Nidaime Kiiroi Senkō
Chapitre 4 : Entraînement de force dans les montagnes nuageuses.
86369 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour il y a plus de 8 ans
Deux semaines plus tard.
« C’est une grosse connerie. » Un certain temps après. « C’est une mauvaise idée. » Quelques minutes après. « C’est vraiment une grosse connerie. » Encore quelques minutes après. « Non sérieusement, c’est vraiment une grosse… »
- Naruto, peux-tu seulement arrêter de te plaindre CINQ petites minutes ? Tu me pompe l’air, mais sérieusement là !!
- Raaah ! Mais Ero-sensei ! Je continue à penser que c’est de la pure connerie ! T’es pas sérieux putain !! Ils vont se jeter sur nous comme des vautours sur un cadavre !
- Et alors ? Si c’est le cas, et j’en doute fort, tu pourras toujours nous faire sortir de là avec ton Hiraishin. C’est pas compliqué ! Tu nous téléporte à Kirigakure ou chez les Tsuhi, dit alors Jiraiya, négligemment. Pour lui, tout était clair comme de l’eau de roche, surtout là où ils se dirigeaient.
Car ils étaient en route vers un lieu très connu. En deux semaines depuis le grand pont de Naruto, ils avaient remonté le pays du feu jusqu’à Oyu et Yu no Kuni, les pays de l’eau chaude et des sources chaudes. Y étant allé déjà avant, ils n’y étaient pas restés longtemps, continuant la route vers le nord. Si Yu no Kuni et leur village caché, Yugakure no satō, les avait laissé tranquille, lorsqu’ils sortirent du pays par la frontière nord, ils se firent plus discrets. C’étaient couverts par de longues capes beiges, pour cacher leurs vêtements colorés, qu’ils étaient entrés dans Shimo no Kuni, le pays du gel. Le pays était en plein réarmement, et le village caché assez jeune du pays, Shimogakure no satō, n’était pas très fin diplomate. Ils étaient déjà assez froids – Ironique – avec le village de Yugakure, mais aussi le village de Kumogakure. Ils ne s’arrêtèrent donc pas à Shimo, en sortant par le nord, où se trouvait leur destination.
Autant dire qu’en apprenant leur direction, Naruto avait présenté une très forte opposition. Jiraiya désirait se rendre à Kumogakure no satō. Le même village qui commençait à être en très mauvais terme avec Yugakure et Shimogakure, sans compter qu’il était d’une politique très xénophobe et intolérante. Ce même village qui sous le règne du précédent Raikage, le Sandaime Raikage, avait essayé d’enlever par deux fois sa mère, Kushina Uzumaki. Il ne citait même pas la tentative d’enlèvement d’Hinata Hyuuga à ses trois ans, le village ayant été dirigé à cette époque par le Raikage actuel, A Yotsuki, le Yondaime Raikage et fils du Sandaime. Par défaut, le profil n’intimait pas vraiment confiance à Naruto…
Bien sûr, chaque ninja avait une part d’impartialité, faisant qu’il n’en devenait respectable qu’en prenant du recul. Son père avait tué des centaines de personnes sans hésitation sur le champ de bataille. Sa mère avait elle aussi abattu beaucoup de monde. Jiraiya et Hiruzen pareillement. Mei n’était pas toute blanche non plus, et avait elle aussi beaucoup de sang sur les mains… Et il en était de même pour lui. D’ailleurs, il était bien l’un des pires. Mais ce n’était pas parce que l’on était un tueur, qu’on aimait les autres par défaut. C’était particulièrement vrai avec les ninjas. Kumogakure no satō n’était pas connu pour être très bon ami avec Konoha… Et il se demandait quelle folie était passée par la tête de son maître pour accepter une entrevue avec le Yondaime Raikage, lorsque celui-ci était prêt à ne clarifier aucune situation avec Yugakure et Shimogakure, risquant par-là de déclencher une guerre.
Inquiétant était un mot assez juste. Naruto n’aimait pas particulièrement le village de Kumo. Il n’aimait pas ce genre de village qui continuait encore la course à l’armement. La bonne foi des nations de la péninsule avait été d’adoucir la politique de leurs villages shinobis, pourtant, Shimogakure de Shimo no Kuni, à même titre que Kumogakure de Kaminari no kuni, étaient de ces villages qui ignoraient absolument l’entente générale mondiale d’apaisement. Depuis des années, Kumogakure avait été particulièrement actif et menaçant, le cas aux yeux des villages du tiers monde étant bien l’incident avec le clan Hyuuga, et les tensions frontalières très hasardeuses avec Shimogakure, tout particulièrement. En somme, les villages qui ne respectaient pas et n’assumaient pas la gravité de leur pouvoir, et de leurs responsabilité diplomatique, étaient des villages que Naruto arrivait facilement à mépriser. Pas qu’il voulait se fonder un avis hâtif cependant, aussi, il était tout de même curieux de découvrir à quoi ressemblait Kumogakure, ses ninjas et ses habitants. Naruto aimait explorer des endroits nouveaux. Konoha était un village bien vivant, coloré, plein de soleil et de forêts, à l’inverse de Kiri qui était un village beaucoup plus calme, beaucoup plus simple au niveau des couleurs ressortant aux yeux, étant donné que tout n’était que blanc et bleu, et brume épaisse. Ces deux villages étaient en soit très spéciaux, et très proches de leur nom. Beaucoup de feuilles à Konoha, et beaucoup de brume à Kiri… Mais Kumo ? Il était perplexe, et voulait voir de ses propres yeux à quoi ressemblait « le nuage caché ».
En théorie, chaque village caché ressemblait à son nom. La feuille cachée pour Konohagakure, la brume cachée pour Kirigakure, le sable caché pour Sunagakure, la pierre cachée pour Iwagakure, le nuage caché pour Kumogakure, la glace cachée pour Shimogakure, la neige cachée pour Yukigakure, la source chaude cachée pour Yugakure, l’étoile cachée pour Hochigakure, l’herbe cachée pour Kusagakure, la pluie cachée pour Amegakure, la cascade cachée pour Takigakure, le son caché pour Otogakure, et encore beaucoup, beaucoup, beaucoup d’autres villages cachés de ninjas, dont les noms tous plus étranges les uns que les autres, pouvaient révéler ou ninjutsu particulier commun au village ou caractéristique physique du village. Le monde était si intéressant. Il serait tellement plus beau et plus attrayant, si ce n’était pas pour la guerre qui sévissait dans divers endroits, masquée par un voile d’hypocrisie diplomatique amenant à dire que tout allait pour le mieux. C’était ce que pensait Naruto, dans ses réflexions, alors que lui et son maître avançaient en direction de Kumo… Qui finalement, n’était plus très loin, ce qu’ils remarquèrent à une chose particulière.
- Ils sont vraiment prudents. Tu dois leur faire peur, Ero-sensei. Ces ANBU doivent être des femmes pour se cacher autant, prononça Naruto avec un sourire, bien que le regard un peu ailleurs.
- Pas du tout, tu fais fausse route. Primo, les femmes m’admirent et m’acclament, ensuite ces ANBU là sont des hommes, et s’ils n’approchent pas, c’est évidemment parce qu’ils t’ont grillé avec cette cape orange. Quel ninja porte de l’orange après tout ? Tu es visible de l’autre bout du pays ! prononça Jiraiya, amusé.
Son filleul fronça les sourcils, énervé. « Aurais-tu oublié que c’est toi-même qui m’a offert cette cape ? Et d’ailleurs, qu’est-ce que vous avez tous contre l’orange ? C’est une couleur géniale ! »
- Tss… Même si je t’ai fait tailler cette cape, ça ne veut pas dire pour autant que j’ai compris comment tu peux aimer cette couleur ! Quand on te voit, hormis ceux qui te reconnaissent en tant que Nidaime Kiiroi Senkō, c’est comme si tu avais écrit en grand sur ton front : Tuez-moi je suis là ! Oui moi, le couillon en orange là !
- Mais sensei, le monde entier sait que le seul ninja existant portant de l’orange est le Nidaime Kiiroi Senkō, c'est-à-dire, moi… C’est vraiment con ce que tu dis. Tu te fais vraiment de plus en plus sénile… T’étais déjà pas gâté par la vie pour écrire autant de saloperies… maugréa Naruto, alors que son maître prenait un air outré.
- Mais je ne te permets pas, espèce de petit merdeux !! Tu ne tétais pas encore ta mère que j’étais déjà en train d’être loué comme Jiraiya-sama le légendaire, séduisant et courageux Sannin !!
- Je n’ai jamais tété ma mère, Ero-sensei…
Jiraiya se calma, se mettant à réfléchir. « Bah, tu prenais le biberon. C’est du pareil au même. »
- Pas de biberon non plus…
Le silence retomba, lourd comme du plomb. « Vraiment dur… Même pas de biberon… La vie a dû être difficile. »
- C’est sûr… J’aurais bien voulu mais apparemment, je mordais tout le temps la tétine… Donc ils m’ont enlevé le biberon. Enfin, c’est ce que m’a dit Ojii-san.
Jiraiya reste muet, avant d’émettre un petit rire pervers, son visage changeant automatiquement pour celui de l’autoproclamé Super-pervers... « Mordre la tétine… ? Héhéhéhé… ! … Et tu n’as même pas tété ta mère !? J’aurais tout donné pour téter Kushina Uzumaki et la mordre moi ! D’ailleurs quelle chance Minato avait ! En imaginant sucer Kushina et ses fabuleux melons de Jinchuu- »
*SHBAM* *Craquement*
- OOOW !! hurla de douleur Jiraiya, alors qu’il n’avait pas vu venir le coup de pied en plein dans son aine. Et le Sannin désormais vautré par terre en gesticulant comme un asticot sous l’extrême souffrance, Naruto repartit comme si de rien n’était, le laissant derrière lui. Maintenant il comprenait ce que les femmes ressentaient. Cela faisait un bien fou de frapper Jiraiya, et puis, il l’avait mérité. Cela faisait déjà plus d’une dizaine de fois depuis hier que ce dernier parlait de sa mère. C’était SA mère par Kami. « Bordel… ! Tu veux me les broyer ou quoi, petit malade ! Comment peux-tu me faire ça au moment où j’entrevois l’image divine… ! »
Et ainsi, ce fut un autre débat où les insultes et vannes fusèrent qui démarra entre le maître et son élève. Un de plus, sur les quelques trois mille quatre-cent cinquante-six autres qu’ils avaient déjà eu en débutant le voyage, exactement deux ans, dix mois et deux semaines auparavant…
Et tout ça, sous les yeux perplexes et incrédules des ANBU qui étaient chargés de surveiller « Deux shinobis très dangereux » selon les termes de la mission.
***
Naruto ne sut pas quoi penser lorsque lui et son maître arrivèrent à l’entrée de Kumogakure no satō. Dans un premier temps, il pensa que ce fut réellement d’une idiotie et d’une inconscience complète. Jiraiya lui avait dit que c’était facile, si Kumo les attaquait, ils pouvaient partir avec le Hiraishin no jutsu instantanément pour Mizu ou Nami. Pourtant, c’était comme si Jiraiya pensait qu’ils ne craignaient rien dans ce procédé. Naruto était le premier à le savoir. Lui qui faisait des voyages aller-retour pour passer quelques heures ou une nuit avec soit Mei soit Emiko, il savait que le saut sur plusieurs centaines de kilomètres d’un coup était extrêmement éprouvant, pour ne pas dire dangereux. Alors si en plus, il devait transporter avec lui une ou plusieurs personnes, il n’imaginait pas ce qu’il pouvait ressentir. Le Shiki de son Hiraishin était encore trop simple pour lui faire supporter de tels voyages, et il devait donc par conséquent le renforcer. En ajout de cela, non content d’être des ninjas de Konoha dans un village potentiellement hostile au leur, ils n’en étaient pas moins des symboles véritables de la feuille. Leur valeur militaire aussi bien que diplomatique était un facteur non négligeable dans le fait qu’ils étaient deux cibles de choix, et particulièrement quand on s’offrait à un autre village caché.
Par la suite, Naruto avait développé aussi un autre avis, qui lui faisait rejoindre Jiraiya sur son état détendu. En tant que ninja étranger d’un village tout aussi puissant, et donc par défaut, émissaires de Konoha, les attaquer serait autodestructeur. Peut-être Kumogakure désirait une guerre avec Shimogakure et Yugakure, mais intimement, Naruto savait que jamais le village caché des nuages ne projetterait de déclencher une guerre avec Konoha, et donc Suna. Iwa et Kiri seraient à un moment forcément concernées, et la quatrième grande guerre serait à ce moment-là déclenchée. Ce risque était non jouable d’un côté, d’un autre, la guerre entre les grandes nations pouvait débuter par une guerre d’un grand pays contre un petit, d’où le fait que ne pas clarifier la situation entre Kumo, Shimo et Yu, était très ambigu. Naruto savait que son parrain pensait aussi à ce fait inquiétant – en dépit du fait qu’il ne partageait pas son envie d’entrer dans Kumo. Aussi, ce fut calmement, en ignorant les ANBU cachés autour d’eux, qu’ils vinrent à niveau de la grande porte de Kumogakure.
Les gardes présents les remarquèrent tout de suite, à l’instar de toutes les personnes qui étaient présentes à l’entrée du village. Car comme dans tout village caché, les habitants de Kumo circulaient entre l’intérieur et l’extérieur du village pour y rechercher diverses choses, et comme à l’habitude, tout le monde repérait les deux ninjas de grande taille, les cheveux jaunes et blancs respectivement. Ils approchèrent alors de l’entrée, lorsque deux Chūnins de Kumo les stoppèrent. Il était simple de le voir, au fait qu’ils possédaient tous deux de gilets pare-balles blancs accroché à une épaule, laissant l’autre bras tout à fait libre. Leurs bandeaux frontaux à l’effigie des nuages de Kumo bien serrés autour de leur tête, ils essayèrent de passer plus intimidants qu’ils ne le parurent au premier abord, malgré le fait qu’ils les avaient reconnu tous les deux. Ce comportement faillit faire rire Naruto, comme il vit un peu d’Izumo Kamizuki et Kotetsu Hagane dans les deux Kumo-nins.
- Halte ! tonna le Chūnin de gauche, alors que celui de droite tenait une chemise cartonnée en support pour une feuille, et un crayon, semblant en fait mettre à jour une liste des noms des personnes quittant et rentrant dans Kumo.
- Etat de l’identité et du motif de votre venue à Kumogakure no satō ! s’exclama le Chūnin de droite, bien que Naruto et son maître virent qu’il fut tout aussi clairement mal à l’aise que son partenaire. Aussi, ils décidèrent tous les deux de ne pas les intimider davantage.
- Jiraiya des Densetsu no Sannin, messieurs, répondit alors l’ermite.
- Uzumaki Naruto de Konoha, poursuivit son filleul, alors que tous les ninjas et civils dans le périmètre se mirent subitement à chuchoter bruyamment entre eux. Il ne faisait aucun doute que Kumo allait être entièrement au courant de leur venue d’ici peu.
- Nous sommes ici à la demande du Raikage Yondaime, de sorte que je ne vois pas de problème pour le motif de notre venue. Vous pouvez aller demander à vos supérieur pour affirmation, prononça Jiraiya, avant même de montrer une lettre avec le sceau du Raikage dessus, légitimant dans un premier temps ses dires.
Les deux Chūnins, à la vue de la lettre, furent quand même extrêmement hésitants et réticents à laisser entrer ces deux ninjas de Konoha. Deux ninjas de rang S ici, même à la demande formelle de leur Kage, était un risque qu’ils n’avaient réellement pas envie de prendre. Pourtant, c’étaient les ordres, même s’ils les désapprouvaient. Et de toute façon, que pouvaient-ils faire contre deux ninjas aussi forts ? L’un avait tenu tête au légendaire Hanzō de Amegakure, et l’autre avait vaincu à la loyale Yagura de Kirigakure. Ils étaient d’un niveau nettement supérieur au leur.
- Ne vous inquiétez pas, Chūnin-san, intima Naruto avec douceur. « Nous ne sommes pas ici en ennemi, nous ne causerons donc absolument aucun problème. Nous sommes ici en tant qu’ambassadeurs, et si vous voulez vous assurer que votre village soit relativement en sécurité malgré que nous soyons dans vos murs, sachez que nous sommes étroitement sous surveillance de quatre équipes d’ANBU. Cela vous rassure-t-il ? »
Le ton d’abord doux de Naruto avait laissé place à un ton légèrement taquin, faisant sursauter les ANBU autour de lui et de son maître, comme ils pensaient que leur furtivité avait été parfaite. La mission de passer incognito aux deux ninjas venait d’échouer. Il leur restait la mission de les appréhender en cas de problème.
- Heu… Oui, répondit alors le Kumo-nin, indécis. « Enfin bon. Si ce sont les ordres de Raikage-sama, je ne peux m’y opposer. Entrez donc, et bienvenue à Kumogakure. J’espère que votre séjour chez nous sera agréable. »
Naruto le regarda dans les yeux, avant de faire un petit sourire. « On espère aussi. » répondit-il, alors que sous les regards des habitants et ninjas de tout niveau et tout âge, ils entraient, détendus, au sein de Kumogakure no satō… Si son maître fut tout à fait normal, Naruto lui, fut véritablement surpris par ce village. Non seulement par l’aspect du village, qui se révélait être un très grand village battis autour de plusieurs montagnes ressemblants à d’immense pique rocheux. Le village, par défaut, était déjà situé à haute altitude, et quelques amas nuageux entouraient alors les montagnes… Et Naruto devina que Kumogakure tenait son nom de là. C’était réellement impressionnant, sans omettre qu’il entrevoyait beaucoup de bâtiments circulaires bâtis sur les immenses pics rocheux, une technique de construction très légèrement similaire aux quelques bâtiments d’observation en dessous des visages des Hokage, sur la montagne de Konoha. Il préféra ne rien dire de la tour du Raikage qui n’était autre qu’un bâtiment-forteresse jaune immense semblable à la tour du Hokage, mais en équilibre total sur la partie supérieure du pique rocheux principal, tout au centre de Kumo. La pointe de la tour du Raikage était cachée s’élevant dans les nuages, à plusieurs centaines de mètres, et c’était spectaculaire.
Kumogakure était sans nul doute un village très riche, puissant et prometteur, comme le monde le disait. Kumogakure était un village administrateur du monde, il se trouvait partout, son influence s’étendait partout, et il était brillant en presque tout. Le ninjutsu général des ninjas du village caché des nuages était très bon, beaucoup étaient bon en taijutsu, aussi bien qu’en genjutsu. Certains ninjutsus étaient d’ailleurs complètement exclusifs à Kumo depuis des générations, sans oublier ceux encore méconnus. Kumo possédait aussi divers arts ninjas rares mais puissants, et de nombreux Kekkei Genkai tous plus dangereux les uns que les autres, en majorité des Kekkei Genkai élémentaires. Sur les cinq grands villages cachés, Kumogakure no satō était actuellement, selon toute logique, classé le numéro un. Son économie, son effectif shinobi, sa population et sa suprématie géographique était très satisfaisante. Seule Konoha pouvait dépasser Kumo pour sa géopolitique, étant donné que le village caché des feuilles obtenait de nombreux contrats venant de nombreux clients des pays qui étaient des protectorats ou des alliés de Hi no Kuni, certains grâce à Naruto. Quant à sa population, seule Iwa était connue pour rivaliser en effectif shinobi. Les deux villages avoisinant les douze milliers d’éléments.
