut subite, mais ne répondit qu’en posant sa main sur le sein gauche de Emiko. « Andouille, réponds à ma question ! » continua-t-elle en rougissant, pensant tout d’abord qu’il voulait juste écarter les questions. Quand cependant, elle vit une lueur bleutée émaner de la paume de la main de son blond et que cela la piqua presque imperceptiblement, elle se tue. Quand il retira sa main, elle avait une petite marque tatouée composée de quatre kanji sur le sein. D’un regard perplexe, elle exigea une réponse de son amant. Celui-ci se mit à rire, et lui vola un baiser fougueux auquel elle ne put que répondre. Quelques secondes après, il s’expliqua.

- Je suis Naruto Namikaze, le Nidaime Kiiroi Senkō, Miko-chan, dit-il en usant d’un diminutif qu’il aimait utiliser sur Emiko. Miko signifiait prêtresse. Il trouvait ça mignon d’associer ce terme avec le visage angélique de sa future femme. « D’habitude, je mets ce sceau sur le parchemin collé sur le manche de mes kunais. Mais je peux aussi le graver sur autre chose que des parchemins. Ton corps est le seul avec celui de Mei-chan sur qui j’ai gravé ce sceau. Ainsi, je pourrais te rejoindre instantanément, où que tu sois dans le monde. »  

Elle acquiesça, tout de même contrariée du départ de son Naru-kun, visible à la petite moue sur son visage. Vite évincée par les baisers du blond. Et puis, elle n’était pas sans connaissance de Naruto. Lorsqu’elle avait été libérée de Kira Uruguri et de son réseau de proxénétisme, elle avait rattrapé tous ce qu’elle avait pu manquer de l’actualité. Elle avait donc découvert que son homme était mondialement connu pour un haut fait de guerre en Mizu no Kuni. Elle n’était pas aussi idiote que les autres pour croire aux rumeurs du guerrier sanguinaire ayant tué avec plaisir plus de mille personnes. Surtout quand l’auteur de ce « méfait » lui avait expliqué que c’était la guerre, et que s’il n’avait pas agi, il aurait été tué comme tous les autres combattants qui ne cherchaient justement qu’à un pays en paix. Elle partageait donc sa façon de voir les choses, même si elle ne connaissait rien à la guerre et aux ninjas. Tant que son Naru-kun restait lui-même, et vivant, égoïstement elle se fichait bien du reste. 

- Comment est-ce que je peux t’appeler ? Il y a un moyen, non ? demanda-t-elle avant d’être coupée dans sa parole avec un énième baiser de son homme.

- Je vais t’apprendre… dit-il avec amusement, alors que leur interaction s’intensifia.

Emiko rit légèrement, sachant que même si c’était vrai, la réplique avait aussi un double sens. De toute évidence, elle allait avoir un très bon réveil.

***

- Tu en as mis du temps, gaki ! s’exclama Jiraiya, alors que tout le monde se trouvait à l’entrée du grand pont de Naruto.

Ils avaient attendu Naruto et sa fiancée, les deux ayant tardé à la maison de Tazuna, qui avait finalement été la maison des deux ninjas et des Tsuhi également ce dernier mois. Un mois merveilleux, aucun d’eux ne pouvaient le démentir. Ils avaient bel et bien formé une grande famille. Mais même les choses merveilleuses étaient susceptibles de prendre fin, et le temps était réellement venu pour les deux Konoha-nin de quitter le pays. Jiraiya était resté trop longtemps à Nami, et il le savait. En tant que pilier de l’espionnage de Konohagakure, il avait des responsabilités, et il avait aussi son rôle de sensei à remplir. Car l’enseignant de Naruto ne s’en tenait pas qu’au ninjutsu. En voyageant, il lui montrait lui-même l’identité du monde, de chaque pays, chaque ville et village. Ils ne pouvaient plus rester ainsi. Malheureusement. 

Naruto et Emiko, main dans la main, rejoignirent sereinement le petit groupe, qui les regarda marcher jusqu’à lui. Tout le monde souriait gaiement malgré les séparations. Leur vie avait changé du tout au tout depuis un mois. Tsukeiru Atsu avait été jugé finalement, Emiko convainquant Naruto de ne pas s’abaisser à le torturer et le tuer lui-même, que l’homme qu’elle ne considérait maintenant plus que comme un inconnu n’était même pas digne de mourir de sa main, qu’il n’en valait absolument pas la peine. C’était une ironie du sort pour Naruto, étant donné qu’il avait plus de mal à tourner la page qu’Emiko. Car cette dernière avait déjà outrepassé tant bien que mal tout l’enfer qu’elle avait vécu. Quand il l’avait interrogé dessus, elle lui avait répondu que chaque chose horrible dont elle avait pu se rappeler avait été masquée puis effacée par une scène d’amour entre elle et lui. Il avait d’abord été perplexe, comme il avait du mal à croire qu’elle pouvait autant l’aimer… mais il avait eu clairement la preuve des dires de son amante au vu du mois qu’ils avaient passé. Aujourd’hui, Tsukeiru Atsu purgeait une peine de vingt-sept ans de prison ferme, à travaux forcés, pour rembourser avec les bénéfices les cent mille ryōs qu’il avait volé sur le compte assigné à Emiko Tsuhi. Il en avait donc sans doute pour toute sa vie. De même pour les centaines de membres du réseau de proxénétisme démasqués, dont les peines variaient entre vingt et quarante ans ferme, pour prouver à tous que la justice naissante du pays des vagues ne plaisantait pas.

