Nidaime Kiiroi Senkō

Chapitre 2 : Les péripéties de Mizugakure.

45646 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a plus de 8 ans

Une semaine plus tard.

Mizu no Kuni, le pays de l’eau, était l’une des cinq grandes nations élémentaires. Des cinq, le pays de l’eau avait été connu pour être la troisième grande puissance, venant après le pays de la foudre puis le pays du feu. Le pays de la terre était l’avant dernier, et le pays du vent était tout derrière. Le classement n’avait jamais été figé dans le temps. Il y avait plus d’un siècle, seuls le pays de la terre, du vent et du feu existaient en tant que nation élémentaire, et étaient donc les plus prospères. C’était lors de la fin de la sombre Ninken Taisen qu’étaient nées de nouvelles et prometteuses nations. Mizu no Kuni et Kaminari no Kuni étaient de celles-là. Il y avait cinquante ans, Mizu no Kuni était connue comme une puissance forte et stable. La richesse du pays était grande, ses frontières étendues, le daimyo tenait de bonnes promesses de développement, et le village caché de la brume était puissant. Kirigakure no satō s’était élevé comme digne d’un village ninja d’une grande puissance, et sous le règne des Shodai, Nidaime et Sandaime Mizukage, il avait tenue tête efficacement à des villages ennemis comme Kumogakure et Iwagakure. En somme, Mizu no Kuni et Kirigakure étaient deux grandes entités du monde.

Tout ceci était du passé. Ce n’était plus le cas aujourd’hui. Si  le pays de l’eau avait toujours été naturellement isolé du reste du monde, de par sa géographie, aujourd’hui, ses frontières s’étaient tout simplement closes. Les contacts avec l’extérieur étaient nuls et plus aucune nouvelles du pays n’étaient parvenues au reste de l’organisation élémentaires depuis plusieurs années. Depuis huit ans. Pas un seul bateau n’avait été vu sortir de Mizu no Kuni, et toutes les expéditions menées par les autres pays ne donnaient suite. Jamais un seul bateau ne revenait. Mizu no Kuni était un sujet tabou, et tout un tas de rumeurs circulait. Les seuls suffisamment courageux pour entreprendre des expéditions ou des missions de reconnaissances n’étaient autres que les fonctionnaires des marines des gouvernements des pays élémentaires.

Naruto s’était cependant rapidement renseigné au sujet de Kirigakure. Les civils ne connaissaient pas beaucoup de choses, pas même les personnes qui étaient chargées des expéditions officielles. Mais ces personnes-là n’avaient pas connaissance des tréfonds de la pègre… et étaient encore moins des ninjas. Le monde ninja n’aurait jamais pu connaître la situation de Mizu no Kuni s’il n’y avait jamais eu d’échange. Car le trafic maritime entre Mizu no Kuni et le reste du continent était toujours existant. Il faisait maintenant juste partie intégrante du marché noir et des passeurs. Les passeurs étaient particulièrement nombreux, étant donné le nombre de réfugiés, mais très peu ressortaient vivants de la fuite, et ils se taisaient une fois arrivé hors de Mizu. Et ce fut par ce réseau de passeur que Naruto choisit d’entrer dans Mizu no Kuni.

La situation du pays était chaotique. Il y avait dix-huit ans, le Yondaime Mizukage avait pris la tête du village de Kiri après la mort du Sandaime Mizukage. Personne ne connaissait la raison de sa mort, toujours était-il que le nouveau Mizukage avait appuyé sa nomination par une série de décrets qui se devaient d’être respectés. Un régime extrêmement autoritaire. Si cela ne s’en était tenu qu’à ça… Rapidement, le Yondaime Mizukage instaura une campagne de propagande progressive, qui monta petit à petit deux partis du village l’un contre l’autre. Les deux partis étaient définis très facilement. Depuis le règne du Nidaime Mizukage, le village de Kiri avait commencé à construire un mépris croissant mais masqué pour les utilisateurs de Kekkei Genkai. Les clans ninjas du village avaient toujours eu une certaine discrimination, qui n’avait fait qu’augmenter lors de la mort de leur Mizukage des mains de Mu, le Nidaime Tsuchikage d’Iwagakure, qui était un détenteur de Kekkei. Le Yondaime Mizukage avait alors profité de ce mépris commun pour stigmatiser, à l’aide de nouvelles lois, les clans du village déjà fortement contrariés. Le clan Kaguya avait été le premier à être effacé. Son attaque sur Kirigakure n’avait eu aucun rapport avec cette stigmatisation croissante, étant donné qu’il ne vivait pas à Kiri mais en dehors. Cependant, l’attaque en elle-même avait été un élément déclencheur du conflit que le Yondaime Mizukage avait attendu. Au petit matin, il n’y avait eu aucun survivant au massacre des Kaguya.

Les jours qui suivirent furent décisifs pour ce qui alla être connu comme l’apogée de la brume sanglante. Kiri était déjà connue pour ses pratiques extrêmement difficiles, comme le meurtre de son adversaire pour devenir Genin. Mais après le massacre du clan Kaguya, les sept épéistes de la brume avaient réagis. Sous les ordres de Mangetsu Hozuki, ils avaient attaqué le Yondaime Mizukage pour s’emparer du pouvoir et rectifier la situation politique de Kiri. L’opération échoua, et ils durent fuir Kirigakure pour ceux qui n’avaient pas été tués. Mais le mouvement étant engagé, ce fut une guerre civile qui naquit de ce coup d’état monté. Les clans ninjas du village comprirent alors la réelle menace, et ne purent pas rester de marbre. A leur tour, ils se soulevèrent contre le Mizukage et ses partisans. Ils furent tous contraints de fuir, leur attaque ayant elle aussi été réprimée dans le sang. Ils n’avaient jamais pensé que la propagande du Mizukage était aussi efficace. Beaucoup de clans furent massacrés en une seule nuit dans toute la région de Kiri, même des villages entiers soupçonnés d’avoir rallier leur cause. Le clan Terumī, dont faisait partie Mei Terumī la leader de la rébellion de Kirigakure, avait lui aussi disparu. Elle en était la dernière représentante. Les années suivantes, un à un, les épéistes de Kiri tombèrent contre le Yondaime Mizukage, et le rang des rebelles s’amenuisant, les massacres s’intensifièrent cette fois sur tout le pays pour effacer non seulement chaque détenteur de don héréditaire, mais aussi chaque opposant au régime de Kiri.

La folie du Mizukage avait plongé le pays dans des ténèbres que Naruto n’avait jamais imaginé. Le pays se noyait sous le sang. Caché dans les compartiments d’un bateau de passe en direction de Kiri, Naruto réfléchissait à cette situation. Il allait entrer dans un pays qui n’avait rien des pays prospères et paisibles du continent. Cette fois, il allait vivre l’épreuve du feu, et il lui arrivait d’angoisser. Il n’avait pas peur du danger… Enfin si, bien sûr, il avait peur du danger, mais il appréhendait surtout ce qu’il allait voir. Il n’était pas connu pour aimer la souffrance… Il souffla un bon coup en restant aussi silencieux que possible, et se rendit furtivement jusqu’au pont supérieur du bateau, là où se trouvaient les officiers de ce bateau. Avançant dans les couloirs sombres et métalliques, il monta jusqu’à destination sans rencontrer le moindre obstacle… Après tout, il avait infiltré le matin le bateau et il ne savait pas comment allaient réagir ses occupants s’ils le repéraient. La nuit était tombée il y avait moins d’une heure, et seules quelques lumières vacillantes éclairaient les lieux d’une pénombre peu rassurante. Naruto se mit dos à la porte de la salle des commandes, et l’entrouvrit pour observer d’un œil les activités à l’intérieur. Le noir absolu dans le couloir le couvrait. Les endroits très étroits et sans éclairage tels que les corridors des bateaux étaient parfaits pour les ninjas et pour l’infiltration.

- Capitaine, la nuit est tombée et nous sommes en approche de Mizu. Tout se déroule comme prévu.

C’était l’un des supérieurs du navire qui avait parlé à son capitaine, ce dernier regardant d’un œil grave la direction dans laquelle le bateau se dirigeait. Pas qu’il y avait quelque chose à voir. A cette heure, il faisait beaucoup trop noir pour voir quoi que ce soit.

- Très bien. Préviens à tout l’équipage de passer en état d’alerte maximale. Si quelque chose se passe mal, le bateau doit être prêt à s’éloigner de la terre ferme. Il faut que nous récupérions les gens qui nous attendent sur la plage, qu’ils nous payent et qu’ils montent. Mais il faudra faire ça vite et dans le plus grand silence. Si jamais on est repéré par les traqueurs de Yagura, ils nous massacrerons tous.

Yagura. Le nom de l’homme qui terrorisait le pays de l’eau. Passé Yondaime Mizukage, il était dit être un démon compressé dans une enveloppe humaine. Qu’il était immortel. Naruto ne croyait pas à ces rumeurs idiotes, mais il savait que la vérité se cachait toujours dans le mensonge. Mais les passeurs qu’il avait infiltrés semblaient dans tous les cas connaisseurs de leur rôle. Dans d’autres circonstances, Naruto aurait pu apprécier leur fonction. Mais en réalité, les passeurs n’étaient que des opportunistes. Ils se servaient de la douleur et de la peur des habitants de Mizu no Kuni et les extorquaient. Ils leur promettaient de les faire sortir du pays en échange d’un dû. Les réfugiés étaient triés en fonction de ce qu’ils avaient à offrir. Cela pouvait être de l’argent, mais aussi, malheureusement, des concessions physiques. Ils violaient généralement les femmes qu’ils acceptaient de passer, qu’elles fussent épouses, mères ou filles. Ces hommes étaient tout aussi méprisables que les ninjas de Yagura.

Naruto referma la porte sans bruit, et se renfonçant dans les ombres, il décida de sortir à l’extérieur du bateau. Ils approchaient Mizu rapidement, et il devait être prêt à débarquer et rapidement se déployer sans être vu par quiconque. Arrivant sur le toit du pont du bateau, il s’accroupit, caché par l’ombre de la nuit et d’un gros tuyau. Le fait qu’aucune lumière n’était allumée pour ne pas les faire repérer était entièrement à son avantage, la lumière des étoiles et de la lune n’étant pas suffisante pour le faire repérer. Non seulement parce qu’elle était obstruée par une épaisse couche nuageuse, mais en plus parce qu’il portait une très longue cape noire dont il avait rabattu la capuche sur sa tête. Rien de son corps n’était visible, pas même son visage. Ainsi, en vingt minutes, le bateau arriva à moins de trente mètres de la plage où les passeurs étaient censés rencontrer les quelques deux cents réfugiés. Mais Naruto, en tant que ninja, avait parfaitement sentit que quelque chose n’allait pas.

- Capitaine… ! prononça l’une des vigies à la proue du cargo par le canal de communication. « Nous voyons quelque chose de… Oh mon dieu… »

- Qu’est-ce qui se passe ! Ne me dites pas que nous nous sommes trompés de coordonnées de navigation ! aboya le capitaine dans le micro de la radio, depuis le point supérieur.

- Pas du tout Capitaine… Nous sommes bien au bon endroit… Vous devriez nous permettre d’allumer le projecteur, et vous allez vite comprendre.

Le dirigeant du cargo ne savait pas vraiment… En déjà trois voyages, il n’avait jamais eu un tel retardement quant au chargement des civils réfugiés. Il ne comprenait absolument pas. « Très bien, allumez-les. » Sa réponse hésitante fut sans doute la plus mauvaise décision qu’il n’eut jamais pris dans sa vie. Lorsque le projecteur s’alluma  et fit un passage sur la plage pour l’illuminer, ce qu’ils virent les glaça d’effroi. Des corps. Une marée de corps, qui, partant de la plage, venait se répandre dans la mer et flotter au gré des vagues. Rouge. La plage était rouge de sang, absorbant la vie des quelques deux cent corps déchiquetés des civils. Hommes. Femmes. Enfants. Pas un seul n’était vivant. Mais pour le Capitaine, cela ne signifiait qu’une chose. Les auteurs de cette barbarie sans nom étaient là. Et comme des proies tombant dans un piège évident, ils avaient simplement participé à signaler leur position. « MERDE ! ETEIGNEZ LE PROJECTEUR ! » hurla le Capitaine dans sa radio.

- Capitaine ? Je ne comprends pas, que voulez-vous- Qu’est-ce que c’est !? AAH !

Le maître du navire laissa tomber sa radio au sol, alors que la terreur le prenant, une série de sueur froide l’assaillit. Il entendit les cris éphémères de ses hommes à travers la radio ou de ceux qui étaient dehors à surveiller. « Ces masques blancs… C’est Kiri !!! Oh non !! Ils sont dans la salle des machines !! Ne les laissez pas faire !! AAARGH ! » Soudainement, une immense explosion retentit dans les niveaux inférieurs du bâtiment, couvrant pour quelques secondes les cris de terreur des membres de l’équipage. Mais le plus effrayant était le fait que les traqueurs de Kiri surgissaient des ombres et les tuaient en silence, comme des fantômes. Ils n’usaient de rien de plus que de la peur, leur tranchant la gorge ou les décapitant avant de disparaître. L’équipe dans la salle des commandes se précipita vers la porte et suivant le Capitaine, ils s’échappèrent dans les corridors à toutes jambes, pour rejoindre l’extérieur. S’ils pouvaient rejoindre l’eau et plonger, ils avaient une chance de s’échapper de ce cauchemar. Alors qu’ils entendirent des cris à travers tout le bâtiment, ils virent le bout du couloir et la vue de l’horizon étoilé sur laquelle donnait la porte. Ils s’arrêtèrent malgré tout lorsque, apparaissant lentement parmi les ténèbres, une entité immobile leur barra la route, une dizaine de mètres devant. Cette cape noire épaisse et cette capuche ne laissant rien voir d’autre du visage que… ce masque blanc. Dans un seul cri de terreur, ils moururent carbonisés par un jutsu Katon lancé par l’ANBU de Kiri.

Lorsque l’attaque s’était déclenchée, Naruto n’avait pas attendu. Les ANBU de Kirigakure ne l’ayant pas repéré, il était rapidement descendu du bateau et pied contre la surface de l’eau, s’était plaqué dos contre la coque. L’explosion qui retentit dans la salle des machines et qui perça un trou dans la coque, de l’autre côté du navire, fut une chance pour lui à saisir. Cette diversion couvrit ses bruits de pas sur l’eau, alors que courant le plus rapidement possible, il fila droit vers la plage. Il n’avait pas d’autres solutions que celle-ci. Il sentit son cœur geler d’horreur en voyant les corps inertes de tous ces gens. Ils n’avaient rien pu faire. Il n’arrivait pas à comprendre comment des ninjas d’un village caché acceptaient de réaliser de telle monstruosité, massacrer des personnes sans défense. Lui n’aurait jamais accepté. Il aurait préféré mourir que d’obéir à de tels ordres. A son soulagement, aucun ANBU n’était resté sur la plage ou dans les environs.

Comme il l’avait espéré, ils étaient tous à bord du bateau pour continuer leur massacre, ne pensant même pas qu’un ninja avait pu infiltrer le pays. S’enfonçant dans la forêt qui s’étendait derrière la plage, il essuya ses yeux, et ne se retourna pas pour regarder les visages emplis d’horreur des morts. Il devait maintenant rejoindre le lieu de contact avec la rébellion. Là encore, ce serait extrêmement difficile : il ne connaissait pas la région.

***

Quatre jours plus tard.

Il avait voulu les tuer. Il avait voulu tous les tuer pour rendre justice à leurs victimes. Pourtant il savait très bien qu’il ne pouvait pas. Non seulement parce qu’ils étaient très nombreux et qu’ils allaient avoir une chance de le tuer s’il les attaquait, mais en plus, parce que si jamais il n’en laissait qu’un seul en vie, Kirigakure pouvait savoir qu’il était entré dans Mizu no Kuni. Il s’était résigné à passer et se cacher, quand bien même sa conscience et son désir de justice en avaient pris un dur coup. Mais aujourd’hui, après une semaine d’errance dans ce pays, il comprenait aussi qu’attaquer les ANBU sur le bateau aurait été tout bonnement inutile. Ce pays était trop dévasté par la guerre. Il marchait le long des routes en prenant bien soin de cacher son visage sous sa cape, et évoluait de village en village. Au contraire du pays du feu et de nombreux autres pays de la péninsule, Mizu no Kuni avait une architecture très… ordinaire. Pas de métal. Pas d’immeuble. Les seules agglomérations dignes d’être appelées villes, avec de vrais bâtiments en béton, métal et verre, étaient désertes. Si ce n’était les quelques cadavres à chaque coin de rue. Le pays avait tout simplement fait un pas en arrière technologiquement. Peut-être était-ce dû à la fermeture des frontières… En fait c’était même évident. Il avait donc découvert un peu du pays, de la bouche de quelques habitants qui acceptaient de le renseigner, mais pas trop non plus… Aucun village n’était en sureté.

Il y avait trois ans, le daimyo et la majorité de sa famille avaient été assassinés par Kirigakure, et les survivants de la famille royale cachés quelque part par les rebelles. Dès lors, Yagura avait non seulement eu un pouvoir total sur Kiri, mais aussi sur Mizu no Kuni. Pas qu’il ne l’avait pas déjà avant, mais la mort du daimyo et donc la perte totale d’autorité supérieure à Kiri lui avait retiré un étau non négligeable. Suite à la chute du daimyo et de son gouvernement, Kirigakure avait obtenu le contrôle total de l’information sur le pays, décelant ainsi la moindre menace et cherchant activement chaque utilisateur de lignée dans le pays. Les villages qui acceptaient de cacher ces détenteurs de dons héréditaires, ou qui les abritaient sans même le savoir, étaient facilement trouvés et rayés de la carte. Naruto le voyait de ses propres yeux.  Les paysans qu’il interrogeait n’osaient pas lui révéler trop de chose et n’osaient pas non plus s’exprimer librement, pour la simple et bonne raison que la délation était devenue monnaie courante. Si une personne était entendue lorsqu’elle critiquait Kirigakure, le lendemain, des ANBU de Kiri pouvaient venir l’emmener. Tous se doutaient de ce qui advenait de ces personnes.

Finalement, après quelques recherches et reconnaissances, Naruto avait obtenu une carte, et avait réussi à se situer quant à la région. Le lieu exact de contact avec les rebelles se trouvait à près de quatre-vingt kilomètres au nord de sa position. Quand il avait compris ça, il avait grimacé. Néanmoins, ce qui le rassurait, c’était qu’il lui restait encore un jour pour y parvenir. S’il se dépêchait, il pouvait facilement y arriver. Mais cette fois, il ne pouvait plus marcher et se camoufler derrière une apparence de simple rodeur. Cette fois, il devait se déplacer à grande vitesse, et s’il ne faisait pas attention, il pouvait être remarqué. Voire pire, il pouvait tomber droit dans une embuscade. Et les ninjas de Kiri semblaient particulièrement bons pour les attaques embusquées. Mais c’était le risque à prendre. Il ne pouvait pas se permettre de rater le contact. Alors, il était parti sans attendre, le plus rapidement possible. L’orage grondait et une pluie torrentielle tombait sur la région, ce qui était une aubaine pour lui, étant donné que le brouillard ajouté à la pluie, et le tonnerre, couvraient sa progression. Etant au milieu du mois de mars, c’était dans cet environnement à la fois océanique et tropical la saison des pluies. Mais les pluies n’étaient pas chaudes. A l’inverse, c’étaient des pluies froides, rendant l’air lourd et difficilement respirable par sa température et son humidité.

En moins de trois heures, prenant sur ses réserves et son endurance, Naruto parcourut déjà plus de  quarante kilomètres. Il ne prit aucun détour. Dès qu’il avait pu se localiser précisément à l’aide de la carte, il avait défini la direction exacte dans laquelle aller, et avait filé en ligne droite. Jugeant qu’il pouvait se reposer un petit moment, histoire de ne pas arriver trop en avance, il avait décidé de s’arrêter au prochain village qu’il allait rencontrer, si l’un de ses habitants acceptait éventuellement de l’y accueillir. Les habitants de Mizu no Kuni étaient loin d’être aussi conviviales que ne l’étaient ceux du pays du feu… Lorsqu’il pénétrait dans un village, à défaut de ne pas être d’apparence fiable étant donné sa longue cape de rodeur lui cachant le visage, les habitants rentraient aussitôt chez eux et claquaient la porte… pour ne ressortir que quand il était parti, ou qu’ils étaient assurés qu’il ne faisait pas partie des ninjas de Yagura  - et accessoirement, que la raison de sa venue n’était pas de les exterminer…

Pourtant, ce qu’il vit lorsqu’il entra dans le petit village qui était sur son chemin pour le point d’insertion, il eut préféré ne jamais l’avoir vu. Aux premiers abords, sous la pluie et la légère brume, le village paraissait des plus normaux. Personne dans les rues, personnes de visible.  Quand il remarqua que les portes et les fenêtres des maisons étaient grandes ouvertes, et qu’il put voir le grabuge à l’intérieur, il sut que quelque chose était arrivé. Se cachant dans une ruelle en sortant aussitôt de l’angle de vue de l’avenue, il grimpa rapidement sur les toits. Il avança discrètement, mais à un moment, il grimaça de dégoût en se couvrant le visage avant un tissu. Une odeur pestilentielle régnait dans l’air. Et il connaissait parfaitement cette odeur. L’odeur de la mort… L’odeur de corps qui pourrissaient. Comme cette insupportable odeur qu’il avait pour la toute première fois senti sur cette plage de Mizu… Il avait horreur de cette odeur. Mais plus important encore. Il avait horreur des charniers, tout comme celui qui, devant lui, gisait. Les ninjas de Kirigakure avait dû trouver dans ce village quelque chose qui avait dû leur déplaire. Un détenteur de Kekkei… Une cache de rebelles à Kirigakure… Ou même une femme. Une femme qui, ayant été réticente à céder à leurs avances, avait généré un sentiment d’hostilité commune des villageois envers les ninjas. Aucune personne normale ne laisserait une femme se faire violer devant ses yeux, à moins qu’elle ne soit une lâche.

Une femme comme celle qu’il entendit pleurer et hurler, même à travers le fracas de la pluie sur le sol. Détachant son regard du massacre qui s’étendait sur la petite place, il descendit rapidement du toit de la maison. Il avança rapidement dans la rue, jusqu’à arriver à l’arrière d’un bâtiment en bois. Passant par la fenêtre de derrière, il entra dans le bâtiment, soufflant légèrement à la différence de température, beaucoup plus chaude ici qu’à l’extérieur. Il se tapit dans l’ombre de la pièce, en tentant de stopper l’écœurement qui le prit. Il entendait, sans doute à l’étage du dessus, les gémissements plaintifs de la femme qu’il avait entendu précédemment. Progressivement le plus agilement possible jusqu’à l’étage supérieur, il s’approcha finalement de l’entrée de la pièce où se trouvaient les personnes qu’il cherchait. Il y avait quatre shinobis. Quatre hommes de Kirigakure, ainsi qu’une jeune femme. Le simple fait de l’entendre, d’entendre ce timbre dans sa voix si désespéré, si triste…  Lui rendit le moment insupportable. Ils la violaient. Il avait massacré tout un village… Des familles… Des hommes, des femmes, des enfants, des bébés ! Toute cette insatiable folie… Pour violer une jeune fille.

- Les autres vont se demander ce qu’on fait. Ça fait plus d’un jour qu’on ravage cette fille, il serait peut-être temps de la tuer et de partir merde… grogna un des quatre ninjas dans le coin de la pièce en regardant celui qui était actuellement en train de violer la jeune fille.

- N’insiste pas, répondit l’un des deux autres à côté de lui. « Tant qu’il la baise il est dans un autre monde. On va juste attendre qu’il finisse et on la tuera. En espérant que le capitaine n’apprenne pas ce qu’on a fait… »

- Que ferait-il de toute façon. On a qu’à dire qu’ils étaient des rebelles et ça réglera l’affaire.

La jeune fille, malgré qu’elle eut abandonné l’idée de se débattre et de fuir, fut toujours consciente. Lorsqu’elle entendit les ninjas sur le côté parler de la tuer une fois qu’ils en auraient fini avec elle, elle n’en pleura que de plus belle, en proie à encore plus de panique et plus de désespoir. Immobilisée, tout ce qu’elle pouvait faire était d’attendre que l’homme sur elle ne termine et ne la souille une énième fois, et qu’enfin, ils ne l’égorgent, la tuant comme ils l’avaient fait en riant avec sa famille, ses amis, ses voisins. Qu’ils n’en finissent avec elle comme ils l’avaient fait avec toutes les personnes qui lui étaient si chères. « Pitié… » gémit-elle en ayant du mal à respirer sous la peur, et l’intrusion de l’homme en elle. « Pitié… Je ferais ce que vous voulez… » gémit-elle de nouveau. « Pitié… Ne me tuez pas… Pitié… » Ses sanglots intarissables reprirent alors qu’elle sentit l’homme accélérer… Si sale… Elle allait mourir. Elle allait vraiment mourir. Elle savait qu’ils n’allaient pas l’épargner… Ces monstres de Kiri.

L’homme sur elle, alors qu’il était baigné dans l’extase en violant cette femme, n’entendit pas ce qui se passa autour de lui. Les trois ninjas qui l’observaient avec un air rieur écarquillèrent les yeux quand une forme floue transparut devant eux. Avant même qu’ils ne réagissent, leurs gorges furent tranchées d’un coup de kunai chacun et ils tombèrent avec un regard horrifié au sol, avec pour dernière vision deux yeux d’un rouge sang qui incarnaient la haine. Ne pouvant pas hurler, ils moururent dans quelques râles sanglants en quelques secondes, pas suffisamment sonores pour prévenir leur compagnon. Perdu dans son entreprise, il ne perçut que trop tard la présence d’un homme derrière lui, avant de sentir la vie le quitter à l’intrusion d’un Rasengan dans le dos qui le broya de l’intérieur.  Crachant du sang sur le visage de la jeune fille, il retomba sur elle en poids mort. Poussant un énième hurlement d’horreur, la jeune fille le repoussa sur le côté et alla se blottir dans le coin de la pièce, essayant de cacher sa peau du nouveau venu avec le peu de vêtements déchirés qui lui restait.