Mais au-delà du physique du village et de sa puissance, Naruto fut aussi véritablement surpris par le physique des habitants de Kumo. S’il ne notait pas le fait que Kumo était un village densément peuplé grâce à sa richesse et son essor, la majeure partie des gens qu’il croisa possédaient des peaux les plus foncées qu’il n’eut jamais vues. Plusieurs étaient très noirs de peau. Ajouté à cela leurs lèvres plutôt épaisses et leurs nez légèrement épatés pour certains. D’accord, lui non plus n’était pas très commun, étant donné que les blonds n’étaient pas très répandus sur la péninsule, mais il n’avait jamais vu autant de personnes comme ça en dehors de Kaminari no Kuni. Il semblait que c’était un trait physique commun aux habitants de ce pays. Il avait aussi aperçu, bien qu’en très petite minorité, quelques personnes de peau cette fois très blanches, possédant tous des cheveux blonds assez foncés, platine pour d’autre. C’était intéressant.
En moins de vingt minutes, déambulant entre les rues du village caché de Kumogakure, encore et toujours sous les regards appuyés des habitants de Kumo, ils arrivèrent alors jusqu’à la tour du Raikage. Ils levèrent la tête, Naruto clairement perplexe. Rien que le premier étage du bâtiment se trouvait à au moins deux cent mètres au-dessus, au-dessus même de plusieurs autres bâtiments, et il ne voyait pas vraiment comment y accéder. Jiraiya ne fut pas aussi surpris, mais chercha lui aussi un accès du regard, étant donné qu’aucun passant n’eut la politesse de le leur indiquer. Cela montra à quel point Kumo put être accueillant. « Par-là Naruto. » prononça alors Jiraiya à son élève, comme il vit certains Kumo-nin circuler dans un accès à l’intérieur de la montagne. Marchant lentement, ils pénétrèrent alors dans la construction interne à la montagne, et repérant rapidement les escaliers, ils s’y engagèrent, dans l’intention de monter le plus haut possible. Il allait monter un certain temps, vu la hauteur de la tour dépassant les trois cent mètres.
Une dizaine de minutes plus tard, ils sortirent enfin de la cage d’escalier rocailleuse, pour arriver dans des locaux en ciment, le sol variant entre parquet et dalles de pierre blanche. Tout comme la tour Hokage, le complexe était très grand et le bureau, ainsi que les appartements du Kage, devaient se trouver aux étages supérieurs. Cependant, sans vue de l’extérieur, il était difficile de se situer dans une montagne et un palais tout aussi grand…
- Excusez-moi, Kumo-san ? prononça alors Naruto à un ninja de Kumo qui venait de passer à côté d’eux. Celui-ci se retourna, le regardant avec ce que Naruto reconnut comme de l’ennui. « Moi et mon compagnon cherchons le bureau du Raikage. Pourriez-vous nous l’indiquer ? »
Le ninja mit tout de même un temps à répondre.
- Vous chercher le bureau d’A-sama ? Alors vous n’y êtes pas du tout encore. Ici on est au niveau B3 du complexe de maintenance du village. Vous n’êtes même pas dans la tour du Raikage… Pour y aller, vous prenez ce couloir, répondit alors le ninja en pointant du doigt un corridor qui semblait aller dans la roche. « Arrivé au bout, c’est simple, il y a un escalier et un monte-charge. Vous montez au niveau A7, et vous y êtes. »
L’homme n’attendit pas pour les quitter. Se retrouvant seul avec son maître, ils se regardèrent avec étonnement. Puis ils se mirent à suivre le chemin indiqué.
- Au moins, il nous a répondu. Je ne sais pas ce qui cloche avec eux, mais j’ai d’abord cru qu’il allait juste passer, maugréa Naruto.
- J’imagine que les ninjas de Konoha ne sont pas adorés ici.
- Quel euphémisme, sensei.
***
- Bonjour messieurs, je suis Mabui, l’assistante du Raikage. Que voulez-vous ?
Jiraiya et son élève étaient dans le préambule où siégeait Mabui, une femme splendide qui se trouvait être l’assistante du Yondaime Raikage. Jiraiya eut beaucoup de mal à ne pas étirer son sourire pervers à sa vue, comme Naruto ne pouvait cacher qu’ils avaient devant eux une très jolie dame. De peau d’une couleur aussi très foncées, ses cheveux platine coiffés en chignon et ses deux yeux reflétant la douceur et l’assurance à la fois faisaient qu’on la remarquait aussitôt qu’elle entrait dans le champ de vision. Mais indépendamment de son physique angélique, les deux Konoha-nin vagabonds savaient qu’elle était d’un niveau très compétent. Elle avait l’air d’une Jōnin confirmée, et c’était sans doute le cas.
Dans tous les cas, le fait était qu’ils avaient tous les deux finalement trouvé le bureau du Raikage après un certain temps de recherche.
- Bonjour Mabui-san. Je suis un ninja de Konoha, et j’ai rendez-vous avec le Raikage. Je suis Jiraiya.
Mabui le regarda, avant de vérifier sur une feuille, une sorte d’emploi du temps de son Raikage. Elle cocha aussitôt quelque chose, avant de relever la tête, observant le Sannin.
- C’est un plaisir de vous accueillir en Kumogakure, Jiraiya-sama. Vous étiez attendu par A-sama, il est d’ailleurs légèrement énervé de votre retard… J’imagine que vous avez dû vous perdre… Etant donné que le chemin pour venir jusqu’ici est assez compliqué. Je vous en prie, entrez, dit-elle avant de montrer la porte de la main, sans se lever de son bureau, qui se trouvait sur le côté.
Jiraiya hocha la tête, avant d’avancer. Naruto suivit son maître, détachant son regard de Mabui en la saluant poliment, elle qui semblait l’avoir fixé avec une attention particulière. Il ne savait pas pourquoi la jeune femme l’avait dévisagé, mais outrepassa rapidement cet étrange évènement, se concentrant sur le futur entretien avec l’homme connu sous le titre de Yondaime Raikage de Kumogakure no satō, A du clan Yotsuki. Mabui quant à elle, observa le jeune garçon de taille respectable, vêtu de cette grande cape orange à flamme noire stylisée. Dès que le célèbre Jiraiya était entré avec lui, bien qu’il fût en retrait, elle le remarqua. Impossible de le rater. Elle le reconnut tout de suite comme la raison principale de l’invitation de Jiraiya à Kumo. « Alors voilà Naruto Namikaze… Je dois avouer qu’il est vraiment le spécimen rare dont les filles parlent… Je me demande s’il est réellement le ninja qui obsède autant A-sama au point de l’avoir amené à Kumo pour le voir de lui-même… »
- A-sama, Jiraiya est arrivé à votre bureau, prévint-elle par le téléphone sur son bureau, à l’attention de celui de A dans la salle adjacente. Elle aurait bien voulu assister à l’entretien, surtout en sachant que Darui et Shii étaient tous deux dans la salle. Si le second gardait ses manies provocatrices hautaines malgré la présence de Konoha, elle savait que cela pouvait dégénérer, et même si Darui était toujours le régulateur, il n’était pas particulièrement bon diplomate. Elle ne parlait même pas de A. Rien que de penser à ce qui pouvait se passer dans cette pièce suffit à la faire soupirer de dépit.
Attendus, Jiraiya frappa alors à la porte, et attendant quelques secondes, cette dernière s’ouvrit alors sur un grand ninja, bien que plus petit que le Sannin. Peu de ninjas étaient plus grands que lui de toute façon. Il avait des cheveux légèrement frisés, de couleur platine, comme la majorité des personnes de peau noire du village de Kumo. Il portait la veste renforcée standard aux Chūnins et Jōnins, ainsi qu’un zanbatō de taille moyenne, plutôt normal. Il regarda Jiraiya quelque peu, avant de sourire.
- Bienvenue Jiraiya-sama, je suis Darui, veuillez entrer, prononça-t-il en s’écartant, laissant alors passer le Sannin, puis son élève.
Naruto ne sut alors s’il dut rire en voyant le bureau… Qui tint en fait plus de la salle de sport que du bureau. Des altères sur les côtés de la salle, des machines d’entrainements, des tringles pour y déposer des serviettes… Même sur le bureau était posé des poids pour un énième exercice de musculation. « Je rêve ? Qu’est-ce que c’est que cette plaisanterie ? On est bien dans le bureau du Raikage, je ne me trompe pas ? » pensa Naruto en regardant autour de lui la salle, incrédule. Jiraiya n’en montra rien, mais la vue l’avait amusé. Il reconnaissait là bien A Yotsuki…
C’est ensuite que Naruto regarda les personnes présentes, notamment celle qui était assise derrière le bureau. Le Yondaime Raikage. Il était un colosse de plus de deux mètre, portant aux poignets deux immenses bracelets faisant plus office de masse d’arme que de bijou. Torse nu sous son manteau de Raikage, son torse et ses bras, dont les muscles étaient très développés, pour ne pas dire surdimensionnés, étaient donc visibles. Il avait une lueur d’extrême animosité dans les yeux, une ardeur immense mais pourtant habituelle, et grimaçait, tordant alors légèrement son visage sous l’énervement. Naruto ne douta même pas, dès qu’il le vit, que ce fut son expression permanente. Il avait un peu moins de la quarantaine. A Yotsuki n’avait pas l’air de quelqu’un avec qui on rigolait…
De part et d’autre de lui, debouts, derrière le bureau également, se trouvaient deux hommes. Darui, qui venait de reprendre sa place, ainsi qu’un autre jeune homme. Celui-ci avait la peau blanche et les cheveux blonds courts plutôt foncés, et il les fixait avec sévérité. Naruto remarqua qu’il ne semblait pas du tout les aimer à en juger par le dégoût qu’il y avait dans ses yeux. Il préféra ne pas s’y intéresser. Les gens pouvaient le haïr, il s’en fichait bien, tant que ceux-ci ne tentaient pas de l’attaquer lui ou ses proches. Ainsi, il vint s’asseoir avec Jiraiya sur les deux chaises en face du bureau de A, silencieusement. Quand ils furent installés, le Raikage s’autorisa un sourire.
- Sashiburi dana, Raikage-dono ! J’ai répondu à votre invitation, et me voici donc à Kumo, prononça alors le Sannin joyeusement dans une petite rime taquine, tandis que la grimace de dégoût sur le visage de Shii ne fit qu’augmenter.
- S’il-vous-plait, ne commencez pas à rimer, j’en ai suffisamment entendu pour plusieurs jours. Cela mis à part, je suis content que vous soyez ici, Jiraiya-san. Je me demandais ce que vous faisiez ! répondit alors A, un grand sourire s’affichant cette fois sur son visage. Jiraiya était l’un des rares ninjas de Konoha qu’il respectait.
- L’hospitalité légendaire de Kumogakure nous a fortement aidé… dit tout bas Naruto avec humour, plus pour lui-même et son maître, comme il ne put s’empêcher de dire une telle chose.
Les regards convergèrent vers lui, alors que Jiraiya retint un rire à cette pique de son filleul. C’était bien vrai. Les deux Konoha-nin notèrent d’ailleurs à cet instant l’extrême froideur décuplée dans les yeux du ninja de Kumo à droite du Raikage Yondaime. Quel était son problème ?
- Veuillez excuser le manque d’ouverture de mon village, Konoha-san, répondit A de sa grosse voix, bien qu’il avait descellé l’humour dans la voix du jeune homme. « Kumo n’est pas très connue pour aimer les autres villages caché. En particulier Iwa, Konoha et Shimo. »
- Oh mais j’y pense, je n’ai pas fait les présentations ! s’exclama alors Jiraiya. « Raikage-dono, je vous présente mon filleul, qui est aussi mon élève, Naruto Namikaze. »
A regarda Naruto, sans ciller, et le garçon ne broncha pas, lui rendant son regard. L’homme fut intérieurement surpris par l’assurance du blond, comme la majorité des ninjas du monde préféraient tourner ou baisser la tête plutôt que d’affronter le regard d’un des hommes les plus puissants du monde.
- Je sais qui il est Jiraiya-san. Namikaze Naruto, fils du Yondaime Hokage. Ninja de classe S, connu sous le nom de Nidaime Kiiroi Senkō. Tu t’es fait un joli petit nom, petit, lança alors A. « Mais en te voyant là, je pourrais presque croire que tout ça n’est en fait qu’une réputation montée de toute pièce… »
C’est d’abord ce qu’avait pensé A, en effet, lorsqu’il avait vu Naruto. Il voulait en effet voir Naruto, c’était son envie première. Et, oui, le gamin était un clone de son père… Ce satané Minato. Pourtant, le garçon n’émanait aucune aura particulière comme celle de Minato sur le champ de bataille. Il avait d’abord pensé qu’il était juste un pion diplomatique avec une identité toute faite, mais avait instantanément changé d’opinion, en sachant que Jiraiya était son sensei et qu’il n’était pas du genre à former des ninjas faibles. Sa conclusion était que, comme il n’était pas en situation de combat ou de guerre, le petit Namikaze masquait sa présence en régulant sereinement son flux de circulation de chakra. C’était d’ailleurs le plus logique, et le plus probable.
- Je ne sais pas, répondit Naruto avec un sourire mystérieux. « L’atout numéro un d’un ninja reste la dissimulation, et je n’ai donc pas pour objectif d’être connu. Je me contrefiche de la réputation. C’est une base de jugement obsolète, en particulier lorsque l’on est un ninja… Après tout, je ne suis encore officiellement qu’un Genin… Mais si tu veux, jiji, un de ces jours je te montrerais pourquoi les gars de Kiri m’appellent Senkō… »
A leva le poing aussitôt, empêchant le Jōnin blond à sa gauche d’intervenir, comme il vit que celui-ci allait essayer de remettre le jeune Namikaze à sa place. Voyant que Shii s’était ravisé, A se mit à rire légèrement.
- Tu as du cran gamin, j’aime ça. Je vois que tu es bien l’élève de Jiraiya. Et ce jour-là dont tu parles, je serais ravis que tu me montres ce que tu vaux, histoire de voir si tu es tout comme ton père ou pas.
- Raikage-sama… prononça Shii, confus et indigné que son Kage accorde son respect au Namikaze. Déjà qu’il méprisait tous les ninjas de Konoha, mais en plus, ce déchet devant lui avait osé appeler A avec un titre aussi irrespectueux. C’était outrageant, et il ne comprenait pas comment A pouvait se mettre à l’apprécier en quelques secondes.
- Tais-toi Shii ! répliqua A. « On ne juge pas une personne uniquement par son sang ou par son village. Mets-toi ça en tête. Je déteste Konoha, mais ça ne m’empêche pas de respecter certains d’entre eux. Yondaime Hokage et Jiraiya sont de ceux-là. »
Shii serra les dents, alors que si son regard avait pu tuer quelqu’un à ce moment précis, Naruto serait mort au moins une bonne centaine de fois. Le Namikaze n’en fit rien. La dernière chose qu’il voulait était de déclencher un conflit ici. Il avait déjà été réticent à venir dans ce village car il se méfiait, donc inutile d’en rajouter. Même s’il devait avouer que l’envie de remettre ce Shii à sa place commençait à sérieusement lui titiller l’esprit.
Finalement, peut-être pouvait-il apprécier A. En dépit du passé, que le père de A, le Sandaime Raikage, ait fait enlever par deux fois sa mère, que A lui-même ai fait enlever Hinata, que Kumo ait été un ennemi coriace depuis l’assassinat de Tobirama Senju.
- Bien. Maintenant que les présentations sont faites, nous devrions passer au véritable sujet de votre venue ici, Jiraiya-san. Pour cela, Shii, Darui, je vais vous demander de sortir de la salle.
- Sauf votre respect Raikage-sama, qu’est-ce que vous diriez d’aussi important pour ressentir le besoin de nous le cacher à nous, mais pas à Konoha ? demanda Shii, n’ayant logiquement pas envie de laisser les Konoha-nin seuls avec leur Kage.
A la réaction de Shii, Darui soupira.
- Mais qu’est-ce qui te prend Shii… ? C’est naze ce que tu fais là ! Vraiment naze… Allez viens, le boss nous a donné l’ordre de sortir, alors on sort, point ! dit-il avant d’empoigner l’épaule de Shii et de le tirer hors de la salle avec lui, sans que ce dernier n’ait son mot à dire.
Les trois derniers occupants de la salle regardèrent Shii et Darui sortir. Quand la porte fut refermée, A prit alors la parole, tout en activant prestement un fuuinjutsu émetteur d’onde de chakra insonorisant la pièce.
- Encore une fois, je suis désolé pour ces désagréments, Jiraiya-san, Naruto-san. Shii est comme chaque habitant de ce village. Il glorifie Kumo et son orgueil patriotique, et méprise les autres villages. Il ne supporte pas le fait que ce soit votre village qui ait remporté la dernière guerre et méprise particulièrement les ninjas de Konoha.
- Ce n’est pas grave, répondit Jiraiya. « Nous comprenons. L’animosité entre villages anciens ennemis est présente un peu partout. Quoi que, Raikage-dono, vous devriez le prévenir de se modérer en présence de ninjas étrangers. Moi et mon élève sommes tolérants, de sorte qu’il n’y a aucun problème, mais c’est bien seulement nous deux. S’il se montre aussi peu diplomate avec d’autres ninjas, cela pourrait mal tourner. »
- J’en ai conscience. Je pensais qu’il allait être raisonnable, mais ça n’a pas été le cas. Je veillerais à ce que cela ne se reproduise pas. Donc, je vous ai fait venir ici Jiraiya-san car vous vouliez me parler, je vous écoute –
- Hey ! Attendez ! s’exclama Naruto, surpris, coupant la parole au Yondaime Raikage. « Sans vouloir vous offenser Raikage-sama, mais comment ça, vous nous avez fait venir ici à la demande de Ero-sensei ? »
- Je ne t’ai rien dis gaki, c’est normal. Il fallait que personne ne sache que c’est moi qui ai demandé l’entretien, de façon à ce qu’on pense que A nous ait convoqué pour te voir. Même si cette raison a du vrai, ce n’est pas uniquement ça.
- Je vois… dit tout bas Naruto. « Et donc, quel est ce sujet que dont tu voulais parler au Raikage ? »
- J’aimerais moi aussi savoir, Jiraiya-san, rajouta A.
- C’est un sujet assez grave… dit alors Jiraiya, faisant froncer les sourcils de Naruto et du Raikage Yondaime. « Je suis ici avec Naruto, au sujet de… Akatsuki. »
Les poings de Naruto se serrèrent automatiquement à l’entente de ce terme. La lune rouge… Akatsuki. Cette organisation du crime regroupant les plus dangereux criminels du monde, provenant tous de différents villages, avec des passés différents. Des traîtres tous, terroristes, meurtriers, fugitifs, régicides. Leurs identités cachées pour la plupart, mais ne les rendant pas moins menaçant… Plus particulièrement pour Naruto… et les personnes comme lui, les Jinchuuriki. Dangereux pour lui, autant que pour son ami, Gaara, qui était lui aussi un Jinchuuriki. Car de ce que savait Naruto, Akatsuki les chassait lui et ses semblables, ses frères et sœurs, comme des animaux, de la vermine. Et ce, pour s’emparer de leurs Bijuus, et donc, les faire mourir dans le processus d’extraction. Et de ce que lui avait dit Jiraiya, la mort prodiguée par la libération d’un fuuinjutsu de l’ampleur du sceau de scellements des Bijuus, était la pire mort qui pouvait exister.