- Je sais que vous brûlez de passion l’un pour l’autre, gaki, mais pensez à insonoriser la pièce lorsque vous vous envoyez en l’air. On y a eu droit toute la nuit et toute la matinée au gémissement de la demoiselle. Vous êtes comme des lapins ! lança Jiraiya, voulant faire passer ça comme un reproche.

Tout le monde se mit à rougir en repensant à tous les gémissements qu’ils avaient entendus de Emiko. Et mis à part Inari qui était encore un peu trop jeune pour être réellement réceptif à de telles choses, leur température à tous avait dépassé les seuils. Autant dire qu’aucun d’entre eux n’allait plus regarder Emiko de la même façon maintenant… Mais les plus gênés restaient tout de même les deux concernés. Comment pouvaient-ils savoir que tout le monde entendait ? Comme c’était la dernière nuit, ils avaient juste cherché à en profiter le plus…

- Tais-toi, Ero-sensei ! rétorqua Naruto sans s’arrêter de rougir. « Et d’ailleurs, comment oses-tu parler ! Comme si je ne t’avais pas grillé avec la mère d’Emiko-chan !! »

Ils furent tous ahuris, alors que les regards fusèrent vers Kazuyo, maintenant d’un rouge très foncé.

- Maman !? Ne me dis pas que tu l’as laissé te toucher !? s’écria Emiko, outragée.

- Allons poussin… Tu sais bien qu’à mon âge, on ne fait plus que vieillir… Et comme Jiraiya-sama était si gentil… hésita Kazuyo, avec un sourire gêné et le doigt à la bouche pour essayer de passer la plus innocente possible.

Mais peu importait les apparences. Ce qui était dit, était dit.

- Oh mon dieu !! Ma mère… avec ce pervers ?! Je… Je suis choquée… continua Emiko, d’un air qui passa plus théâtral que dramatique.

Jiraiya rigola, avant de bomber le torse. « Ma chère petite, ta mère était seule, et se devait de trouver un homme, un vrai ! » Puis il commença à faire sa danse Kabuki ridicule, des sons d’instrument en fond qui venaient de nulle part. « C’est à ce moment précis qu’arriva, le puissant et séduisant Myōbokuzan no Sennin, le séducteur de femme, le vaillant et intrépide guerrier, Jiraiya-sama !!! » 

- Jiraiya-sama, vous êtes si fantastique !

Mis à part Kazuyo qui adora la prestation, tout le monde observa avec un air impassible l’homme absolument ridicule. « Nul. » dirent-ils tous en même temps, alors que Jiraiya tomba au sol en pleurant comme une petite fille, humilié par un tel échec. Et tandis qu’ils ricanaient tous au spectacle, Naruto poussa un soupira résigné, avant de s’avancer. 

- Et bien… Il est temps de se dire au revoir, prononça le jeune Namikaze. « Nous nous reverrons bientôt. Portez-vous bien jusque-là. »

Il fut coupé par Emiko, qui l’embrassa. « Au revoir Naru-kun. Ne te mets pas en danger. » tonna-t-elle sévèrement. Naruto acquiesça doucement, avant de se diriger vers son maître – ce dernier s’étant relevé, et l’attendant un peu plus loin.

- Prêt, gaki ?

- Je suis prêt.