- P-P-Pitié… Ne me tuez pas ! réitéra-t-elle en le voyant s’approcher

Naruto s’arrêta, la regardant avec peine et tristesse. Il ne se connaissait aucun don empathique avec son environnement, comme certaines personnes pouvaient avoir, mais Naruto ressentait des émotions beaucoup plus intenses que les personnes normales… Pour la simple raison qu’il était un Jinchuuriki. Un Jinchuuriki avait par défaut un trou dans l’âme, un trou dans le cœur,  qu’il cherchait désespérément à remplir, mais qui ne pouvait pas se remplir. Un trou émotionnel qui maudissait la vie des Jinchuuriki car le bonheur n’était jamais assez puissant. Cette malédiction du cœur, que Naruto ressentait depuis toujours, rendait de façon démesurée la perception de ses émotions. En particulier la souffrance, la haine et la tristesse. Et c’était un précipité de ces trois états dont était victime Naruto en regardant dans les yeux vitreux de cette pauvre fille. La peau aussi pâle que la mort, tremblante, alors qu’elle était recouverte de crasses… Cette seule vue donna l’envie immédiate à Naruto de se diriger droit sur Kirigakure, et de briser le sceau qui retenait Kyuubi. Cette envie d’en finir avec eux dès maintenant.

Il descella une seconde cape, et vint s’agenouiller devant elle. Sans rien prononcer, il emmitoufla la jeune fille dans le tissu, et la prit en berceau. Les traces d’ecchymoses sur son corps et son visage prouvaient qu’ils l’avaient non seulement violée mais en plus battue, et fortement, à en regarder l’angle qu’avait pris l’une de ses côtes. Il se leva, alors que tremblante, elle fut partagée entre l’envie de fuir loin et l’envie de faire confiance à cette personne qui émettait une aura si chaleureuse, à l’inverse de l’atmosphère glaciale de la région. Elle ne savait pas que l’Uzumaki générait du chakra autour de lui pour délivrer une chaleur apaisante. Arrêtant petit à petit ses sanglots, elle posa la tête sur l’épaule de l’homme, une fois qu’il eut passé la capuche de son manteau sur sa tête. Rassurée et se sentant en sécurité, malgré le massacre de son village, elle s’endormit dans ses bras… manœuvre désespérée de son corps pour se réfugier dans un état semi-comateux. Et ayant vu les plus beaux yeux bleus qu’elle n’avait jamais vu sous la capuche, elle décida de simplement se confier à cet inconnu, aussi téméraire fut son choix.

Le regard grave, Naruto la serra fortement, et sautant par la fenêtre, il s’élança en direction de la zone de contact des rebelles. Il grogna sous la force de la pluie de ce pays maudit.

***

                Naruto sauta agilement sur le côté quand un kunai fut lancé depuis les buissons dans sa direction, se plantant dans la branche d’arbre où il avait posé pied. Atterrissant sur le sol et glissant quelque peu, il fit attention à ne pas lâcher la jeune fille dans ses bras. Cette fois, il se retrouva dans une situation précaire. Il n’avait aucune idée où était réellement situé le lanceur du projectile et s’il était seul. Il n’avait pas non plus sa pleine capacité de mouvement, étant donné que ses mains étaient occupées à tenir sa protégée. Prenant sur son sang-froid, les sourcils froncés, il se tint prêt à une seconde attaque. Une quinzaine d’hommes apparurent autour de lui, portant le même genre de kimono bleu que portait Haku, lorsqu’il l’avait rencontré à Nami no Kuni, quelques années auparavant. Au départ, il se raidit en attendant une attaque, pensant qu’il eut à l’instant été trouvé par les ninjas du Mizukage, mais quand il remarqua que les ninjas n’étaient pas en position pour l’attaquer, il comprit alors qu’ils étaient les contacts de la rébellion.

Ao, le commandant des Oi-nins de Kirigakure, qui avait rejoint avec ses hommes le mouvement de Mei Terumī dès lors que la guerre avait commencé, observait l’envoyé de Konoha avec suspicion. Naruto le regarda, voyant qu’il était le seul à ne pas porter de masque, et comprenant qu’il était le chef du groupe, le salua d’un hochement de tête. Quand il vit que le ninja de Kiri le regardait dans les yeux, il comprit bien vite que ce dernier voyait à travers sa capuche… Et la seule théorie qu’il put émettre fut que le Oi-nin devait posséder un Dōjutsu implanté, tout comme Kakashi Hatake, sous ce bandeau qu’il avait sur l’œil droit. Il reconnut aussi au premier coup d’œil les parchemins attachés à ses boucles d’oreille. Il était écrit dessus « Sho Uketamawa », Entendre. Naruto comprit rapidement que c’était un genre de sceau de détection. L’homme lui fit légèrement penser à Kisame Hoshigaki, du fait qu’ils avaient la même coupe de cheveux bleu foncés. Coiffé haut et triangulaire sur la tête.

- Cela vogue au-delà de nos mers salées, prononça d’un ton impassible Ao, tout en regardant le visage de Naruto, qu’il voyait très clairement grâce au Byakugan implanté dans son œil droit. L’homme semblait être celui de la description de Konoha, dans le message que sa supérieur Mei Terumī, avait reçu. Il n’en était pas sûr car il ne pouvait pas distinguer les couleurs, mais il avait reconnu ces « marques de moustaches » sur les joues de l’homme.

- Il vient par le vent d’ouest depuis les plaines de flamme et les forêts sucrées, répondit alors Naruto avec un sourire, trouvant malgré lui le code amusant.

Le visage impassible de Ao se détendit à l’entente du mot de passe, et il se permit de souffler légèrement. Yagura et ses hommes étaient très doués pour la traitrise et l’embuscade, et lui et la rébellion n’avait jamais laissé l’option qu’ils puissent apprendre leurs plans et usurper les ninjas de Konoha. Le fait que le garçon connaissait le code éliminait cependant toute théorie, comme il n’était connu que de lui et de Mei. Ce fut rassurant. Il eut un regard critique sur Naruto, légèrement hautain, alors qu’il le regarda. Il était étonné par sa voix qui, même étant plutôt grave, sonnait cependant jeune. Au premier regard, il devait avoir un peu moins de vingt ans. Ô combien se trompait-il sur l’âge de Naruto…

- Tu es arrivé plus tard que je ne l’aurais imaginé, ninja de Konoha.

- J’ai été légèrement retardé… prononça doucement Naruto.

Ao ne répondit pas, ne se contentant que d’acquiescer avec un regard peiné. Il avait remarqué, comme tous les autres Oi-nins, la personne que portait Naruto. Ils avaient tous remarqué aussi qu’elle était une femme, et sous le Byakugan de Ao, il vit qu’elle ne devait pas avoir plus de seize ans… Il grimaça. Pour un homme comme lui qui louait l’honneur et la dignité, il méprisait absolument ce genre de crime. C’était l’incarnation de la bassesse du ninja que de s’en prendre à plus faible que soit, et c’était l’incarnation de la bassesse d’un homme que de s’en prendre à une femme – une jeune fille. Quand bien même une partie des ninjas sous le commandement de Yagura agissaient sous la contrainte, de peur de voir leurs familles et proches assassinés, une autre partie tout aussi importante agissait de son plein gré, acceptant avec plaisir les tâches barbares que leur confiait Yagura. Tortures multiples. Enlèvements. Viols. Raids et massacres… Si Ao avait apprécié les débuts de Kirigakure sous le règne du Yondaime Mizukage pour sa symbolique, forte et impitoyable, elle n’était devenue plus que l’ombre d’elle-même par la suite.

Kirigakure avait toujours été un village à l’aspect impitoyable, à la vie difficile. Le sacrifice de soi ou de ses coéquipiers. Le meurtre de son camarade de classe pour devenir ninja. L’étouffement politique et la suppression des ouvertures d’esprits. Une politique extrêmement radicale, presque tyrannique. Cela avait toujours été le visage de Kiri… Mais aujourd’hui, la dureté de la brume avait flanché pour devenir la folie du sang. Ao était fatigué de tout ça. Sincèrement, il espérait que la guerre civile cesse, que Yagura tombe… Il avait réellement espéré qu’enfin, Konoha réponde franchement à leur appel, plutôt que de leur envoyer un seul ninja… Il avait espéré enfin voir le bout du tunnel. Mais il semblait bien qu’ils ne le verraient pas de sitôt…

Demandant alors à Naruto de le suivre lui et ses hommes, ils partirent aussitôt de la région, retournant à l’abri des regards, au repère de la rébellion.

***

- Est-ce qu’elle sera bien ?

Ce fut tout ce que demanda Naruto en regardant la jeune fille sur un lit, dans l’infirmerie de la base d’opération des rebelles. Ao était à côté de lui, l’observant sans rien dire. Le jeune homme fut très impliqué quant au sort de la jeune fille. Au moins, il était généreux, c’était déjà ça. Quand le médecin revint de son diagnostic sur la jeune fille, il s’empressa de répondre que mise à part le traumatisme émotionnel et les quelques traces du viol, elle s’en sortirait. Un viol n’était jamais agréable évidemment… Mais dans ce pays, ces crimes étaient par ces temps menés si courants qu’ils en avaient perdu toute leur gravité… Tout ce que pouvaient faire les médecins, c’était soigner ces victimes et essayer de les réhabiliter au mieux, étant donné qu’aucune justice ne punissait les violeurs. Naruto acquiesça difficilement, avant de finalement suivre Ao parmi les couloirs du complexe, pour aller se présenter aux leaders du mouvement, en particulier cette Mei Terumī. Il voulait savoir quel genre de personne était-ce.

- J’espère que tu n’es pas traumatisé par ça, Konoha-nin… commença Ao, bien que ce ne fût pas le ton hautain et chercheur qu’il eut en le rencontrant.

Naruto eut un regard pensif, douloureux mais endurci. Il s’était mentalement préparé dès qu’il avait passé la plage à voir n’importe quelle horreur et réagir en conséquence. Bien sûr, c’était écœurant, mais il avait grandi. Il n’allait pas se bloquer à cette vue et perdre en fonctionnalité. Il était un ninja et en tant que tel, il se devait de garder la tête froide.

- Ne vous inquiétez pas Ao-san. Je vais bien… je suis juste… légèrement dépaysé.

Ao ricana à l’ironie de cette phrase. « Ça se comprend… J’imagine que c’est un peu plus paisible à Konoha… » Naruto ne put s’empêcher de rire doucement à l’euphémisme de cette phrase.  Les ninjas de sa génération n’avaient en effet jamais vécu de guerre, et les personnes plus âgées, les instructeurs Chūnins et Jōnins, n’en parlaient jamais. La nouvelle génération était insouciante, et son insouciance, son innocence, était partie en fumée lors de son entrée dans ce pays. Finalement, ils arrivèrent bien vite là où il devait rencontrer Mei Terumī. Quelques ninjas se joignirent à la marche, ayant apparemment décidé d’assister à la rencontre de leur leader avec l’envoyé de Konoha. D’un coup d’œil discret autour de lui, Naruto remarqua que par leur aura, ils semblaient tous très expérimentés… 

Finalement, ils arrivèrent devant la porte, qu’ils ouvrirent, avant d’entrer dans la salle. Ao ouvrant la marche, Naruto avança à son tour dans la salle, où une vingtaine de ninjas se retourna à sa venue. Caché sous sa capuche, il fut légèrement intimidé par tous ces regards…  Il se doutait bien qu’ils devaient tous être surpris, outrés ou déçus qu’il fût le seul ninja que Konoha avait envoyé à leur aide. Que cela sonnait comme une blague. Il passa à travers leur rang pour arriver de l’autre côté de la salle, où un bureau était installé. D’abord curieux, il cessa alors un instant de respirer quand il vit la beauté de la femme qui y était assise. Ces yeux verts émeraude avec un léger reflet turquoise, cette longue chevelure châtain épineuse et cet air jovial et rieur… Elle était sublime, c’était incroyable. Entre temps, il ne se rendit pas compte qu’il était le centre d’attention de la salle.

Car pendant qu’il contempla Mei, cette dernière, ainsi que tous les autres occupants de la salle, l’observèrent réciproquement. Sous cette cape, il était indescriptible. Il n’émanait aucune aura et par conséquent, ne paraissait absolument pas intimidant. C’était une première chose que nota Mei… Non seulement elle ne voyait rien de lui, mais en plus, ne ressentait rien de lui. Mais elle savait intimement que si la feuille l’avait envoyé lui seul les soutenir, c’était qu’il devait être puissant… Cette hypothèse la confortait dans l’idée que par garde constante, le ninja masquait son émission de chakra pour surprendre l’adversaire…  Elle laissa un sourire apparaître. Peut-être pouvait-il réellement les aider après tout…

- Bienvenue, ninja de Konoha… Comme vous le voyez ici, nous attendions tous votre venue. J’espère que le voyage n’a pas été trop pénible… prononça-t-elle.

C’était là un sous-entendu lancé pour le faire réagir, le provoquer légèrement. Pourtant, il resta immobile et impassible, à l’étonnement des Kiri-nins, qui avaient attendu une réaction quelconque de sa part. Finalement, ils l’entendirent rire. Certains se raidirent légèrement quand ils le virent lever les bras, ses mains apparaissant hors des manches longues pour aller saisir sa capuche. Il la baissa alors, laissa s’échapper une longue et épineuse tignasse d’un jaune d’or qui l’apparentait tellement à son père. Mei fut soudainement très calme et attentive, alors qu’elle contempla à son tour le jeune homme devant elle. Ces magnifiques yeux bleus, ces cheveux blonds et ces étranges marques de moustache sur ce beau visage à la peau légèrement tannée… Elle avait vraiment à faire à un très beau garçon… Naruto fit un sourire amusé.

- Ce n’est pas aussi ensoleillé que le pays du feu, je dois l’admettre… Mais ces bains de sang et ces cris de terreurs donnent tout de même une bonne touche d’exotisme au paysage… répondit-il, sur le même ton que Mei un peu auparavant.

Elle comprit aussitôt qu’il jouait légèrement… Et qu’il ne pensait pas ce qu’il disait bien sûr… Mais elle ne releva pas la petite pique, préférant juste admirer son beau visage… Pourquoi un étranger était-il si charmant alors qu’elle n’avait jamais rencontré quelqu’un si séduisant à Mizu no Kuni ? La vie était si injuste…

- J’espère que vous appréciez ce que vous regardez… rajouta-t-il avec un grand sourire farceur quand il remarqua qu’elle le dévorait du regard. C’était en fait à la fois très gênant qu’elle ne lorgne autant sur lui, et à la fois très amusant. Surtout avec le regard rêveur sur son visage qui ne participa qu’à l’embellir d’autant plus.

Il y eut certains hoquets légers dans la salle, de surprise ou d’indignation… même de peur. Personne n’osait taquiner Mei Terumī de la sorte, surtout quand elle avait la manie de dire qu’elle allait fondre ceux qui lui faisaient perdre son temps… le tout avec un sourire lumineux légèrement dérangé… Mais ils furent encore plus surpris quand au lieu de lancer un jet d’acide à l’inconscient de Konohagakure, elle préféra sourire et répondre… « Je serais tentée de répondre à cette question si vous seriez déjà enclin à me dire ce que vous pensez de moi… » Naruto la regarda étonné, avant de faire un sourire timide dans un petit rire.

- Vous voulez que je sois franc ? questionna-t-il amusé. « S’il existe réellement une déesse sur cette terre, il se pourrait bien que je vienne de la trouver … »

Cette remarque eut quand même le mérite de faire rosir les pommettes de Mei… Evidemment, tout le monde savait à quel point Mei était sensible au niveau des remarques… Elle haïssait réellement les insultes, en particulier sur son âge, mais elle adorait vraiment les compliments, particulièrement sur son physique et son talent de ninja… Et c’était la première fois qu’un homme, charmant de surcroît, la complimentait de façon aussi… romantique ? Autant dire qu’elle se sentait la reine du monde l’espace de quelques secondes… Il en fallait peu pour être heureuse, avec Mei Terumī.

- Dans ce cas, je ne cacherais pas que j’aime regarder ce qui est beau, dit-elle toujours avec cet air doux et joyeux semblant en total décalage avec la situation de guerre du pays. Mais Naruto savait par logique qu’elle tentait par esprit positif de juste oublier l’horreur dans laquelle le pays était plongé. « Mais autant j’aimerais continuer à bavarder de la sorte, autant nous avons beaucoup de choses à faire dès maintenant, monsieur… »

- Naruto, poursuivit-il quand il vit qu’elle lui demandait son nom par le regard. « Uzumaki Naruto, Mei-san. »

Elle acquiesça, avant de soupirer, revenant aux dossiers qui étaient devant elle. Elle en ouvrit un, un rapport d’espionnage sur la région.

- Naruto-san, vous avez été envoyé ici pour nous aider à combattre Yagura et ses ninjas et libérer Kirigakure. Il y a beaucoup de missions qui requerraient votre soutien… Konoha a laissé entendre que vous êtes un très bon ninja, et nous manquons en ce moment de beaucoup d’effectif… Yagura a lancé une attaque récente car il avait trouvé la cachette des survivants de la famille royale. Nous avons dû défendre la zone le temps d’évacuer la famille royale… Dans cette bataille j’ai perdu plus de trois cent de mes ninjas… Ils étaient parmi les plus doués de la rébellion. Ils ont été isolés, puis pris totalement par surprise et n’ont malheureusement pas pu réagir assez vite à l’offensive. Avec leur perte, ma rébellion se retrouve en désavantage…  Un désavantage non seulement numérique mais aussi tactique… Mais nous devons impérativement contre-attaquer, nous sommes beaucoup trop vulnérables. Le problème, c’est que si l’une de nos opérations échoue, nous pourrions être définitivement battus, et Mizu no Kuni serait alors sous le contrôle total de Yagura…

- Je vois, prononça Naruto alors qu’il revêtait son visage impassible de ninja. « J’ai été envoyé ici pour vous aider quelle qu’en soit la tâche, Mei-san. Je suis entièrement à la disposition de la rébellion. Je ferais de mon mieux. »

Ce fut tout ce qu’il eut besoin de dire.

***

                Les plans de leurs opérations avaient toujours été clairs et directs. Ce dernier ne faisait pas exception à la règle. En deux mois, Naruto avait participé à plus d’une trentaine d’escarmouches expéditives, où ils prenaient en embuscade en quelques secondes des convois de Kirigakure. Ces mouvements de guérilla affaiblissaient Kiri petit à petit, les rapprochant, ils l’espéraient, de leur but.  Deux groupes étaient simultanément envoyés chaque jour dans deux lieux éloignés de Mizu no Kuni où leur mission était soit d’évacuer des habitants, soit de tendre des pièges à l’ennemi. Les membres de ces groupes étaient choisis au jour le jour, par volontariat le plus généralement… En soit, l’organisation reposait toujours sur la volonté des membres de la rébellion et des informations qui affluaient. Ce n’était pas pour autant que la situation était sûre… Ils n’avaient pas encore porté de coup dur à Kirigakure, et réciproquement, Kirigakure n’avait pas non plus porté de nouveaux coups durs. Mais il était temps de changer cela, et cela avait été avec conviction qu’Ao était revenu en possession d’une information et d’une base de plan… Et Naruto avait trouvé la solution parfaite pour le compléter.

Yagura avait fait construire plusieurs postes avancés fortifiés autour de Kirigakure. Les forteresses avaient été bâties de sorte à ce qu’aucune force extérieure ne puisse y entrer, et l’infiltration dans de telles infrastructures était littéralement impossible.  La forteresse comptait par défaut un capteur qui surveillait en permanence la porte, seule brèche de la muraille… Plus d’une cinquantaine d’hommes surveillait sur les murailles et tours de guets, couvrant toute approche d’au moins deux cent mètres. Et le capteur repérait tout imposteur par le flux de chakra qu’il émanait… Ces places fortes étaient des piliers de l’organisation de Kiri, car elles relayaient les informations, et servaient de point de déploiement… Elles comptaient plus de deux cent personnes en leur sein, ainsi que beaucoup de prisonniers opposants de Kiri. Si la rébellion venait à s’emparer d’une seule, cela pourrait renverser la situation encore incertaine. Et c’est avec une grande joie que Naruto avait révélé à Mei et son assemblée qu’il était en mesure de pouvoir s’infiltrer efficacement dans une des forteresses…

Il sourit comme il se sentit passer la porte de la forteresse, alors qu’au loin, la rébellion devait sans doute espérer qu’il réussisse. Le plan avait été relativement simple. Ils avaient appris quand étaient renouvelées les équipes de surveillance des forteresses en tuant un des courriers de Kiri. Ao était venu avec la possibilité de pouvoir exploiter ce point, et lui, l’avait ensuite enrichi. Si les capteurs pouvaient repérer le moindre Henge no jutsu, le moindre imposteur… Ils n’iraient cependant pas déceler un fuuinjutsu sur la peau d’un de leurs ninjas… Après une attaque simulée sur une des patrouilles où ils n’avaient tué que deux hommes sur sept, Naruto s’était en fait scellé dans la nuque d’un des cinq survivants, sans que personne ne s’en rende compte… Le sceau étant caché par les cheveux et le bandana du ninja, aucune vigie et encore moins le capteur purent le voir. Et ainsi, il put s’infiltrer comme il voulut dans la forteresse… Dommage que personne ne pouvait envisager un tel plan… car qui d’autre que lui connaissait le fuuinjutsu dans ce pays aujourd’hui, et qui d’autre irait jusqu’à se sceller dans ses propres sceaux à des fins de furtivité ? C’était risqué, voire suicidaire. Mais il n’était pas appelé Naruto pour rien.

- Tu es blessé au foie… prononça le capteur à l’homme sur lequel était scellé Naruto. « Je n’arrive pas à comprendre pourquoi tu n’es pas mort ou évanoui, mais ça ne va pas tarder si tu ne te soignes pas maintenant… Va vite à l’infirmerie… On a déjà perdu assez d’homme comme ça à cause de ces salopards de rebelles. » maugréa-t-il, alors que le blessé suivait son conseil… Maintenant qu’il y pensait, l’adrénaline se dissipant, il se mettait à ressentir la douleur…

Ce qu’il ne savait pas, tout comme le capteur… C’était que la seule chose qui le maintenait en vie n’était autre que Naruto. Etant scellé de façon basique dans le ninja, il diluait son propre chakra dans les bobines du blessé pour maintenir son métabolisme en état. S’il se descellait, l’homme mourrait sur le coup. Ce n’était pas comme s’il n’allait pas le faire, mais il devait le faire à l’abri des regards, et l’infirmerie était un endroit parfait pour ça. Quand il entra dans l’infirmerie et qu’il n’y sentit que des ninjas inconscients, il enclencha alors le processus d’ouverture du sceau. « Sozai no fuuin : Kai ! » L’homme ne ressentit qu’une petite douleur à la nuque, avant que celle venant du foie soit trop importante, et qu’il ne soit terrassé sous la douleur. Il tomba mort sur le sol froid de la salle, crachant un flot de sang maintenant qu’il ne profitait plus du chakra de Naruto pour survivre…

- Mais qu’est-ce qui se passe ? Oh non, ce n’est pas… !

Une jeune femme qui venait d’entrer dans la salle pour vérifier la cause des bruits remarqua le corps du ninja mort sur le sol, baignant dans son sang, et Naruto debout devant lui dans un uniforme de rebelle, le pantalon de camouflage gris-bleu à tâche noire, des bottes de combat et son pull bleu habituel. Elle sut d’instinct qu’il était un membre de la rébellion. Mais avant qu’elle n’ait pu dire quoi que ce soit, qu’elle n’ait hurlé de peur, elle se retrouva plaquée contre le mur avec un kunai transperçant profondément sa gorge. Naruto se gela à ce mouvement, et fut horrifié en voyant le regard vitreux, de terreur et d’incompréhension de la jeune femme. Il venait d’agir par pur réflexe, instinctivement… Pendant quelques secondes, alors qu’il la regardait dans les yeux, quelques larmes coulèrent des yeux de la pauvre victime, avant qu’elle ne s’écroule au sol, morte. Naruto trembla en voyant son kunai dans la gorge de cette fille… Elle n’était même pas un ninja de combat… Il venait de tuer un médecin, qui ne vivait seulement que pour soigner les blessés… Il venait pour la première fois de sa vie de tuer un innocent.

Tremblant de dégoût de son acte, pâle, il posa sa main sur son front en essayant de détourner le regard du visage de la morte à ses pieds. En vain. Mais quand bien même eut-il envie de vomir, il se força à passer outre, et posa les deux corps sur des lits, essayant de les faire passer pour des malades, au cas où un ninja de Yagura passait. Il fallait avant tout qu’il ouvre la porte et qu’il neutralise ses gardiens. Il devait libérer les prisonniers de ce bâtiment, c’était leur mission. Il referma la porte de la salle derrière lui et se mit à courir dans les couloirs, en direction de la porte. Usant de toute sa furtivité et sa rapidité, évitant la vue des quelques sentinelles, des caméras dans les coins de certains couloirs et des foyers de rassemblements des gardes, il atteint rapidement la salle de contrôle des leviers de la porte. Dans le feu de l’action, en quelques secondes, il tua les deux Chūnins qui stationnaient dans la pièce. Il se plaça devant le panneau de bord et observa les touches… Tournant la tête sur la gauche et la droite, il regarda dans les dizaines d’écrans qui semblaient projeter les images de lieux éparpillés partout dans l’avant-poste… Il avait bien fait d’éviter les caméras. « Peindre les visages des Hokage m’aura vraiment servi à quelque chose en fin de compte… »

A quelques dizaines de mètres de là, tapis dans l’ombre sous les feuillages des arbres et des buissons, Ao et plusieurs dizaines de ninja avaient attendu que Naruto s’infiltre. « Taichō… La porte est en train de s’ouvrir… ! » s’exclama l’un des ninjas de la force d’attaque de la forteresse. Ils furent tous admiratif en voyant une telle chose. « Je vois ça… » répondit doucement Ao. Il était réellement étonné par le temps record établi par leur allié pour être arrivé à ouvrir la porte… En moins de dix minutes, il s’était situé dans le complexe, avait localisé la salle de contrôle tout en étant insaisissable. C’était une vraie prouesse.