Naruto, en tant que maître avéré dans le fuuinjutsu, connaissait et considérait dans toute son ampleur la douleur prodiguée par le brisement manuel d’un sceau. Cette douleur pire que celle de l’écartèlement, si forte et si terrible que les victimes de ce sort pensaient qu’on leur arrachait censément l’âme du corps, qu’on leur compressait et broyait le corps entièrement. Mais de ce que lui avait dit Jiraiya, la mort par la libération du fuuinjutsu pour les Bijuus était mille fois pire.
Pour un Jinchuuriki, le Bijuu devenait partie intégrante du corps et de l’esprit. Le Jinchuuriki ne devenait qu’un avec lui, tout n’étant que symbiose. Leur pensée à chacun, divergeant par défaut, restaient intimement entremêlées, faisant qu’ils devenaient, l’hôte et le Bijuu, deux facettes d’une même pièce – un concept que Naruto avait mis énormément de temps à accepter, comme il était écœuré qu’au final, son cœur et son être rejoigne en un point exact et commun, ceux du Kyuubi –. Ainsi, comme ses semblables, Kyuubi devenait par ce sceau une extension de lui-même, instable et difficile, mais cela restait lui-même. Son réseau de chakra était lié, presque fusionné, à celui de Kyuubi. Le sceau de son père était conçu avec les protections les plus hautes, séparant distinctement sa personnalité et celle de Kyuubi, bien que ses émotions les plus frappantes puissent pénétrer le sceau et atteindre Kyuubi, créant entre eux deux momentanément et spontanément une ouverture et une fusion partielle, mais directe. Dans le cas de certains autres Jinchuuriki, tels que Gaara, les deux personnalités étaient totalement en corrélation, rendant le plus souvent le Jinchuuriki complètement instable. Soit par défection du sceau, soit intentionnellement, dans le but de s’approprier rapidement et efficacement des pouvoirs du Bijuu – Si le Jinchuuriki était compétent pour soumettre son Bijuu –.
Mais quel qu’en était le cas, quel qu’était le Jinchuuriki, tous partageaient un point commun dans le fait que se voir extraire son Bijuu était la mort la plus horrible qui pouvait exister. Car, de par le fait que le Jinchuuriki et son Bijuu étaient liés corporellement et spirituellement, l’un étant indirectement l’autre, les séparer revenait à déchirer leur âme. La douleur interprétée par le corps d’un tel acte était au-delà de chaque seuil répertorié de degré de souffrance. Ce genre de douleur que Naruto savait, sa mère avait ressenti. Le sceau parfait n’existait pas, et la contrepartie du pouvoir obtenu par le scellement du Bijuu, était bien sûr, son descellement.
Et c’était la raison pour laquelle Naruto était, il était obligé de l’avouer, terrorisé par l’Akatsuki. Tout comme Gaara, et sans doute Yagura avant sa mort, l’une des choses qu’il craignait le plus au monde était le fait de se voir retirer Kyuubi de son corps, ironiquement. Et c’était pour ça qu’il se sentait très concerné par chaque information au sujet de l’Akatsuki. Un intérêt vif et sérieux brillant dans son regard, un fait qui bien sûr, n’échappa pas à l’œil de A, et ne l’y trompa pas.
- Cette colère, doublée de cette terreur et cette soif d’information dans tes yeux… maugréa A à l’attention de Naruto, sous l’étonnement de ce dernier et de son maître. « Alors tu es le Jinchuuriki de Konoha… ! » pesta ensuite A. « Ce vieux salaud de Sandaime Hokage s’était bien gardé de le révéler… Maintenant c’est facile à comprendre. Ce satané Minato n’a pas pu tuer Kyuubi, comme je m’en étais douté, et il l’a donc scellé, lui qui était si doué en fuuin. Et dans son fils qui plus est. Et étant donné que tu es en aussi bonne santé que Kushina Uzumaki, il devient clair qu’elle est ta mère, et que c’est bien le fait d’être un Uzumaki qui rend le Jinchuuriki aussi compatible au Bijuu. »
Les deux Konoha-nin furent totalement bouche bée au développement de A. Il avait vu tout juste, et très rapidement. C’était remarquable.
- Je suppose qu’il n’est pas utile de le démentir. Vous avez entièrement raison, Raikage-sama. Je suis du clan Uzumaki, et je suis le Jinchuuriki de Kyuubi. D’où le fait que l’Akatsuki m’inquiète. J’ai rencontré il y a quelques années Itachi Uchiha et Kisame Hoshigaki, qui agissaient en duo sous les couleurs de l’Akatsuki. Ce manteau noir à nuage rouge. Ils veulent capturer les Jinchuuriki et prendre les Bijuus à leur propre fin.
- Oui, je m’en doute, j’ai déjà entendu parler d’eux… prononça A. « Pour être honnête, même si mes services de renseignements ne sont pas aussi compétent que ceux de Konoha, je sais qu’ils ne sont que très peu… Mis à part le danger pour les Jinchuuriki, ils ne sont pas assez pour opposer une résistance, et donc menacer les villages cachés… »
Jiraiya le coupa aussitôt.
- Je me permets d’intervenir sur ce point, Raikage-sama. Je suis entièrement en désaccord avec cette supposition. J’ai justement obtenu certaines informations sur ce groupuscule récemment. Ces derniers se sont remis en activité, et vont commencer à opérer.
Le ton sombre du Sannin ne laissait pas place à une réplique.
- Je suis venu ici te prévenir… continua alors tout bas Jiraiya, son ton devenant glacial, et son regard d’acier. « Tu te complais dans ton arrogance… Mais laisse-moi t’apprendre quelque chose, Raikage Yondaime. Il existe beaucoup plus malin que toi, et beaucoup plus malin que moi… Ce groupe n’est pas du tout à prendre à la légère. Ils sont fourbes et rusés, et ils exploiteront n’importe quelle faille pour accomplir leurs objectifs, quels qu’ils soient. Pour le moment, je ne sais pas pourquoi ils cherchent à s’emparer des Bijuus, mais savoir que de telles sources de pouvoir et de destruction puissent tomber entre leurs mains n’est pas du tout rassurant, et je te mets en garde de suite… Si tu tiens à garder ta Jinchuuriki de Nibi et ton petit frère en vie, tu vas devoir réellement prendre conscience de la menace qui rôde avec ces criminels en liberté. »
- Tsh ! Et comment sais-tu à propos de mon Jinchuuriki de Nibi… Ah oui, ton réseau d’espionnage, évidemment… répondit A, avant de continuer. « Et alors ? Que veux-tu que je fasse ? Ces criminels ne sont même pas réellement apparus à la surface depuis plus de dix ans, et aucun village ne répondrait à l’appel pour éventuellement s’intéresser à ce problème.
- Je démens la dessus aussi, répondit Jiraiya, soudainement beaucoup plus « normal ». « Konoha va se pencher sur ce groupuscule, car je pense qu’il sera hors de question pour le village qu’il ne laisse Naruto se faire enlever. Suna possède Gaara, qui en plus, est récemment devenu leur Kazekage. Et Kiri… Il se trouve que la Mizukage Godaime, Mei Terumī, est très proche du joyeux luron à ma droite. » termina-il alors avec un petit sourire, alors que Naruto ne put lui non plus réprimer un sourire. Il fut cependant intérieurement soulagé que Jiraiya n’ait pas dévoilé mot pour mot la vraie nature de sa relation avec sa Mei-chan. Ce sujet était en décalé total avec l’affaire Akatsuki de toute façon.
A reste silencieux. Non en effet, la dernière chose qu’il voulait était de perdre son petit frère. Il avait beaucoup moins d’attache avec la Jinchuuriki de Nibi, et la perdre ne lui apporterait aucun sentiment de perte autre que celui d’une arme pour son village et de recevoir un affront des kidnappeurs. Mais son frère, hors de question. Il soupira.
- Je verrais ce que je peux faire. Rien que l’idée de devoir collaborer avec d’autres villages m’exècre. Bref. Je vous ai déjà fait assigner des chambres dans un hôtel non loin d’ici, je vais vous laisser vous y installer, et nous en reparlerons plus tard. DARUI !
Aussitôt, la porte s’ouvrit, et Darui arriva alors dans la pièce, avant de s’incliner. « Oui, boss ! »
- Guide Jiraiya et Uzumaki à leurs chambres.
- Ce sera fait boss !
Jiraiya et Naruto se levèrent, voyant que l’entretien était fini pour aujourd’hui. Ils allaient revenir, dans tous les cas, pour que Jiraiya continue. Il semblait que son maître en avait appris beaucoup, mais en avait finalement dit très peu. « Etait-ce parce que j’étais là ? Pourrait-il chercher à me cacher quelque chose… ? C’est possible. Toute hypothèse est à considérer… Je verrais bien. »
***
Le jour suivant.
A et Jiraiya se trouvaient tous les deux dans le bureau du Raikage, assis de part et d’autre du bureau. La salle étant verrouillée et insonorisée avec sécurité maximale, aucune autre personne que eux-mêmes n’avait donc accès à ce qui se dirait ici. Ni Mabui, ni les ANBU ni personnes. C’était hautement confidentiel, et les deux hommes ne pouvaient prendre le risque de laisser filtrer certaines informations. En tout cas, maintenant que la salle était sécurisée, ils pouvaient s’échanger leurs informations en toute quiétude, à l’abri d’oreille indiscrète. Car il y en avait, oui, même à Kumo.
Ainsi donc, durant plus d’une heure, ils avaient discuté avec le plus grand sérieux sur la menace grandissante que représentait Akatsuki. Akatsuki… Une organisation criminelle oui, mais pour A, c’était au final plus que ça. Ces hommes avaient réussi à corrompre plusieurs personnes. Suna avait été corrompue quelques années avant par l’Akatsuki, même Iwa, et beaucoup d’autres petits villages. Akatsuki était une organisation mercenaire, et obtenait des contrats divers de plusieurs villages. Suna avait loué les services d’Orochimaru pour attaquer Konoha, car Orochimaru, non content d’être un ennemi juré de Konoha, était à cette époque certainement encore membre d’Akatsuki. Iwa avait loué maintes fois aussi les services de la lune rouge, cette dernière menant diverses attaques et attentat en étroit partenariat avec les escouades spéciales de destructions d’Iwa.
Ajouté au fait que si Jiraiya avait appris qu’Akatsuki était en mouvement, il avait aussi appris autre chose. Leurs membres étaient au nombre de neuf. En théorie, d’après ce qu’en avaient conclus A et le Sannin, à chaque membre avait été assigné un Bijuu, ou quelque chose dans le genre. Dans tous les cas, il y avait sûrement eu une répartition des tâches précises. Le pire restait qu’ils ne connaissaient pas leurs identités… et donc, ne sachant pas à qui ils avaient à faire, la menace n’en était que plus grande, l’avantage de la surprise étant du côté de la lune rouge.
- Tu n’as pas amené Naruto, Jiraiya. Pourrais-je savoir pourquoi ? demanda A, avant de siroter une tasse de café posée de son côté de la table, Jiraiya faisant de même.
- Naruto est un vrai ninja. Je sais que ce n’est pas un enfant, mais même s’il ne le montre pas, il craint énormément l’Akatsuki. J’ai l’impression qu’intérieurement, il s’est résolu à l’idée qu’ils ne le tuent. Rien que cette pensée me met en colère. Alors, lorsque je vois la peur dans ses yeux à chaque fois qu’on parle de l’Akatsuki, j’ai envie de tout détruire. J’évite donc de parler de l’Akatsuki autour de lui.
- Je vois… prononça A, plus pour lui-même.
- Ouais… Avant de quitter Konoha avec moi, Naruto vivait une vie misérable. Il était la risée de la feuille, méprisé par tout le monde. Une toute petite poignée de personne l’ont aidé durant son enfance, et à peine. Seulement quatre personne, A.
- Quel est le rapport avec Akatsuki ?
- Il est facile à comprendre. Il y a deux choses. La première raison, c’est qu’Akatsuki mette simplement un terme à sa vie. Pour Naruto, ce serait mourir trop tôt, étant donné que sa vie n’a commencé réellement qu’il n’y a trois ans. La seconde raison est similaire… Car, inévitablement, avec la venue d’Akatsuki, Konoha va prendre des dispositions pour protéger Naruto. L’indépendance de Naruto serait sans doute totalement étouffée, le ramenant donc indubitablement à la vérité qu’il n’est qu’un Jinchuuriki aux yeux des gens. Il déteste ce qu’il est, même s’il l’accepte.
A soupira, voyant là les problèmes communs aux Jinchuuriki.
- En ayant été éloigné de Konoha, Naruto a pu s’épanouir entièrement. Il est devenu quelqu’un de nouveau, plus vivant, plus autonome, plus réactif. Il est plus fort, vraiment plus fort. La contrepartie d’un tel progrès est qu’il a développé en parallèle un très fort ressentiment envers Konoha. Même s’il l’étouffe, il n’en est pas moins là pour autant, et l’idée d’être encore mêlé à la feuille le dégoûte… soupira Jiraiya. « Je n’ai jamais voulu ça. Je voulais que mon filleul soit comme son père de ce côté-là, qu’il aime aveuglément Konoha. C’était mon objectif au départ, mais c’était égoïste, et j’aurais fait de Naruto un simple drone. Au final, Naruto est un ninja de la feuille, mais il n’a plus foi en elle. Il voulait devenir Hokage, mais maintenant… Je ne sais plus vraiment. Je crois que ce rêve lui est passé. »
- Il erre donc en tant que ninja sans objectif ? hasarda A. « Il ne va pas aller bien loin sans direction dans sa vie et il deviendra facilement influençable. »
- Et bien… répondit Jiraiya, trainant en longueur, ne sachant pas vraiment comment formuler sa phrase. « Non. A vrai dire, Naruto a bien des objectifs. Mais ça ne concerne en rien l’ambition d’intégrité dans le monde shinobi que possède chaque ninja. Lui, il veut juste vivre sa vie et en profiter comme il l’entend, avec les gens qu’il aime. Même si je ne te dirais pas de nom, je vais juste te dire qu’il a déjà deux amantes, et il leur rend visite beaucoup de fois à l’aide de son jutsu. Il est quelqu’un d’assez complexé, entre son honneur en tant que ninja de Konoha et sa rancœur pour elle, le fait qu’il est un ninja qui méprise la mort mais qui a pourtant une envie de vivre insatiable… Bon sang, ce gaki n’a que quinze ans, mais j’ai l’impression qu’avec ce que je viens de te dire, il en a trois fois plus. »
Les deux hommes se mirent à rire.
- C’est un bon garçon, ajouta alors le Raikage Yondaime. « Il reste responsable et dévoué malgré la complexité de ses sentiments. »
- Et c’est pour ça que je l’adore. Il est tout aussi respectable que son père. Et je n’ai plus aucun doute qu’il est l’enfant de la prophétie.
A resta subitement très silencieux, ne détachant pas son regard de Jiraiya. « Tu te moque de moi, Jiraiya ? » Jiraiya secoua la tête de gauche à droite.
- Non. Je suis tout à fait sérieux, A. Je sais que c’est lui, l’enfant de la prophétie. J’en suis convaincu.
- Celui qui apportera l’équilibre et la justice dans le monde ninja, tel un Nidaime Rikudō-sennin… Et tu penses que je vais croire une fois de plus à tes sornettes !? Qu’en était-il de Minato ?! Tu étais persuadé que c’était lui, et regarde donc ! Il est mort, misérablement ! Ne me parle donc plus de cette connerie païenne. L’enfant de la prophétie n’existe pas, il n’y a que celui qui détient le plus de pouvoir qui influence le monde, Jiraiya !
- Et justement ! répliqua le Sannin. « A, je te le demande une dernière fois. Accorde-moi ta confiance. Je m’étais trompé à propos de Minato. Ce n’était pas lui, l’enfant de la prophétie. Minato était juste désigné dans la prophétie comme un des facteurs pour ramener l’équilibre… Et il a joué son rôle. Il a fait Naruto. Naruto est le Jinchuuriki de Kyuubi, il dispose du talent de ses parents pour le fuuinjutsu, a cette étrange capacité à convertir les gens à sa cause rien que par ses paroles et sa détermination, et sait reconnaître le mal dans les yeux des gens, l’évincer lorsque c’est encore possible. »
A grimaça à l’entêtement de l’homme. Et c’était donc pour ça que le Sannin était venu lui parler ? Parce qu’il avait trouvé le soi-disant « véritable enfant de la prophétie » ?
- Tu vis toujours autant dans tes rêves, Myōbokuzan no Sennin. À mes yeux, les rêves ne se réalisent que lorsque l’on s’arme adéquatement, et non pas sur un destin mystérieux deviné par un crapaud millénaire. À mes yeux, ça a toujours été ridicule. Minato, le Rikudō-sennin, la prophétie. Toutes ces conneries pour moi, c’est que du vent !
Le Yotsuki fit pivoter son siège, se tournant vers son village, les bras accoudé, et son menton reposant sur ses mains.
- Je vais t’aider, révéla alors A. « Ce sera la dernière fois, ninja de Konoha. »
- Merci, A. Merci de me laisser une seconde chance, proféra Jiraiya, intimement soulagé à la décision du Raikage. Ce dernier maugréa à cette phrase de remerciement.
- Ne te méprends pas. Je ne suis pas de ceux qui donnent une seconde chance. Si tu étais venu autrement, je t’aurais tué moi-même pour oser me déranger avec ces futilités. Le fait est que je ne fais pas ça pour toi, tu as déjà gâché ta chance. Je le fais parce que Namikaze Naruto n’a pas gâché la sienne. Je vais temporairement me ranger de son côté, mais je te le promets. S’il échoue, s’il meurt comme son idiot de père et son idiote de mère, je te le promets, je viendrais moi-même détruire Konoha et tuer tous ces insectes insignifiants, et je deviendrais moi-même l’enfant de la prophétie.
Jiraiya acquiesça silencieusement, car il savait que A ne plaisantait absolument pas. C’était l’une des raisons pour laquelle Kumogakure était en réarmement massif, pour laquelle A avait tenté d’enlever Hyuuga Hinata et donc intégrer le Byakugan à Kumogakure, ainsi que d’autre faits. Il renforçait excessivement Kumo dans l’éventualité d’une immense croisade, par la force ou par l’annexion, et réaliser ce fichu idéal de paix qui frappait l’esprit de tous ceux qui étaient sensibles à l’instabilité du monde shinobi.
Si A était prêt à donner une chance à Naruto, la balance pouvait se pencher en défaveur d’Akatsuki et des ennemis de la paix. Ce que voulait Jiraiya, c’était juste un monde sans guerre, un monde sans traitrise. Mais même dans un monde stable ou les cinq grands villages restaient distants et passifs les uns envers les autres, même dans ce monde-là, l’épée de Damoclès subsistait. Il ne fallait d’un rien pour que tout s’écroule, vu que cette paix n’en était pas une. Les cinq villages majeurs étaient striés par de nombreuses plaies de la haine et de l’ambition, et les villages mineurs quant à eux, étaient soit ouverts à vif par les précédentes guerres, soit isolés dans leur faible force et leur misère. Ou même les deux.