Jiraiya hocha la tête, et ils commencèrent alors à quitter le pays. Jiraiya se retourna une seule fois pour échanger un regard avec Kazuyo, puis souriant, il n’en remarcha devant lui que de plus belle. « Elle aime mes livres et mes danses ! Cette femme est magique… »

***

Naruto et son maître avançaient le long d’une route du pays du feu, et s’ils avaient l’air sans garde et détendu, presque nonchalant, fou était celui qui décidait de se fier aux apparences. Les deux hommes étaient préparés à chaque mouvement, chaque approche, tout comme les deux ninjas qu’ils étaient. Même en temps de paix subsistait le danger, particulièrement chez les ninjas. Cela ne faisait même pas un jour qu’ils avaient franchi le grand pont de Naruto, et le Namikaze n’avait même pas relevé son nom. Entre l’adulation quasi-divine des villageois à son égard et ses complexes du héros, il ne devait pas commencer à se sentir surpris maintenant. Surtout pas quand cela faisait quatre ans que Naruto Uzumaki, puis Naruto Namikaze, risquait sa vie dans des aventures et des quêtes stupides et dangereuses, amassant durant ces dernières gloire, argent et renommée…

Mais c’était comme ça qu’il vivait. Il avait appris à jouer avec sa vie comme aucun autre, et honnêtement, il ne pouvait pas cacher qu’il aimait ça. Des combats et des combats, une vie de combat, pour finir sur le bord d’une route à marcher et faire du tourisme tout en parlant philosophie et politique avec un maître futé qui se révélait aussi être son parrain. Une vie qui bougeait, mais une vie plaisante, à laquelle il s’était habitué. Car ses seuls biens se trouvaient être son argent, ses armes et son corps – de quoi être minimaliste. Pas qu’il allait refuser de reprendre une vie sédentaire, le jour où son voyage initiatique avec Jiraiya serait terminé.

- Sensei, puis-je te poser une question très personnelle ? demanda alors Naruto, en se tournant vers son maître.

L’homme lui rendit son regard. « Bien sûr, vas-y. » répondit-il, n’étant pas dérangé à l’idée de parler à Naruto. Naruto était sa seule famille. Mieux encore, Naruto était comme son propre fils, et il était bien le seul dans le monde qui pouvait se vanter d’avoir la confiance absolue du Myōbokuzan no Sennin, Jiraiya. Seuls les parents de ce dernier avaient été aussi proches de lui.

- C’est à propos de la mère d’Emiko-chan. Kazuyo-san.

- Qu’est-ce qui te turlupine autant que ça à propos d’elle ? questionna alors Jiraiya.

- Ce n’est pas tant elle en fait. Enfin si, c’est elle, mais aussi toi, sensei, prononça alors Naruto sous le haussement de sourcil de son parrain. « Je veux dire, tu comprends… Tu as cinquante-cinq ans, et depuis plus longtemps que je ne te connaisse, tu n’as jamais été aussi proche d’une femme. Enfin, sentimentalement je veux dire. »

- Je peux en dire autant de toi Naruto. Tu me ressembles beaucoup plus que me ressemblait Minato. Depuis quand as-tu décidé de regarder ailleurs que la petite Sakura ?

Naruto se tue, alors qu’apparut instantanément l’image de Sakura dans sa tête. La fille dont il avait été éperdument « amoureux ». Il ne savait pas comment interpréter cet ancien côté de lui. S’il devait en rire, ou avoir honte. Car il ne pouvait pas cacher que son intérêt pour la Haruno avait étrangement tourné à l’obsession, sa sur-affection prenant des tournants ridicules, pour ne pas dire qu’il était devenu un fan-boy. S’il pouvait effacer des passages du passé, cela ferait longtemps que le sien et les mois d’Emiko lors de son retour à Nami seraient tous deux définitivement disparus.   

- Tu viens de comprendre Naruto. Toi tu as eu de la chance de tomber sur deux filles merveilleuses dès ton âge, tout en étant loin de Konoha pour t’épanouir de ton propre chef. Moi, je n’ai jamais eu cette chance. C’est seulement quand je t’ai vu avec Emiko, et voyant que Kazuyo était là, seule, que j’ai réalisé que… Jiraiya bloqua sur sa phrase, comme s’il chercha ses mots. Naruto attendit qu’il ne finisse.  « …Que je n’étais pas encore réduit à un pauvre vieux qui ne faisait plus que regarder les jeunes. Je ne vais pas dire que je suis amoureux d’elle bien sûr… La seule expérience d’ordre sentimental que j’ai eu avec les femmes sont les poings de Tsunade-hime. Mais Kazuyo, elle est… Elle est comme ton Emiko-chan. Elle est douce mais bien vivante. Elle aime le bonheur, elle est innocente. Et elle a beau être une civile et ne pas connaître les ninjas plus que ça, je la trouve captivante. »

- Je vois… proféra lentement Naruto, avant d’esquisser un grand sourire amusé l’espace d’une seconde. Jiraiya ne rata absolument pas l’expression de son filleul. 

- Pourquoi souris-tu gaki ? demanda Jiraiya en fronçant les sourcils. Lorsque son filleul pensait, il était très difficile de le cerner, pour ne pas dire impossible. Son statut du plus imprévisible ninja de Konoha était toujours d’actualité.