- Aujourd’hui ça va être notre journée… Allez les gars ! On bouge ! s’exclama Ao avant de s’élancer en direction de la porte, prêt à aller prendre la forteresse et libérer les prisonniers.

A la fin de la journée, la zone était sous leur contrôle. Seuls deux de leurs hommes avaient été abattus, pour plus de cent cinquante de l’autre côté, et autant de prisonnier. Il allait sans dire que c’était un coup extrêmement dur pour Kirigakure.

***

                Naruto reposa la bouteille de saké, avant de boire son verre cul sec. Ce fut une fois de plus le même mouvement qu’il eut effectué depuis les vingt dernières minutes, ici devant ce bar qui se trouvait dans la cafétéria de la base de la rébellion. Il était au beau milieu de la nuit, mais il n’arrivait pas du tout à dormir. Il ferma les yeux, essayant de ne penser à rien d’autre que l’alcool coulant dans sa gorge et lui laissant la langue sèche. De nouveau, il ravala un verre de saké, nerveusement. Il voulait juste essayer d’oublier tout. Ce pays, cette misère et cette pluie. Il n’y arrivait pas. Et le fait de se rappeler de ce qui s’était passé durant la mission cette après-midi le rendait nerveux… le dégoutait. Cela eut même la manie de lui faire ressentir de la colère contre personne d’autre que lui-même. Sous les quelques yeux des rebelles autour de lui, il brisa son verre sans faire exprès, l’ayant serré trop fortement sans s’en rendre compte. Ahuri quelques secondes, il s’en ficha, demandant au serveur de lui rapporter un second verre, ce que l’homme s’empressa de faire. Suite à ça, Naruto continua de boire… Il oubliait même le fait qu’il ne pouvait pas être saoul, le chakra de Kyuubi dilué dans le sien supprimant toute toxine, l’alcool compris.

Lui et son groupe d’attaque étaient revenus en fin d’après-midi, avec des prisonniers de Kirigakure, mais aussi les rebelles qui avaient été détenus prisonniers dans la forteresse. Pour eux tous, le temps était à la fête, à la joie et au soulagement. Cela avait été leur première grande opération, et ils l’avaient réussite, grâce à lui. Il avait été couvert d’éloges… Toutes ces félicitations qu’il dut accepter avec un sourire contrit, un sourire faux. Car toutes ses pensées étaient tournées vers cette jeune femme, qu’il avait tué. Qu’il avait assassiné. Et ce regard ultime d’incompréhension et de confusion… De tristesse. A chaque fois qu’il y repensait, l’envie de vomir surgit, ne l’isolant que plus avec cette faute. Pas une erreur… Une faute. Une faute comme il n’en avait jamais fait. Cette réalité qu’il venait d’apprendre à cette injustice qu’il avait lui-même causé. Cette réalité qu’il n’avait jamais réellement cernée, dans aucune de ses missions précédentes. Ni en Nami no Kuni avec Zabuza Momochi, ni en Yuki no Kuni avec Dotō Kazahana. Ni même avec Sasuke… Cette réalité infernale que le monde était moche. Que le monde était cruel. Que tout ne tournait pas autour de l’altruisme, de l’héroïsme ou de l’amitié. Que les hommes pouvaient être de vrais monstres, même en étant simples. Que l’on préférait choisir de trahir pour le profit plutôt que conserver son amour propre, sa dignité. Et il se rendait compte qu’on était seul. Seul avec soi-même et sa vie de l’humanité. Et ça faisait peur.

- Plongé dans ses pensées ? prononça une personne à côté de lui.

Il se retourna pour voir Mei, dont le regard neutre était devenu l’espace d’un instant soucieux. Il lui fit signe de la tête, lui montrant le tabouret à sa droite, avant de s’en retourner à son verre. Elle s’assit alors silencieusement, n’ayant pas besoin de demander une boisson, le barman posant une bouteille devant elle. Versant le saké dans son propre verre, un silence prit place entre eux, leur laissant une petite minute à s’occuper de l’alcool… Avant que Naruto ne décide de parler sous l’intérêt caché de Mei.

- J’ai tué quelqu’un aujourd’hui, dit-il sans émotion en regardant quelques secondes son verre, avant de le boire. Mei haussa un sourcil à cette phrase, se demandant pourquoi il semblait préoccupé par une telle chose… Etant des ninjas, il n’était pas surprenant pour eux de tuer, en particulier en temps de guerre. Ou alors était-ce la première fois qu’il tuait… ? Après tout, il avait l’air d’être assez jeune, et comme Konoha était en paix… Voyant que Mei le regardait avec un air étonné, voire sceptique, il s’empressa de continuer. « En temps normal, tuer quelqu’un ne me perturbe pas. J’ai déjà tué pas mal de personnes. La plupart des fois en légitime défense, mais aussi sur des missions de chasse de bandits qu’il m’arrivait de faire avec Ero-sensei… »

- Ero-sensei ? demanda Mei, légèrement amusée par cette appellation. Au moins, ce n’était pas le fait de tuer qui lui occupait l’esprit.

Naruto la regarda à nouveau, avant de se rendre compte qu’elle devait sans doute ne pas savoir de qui il parlait. « Je suis désolé, je voulais dire mon sensei, Jiraiya. » dit-il avec un petit sourire gêné. Mei fut bouche-bée à cette réplique. « Jiraiya… ? Comme celui des Densetsu no Sannin ? » demanda-t-elle, cette fois avec surprise. Naruto hocha la tête dans le silence, faisant plonger Mei dans ses propres réflexions… Quand elle avait reçu la réponse de Konohagakure, comme quoi ils n’enverraient qu’un seul ninja, elle n’avait pas su comment prendre cette nouvelle. Qu’elle devait soit en rire, soit devenir folle de rage à cette pseudo-plaisanterie. Bien sûr, d’un autre côté, elle n’avait jamais espéré que la feuille n’envoie par défaut un seul ninja… Diplomatiquement, elle savait que c’était risqué, difficile. Alors elle en avait juste fait fit, préférant s’organiser juste avec les propres moyens dont elle disposait… Elle avait revu cependant tout son jugement quand elle avait fait la connaissance du beau jeune homme de la feuille cachée… Naruto avait été confiant et déterminé dès le début, et elle s’était rapidement rendue compte de son talent en tant que ninja. Toutes les opérations qu’ils avaient entrepris ces deux derniers mois avaient fonctionnées, et souvent, c’était Naruto qui venait apporter un atout non négligeable. Il était très rapide et doué, et le combat à ses côtés était souvent expéditif. La rébellion n’avait plus perdu beaucoup d’hommes après son arrivée. Ses performances en furtivité leur avaient permis de prendre la forteresse plus tôt ce jour, et même si elle n’y avait pas assisté, les résultats avaient été spectaculaires. Le fait qu’ils avaient détruit une base avancée de Kiri, capturé même des hauts gradés de l’armée et libéré plus de soixante prisonniers était un exploit. La rébellion avait même obtenu des emplacements de bases secrètes de Yagura, que Mei avait prévu d’attaquer d’ici peu, pour continuer sur cette offensive lourde.

Jusqu’à il y avait peu, les rebelles avaient fait une grande fête pour célébrer leur première grande victoire stratégique contre la brume sanglante… Sans Naruto. Et elle était sur le point de savoir pourquoi. « Désolé, j’étais ailleurs Naruto-san… Si tu pouvais continuer… » Naruto acquiesça, souriant avec gratitude. Il ressentait ce besoin de parler, et il sentait au fond de lui qu’il pouvait se confier à Mei… Il n’arrivait pas à savoir pourquoi, mais il voulait lui parler, lui faire confiance. C’était étrange, compte tenu du fait qu’il n’avait réellement senti ça qu’avec Jiraiya.

- J’avais infiltré la base… Je m’étais scellé dans un Chūnin de Kiri tout en attendant qu’il soit isolé pour sortir… Lorsqu’il est allé à l’infirmerie et que j’ai senti que c’était le moment idéal, j’ai brisé le sceau. Mais… Il y avait cette femme… Je ne sais pas ce qui m’a pris… Un réflexe, une habitude que j’ai acquis depuis mon arrivée ici peut-être, mais je n’ai pas réfléchis… J’étais déjà sur elle quand je m’en suis vraiment rendu compte, et j’avais déjà enfoncé mon kunai au fond de sa gorge…

- Tu as regardé dans ses yeux… murmura-t-elle, sous l’acquiescement faible de l’Uzumaki.

Si une chose était sûre, c’était qu’à l’académie ninja, quel qu’en était le village shinobi, il était appris de ne jamais regarder une cible dans les yeux. C’était une chose qui pouvait rendre fou même un ninja talentueux. Il suffisait juste de voir le reflet de l’âme de cette personne partir en fumée, dans cette aura de détresse et de désespoir. C’était le motif de démission de beaucoup de ninja, Jōnin comme Genin. Se voir dans l’œil vitreux de ces gens… De se mettre à leur place. C’était aussi un risque pour la santé mentale des ninjas que de vivre cette expérience, comme beaucoup de Genin devenaient mentalement instables et se voyaient retirés du programme shinobi. Et ce fait était l’un des facteurs qui avaient participé au décret de Yagura sur les examens Genin. Que si un Genin était capable de tuer son camarade de classe, il serait capable de vivre les expériences douloureuses de la vie du ninja. Ce décret étant passé, il avait juste rendu les ninjas de Kiri plus fous et assoiffés de sang qu’ils ne l’étaient déjà…  Devenant ainsi les marionnettes de Yagura.

- Oui, j’ai regardé dans ses yeux… J’y ai vu la terreur, et la peur de l’inconnu. Elle savait qu’elle allait mourir, et tout ça à cause de moi… dit-il en essuyant aussitôt une larme qui coula de son œil droit. Il espéra juste que Mei ne l’eut pas remarquée. « Si encore ce n’était que ça… Mais ce n’est pas tout… Le pire, dans tout ça, c’est que j’ai tué un médecin… Ces mêmes personnes qui ne vivent pas pour tuer mais bien pour sauver des vies. Ces ninjas ne tuent que lorsqu’ils sont confrontés à des gens comme nous. » continua-t-il sous le regard confus de Mei. « Nous, Mei-san. Nous sommes des assassins. Nous sommes des armes qui existent dans le but de tuer une autre personne… L’existence du shinobi se base entièrement sur la mort de son adversaire. »  Il fut soudainement silencieux, ne prononçant plus rien. Ce ne fut pas pour autant que Mei prit la parole, préférant réfléchir. Finalement, il reprit la parole, après avoir de nouveau bu un verre de saké. « Je n’ai jamais vraiment aimé tuer. Au départ, je ne voulais même pas être un ninja. »

- Dans ce cas, pourquoi l’es-tu devenu ?

- Pour être franc… Je n’ai jamais su pourquoi, ni même quand j’en suis venu précisément à cette idée. Mais, ça n’aurait rien changé de toute façon. Dès ma naissance, j’ai été choisi pour être ninja, à cause de raison extérieure à ma propre vie. Mes parents et mes ancêtres étaient tous, dans leur totalité, des ninjas extrêmement puissants.

C’était en effet une partie de la vérité. Pas un seul parent de Naruto n’était pas ninja. Son père, Minato, était Hokage. Sa mère, Kushina, était une Jōnin d’élite. Le clan Uzumaki de Uzushio était un clan intégralement constitué de ninjas très doués, et il en était de même pour le clan Senju. Tous étaient ninjas, et il avait leur sang dans les veines… Ajouté au fait qu’en plus, il se trouvait être le Jinchuuriki de Kyuubi, et il avait tout de l’arme parfaite. Ce fut cependant un point qu’il ne pouvait pas aussi facilement révéler à Mei… Quand bien même lui en parler sans retenue était tentant.

- Donc tu es devenu ninja parce que tes parents l’étaient… conclut Mei.

- C’est à peu près ça… soupira Naruto. « Bien que je n’aie connu leur identité qu’il n’y a quelques mois… Mais le Sandaime les connaissait, et il me racontait toujours de belles histoires sur eux… Qu’ils étaient unis et courageux, qu’ils avaient vécu plein d’aventure formidable… Que j’étais fait pour leur ressembler. Qu’ils étaient des gens d’une très grande noblesse et qu’ils avaient maintes fois protégé notre village… Mais je ne comprenais pas tout à l’époque… »

- Il a l’air de t’avoir complètement manipulé… maugréa Mei, perdant soudainement le respect qu’elle avait pour Hiruzen Sarutobi. Elle haïssait ce genre de pratique. La manipulation d’un enfant innocent pour doucement le transformer en ce que l’on voulait, lui faire faire des choses qu’il aurait pu ne pas faire. Cela ressemblait aux actes de Yagura.

- Oui… Je sais que, intentionnellement ou non, le Sandaime m’a totalement manipulé pour faire de moi un shinobi… Je ne peux pas vraiment lui en vouloir pour ça, surtout maintenant qu’il est mort. Il désirait aussi me faire vivre la gloire d’une vie de shinobi… prononça-t-il en soupirant de nouveau. Il prit une autre gorgée de saké. « Et puis de toute façon… Je suis détesté dans mon village, donc je n’avais rien d’autre que ça. » rajouta-t-il. Il cligna des yeux plusieurs fois, se surprenant lui-même. Pourquoi avait-il seulement confié ça à Mei ? Etait-ce parce que lui parler de sa vie le soulageait ? Parce que sa présence le rassurait ? Le réconfortait ? Ou autre chose ? Il ne savait pas… Lorsqu’il vit le regard curieux de Mei, accoudée contre le bar et focalisée sur lui, il décida finalement de continuer. « Je suis détesté pour des raisons sur lesquelles je n’ai eu aucun contrôle dès ma naissance. »

- Pourquoi ? Tes parents étaient-ils des traîtres ? questionna-t-elle, comme ce fut la seule explication qui lui vint à l’esprit. Peut-être Hiruzen avait juste raconté des mensonges sur ses parents, juste pour l’attirer dans le programme shinobi.

Naruto rit amèrement à cette question. « En fait non… Mes parents… Enfin, mon père, est considéré comme l’un des plus grands héros que Konoha n’ait jamais eu. » Mei le regarda avec un froncement de sourcil. Les héros de Konohagakure étaient par défaut tous des ninjas très puissants et célèbres, et il n’existait pas beaucoup de ninjas au sommet de la célébrité à Konoha. Son père devait être un homme qui devait être ni trop jeune, ni trop vieux de Konoha, susceptible d’avoir fait un enfant qui environnait l’âge de Naruto… Autant dire qu’elle ne mit pas longtemps à trouver de qui Naruto pouvait être le fils. Avec sa tignasse épineuse blonde et ses grands yeux bleus, il ne ressemblait pas à beaucoup de personne… En particulier quand les cheveux blond étaient peu répandus sur le continent, et particulièrement des cheveux jaunes vifs comme les siens. Elle ne parlait même pas de l’intensité du bleu de ses yeux comme personne d’autre qu’elle n’avait jamais rencontré dans ses vingt-sept années de vie. Ses yeux s’ouvrirent grands à la surprise qu’elle ressentit lorsqu’elle découvrit qui était le père de Naruto.

 - Je vois que tu as fini par comprendre Mei-san, s’exprima Naruto à voyant son expression. « J’apprécierais que tu gardes ça pour toi et que tu ne le dises à personne… Il me reste quelque chose à faire avant, et je ne suis pas prêt à ce que le monde sache ma filiation… Pas pour l’instant en tout cas. »

- Comptes sur moi, je ne dirais rien, répondit-elle avec un regard pensif. Elle connaissait les risques de révéler sa lignée au monde. Techniquement, le problème pouvait ne pas la concerner ni le pays de l’eau, mais elle savait que c’était un secret d’une importance cruciale… Quand bien même lui avait-il révélé par élan de confiance. Et elle ne doutait pas que si le mot sortait, Iwagakure pourrait très bien venir participer à la guerre juste pour avoir la chance d’éliminer le fils du Kiiroi Senkō… Peut-être s’était-il passé vingt ans depuis la troisième guerre, mais la rancœur pouvait être tenace. Surtout dans les villages agressifs comme Iwa…

Naruto hocha la tête avec gratitude, sans avoir besoin de rajouter quoi que ce soit de plus dessus, puis reprit la parole. Etrangement, il fut bien plus détendu qu’auparavant.

- Aujourd’hui, j’ai tué une personne qui à mes yeux, n’avait aucune raison de mourir. Elle ne méritait pas ça… C’est tout. Bien sûr, elle soignait l’ennemi… Mais le médecin ne fait pas de différence entre un blessé ennemi ou un blessé allié. Il soigne. J’ai appris ça après avoir côtoyé un certain temps une très grande Eisei-nin… Mon maître m’a toujours dis que cela peut prendre une grande quantité d’effort pour tuer une personne… Mais que la soigner sera toujours beaucoup plus compliqué, demandera toujours plus de courage et de sang-froid. En tuant ce genre de personne qui guérit le mal, je me suis senti comme sale et indigne.

Mei le regarda, plongée elle aussi dans les réflexions qu’il avait déclenché par son discours. C’était là tout un sujet philosophique, que de dissocier le bien du mal, le respect de l’ennemi et la haine qu’on peut lui vouer. Ou dans ce cas-ci, mêler devoir, instinct et honneur. Le ninja ne devait pas réfléchir de cette façon, le ninja obéissait à l’ordre et devait tout faire, même les choses les plus sales, pour parvenir à son objectif. Pourtant, ce jeune ninja s’évertuait à exercer son sens de l’honneur, à suivre une voix de justice et de ne pas céder à la noirceur du monde shinobi. Il avait un esprit pur. Et elle le trouva à ce moment infiniment respectable, infiniment souhaitable.

- Je pense comprendre… Non, en fait, je comprends parfaitement ton point de vue. Mais dans ce cas, pourquoi ne pas réfléchir dans un sens de protection ? proposa-t-elle.

- C’est ce que je fais… dit-il en émettant un petit rire. « Et c’est bien ça qui ne me fait pas perdre la tête… C’est bien parce que je m’évertue à protéger mes proches, les personnes qui me sont précieuses et chères, que j’ai tenu jusqu’ici. Sans ça, ça ferait longtemps que j’aurais abandonné… Ça ferait longtemps que je serais mort. »  

Mei le dévisagea cette fois avec un sourire encore plus attendri… Ce Naruto devenait de plus en plus intriguant, de plus en plus intéressant… Captivant. Elle ne l’avait pas forcément beaucoup fréquenté ces deux derniers mois. Ils avaient participé plusieurs fois à la même mission, affrontant toujours de façon expéditive les personnes qu’ils prenaient en embuscade, mais en dehors de cela, elle n’avait pas beaucoup discuté avec lui, même s’il lui avait paru quelqu’un de fréquentable. Ce n’était que lorsqu’elle l’avait aperçu préoccupé, sombre, après le retour de la prise de la forteresse avancée de Kirigakure, qu’elle avait voulu en savoir plus sur lui. Constatant ostensiblement qu’il se trouvait imperméable à toute félicitation, elle avait juste décidé de l’aborder normalement… Et il s’était totalement ouvert à elle, lui révélant une personnalité, une droiture, qu’elle n’avait que rarement vue chez un ninja. Il aimait la justice, le respect et la compréhension. Il était tolérant mais vu ses actes ces deux derniers mois, il possédait sans nul doute un sens du devoir implacable, et il était loyal. Elle avait là la crème même des shinobis… « Se battre pour les personnes qui nous sont précieuses hein… » dit-elle sous l’acquiescement vif de Naruto, qui se mit à boire un nouveau verre de saké… Sans se rendre compte qu’il avait vidé sa bouteille. « Suis-je une de ces personnes… ? »

Naruto s’arrêta aussitôt de boire, se figeant, et reposant le verre, il se tourna vers Mei… Qui le regardait avec ce regard à la fois amusé et capricieux. Il la regarda avec un œil critique, se demandant quelles étaient ses intentions, avant de comprendre le sens de sa phrase… Il eut un sourire narquois éphémère, avant de se pencher à l’oreille de Mei. « Possible… Mais je devrais être un de tes alliés les plus intimes… » susurra-t-il d’une voix rauque. La petite taquinerie fit son effet, comme elle eut un frisson imperceptible à la poussée d’excitation qu’il lui causa.

Elle ne put s’empêcher de rougir lorsqu’il l’observa de bas en haut sans gêne avec un immense sourire, qu’elle devina être farceur. Il jouait, et elle avait été prise dans son propre jeu. Elle rougissait même comme une idiote, mais que pouvait-il y faire ? Ce jeune homme était sans doute le plus séduisant, le plus mignon, qu’elle n’avait jamais croisé, et sentir son souffle chaud contre son oreille… Ça l’avait toute retournée. Bon dieu, elle avait vraiment besoin d’un homme… « Je suppose que… Je suppose que tu pourrais l’être. » dit-elle sans arriver à supprimer son rougissement. « Mais pour ça, il va falloir me raccompagner jusqu’à mes quartier, joli cœur. » Ricanant, il se leva, et tendit le bras avec galanterie à Mei, qu’elle s’empressa de prendre après s’être levée. Tout ceci sous les regards étonnés ou jaloux de certaines personnes présentes, qui avaient assisté à la scène. Tout sourire, ils quittèrent la salle en direction de la chambre de Mei.

Ils marchèrent dans les couloirs tranquillement, sans parler, dans un silence serein. Cependant, au tournant d’un couloir, ils croisèrent un groupe de shinobi qui circulait, composé d’une quinzaine de personnes, hommes et femme. Restant polis, ils les saluèrent, mais ne s’arrêtèrent pas. Cependant, Naruto les regarda du coin de l’œil, comme il vit que certains shinobis le fusillèrent du regard, sans doute en se demandant ce que leur leader faisait avec lui. Mais ce ne furent pas ces regards qui le surprirent, ce fut le fait que Mei était aussi la cible de regards jaloux des filles du groupes. Sans rien dire, il essaya alors d’en comprendre la raison. Mei décida de venir à son aide. « Elles étaient jalouses. » Quand elle remarqua qu’il lui demandait de continuer du regard, elle enchaîna. « Tu n’as pas remarqué, mais tu es l’un des principaux centres d’attention des dames en recherche d’âme sœur de la rébellion. La façon dont tu es dévoué, loyal envers nos membres et comment tu te débrouilles en mission fait que tu es un parti très souhaitable… » Naruto mit du temps à assimiler l’information.

- Mais je ne comprends pas vraiment… Il y en a, je ne les ai absolument jamais vu… hésita-t-il, avant que son visage ne s’éclaire sous l’œil curieux de Mei. « Incroyable ! Je n’arrive pas à croire qu’il peut y avoir des fans girls en pleine guerre ! »

Mei l’observa pantoise un instant… avant d’éclater dans un fou-rire intarissable à la remarque de son ami. « Hahahaha ! C’est parfaitement ça, hahahaha ! » Elle n’arriva pas à s’arrêter, les larmes lui montant aux yeux à la réalisation de Naruto. Ce dernier se mit rapidement à rejoindre Mei dans son rire, alors qu’ils continuèrent à marcher, sous les regards intrigués des personnes devant lesquelles ils passèrent. Finalement, ils arrivèrent devant la porte de la chambre de Mei, après s’être quand même calmé. Mais ce rire leur fit du bien, aidant à les rendre un tant soit peu positifs et détendus. Naruto avait même oublié son malaise avec sa mésaventure du jour précédent. Mei se retourna vers lui, et ils se regardèrent… tendrement. Bien que Naruto ignorait son propre état d’âme quant à Mei, à l’inverse de cette dernière qui assumait pleinement le fait qu’elle se sentait attirée par l’Uzumaki.

- J’espère que ma présence n’aura pas été trop dérangeante, confessa-t-elle sincèrement, étonnant Naruto par la façon dont elle avait exposé cela, le souci clairement apparent dans la voix.

- Bien sûr que non ! lança-t-il gêné et timide. « Comment pourrais-je ne pas apprécier la présence d’une telle déesse, Mei-sama… » susurra-t-il ensuite en prenant la main de Mei, et lui embrassant très légèrement le dos comme tout gentil homme, avec un sourire chaleureux.

Elle eut un petit rire aigu, complètement sous le charme de la cour de Naruto. « Baka séducteur… » murmura-t-elle gênée, ne rougissant que plus. Mais bon sang ! Pourquoi rougissait-elle comme une petite fille. Mieux, pourquoi est-ce qu’elle se sentait tellement euphorique ? « Je te verrais un autre jour, Mei-chan… » dit alors Naruto. Mais cette fois, cela avait été prononcé sans taquinerie, et Mei se surprit à aimer le « chan » à son nom venant de lui. « Naruto-kun. » Naruto, qui venait de faire demi-tour pour repartir vers sa chambre, se retourna à nouveau pour savoir ce que voulait Mei, ne remarquant même pas que le « Kun » avait remplacé le « San ». Mais il n’eut pas le temps de demander ce qu’elle voulait, lorsqu’il sentit les douces lèvres de Mei appuyer contre sa joue… Et il ressentit alors ce frisson extatique qu’il eut ressenti avec Emiko. Mei recula de quelques pas, et lentement, sans briser le contact de leur regard, elle finit par disparaître derrière la porte qu’elle referma. « Tu es quelqu’un d’intriguant… Uzumaki Naruto. »

Cette fois, Naruto repartit bel et bien vers sa chambre, sans même s’arrêter. Il ne savait même pas qu’il souriait comme un idiot tout en marchant, ainsi que la trace de baiser bleuté du rouge à lèvre de Mei.