Et la guerre n’était jamais loin. Même dans un monde moderne.
***
Comme il s’en était douté, son maître cherchait à lui cacher quelque chose à propos de ce qu’il avait appris sur Akatsuki – Bien qu’il n’arrivait pas à comprendre pour quelle raison… Ça le frustrait. Son maître ne comprenait-il pas à quel point ce sujet lui tenait ? Il fallait qu’il sache. Qu’il sache tout. En face se dressait une dizaine de ninjas de classe S. Avait-il une chance de s’en sortir ? Si Itachi Uchiha usait de son Tsukuyomi, en un seul regard, il le battait. Kisame Hoshigaki lui aussi était un monstre de puissance, qui en plus, aspirait très rapidement le chakra de ses adversaires. Rien que ces deux-là étaient extrêmement difficiles à battre en duel, et en duo encore plus.
A côté de cela, il avait peur aussi pour Mei et Emiko. Plus pour Emiko que pour Mei, certes. Si l’Akatsuki venait à apprendre son lien avec les deux femmes, elles pouvaient être mises en danger. Plus que sa propre mort, c’étaient les leurs qu’il craignait. Et ruminant ses pensée, c’était ainsi qu’il errait sans direction dans les rues de Kumo. Dans ce genre de moment, généralement, il allait rejoindre Emiko ou Mei, et masquant sa peine, s’occupait de la dissiper rapidement avec leur présence. Elles étaient douées pour lui faire oublier ses problèmes. Pourtant, cette fois, il ne le pouvait pas. Il devait rester à Kumo et en vue des unités de surveillances, via un enjeu diplomatique stupide.
Il faisait plutôt froid en Kaminari no Kuni. A l’inverse total des pays comme Mizu, Hi ou Nami no Kuni. Il en était donc de même pour Kumo, situé dans une région à haute altitude, près des nuages. Ce n’était pas comme s’il ne pouvait pas y vivre, mais n’étant pas habitué, cela pouvait être très désagréable à long terme. Jiraiya lui avait dit que le climat était changeant, et franchement, il espérait que l’ermite avait raison. A partir d’une certaine longitude, les pays de la péninsule adoptaient des climats souvent froids. Le temps était d’ailleurs souvent très inégal, étant donné que le temps froid de Kaminari n’était pas comparable au glacial de Shimo no Kuni, qui était pourtant le pays adjacent au sud. Tsuchi no Kuni était aussi un pays très changeant, l’aride au sud se changeant pour le tempéré du milieu, et le glacial du nord. Naruto n’était jamais allé dans d’aussi froid pays, si ce n’était simplement pour l’actuel pays du printemps, Haru no Kuni, anciennement Yuki no Kuni, pays de la neige. Un de ces pays qu’il avait libéré dans le passé, maintenant dirigé par la reine actrice, Koyuki Kazahana.
Et c’était vraiment la toute première fois qu’il venait dans le pays de la foudre et Kumo. En tant que ninja de Konoha, il connaissait certaines choses sur ce village, mais n’avait jamais eu à interagir avec quelconque ninja de Kumo ou en rapport avec. Le village caché des nuages était très actif, si actif que son système de traque des Nuke-nin était aujourd’hui le plus développé. Pour cause, les Nuke-nins de Kumogakure n’existaient pas. Instantanément appréhendés, voire débusqués avant une potentielle trahison. C’était un des côtés qui plaisait à Naruto à propos de ce village. La justice interne restait intacte et impartiale, au contraire de Konoha où le système y était depuis longtemps fourbe et corrompu. Mais pas tous les villages cachés n’étaient composés de clans rivaux, voire anciens ennemis, qui non seulement se pensaient tout permis, mais en plus, étaient au pouvoir depuis la fondation du village.
Naruto se demandait d’ailleurs ce qui se serait passé, s’il avait été un ninja de Kumo… Comme de tout autre village d’ailleurs. Des questions existentielles réellement insignifiantes, mais qu’il trouva importantes sur le coup. Pourquoi n’avait-il jamais pensé à fuir avant ? Il aurait pu le faire depuis longtemps, étant donné que les gens l’ignoraient tellement à Konoha que quitter le village de jour à midi aurait été facile. Rester caché aurait été autre chose… Car s’il ne l’avait pas fait, encore une fois, une énième fois… C’était dû à la manipulation. Encore et toujours ce mot. Manipulation. Manipulateurs. Manipulés. Il haïssait ces termes ! Et à chaque fois, où qu’il était, quoi qu’il faisait, peu importe ce qu’il pensait… Il voyait de la manipulation. Des manipulateurs tyranniques, opportunistes… et leurs victimes innocentes, souvent impuissantes, manipulées. Lui-même avait été de ces faibles gens, enfants. Et même si Hiruzen était connu pour ne pas être manipulateur, les résultats avaient tout de même été là : Il avait souffert. Et il était de plus en plus pessimiste quant à cette normalité ; savoir que cela faisait partie de la nature des gens que de mentir et de comploter. Que c’était dans la nature des gens que d’être par défaut, intéressés. « La fin justifie les moyens… » pensa-t-il, et le terme ne lui en parut que plus vrai, alors qu’il arriva lentement sur une place animée des rue de Kumo. Il avait marché depuis un certain temps après tout.
Mais le calme dépressif et confus du Namikaze ne tarda pas à s’éclipser, alors que le qui-vive s’installa bien vite. Il releva la tête lentement, comme il sentit quelque chose de très menaçant s’ériger autour de lui. Il regarda, en alerte, autour de lui, alors que les nombreux passants marchaient sans vraiment se soucier de lui, lui adressant des regards éphémères en continuant leurs chemins. L’animosité ambiante n’en persista que plus, lui rappelant fortement la tension qu’il avait vécu durant la guerre de Kiri. Les ANBU étaient stationnés tout autour de la zone à le surveiller, il les avait débusqués. Pourtant, ce n’était pas eux la source de la menace. « Mais si ça ne vient pas des ANBU alors… ! »
- SHINEEEE !
Le réflexe de Naruto fut instantané, comme il sortit un de ses kunais et que canalisant son chakra de nature Raiton, il se retourna pour décapiter un Chūnin de Kumo qui s’était faufilé dans son dos pour tenter de l’assassiner. Les passants, civils comme ninjas, s’étaient déjà écarté lorsque le cri avait retenti, certains fuyants, d’autres observant la scène avec attention. L’homme décapité tomba lourdement au sol, avant de se transformer en boue. « Tsuchi Bunshin… Je m’y attendais. » pensa Naruto en souriant, se moquant de la piètre tentative du ninja, avant de sauter en arrière lorsque trois ninjas en tenue de Chūnin l’engagèrent au corps à corps, épées dégainées. Leurs attaques furent rapides et appuyées, en parfaite coordination, montrant à l’Uzumaki qu’ils avaient préparé leur stratégie avant le combat. Naruto dut reculer à l’intensité des trois Kumo-nin, penchant entre l’amusement et l’énervement. Amusé, car ces trois Chūnins semblaient penser avoir une chance contre lui ; Enervé, car de tous les gens autour de lui, même les ANBU, aucun ne semblaient dans ce cas-là vouloir arrêter ces trois arrogants. Encore une fois, Naruto sauta en arrière, interrompant alors brusquement l’échange de coup. Les Chūnins n’appuyèrent cette fois pas leur attaque, étant donné que l’un des trois avait le sabre fendu.
Naruto leur fit un sourire hautain, voyant clairement que suite à l’entaille sévère dans le katana de l’un, les trois avaient été contraints d’arrêter de se battre pour réviser leur plan. « Des utilisateurs particuliers du kenjutsu… Ou alors… » Naruto s’éjecta sur le côté, évitant de justesse un autre ninjutsu Doton. Deux murs ayant manqués de se refermer sur lui pour le broyer. « J’avais oublié l’autre guignol avec son clone. » Il n’en sourit que plus, voyant là un moyen d’occuper son temps…
- Alors voici l’une des deux enflures de Konoha qui se permet de venir dans notre village ! railla l’un des quatre hommes qui maintenant l’entourait. « Naruto Namikaze, le fils de ce salopard de Yondaime Hokage ! Tu as du culot de venir ici montrer ta sale gueule ! On va te tuer pour l’exemple ! »
Naruto se mit à rire gaiement, sous la colère naissante des quatre Kumo-nin. « Les trois-là, ce sont des Chūnins. Celui à leur gauche, c’est un Jōnin. Je crois qu’ils ne vont même pas m’amuser, ces crétins… »
- J’en ai tué des centaines comme vous, révéla alors Naruto, sous la crispation des quatre shinobis de Kumo. « C’est dommage pour vous que vos copains tout autour ne font rien pour stopper votre bêtise… Car maintenant -… » Il apparut alors derrière eux, penché à l’oreille de celui qui lui avait parlé. « C’est trop tard pour m’arrêter. »
Les quatre shinobis écarquillèrent leurs yeux en ne comprenant pas. A peine une seconde auparavant, il était à plus de dix mètres d’eux… Il ne l’avait même pas vu disparaître ! « Quand est-ce que tu… ! » L’homme ne finit pas sa phrase, qu’il reçut alors un Rasengan dans le ventre, et hurlant, il termina trente mètres plus loin, enfoncé dans le mur, ses yeux révulsés sous la puissance du choc. Dans un silence absolu de tous, il s’écroula au sol avec quelques débris du mur effrité sous l’impact du corps. En moins de dix secondes, ils venaient tous de voir les deux jutsus les plus célèbres du quatrième Hokage s’exécuter devant leurs yeux.
- A qui le tour ? prononça froidement Naruto, alors qu’il brandit son kunai Hiraishin.
Poussant de grands cris, les trois autres s’élancèrent sur lui, en rage d’avoir perdus leurs compagnons, sous le sourire moqueur de ce déchet de Konohagakure.
- Fūton : Tōhan… prononça alors Naruto en exécutant prestement les mudras nécessaires. Il s’envola à plus de vingt mètres de hauteur, alors que ses trois adversaires préparèrent des jutsus élémentaires à distance de leur soin. Voyant qu’il avait occupé totalement leur attention en se mettant de lui-même en position vulnérable, il fit alors automatiquement cesser son jutsu. Ils lancèrent leurs techniques sur lui, et ce fut à leur surprise qu’une fois de plus, il disparut dans un petit éclat jaune, réapparaissant instantanément derrière l’un d’eux, laissant alors leurs jutsus continuer dans le vide.
- Raiton : Kanashibari no jutsu ! s’exclama alors Naruto, électrocutant fortement le second Kumo-nin, un autre Chūnin.
L’homme hurla à la décharge d’électricité, avant de sombrer dans l’inconscience et de tomber au sol. Les deux ninjas restant serrèrent les dents à cette vue, alors que le garçon avait neutralisé deux d’entre eux comme s’ils étaient de simple Genin. C’était humiliant.
- Si c’est là le niveau des ninjas de Kumo je suis déçu. Je m’attendais à plus que ça.
- Bon sang ce fumier ! jura le Chūnin restant des trois dans un grognement, alors que le Jōnin n’en pensait pas moins. « Si tu n’avais pas ton maudit Hiraishin… »
Résolus à le tuer, ils s’élancèrent de nouveau sur lui. Naruto s’apprêtait à se mettre en position pour se défendre lorsque qu’un arrivant insolite se mit en travers du chemin des deux Kumo-nins qui l’attaquaient. Ces deux derniers arrêtèrent leur course, sentant dès lors le danger à continuer leur chemin. Naruto croisa les bras après avoir rangé son kunai, comme il savait que la fête était terminée. « Bonjour Darui-san. » prononça Naruto alors que le concerné ne s’en retourna pas pour autant vers lui, continuant à regarder avec colère les deux ninjas de Kumo.
- Pousses-toi, Darui ! s’exclama le Jōnin avec un mouvement de balayement du bras. « Ceci ne te concerne pas. »
Darui resta figé, le regard sombre. Lorsqu’il dégaina son zanbatō sans rien dire, les deux ninjas se calmèrent aussitôt. Ils comprirent automatiquement qu’ils allaient avoir des problèmes. Darui, connu comme le bras droit du Yondaime Raikage, n’avait pas ce titre pour rien. Il était un Jōnin d’élite, et non content d’être un élément brillant du clan Yotsuki, il possédait leur rare Kekkei Genkai. S’ils continuaient, même si c’étaient pour rendre justice en tuant Namikaze Naruto, ils seraient sans nul doute sur la liste des ennemis de Kumogakure, et tout n’aurait servi à rien. Darui ne fit que préciser ce fait.
- Vous avez attaqué un ambassadeur de Konoha sans raison en présence de témoin et d’ANBU. Ce même ambassadeur qui se trouve être le fils d’un des Hokage de Konoha. Cet acte, s’il parvient jusqu’aux oreilles de Konoha, sera interprété comme de la plus haute trahison. Et sachant que Konoha a des liens avec Suna et plusieurs autres villages cachés, nous nous retrouverions en guerre contre un ennemi qui nous annihilerait. Faites un pas en avant, et je vous mets en pièce.
La réplique fit son effet, et les deux ninjas de Kumo restèrent où ils étaient. Naruto constata ironiquement qu’ils n’avaient pas peur de lui, mais en revanche, craignaient Darui. Quelle naïveté. Une escouade d’ANBU arriva sur les lieux, sous les chuchotements des gens ayant vu la scène et entendu le discours de Darui. Bientôt, les quatre inconscients qui avaient attaqué le Nidaime Kiiroi Senkō furent emportés par les ANBU, pour répondre de leurs actes. Intérieurement, Naruto riait en imaginant la tête qu’allait faire Jiraiya en voyant qu’il s’était encore empêtré dans une situation pas possible. « Ne t’attire pas d’ennuis, Naruto ! Ce n’est pas le moment pour ça ! » qu’il disait. Il allait être servi… Il revint à la réalité lorsqu’il vit Darui approcher, ayant rengainé sa lame dans le fourreau sur son dos. Le Jōnin lui adressa un sourire contrit.
- Je ne vous ai pas répondu. Bonjour, Naruto-san. Encore une fois, nous sommes obligés de nous excuser pour les problèmes encourus. Non seulement ils vous ont attaqué mais en plus, les ANBU sur les lieux ne sont pas intervenus. Soyez assuré que chacun se verra sanctionné pour ce désagrément, et j’espère sincèrement que cela n’atteindra pas votre village. La dernière chose que je voudrais, ce serait qu’une guerre nous tombe dessus. Ce serait vraiment super naze.
Naruto émit un petit rire.
- Ne vous en faites pas Darui-san. C’est insignifiant à mes yeux. Ne le prenez pas mal, mais je m’y attendais un peu.
- Pas de problème ! Honnêtement… moi aussi, répondit alors Darui.
A l’honnêteté de Darui et sa réponse, Naruto ne put s’empêcher d’éclater de rire. Darui l’y rejoint vite. Quelques secondes après ils se calmèrent.
- Dites, Darui-san, avez-vous quelques chose à faire cette matinée ? Je n’ai absolument pas envie de m’entrainer et je m’ennuis comme jamais. Que pensez-vous d’aller boire un café ou quelque chose et de discuter ?
- Je serais ravi d’accepter, Naruto-san… Malheureusement, aujourd’hui ce ne sera pas possible étant donné que boss m’a chargé de plusieurs tâches.
Le ton et le regard de Darui prouva à Naruto qu’il était sincère dans son refus forcé. Il acquiesça avec un sourire, rassurant Darui sur le fait qu’il n’y avait aucun problème.
- Je peux cependant vous indiquer un endroit sympathique Naruto-san, rajouta alors Darui, avant de sortir une carte en indiquant leur position. « C’est ici, au nord. Un petit établissement basé en hauteur. Si vous voulez passer le temps, allez-y, vous y avez la vue du village au complet. C’est loin d’être naze ! »
- Ce n’est pas une mauvaise idée, dit alors le Namikaze. « Merci pour l’info, Darui-san. J’ai trouvé l’endroit où passer mon temps, ‘ttebayo ! »
Darui acquiesça, avant de lui serrer la main. « A une prochaine fois, Naruto-san. Amusez-vous bien ! » Naruto hocha la tête, avant de le laisser s’en aller. Et le revoilà seul face à son propre ennui. « Eh bien, au moins, j’ai un endroit où aller. Allons voir de quoi il s’agit… »
***
C’était curieux qu’il avait alors découvert l’établissement… Un petit café qui en effet, donnait sur une terrasse en altitude, la vue totale sur le village. Il y était entré, reconnu toujours aussi rapidement, bien qu’il n’était pas sorti avec sa cape. Heureusement, les gens ne l’avaient pas repoussé. Ils avaient agis normalement, et le garçon avait donc pu s’installer. Regardant Kumo tout en réfléchissant, il était resté tel quel avec un café, jusqu’à ce que quelque chose n’attire son attention. Cette « chose » qui l’avait convaincu du fait qu’il était satisfait que Darui l’eut guidé jusqu’ici. C’était la voix d’une femme. Une jolie voix d’alto, qui venait de l’étage, ainsi que des notes de musique provenant d’un instrument à corde. Naruto le reconnut vite comme étant un shamisen.
C’est ainsi qu’il monta. Et c’est aussi de la sorte qu’il rencontra alors cette femme, qui chantait. Il n’y avait personne ici à part elle, et ce n’était uniquement qu’à son ouïe meilleure que la moyenne qu’il avait entendu la jeune femme. Silencieux, il s’installa alors sur un coussin en tailleur, pour l’écouter. Elle ne s’arrêta bien sûr pas, mais lui adressa un bref regard droit dans les yeux, avant d’en revenir à son occupation. Elle était belle, avec ces jolie yeux noir, qui bien que neutres, presque froids, possédaient aussi de la douceur… et de long cheveux blonds mâtes attachés en queue de cheval. Les traits de son visage étaient fins, et bien que son corps était caché sous un yukata aux couleurs vives, Naruto sut que sa silhouette en était tout aussi fine. Naruto remarqua bien vite à la raideur des mouvements des doigts de la jeune femme sur les cordes du shamisen qu’elle était une ninja de Kumo. Cela n’y trompait pas.
Mais elle était une kunoichi absolument ravissante.
Et pendant plus d’une heure, installé à l’écart dans la pièce, Naruto l’écouta jouer de son instrument et chanter de sa voix mélodieuse, répétant divers morceaux et en essayant d’autres. Lui qui voulait égayer son temps dans ce village, il venait de tomber sur ce que son imbécile de maître appelait « un diamant brut ». Il fut soulagé d’un côté que sa présence ne la dérangea pas, et qu’elle puisse exercer en sa présence. Jusqu’à ce qu’elle n’arrête. Le fait fut qu’elle ne lui adressa aucun regard, pas même un seul, mais comme elle l’avait regardé au tout début et qu’elle savait donc qu’il était là, cela le conforta dans l’idée que sa présence n’était au final plus vraiment nécessaire. Après tout avec ce qui s’était passé deux heures auparavant, il avait bien compris qu’il n’était pas aimé ici – et il ne voulait pas vraiment provoquer la colère de cette kunoichi.
Il se leva alors discrètement, et s’en retourna alors vers l’escalier, pour redescendre. Peut-être que Jiraiya le cherchait maintenant.