- Hein ? Sourire ? Moi ? Tu es sûr ? répondit Naruto, alors que ses grands yeux bleus innocents clignaient comme ceux d’un hibou. 

Jiraiya le regarda d’un œil critique, n’étant absolument pas dupe. Naruto décida tout de même de s’exprimer. « Ce n’est rien sensei. C’est la façon dont tu as parlé d’elle. L’admiration et l’affection dans ta voix. Ça ne trompe pas du tout. Même si tu cherches à le nier, tu as craqué sur elle. » Jiraiya poussa aussitôt un soupir à cette réplique, mais Naruto le reprit aussitôt. « Ne soupires pas comme ça, stupide Sennin ! Ce n’est pas parce que tu as passé ta misérable vie à te saouler dans des bars louches que tu vas abandonner d’office une telle opportunité quand même ? Kazuyo-san a l’air de t’aimer énormément aussi ! Pourquoi ne pas la revoir ? »

- Ce n’est pas mon genre gaki. Je préfère rester dans des relations simplement physiques, comme ça, si la femme te quitte, tu n’auras rien perdu.

- Foutaise, rétorqua aussitôt Naruto. « Tu n’as pas le courage d’aller de l’avant parce que tu as été découragé par Baa-chan, comme je l’aurais été avec Sakura si tu n’avais pas été là pour me sortir de ce village minable. »

- Ne parles trop mal de Konoha Naruto, ça reste notre village.

- Et toi ne change pas de sujet, sensei… répliqua de nouveau Naruto. « Tu me dis que je me fais du mal moi-même en me persuadant que je suis le fautif, mais dans ce cas tu n’es pas mieux. Même si j’aime Tsunade-baa-chan comme ma mère, je ne pourrais jamais lui pardonner le fait qu’elle a rejeté quelqu’un comme toi. Pourquoi ne pas saisir ta chance ? » insista alors Naruto avec un ton soucieux.

Jiraiya le regarda avec un sourire attendri. Il se sentait bien lorsque Naruto lui-même s’occupait de lui comme ça. Pourtant, peut-être Tsunade l’avait-elle repoussé toute sa vie comme Sakura l’aurait fait avec Naruto, tous n’était pas uniquement la faute de la Senju. Lui aussi pouvait être méprisable par ses manies libertines et irresponsable. Il n’était pas tout blanc.

- Je respecte ton avis Naruto, et je te remercie de ton soutien. Je sais que cela pourrait être idéal de me rapprocher de Kazuyo, et qu’elle ne désire que ça. Moi aussi, j’aimerais. Mais c’est plus compliqué que ça. J’ai cinquante ans gaki, je n’en ai plus quinze ou vingt comme toi et tes chéries. Ma vie est derrière moi maintenant, même s’il me reste encore du temps. Et puis, j’ai voué toute mon existence à aller de contact en contact dans l’intérêt de Konoha, sans ne faire rien d’autre qu’espionner et écrire quelques livres. Ma vie elle-même n’est qu’une succession d’échec et de choses inintéressantes. Je ne suis pas un « super-ninja », je ne suis pas une lumière ou un héros, comme toi et ton père. Moi je suis juste un souvenir, une relique de votre existence.

- C’est défaitiste sensei…

- C’est juste réaliste, coupa Jiraiya, beaucoup plus sérieux. « Il va falloir t’y faire. »

- Ce n'est pas la réalité ça, c’est TA réalité. Que cherches-tu à prouver en te gâchant la vie ? C’est ridicule ! lança Naruto avec agressivité.

- TAIS-TOI NARUTO ! hurla spontanément Jiraiya. « Peu importe ce que tu diras, rien, absolument RIEN ne changera le fait que je suis comme je suis, un ninja qui pense comme un ninja et qui fait son devoir. Il y a trop de choses qui font que je ne peux pas fréquenter Kazuyo Tsuhi, premièrement parce que je ne suis qu’un imbécile, ensuite que je suis un vagabond, et enfin, qu’en dépit du fait que je sois un soldat avec du sang sur les mains, je suis aussi très recherché et que je veux tout pour elle sauf être ma faiblesse ! » Sa leçon donnée, Jiraiya se tue et continua à marcher, Naruto légèrement en retrait.

- Cette conversation s’arrête là. On a un prochain contact à retrouver, termina alors Jiraiya.

Naruto n’en rajouta plus, attristé par l’obstination de son maître. Il avait de la peine pour lui, maintenant qu’il voyait que l’homme taisait le moindre soupçon d’amour pour l’enfermer et le sceller dans son cœur, préférant se tuer à petit feu que de rendre une femme heureuse. Pourtant, de ce qu’il avait vu ce dernier mois entre les deux cinquantenaires, Jiraiya aurait pu faire de la mère d’Emiko une femme très heureuse.

Quelle déception.  

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