***

« Salopards de rebelles ! »

« Bon sang, mais ces informations étaient tenues secrètes par le commandement, comment nous ont-ils trouvés ! »

« Ne les laissez pas vous avoir, battez-vous ! »

Depuis la prise du premier poste avancé trois mois auparavant, Kirigakure n’avait fait qu’enchaîner défaite sur défaite. Le moral des hommes baissait, la peur s’instillait dans le cœur des commandants de Yagura. Les manœuvres tactiques devenaient de plus en plus brouillées, sabotées… Mais le pire était que le pays n’était plus sous leur contrôle. L’information n’arrivait malheureusement plus aussi facilement qu’avant, les villages locaux n’avaient plus peur, étant sous une active protection et surveillance des rebelles. Le pays vouait une admiration constante pour ces ninjas qui osaient se soulever contre l’oppression au péril de leur vie.

Les crédits qu’ils arrivaient à arracher des citoyens du pays ne leur arrivaient plus, de plus en plus de leurs hommes mourraient. Il y avait cinq semaines, une cellule entière de la division des ANBU avait été prise au dépourvue en pleine mutation de lieu de patrouille. Cinquante-sept ANBU avaient perdu la vie dans l’attaque surprise. Seulement trois avaient réussi à fuir et avertir Kirigakure. Mais dans tout cela, le choc avait été que Yagura n’avait pas réagi. Comme si l’action destructrice n’avait pas été importante. En trois mois, leur village avait pourtant perdu plus d’un millier d’homme, soit presque un quart de leur troupes. Qui plus était, plus de quatre cent éléments avaient progressivement désertés avec leurs familles pour rejoindre la rébellion, jouant le tout pour le tout en quittant Kiri et risquant la vie de leurs proches.

Le déclin de Kirigakure se transformait en chute. Et la chute était constatable à vue d’œil. Chaque jour, la situation empirait pour eux. Plusieurs de leurs ninjas avaient été exécutés pour couardise ou insubordination… Et finalement, après tout ce temps, le gouvernement de Kirigakure avait réussi à localiser l’emplacement du repère des rebelles. Situé à l’extrême est de l’île principale de Mizu no Kuni, à plus de quatre cent kilomètres de Kirigakure no satō. Ce fut leur chance pour les détruire une bonne fois pour toute, et Yagura ne put ignorer une telle occasion. Mobilisant plus de mille éléments, il les envoya en ligne droite sur la position de la base rebelle, leur mission étant claire : Anéantir tout sur leur chemin, et ne pas avoir de pitié.

Et il ne fallut pas beaucoup de temps à la résistance pour apprendre que Kiri passait à l’offensive. Et convoquant tous les officiers du mouvement dans la salle de réunion des hauts gradés, à l’aube même, Mei dévoila l’information sans attendre, sous l’absence de réaction immédiate des occupants de la salle, la révélation étant d’une gravité trop importante. Il fut sans dire qu’après quelques secondes de silence, la salle partit dans une furie retentissante de revendication, d’indignations et d’inquiétude. Une trentaine de personne composaient l’assemblée, toutes assises autour d’une très grande table ovale. Chefs de clans, anciens dignitaires de Kirigakure et chef de divisions de la résistance étaient regroupés.

- Terumī-sama !! Êtes-vous certaine que l’informateur est fiable !? s’écria un ancien ninja ayant appartenu au corps des Jōnins de Kirigakure avant sa désertion suite au commencement de la guerre civile.

- L’information qu’a acquise Mei-sama est totalement sûre, intervint Ao, répondant pour Mei. « En ce moment même, un peu moins de mille cent ninjas se dirigent droit sur nous. »

Toutes les personnes se regardèrent entre elles, la peur étant visible sur leur visage. Une véritable armée se dirigeait sur eux, alors qu’il était techniquement impossible numériquement de contenir une telle vague d’assaut. Mais comment allaient-ils faire ? Leurs familles, des civils ramenés des quatre coins du pays pour se placer sous la protection de la résistance étaient en ce moment même ici. Ils étaient plusieurs milliers dans le complexe souterrain, caché par la montagne. Si l’armée de Kiri les atteignait, ce serait un véritable massacre.

- Mais à quoi Yagura a-t-il pensé… Envoyer autant de ninja à la fois… maugréa le chef du clan Sekiyu, un clan de ninja utilisateurs de Katon par l’intermédiaire de liquides inflammables sécrétés par leurs corps. « Savez-vous exactement quand seront-ils là… ? »

- Au rythme auquel ils vont, ils seront ici demain après-midi au plus tôt, déclara Mei, avec un regard inquiet et pensif.

Il y eu de nouveau un temps de silence entre les chefs du mouvement. Ce fut alors l’un des officiers ninjas qui prit la parole.

- Dans ce cas, nous devons évacuer et fuir. Nous n’avons aucune chance ! Si cette armée parvient jusqu’à nous alors que nous sommes encore là, ils vont nous écraser, et tuer tout le monde ! En un jour, nous avons le temps de déplacer tout le monde !

- Pour aller où ? coupa une autre personne. « Nous ne pourrons pas fuir loin, je vous rappelle que nous ne comptons pas que des ninjas. Ceux qui ont une formation adéquate pour se déplacer à grande vitesse pourront peut-être échapper à cette armée, mais les autres ? Ils ne feront pas beaucoup de chemin avant d’être pistés et trouvés par Kirigakure ! Ma femme et mes enfants ne peuvent pas se déplacer aussi rapidement, ce ne sont que des civils ! Et c’est le cas pour beaucoup de nos ninjas ! »

Mei releva le visage, les sourcils froncés malgré la tristesse apparente sur son visage.

- Néanmoins je suis d’accord. Si nous restons ici, peu importe ce que nous ferons, nous ne pourrons pas résister à un millier de ninjas… Combien sommes-nous exactement ? Avec les dernières désertions de Kirigakure, nous avions atteint près de huit cent personnes, mais entre temps, nous avons perdu quelques dizaines de combattants… Et cette force d’attaque est constituée de beaucoup de ninjas de niveau Jōnin, sans compter que les divisions ANBU aux ordres de Yagura se sont jointes à l’armée. Nous allons fuir le plus loin possible avec le plus de monde possible, et nous cacher du mieux que nous pouvons. Nous aurons toujours plus de chance de survivre dans la fuite que dans un combat de front… dit-elle difficilement.

Ils la regardèrent tous, reconnaissant tous ses mots sages. Elle avait raison, même si leur honneur était détruit par cette raison.  Ils avaient fièrement combattu pendant huit longues années… Ils avaient perdu beaucoup de camarades, les Shinobigatana nananin shu, et la seule personne qu’ils savaient du niveau d’un Kage n’était autre que Mei. Même eux n’étaient pas aussi puissants qu’elle, étant tous au niveau Jōnin. Ils acquiescèrent tous, tous d’accords avec cette décision. Fuir pour survivre et vivre pour voir un jour Yagura tomber. Ils se regardèrent, se résignant, mais ce fut à ce moment que l’instant fut brisé. « Non. » Ils se retournèrent tous pour observer la personne qui osait remettre en question la décision de Mei. Naruto, assis au côté opposé à Mei, la regardait avec insistance, aucune émotion n’apparaissant dans ses yeux bleus. Mei le regarda confuse, mais surtout énervée et frustrée. Elle s’apprêta à lui crier dessus lorsqu’il dit un seul mot qui la fit se raviser. « Mei-chan. » Sous les regards outrés des leaders du mouvement mais intrigués de Mei, il se permit de sourire.

- Au contraire. Nous n’allons pas fuir. C’est une décision ridicule, Mei-chan. Cette attaque est une occasion pour affaiblir Kiri du tiers de leurs hommes. C’est comme le poker. S’ils ont lancé une telle offensive, c’est parce qu’ils voient clairement la menace que nous représentons, et ont posé leur combinaison de carte sur table.

Mei serra les dents. « Ce n’est pas un jeu Naruto-kun ! Comment peux-tu te permettre de penser à une bataille frontale ! Nous perdrions ! Et si jamais nous gagnions, ils nous auraient tellement affaiblis qu’ils pourraient nous finir facilement, maintenant qu’ils connaissent notre emplacement. Tu es stupide ! » grogna-t-elle, alors que l’audace d’une telle proposition ne faisait que la rendre plus en colère. Le sourire sûr de soi de l’Uzumaki ne fit que s’agrandir.

- C’est toi qui est stupide de penser que j’irais droit au suicide Mei-chan ! dit-il avec amusement.

- Que vous soyez ou non l’envoyé de Konoha ne vous permets pas de manquer de respect à Terumī-sama, espèce de –

- Hadazoku-san ! intervint Ao en reprenant aussitôt le chef du clan Hadazoku, un clan détenteur d’un Kekkei Genkai défensif, la peau pouvant se transformer en une matière très solide similaire à des blindages métalliques.

Voyant que Ao et Mei le regardait avec mécontentement, il n’en dit pas davantage, réprimant sa colère envers le ninja de Konoha. Car étant un étranger, Naruto n’avait pas été accepté par tout le monde, et un assez grand nombre de personnes le voyaient d’un mauvais œil. Cette animosité masquée n’avait fait qu’augmenter lorsque Naruto s’était rapproché d’une manière ou d’une autre de leur leader, comme il était aperçu plusieurs fois avec elle. Ils ne savaient pas quelle était la nature de leur lien, dans tous les cas.

- Comme je le disais, c’est tout comme une partie de poker. Jusqu’ici, Kirigakure nous a laissés tranquille malgré nos attaques répétées sur eux. Mais depuis la période des désertions, ça a été le coup porté en trop. Ils ont donc posé carte sur table. Ce qu’ils ne savent pas… C’est que la combinaison de carte qu’ils ont posé est obsolète. Nous avons un atout dans notre combinaison auquel ils ne s’attendent pas.

- Et quel serait-il, Konoha-san ? demanda un des leaders.

- Moi, répondit simplement le blond, en posant son poing sur sa poitrine.

A cette réponse, plusieurs se mirent à rire bruyamment, tellement elle leur parut stupide. Le fou-rire collectif continua quelques secondes, avant que Mei ne les rappelle à l’ordre avec vigueur. Elle ne savait pas si le blond était sérieux ou pas. Elle avait appris à le connaître malgré le fait qu’elle ne l’avait pas autant vu que ça ces trois derniers mois, mais ce qu’elle savait, c’est qu’il était un garçon mystérieux. Peut-être était-il réellement sérieux, et en tant que commandante en chef de la rébellion, elle ne pouvait pas négliger quelconque avantage. Lorsque les rires cessèrent, elle reporta son attention sur lui.

- C’est audacieux de votre part, Naruto-san, de prétendre pouvoir renverser à vous seul l’issue d’une guerre que nous menons depuis dix années, maugréa-t-elle, ayant repris le ton de chef de la résistance. Plus de Naruto-kun, ni de ton doucereux. La gravité de la situation n’y laissait plus place.

Naruto prit aussitôt une expression sérieuse, hochant la tête affirmativement. Mei avait raison dans un sens.

- J’aimerais en dire autant moi aussi. Mais même si ça paraît audacieux, ça ne l’est cependant pas.

Il sortit alors de la sacoche à sa jambe droite un kunai de plus grande taille que les normaux, qu’il planta dans la table, sous le haussement de sourcils des occupants de la salle. Il le lâcha et permit alors à tout le monde de l’observer. Mei fut alors la première et surtout la seule à reconnaître ce kunai. Planté dans le bois était sa lame principale, alors qu’il possédait deux petites lames partant sur les côtés. Sur la poignée couverte d’un parchemin était inscrit d’étranges caractères… Les yeux écarquillés, elle fit alors le lien entre le kunai et Naruto, les regardant alternativement. Et ce, sous le questionnement des personnes dans la salle.

- Naruto… Est-ce… ?

- Oui, interrompit-il avec une expression déterminée sur le visage. « A partir de demain, l’éclair renait. »

***

- Ils sont bientôt là ! s’exclama un ninja, alors que revenant avec son groupe de reconnaissance, il était ensuite venu faire rapport à Mei.

La jeune femme leva les yeux en regardant Naruto, qui se trouvait devant elle, avec un petit sourire. Elle ne put que lui renvoyer le sourire, ne sachant pas vraiment quoi dire. Chōjūrō et Ao se trouvaient à leurs côtés, et eux aussi, ne savaient pas vraiment comment réagir. Parmi les rangs des rebelles, ils étaient bien les deux seuls qui savaient, avec Mei, ce que s’apprêtait à faire Naruto. Ils le regardaient avec crainte, n’arrivant pas à croire qu’il pouvait exécuter cette technique… La technique même qui avait fait du Yondaime Hokage une légende dans le monde ninja et qui lui avait valu le surnom de Konoha no Kiiroi Senkō. Le Hiraishin no jutsu. Aucun des leaders n’avait reconnu le kunai qu’avait planté Naruto dans la table. Soit parce qu’ils ne s’étaient pas rappelé du Yondaime Hokage et n’avaient donc pas fait le lien avec le kunai, soit parce qu’ils ne le connaissaient tout simplement pas. Ninja ou non, Kiri avait été isolée pour presque toute la troisième grande guerre, et la quasi-totalité n’avait donc pas eu connaissance du quatrième Hokage. Lorsque Yagura était venu au pouvoir, l’information avait été scellée, comme beaucoup d’autres du monde ninja.

Ainsi, l’assemblée des chefs de la résistance n’avait pas compris du tout la seconde décision de Mei de rester et se battre. Beaucoup avaient cru qu’elle était devenue folle et qu’elle ne savait plus ce qu’elle faisait. Elle avait finalement demandé à tous de lui faire confiance, que tout allait bien se passer. Sceptiques, les quelques huit cents combattants avaient juste cessé de revendiquer la fuite pour se préparer au combat. En arrivant sur les grandes plaines qui allaient servir de champs de bataille avec l’armée de Kiri, la tension était devenue pour chacun palpable, mais le fait de voir leur leader aussi peu inquiète les avait légèrement rassuré… Ils espéraient juste tous qu’elle ne faisait pas d’erreur. Surtout lorsqu’ils avaient appris que le ninja de Konoha, Naruto Uzumaki, allait être le pilier du combat. Pour eux, cela sonnait juste comme une blague.

- Es-tu sûr de vouloir faire une telle chose Naruto-kun ? demanda Mei, en fixant le jeune homme qu’elle était venue à admirer ces derniers temps.

- Tu me connais Mei-chan. Je veux que cette guerre cesse. Je suis fatigué de découvrir des orphelins et des veuves. Je suis fatigué d’entrer dans un village avec une unité de nos ninjas, et de découvrir qu’il a été massacré pour satisfaire la soif de sang de Yagura et de ses ninjas. Je suis fatigué de l’atmosphère de ce pays. Et quand je pense que ça fait huit ans que tu vis dans tout ça, ça ne me répugne que plus. Maintenant que je suis à l’apogée de mes moyens, que j’ai le Hiraishin… Je serais le plus exécrable des hommes de ne pas l’utiliser pour stopper de façon nette la guerre.

Il avait dit ça avec tellement de détermination, avec tellement de force dans la voix, que Mei ne put que le regarder avec admiration. Elle avait toujours considéré les idéalistes comme des imbéciles imbus d’eux-mêmes et vantant leurs côtés philosophes sans ne jamais rien faire que parler et débattre. Pour elle, ils n’avaient toujours été rien de plus que des arrogants. Mais avec l’arrivée de Naruto, elle avait redécouvert la nature du mot. L’utopie n’était pas un terme synonyme d’impossible. L’utopie signifiait l’espoir, et l’espoir était éternel. Aujourd’hui en était la preuve. Ils allaient combattre, et gagner. Au nom de l’espoir. Et lorsqu’ils virent l’armée de ninjas apparaître au loin, Mei sut que l’heure était venue. 

- Il est trop tard pour faire marche arrière ! Nous nous battrons quand bien même nous avons besoin d’hommes courageux ! s’exclama Ao en brandissant le poing. « Unie, la rébellion s’engagera dans un combat périlleux ! »

Tout timide qu’il était, Chōjūrō acquiesça aux « sages » paroles de Ao…  Mais ce fut une réaction différente qui vint de la part de Mei, alors qu’au lieu de l’écouter totalement, ce fut son côté dérangé qui interpréta les dires du chef des Oi-nins. « Besoin d’hommes… ? Uni ? Engagement ?... Trop tard !? » Soudainement, il émana de Mei une intention de meurtre qui fit se tourner Ao vers elle. « Ao, tais-toi, ou je te tue. » dit-elle avec un sourire angélique. Ao se gela… Voilà qu’elle recommençait. « Mais… Mais… Qu’est-ce que j’ai fait… ? » Naruto regarda l’échange, amusé. Il avait vu que c’était une manie assez courante pour Ao de dire quelque chose que Mei écouterait à moitié pour n’en tirer que des allusions au mariage… et au final le menacer de mort. Ce fut la petite habitude pour les détendre malgré la situation… Mais ils allaient bientôt oublier leurs querelles bon-enfant au profit de la bataille.

Finalement, sous les regards des membres de la résistance, Naruto se mit alors à s’avancer. Il s’éloigna d’un pas lent mais soutenu. Il n’avait pas peur. Son objectif était droit devant… Et il était prêt à risquer sa vie. S’il fallait qu’il meurt, alors il allait mourir, et avec plaisir si cela pouvait mettre un terme aux agissements monstrueux de la brume sanglante. Aucun de ses ninjas n’était pardonnable. Ceux qui avaient des familles leur contraignant la soumission à Yagura s’étaient déjà tous enfuis pour rejoindre les rangs rebelles. Les autres, rien ne les empêchait de faire ce qu’ils faisaient. Genins, Chūnins ou Jōnins… Shinobis ou kunoichis. Ils étaient tous corrompus par leur égoïsme. Ils violaient, terrorisaient, brutalisaient et tuaient des innocents, pour leur propre profit… Et pour lui, ce n’était pas acceptable. C’était impardonnable.

Le cœur battant, il sortit alors quatre kunais de sa sacoche, observant les ninjas à plusieurs centaines de mètres devant lui. Il sentait que derrière lui, l’angoisse augmentait. Fermant les yeux, il canalisa son chakra de nature Fūton dans ses mains et sur trois des kunais qu’il tenait. Entendant derrière Mei prévenir à tous de rester en place, il se concentra sur ce qui se passait devant lui… et finalement, lança haut les trois kunais dans sa main droite. Partant dans le ciel en direction des ninjas quelques centaines de mètres devant, Naruto se concentra.

- Ninpō : Tajuu Kunai Kage Bunshin no jutsu !

***

                Pour les ninjas de la force d’attaque de Kirigakure no satō, cette attaque allait être un jeu d’enfant. Ils avaient tous été choisis spécialement pour cette attaque par les instances du village de la brume. Ils étaient tous parmi les ninjas de très bon niveau de Kiri, les vétérans de la guerre civile depuis ces huit dernières années. C’était un honneur pour eux d’avoir été choisis pour éliminer une bonne fois pour toutes les terroristes aux sangs impurs de Kiri et leurs familles. Ils avaient couru sans s’arrêter sur cinq cent kilomètres. Ils avaient été mis en forme et entraînés spécialement pour le déplacement depuis une semaine, et lorsqu’ils étaient arrivés en vue de la base rebelle, ils avaient tous ingéré des pilules améliorées de chakra, les dopant littéralement et régénérant radicalement leurs réserves de chakra. Ils riaient presque tous de jubilation à l’idée de tuer n’était-ce qu’un seul résistant, mais au moment où ils furent en vue de l’armée rebelle qui leur était inférieure en nombre, le ciel s’obscurcit. Ils stoppèrent leur avancée dans la plaine, se rendant compte qu’une pluie de kunai leur tomba dessus. Par différent moyen, ils parèrent ou esquivèrent les projectiles, se demandant à quoi pensaient les rebelles avec une attaque aussi futile. Cependant, tous se questionnèrent en voyant les kunais, n’en ayant jamais vu d’un tel genre.

Et ce fut alors que le déluge commença. Quelque chose apparut entre eux si rapidement que tout ce qu’ils virent ne fut qu’un éclair de couleur jaune vif qui disparut aussitôt… avant qu’une trentaine de ninjas ne tombe à terre, égorgés. Nageant en pleine confusion, les shinobis de Yagura ne surent réagir à ce qui leur arriva, avant que l’éclair ne réapparaisse après une seconde, emportant de nouveau une vingtaine d’entre eux dans des cris éphémères. À chaque apparition de l’éclair, dix à trente de leurs hommes mourraient, avec comme seule vision instantanée la forme floue de Naruto les poignardant à mort. Les cris durèrent alors comme le fils de Yondaime Hokage passa dans les rangs de Kiri, y semant mort et destruction. Une explosion, puis deux, puis trois, retentirent à différents endroit du champ de bataille comme des étranges sphères bleues apparurent au milieu d’eux pour exploser telles des bombes.       

Naruto apparut devant l’une de ses victimes avec un regard impitoyable, le décapitant d’un coup de kunai dans lequel il avait insufflé sa nature de chakra Fūton. Disparaissant aussitôt, il réapparut à une dizaine de mètres devant un autre homme, lui explosant le torse d’un Rasengan. Il n’eut pas le temps de recevoir l’éclaboussure du sang, réapparaissant au milieu d’une formation défensive de ninjas. Créant un Ōdama Rasengan, il l’enfonça dans la tête de la kunoichi au milieu avant de disparaitre, laissant les sept autres ninjas être carbonisés dans l’explosion de sa technique. Sans réfléchir davantage, il se téléporta à une centaine de mètres sur la droite pour continuer ce terrible massacre, laissant les blessés à mort hurler de douleur à leur corps calcinés ou mutilés, à leurs membres arrachés, et laissant aussi les survivants au milieu de dizaine et dizaine de cadavres qui, s’ils étaient reconnaissable en tant que cadavres d’hommes, arboraient des expressions confuses, n’ayant pas eu le temps de comprendre qu’ils étaient morts.

Se déplaçant de balise en balise, Naruto ne sut comment interpréter la sensation que son corps ressentait à chaque téléport, chaque reconstitution. C’était absolument incroyable. Une sensation de légèreté, presque comme si son corps était de l’air. Mais il ressentit aussi ce manque de gravité, ce manque d’équilibre, comme s’il pouvait tomber dans le ciel… Il savait maintenant ce qu’avait ressenti son père de son vivant. Etre à la fois extrêmement libre, et à la fois extrêmement complexé, compressé. Sans douleur, mais surtout sans rien… Quelque chose de totalement neutre, le néant sans maléfice.

Plus loin, Mei, Ao, Chōjūrō et les quelques centaines de rebelles, observèrent dans un silence religieux le jutsu incroyable, presque divin, qui s’exécutait sous leurs yeux. Comment les sous fifres de Yagura tombaient par dizaine, à chaque respiration. Car Naruto les tuait comme il respirait. De la crainte, mêlée à l’admiration, à la béatitude. Voilà ce qui tiraillait leurs cœurs, alors qu’ils voyaient la puissance de Kirigakure, un millier de soldat, partir en fumée à cause d’un seul. Cet éclair jaune qui n’était autre que l’image instantanée des cheveux de Naruto ou les ouvertures spatiotemporelles énergétiques de ses kunais dans leurs rétines. Et en quelques minutes, la plaine qui aurait été recouverte de leurs cadavres en temps normal, fut recouverte des cadavres de leurs ennemis… Lorsque le massacre s’arrêta, il ne resta plus que quelques dizaines de shinobis éparpillés parmi l’amoncèlement de corps, et Naruto, au milieu d’eux tous, la tête baissée, immobile.

Et pourtant… Il savait qu’il n’avait pas gagné.

Derrière lui, un homme se tenait debout, tout aussi immobile, mais intacte. Cet homme même qu’il avait essayé de tuer dès le départ… Mais qui malgré sa performance avec le Hiraishin no jutsu, avait paré kunai et Rasengan par plusieurs fois. Naruto se retourna lentement vers lui, toujours avec ce même regard glacé. Ils s’affrontèrent du regard quelques secondes, pas une seule fois dérangés par les cris de souffrance autour d’eux. Et l’Uzumaki se perdit dans les yeux violets sans vie, inexpressifs, de l’homme qu’il sut être connu par le nom de… Yagura.

- Cette technique… Je n’aurais jamais pensé la revoir un jour… prononça distraitement l’homme avec une voix sans vie qui fit rappeler à Naruto celle de Gaara. Les deux étaient presque identiques, celle de Yagura étant un peu plus grave.

- Yondaime Mizukage… L’auteur de la boucherie qu’est devenue Mizu no Kuni… Je n’aurais jamais pensé que tu viendrais en personne si loin de Kirigakure… J’ai toujours imaginé que tu n’étais qu’un lâche, vu la façon dont tu prends joie à perpétrer massacre sur massacre.

Yagura le regarda en haussant un sourcil, à peine touché par son insulte.

- De la joie ? demanda-t-il stoïquement. « Je ne prends pas de joie à ce que je fais, petit insecte. Je participe seulement à la conservation du sang pur, en éliminant les êtres dont le sang est devenu impur… »

Naruto fronça les sourcils, serrant d’autant plus son kunai dans sa main droite.

- Alors c’est juste pour ça ? Ces milliers de personnes que tu as faites assassiner… Juste pour un idéal biaisé de la pureté de la race humaine ? Est-ce à ce point que ta folie t’a rongé… Jusqu’à croire que ta cause est juste ? Dans le sang de milliers d’innocents ?

- Ma cause est juste. Les détenteurs d’anomalies génétiques sont corrompus, fourbes… Ils sont maléfiques. Je ne faisais que rétablir la justice en les supprimant, préservant l’intégrité de la race humaine.