- Merci, pour m’avoir écouté, entendit-il alors de la kunoichi. Se retournant vers elle, légèrement surpris, elle continua sans pour autant le regarder. « Peu de gens apprécient mon passe-temps et préfèrent l’ignorer. »
- Je ne vois pas pourquoi… hésita Naruto. « Vous avez une voix magnifique. Ignorer votre talent et ne pas l’apprécier revient à être hypocrite ou insensible. » rajouta-t-il avec cette fois plus d’assurance.
Cette fois cependant, elle le regarda, et de façon si appuyée qu’il eut envie de baisser les yeux plutôt que de soutenir ce regard. Elle eut un petit sourire accompagné d’un rougissement presque indécelable.
- Merci du compliment… Namikaze-san.
Naruto haussa les sourcils, curieux.
- Excusez-moi, mais comment connaissez-vous mon… il interrompit sa question, avant de rire nerveusement. « Oubliez ce que je viens de dire. J’ai tendance à oublier que je suis un peu connu… »
Elle ne répondit pas, toujours occupée à le dévisager. Cette situation ne l’en mit que plus mal à l’aise.
- Hee… Pourrais-je avoir votre nom… ? demanda-t-il avec un sourire timide.
- Yugito, répondit-elle simplement. « Yugito Nii. »
C’était un joli nom. Un joli nom pour une jolie dame. « Yugito… » Il lui fit un grand sourire.
- Et bien, Yugito-san, je suis très content de vous avoir rencontré. J’espère vous revoir pour vous écouter à nouveau ! s’exclama-t-il joyeusement, mais aucune réponse ne venant d’elle, il ne tarda finalement pas à quitter la salle, et sortir de l’établissement. Il avait pris beaucoup de plaisir à l’écouter, mais il semblait bien qu’elle était trop taciturne pour discuter… Avec lui de surcroit.
« Honnêtement, je doute la revoir. C’est une Kumo-nin. Ces gens n’aiment pas Konoha. »
Il soupira, décidant de rentrer à l’hôtel où il passait son séjour. Jiraiya était sans doute là, et il allait essayer de le faire parler à propos de ce qui s’était dit avec le Raikage. A plus ignorer l’Akatsuki, il en venait à n’y penser que plus. C’était vraiment énervant.
***
Le jour suivant.
Naruto ressentait l’envie de voir Yugito Nii, mais au final, il avait choisi de ne pas retourner à cet établissement. Il ne savait pas pourquoi. Enfin… Si. Yugito était une ninja de Kumo. Ce n’était pas le fait qu’elle provenait d’un village ayant toujours été ennemi avec Konoha qui le dérangeait. Il se fichait de ce fait. Même s’il se méfiait de Kumogakure, il n’en était pas au point de devenir le xénophobe pseudo-patriote vulgaire et lambda que l’on croisait à chaque coin de rue. C’était un facteur superficiel, pour cause… Lui, un ninja Genin de Konohagakure no satō, était le fiancé de la Godaime Mizukage de Kirigakure, un autre village caché.
Non, le fait était que Kumo n’était pas comme Kiri. Kirigakure sortait de la guerre. Ses habitants étaient ouverts, joyeux, pleins d’espoirs, bien vivant, et par-dessus tous, pacifistes. Kumogakure en revanche, se réarmait massivement depuis plusieurs années. Ses habitants étaient entièrement fermés, ils ne venaient pas vers les étrangers, étaient xénophobes, conservateurs, et leur culture était basée depuis longtemps sur la force, l’activisme et plus généralement, le mépris de la faiblesse. Si Naruto se liait d’amitié facilement avec toute personne, c’est plus compliqué à Kumo… Et il ne désirait pas vraiment aller embêter cette jeune femme, Yugito. Dans la mesure où elle s’ouvrait à lui, cela pourrait lui nuire par rapport au reste de Kumo. Il en avait bien conscience. Même s’il avait eu un intérêt pour elle, mieux valait ne rien faire plutôt que ne commettre une erreur.
Ainsi, il avait entamé une nouvelle journée seul, dans ce village. Il avait à peine parlé à Jiraiya le jour précédent, et lorsqu’il s’était réveillé, l’homme était déjà parti voir A. Encore ces discussions à propos d’Akatsuki, et sans doute à propos des relations Konoha-Kumo. Cette fois, Naruto avait finalement décidé de s’entraîner. Jiraiya n’étant pas là pour lui, et comme il ne pouvait pas partir voir Mei ou Emiko, les choix étaient vite faits… Dans ce village, il n’avait vraiment rien à faire d’autre. Ce fut donc rapidement et discrètement qu’il quitta l’hôtel et partit en direction des terrains d’entraînement.
Comme toutes zones d’entraînement, les terrains – qui s’étendaient sur plusieurs hectares – se trouvaient à l’extérieur du village. Quelques plaines, des plateaux, des lacs et rivières… Comme dans chaque village caché, c’était le genre d’endroit à relief et flore variés pour répondre à la demande des formations shinobis. Et marchant au sein du secteur, cette fois sans ANBU à sa suite, Naruto n’avait pas mis longtemps à trouver un endroit et s’y poser, commençant alors plusieurs exercices pour s’échauffer. Silencieusement, il se mit à penser à tout ce qu’il avait fait jusqu’ici, comment il en était arrivé là, comment il avait changé… Malgré le fait que l’atmosphère à Kumogakure était tout à fait monotone, Naruto ne put s’empêcher de sourire.
Il s’était passé tellement de chose depuis son départ de Konoha. Lui qui était cet enfant braillard, secrètement désespéré et qui cachait son cœur criblé de douleur derrière un masque de jovialité… Si bien qu’il en était arrivé à se mentir à lui-même. Il avait réellement cru à sa chance au bonheur à Konoha. Repenser à ce Naruto d’avant le fit rire. C’était comme un autre lui. Il se demandait comment cet ancien lui aurait réagi en le voyant, et comment il aurait sautillé partout en sachant qu’il allait devenir comme ça. Après tout, il avait quand même fait un sacré bout de chemin. La désertion de Sasuke avait été l’élément déclencheur, ce qui avait fissuré ce masque, commençant à lui faire voir de nouveau la réalité : rien n’avait changé depuis qu’il avait décidé d’être comme il était, un menteur. Il avait été idiot. C’était en partie à cause de son masque que Sasuke était parti, car non content de ne pas avoir cherché à réellement aider Sasuke, il avait étonnement progressé sous la tutelle récente de Jiraiya. Kuchiyose no jutsu, Rasengan, optimisation du Taijutsu, contrôle du chakra. Les progrès avaient été là, ce qui avait rendu jaloux Sasuke et lui avait apporté le faux constat que Konoha retenait son talent car elle ne lui offrait pas assez. Encore aujourd’hui, ces propos de l’Uchiha le dégoutaient. Cet arrogant avait prétendu ne pas être assez gâté… Et avait été jusqu’à rejoindre un criminel des plus méprisable sous prétexte vouloir rétablir l’honneur du clan Uchiha.
Après cet arc, le départ de Konoha avec Jiraiya… Là, il pouvait parler de libération, pour beaucoup de choses – car effectivement, il en était venu à la conclusion que Konoha avait été une prison pour lui. Mais à l’inverse de ce stupide Uchiha, pour lui, c’était un cas avéré. Et il avait acquis dès lors de nouvelles bases. Désapprenant ce qu’il avait appris, pour réapprendre sous l’enseignement de Jiraiya. Un enseignement rigoureux, mais tellement passionnant, pour lui qui n’avait jamais connu rien d’autre que la solitude et le sentiment d’être un fardeau ou un échec. Et il avait acquis ce nouveau point de vue sur la vie. Rattrapant en un an tout ce qu’il avait manqué pour l’amplifier à des niveaux très compétents. Tout cela à l’aide du Moreru no fuuin et du Kage Bunshin no jutsu, et par corrélation, sa quantité excessive de chakra.
Puis il avait rencontré Emiko, l’une des rares personnes qu’il aimait de toute son âme. Elles se comptaient après tout sur le bout des doigts. Hiruzen, malgré son ambiguïté et sa faiblesse par rapport à Konoha, restait une des personnes qu’il considérait précieuses. Les Ichiraku, père et fille, Teuchi et Ayame. Il les adorait, les raisons étaient évidentes. Puis Iruka. Un grand-frère véritable pour lui, là encore, les raisons étaient évidentes. Venait ensuite Tsunade et Shizune, respectivement mère et grande sœur. Les deux femmes lui étaient très précieuses, après tout. Venait ensuite Jiraiya, bien évidemment. Si Iruka et Shizune étaient pour lui la fratrie et Tsunade sa mère, Jiraiya était substitué à son père. Jiraiya était là pour tout. Ils riaient ensemble, s’entrainaient ensemble, pleuraient ensemble – Même s’il préférait ne pas penser à ces moment, dignité obligeant… -, ils se battaient côte à côte, voyageaient ensemble, débattaient l’un avec l’autre, et plus simplement… Ils vivaient ensemble. Et c’était ça qui faisait que Naruto voyait en lui un véritable père. L’homme lui avait dédié une partie de sa vie et l’élevait comme un fils plus que le formait. Et puis enfin, Emiko et Mei. Ses femmes. C’était étrange de verbaliser un tel terme, mais c’était bien le cas. Aujourd’hui, elles étaient ses femmes. C’était suffisamment explicite pour ne pas avoir besoin de conceptualiser le lien… Il les aimait, allait se marier avec elles dans un temps plus ou moins proche, et ils aillaient partager leurs vies. Sa vie était au final, mille fois plus belle qu’avant.
Ainsi, l’esprit plus détendu, il fit l’exercice de contrôle de chakra qu’il avait l’habitude de faire.
***
Yugito Nii était curieuse, vraiment curieuse. En fait, cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas ressenti un tel sentiment de curiosité. Elle qui avait mis de côté toute exaltation, toute émotion et toute curiosité de vie pour s’occuper presque intégralement de sa vie de kunoichi. Elle ne connaissait que peu de monde et ne fréquentait presque personne au-delà du Raikage en toute formalité, et quelques Jōnins du village, de façon toute aussi formelle, et ça s’arrêtait là. Yugito n’avait jamais eu de personne de confiance, encore moins d’amis ou de proches. Elle ne voulait pas, et n’avait jamais voulu tisser de lien, pas qu’elle pouvait même si elle le désirait de toute façon…
Elle était la Jinchuuriki du Nibi no Nekomata, le démon chat à deux queues. En tant que telle, récipient maudit d’un des neuf Bijuus, sa vie monotone s’en résumait à l’entraînement et la solitude. A vingt-huit ans, sa vie était le stéréotype du Jinchuuriki. Ses parents étaient de ce qu’elle s’en était souvenue, des ninjas tout ce qu’il y avait de plus commun, bien que provenant d’une lignée de puissants ninjas, ancestrale et réputée, voire prestigieuse. Elle avait appris qu’à ses deux ans, un accord avait été fait avec le Raikage pour faire d’elle la Jinchuuriki du Nibi. Cependant, ils étaient morts au combat contre Konoha dans les dernières années de la troisième grande guerre shinobi, alors qu’elle n’avait que sept ans, mettant alors fin pour de bon au prestige du clan, dissous à leur mort. Et elle, était restée, ne sachant pas vraiment ce qu’elle allait devenir. Elle n’avait rien ressenti de plus qu’une simple peine à leur départ… Ses parents n’avaient jamais été proches d’elle, malgré qu’elle fût leur fille unique. Orpheline, sans nom, elle était donc entrée dans le programme académique shinobi du village, comme son clan disparu avant elle. Et c’est là que sa vie commença.
Elle était douée. Particulièrement douée. L’esprit extrêmement vif, les réflexes fulgurants, brillante dans son parcours d’étudiante, elle avait alors surclassé ses paires, telle une véritable génie. Elle avait facilement été remarquée par le village, et comme Kumogakure valorisait le talent et la force, elle était toute indiquée pour accéder à l’élite du village… C’était quatre ans plus tard, lorsqu’elle avait atteint les dix ans et demi, alors que ses résultats excellaient en permanence, que la raison pour laquelle elle était née s’exauça. La guerre prenait un penchant sinistre pour Kumogakure, et les aspirants fraichement promus étaient aussitôt envoyés sur le front pour se battre et repousser l’ennemi – en vain, la majorité ne revenait jamais, et les rares survivants abandonnaient le service par inaptitude psychologique. Yugito n’aurait alors pas échappé au service néfaste après avoir été promue Genin rapidement, si ce n’était pas pour le fait que le Raikage Sandaime, le père du futur Yondaime Raikage, s’obstinait à créer et élever des Jinchuuriki pour gagner la guerre.
Le Hachibi était très connu à Kumo lorsqu’elle avait dix ans. Il avait été scellé cinq ans avant dans un jeune ninja appelé Bee, Yotsuki Bee, petit frère adoptif de Yotsuki A. Alors, lorsque le Raikage Sandaime remarqua son talent en tant qu’aspirante kunoichi, elle fut en ligne pour devenir une véritable arme. Elle était excessivement compétente dans les trois arts ninjas principaux, particulièrement en ninjutsu. Elle était intelligente et futée, endurante, s’adaptait facilement à chaque condition de combat, et il ne se passa qu’à peine un mois après que le Raikage eut posé la vue sur elle avant qu’elle ne fut emmenée par des hommes qu’elle ne connaissait pas. Le soir même, ils accomplissaient le rituel de scellement du Nibi no Nekomata en elle, la condamnant alors à une vie sans répit. A dix ans, Yugito, sans nom, orpheline, devenait pour de bon un énième Jinchuuriki de Nibi. De ce qu’elle savait, tous ses prédécesseurs étaient morts en ayant tenté de contrôler Nibi, qui libéré, était un monstre félin atteignant les quinze mètres de haut. Monstre qui ne manquait pas à chaque libération, de faire de nombreux dégâts, fidèlement à chaque Bijuu en liberté.
Dès lors qu’elle fut intégrée à Kumo en tant que Jinchuuriki, sa vie changea… diamétralement. Les gens l’isolaient, la fuyaient, la haïssaient. Certains l’avaient frappé, d’autre avait même craché sur son chemin devant tout le monde, de sorte à l’humilier aux yeux de tous. A la fin de la même année où le Nibi fut scellé en elle, le Sandaime Raikage mourut au combat, et avec lui, le projet d’élevage des Jinchuuriki. Sa vie fut encore pire, car si elle était entraînée rigoureusement par certains ninjas pour en faire une arme, lors de la mort du Sandaime, le projet d’initiation étant abandonné, elle fut donc entièrement délaissée, comme un objet n’ayant plus d’utilité. Et la fin de l’année suivante, lorsque la défaite de Kumo fut annoncée, et l’armistice signée – Konoha étant vainqueur – l’utilité de sa vie fut alors symboliquement effacée. Elle, qui avait été faite Jinchuuriki contre son gré pour remporter la guerre après qu’elle fut au maximum de ses moyens, se voyait alors haïe de tous et inutile, car il n’y avait plus de guerre. La base de son existence était compromise. Cette existence qu’elle n’avait pas demandée. Elle avait juste voulu une vie meilleure en étant une kunoichi de renom.
Et donc, depuis ce jour, sa vie ne se résumait qu’à améliorer ses talents de kunoichi. Ninjutsu, taijutsu, genjutsu, ses compétences de Jinchuuriki. C’était tout ce qu’elle avait, car à l’inverse de Yotsuki Bee, son semblable – Jinchuuriki de Hachibi –, elle n’était pas vue comme un héros, mais comme un échec. Bee le protecteur de Kumo, mais Yugito l’inconnue, l’exclue. Elle s’était depuis lors ajouté le nom de Nii, en référence symbolique à sa condition de Jinchuuriki, et se contentait de vivre pour voir le jour suivant. Elle ne pouvait rien faire d’autre… Après tout, c’était bien connu que les Jinchuuriki récalcitrants étaient descellés, et elle était au courant de la douleur du processus. Et un Jinchuuriki craignait par-dessus tout ce descellement – qui non content de représenter le déshonneur ultime, représentait aussi l’entrée aux enfers.
Et c’était là qu’elle en était.
À ressentir cette émotion. Curieuse, oui, c’était ce qu’elle ressentait, de la curiosité… Pour ne pas dire de l’attirance. Elle ne savait pas pourquoi. Pourquoi, d’ailleurs ? C’était une Jinchuuriki ! L’autoproclamée seconde ninja le plus fort de Kumogakure, qui dans un sens pouvait se prouver. Une Jōnin d’élite ! Une tueuse impitoyable bien que modeste. Mais ce garçon… Namikaze Naruto. Elle en avait entendu parler assez souvent ces derniers temps. Vraisemblablement plus fort qu’elle. Si l’information qu’il avait tué à lui seul Yagura était avérée, c’était peut-être vrai. Bee et elle avait beaucoup parlé du Yondaime Mizukage, Yagura – ainsi que du Godaime Kazekage, Gaara. Ces deux-là étaient leurs semblables et semblaient être leurs équivalents. Bee avait même certifié que Yagura et lui étaient grossièrement de même niveau – et logiquement plus forts qu’elle. Si ce Naruto Namikaze avait vaincu le Jinchuuriki parfait de Sanbi en pleine possession de ses moyens, elle en venait à se questionner si elle avait une chance contre lui. Comparer le niveau des ninjas en prenant en références d’autres ninjas était bien sûr grossier et hâtif – car un ninja de haut niveau pouvait être battu par un autre ninja de niveau moindre selon un contexte particulier – mais généralement, les estimations de niveau via ce processus restaient relativement fiables. Et dans cette logique, Naruto Namikaze avait par défaut de très grande chance de la battre. Elle se demandait à quel point.
Quand elle l’avait vu… Elle ne savait pas. Depuis hier elle n’arrivait pas à retirer son image de son esprit. Il était venu comme ça, à tout hasard et l’avait trouvé… Et il l’avait écouté une heure entière, durant toute sa séance de détente. Elle rougit à cette pensée. Elle adorait chanter en jouant du shamisen, c’était son passe-temps dans cette vie minable. Yugito était connue pour être une personne hautaine et froide, en toute logique car elle ne s’ouvrait à personne. Seul Bee et quelques fois ses trois élèves idiots, ainsi que A et le Jōnin nommé Darui avaient la prétention d’être plus ou moins proche d’elle – sans vraiment l’être –, et de la connaître un minimum. Personne d’autre. Mais là… C’était la première fois. La première fois qu’une personne l’écoutait chanter, la regardait jouer et se détendre. Ces moments qui lui étaient pourtant particulièrement intimes, elle lui avait permis de les vivre avec elle. Elle n’arrivait pas à comprendre comment elle avait pu faire une telle chose.