L’Uzumaki cligna des yeux plusieurs fois, avant d’émettre un rire amer à la déclaration du Mizukage. « Maléfique… Hahaha… … Je trouve ça particulièrement drôle que toi, de tous les fous que j’ai pu rencontrer dans ma vie, se mette à parler d’humanité, de pureté et de maléfice, considérant le fait que non content d’être un assassin, tu contiens l’une des entités les plus maléfiques de notre monde… Belle ironie. » Subitement, un chakra rougeoyant se mit à émaner avec une très forte intensité du corps de Yagura. L’aura démoniaque grandit, alors que l’air se fit lourd et glacial. Les yeux de Yagura prirent une couleur rouge sang, les pupilles fendues, et deux arcs de cercle de part et d’autre des pupilles.

- Misérable petit insecte… Je vais savourer en t’arrachant cette langue qui te sert tant, avant de te découper en plusieurs morceaux et de te donner en pâture aux requins de mon lac personnel…

Naruto se mit en position de combat, prêt à faire face à Yagura. Il lui fit un sourire narquois, montrant qu’il ne fut absolument pas touché par l’aura intense du manteau du Bijuu. « Tu es le bienvenu pour essayer. » A peine finit-il sa phrase que surgirent des bois derrière eux, dans un ralliement de cris de guerre, plusieurs centaines de ninjas de Kirigakure, sous la surprise totale de Naruto. Il regarda Yagura avec rage. « Toi… » grogna-t-il, sous le sourire sadique de Yagura, malgré le vide dans ses yeux. « La vraie bataille commence, pauvre déchet… Je vais en finir avec vous une bonne fois pour toutes. » Aussitôt, ils s’élancèrent l’un contre l’autre. « C’EST-CE QU’ON VERRA ENFOIRÉ ! »

Mais alors que Naruto et Yagura commencèrent leur duel à mort, la bataille était loin d’être terminée. Jōnins, Chūnins et ANBU de Kirigakure avaient été cachés à l’arrière de la vague d’assaut par précaution du Mizukage. Il avait eu raison de décider une telle chose à la façon dont avaient finis les premiers attaquants. Mais cette fois, Naruto était occupé à combattre Yagura, il ne pourrait donc pas s’occuper des autres – et Yagura ne l’aurait sans doute pas laissé faire. Il aurait soit tenté de l’arrêter, soit attaqué les rebelles pendant que lui attaquait ses hommes, et l’Uzumaki ne pouvait pas prendre un tel risque. Poussant plusieurs cris de guerre, à leurs tours, les rangs de la rébellion s’élancèrent contre l’ennemi. En quelques secondes, le charnier se transforma en véritable champ de bataille, les deux armées ennemies entrant en collision dans une pluie de kunai, de shuriken, et de jutsu mortels.

- Rebelles, derrière moi ! s’écria Mei alors que sans réfléchir, ses hommes s’écartèrent de son chemin. « Futton : Komu no Jutsu ! »

En quelques secondes, un immense nuage acide sortit de la bouche de Mei, se répandant sur une vaste zone, et prenant plus d’une trentaine de ninja adverse en son sein. Ceux qui ne purent s’échapper à temps de la brume acide de la très crainte Mei Terumī commencèrent à bouger nerveusement et transpirer. Ce fut ensuite une multitude de hurlement atroce qui s’entendit alors que les malheureux commencèrent à fondre. La peau se détachant et tombant tout comme leurs vêtements, ils finirent par se liquéfier plus ou moins rapidement, ne laissant qu’un torrent de sang et de liquide organique étant autrefois leurs chairs et vêtements. Leurs rangs étant brisés suite à l’attaque, les ninjas rebelles s’y immiscèrent une fois l’air purifié de son acidité pour attaquer par les flancs, offrant ainsi plusieurs angles d’attaques différent et déstabilisant violemment les ninjas de Kirigakure.

Une dizaine de mètres plus loin, déterminé, Chōjūrō fonça droit sur les ninjas ennemis en tenant fermement Hiramekarei, l’une des sept épées enchantées de Kiri, dont il était devenu le maître. Une escouade de rebelles le suivant juste derrière en formation, ils firent quelques mudras. « Katon : Endan ! » s’écrièrent-ils en projetant par-dessus Chōjūrō une salve de boules de feu, heurtant les rangs ennemis. Les murs de terres érigés pour parer les projectiles géants explosèrent au contact, bloquant momentanément la vue des ninjas de Kiri via un nuage de poussière. Chōjūrō apparut en plein élan devant eux, sortant de l’amas de poussière. « Hiramekarei Kaihō ! » lança-t-il alors que les bandages se défaisant autour de la lame, une gangue de chakra apparaissant sur son épée, elle prit la forme d’un immense marteau. En un coup, il faucha les sept hommes devant lui, les tuant sur le coup, et les envoyant à plusieurs dizaine de mètre complètement déformé par l’impact. Son escouade se déploya tout autour de lui, en engageant le combat rapproché avec leurs ennemis.

Ao, de l’autre côté du champ de bataille, se déploya avec sa division de Oi-nin. Leurs combats furent expéditifs. A l’aide de Kirigakure no Jutsu, ils exécutèrent sur plusieurs dizaines d’ennemi les techniques d’assassinat dans la brume. Il n’y avait pas meilleurs assassins qu’eux avec ce procédé, excepté Zabuza Momochi qui était devenu célèbre pour son talent dans cette technique de mise à mort. Partout, sur plusieurs centaines de mètres, la bataille fit rage, alors que d’un côté, à l’aide de ninjutsu conventionnel, les fidèles à la brume sanglante se battaient, de l’autre ripostaient les ninjas fidèles à Mei Terumī à l’aide de multiples techniques. Les ninjas de Yagura étaient d’un très bon niveau, mais les attaques en faces étaient trop violentes et variée. Ils pouvaient parer une attaque normale pour recevoir juste après un jet de lave ou d’acide, ou même des torrents de liquides qui prirent feu en quelques secondes.

Dans un duel acharné de taijutsu et bojutsu, Naruto tenta tant bien que mal de tuer Yagura d’un coup de kunai bien placé, et Yagura tentant de tuer son adversaire avec son bâton à crochet. Yagura était extrêmement agressif et doué avec son arme, empêchant Naruto de l’approcher suffisamment, avec ou sans Hiraishin. S’aidant de frappe rapide et précise, il put reprendre momentanément l’avantage de l’échange, profitant de son expérience dans le corps à corps pour faire perdre l’équilibre au Yondaime Mizukage. L’homme trébucha sur le corps d’un ninja qui venait de tomber juste derrière lui, et Naruto lui sauta dessus en lui assénant un coup de kunai visant sa gorge. L’estoque fut stoppée in extrémis par le bâton de Yagura. Le faisant pivoter, à son tour, il donna un puissant coup dans la figure de Naruto, le repoussant de quelques mètres. Se relevant, il s’élança sur lui, le bâton en avant. Ignorant la coupure sur sa joue suite au coup, Naruto se pencha sur le côté et saisit le bâton par le crochet avec sa main gauche, le tirant vers lui tout en pointant le kunai dans sa main droite vers le visage de Yagura. Le Mizukage dut lâcher son arme et reculer pour éviter de voir le kunai s’enfoncer dans sa tête. Naruto balança le bâton sur le côté, beaucoup plus confiant maintenant que le bojutsu du Yondaime Mizukage n’était plus réalisable. Ils se retrouvaient taijutsu contre taijutsu, et Yagura n’avait plus l’avantage de la portée de coup. Cependant, l’Uzumaki allait devoir éviter les coups du Mizukage. Il n’avait peut-être plus son bâton, mais dorénavant, il se battait sans intermédiaire, et il portait le manteau de chakra corrosif de Sanbi no Kyōdaigame.

Il apparut instantanément derrière Yagura, le kunai levé et saisi à deux mains, prêt à l’enfoncer dans son dos. Il disparut aussitôt sans avoir frappé, réapparaissant quelques mètres plus loin, évitant ainsi une main de chakra rouge qui sortit du dos du Yondaime, alors que ce dernier ne bougea pas. La main de chakra disparut, alors qu’une autre sortant du ventre de Yagura s’élança vers lui. Il sauta en arrière, avant de composer une série de mudra. « Fūton : Atsugai ! » Rassemblant une grande quantité de chakra, il la transforma en chakra Fūton, avant de le souffler en direction de Yagura. La technique de vent sous forte pression partit ravager toute la zone devant lui, avalant Yagura. Avant que le Mizukage ne disparaisse dans le déluge, Naruto vit qu’il explosa dans une petite quantité d’eau. « Un Mizu Bunshin ? Quand ? » Il eut le réflexe de se baisser lorsqu’une main de chakra tenta de lui arracher la tête. Sachant qu’il était dans une position trop précaire, accroupit au sol, il se téléporta à une dizaine de mètre. Commençant à être réellement essoufflé après s’être battu pendant plus de quinze minutes sans pause et une utilisation intense du chakra pour son Hiraishin, ses multiples Rasengan et le dernier Atsugai, il tenta de se concentrer pour essayer de terminer au plus vite l’affrontement. Yagura sortit du sol dans une colonne intense d’eau juste sous ses pieds, alors qu’il venait de nouveau de se téléporter. Dérapant sur quelques mètres, Naruto grogna. « Ça ne doit pas continuer comme ça… ! Il n’a pas bronché une seule fois depuis le début du combat, et il est super défensif… ! Ce terrain est trop plat et sans obstacle, c’est tout à son avantage… Je dois le faire bouger d’ici. »

- Fūton : Daitoppa ! hurla-t-il en composant quelques mudras. Le vent se levant, il prit une forte intensité, emportant sur plusieurs dizaines de mètres Yagura. Naruto courut après lui, et lorsque Yagura s’arrêta, il lança son kunai Hiraishin dans sa direction. Il apparut juste au-dessus du Jinchuuriki du Sanbi. « Ōdama Rasengan ! » Yagura sauta en arrière, évitant le jutsu mortel.

Mais dans la confusion de l’explosion, il ne vit pas le kunai Hiraishin de Naruto sortir du souffle de feu. Il ne put prévoir que trop tard l’attaque de Naruto. « Rasengan ! » s’écria l’Uzumaki, l’enfonçant dans le ventre de Yagura. L’homme hurla, avant d’être projeté en ligne droite totalement hors du champ de bataille, collé à une sphère bleue de taille humaine qui le fit voler à plusieurs centaines de mètres rapidement. Naruto n’attendit pas pour le suivre, s’éloignant de la zone. Ce qu’il ne réalisa pas, ce fut que si en isolant leur combat du champ de combat collectif il pouvait se battre sans retenue, ce fut aussi le cas pour son adversaire. Et Yagura était célèbre dans le monde ninja pour certaines capacités terrifiantes.

En moins de dix minutes, les combats s’éparpillèrent partout dans la région sur plusieurs kilomètres. La bataille de front avec plusieurs centaines d’hommes fut remplacée par une bataille de guérilla dans les forêts. Durant l’affrontement, plus de trois cents ninjas avaient perdu la vie dans chaque camp. Au check point alpha, le point de contrôle principal des rebelles de la zone de combat, Mei se rassembla avec tous les chefs d’escouades, pour faire le calcul des pertes actuelles et redéployer l’armée le plus tactiquement possible sur le terrain. L’armée adverse s’était retranchée dans une vaste zone de la forêt…  La zone était elle-même coupée par une falaise de cinquante mètres de dénivelé avec le reste de la forêt en dessous, et elle continuait sur plus de quarante kilomètres.

- Mei-sama, je pense qu’il serait préférable de prendre le point quatre. Il est à flanc de falaise au milieu de la forêt, et nous aurons une vue globale de la région. Si nous installons notre relais à cet endroit, nous pourrons déployer nos hommes beaucoup plus efficacement qu’ici, et réagir beaucoup plus vite à chaque percée de notre défense, proposa l’un des sous-officiers de Mei.

- C’est astucieux, je suis d’accord, répondit Mei. « Déplaçons le relais jusqu’au point de contrôle quatre. Répartissez les dispositifs radios de sorte qu’il y en ait minimum trois par escouades. Formez au maximum des escouades de huit ninjas. Maintenant, nous devons jouer furtivement. Nous ne connaissons pas cette zone de forêt, de sorte que nous n’avons malheureusement pas l’avantage du terrain. Chōjūrō ! »

- Oui, Mei-sama !

- Je veux que tu prennes sept hommes avec toi. Formez deux groupes. Je vous envoie en reconnaissance. Descendez de la falaise jusqu’au point sept. Une fois arrivés là-bas, vous vous déplacerez le long de la rivière sur cinq kilomètres. Si vous ne localisez pas de positions ennemies, revenez au point sept. D’ici là, nous y aurons établi un avant-poste.

- Ce sera fait Mei-sama !

Chōjūrō n’attendit pas. Prenant sept ninjas avec lui, ils se mirent en route jusqu’à destination, pour tenter de trouver les postes ennemis. Mei soupira. Ils avaient compté les pertes d’environ trois cent éléments. Du côté adverse, celles qu’ils avaient causées s’estimaient à un peu plus, sans compter le bon millier d’hommes qui avait été neutralisé par Naruto. Finalement, les informations de Mei n’avaient pas été exactes. Ce n’était pas mille cent hommes qui étaient partis de Kiri… mais bien deux mille. Autant dire que sans Naruto, ils auraient été directement anéantis. Elle savait que Yagura avait compté sur le fait que sa force était trop puissante en nombre pour être vaincue, et il avait raison dans un sens. Personne ne pouvait espérer abattre une armée de deux mille shinobis… Du moins personne sauf un homme comme l’éclair jaune. Et grâce à cette improbabilité, ils avaient pu supprimer près de mille quatre cent ennemis. La bataille était cependant très loin d’être finie. Il restait plus de cinq cent ninjas en face, sur une surface boisée et difficile de plusieurs dizaine de kilomètre carrés.

Même cinq cent ninjas étaient la plus grande des mobilisations qu’elle n’avait jamais vu. Si plus de mille personnes étaient mortes en moins d’une heure, il allait falloir cependant plusieurs jours, voire plusieurs semaines, pour espérer obtenir la suprématie sur la région. Elle fut sortie de ses réflexions lorsque la division d’Ao apparut tout autour du périmètre. Ao vint à côté de Mei.

- Rapport, Ao, s’exclama Mei dans son ton de commandante en chef.

- Nous avons nettoyé le champ de bataille. Il n’y a plus que des morts sur cette plaine. Nous avons fait quarante-sept prisonniers, et achevé soixante-dix-neuf ennemis.

Mei acquiesça. Les chiffres étaient impressionnants… Mais encore, ce qui venait de se passer ne s’était jamais passé une seule fois dans l’histoire de Kirigakure. Jamais deux armées de mille ninjas ne s’étaient affrontées de front de la sorte. Quelques centaines de ninjas tout au plus, comme lors des grandes batailles entre Iwa, Kumo et Konoha. Ou même à Ame no Kuni. Mais là, c’était incomparable. Elle soupira. Le pire était passé… Ou peut-être pas. « Ao… As-tu des nouvelles de Naruto-kun ? » demanda-t-elle alors que cette fois, une véritable inquiétude transparut dans sa voix. Naruto avait été introuvable après la bataille. Même s’ils étaient plusieurs centaines, elle aurait dû le trouver ! Une sensation désagréable compressa son cœur quand elle vit la grimace de son second.

- Plusieurs de mes hommes… ont vu Naruto affronter… Affronter Yagura, Mei-sama. Ils se sont éloignés des combats pour poursuivre le leur… En direction des gorges marécageuses.

Le cœur de Mei se glaça d’effroi. « Yagura était ici ?! » Elle ne savait pas quoi faire. Elle ressentit pour la première fois de la peur… Mais pas pour elle. Elle avait peur pour Naruto. Elle avait peur de le perdre. Elle seule avait toujours pu prétendre vaincre Yagura, et même si Naruto était sans aucun doute plus fort qu’elle, elle ne pouvait s’empêcher de paniquer à la simple idée que Yagura parvienne à le faire flancher… Manipuler son cœur, comme il savait si bien le faire.

- Ao, tu prends dès maintenant le commandement ! tonna-t-elle, sous l’ahurissement total des leaders de la rébellion.

- Mei-sama !? Vous plaisantez !? s’écrièrent-ils, surtout Ao.

- Non ! Je n’ai jamais été plus sérieuse ! Yagura est ici, s’il nous trouve, nous sommes perdus ! Naruto est en train de l’affronter, je dois aller l’aider ! Ensemble nous avons une chance de le battre ! 

Elle n’attendit pas leur réponse, et s’élança en direction des gorges marécageuses.

***

« Enfant démon. Va-t’en, tu n’es pas le bienvenu ! »

« Tu n’es qu’un raté, un échec ! Tu ne mérites même pas de vivre, dégage ! »

« Jamais personne ne voudra de toi ! On te hait ! Tu n’es qu’un bon à rien ! »

«Tu n’es qu’un dobe, tu ne seras jamais un bon ninja ! »

Naruto secoua nerveusement la tête, en sueur, le kunai en garde devant lui. Sa peau était livide, alors qu’il marchait sur le qui-vive difficilement dans l’eau croupie du marais. « Le salaud… Il essaie de me torturer l’esprit. » Il continua à marcher prudemment, essayant de ne pas trébucher sur quelque chose qui pouvait bloquer ses pieds sous l’eau. Des branches ou des cailloux. Cela faisait quelques minutes déjà qu’il se déplaçait dans le fond de ces étroits ravins. Ce dédale brumeux et marécageux. L’odeur n’était elle aussi pas très agréable. Après avoir éloigné Yagura, ce dernier avait disparu ici, s’était volatilisé… Mais Naruto savait qu’il était là à l’observer. Tremblant, Naruto venait de vivre cauchemars sur cauchemars, les horreurs de son passé lui revenant droit devant les yeux aussi claires qu’il ne les avait vécu autrefois.

Il entendit soudainement quelque chose derrière lui. Se retournant brutalement et le kunai pointé, il essaya de repérer l’origine du bruit. Il jura avoir aperçu dans le brouillard une ombre tournée vers lui, mais qui disparut aussitôt, sans bruit. Serrant les dents, il se retourna après quelques secondes, poursuivant sa marche. Yagura était fourbe, mais il n’allait jamais le laisser l’affaiblir. Il vengerait toutes les victimes innocentes de ces dernières années aujourd’hui. Pour quelques minutes, il avança, toujours sur ses gardes, à travers le labyrinthe inquiétant des gorges marécageuses de Mizu. Aucun signe du Mizukage Yondaime… Juste des séries interminables de flashs sur son passé et sur son village. Jusqu’à ce qu’il perçoive sa voix déformée parmi les ombres. « Tu ne les as pas laissé faire… Tu aurais dû… Laisse leur haine filtrer à travers toi… Deviens ce que tu es vraiment… »

- Tais-toi, salaud ! C’est inutile ! Je ne serais jamais comme toi ! hurla l’Uzumaki, alors qu’il sentait la rage faire trembler son corps. La rage, la tristesse, le regret… la haine qu’il ressentait malgré son masque, pour Konoha.

- Laisse le démon faire de toi ce que tu dois vraiment être… Un Jinchuuriki… Un tueur, qui ne vit que pour la mort… qui ne vit que pour lui-même, que pour son plaisir… continua Yagura, sans se soucier de ce qu’avait dit Naruto. « Je sens en toi la colère… la souffrance… la haine… Laisse-les boucher le vide dans ton cœur… Nous sommes pareils, toi et moi… »

- Tu ne pourras jamais comprendre… ! Je ne suis pas comme toi ! Jamais tu ne m’atteindras ! rétorqua-t-il rageusement à son homologue, tentant en vain de s’empêcher de frissonner à l’air du marais, qui ne lui en parut que plus glacial à cet instant.

Mais il n’eut aucune réponse. Pas un bruit, rien. Juste le néant infini du silence. La peur. Car il avait peur. Yagura dominait leur combat émotionnel, il avait brisé sa confiance en lui rappelant toute la haine que le monde lui avait toujours vouée. En lui rappelant la fatalité de son sort, en lui rappelant que même fort, jamais il ne serait heureux. Que jamais il ne serait comblé, fier. Qu’il aurait toujours ce vide infernal qui le désespérait de trouver un jour une place. Qu’il se battait jour et nuit contre lui-même pour ne jamais devenir comme Yagura, de ne jamais faire la même erreur que lui, ou Gaara, de céder à la facilité. Mais à quoi bon ? Qui s’en souciait ? Qui connaissait réellement ce mal qui le compressait lui et ses semblables ?

« Suiton : Chissoku Suirō no jutsu… » entendit alors Naruto dans un souffle. Il se tint sur ses gardes, prêt à échapper à toute attaque d’eau que lui lancerait le Mizukage. Pourtant, rien ne vint… Jusqu’à ce qu’il se sentit lourd. L’air commença à se faire absent, ses respirations durent être plus laborieuses, plus exigeantes en oxygène… Puis ce furent ses mouvements qui ralentirent… Et il remarqua alors trop tard que la brume autour de lui fut presque devenue solide, tellement elle fut compacte. Il venait de se faire piéger. Il chercha à quitter l’endroit en Hiraishin, mais il n’arrivait plus à réfléchir correctement, ni canaliser son chakra… Il n’arrivait plus à respirer. Il ne paniqua que plus lorsqu’il sentit l’eau autour de ses chevilles devenir plus condensée et se mettre à l’enfoncer dans la boue du marais. Il se rendit compte que s’il ne trouvait pas une solution… Il allait mourir. Avec l’énergie du désespoir, il parvint à composer lentement une série de mudra. Lorsqu’il fut dans l’eau à niveau de la taille, il termina le moulage pour son jutsu. « Fūton : Tōhan ! »   

Un immense appel d’air naquit alors autour de Naruto sous forme de vortex, dispersant toute l’eau et la brume, et arrachant violemment Naruto du sol, l’emportant à quelques mètres dans les airs. Avec un grand sourire soulagé, Naruto se rendit compte qu’il venait d’échapper à une mort certaine. Il eut une forte inspiration d’air pour pallier au manque qu’il avait eu pour plus d’une minute. Il avait de quoi être réjoui. Mieux, il se réjouissait d’avoir été entraîné par Jiraiya. L’homme avait déjà tenté ce genre d’approche avec la technique Doton : Yomi Nōma. Il retomba sur la surface de l’eau une fois le jutsu dissipé. Cette fois, il allait garder une pellicule de chakra sur la plante de ses pieds pour ne pas s’enfoncer dans le marais et être piégé par deux fois. Mais alors qu’il se remettait de son expérience, trop essoufflé, il ne vit malheureusement pas assez vite la main de chakra qui sortit de la brume pour l’attaquer. Il sauta sur le côté, mais cette dernière le toucha, lui laissant une très profonde entaille le long du ventre. « Aaah… » gémit-il dans l’horrible douleur lorsqu’il sentit sa peau être déchiquetée et calcinée par le frôlement de la main. Lorsqu’elle revint à la charge, il sauta cette fois bien en arrière et envoya loin dans le ciel son kunai Hiraishin, attendant qu’il atterrisse plus loin. Puis, il se téléporta.

Il trouva rapidement une grotte dans la paroi d’une des gorges, et le plus discrètement possible, y entra en essayant de comprimer le saignement important de la profonde entaille. S’asseyant contre la paroi, il cracha du sang sur le côté avant d’avaler sa salive, le gout métallique de son sang contre les palais. Puis, il essaya de réguler sa respiration, attendant que le chakra de Kyuubi ne le soigne… « Bon sang… Si je connaissais deux ou trois ninjutsus médicaux… »  Il attendit alors. Mais la blessure était grave, et le saignement ne s’arrêtait pas. Et il devait trouver une solution avant que Yagura ne le retrouve. Lorsqu’il vit une ombre humaine à l’entrée de la grotte, il paniqua. Serrant son kunai, il se mit en garde, mais flancha, avant de trébucher à cause de sa vue voilée par le manque de sang.

- Naruto-kun ! entendit-il, avant que l’ombre ne se mette à courir dans sa position.

Il ne réagit pas. Dans l’état où il était, il ne pourrait de toute façon pas réagir efficacement. Il était à la merci de quiconque, en premier Yagura. Quand il sentit une paire de bras le serrer fortement et qu’il posa sa tête sur une épaule mince à la peau douce, il se rendit compte qui était-ce. « M-Mei-chan… » murmura-t-il, avant qu’elle ne le force à s’asseoir contre la paroi de la grotte. Il réprima un râle de douleur, avant de regarder Mei occupée sur sa blessure. « Mei-chan… Laisses, tu n’es pas une Eisei-nin, que peux-tu y faire… ! » Mei posa son index sur la bouche de Naruto, lui intimant le silence. Elle composa quatre sceaux, avant de poser sa main sur lui. « Futton : Ketsueki Gyōko no jutsu… » Naruto sentit une sensation bizarre… Il se sentit sec et étrangement bien. Il regarda Mei qui, les yeux fermés, avait le visage crispé dans la concentration. Puis, elle retira sa main avant de soupirer de soulagement. Naruto se demandait ce que sa technique avait réellement fait… Il eut sa réponse, lorsqu’il vit que le sang qui le recouvrait était entièrement séché, la plaie littéralement… cautérisée.

- C’était… C’était quoi ? Comment as-tu stoppé le saignement… ? questionna-t-il, stupéfié.

- C’est mon Kekkei Genkai, le Futton, dit-elle doucement. « Je peux influer sur le sang et le faire coaguler plus vite en le rendant plus acide pour aspirer progressivement son humidité. »

Naruto reposa sa tête en arrière, contre la paroi, dans un soupir soulagé. Mei était incroyable. « Comment as-tu réussi à me trouver… dans ce labyrinthe… » demanda-t-il alors, les yeux fermés. Mei s’assit à côté de lui, le surveillant. « Je connais cet endroit. Je suis déjà venue m’y entrainer pour mon Futton vu la quantité de brouillard qu’il peut y avoir. Il ne m’a pas fallu longtemps pour te retrouver, étant donné que tu es apparu de nulle part à quelques mètres de moi. » L’Uzumaki ne put s’empêcher d’émettre un petit rire, quand bien même cela le fit souffrir. Sa blessure était peut-être refermée, mais loin d’être guérie.