N’importe quelle personne aurait été chassée ou indésirable à ce moment précis. Et pourtant. Lui, de toutes les personnes, avait été là. Un ninja de Konoha, un étranger que sa condition de Jinchuuriki lui indiquait de tuer…
Mais le pire dans tout cela, le pire restait… Qu’il avait aimé. Il avait aimé sa voix. Il avait aimé son morceau de musique. Il avait aimé la regarder. Pourquoi ? Pourquoi lui et pas un autre ? Pourquoi ce garçon de Konoha l’avait accepté aussi simplement, aussi facilement, alors que jamais dans toute sa vie une personne n’avait fait une chose aussi banale, mais pourtant si… Jouissive. Si valorisante. Si apaisante. Car elle avait aimé. Aimé sentir ses yeux posés sur elle, sentir son attention sur sa voix, sentir sa fascination pour tout son être. Une fascination sereine et sans convoitise malsaine comme chaque homme qui nourrissait un intérêt pour elle. Cette sensation qu’elle ressentait, si étrange. Un désir de l’approcher et de le connaître. Une envie, un simple envie. Une envie de lui ouvrir son cœur, lui qu’elle n’avait jamais vu de sa vie à part la veille, mais qui en une seule heure, avait fait beaucoup plus que la quasi-totalité des personnes qu’elle avait rencontré dans sa vie. Et c’était pour ça qu’après avoir revêtu son uniforme de kunoichi, elle se dirigeait là où elle l’avait vu partir s’entraîner. Elle voulait seulement le revoir. Qu’importe si ce n’était que pour quelques secondes. Elle voulait juste revoir ses jolis yeux bleus.
Ainsi, préoccupée, c’est de la sorte qu’elle arriva à proximité du terrain d’entrainement où Naruto Namikaze s’était installé pour s’entraîner. Une clairière adjacente à un étang, étendue au milieu des bois, de quoi le cacher un minimum des autres. Il ne devait pas penser être dérangé ici, en tout cas pas plus qu’aux autres endroits et encore moins par elle. Elle avait remarqué qu’il n’était pas revenu, et elle avait son idée quant à cette raison. Il avait été captivé par elle, elle l’avait bien compris dans son regard. Ces yeux bleus plein d’amitié et de douceur – il avait été sincère. Mais il était de Konoha, et elle de Kumo… Et sachant qu’elle n’avait pas particulièrement été loquace, il avait dû penser qu’elle ne désirait pas sa présence. Une conclusion hâtive certes, mais logique compte tenu des tensions entre Konoha et Kumo. Et ce fut donc silencieuse que s’arrêtant à la lisière de la forêt elle commença à regarder attentivement son entraînement.
En moins d’une minute, elle sentit la chaleur se répandre sur son visage. Le garçon était torse nu. En temps normal, il n’y avait rien d’étrange ou d’éprouvant à regarder un homme torse nu. Pourtant, ce Naruto Namikaze n’était pas un homme normal, il était loin d’être quelconque. Dès qu’elle l’avait vu, elle l’avait compris. Non seulement il semblait quelqu’un de très ouvert et aimable, mais en plus, il était… diablement mignon. Cette crinière blonde, jaune vive, l’apparentait au genre d’homme que représentait son père. Ce lion intrépide et solitaire, mais juste et loyal. Des cheveux qui rien qu’à les voir captivaient jusqu’à en vouloir les toucher. Mais en plus, il était grand, plus grand que la moyenne… Mais surtout plus grand qu’elle. Et enfin, la chose qui l’avait le plus attiré dans son physique : ses yeux. Ses grands yeux bleus incroyables reflétant l’assurance mais surtout la bienveillance et une malice enfantine. Ce genre d’yeux qu’on pouvait contempler des heures et oublier le temps qui passait.
Mais là, non seulement elle reposait le regard sur lui, mais le fait qu’il était torse nu était beaucoup pour la vue d’une femme comme elle. Il faisait des katas d’un style de taijutsu qui semblait reposer sur la précision, et elle avait la vue sur chaque mouvement. Sa silhouette était fine mais ses muscles étaient forts et bien définis, comme si son corps avait été fait pour supporter des déplacements de grande rapidité et pour des combats demandant beaucoup d’énergie et de force. Et sous ce soleil tapant de matinée, l’air ambiant se réchauffant rapidement, sa peau légèrement dorée par le soleil luisait légèrement avec la sueur, pour lui donner cet aspect tellement… … La rougeur sur les joues de Yugito, son cœur légèrement battant et la soudaine fascination brillant dans son regard parlèrent pour elle. Elle appréciait ce qu’elle voyait.
Alors, à même titre que Naruto l’eut observé une heure le jour précédent sans voir le temps passer, Yugito l’observa s’exercer avec attention, concentrée sur les mouvements agiles et élégants de son corps. Il alla même jusqu’à invoquer un Kage Bunshin et échanger plusieurs coups, ne mettant que plus en avant la dextérité des mouvements du style qu’il employa. Cela, jusqu’à ce qu’il n’arrête finalement de s’échauffer. Yugito fut déçue. A la fois qu’il n’eut aussi vite fini selon elle mais aussi car il n’avait pas montré beaucoup de ses capacités autres que le taijutsu. Elle descendit de l’arbre, atterrissant sans bruit sur le sol, prête à partir. Il avait sans doute renoncé à la voir pour de bon… Et elle ne voulait pas prendre le risque de lui faire perdre son temps.
- Si ce n’est pas une bonne façon de se revoir, Yugito-san ! entendit-elle alors.
Elle sursauta, hoquetant de surprise à la proximité de la voix et rouge de gêne. Elle se retourna aussitôt, pour faire complètement face à Naruto, qui debout, ne se tenait qu’à un mètre d’elle, une main sur la hanche et un grand sourire sur le visage. Elle était sidérée avec la vitesse du garçon. Elle ne s’était retournée qu’à peine une seconde qu’il était déjà juste en face d’elle, et elle n’avait rien entendu ni pressenti. Une vitesse qu’elle n’avait jamais vue de personne auparavant. Elle n’en devint que plus gênée encore, sachant qu’elle était prise en flagrant délit. Mais le fait restait qu’il était là, à un mètre d’elle… Et elle avait une vue totale sur lui. A trente mètre, c’était différent… ! Et lorsqu’elle se rendit compte qu’elle l’avait complètement dévoré du regard sous ses yeux, elle rougit de façon excessive. Elle n’avait jamais été aussi audacieuse avec un garçon… Rectification : Elle n’avait jamais été audacieuse tout court.
Mais si elle l’avait observé sans retenue, cela avait été réciproque. Naruto détaillait la jeune femme avec intérêt, prenant son temps. En effet, elle était vraiment belle. Le jour précédent, il était resté à distance, mais la voir de près était mille fois mieux, chaque trait de son visage, ses yeux noirs et sa silhouette svelte. Elle était magnifique. Tout aussi belle que ne l’étaient Mei ou Emiko. Ses yeux qu’il avait vu grossièrement froids et fermés hier exprimaient là tellement de chose qu’il pouvait presque lire en elle. De la timidité, de la luxure, de la frustration, mais surtout, tellement de douceur que cela en fut à peine crédible. Elle cachait vraiment très bien ses sentiments. Sa peau ivoire avait un léger reflet mâte, preuve d’une exposition au soleil. A l’inverse de son yukata de la veille, aujourd’hui, elle portait son uniforme de kunoichi. Ses cheveux blonds mâtes étaient encore coiffés en cette longue queue de cheval descendant dans le bas de son dos. Son bandeau frontal de ninja de Kumo était attaché sur son front, empêchant à sa frange de retomber sur son front. Sa tenue était particulière. Elle portait un haut noir justaucorps, ainsi qu’une pièce d’armure violette qui lui recouvrait le ventre, s’arrêtant juste au-dessus de la poitrine. Un pantalon standard de shinobi bleu marine, ainsi que des sandales et des mitaines ninjas de couleur noire. Pour finir, sa queue de cheval, ses avant-bras ainsi que ses chevilles étaient recouvert de bandage. Cet accoutrement mettait réellement en valeur son corps. Et tout comme chaque kunoichi dans cette tranche d’âge, elle possédait cette silhouette svelte et musclée qui démontrait là toute son agilité.
- Alors, Yugito-san, vous étiez en train de m’espionner ? taquina-t-il, alors qu’intérieurement, il était réellement content qu’elle soit venue le voir.
Yugito ne sentit que plus de chaleur monter à son visage, alors que la taquinerie du garçon l’avait atteinte. Jamais elle n’avait été prise par surprise de cette façon, et c’était réellement gênant.
- N-Non… J’étais… Enfin, pas vraiment… Je passais juste par-là et… Enfin, vous voyez… bégaya-t-elle en essayant de garder son calme, et de ne pas essayer de s’enfuir comme une petite fille idiote.
A sa réponse, Naruto fut légèrement bouche-bée, avant de se mettre à rire. Yugito s’arrêta tout de suite, avant de rougir d’indignation en plus de la gêne omniprésente. « Q-Qu’est-ce qu’il y a de drôle !? » s’exclama-t-elle, alors que Naruto se calma légèrement et la regarda avec amusement. « C’est juste le fait de vous voir aussi gênée alors que vous semblez être une kunoichi sérieuse, Yugito-san. »
Yugito ne sut comment interpréter cette réponse, aussi elle préféra acquiescer calmement, son rougissement nerveux s’apaisant lui aussi.
- En outre, pourquoi m’espionniez-vous Yugito-san ? Vous ne devriez pas être ici. Les habitants de Kumo n’ont pas l’air d’aimer Konoha et je ne suis pas vraiment le bienvenu ici.
- Je voulais vous revoir, répondit-elle en calmant les battements de son cœur. « Je vous ai remercié hier mais je n’ai rien fait pour le montrer. Mais m’avoir écouté comme ça, si simplement… Je voulais vous dire que ça m’a vraiment fait très plaisir Naruto-san… »
Naruto la regarda un moment. Il vit qu’elle voulait continuer de parler mais qu’elle semblait hésitante, aussi il prit la parole pour l’appréhender.
- Comme je l’ai dit hier, Yugito-san, vous avez une très belle voix et ce serait hypocrite de dire le contraire. Je pourrais vous écouter des heures sans m’ennuyer, dit-il aimablement, alors que le cœur de la jeune femme se réchauffa à ces compliments, aussi, elle se décida.
- Naruto-san, en fait… Je me demandais si vous aviez quelques chose de prévu pour… commença-t-elle, avant de rougir sous le regard du jeune homme. « Enfin… Etant donné que vous avez une mauvaise impression de Kumo, ce serait bien si… Enfin… » Elle s’écouta parler et s’énerva quand elle se rendit compte qu’elle avait l’air ridicule à bégayer autant. D’accord, elle n’avait jamais fréquenté un seul homme pour quoi que ce soit, mais ce n’était pas une raison…
- C’est d’accord, l’interrompit Naruto d’un grand sourire, alors qu’elle fut muette. « Demain soir, dans les alentours de vingt heures ? Qu’en penses-tu, Yugito-chan… ? » continua-t-il, cette fois sur un ton taquin.
Yugito ne se contenta que d’acquiescer, rouge pivoine. Elle venait là d’accepter le premier rendez-vous galant de sa vie.
Un jour à marquer d’une croix.
***
Le jour suivant.
« Il m’a appelé Yugito-chan… »
Ce fut ce que pensa une énième fois Yugito Nii, alors que debout droite devant la glace, dans son appartement, elle réarrangeait les pans de son yukata. Elle était particulièrement nerveuse, tellement que rester devant la glace de la sorte sans bouger était très difficile… D’où le fait qu’elle triturait son yukata en pensant le lisser, alors qu’elle faisait tout le contraire. Son premier rendez-vous avec un garçon… Avec personne d’autre que Naruto Namikaze. Non, elle n’était pas nerveuse. Elle était carrément angoissée !
Yugito était très confiante en ses capacités de kunoichi. Elle n’avait rien à envier de personne, étant donné qu’elle s’auto-qualifiait souvent de seconde plus puissante ninja de Kumo. Elle avait largement les moyens pour y parvenir, bien que réellement, elle fût la troisième plus puissante, A et Bee devant elle. Elle omettait A étant donné qu’il était le Raikage. Ainsi, elle se permettait d’être hautaine avec tout le monde et de prendre de haut la totalité des habitants de Kumo, pas que ceux-ci n’avaient rien fait pour elle de toute façon. Elle les méprisait tous, et inversement, tous la méprisaient. Mais si sa vie de ninja était à envier, sa vie relationnelle elle, était en tout point stagnante… Plus simplement, elle n’avait pas de vie relationnelle. Avec sa réputation de femme hautaine et fermée, en plus d’être Jinchuuriki, les hommes qui l’avaient approché pour essayer d’avoir une relation avec elle avaient tous été plus ou moins mal intentionnés. Elle en avait connu des dizaines et dizaines du genre. Aucun n’avait eu l’occasion ne serait-ce que lui prendre la main. L’approcher était déjà beaucoup. Yugito savait qu’ils essayaient de la fréquenter pour avoir l’opportunité de prendre quelque chose d’elle aux yeux de tous. Son premier baiser, sa virginité, son indépendance… Même sa dignité. Elle l’avait pressenti… A un moment donné de sa vie, vers ses dix-huit ans, elle avait voulu quelqu’un pour elle, la solitude lui étant devenue spontanément insupportable… Et finalement, après autant de personne ayant défilé l’une après l’autre pour tenter leur chance dans un rendez-vous avec elle, elle avait abandonné l’idée de trouver quelqu’un.
Mais aujourd’hui, c’était un espoir fou qui l’éprenait. Elle pensait se faire du mal elle-même à ressentir cette envie de nouveau. Ce garçon… Naruto Namikaze. Il avait beau avoir seize ans, il semblait si lumineux, si gentil et serviable. Il lui avait fait si forte impression qu’après dix ans d’abandon de trouver un jour cette âme-sœur, l’idée de trouver quelqu’un de bien en lui avait surgi devant ses yeux. Elle avait silencieusement pleuré cette nuit, essayant de se convaincre que cette idée était stupide et folle et qu’il était plus sage de renoncer de suite avant de commencer à ressentir quelque chose qu’elle allait regretter plus tard. Que quoi qu’il puisse advenir, le garçon l’abandonnerait dès lors qu’il apprendrait qu’elle était une Jinchuuriki. C’était toujours pareil. Les gens n’étaient que des drones, dès qu’ils entendaient le mot Jinchuuriki, il fuyait. Jinchuuriki, ils couraient. Jinchuuriki, ils vomissaient de dégoût. Jinchuuriki, ils la haïssaient. Toujours. Sans cesse. A jamais. Et malgré cette fatalité… Elle, Yugito Nii, qui ne savait pas ce qu’était être femme, qui ne savait pas ce que c’était qu’être aimée, rêvait bêtement de l’être, et espérait, espérait désespérément, que ce souhait ne se réalise, ne s’exauce un jour… ce jour-là, ou jamais.
« Hahaha… Pauvre, pauvre petit chaton… »
Yugito sortit aussitôt de ses pensées en entendant la voix grave, bien qu’à tonalité féminine. Elle savait qui c’était. « Nibi ? Tu es réveillé ? » questionna-t-elle dans son esprit, sans jamais dévier le regard du miroir devant elle, continuant de s’y observer.
« Depuis un certain temps maintenant… Assez longtemps pour savoir que tu espères faire impression sur ce joli blond du Bingo Book… »
Yugito ne répondit pas de suite, comme elle ne savait quoi dire. Le Bingo Book… Qu’elle avait regardé, et accessoirement, Nibi aussi. Le lien engendré par le sceau de l’armure de fer coupait toute influence du Bijuu, établissant cette « armure de fer » autour de l’hôte, mais en retour, ce Fuuinjutsu de scellement de Bijuu particulier fournissait une interaction pour les Bijuu. Ils pouvaient ainsi voir, entendre et sentir le monde extérieur par l’intermédiaire de leur hôte. C’était un sceau extrêmement puissant et complexe, et même s’il n’était pas au niveau des sceaux de Uzushio, ils restaient les meilleurs dans le monde actuel. Et comme le sceau permettait au Bijuu d’observer facilement le monde à travers l’hôte, la tension d’enfermement disparaissait, rendant le Bijuu beaucoup plus posé. Il intimait ensuite au Jinchuuriki d’établir un lien avec la bête et de s’approprier ses pouvoirs ou mourir dans le processus. Pour elle et pour Bee, cela avait été facile en fin de compte, car tous deux s’entendaient à merveille avec leurs Bijuus, mais ils étaient les tous premiers de Kumo.
Nibi no Nekomata était un Bijuu à la personnalité féminine… Dans la mesure du possible de la personnalité d’un Bijuu évidemment. A la base un amas de haine et de colère, il avait fallu une quinzaine d’année à Yugito pour en arriver jusque-là avec le Bijuu… Qui s’avérait, malgré son caractère particulièrement désagréable, assez sympathique. La bête dormait cependant plus qu’elle veillait, et il était rare qu’elle intervienne d’elle-même.
« C’est là un véritable spécimen de ningen… » continua le Bijuu. « Il détient un grand pouvoir. Tu es tombé sur un morceau de choix… »
Yugito ne put empêcher ses joues de rosir alors que le garçon lui revint en tête. « Mais si… Si jamais il était comme les autres hommes ? Qu’il voulait aussi me faire du mal ? » Il y eut alors un silence complet, à l’absence de réponse du démon en elle. Jusqu’à ce qu’elle ne perçut un rire. Le rire de Nibi. Très rares. Pour faire rire un Bijuu, le plus généralement, il fallait entrer dans une folie meurtrière et le surprendre. Et pour le coup, elle ne comprit pas la nature du rire du Nekomata.
« Le chaton est tout timide et a peur de faire mauvaise impression sur sa première interaction avec un homme… Hahaha. Les ningens me surprendront toujours… »
Cette fois, la jeune femme n’en rougit que plus, gênée et vexée. Un Bijuu se moquait d’elle sur le pathétique de sa vie amoureuse… Voir à quel point c’était pathétique. « Je ne suis pas timide !! Je veux juste qu’il n’ait pas un avis négatif sur Kumo après qu’il sera parti ! » rétorqua-t-elle rapidement, n’accentuant que plus le rire sombre du démon chat scellé en elle.
« C’est le plus ridicule des motifs que tu n’auras jamais donné dans ta vie chaton… »
Yugito aurait normalement répondu. Elle n’était pas du genre à laisser le dernier mot aux autres, même quand ils avaient raison, et elle tort. Elle était particulièrement obstinée là-dessus. Cette fois-là fit cependant exception à la règle, car lorsqu’elle ouvrit la bouche, quelqu’un sonna à la porte de son appartement. Personne ne sonnait jamais – Personne n’avait envie de la fréquenter ou simplement de la voir, mis à part les hommes assez stupides et audacieux pour penser qu’elle irait les laisser entrer chez elle pour lui faire des choses qui la répugnaient rien que d’y penser. Aussi, ils avaient finis par abandonner ce genre de pratique, et plus personne littéralement ne venait lui rendre visite. Une seule personne pouvait donc être susceptible de venir sonner à sa porte… C’était lui. Il était là.
Le cœur de Yugito se mit à battre rapidement, alors qu’elle se fit encore plus nerveuse, essayant d’arranger son yukata le plus possible, voir si ses cheveux n’étaient pas désordonnés, si tout allait bien. Elle ne voulait pas tout gâcher. Haletante et tremblante, elle se dirigea alors vers la porte en traversant son appartement et essaya de respirer lentement pour calmer sa tension. Quand elle arriva à l’entrée, elle s’arrêta devant la porte, la main sur la poignée. Et décida de se lancer, elle ouvrit alors la porte. De nouveau, elle eut le souffle coupé. De nouveau, elle se perdit dans les prunelles bleues du garçon qui lui faisait face, s’y noyant inlassablement. Bien qu’il ne portait pas son bandeau, il était habillé de vêtement shinobis plutôt standards, mais surtout de cette cape orange à flammes noires qu’elle ne l’avait pas vu porter les deux jours précédents, et qu’elle avait espéré voir… Voyant qu’elle n’allait pas parler, perdue dans sa contemplation, Naruto décida de la ramener lui-même de son petit rêve.
- Bonsoir, Yugito-chan !
Cela eut manie de la ramener à la réalité, alors que son cœur ne battit que plus quand il l’appela « Yugito-chan ». Jamais dans sa vie quelqu’un ne l’avait appelé comme ça. C’était agréable.
- B-bonjour Naruto-san… répondit-elle. « Je vous attendais… »
Le sourire du blond sembla s’accentuer, comme il lui tendit alors le bras. « Me ferez-vous l’honneur, mademoiselle ? » lui dit-il, alors que rougissante, excessivement sensible à ses petits charmes, elle saisit timidement son bras après avoir refermé la porte. Mais pourquoi était-elle aussi timide ? Et tout d’abord, pourquoi lui avait-elle proposé de sortir ? Les gens allaient les voir… C’était stupide. Angoissée, elle se laissa alors emmenée par le jeune homme dans les rues, appréhendant le futur désastre de cette soirée. Elle le guida dans les rues assombries de Kumogakure soir, les offrants aux yeux de toutes les personnes présentes.
Naruto marcha tranquillement dans la rue avec la jeune femme à son bras gauche. La veille, Yugito lui avait donné son adresse, qu’il avait ensuite rapidement trouvé. Et ainsi, il laissa la jeune femme l’emmener jusqu’à un restaurant qu’elle fréquentait souvent pour aller manger. Mais même si le blond souriait, qu’il était de bonne humeur, qu’il ne s’ennuyait pas… Il remarqua très facilement à quel point lui et Yugito étaient objets de regards indiscrets. Et plus particulièrement la jolie jeune femme. Ça ne l’empêcha pas d’entamer une discussion avec elle, étant donné qu’elle fut étrangement beaucoup plus ouverte que les jours précédents. Les regards dégoûtés voire furieux de pas mal d’hommes sur leur chemin, axé sur lui, lui fit comprendre que la jeune femme qu’il avait au bras semblait être convoitée énormément dans ce village. D’un côté, il pouvait les comprendre… Lui qui venait d’arriver il y avait quatre jour, avait rencontré une femme qui était courtisée depuis bien plus longtemps, et Yugito ne semblait pas du tout le type de femme à accepter les propositions de rendez-vous.
Finalement, ils arrivèrent tous deux au restaurant où Yugito désirait se rendre. Un restaurant tout ce qu’il y avait de plus normal. Des tables rectangulaires avec banquettes répartie dans une salle plutôt grande. Un établissement plutôt similaire au restaurant de barbecue à Konoha, nommé Yakiniku, où l’équipe d’Asuma Sarutobi allait souvent manger. Naruto et Yugito allèrent s’installer au fond de la salle pour être isolé du reste et plus tranquille. Pour Yugito, c’était le seul restaurant où elle pouvait manger sans réel problème. Les autres ne voulaient pas d’elle. Bien sûr, elle pouvait protester d’être refusée à chaque fois partout, mais à quoi bon ? Donc elle allait généralement ici. Le personnel du restaurant, comme partout, ne l’aimait absolument pas. Mais au moins, elle n’était pas chassée après avoir franchi le seuil de la porte. Elle espérait juste que ce soir, seulement ce soir, tout allait bien se passer.
- Que pensez-vous de Kumo, Naruto-san ? questionna alors Yugito, le silence même pour elle devenant un peu embarrassant, surtout avec le regard de Naruto posé sur elle… Elle n’était pas habituée.
- Froid, répondit honnêtement Naruto. « Je ne vais pas le cacher. Je trouve ce village très froid. Je ne sais pas si les gens sont habituellement comme ça ici ou est-ce seulement parce que c’est moi. »
« Froid, hein… ? » pensa Yugito. « Ils sont froids même entre eux… »
- Quoi qu’il en soit, ce n’est pas grave. Je ne demande pas à être accueilli ici à bras ouverts. Je suis de Konoha après tout.
Yugito acquiesça. Elle ne savait pas vraiment quoi répondre. Cela tenait juste du constat. La base même qu’un ninja de Konoha et de Kumo aillent manger ensemble était atypique. Elle ne put s’empêcher de sourire à cette pensée.
- Qu’en est-il de Konoha, Naruto-san ? D’après ce que j’ai compris, cela fait trois ans que vous… - Elle ne termina pas sa phrase.
- Je t’arrête juste sur un truc Yugito-chan, dit Naruto poliment. « Tu peux me tutoyer. Il n’y a pas à être formel avec moi. »
Elle hocha la tête avant de reprendre. « Cela fait trois ans que tu es parti de ton village… Cela ne te manque pas ? Je veux dire, tu es le fils du quatrième Hokage alors… Je trouve ça étrange que tu sois si loin de chez toi. »
« Chez moi… » pensa Naruto. « Ce n’est pas mon chez moi. »
- Je ne sais pas… Je me suis habitué à voyager. Découvrir des pays que je n’ai jamais vu, vivre toujours plus d’aventure avec Jiraiya-sensei… Je pense que je préfère ça, répondit-il avec un doux sourire.
- Je vois, dit-elle tout aussi souriante.
Sortir de Kumogakure no satō. Elle aurait bien aimé. Quel Jinchuuriki ne rêvait pas de quitter son village pour partir à l’aventure, libre ? Aucun. Être libre d’être soi-même… Une idée impossible pour eux. Ils n’étaient que simples objets malgré eux. Un homme arriva alors à leur table, pour prendre commande, un carnet à la main. Ils ignorèrent tous les deux le regard qu’il leur adressa.
- Puis-je avoir votre commande ? demanda-t-il formellement sans les regarder.
- Ce sera comme à l’habitude, prononça Yugito. « Tekkadon ! »
- Du poisson ? demanda Naruto. Jiraiya lui avait dit que c’était bon. C’était du riz comportant une multitude de petit morceau de poissons assaisonnés, le tout baignant généralement dans de la soupe salée. « Je vais prendre la même chose alors ! »
L’homme repartit ensuite, Naruto et Yugito détournant vite leur regard de lui. Ignorer était la meilleure des solutions. Ils reprirent leur discussion en attendant que leurs plats soient servis. Yugito s’empressa de lui parler du tekkadon, et de la façon dont elle en raffolait. Naruto ne pouvait s’empêcher de rire, comme il semblait bien qu’elle était en addiction sur le tekkadon, à même titre qu’il ne l’était sur le ramen. Ils plaisantèrent dessus d’ailleurs. Mais la cuisine fut un sujet particulièrement obsolète lorsqu’ils commencèrent à parler ninja. Yugito voulait en savoir plus sur lui, ayant été étonné qu’un garçon de son âge était devenu aussi fort et célèbre, au point même d’en être invité par son Raikage. Ainsi, jusqu’à ce que le plat vienne, Naruto lui raconta les grandes lignes de sa vie – sans divulguer d’information trop indiscrète.
Yugito en apprit donc sur le garçon étrange qu’était Naruto Namikaze. De son initiation en tant que Genin, qui au passage fut assez amusant à entendre, de ses missions au pays des vagues, des oiseaux, des légumes ou de la neige où chaque mission qui semblait relativement simple dégénérait toujours en des imprévus où se révélaient des tyrans prêts à conquérir le pays. Ses histoires à Takigakure no satō et Hochigakure no satō étaient toutes aussi surprenantes. Mais pour elle, le summum de l’histoire courte mais étonnamment pleine de Naruto Namikaze resta lorsqu’il quitta finalement la feuille sous la tutelle de Jiraiya des Sannin. D’un niveau relativement faible comme s’était décrit Naruto, il avait acquis une puissance inconsidérée en un espace de temps très court, jusqu’à rivaliser avec les plus grands. Kirigakure no satō était l’illustration parfaite de ce progrès. L’homme qui avait réussi à battre Yagura se trouvait devant elle, à rire avec elle. C’était à peine si elle pouvait y croire.
Naruto ne fit pas remarquer à la jeune femme l’air rêveur qu’elle avait pris en l’écoutant… L’espace d’un instant, l’ironie de la situation lui fit presque se comparer à Jiraiya qui se vantait devant les jeunes femmes. Encore heureux qu’il n’exagérait pas sur ce qu’il disait à l’inverse de son maître, qui lui, ne s’en privait absolument pas… Cependant, il arrêta au final de parler lorsque deux personnes apportèrent finalement leurs plats avant de repartir. Il regarda Yugito, cette dernière souriante, avant d’axer son regard de nouveau sur son plat… Qui était démesuré.
- Dis-moi Yugito-chan ? Ne me dis pas que tu as la place pour tout ça ?
Elle gloussa au ton de reproche du garçon.
- D’habitude, j’en reprends plusieurs fois !
- Je rêve… Tu es vraiment exactement comme moi avec les ramens. C’est amusant ! répondit-il, avant de saisir ses baguettes, et de prendre dans un geste rapide un morceau de poisson qui baignait dans son bol. « Bon et bien… Je goute. »
Yugito le regarda le mettre en bouche, avant de mâcher en testant le goût. « Hmmm ! » Lorsque le visage d’abord comiquement suspicieux s’illumina dans un grand sourire, elle éclata de rire à sa vue. Naruto mit sa main à sa bouche pour ne pas recracher le morceau de poisson, comme il réprima lui aussi un fou-rire, riant de sa propre bêtise. Au final, avait-il autant changé que ça ? Son maître avait raison, malgré son départ de la feuille, malgré la guerre, il restait au final le garçon qui aimait faire des blagues et rire avec les gens. Avalant son morceau de poisson, il rejoignit Yugito dans son rire.
C’était bien de rire et de s’amuser. Ça permettait d’oublier les problèmes que l’on avait tout au long de la vie, qui nous éprenaient et nous éprouvaient maintes fois. Rien n’était mieux qu’avoir quelqu’un avec qui l’on pouvait partager la joie et le bonheur, aussi spontané soit-il. Cela permettait indubitablement de conserver, voire de recouvrer la joie de vivre pleinement sa vie, jusqu’au bout et sans regret. Ce moment-là n’en était qu’une démonstration. Car Naruto et Yugito riaient gaiement, oubliant leurs soucis, durant un soir pourtant banal.
Et ce furent sereins et satisfaits qu’ils commencèrent à manger dans un silence apaisant. Nul extérieur, nul complexe, nul malheur ni perturbateur ne vinrent les déranger dans ce moment qui leur sembla sacré… Surtout pour la Kumo-nin. Car pour la première fois de sa vie, elle avait ri. Elle avait ri à la pitrerie banale d’un garçon autour d’un bol de tekkadon, et il avait ri parce qu’elle riait. Quelques larmes silencieuses coulèrent de ses yeux, et le remarquant lorsque Naruto la regarda avec confusion, elle les sécha aussitôt de la main, gênée, vraiment gênée.
- Désolé, dit-elle précipitamment. « Une poussière dans l’œil. »
- C’était une grosse poussière, rajouta Naruto d’un ton neutre, avant de se concentrer sur son tekkadon.
- … Oui. Une très grosse.
***
C’était sous la nuit maintenant tombée que les deux Jinchuuriki avaient commencé à marcher. Deux heures maintenant qu’ils avaient débuté leur rendez-vous. Ils avaient terminé de manger en discutant de chose et d’autre, les sujets ne venant absolument pas à manquer. Lorsqu’ils furent partis, circulant dans les rues, ils recommencèrent à parler sous certains regards oscillant entre le dégoût et le mépris. Des regards qui angoissèrent Yugito excessivement, de peur que Naruto ne les remarque et ne s’en accommode pas – bien qu’elle ne montra rien -. C’était aussi l’une des raisons pour laquelle les gens n’étaient pas intéressés à la fréquenter. Elle pouvait être froide et repoussante, elle n’en restait pas moins une femme charmante… Mais son statut de Jinchuuriki la rendant infréquentable, les personnes susceptibles de l’approcher se ravisait, ne voulant pas supporter la stigmatisation de la Jinchuuriki.
Bientôt cependant, les paroles vinrent à se tarir progressivement, jusqu’à s’arrêter. Et dans ce silence aussi apaisant que ne l’eut été celui lorsqu’ils avaient mangé, ils marchèrent l’un à côté de l’autre, jusqu’à finalement s’éloigner de Kumo, le long de sentiers à travers les montagnes et forêts. Ce ne fut donc qu’après quinze minutes de marche qu’ils arrivèrent sur les hauteurs d’une montagne qui donnait une vue entière sur Kumogakure no satō. Ils virent s’asseoir au bord du précipice, pour s’y détendre, et regarder le village caché du pays de la foudre. C’était une belle vue, Kumo nuit, les montagnes du village et ses vallées illuminées des éclats jaunes et multicolores des multiples éclairages. L’air frais de la douce brise vint alors les engloutir, leur envoyant un instant un frisson au contact de leurs peaux.
- Je viens souvent dans ce genre d’endroit, prononça alors Yugito, brisant le silence qui s’était établi depuis un certain. Naruto tournant la tête vers elle, elle continua sans pour autant dévier son regard de Kumo. « Regarder le village, réfléchir, oublier que je suis une ninja… Ça me détend. »
- Tout comme chanter et jouer du shamisen, ajouta Naruto en reposant sa vue sur le village caché des nuages.
- Je protège Kumo de ses ennemis. Depuis longtemps.
Naruto remarqua le ton dans sa voix. Il pouvait le reconnaître entre mille. Et la lueur dans ses yeux onyx. Là aussi, la reconnaître était aisé. Le ton et l’attitude, le regard et l’aura d’une personne… Fatiguée. Son maître était comme ça. Lui aussi l’avait été. Fatigué oui. Fatigué de vivre, ou plutôt, fatigué de ne pas vivre.
- Tu aimerais changer de vie, dit-il. Ce n’était pas une question, et elle le savait.
- J’aimerais beaucoup de chose… Changer de vie en fait partie. Mais à chaque fois que je regarde ce village la nuit, avec toute ces lumières… Ça me pousse à ne pas le faire. A essayer de me prouver. Que je peux défendre Kumo de ses ennemis… proféra-t-elle en cherchant ses mots, avant de reprendre, légèrement hésitante. « Même si ça n’a aucun sens aux yeux de quiconque. »
Naruto s’autorisa un sourire. « Ça a du sens pour moi. C’est une question d’amour propre. De dignité… Ou peut-être d’orgueil mal placé. » Yugito releva la tête et regarda le garçon, curieuse.
- D’orgueil mal placé ? hasarda-t-elle. « J’ai du mal à comprendre. »
- C’est pourtant simple. Je ressentais la même chose avec Konoha. D’un côté je le ressens encore, mais un peu moins. L’envie de prouver que l’on vaut quelque chose à des gens que l’on ne connait pas, mais dont on sait qu’il n’en émane que mépris, mésestime. Pour moi, c’est de l’orgueil. Et mal placé, dans la mesure où ces gens ne méritent pas d’être des facteurs de mesure de notre fierté de ninja.
- C’est possible. Mais c’est plus fort que moi, répondit alors la Kumo-nin.
- C’est plus fort que moi aussi… ! lança Naruto amusé, en se penchant en arrière, appuyé de ses mains. « Dis-moi, Yugito-chan. Pourquoi me dire tout ça ? Je suis de Konoha, un étranger. »
Yugito ne répondit pas, du moins pas à l’instant même. Elle soupira.
- Je sais que c’est idiot. Mais tu es la première personne qui… Qui m’a apprécié lorsque je chantais… prononça-t-elle doucement, alors que Naruto la regardait avec confusion. « La première qui a fait attention à moi… Me prenant à ma juste valeur… »
- Pourquoi ? Pourquoi suis-je le premier ? demanda alors Naruto, mais tout ce qu’il eut de Yugito ne fut que le silence. Elle n’allait pas répondre, il le savait.
Elle était une femme étrange. Elle était douce de ce qu’il avait vu, même si elle lui avait dit être connue comme étant orgueilleuse, vaniteuse. Elle était perspicace, bien que retenue. Elle était très belle. La peau légèrement pâle et la silhouette si fine et élancée, presque féline, lui donnant cette attitude princière, noble. Elle était belle oui. Mais de tout ce qu’il avait vu, le plus remarquable n’était pas là, non. Qu’elle était douce ou agréable ; belle ou gracieuse, une chose subsistait : Elle était seule. Seule de chez seule.
Cette absence de personnalité dans le regard lorsqu’elle était en présence des autres, mais qui s’était pourtant rempli de vie lorsqu’ils avaient discuté. Cette lassitude dans la voix et dans le geste. Et bien sûr, cette absence de réponse à sa question, ce silence… et cette tristesse dans les yeux, ne fit que l’aider à comprendre qui elle était vraiment, et pourquoi il avait été aussi intrigué, attiré par elle.
- Tu es la Jinchuuriki, prononça-t-il alors qu’elle se figea et que ses yeux se glacèrent d’effroi. Cette réponse lui suffit. « C’est bien ce que je pensais. La Jinchuuriki de Nibi. »
- Comment… Comment l’as-tu su… ? questionna-t-elle alors, et il discerna très clairement l’abandon dans sa voix.
Maintenant qu’il savait ce qu’elle était, il n’avait plus aucun problème à l’appréhender. Il devina très facilement qu’elle avait abandonné oui, abandonné l’idée de se rapprocher de lui. C’était une vraie Jinchuuriki. La deuxième.
- Mon maître a parlé d’une Jinchuuriki de Nibi. Il m’a suffi de recoller les morceaux. Tu es distante. Tu es effacée. Tu es intransigeante. Tu es mélancolique. Tu es fatiguée. Les gens te toisent avec mépris, ou t’ignorent. Et… Tu es seule. Si seule que la simple idée que je saches maintenant que tu es un Jinchuuriki te brise le cœur, une énième fois.
Yugito ne le regardait pas. Il savait qu’elle ne pouvait tout simplement pas. « Je… Je crois que je vais rentrer. » dit-elle précipitamment, avant de commencer à se lever.
- Tu te détestes ? Tu as honte de toi ? De ce que tu es ? demanda alors Naruto, sans pour autant se lever.
Maintenant qu’il savait ce qu’elle était, elle ne savait pas quoi faire. En théorie, le secret tenu aux autres villages par Kumo que c’était elle la Jinchuuriki de Nibi allait être découvert, maintenant que Naruto le savait. Dans d’autres circonstances, Kumo aurait agi pour supprimer les éléments susceptibles de dévoiler l’information, pourtant… Même si on lui en donnait l’ordre, quelque chose l’empêchait de ne penser même qu’à lever la main sur le garçon. Et elle n’avait plus rien à cacher, maintenant. Elle se retourna vers le sentier avant de faire quelque pas. Elle s’arrêta alors, avant de répondre.
- Non. Je suis juste malheureuse d’être seule. Mais je… -
La main qui saisit la sienne mis fin à sa phrase. Et ce fut confuse que tournant la tête à gauche, elle se noya de nouveau dans les yeux bleu du garçon.
- Tu n’iras nulle part seule, Yugito-chan !