- Je n’ai jamais été aussi heureux de te voir, Mei-chan, prononça-t-il doucement, sous son étonnement. « Ce type… Il est fort. Vraiment très fort. Il… Il manipule les gens… Si tu n’étais pas venue, je me serais sans doute déjà vidé de mon sang. Merci, Mei-chan. »

La belle Terumī le regarda, avant de lui faire un petit sourire. « Nous allons le battre, Naruto-kun. Nous allons le tuer ensemble, et on mettra fin à cette folie. En attendant, repose-toi un peu. » Naruto obéit à sa demande. Après quelques minutes, il sentit enfin le chakra de Kyuubi reconstituer les tissus qui eurent été déchirés par l’attaque de Yagura, soignant alors totalement la plaie… Ce ne fut pas sans douleur, mais ce fut néanmoins acceptable. S’ils restaient là trop longtemps sans que Yagura ne les trouve, il y avait un risque que ce dernier ne quitte les lieux, et leur chance de le tuer avec. Il se leva, alors que Mei vint devant lui, lui tendant deux pilules.

- Avant d’y retourner, s’il te plait, avale ces pilules. L’une est pour reconstituer partiellement ta réserve de chakra, l’autre stimulera ta production de sang pour compenser la perte.

Naruto acquiesça silencieusement, mettant en bouche les deux pilules. Il les avala directement, avant de sentir cette impulsion de chakra dans son corps. Il se sentit vif et revigoré, même si ce n’était que l’impression donné par la pilule de chakra. Il souffla un bon coup, posant une main contre la zone où l’entaille s’était trouvée. Il ne ressentait plus la douleur. Mei venait de faire quelques mètres, regardant dans le mur de brume à la sortie de la grotte. Ils ne savaient pas ce qui pouvait arriver. C’était pour eux deux la première fois qu’ils affrontaient un homme aussi fort à mort. Et Naruto savait intimement qu’ils avaient des chances de ne pas s’en tirer. Il s’avança jusqu’à Mei, avant de poser une main dans son dos. « Mei-chan. » Cette dernière se retourna vers lui, se demandant ce qu’il voulait.

Puis, sous l’extrême surprise de Mei, il posa une main sur sa joue… avant de l’embrasser. Elle se figea à ce geste, alors qu’elle sentit les lèvres de Naruto sur les siennes. Tout d’abord pantoise, elle posa doucement ses mains sur les épaules de Naruto, avant de passer ses bras autour de son cou. Souriant intérieurement, l’Uzumaki posa les siennes sur la taille de Mei, se laissant envahir par cette infinité de frissons de plaisir… Cette sensation qu’ils savourèrent, les rassurant malgré la peur de ce qui pouvait leur arriver dans un avenir très proche. Ce n’était pas un baiser passionné, comme il avait eu avec Emiko. C’était chaste, calme…

Finalement, il s’éloigna légèrement  d’elle, la laissant comprendre ce qu’il venait de faire… Si tant est qu’elle avait besoin de comprendre quoi que ce soit. Au vu du grand sourire sur son joli visage, il savait qu’elle avait savouré ce baiser. « Quelle était la signification de ça, Naruto-kun ? » demanda-t-elle avec un soupçon de désir dans la voix, prouvant qu’elle revivait la scène plusieurs fois d’affilé.

- C’était pour la chance Mei-chan, susurra-t-il. « Je voulais savoir ce que ça fait de t’embrasser, pour me donner envie de survivre et de t’embrasser à nouveau une fois que ce sera terminé. »

La seule réponse de la kunoichi de Mizu fut de se blottir contre lui. « Si on survit Naruto-kun, tu pourras m’embrasser autant que tu voudras… » dit-elle apaisée, avant qu’ils ne brisent l’étreinte, prêt à quitter l’endroit et partir à l’encontre de Yagura.

- Alors on va le battre et en ressortir vivant Mei-chan. C’est une promesse, dattebayo !

***

- Mei Terumī… L’épine qui est enfoncée dans mon pied depuis bien trop longtemps… Tu aurais dû rester cachée plutôt que de venir à moi, car je vais te tuer comme j’ai tué les épéistes chacun leurs tours…

- Ca suffit Yagura ! Cesses de te cacher et viens te battre. Nous ne céderons pas à tes jeux de manipulation, c’est inutile ! s’exclama Mei, mais voyant qu’elle n’avait aucune réponse, elle soupira, agacée. « Futton : Komu no jutsu ! »

Faisant attention à ne pas toucher Naruto, elle libéra dans l’air tout autour d’eux sa brume acide. En quelques secondes, l’eau autour d’eux se mit à s’agiter alors que les parois rocheuses commencèrent à fondre. Ce fut la bonne initiative, comme ils virent Yagura sautant haut et commençant à grimper le haut du mur pour sortir des gorges. Doué dans le Kirigakure no jutsu ou non, personne ne pouvait prétendre survivre au contact du Komu no jutsu. Esquissant un sourire, Mei abaissa l’acidité de la brume, leur permettant de suivre Yagura jusqu’en haut. Appréhendant une attaque directe de Yagura, Naruto rattrapa  Mei et la saisissant, il se téléporta aussitôt à une dizaine de mètre, évitant ainsi une estoque d’une des mains de chakra de Sanbi que Yagura s’amusait à leur envoyer.

- Fais attention, Mei, prononça sérieusement Naruto. « Yagura peut faire des mains de chakra qui brule ce qu’elles touchent, quand il veut. Ce sont ces saloperies qui m’ont blessé tout à l’heure. Et il ne m’avait que légèrement touché. Si ça te touche il te tuera. »

Autant dire que la kunoichi le tint pour dit.

- Il est inutile de tergiverser sur ce que je peux faire… vous allez périr comme les insectes que vous êtes, s’exclama froidement Yagura, avant de composer une série de mudras. « Suiton : Baku Suishōha ! »

Il sauta dans les airs, avant que ses joues ne gonflent. Concentrant son chakra de nature Suiton en lui, il recracha alors un intense jet d’eau qui se transforma bien vite en raz-de-marée au contact du sol, remplissant toutes les gorges d’eau. La vague atteint plus de dix mètres de haut, alors que se dirigeant vers Naruto et Mei, ces deux derniers se préparèrent à contrattaquer. Lorsque la vague leur retomba dessus, ils sautèrent tous les deux par-dessus, glissant ensuite jusqu’en bas en direction de Yagura. Naruto se mit à courir en direction du Mizukage, tout en composant une longue série de sceau très rapidement, finissant sur celui du lièvre. « Suiton : Daibakufu ! » hurla-t-il, alors que l’eau derrière se souleva en une masse compacte, créant un second raz-de-marée mais sur Yagura, en réponse au premier.  Yagura n’en resta bien sûr pas là, n’allant pas se laisser si facilement emporter.

- Suiton : Suijinheki, dit-il, avant qu’un mur d’eau ne s’érige devant lui, stoppant la grande cataracte très facilement.

Mais il vit alors Naruto derrière le mur d’eau exécuter une autre longue série de mudras.

- Raiton : Gian ! s’exclama-t-il, avant qu’un imposant rayon de foudre ne parte de ses mains. Ce dernier ne fit que doubler de taille et d’intensité lorsqu’il percuta le mur d’eau, le perçant très facilement, et continuant sa trajectoire vers Yagura.

Grimaçant, le Mizukage sauta sur la droite, évitant d’être foudroyé. L’explosion de foudre qui survint à l’impact du jutsu Raiton sur l’eau l’aveugla suffisamment de temps pour permettre à Mei de lancer à son tour un jutsu. « Yōton : Yōkai no jutsu ! » Ce ne fut cependant pas suffisant, Yagura s’enfonçant dans l’eau, évitant le jet de lave. Il ressortit dans le dos de Mei, prêt à la poignarder, mais elle bloqua la tentative d’un kunai. Yagura ne mit pas longtemps à le reconnaître, ce dernier étant composé de trois lames. Naruto apparut alors juste à côté, essayant de tuer le Mizukage à l’aide de son propre kunai. Il s’ensuivit d’un affrontement de taijutsu entre eux trois, Mei et Naruto prenant facilement le dessus. L’échange continua jusqu’à ce que Naruto canalise son chakra Fūton à travers sa lame, découpant la lame de Yagura comme du beurre, et lui entaillant légèrement la joue, manquant de le tuer de quelques millimètres.

Yagura s’éjecta en arrière, glissant sur une dizaine de mètre, avant de fixer ses deux adversaires avec ce qui sembla être de l’agacement. Ce fut alors que le manteau du Bijuu qu’il portait ne devint que plus épais, se mettant à bouillir. Trois queues de chakra poussèrent alors dans son dos, sa figure s’assombrissant et son regard ne devenant que plus agressif. Naruto et Mei grimacèrent, se rappelant que le Yondaime Mizukage était connu pour être un Jinchuuriki parfait… Il était le maître, et Sanbi l’esclave… Quand le Jinchuuriki du Sanbi s’élança à vitesse impressionnante sur eux, ils esquivèrent sa charge de peu comme il entra en collision avec la surface de l’eau, provoquant une immense vague à l’impact. Quand il se redressa, le chakra qui bouillait autour de lui devint instable. Naruto comprit dès qu’il le vit.

- Mei-chan !! Ne reste pas là !!

Soudain, des centaines de mains sortirent du manteau de chakra, ravageant alors toute la zone et provoquant d’immense explosion de chakra démoniaque.

- Vous commencez sérieusement à m’énerver !! Cette fois je vais vraiment vous tuer ! AAAAAAAAAAH !!! hurla Yagura d’une voix grave, prouvant qu’il faisait appel à Sanbi.

Naruto arriva aux côtés de Mei, à bonne distance de leur ennemi. Elle le regarda avec panique. « Naruto ! Il est sur le point de se transformer ! » s’écria-t-elle. Naruto se retourna vers Yagura, dont la peau devenant elle-même du chakra, les yeux devenant blanc lumineux. Prenant une apparence humanoïde, il se mit à grandir et grandir, dans un tourbillon furieux d’énergie démoniaque. Il culmina à plus de vingt mètre de haut, avant de se stabiliser et de prendre forme exacte…  Cet être dont les trois queux remuèrent et provoquant plusieurs fissions dans l’eau, rayonnant d’une puissance incommensurable, et le seul œil ouvert braqué sur eux.

- Hahahaha… Pauvres petits humains… Je vais effacer votre misérable existence de cette terre… prononça Yagura dans la voix profonde et maléfique de Sanbi no Kyōdaigame, alors qu’une énorme sphère de chakra se forma devant sa gueule, les queues levées pointées sur la sphère.

« Bijūdama… » murmura Mei, figée. Naruto se tourna vers elle, horrifié qu’elle ait même abandonné l’idée d’échapper à cette technique pointée droit sur eux. Lançant son kunai sur le côté, il saisit sa partenaire lorsque Yagura tira. La plus puissante explosion qu’il n’eut jamais vu annihila alors tout le paysage sur plusieurs kilomètres, sous le rire du Bijuu devant lui. Ainsi, c’était là la puissance d’un Jinchuuriki en pleine possession de ses moyens… Et dire que Jiraiya avait voulu lui faire acquérir une telle chose… Il comprenait maintenant. S’étant téléporté le plus loin possible en un seul saut, il secoua Mei, en tentant de la réveiller, de lui montrer qu’il y avait une chance de gagner.

- Ce maudit jutsu ne te sauvera pas… gronda Yagura en se déplaçant dans leur direction.

- MEI ! Réveilles-toi ! Tu n’as pas le droit d’abandonner ! hurla-t-il, alors que des larmes se mirent à couler des yeux de la belle Terumī. « Que deviendra la rébellion si tu meurs !? »

Elle tourna lentement la tête vers lui, désespérée. Comment avait-elle pu penser faire le poids contre un Bijuu ? Contre un Jinchuuriki… personne ne pouvait combattre ce genre de monstre… Mais pourtant, Naruto s’obstinait, malgré leur défaite assurée. Elle ne comprenait pas. « Pourquoi ? » questionna-t-elle, ne répondant pas à la question de Naruto.

- Pourquoi quoi ? rétorqua Naruto, voyant au loin approcher Sanbi, non Yagura.

- Pourquoi t’obstine-tu ? Que pouvons-nous faire contre lui ? Que pouvons-nous faire contre un Bijuu ?! On ne peut pas battre ces choses ! cria-t-elle, sous l’œil sceptique de Naruto.

- Tu racontes n’importe quoi ! rétorqua-t-il. « Un Bijuu n’est pas invincible ! Mon père a vaincu Kyuubi il y a seize ans ! Et il y a trois ans, j’ai vaincu Ichibi ! » tonna-t-il, sous l’expression ahurie de Mei. « Un Bijuu ne me fait pas peur… Un Jinchuuriki, encore moins, et tu sais pourquoi Mei-chan ? »

Elle le regarda en demandant la réponse du regard, alors que Naruto lui adressa un tendre sourire qui, malgré sa peur, lui réchauffa le cœur. Il s’accroupit devant elle.

- C’est simple, Mei-chan. Tu fais toi-même équipe avec l’homme qui détient Kyuubi. Tu fais équipe avec un Jinchuuriki.

Interloquée, elle le fixa, avalant cette révélation terrifiante. Il était lui-même le détenteur de l’entité la plus puissante n’ayant jamais existée. Elle comprenait maintenant. Elle comprenait tout. Yondaime Hokage n’avait jamais pu tuer le Kyuubi no Yōko… Il l’avait scellé dans son fils… et c’était la raison pour laquelle Konohagakure l’avait haï depuis qu’il était né… Et cacher son lien de parenté avec le Yondaime avait condamné Naruto à vivre une vie de haine… Mais le plus surprenant dans tout cela, c’était qu’à l’inverse de tous les Jinchuuriki ayant vécu dans la haine et la solitude, il était resté lui-même, valeureux et généreux, au lieu de devenir comme beaucoup d’autres, comme Yagura.

C’est alors qu’un chakra rougeoyant émana de Naruto, l’entourant, exactement comme Yagura auparavant. Toujours avec cette sensation malsaine, agressive. « Mei-chan… Je vais tuer Yagura et libérer ce pays de sa folie à tout jamais ! Crois-moi ! » dit-il avec conviction, avant de se mordre le pouce. Plaquant sa paume contre la surface de l’eau après avoir fait quelques mudras, un sceau s’y forma alors. « Kuchiyose no jutsu ! » Un immense nuage de fumée les recouvrit… Et quand Mei ouvrit les yeux, elle se retrouva à vingt mètres au-dessus de la surface de l’eau, sur la tête d’un immense crapaud.

- Il en a fallu du temps pour que tu m’appelles, gaki…

La créature qui venait de parler n’était autre que l’un des plus grands crapauds du contrat des crapauds… Gamabunta, l’invocation légendaire du quatrième Hokage, et le chef du clan crapaud.

- Désolé, Bunta ! Mais je préfère t’appeler lorsque c’est jour de fête ! Regarde qui j’ai invité ! s’écria Naruto en pointant du doigt le monstre devant lui.

- Je vois… Tu ne chômes pas on dirait, gaki… Après Shukaku, on passe directement à Kyōdaigame… répondit Gamabunta, avant de poser l’une de ses mains sur le poignet de son sabre. « Ça tombe bien… On avait justement besoin de quelque chose de solide pour construire un nouveau bouclier pour Gamaken… La carapace de la tortue fera l’affaire… »

Le niveau des eaux se mit alors à baisser, Gamabunta et Sanbi posant pied après quelques minutes sur l’une des grandes plaines de Mizu no Kuni… Laissant à toutes personnes à moins de cinq kilomètres l’occasion d’observer l’un des combats de titans qui allait remuer la terre du pays de l’eau.

- Mei-chan, accroche-toi !! hurla Naruto dès lors que Gamabunta sauta sur le côté, évitant un Bijūdama qui partit exploser le paysage derrière eux.

Le crapaud géant n’attendit pas, et se précipitant vers Sanbi, il dégaina son ninjatō dans l’intention de lui infliger des dégâts. Sur sa tête, Naruto prit un bras de Mei fermement pour l’empêcher de tomber comme il était presque impossible pour elle de résister à la pression du vide sur une invocation géante. Une infime partie de ninjas se battaient à l’aide de Kuchiyose no jutsu géant comme les contrats légendaires de Konohagakure ou même le contrat des salamandres de Sanshōuo no Hanzō de la pluie.  Voyant la menace venir, Yagura tenta de nouveau d’envoyer un Bijūdama sur Gamabunta, mais  encore une fois, le boss des crapauds l’évita, sautant cette fois par-dessus. En symbiose avec les pensées de son invocation, Naruto comprit que Gamabunta allait retomber sur le Bijuu, aussi il concentra sa nature de chakra Fūton tout autour de son sabre géant.

Yagura, dans cette forme, avait sacrifié sa capacité de mouvement et sa vitesse au profit de la puissance de destruction. Tout ce qu’il put faire à l’offensive audacieuse de Bunta fut de canaliser une quantité monstrueuse de chakra dans sa carapace et le casque de Sanbi. Quand l’invocation géante retomba sur lui dans un impact retentissant, elle tenta aussitôt de le transpercer de son sabre. Malheureusement, quand bien même Naruto pouvait être talentueux pour rendre les lames tranchantes soit avec son chakra Fūton soit avec le Raiton, tout le tranchant possible de la lame de Gamabunta ne put passer à travers la résistance de la carapace de leur adversaire. Le ninjatō qui trois ans avant était venu à bout des écailles du tout puissant Manda, ricocha lamentablement contre le blindage littéral de Sanbi. Se rendant compte qu’il était en danger, Gamabunta sauta en arrière, évitant alors un coup d’une des queues du Sanbi. Yagura se mit à rire à la futilité de l’attaque, arrogant dans sa puissance terrifiante de Bijuu.

- Comme je le pensais, les attaques physiques contre lui ne fonctionnent pas, boss ! s’écria alarmé Naruto, particulièrement agacé par l’inutilité de la force de frappe de Gamabunta. Si Shukaku était insensible aux attaques physiques car fait entièrement de sable, avec Kyōdaigame, les attaques physiques était littéralement impossible, ce dernier totalement blindé et impénétrable.

- Alors que faisons-nous gaki… ? Tu veux vraiment que je combatte pour toi sans plan ? prononça Bunta, tout aussi agacé que son invocateur.

Naruto se contenta de rire à la mauvaise humeur du patron des crapauds. Mais malgré tout, il adorait le convoquer, à l’inverse de Jiraiya qui préférait les autres comme Gamaken ou Gamahiro.  

- Pourquoi me poses-tu la question quand j’ai donné la réponse juste avant, patron ! s’exclama amusé l’Uzumaki, sous l’étonnement de Mei. Il semblait que dès lors qu’il avait invoqué son crapaud géant, il s’était mis à presque s’amuser contre Yagura. Elle n’avait aucun doute du fait que malgré le danger, le shinobi avait un goût particulier pour les combats destructeurs…

Ne répondant rien, Gamabunta évita encore une fois un tir de Bijūdama de Yagura, qui partit dévaster le paysage. Naruto et Mei pestèrent à l’attaque, espérant que des rebelles n’aient pas été pris dans l’explosion massive. Leur avantage ici malgré les Bijūdama restait le fait que Yagura était sur un terrain solide… Il ne faisait aucun doute qu’il aurait été beaucoup plus compliqué si l’homme s’était transformé sur une zone d’eau profonde… Durant quelques minutes, le crapaud géant fut occupé à éviter les tirs mortels du Bijuu, jusqu’à ce que se posant à plusieurs centaines de mètres de lui dans un dérapage qui causa un tremblement de terre, il s’arrêta pour réfléchir.

- Hey, boss. Comme je l’ai dit, les attaques au sabre sont inutiles. J’ai une meilleure idée pour en finir vite ! prononça Naruto, sous l’intérêt de Gamabunta et Mei. « C’est tout simple. Si le physique est inutile, allons-y au ninjutsu. »

- Je vois l’idée… répondit Bunta avant d’émettre un léger rire. « Un bon brasier pour égayer la zone… »

- Exactement, tout comme contre Manda ! rajouta le blond, avant de se tourner vers sa partenaire. « Mei-chan, tu es douée en Katon, il va nous en falloir un puissant que tu peux fournir sur un temps long ! »

- Compte sur moi, Naruto-kun, dit-elle avec un sourire. La confiance et l’absence de peur de son ami face à Yagura transformé lui avait fait perdre à son tour toute inquiétude.

Gamabunta n’attendit pas, et il fit un saut de plusieurs centaines de mètre, atterrissant à moins de cent mètres de la tortue géante. « Je donne l’huile, à vous de jouer ! » s’exclama Gamabunta en faisant le mudra du tigre. Un jet d’huile fut expédié de sa bouche en direction de Yagura, alors que Mei fit plusieurs mudras, terminant elle aussi sur celui du tigre. « Katon : Kanketsusen no jutsu ! » s’écria-t-elle, alors qu’elle exhala un souffle de feu à forme totalement instable qui rentra en contact avec le jet d’huile. La technique devait être d’une intensité proche à celle du Katon : Karyū  Endan souvent utilisée par le Sandaime. Simultanément, dans un grand sourire, Naruto effectua un jutsu de soutien de la technique, aussi l’un de ses jutsus les plus demandeur en chakra. « Fūton : Fūryūdan no jutsu ! » Le résultat de la fusion des trois techniques fut spectaculaire. Si le contact du souffle de feu de Mei et du jet d’huile de Gamabunta forma un torrent de feu de plus de dix mètres de haut, ce dernier tripla de volume avec l’arrivée du dragon de vent de Naruto. Le jutsu combiné carbonisa toute la zone dans un feu intense, engloutissant alors Sanbi dans l’enfer de flamme. Cette fois, ce fut un cri de souffrance qui retentit à travers le feu comme ils virent l’ombre du Bijuu se rouler dans la souffrance. 

- Hahaha… Le Kyōdaigame est bien pathétique dans cette position… Je vais finir par me vanter d’être un tueur de Bijuu, bientôt… dit Gamabunta, avant de lever les yeux vers le haut de son crâne, là où Naruto et Mei se tenaient. « Eh bien, gaki… J’ai fait mon travail… N’oublies pas d’invoquer mon fils de temps en temps, ça fait un certain temps qu’on n’a pas eu de nouvelle de toi chez nous… » maugréa-t-il ensuite.

- Bien sûr, boss. A la prochaine ! répondit Naruto avant que Bunta ne disparaisse dans un nuage de fumée, les laissant tomber lui et Mei au sol.

Le brasier géant commença alors, après quelques minutes, à s’estomper, et les cris de Sanbi avec. Mei tourna la tête vers Naruto, cette fois-ci inquiète.

- Ton crapaud est parti alors que Yagura n’est pas mort. On avait encore besoin de lui, lança-t-elle en fronçant les sourcils, avant que Naruto ne hoche la tête négativement.

- Bunta ne pouvait pas faire plus. La puissance de mes crapauds réside dans leur ninjutsu Suiton et leur puissance physique. Ces deux domaines sont malheureusement inutiles contre Sanbi. Après ce Katon, Bunta n’avait plus d’huile. Sa présence était alors inutile, et il l’avait bien compris. C’est à nous de faire le reste… Enfin, plutôt à moi, Mei-chan.

Mei haussa un sourcil, confus. « À toi ? Comment ça, que comptes-tu faire ? » Pour seule réponse immédiate, le blond s’avança de quelques pas avec un petit sourire. Un clone apparut alors à sa gauche. Devant eux, Yagura était encore immobilisé par la douleur des flammes maintenant éteintes. Trop faible et souffrant temporairement pour les attaquer. Tendant la main vers son clone, un Rasengan apparut alors, la paume vers le ciel. « Regarde, Mei-chan. Ce que je vais faire est mon plus puissant ninjutsu avec le Hiraishin. Avec ça, à pleine puissance, je vais tuer Yagura en un coup. »  Le clone mit alors ses mains par-dessus l’orbe de chakra, qui petit à petit, vira du bleu au blanc pur. Des petits lames de vent en forme de lame de shuriken naquirent sur le Rasengan, au nombre de quatre, tournant rapidement. Soudain, alors que les lames prirent en taille, le vent autour de Naruto s’éleva fortement, le jutsu prenant un son strident.

Lorsque le jutsu fut fini, le Kage Bunshin qui avait participé à sa construction disparut, et Naruto leva la main au-dessus de lui en brandissant l’étrange shuriken Fūma de vent. Mei regarda le spectacle avec fascination, mais remarqua que même si ce fut imperceptible au simple coup d’œil, dès que le jutsu fut terminé, les mouvements de Naruto furent beaucoup plus tremblants. Elle savait qu’il avait sacrifié son chakra restant pour ce ninjutsu semblant être une forme évoluée du Rasengan.

- Yagura, ton règne sanglant s’arrête ici ! Fūton : Rasenshuriken !

Se penchant en arrière, il prit appuis, avant de finalement lancer le Rasenshuriken comme si ce fut un disque, et ce, sous les yeux encore plus surpris de Mei. Elle avait senti la masse de chakra extrêmement condensée en un seul point, et ça lui sembla techniquement impossible de le lancer, et donc de ne plus avoir d’emprise dessus pour contenir la masse stable. La technique fila droit vers Yagura, franchissant la centaine de mètres qui les séparait en trois secondes. Lorsqu’il percuta Sanbi no Kyōdaigame, la masse de chakra contenue dans le jutsu perdit sa structure, et se libérant dans un intervalle de quelques millisecondes, il s’ensuivit une immense explosion qui engloutit le Bijuu presque en entier. Il n’y eut pas de cri, ou alors, il fut masqué par la détonation du Rasenshuriken… Un dôme de vent s’érigea pour une vingtaine de secondes, cachant la forme de Sanbi. Lorsqu’il disparut… Sanbi n’était plus présent.

Lentement, Naruto et Mei s’approchèrent du lieu de l’explosion pour essayer de savoir ce qui s’était passé. Lorsqu’ils y parvinrent, ils virent Yagura immobile, enseveli dans la terre, au fond d’un cratère d’une dizaine de mètres de profondeur et d’un diamètre trois fois plus grand. Son corps mutilé et ses yeux grands ouverts dans l’incompréhension démontrèrent le fait qu’après dix ans de malheur, le Mizukage Yondaime, l’auteur de la purge des clans ninja, l’auteur de milliers d’assassinats, de la décadence d’un pays entier, l’auteur d’une guerre civile sans pitié, était enfin mort. Bel et bien mort.

Des larmes silencieuses coulèrent des yeux de Mei. Des larmes de soulagement, des larmes de tristesse, mais surtout des larmes de joie. « Naruto ! » s’écria-t-elle lorsqu’il s’écroula à côté d’elle dans un gémissement de douleur. Elle s’agenouilla vite à ses côtés, posant sa tête sur ses genoux, alors qu’il haletait fortement, le visage crispé dans la douleur. Mais malgré toute cette souffrance que de sentir son corps brûler sous la surexploitation de son chakra, l’Uzumaki ne pouvait s’empêcher de rire de joie.

- Je l’ai fait, Mei-chan… On en a fini avec lui… On en a fini avec cette guerre…

Il regarda au-dessus de son visage, celui de Mei souriant et couvert de larmes qui lui tombaient dessus. « Merci, Naruto-kun… Merci, merci ! » s’écria-t-elle, avant de le serrer fortement et de l’embrasser sans s’arrêter. Fermant les yeux dans un sourire paisible, il se laissa dériver dans l’inconscience, assuré d’être dans de très bonnes mains… « Au moins, tout ça aura bien valu la peine … » pensa-t-il avec amusement, avant de sombrer dans l’inconscience, sentant Mei le couvrir littéralement de baiser… Qu’est-ce qu’il adorait ça !

***

                Kirigakure avait enfin perdu. Naruto ayant tué le Mizukage Yondaime, le mot se passa en moins de quelques jours, tout d’abord dans les rangs de la rébellion. Puis au fur et mesure que la bataille avançait, que le front s’amenuisait, le mot passa dans les rangs ayant soutenu le Mizukage. Puis enfin, le mot se répandit dans tout le pays. « Senkō a tué Yagura et son armée à lui seul ». Senkō, c’était ainsi que Mizu no Kuni avait renommé Naruto suite au premier jour de la bataille contre Kirigakure.

Tous avaient su qu’il avait décimé l’armée de Yagura et ce dernier avec son Hiraishin. Il avait été depuis lors vu comme un dieu de la libération dans tout le pays, et comme le Shinigami pour les loyalistes de la brume sanglante.  Contrairement à ce qu’il avait pu penser, une grande partie des ninjas étant restés à Kiri durant l’attaque avaient été ceux qui étaient le moins fidèle à Yagura. Finalement, pas tous n’étaient partis rejoindre la rébellion, par peur sans doute.

En moins de dix jours, la bataille de la zone forestière de l’est de Mizu fut terminée, l’armée rebelle en ressortant vainqueur. Le moral de leurs adversaires fut au plus bas dès lors qu’ils apprirent la mort de Yagura, leur résistance en fut tout aussi fébrile. Ils furent alors massacrés jusqu’au dernier, ne laissant comme survivants et prisonniers que ceux qui avaient été capturés suite à l’affrontement le premier jour. Lorsque la résistance se remobilisa et recompta les pertes, elle n’en compta presque aucune… Ils n’oublièrent bien sûr pas de louer la puissance de Naruto. A la fin de la bataille, Naruto sortit alors d’une semaine de coma dans laquelle il était tombé par son manque de chakra. Si ça n’avait pas été pour Kyuubi en lui, il serait mort.

Avec « Senkō » à leur côté, et sans armée devant eux assez forte pour les arrêter, la rébellion entama une marche droite vers Kiri, à pas rapide. Une seule bataille. Il n’y eu qu’une seule bataille lorsque les derniers loyalistes de Yagura se dressèrent devant l’envahisseur. Trois cent ninjas fidèles… Ils furent tous tués en un instant par le Hiraishin de Naruto. Et ce fut à la fois en conquérants et en libérateurs que les membres du mouvement résistant de Mei Terumī franchirent la porte de Kirigakure. Il n’y eu plus aucune résistance de la part du village. Les leaders de la brume sanglante ayant choisi la reddition inconditionnelle de Kiri. Cela ne les empêcha pas, ainsi qu’un certain nombre d’autre personne, d’être sujets à des enquêtes appuyées, puis menés sur le peloton d’exécution pour trahison et crime contre Mizu no Kuni. Et tout juste un mois après la mort de Yagura, les centaines de familles des résistants de Kirigakure purent enfin rentrer chez eux. La brume cachée étant enfin totalement sous le contrôle de Mei Terumī et de Senkō, qui fut à titre d’honneur, nommé second leader de la rébellion pour hauts faits de guerre…

***

Deux semaines plus tard.

                Le ciel n’avait jamais été plus bleu… Plus rayonnant… Plus clair et limpide qu’il ne l’avait été en vingt ans. Mei n’arrivait pas à comprendre une telle chose. Etait-ce parce que la guerre était terminée ? Etait-ce parce que le mal était purgé ? Etait-ce par qu’elle était heureuse, entrevoyant un avenir calme et radieux pour le pays de l’eau ? Elle n’en savait rien. Elle voulait croire ça, que c’était pour la terre une façon d’exprimer sa joie de ne plus être souillée par du sang. Que c’était l’œuvre de quelqu’un plus haut pour les féliciter d’avoir apaisé la folie de Kiri. De même que les larmes de joie qui n’arrivaient généralement pas à s’arrêter lorsqu’elle observait ce village qu’elle n’avait plus vu depuis huit ans, et qui lui avait tant manqué. Ce village qui lui rappelait la paix avant la guerre, qui lui rappelait ses amis, sa famille, son clan, maintenant éteints et disparus à jamais. Ce temps qui lui faisait imaginer leur sourire plein de joie et de fierté en voyant qu’elle avait enfin réussi à libérer leur rêve. Eux tous qui avaient été dévoués à la brume. Mais surtout, cette sensation de savoir que malgré toutes les pertes qui avaient petit à petit détruit son cœur, elle avait tout de même réussi à se faire de nouveau compagnons, de nouveau amis, une nouvelle famille. Chōjūrō, Ao, la rébellion et leurs familles… mais surtout, Naruto. Ce jeune arriviste qui sans mal, avait fini la guerre comme jamais personne n’aurait pu le faire.

Elle sentit alors deux bras se poser sur ses épaules, les serrer doucement, la ramenant à la réalité tout aussi paisiblement que ne le fut le touché. « Mei-chan. » entendit-elle derrière elle. Son cœur battit alors qu’elle se détourna de la vue du balcon sur lequel elle se trouvait. Elle se retourna vers la source de cette jolie voix plutôt grave, avant que son regard ne se perde dans l’infinité azure des yeux du jeune homme qui avait volé son cœur après ces mois d’amitié. Naruto lui faisait un grand sourire, avant de sécher les petites larmes qui coulaient des yeux de Mei. Pour seule réponse, elle se blottit contre lui, les yeux fermés, se mettant à rêver de belles choses. Plus d’angoisse, plus de peur, plus de tension. Juste du repos, juste de la douceur et de la quiétude. « Naruto-kun. Je n’arriverais jamais assez à te remercier. » prononça-t-elle rêveuse sans se détacher de lui. Le jeune Uzumaki répondit à son étreinte.

- Vous n’avez pas besoin de me remercier, Godaime-sama, dit-il avec amusement. « Je n’ai fait que remplir les objectifs de ma mission. »

Mei émit un gloussement tout aussi amusé à cette appellation. En effet, quelques jours après son arrivée à Kirigakure no satō, une fois que tous les criminels de Kiri eurent été jugés et exécutés, le village, à l’unanimité, l’avait proposée au poste de Mizukage Godaime. Le fait que « Senkō » appuyait cette revendication ne fit que lui rajouter plus de crédibilité. Aux yeux de tous, en tant que puissante et dévouée kunoichi, en tant que femme et en tant que personne d’honneur, de loyauté et de justice, Mei fut la plus indiquée au titre. Tout d’abord hésitante, ce fut alors avec gratitude et détermination qu’elle accepta de porter le chapeau du Mizukage, et de relancer Kiri sur une voie plus droite, plus sûre.

- Bien sûr que si, Senkō-sama… susurra-t-elle. « Vous méritez louanges et récompenses… Vous êtes le héros de Kiri après tout… Mon héros… »

- Heee… Mei-chan… ? Je pense qu’il serait préférable de rentrer… Les rumeurs que nous sommes ensemble courent déjà par dizaines et dizaines, alors s’ils nous voient comme ça, je pense…

Il ne termina pas sa phrase, comme elle lui arracha un langoureux et passionné baiser. Rougissant légèrement, il ne put qu’y répondre… Mais pouvait-il réellement se plaindre ? Comment le pouvait-on lorsqu’on était embrassé amoureusement par Mei Terumī, une déesse réincarnée dans un corps de femme… Hébété, il se laissa attirer par Mei à l’intérieur de son appartement, alors que tout en l’embrassant, Mei repoussa la porte du balcon. Elle finit alors appuyée entre le mur et le garçon dont elle était devenue folle. Le baiser terminé, ils se regardèrent silencieusement droit dans les yeux, le front l’un contre l’autre.

- Naruto-kun, je crois bien que j’ai trouvé mon homme, avoua-t-elle doucement.

Elle était au courant de l’existence d’Emiko Atsu. Elle était au courant des grandes lignes de la vie de Naruto, lui étant au courant des siennes. Après la bataille contre Yagura, ils avaient beaucoup parlé. Plus encore lorsqu’ils avaient libéré Kiri. Ils avaient parlé de leurs peines, de ce qu’ils aimaient, de ce qu’ils détestaient, de plusieurs de leurs rêves, aussi futiles pouvaient-ils être. Et à cet instant, comme à chaque autre en sa présence, Mei ne pouvait pas être plus certaine qu’elle ne pouvait déjà l’être quant à être amoureuse d’Uzumaki Naruto de Konoha. Elle se fichait éperdument de toute autre chose. Devoir le partager, devoir vivre difficilement car ils étaient d’un village différent. Le fait qu’il était un ninja de Konoha et elle la Mizukage ne l’intéressait pas. Le fait qu’il aimait aussi une autre femme ne l’inquiétait pas. Il avait un cœur trop gros pour ne pas pouvoir aimer plus d’une femme. Tout ce qu’elle voulait, c’était qu’il soit à elle, qu’elle puisse le revoir.

- Mei-chan ? dit-il bêtement, alors que son cœur se mit à battre à l’aveu.

- Je t’aime.

Naruto se figea, bouche bée, à l’entente de ce mot. Ce mot qu’il n’avait jamais entendu, mais qui représentait beaucoup, qui représentait tout. Quelque chose qu’il avait toujours voulu entendre… Que ce fut d’une mère, d’un proche, d’un frère ou d’une sœur… Mais qu’il ne l’entende d’une femme, ce fut la dernière barrière d’un vestige de sa vie à Konoha qui se brisa à cet instant. Ses yeux s’humidifièrent, mais il s’empressa de les sécher de l’index, ne voulant pas que les larmes ne coulent. Mei l’observa, attendrie à cette réaction. Pour une personne normale, cela pouvait signifier beaucoup… Mais pour un Jinchuuriki comme Naruto, l’amour était une valeur sacrée ou tabou.  Elle l’embrassa à nouveau, pour le rassurer et l’apaiser d’avoir laissé aller le dernier morceau de son ancien masque. Elle fut surprise lorsqu’il y répondit avec encore plus d’entrain, la caressant avec plus d’amour, les gestes plus amples et possessifs. « Prends-moi. » murmura-t-elle à son oreille, brisant les chaines qui les retenaient de franchir alors le stade des baisers.

=> Lemon.

Cette fois, la passion explosant, ce fut le désir et l’excitation qui émana de leur geste. Naruto amena rapidement Mei sur le lit de la pièce, se couchant de tout son long sur elle, alors qu’elle se mit à gémir lorsqu’il commença à lécher et mordiller son cou avec convoitise. Elle lui caressa la tête, passant ses mains dans son épaisse tignasse blonde et l’incitant à continuer, elle serra fortement sa taille avec ses jambes. Pendant quelques minutes, ils partagèrent ce furieux baiser, ne faisant rien d’autre qu’essayer d’avoir le plus de toucher l’un l’autre. Mais ces caresses évoluèrent, devenant plus fougueuses, vives, et rompant le baiser, Naruto vint s’emparer du cou de Mei, l’embrassant et léchant, la jeune femme ne se contentant que de savourer le fait que sa peau soit à son goût… Mais ce n’était pas assez pour eux. Ils en voulaient plus, mille fois plus. Se ressentir beaucoup plus fortement que par ce simple échange. Se redressant, agenouillé l’un devant l’autre sur le lit, la belle Terumī laissa son amant la dévêtir. D’abord la ceinture, qu’il balança négligemment sur le côté, il revint se délecter du cou de Mei, tout en abaissant sa robe.

Le col étant extrêmement grand, il ne fallut pas beaucoup d’effort pour l’abaisser jusqu’à la taille. Naruto y était allé si brusquement qu’il avait emporté la maille faisant office de soutien-gorge de Mei, et il resta alors totalement hébété à la vue toute offerte de la grande poitrine de Mei Terumī. Mei se mit à rire à la tête légèrement pantoise qu’il eut… Il fallait dire, ses seins n’étaient pas aussi grands que ceux de Tsunade Senju, mais elle avait une certaine taille tout de même. Elle referma prestement la bouche bée de Naruto, alors que rougissant, il lui fit un grand sourire. « Wow… » dit-il, avant que sa partenaire ne parte dans un grand rire à cette intervention. Elle ne rit pas longtemps lorsqu’il coupa son rire d’un baiser auquel elle répondit aussitôt, avant de gémir fortement quand elle sentit les mains du blond se poser sur ses seins. Elle s’occupa ensuit à son tour de lui retirer son haut, et elle put observer avec la faim dans les yeux le torse musclé et cette peau légèrement bronzée. Le pull épais bleu marine qu’il portait à longueur de temps cachait un corps d’homme au plus haut de sa forme. C’était pour elle impossible de penser qu’il avait quinze ans. Au départ, elle lui en avait donné au moins vingt, avant qu’il ne lui dise son véritable âge… Elle le serra tout contre elle jalousement, prenant un plaisir particulier à presser sa poitrine contre son torse.

Ce ne fut que quelques secondes après que, chahutant légèrement, ils se dévêtirent entièrement en essayant de s’embrasser sans cesse. Couché sur elle, ils arrêtèrent leur petit jeu, se fixant avec amour. « Je t’aime Mei-chan. » dit-il avec l’émotion pesant dans sa voix. Mei ne se contenta que de resserrer son étreinte autour de lui. « Naru-kun, ne me fais pas attendre… » minauda-t-elle en jouant avec ses cheveux, avant que Naruto ne s’exécute. Elle poussa un gémissement à la douleur qui la transperça quand Naruto l’eut finalement pénétré. « Mei-chan ? C’était… ? Tu étais vierge ? » s’exclama-t-il, partagé entre l’étonnement et cette excitation extrême qui ne fit qu’augmenter en étant tout en elle… Crispée, elle acquiesça. Elle ne savait pas comment se sentir en avouant une telle chose… Vierge à vingt-sept ans… Elle aurait été considérée vieille fille avec ça, dans le monde où ils vivaient. Enfin, avec Naruto, ce problème venait de se résoudre

- Tu aurais dû me le dire… prononça-t-il en contemplant son expression, qui se décrispa après quelques minutes. Ça n’avait pas été la première fois d’Emiko, lorsqu’ils l’avaient fait, et n’ayant pas d’hymen, elle n’avait pas ressenti la douleur que venait de ressentir Mei.

- C’est… C’est bon, tu peux y aller, Naru-kun… Mais ne va pas trop vite… susurra-t-elle en ne pouvant pas réprimer un rougissement à cette phrase. Après tout, il fallait bien qu’elle s’habitue à la sensation de l’avoir en elle…

Calme et attentif, Naruto accepta sans problème. « Hm… » Ce fut un petit couinement qu’émit Mei lorsqu’il fit sa première venue en elle… C’était si bizarre, chaud et étrange. Ce n’était pas désagréable, mais elle ne pouvait pas non plus dire qu’elle aimait… Elle avait encore un certain mal à se situer avec cette sensation, qui malgré l’inconnu, l’avait machinalement fait couiner. Elle se demandait même pourquoi avait-elle fait ça. Mais au fur et à mesure qu’il se mut en elle, la sensation étrange s’amplifia rapidement pour se changer en cette chaleur indescriptible qui éprit son bas-ventre. Du plaisir… Ce fut ce qu’elle commença à ressentir. Du plaisir au va et vient de Naruto en elle. Très léger, mais là quand même. Le fait que le garçon ne suce et mordille légèrement ses mamelons ne fit que la convaincre qu’elle aimait cette sensation.

Naruto quant à lui, mis de côté pour l’instant sa passion, optant pour une « étude » des réactions de Mei. Il ne voulait pas la brusquer. Il avait lu dans plusieurs ouvrage – Et non pas les livres de son imbécile de maître – que les femmes pouvaient, pour certaines, ressentir une douleur plus ou moins forte lors de la perte de la virginité, lorsque l’hymen – s’il y en avait – était percé. Mais en quelques instants, l’expression peu certaine de Mei changea progressivement, se détendant et effaçant toute appréhension pour ce qu’il considéra comme de l’envie. La jeune femme ne se priva pas de le manifester, intimant par une étreinte un peu plus forte à Naruto de prendre en rythme… alors Naruto accéléra. « Haan… Naru-kun… » susurra-t-elle quand ces prémices de l’acte se changèrent en l’acte lui-même. Naruto l’embrassa tout en accélérant davantage. Son amante gémit dans sa bouche, alors qu’elle se sentit si… entière. Conclusion ironique.

Les va-et-vient tout d’abord timides prirent en vitesse, jusqu’à en devenir effrénés. Mei ne sut plus où donner de la tête, alors qu’elle sentit ce plaisir contorsionner son bas-ventre, et qu’elle ne put s’empêcher de se mouiller comme jamais en sentant le long sexe de son amant coulisser en elle. Ce plaisir embarrassant se changea bien vite en un puissant orgasme qui ne la compressa que plus. « Han oui Naru-kuuun ! » gémit-elle avant de remuer nerveusement, comme cette sensation intense l’éprit presque à lui en faire mal… Cette sensation nouvelle qui la détacha momentanément de la réalité, la laissant flotter sur son petit nuage. Mais elle revint bien vite à elle, Naruto ne s’arrêtant pas pour autant. Il semblait bien que les Jinchuuriki étaient munis d’une endurance complète… Non seulement pour les arts ninjas, mais aussi pour beaucoup d’autres domaines…

Et à ce rythme rapide, Naruto lui fit l’amour tout en la couvrant de caresses et de baisers passionnés. Cela, jusqu’à ce que lui aussi n’atteigne sa limite, après une vingtaine de minutes. Trempée de sueur à cause de l’excitation et haletant irrégulièrement, Mei remarqua malgré tout cet air tendu. Elle comprit rapidement qu’à son tour, lui aussi allait atteindre l’orgasme, et elle n’en resserra que plus l’étreinte autour de sa taille. « Mei-chan… » haleta-t-il en la regardant dans les yeux. Il n’y avait aucune gêne, juste de la passion. « Ne te retiens pas… » se contenta-t-elle de répondre, faisant comprendre par-là au blond qu’il allait terminer ce qu’il avait commencé. Posant alors la tête sur l’épaule de son amante, de sorte à ce qu’elle puisse jouer avec ses cheveux, il se concentra seulement sur tenter de ne la faire que plus jouir. « Mei-chan, je vais craquer… » prévint-il, comme pour essayer de lui faire rendre compte de risque éventuel de fécondation. « Tu peux… » dit-elle entre deux gémissements. Honnêtement, elle se fichait de tels « risques ». Le plaisir prenant de plus intenses proportions, Naruto accéléra une ultime fois, avant de finalement laisser libre court à l’orgasme, se laisser aller au sein de sa Mei-chan dans un léger gémissement rauque.

Tout fut fini en quelques secondes, alors que Naruto arrêtant ses coups de bassin, Mei ressentit son sexe de tout son long en elle, et la vague sensation de sa semence couler à l’intérieur… Ils se regardèrent, encore hébétés par l’extase. Bien sûr, Naruto pouvait encore continuer, mais en tant que vierge et humaine tout à fait normale, Mei ne disposait aucunement de son endurance. Dans un futur proche, peut-être allaient-ils pouvoir aller plus loin dans ce genre d’activité…

- Incroyable, proféra-t-elle difficilement tout en caressant le dos de Naruto, encore dans un état post-orgasmique extatique.

Naruto ne fit qu’un sourire tout en embrassant affectueusement son cou.

- Hmm… Senkō-sama, c’est trop d’honneur, gémit-elle.

- Tout l’honneur est pour moi, Mizukage-sama, murmura-t-il à son oreille, avant qu’ils ne se perdent tous deux dans un langoureux baiser… Suivi d’une série de caresse durant laquelle Mei recommença à gémir…

Peut-être avait-elle finalement plus d’endurance qu’il ne l’avait pensé au départ. La matinée n’était pas encore terminée après tout…

***

Une semaine plus tard.

                Un ANBU de Kirigakure arriva sur le terrain d’entraînement où était censé se trouver Naruto. S’avançant, il l’aperçut bien vite au milieu d’une grande plaine saccagée, aux multiples cratères et kunais Hiraishin plantés un peu partout. Il semblait épuisé, à malaxer son chakra tout en étant assis en tailleur. De temps en temps, quelques ninjas de Kiri venaient observer son entraînement, et tous se rendaient compte que dans Kiri, seul Senkō pouvait se vanter d’utiliser le clonage à une telle perfection. Que ce soit pour cloner ses kunai ou se cloner lui-même. Le Kage Bunshin restait la plus efficace des techniques de clonage, mais comme c’était un ninjutsu caché de Konoha, aucun d’eux ne connaissait ni ses avantages ni ses faiblesses.  Finalement, l’ANBU vint devant Naruto dans un Shunshin no jutsu, avant de poser un genou à terre en guise de respect.

- Namikaze-sama, vous êtes convié dans le bureau de Mei-sama, prononça-t-il, avant de disparaître.

Le nom de Naruto était en effet connu de tous désormais, ainsi que sa faculté à exécuter la légendaire technique du Dieu du tonnerre volant… Aujourd’hui, Naruto pensait être assez fort pour que le mot se sache. Il se fichait donc bien que le monde apprenne son identité. Que ceux en quête de vengeance viennent. Il les renverrait dans des sacs plastiques à leurs villages respectifs. Il méprisait les gens cherchant la vengeance. Lui-même aurait pu réclamer vengeance, ainsi que nombre de personne ayant perdu un proche ou quelque chose de précieux. Pourtant il ne le faisait pas. Alors le fait même que d’autres le faisaient, prévalant leur cas sur tous les autres était d’une stupidité et d’un égoïsme sans limite à ses yeux. Il savait malgré tout qu’il aurait beaucoup de difficulté dans les jours à venir, mais que pouvait-il y faire de toute façon ? Son identité avait été révélée au monde sans qu’il n’accepte quoi que ce soit. L’information sortie, elle devenait toujours incontrôlable.

Soupirant, il se leva alors. Il fit quelques étirements à son corps légèrement courbaturé suite à l’entraînement intensif, avant de se déplacer d’un Hiraishin dans sa chambre, juste en face des quartiers de Mei dans le palais du Mizukage… Là encore, tout le monde dans le village soupçonnait leur liaison amoureuse… Quand ils disparaissaient tous les deux plusieurs fois dans la journée pour ne réapparaître que minimum une heure après, cela forçait aux rumeurs. La relation qu’il avait avec Mei faisait fantasmer d’ailleurs la plupart des gens, comme il voyait la chose la plus romantique qu’ils n’avaient jamais vu… « La princesse et son héros… » La Godaime Mizukage et Senkō. Il avait plusieurs fois ri en entendant les gens parler d’eux de la sorte… mais le pire, c’était qu’ils ne pouvaient pas avoir plus raison que par ces spéculations.

Il alla prendre une douche rapide et se laver de toute la crasse des dernières heures, avant de se changer. Il fut fin prêt en quelques minutes. Le bureau de Mei se trouvant à l’étage du dessous, il ne fit que descendre par l’escalier commun pour entrer dans les couloirs du personnel. Il salua quelques personnes sur son chemin, avant d’arriver à la porte du bureau. Frappant à la porte, il attendit quelques secondes avant d’entrer. Il adressa un grand sourire à Mei en la voyant assise derrière le bureau avec cette pile de document. Il était évident à cette vue que Mei était devenue une véritable Kage… La paperasse était assez explicite. Cependant, lorsqu’il eut refermé la porte et avancé vers le bureau, il se tourna aussitôt sur la droite en apercevant Jiraiya le dos appuyé contre le mur de la pièce et les bras croisés. Ce dernier le regardait avec amusement et ce regard habituellement fier.

- Sensei ? questionna Naruto étonné. Maintenant que ça lui revenait, le séjour à Kiri lui avait fait totalement oublier qu’il était un ninja de Konoha en mission de combat à long terme.

- Hey gaki ! Ça fait longtemps ! Je suis content de te voir ! s’exclama le Sennin en saluant Naruto de la main. 

- Moi aussi sensei. J’avais complètement oublié que tu étais censé venir une fois que le moment était venu… répondit Naruto avec un sourire gêné. « Comme tu le vois… Je n’ai pas seulement aidé la rébellion. J’ai libéré le pays… J’imagine que ça a dépassé les attentes de Tsunade-baa-chan… »

Jiraiya le regarda, avant d’éclater de rire.

- HAHAHAHA ! Et un peu que ça a dépassé les attentes de Konoha gaki !! s’écria-t-il en venant devant lui avec un grand sourire. « Attention, tout le monde sait maintenant que Namikaze Naruto vient de réapparaître dans le monde ! C’est l’un des sujets polémiques les plus grands et bouleversants de la péninsule figures-toi ! Tous ne parlent que de toi et de ce que tu as fait. Regarde ça ! »

Jiraiya lui tendit alors un livre, sous le regard amusé de Mei. Naruto haussa un sourcil avant de prendre le livre, se demandant que contenait-il. Il l’ouvrit vite pour avoir sa réponse. « Un Bingo Book ? Pourquoi tu me donnes un Bingo Book, sensei ? » Jiraiya lui répondit aussitôt.

- Vas à la page cinquante-neuf, gaki. Et tu comprendras.

Naruto s’exécuta. Ce qu’il commença à lire l’enfonça rapidement dans une expression ahurie… C’était un profil de ninja, comme tous les ninjas puissants qui étaient susceptibles d’être sujets à des primes sur le marché noir et de l’assassinat, cibles pour les ninjas chasseurs de différents villages… Mais surtout, un livret de renseignement. Mais le plus stupéfiant fut que ce profil de ninja n’était autre que… Le sien ! Des renseignements sur son passé, sur ses techniques, et sur sa filiation… Et une grande photo de lui à cet âge en plus de ça, s’il n’était pas déjà suffisamment reconnaissable…

Nidaime Kiiroi Senkō.

Rang S

Nom : Namikaze.

Prénom : Naruto.

Âge : Quinze ans.

Village : Konohagakure no satō.

Naruto Namikaze est le fils de Minato Namikaze, Hokage Yondaime. Egalement connu sous le nom de Naruto Uzumaki, son identité a été révélée suite à son arrivée en Kirigakure. Il a exterminé l’armée de Kirigakure et a tué le Mizukage Yondaime, Yagura, Jinchuuriki de Sanbi et auteur de la guerre civile de Mizu no Kuni.  Il est auteur de libération de plusieurs pays il y a quelques années. Il a reproduit le Hiraishin no jutsu de Minato Namikaze et est titulaire de nombreux ninjutsu Raiton, Fūton et Suiton. Il peut aussi invoquer Gamabunta, le leader du contrat d’invocation des crapauds. Ninja extrêmement qualifié.

À aborder avec prudence.

- Nidaime Kiiroi Senkō ? questionna Naruto, plutôt séduit par le titre.

Il n’avait jamais pensé à un titre… Mais le fait de reprendre celui de son père lui plaisait assez bien. L’éclair jaune. « C’est la classe. » dit-il simplement avec un petit sourire, juste avant de froncer les sourcils. « Mais je ne comprends pas. Mei-chan, comment de telles informations ont pu sortir jusqu’à aller dans un Bingo Book publique ? Je pensais que personne n’était présent lors de notre combat contre Yagura ? Sensei ? » Mei et Jiraiya hochèrent négativement la tête, montrant par-là qu’eux non plus ne savaient pas qui avait pu obtenir de telle informations comme elles étaient connues que des témoins de Kirigakure.

- Je ne sais pas, Naru-kun, répondit alors Mei. « Tous les partisans de Yagura ne sont pas morts… Il est possible que certains d’entre eux aient assisté à nos combats durant la guerre et aient dévoilé des informations sur toi. Au moins, tu peux être sûr qu’ils n’ont pas vu le combat avec Yagura, sinon le livre serait beaucoup plus complet quant à tes jutsus… »

Naruto hocha la tête. Même s’il était perplexe quant au fait qu’on avait pu les espionner, les mots de Mei se tenaient. Ils furent un instant silencieux, mais finalement Jiraiya reprit la parole.

- Dans tous les cas, n’espère pas être confronté à des assassins gaki. En sachant que tu es devenu un ninja de rang S, il ne faut pas oublier que je suis là. Nous approcher tous les deux pour nous attaquer reviendrait à un suicide. De plus, tu es devenu un atout diplomatique immense maintenant que le monde connait ton identité. Fou serait le village qui tenterait de t’attaquer en sachant que tu as le soutien de Suna, Kiri et Konoha, et plusieurs autres pays.

Jiraiya reprit alors le Bingo book des mains de Naruto, le mettant alors dans une des poches de sa veste, avant de sortir un petit rouleau d’une autre poche avec un grand sourire. « Gaki ! Au fait, dès que j’ai appris les nouvelles de ta mission, j’ai eu une idée. J’ai quelque chose pour toi qui peut te plaire. » Par la suite, sous le regard curieux de Naruto, il déroula le parchemin, dévoilant un petit Fuuinjutsu que Naruto reconnut comme étant un Fuuin de stockage. Puis alors, sous sa surprise grandissante, Jiraiya activa le sceau, en ressortant une pièce de tissu orange. Il s’empressa de la déplier et de l’étendre, supprimant les petites marques de pli. Et sous le regard admiratif de Naruto, il lui présenta une longue cape haori orange, à motif de flammes noires, taillée pareil que la cape de son père. Que de surprise !

Jiraiya lui tendit, et il l’enfila alors, avec un grand sourire.

- Et elle est orange en plus ! s’exclama-t-il, avant de se tourner vers Mei. « Regarde-ça Mei-chan ! Qu’est-ce que tu en pense ? »

Mei s’approcha de lui dans un mouvement sensuel. « Je suis sous le charme, Naru-kun… Vous êtes splendide, Senkō-sama… » susurra-t-elle, avant de lui offrir quelques petits baisers qu’accepta Naruto. Déjà qu’il était craquant à souhait, mais avec cette jolie cape, il était juste… un aimant humain. Leur petit jeu fut malheureusement arrêté bien vite lorsqu’ils entendirent le griffonnement furieux d’un crayon sur du papier. « La princesse, Mei-chan… Le héros, Naru-kun… La récompense… héhéhéhéhé ! J’ai mon best-seller… ! » Ils se tournèrent pour voir que Jiraiya avait sorti un petit calepin sur lequel il écrivait avec une fougue immodérée. Naruto gémit à la honte qui le prit soudainement. Ça y était. Il ne le supportait déjà plus…

- Je suis désolé Mei-chan. Quand je parlais d’Ero-sensei, c’était bien lui… Comme tu le vois, on vient de devenir ses nouveaux spécimens d’étude… C’est un pervers stupide.

- Je vois ! s’exclama-t-elle avec un sourire lumineux qui ne présagea rien de bon aux yeux de Naruto. Quand il vit qu’elle se mit à faire des mudras, il regarda son pitoyable sensei signer littéralement son arrêt de mort sur son carnet. « Et bien… J’ai une solution radicale Naru-kun. Je vais le castrer ! » dit-elle joyeusement.

Jiraiya arrêta aussitôt d’écrire. « QUOI !? SERIEUX !? » hurla-t-il horrifié.

- Futton : Komu no jutsu !

- Mais putain, pas encore !!!

***

                Jiraiya et Naruto marchaient dans les rues de Kiri. Enfin, Naruto oui. Jiraiya trainait surtout des pieds comme une loque humaine, sous les yeux suspicieux des passants et énervés de Naruto, au vu de ce qui était arrivé une heure auparavant.

- Aie… Ça brûle… Mais bon sang, gaki, quelle femme es-tu allé débusquer. Plus elles sont sexy, plus elles sont dangereuses… Elle a failli me fondre mes deux précieuses… Elle est monstrueuse, pleura-t-il, encore choqué par ce qui avait failli lui arriver. « Ta mère n’était pas aussi violente ! » rajouta-t-il.

- QUOOOI ?! COMMENT CA ?! Qu’as-tu fais à ma mère !? hurla Naruto en émanant subitement une aura très sombre.

- Heu… Heuu… et bien, à vrai dire… Attends Naruto ! Pitié ! supplia Jiraiya.

Il eut juste le temps de quitter la rue en courant, pour tenter d’éviter un Namikaze furieux qui avait sans l’ombre d’un doute envie de le découper en morceaux. 

« Mais pourquoi je suis venu dans ce pays !? POURQUOI !? » gémit Jiraiya intérieurement, alors qu’il pleurait comme une fillette.

***

                C’était la fin de cet arc. Après tout ce temps, après toutes ces difficultés, toutes ces péripéties. Le danger, l’angoisse, la mort. Ces épreuves enfin terminées, le rideau retombait alors sur la scène, marquant la fin de ce spectacle enchanteur. La guerre étant terminée, et la paix étant revenue, la présence de Naruto à Kirigakure n’était plus nécessaire. Lors de l’arrivée de Jiraiya à Kiri, avec l’accueil de ses habitants, tous surent que le garant de la nouvelle paix installée sur Mizu no Kuni et leur village se devait de s’en aller, le devoir l’appelant ailleurs. Et dans cette optique, beaucoup de personnes, des centaines, se réunirent à l’entrée du village le lendemain de l’arrivé de Jiraiya, sachant qu’il partirait aujourd’hui avec son élève. Civils de Kiri comme familles des anciens résistants, ninjas de Kiri sous le règne de Yagura comme combattants rebelles, observèrent en face d’eux les deux Konoha-nin qui les saluèrent amicalement.

Au-devant de la foule se trouvait le conseil nouvellement recréé de Kirigakure, avec Mei Terumī à sa tête, Naruto et Jiraiya leur faisant face de quelques mètres. Si c’était un moment de joie pour la foule que de remercier leur héros, pour Mei, ce fut une toute autre histoire. La peine sur son visage prouva qu’elle ne consentit pas à l’enthousiasme commun. Les personnes autour d’elle, en particulier Naruto et son maître, le remarquèrent très facilement. Mais décidée à jouer son rôle de cinquième Mizukage de Kirigakure, Mei s’avança d’un ton solennel, avant de parler.

- Uzumaki Naruto. Sachez que Kiri et sa population vous sera éternellement reconnaissante pour y avoir apporté la paix, et nous marcherons à vos côtés autant que nous le pourrons. Jiraiya-sama, Kiri apportera son soutien inconditionnel à Konoha comme le décrète le traité d’alliance que nous avons proposé au conseil de Konoha et à votre Hokage Godaime.

Naruto et Jiraiya acquiescèrent sans rien dire, surtout lorsque Mei s’inclina devant eux, mouvement qui fut imité de toutes les personnes présentes, en signe de gratitude envers Naruto, et indirectement Konoha. Désormais, peu importait ce qui allait arriver dans l’avenir. Le village caché de la feuille comptait un nouvel allié… Naruto s’avança, alors que tous se redressèrent. Il posa ses mains sur les épaules de Mei, qui délaissa le visage impartial pour celui du regret. « Naru-kun… » commença-t-elle sous l’étonnement des membres du conseil autour d’elle. « Tu sais que je ne veux pas que tu partes si vite… Je ne veux pas que tu partes du tout. Je ne veux pas être seule… » A cette phrase, Naruto ne put s’empêcher de penser que la situation ressemblait trait pour trait à ses adieux avec Emiko. Mais cette fois, quelque chose fut différent. Baissant sa main jusqu’à aller chercher dans sa sacoche quelque chose, il en ressortit alors l’un de ses volumineux kunais Hiraishin, qu’il renferma dans la main droite de Mei. 

- Qui a dit que nous ne pourrons pas nous revoir, Mei-chan ? demanda-t-il avec douceur, sous le léger étonnement de Mei qui n’avait en fait absolument pas pensé à l’utilisation de son jutsu pour ça. « Tu pourras me revoir quand tu voudras, Mei-chan. » rajouta-il, avant de s’approcher d’elle jusqu’à lui murmurer dans l’oreille. « Et d’ailleurs… Ce kunai n’est pas la seule balise qui me permettra de venir à toi… Tu verras qu’il y a une drôle de marque quelque part sur ton corps que personne ne risque de voir… »

Elle eut la décence de rougir à cette remarque. Peu importait où se trouvait son fuuinjutsu, il était à un endroit que lui seul à part elle pouvait voir… Il rit à la tête qu’elle fit, mais pas longtemps, lorsque sous la stupéfaction totale de tout le monde, elle se jeta sur lui pour lui voler un fougueux baiser comme ils en avaient tant eu ces derniers temps. Ce simple geste affirma toutes les rumeurs et théories de liaison que les gens avaient fait sur eux deux. Néanmoins, Mei s’en fichait. Ils avaient joué le jeu en se cachant pour ne pas avoir à expliquer quoi que ce soit, mais Mei ne pouvait de toute façon pas dire au revoir à son amour sans lui laisser un baiser d’adieu. Inconcevable ! Et donc, sous les rougissements nombreux de la foule à la vue de leur baiser passionné, de l’indignation de beaucoup d’autres, ils s’embrassèrent avec tout l’amour qu’ils avaient accumulé l’un pour l’autre ces derniers mois.

Personne ne se soucia de Jiraiya plongé dans une furieuse rédaction brouillonne, qui observa sans gêne respectivement le garçon le plus en vue des demoiselles du village et la femme la plus attirante du pays de l’eau s’embrasser à pleine bouche. « Ce gaki va me rendre richissime… » pensa-t-il, omettant le fait qu’il était déjà richissime…

Les deux amoureux se séparèrent, haletant, avant de sourire béatement et de s’éloigner.

- À la prochaine, Mei-chan ! s’exclama-t-il joyeux. « Au revoir Kiri ! » s’écria-t-il ensuite à l’attention de tous, tandis qu’il se mit à partir avec son maître, disparaissant au loin après quelques minutes, sous les adieux lancés par la foule. 

« A plus tard mon Naru-kun… » pensa rêveusement Mei, ne se souciant pas le moins du monde des regards enquêteurs posés maintenant sur elle. Elle allait avoir tout son temps pour expliquer plus ou moins sa liaison avec Naruto, après tout. En outre, elle avait pour l’instant d’autre chose à penser, et mettant le kunai de son amant dans sa poche, il lui vint un questionnement en particulier… « Maintenant, où Naru-kun a-t-il posé sa marque… ? Il faut que je voie ça ! »

Et c’est ainsi que Mei Terumī rentra chez elle pour trouver où Naruto lui avait dessiné le sceau.

Pas que cela l’embêtait, bien au contraire…

***

- Sensei, puis-je te poser deux questions ? demanda Naruto, alors que cela faisait déjà quelques heures que lui et Jiraiya marchaient le long de la route en direction de l’ouest de Mizu, pour quitter le pays par bateau.

Jiraiya le regarda avant d’acquiescer, sentant la gravité dans la voix de Naruto. « Bien sûr Naruto. Pose donc tes questions. » répondit Jiraiya, se sentant flatté, même honoré, que Naruto le voit toujours véritablement comme son maître. Qu’il soit pour le jeune garçon une figure de confiance et de sagesse en dépit du fait qu’il pouvait jouer à l’imbécile pour l’énerver la plupart du temps.

- Très bien… Alors déjà, j’ai une question quant à ce que nous a dit Mei-chan, dit-il inquiet, alors que Jiraiya haussa un sourcil à l’attente de précisions. « Je veux parler de sa demande d’alliance à Konoha… Qu’en penses-tu, Jiraiya-sensei ? Que va dire le conseil ? »

Le Densetsu no Sannin poussa un soupir rien qu’à l’idée de penser au conseil. Et il ne savait pas vraiment comment répondre à son élève.

- Je vois que tu as pensé à la même chose que moi quant à la réaction du conseil. Que dire ? Je ne sais pas… Le connaissant et connaissant l’orgueil de la plupart de ses membres, j’ai peur qu’il fasse quelque chose qui nous déplairait tous les deux.

Naruto poursuivit de suite après.

- Pourrait-il refuser la demande ?

L’inquiétude et la frustration de Naruto se firent palpables, alors que sa question n’en fut en fait pas vraiment une.

- … Oui. Honnêtement, ce n’est pas ce qui me fait le plus peur. Certains membres du conseil pourraient même porter offense à Kiri, et même si j’ai toute confiance en ta Mei-chan, je doute que la brume ne le prenne bien. Je pense que tu es le mieux placé pour savoir à quel point le conseil peut-être nuisible. Les chefs de clans sont naïfs et ce temps de paix ne les a juste rendu que plus arrogants… je ne te parle même pas l’orgueil des doyens. Ils ne tolèrent que leur propre avis.

- Mais… Et Baa-chan dans tout ça ? Elle est Hokage, je n’arrive pas à comprendre pourquoi elle ne fait rien. Ils ne sont que… de simples conseillers ! Pourquoi ont-ils tant d’influence ?

Jiraiya leva la tête au ciel, remarquant que plus ils s’éloignaient de Kiri, plus la voute céleste devenait grise et voilée.

- Le conseil a toujours eu beaucoup de pouvoir. Les chefs de clans, indépendamment de Konoha, dirigent des centaines et des centaines de personnes. Le clan Hyuuga est composé d’un peu plus de quatre cent personnes figures-toi. Pareil pour les autres clans. Le plus petit est celui des Yamanaka qui est composé d’une quarantaine de membres. Et même si les clans sont sous la régie de Konoha, ils détiennent leurs propres administrations internes, dans laquelle Konoha ne peut interférer. Autrement, tu sais bien que ton père et même sensei auraient aboli le sceau de l’oiseau en cage des Hyuuga. Tsunade a une détermination très forte et un point de vue impartial, mais elle regarde au mauvais endroit. Tout n’est que politique… A moins d’être un ninja vraiment craint et dans ses pleins moyens, comme Yondaime.

- Mais j’en reviens au fait que Tsunade-baa-chan devrait normalement pouvoir interférer si jamais le conseil faisait une erreur…

- Ecoute Naruto, je suis d’accord, mais ce n’est pas aussi simple. Le conseil était là bien avant que Tsunade n’arrive, et pire encore, Tsunade ne peut pas se permettre d’avoir les clans à dos… Ils composent près du cinquième des forces de Konoha. Perdre leur faveur serait politiquement très difficile.

Naruto ne répondit pas. Il avait bien compris. Ça l’énervait plus qu’autre chose, mais inutile d’en parler. Il avait eu confirmation à ses craintes, et il espérait juste que Konoha ne rejette pas avec mépris la gratitude de Kiri. Les ninjas de Mei étaient loyaux et idéalistes… Il n’y avait pas meilleurs alliés qu’eux, et ce serait passer à côté d’un essor non négligeable que de refuser leur demande d’alliance. Il soupira, se calmant et relativisant. Il allait voir la réaction de la feuille tôt ou tard de toute façon. 

- Quant à ma deuxième question, bien… C’est plus personnel… hésita Naruto avec un petit sourire gêné, sous le petit sourire lubrique de Jiraiya, qui avait eu tilt au mot « Personnel ». « Ne t’imagine pas des trucs Ero-sensei ! » maugréa Naruto.

- D’accord, d’accord, grommela Jiraiya. « Allez, lance-toi merde. »

L’Uzumaki ricana. « Non, je voulais juste te demander… Qu’est-ce que tu penses de moi aujourd’hui ? » hasarda-t-il alors, sous l’étonnement léger de son maître.

- Hein ? Comment ça ce que je pense de toi ? Tu veux dire, ce que je pense de toi en tant que ninja ou en tant qu’aimant à fille sexy ? demanda-t-il avant de partir dans un petit rire pervers. Irrécupérable…

- Pas en tant qu’ai… Attends quoi !? Aimant à fille sexy ? Mais c’est quoi cette connerie encore ? gémit-il au ridicule de cette expression. « Enfin bref, non, pas en tant qu’aimant à fille sexy ! En tant que ninja ! Que ninja ! Stupide pervers ! Tss… »

Jiraiya le regarde totalement irrité à l’aigreur de Naruto. Cette expression était pourtant géniale !

- Tu es un bon ninja, répondit-il simplement.

- Un bon ninja ? questionna Naruto, curieux.

L’ermite des crapauds eut un sourire en regardant son élève. Avec cette cape haori orange, à flamme noire brodée sur les manches amples et courtes ainsi qu’à la base de la cape, il était juste la seconde venue de Minato. Il avait les mêmes gestes, la même façon de parler lorsqu’il était sérieux – mais parlait comme sa mère lorsqu’il était énervé –. Un bon ninja… Un très bon même. Il était devenu ce qu’il devait devenir, voilà tout.

- Je n’ai pas besoin d’en dire plus Naruto. Tu n’es peut-être pas le meilleur ninja du monde, mais je peux te dire dès maintenant que tu es parmi le sommet. Konoha est loin derrière. Tu es ce Kage dans l’âme que tu étais prédestiné à être. N’en doute pas une seule seconde. Pour exemple, Sarutobi-sensei ou Kakashi n’ont jamais eu l’ambition de combattre et de vaincre Yagura. Et tu sais pourquoi ? Parce que ça leur aurait été impossible. Tu es devenu plus fort que quiconque à Konoha… Et s’ils ne l’ont pas encore appris, ils vont vite l’apprendre, c’est moi qui te le dis !

Calme, Naruto assimila les louanges de son maître. Oui, il pouvait être fier… Il avait fait un long chemin depuis leur départ de Konoha… Il recentra son attention sur son maître lorsque celui-ci l’interpella. « J’ai moi aussi une question Naruto… Pourrais-tu y répondre ? » Sans parler, Naruto lui intima de continuer. De toute évidence, ce que voulait savoir Jiraiya devait être important.

- Quel effet ça te fait ?

- Comment ça ? répondit Naruto.

- Quel effet ça t’a fait ? La guerre. Comment prends-tu le fait que tu ais tué des gens… Beaucoup de gens… Presque autant que moi, et en une seule fois en plus.

Au fur et à mesure qu’il parla, l’expression du jeune Namikaze s’assombrit. A la fin, ses yeux furent cachés par les mèches de cheveux lui retombant sur le visage. Mais il ne semblait pas crispé. En tout cas la partie inférieure de son visage ne le montra pas. Finalement, il redressa la tête, et Jiraiya put alors contempler ce même regard lointain qu’il eut souvent vu avant. Ce regard perdu… Ce regard hors du monde. Voyant quelque chose que lui ne voyait pas. Une projection personnelle sans doute.

- Au départ… J’ai tué un innocent. Ensuite… J’ai tué des coupables. À la fin je ne les ai pas tué… Je les ai tous massacrés sans distinction. Hommes et femmes. Âgés comme jeunes… Certains ne devaient même pas être plus vieux que moi. Mais… Ils étaient des ninjas ! Et ma mission était d’aider la rébellion !! Quand je suis arrivé dans ce pays, j’ai vu des massacres ! J’ai vu des viols, ils violaient les femmes, sensei, les violaient ! Puis ils les tuaient. Même les enfants. Même les bébés. C’était monstrueux. Jamais je n’ai vu une telle barbarie. Je n’avais pas le choix. Il fallait que cette guerre cesse. Alors je les ai tué tous. Encore maintenant, j’ai beaucoup de leurs visages en tête, de leurs expressions lorsque je leur ai tranché la gorge. Des centaines d’eux… Ça me hante…

En parlant, il avait posé la main sur son front, comme si un mal de tête était venu l’agresser au moment même de sa prise de parole.

- Mais plus j’y pense, moins c’est précis. Plus j’essaie de me rappeler leurs visages, plus vite je les oublis. Et… J’avais une raison de les tuer. Ces gens étaient sous les ordres de Yagura ! Ils acceptaient de travailler pour lui, et ils tuaient des gens innocents volontairement, pour assurer leurs propres intérêts. Que ce soit pour protéger leurs familles en en massacrant d’autres ou que ce soit pour obtenir leurs parts du butin, tout ce que j’ai vu en eux, tu sais ce que c’est ? De la lâcheté. Juste de la lâcheté. Ils étaient lâches et ils avaient peur… Alors que nous sommes des ninjas. Nous acceptons le sacrifice de soi, quelle que soit la fin ! Et quand je me mets à leur place… En tant que shinobi, j’aurais préféré mourir en me battant pour la justice plutôt que de mourir en lâche… car le lâche connait la honte. Et parce que j’ai passé cette façon de penser. Je ne veux plus me cacher, je ne veux plus reculer ! … Je veux être un ninja, et je mourrais en ninja, sensei.

Jiraiya l’observa attentivement. La façon dont il avait formulé sa phrase, la façon dont son visage s’était exprimé, comment il avait reflété chaque émotion, à chaque mot. Et il vit une chose de plus dans les yeux de Naruto. Cette même lumière qu’il obtint lui aussi à son âge en étant confronté pour de bon à la guerre. Naruto n’en avait grandi que plus. Et il avait eu raison de penser que la guerre de Kiri pouvait lui apporter. Car en effet, elle lui avait apporté beaucoup. Un nouveau point de vue sur le monde ninja, une maturité plus épanouie encore.   

- Et tu sais quoi, sensei ? demanda alors Naruto avant qu’un immense sourire ne s’étire sur son visage. « Quand je pense à la guerre, je pense qu’il se sera tout de même passé une chose merveilleuse… »

- Et quelle est-elle, gaki ? questionna Jiraiya en ne pouvant s’empêcher de sourire à l’enthousiasme revenu de son élève.

- A ton avis ! s’exclama Naruto. « J’ai rencontré Mei-chan ! »

Et oui…

Parmi le noir se trouvait l’espoir. Et pour lui, pour son cœur éprouvé, cette nouvelle touche d’espoir se trouvait être Mei, tout comme elle se trouvait être Emiko. Et tant qu’elles étaient là, il pouvait traverser la pire des souffrances, la pire des peurs. Mais il en ressortirait indemne, ou alors mourrait avec le sourire. 

C’était ça, être un ninja. Accepter le sacrifice de soi pour l’amour, pour la protection.

Pour ses proches, et pour Konoha.  

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