- M-Mais…
- Tu es une idiote, coupa de nouveau Naruto. « Accepter d’être ce que l’on est ne signifie pas accepter d’être ce que l’on n’est pas, d’accepter un destin préconçu ! » tonna-t-il ensuite, les sourcils froncés. Il la tourna face à lui, avant de lui saisir fermement les épaules. « Jamais tu ne dois abandonner sous prétexte que la vie s’acharne sur toi. Peu importe que tu sois une Jinchuuriki ! Regardes devant toi sans te retourner, même quand ça fait mal. »
Elle le fixa près d’une minute, alors que ses yeux noirs confus furent plongés dans les bleus déterminés du Namikaze. Puis elle se mit subitement à rire. A rire oui. Non pas hilare, ou sarcastique. Non, c’était un rire… triste. Un rire heureux et triste à la fois. Un rire doux. Quelques larmes coulèrent de ses yeux, et le fait que ce fut Naruto qui les essuya du doigt ne participa qu’à ne les faire couler que plus. Et quand les larmes et les rires s’arrêtèrent, quand le silence retomba, que seuls les sons des grillons furent perceptibles, lentement, elle se blottit contre lui. De façon sereine et amicale. Etonné, Naruto ne put que répondre à l’étreinte, caressant légèrement sa tête.
- Quand je pense que tu n’as que seize ans et moi douze de plus. Et c’est toi qui me donne des leçons de vie… prononça-t-elle en fermant les yeux. « Je suis pathétique. »
- Tu es juste un peu perdue, répondit Naruto avec douceur, alors que la jeune femme sourit à cette réponse.
- Merci Naruto-kun. C’est gentil.
Naruto rit légèrement tout en la serrant contre lui un peu plus fortement. « C’est naturel. »
***
- Tu sais parler aux femmes.
Naruto était couché dans son lit, les bras croisés derrière la tête à regarder le plafond, lorsque Jiraiya lui avait adressé la parole, coupant alors court à ses réflexions. Il tourna la tête sur la gauche sans répondre, fixant son maître, qui était assis en tailleur sur son lit respectif, à l’observer. Naruto ne bougea pas, soupirant en axant ensuite sa vue de l’autre côté, à la fenêtre, pour regarder à l’extérieur, Kumogakure éteinte et dormante dans la nuit noire.
- Pourquoi faut-il toujours que tu m’espionnes, Ero-sensei ? répondit alors Naruto sans le regarder, faisant ricaner légèrement son maître. Il venait d’ignorer la remarque de Jiraiya en posant une question sans rapport.
- Non je suis sérieux Naruto, prononça doucement Jiraiya. « Il n’y a pas si longtemps, tu ne savais même pas à quoi elles ressemblaient, et là… Et bien, disons que tu as un talent pour les faire sourire. »
- Racontes pas de connerie, sensei… Ce n’étaient que de simples mots, je suis juste le premier à les lui dire… rétorqua sombrement Naruto en s’écoutant parler. C’était bien le fait qu’il était le premier à parler comme ça avec Yugito qui le révoltait. « Je suis dérangé avec ça. J’ai envie de l’aider, c’est plus fort que moi. »
- Tu as envie de l’aimer surtout, corrigea Jiraiya alors que Naruto se mit à le fixer avec suspicion. « Hey ne me regarde pas comme ça ! Ne vas pas me dire le contraire ! Et puis… Ce n’est pas comme si j’étais surpris et que je te faisais un reproche. Les Jinchuuriki ont toujours eu des liens spéciaux entre eux à partir du moment où ils commencent à s’apprécier. C’est juste un cas de figure très rare. »
Naruto se redressa, avant de s’asseoir lui aussi en tailleur, se tournant totalement vers son maître.
- A quoi tu penses sensei ? Je te connais bien. Quand tu as ce ton dans la voix c’est que tu penses à quelque chose. Pourquoi me parler de Yugito-chan ?
L’air de Jiraiya ne s’en fit que plus sérieux, étonnant le jeune Namikaze.
- Tu es au courant de l’arc, n’est-ce pas ? C’est pour ça que tu cherches plusieurs femmes, Naruto. Tu as déjà Emiko et Mei après tout. N’importe quel homme sur ce monde s’en serait arrêté là et aurait vécu heureux.
- L’arc ? répondit Naruto, confus.
Aussitôt, Jiraiya fronça les sourcils.
- Ne joue pas à ça avec moi Naruto ! Tu sais de quoi je parle ! Et je ne te parle pas ici en tant que ninja, mais en tant que membre de ta famille. Donc oui, l’arc. L’article pour la restauration des clans. C’est pour ça que tu cherches des femmes. Par contrainte.
- Contrainte… ? Arrête de dire des conneries je te dis, Kyofu, rétorqua aussitôt Naruto, agacé par sa conclusion hâtive, avant de se recoucher. « Je suis évidemment au courant de l’arc… C’est la première chose que j’ai trouvé dans les affaires de mon père après tout. Ma mère aurait dû y être contrainte pour restaurer son clan. Une chance que les Uzumaki étaient un clan étranger et que le conseil n’a pas insisté car elle était la femme du Hokage. Mei-chan a dû aussi lancer l’arc à Kiri pour deux héritiers et elle a échappé elle-même à l’arc parce qu’elle est une Kage… Mon père m’a prévenu que c’est une possibilité que l’on cherche à m’avoir à l’œil à l’aide de cette loi. »
Jiraiya l'écouta parler, avant d’intervenir. « Et donc ? »
- Et donc rien, Kyofu. Mei-chan et Emiko-chan ne seront jamais une seule fois dans ma vie de simples moyens. Ce sont mes futures femmes, jamais je ne pourrais faire une chose telle que me marier avec la première venue juste pour cette loi stupide.
- Mais alors pourquoi la Jinchuuriki de Nibi ? D’ailleurs, pourquoi une personne de Kumo ? Kiri je ne dis pas, elle n’a presque jamais eu d’altercation avec Konoha, mais Kumo… Cela pourrait lui créer des ennuis, et de ton côté, le conseil peut revendiquer la coupure d’une telle chose.
Naruto se moqua aussitôt de cet argument.
- Le conseil peut aller se faire foutre, dit-il amèrement. « Je ne suis plus du genre à me laisser dicter ma vie et ma conduite aussi facilement. Et ne mêle pas Yugito-chan à ça. A la base, je cherche juste à l’aider. C’est le premier Jinchuuriki normal que je rencontre. Elle n’est ni comme Gaara ni comme Yagura à crier au meurtre ou au génocide. Elle est… Elle est comme moi. »
- Comme toi ? demanda Jiraiya, perplexe.
Naruto savait qu’à chaque fois Jiraiya le faisait parler avec ce genre d’interrogatoire. Pas qu’il s’en souciait. Le Sannin était, avec Emiko et Mei, son confident. Alors il allait lui dire.
- C’est une Jinchuuriki Kyofu. Je ne sais pas comment elle l’est devenue, mais je sais que ce qu’elle a vécu est exactement la même chose que ce que j’ai vécu à Konoha. Elle est ignorée dans la rue, toisée avec colère et dégoût au pire. Les gens la fuient, mais en plus, elle a vécu dedans plus longtemps que moi.
Au fur et à mesure qu’il en révéla à Jiraiya, son ton se fit plus agressif, plus indigné.
- Elle accepte tout en baissant les yeux. Si ce n’était pas pour moi lorsque nous marchions ensemble, c’est limite elle se serait échappé par les ruelles pour disparaître de la vue. Ajoute ça au fait que ce soit une femme, et donc des regards et actes de certains… Et j’en reviens au fait qu’elle a dix ans de plus que moi. Elle a vécu dans ça depuis longtemps… Ça me dégoute. Car elle n’a pas eu la chance que j’ai, de pouvoir partir, et à défaut d’autre chose, elle s’est rattachée à sa fidélité pour son village en essayant de prouver ce qui ne peut jamais se prouver.
- Et qu’est-ce qui ne peut pas se prouver, Naruto ? hasarda alors Jiraiya, se doutant cependant un tant soit peu de la réponse.
Naruto le regarda avant un sourire triste.
- Essayer de prouver à quelqu’un qui ne connaît strictement rien au fuuinjutsu que le sceau qui contient un kunai n’en est pas le kunai pour autant…
Le Myōbokuzan no Sennin acquiesça lentement en pensant aux paroles de son élève. Il regarda ce dernier fermer les yeux en essayant de s’endormir, et voyant que ce dernier ne le regardait pas, il se permit de faire un grand sourire fier. Il se coucha à son tour, se demandant comment il était arrivé à faire du petit garnement d’il y a trois ans, ce garçon mature et réfléchi. « Bonne nuit, Kyofu. » ; « Bonne nuit Naruto. » répondit-il alors. « Mon cher filleul. »
***
Trois jours plus tard.
Trois jours. Trois jours avaient passé depuis cette fameuse sortie entre Naruto et Yugito, et sa discussion avec Jiraiya. Cela avait continué dans ce sens. Pour les trois derniers jours, il avait appris à connaître un peu plus la belle Jinchuuriki de Nibi no Nekomata, sortant avec elle la journée pour discuter de choses et d’autres. La jeune femme était ouverte, très ouverte, et souriante, sans ne se soucier de rien mise à part de lui et de leur conversation. D’après ce qu’il savait, elle avait tout son temps car le Raikage Yondaime lui avait dit qu’elle allait être en pause indéfinie à l’intérieur du village caché des nuages. Connaissant le caractère impulsif de l’homme, elle s’était juste contentée de dire oui et de disposer, sans poser de question – Bien qu’elle avait avoué à Naruto être mécontente d’une telle décision. Yugito était très productive, prenant exclusivement des missions de rang A et S. Autant dire qu’ils n’étaient pas nombreux à faire de telles choses, surtout en solo.
Le jour suivant son rendez-vous avec elle, il avait fait quelques bars discrètement dans le village, en faisant attention de ne pas être reconnu, et avait posé des questions sur elle, pour savoir exactement ce que les gens pouvaient penser d’elle. Il avait eu des réponses diverses. Certains la détestaient – sans raison apparente de plus qu’elle était une Jinchuuriki. D’autres ne la supportaient pas pour des raisons supplémentaires. Plusieurs hommes avaient essayé de la courtiser, et qu’elle avait repoussé avec mépris. Pour ceux-là, elle était détestable pour le fait qu’elle n’était pas censée refuser leur avance. Pour eux, il ne s’agissait pas de décliner une offre. Pour eux, elle avait juste « outrepassé ses droits ». Heureusement que Naruto avait un talent pour masquer ses émotions, car il avait vraiment voulu tuer sans sommation les fous qui avaient osés dire ça d’elle, et devant lui qui plus était. Lui qui était un Jinchuuriki… Voir ça lui faisait extrêmement mal. Ces gens lui rappelaient ceux de Konoha…
Et le voir là, de premier rang… Il avait soudainement beaucoup moins envie de retourner à Konohagakure no satō.
Yugito était aussi très peu appréciée par son image habituellement. Elle n’avait pas menti quand elle avait dit que mise à part avec lui, elle n’avait jamais interagi autant. Les gens semblaient la mépriser parce qu’elle était « snob », d’après leur mots. Vaniteuse et égocentrique. Se sentant « supérieure » et « s’autoproclamant » numéro deux de Kumogakure. En tant que Jinchuuriki, Naruto savait de toute façon que Yugito était plus forte que n’importe quel ninja de Kumo excepté A Yotsuki le Yondaime Raikage, et l’homme qui était connu comme son petit frère, Bee Yotsuki, le Jinchuuriki de Hachibi no Kyogyū. Le terme autoproclamé était donc inexact. Surtout qu’en plus, la veille au soir, Yugito lui avait révélé être elle aussi une Jinchuuriki parfaite. Une information qui normalement n’aurait jamais été donnée à un ninja de Konoha, mais A avait dit à Yugito quand elle était allé le voir, qu’elle n’avait rien à cacher à Naruto…
Et il en était là. A marcher dans la tour du Raikage pour rejoindre le bureau du concerné, avec son maître.
- Dis-moi, sensei. Rappelle-moi déjà pourquoi nous venons ici ? Je pensais que ça se passait juste entre toi et A ? demanda dans une plainte Naruto, presque en trainant des pieds.
- Je ne me rappelle pas t’avoir dit pourquoi tu viens avec moi aujourd’hui en particulier, Naruto. Tu sais quoi ? Fermes-là donc et tu verras, répondit Jiraiya, agacé par l’incessante question de son filleul.
Le garçon se tue, se ravisant de fournir une réponse à son parrain. Habituellement il aurait répondu, mais il savait qu’il était inutile pour eux de commencer à se disputer et s’insulter de tous les noms au milieu de la tour du Raikage. Ce n’était ni l’endroit, ni le moment… Ils feraient ça plus tard. « Stupide Sennin… » bougonna-t-il, alors que Jiraiya continuait à marcher. Il remportait cette manche. La prochaine, c’était lui qui allait la gagner.
Et ce fut ainsi qu’ils arrivèrent à l’étage du bureau de A, faisant face au bureau derrière lequel était assise la ravissante Mabui. Elle fronça les sourcils légèrement comme elle remarque parfaitement le regard lubrique de Jiraiya, mais fit un sourire angélique quand elle croisa le regard de Naruto. « Jiraiya-sama, Naruto-kun, vous êtes attendu. Je vous en prie, entrez. »
Les deux n’attendirent pas et s’exécutèrent en ouvrant la porte. « Naruto-kun… Héhéhéhé… » ricana Jiraiya en regardant Naruto, celui-ci rougissant au sous-entendu de son maître. « Arrête de m’embêter… » se plaignit Naruto, le Sannin n’en ricanant que plus. Evidemment, ils ne se soucièrent pas du fait qu’ils avaient refermé la porte derrière eux et qu’ils étaient donc dans le bureau de A… « Mais tu vas la fermer oui, pervers !! » s’écria-t-alors Naruto en pointant du doigt le visage de Jiraiya, qui à son tour s’indigna. « Grr… Je ne suis pas un pervers mais un SUPER-pervers !! Ais plus de respect pour ton vénéré maître, espèce de jeune idiot arrogant ! Je suis Jiraiya-sama, le séduisant et puissant… !!! - » Jiraiya stoppa cependant sa phrase à l’intervention d’une troisième personne.
- Ahem, messieurs.
Et les deux Konoha-nin se tournèrent vers le bureau de A… « Merde, on avait oublié où on était… » pensèrent-ils tous les deux, alors qu’en face se trouvait un Raikage Yondaime particulièrement énervé, au vu de la veine palpitante sur la tempe gauche. Jiraiya ricana nerveusement alors que Naruto oublia bien vite la situation, en regardant les deux personnes présentes dans le bureau. Un autre homme qui avait le même genre de carrure que A, mais qui portait des lunettes, et un tatouage de corne de taureau sur l’épaule gauche – à la place du shuriken de A. Et bien sûr…
- Yugito-chan ? s’exprima Naruto en voyant la jeune femme, et se demandant ce qu’elle faisait ici.
- Hai, c’est moi, Naruto-kun, répondit-elle amusée après la petite scène entre le garçon et son maître… Mais Naruto remarqua quelque chose dans son regard qu’il ne comprit absolument pas. Elle n’avait pas cillé depuis le départ, le fixant de façon presque obsessive.
Finalement, les deux ninjas s’avancèrent jusqu’au bureau, le Sannin ayant changé totalement d’expression, passant de la tête d’un clown à un air très sérieux. Dans cette atmosphère tendue et lourde, Naruto observa confus les occupants de la salle chacun leur tour. Yugito et l’homme qu’il ne connaissait pas le fixait sans dévier leur regard, et il vit aussi l’œillade de A dans sa direction. Que se passait-il ?
- Attends, mais qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi est-ce que je suis ici ? Et Yugito-chan aussi ? demanda Naruto.
Il n’eut pas de réponse, avant que A ne fasse un mouvement de la main, les incitant à s’installer sur les deux sièges devant le bureau. Voyant que Jiraiya s’exécuta sans mot dire, Naruto l’imita, ne voulant pas compliquer la situation. Il allait finir par comprendre de toute façon. Et finalement, A commença.
- Jiraiya, ne lui as-tu pas dit la raison pour laquelle il est ici ? demanda le Raikage, alors que le Sannin hocha la tête négativement. « Très bien, alors autant qu’il le sache. Namikaze Naruto, tu connais déjà Yugito Nii, Jinchuuriki de Nibi ici-même. » prononça-t-il en désignant Yugito de la main, avant de faire de même avec l’autre. « Voici Yotsuki Bee, mon petit frère. Jinchuuriki de Hachibi. »
Naruto observa Bee, un peu timide et intérieurement choqué de rencontrer un autre Jinchuuriki.
- Yo, mister neuf ! répondit Bee en faisant un signe de rap avec la main.
Mais ce n’est pas ce qui retint l’attention de Naruto. « Mister neuf… ? Mais ça veut dire que… »
- Tu as l’air d’avoir compris. J’ai mis au courant Bee et Yugito que tu étais toi aussi comme eux, un Jinchuuriki.
Le garçon écouta presque d’une oreille, légèrement affolé à l’idée qu’ils sachent. Il regarda Yugito, de peur qu’elle n’en fût outrée de ne pas avoir su la vérité… Mais s’autorisa un sourire doux et soulagé quand il vit cette fois clairement la joie dans les yeux de la jeune femme. Il comprenait sans mal qu’elle avait dû se sentir d’autant plus proche de lui maintenant qu’elle savait qu’ils étaient identiques. Il allait lui parler plus tard. Ils avaient dès lors plein de choses à se dire.
- Trois Jinchuuriki sont réunis dans la même pièce, s’exclama A. « Deux Jinchuuriki en contact est quelque chose de très peu toléré même lorsqu’ils sont du même village. Alors trois Jinchuuriki en contact dont l’un étant d’un pays étranger presque ennemi… Si cela venait à se savoir, cela mettrait Kumogakure et Konohagakure dans une tension si intense qu’elle en serait presque comique. Il est donc naturel de comprendre que ce qui se dira et se passera dans cette pièce n’en ressortira jamais, termina alors A, en appuyant bien sur le dernier pour faire comprendre aux trois Jinchuuriki la gravité de ce qui se passait. Autant dire qu’ils le tinrent tous les trois pour dit.
- Rassure-toi A, l’identité de Jinchuuriki de Naruto n’est pas connue publiquement à Konoha même si un certain nombre de personne le savent, et mis à part la Mizukage Godaime et le Kazekage Godaime, le monde entier n’est pas au courant… Et l’identité de Bee est encore moins connue de Konoha, et je ne parle même pas de Yugito. Personne ne fera jamais le lien.
A acquiesça. C’était vrai, mais cela ne les empêcheraient pas de rester discret. On n’était jamais trop sûr dans ce monde de traîtres et de profits. Naruto était donc devenu beaucoup plus sérieux cette fois.
- Donc, A-sama. Yugito-chan, Bee-san et moi-même étant réunis ici-même… Quel est le but de cette réunion ?
- Le but est simple gaki, répondit Jiraiya aussitôt. « C’est la raison même de ta présence à Kumogakure. »
Naruto le regarda, interrogateur… avant de saisir.
- Sensei. Tu n’y penses même pas ? Tu es vraiment sérieux ?
- Il est très sérieux, intervint A. « A partir d’aujourd’hui, tu vas sortir de Kumogakure en compagnie de Yugito Nii et Bee Yotsuki en direction de la vallée d’Unraikyo. Pour les prochains mois, tu t’entraîneras là-bas pour apprendre à utiliser ton Bijuu jusqu’aux neuf queues. »
Naruto fut complètement incrédule.
- Q-Que… C’est une blague ? Contrôler Kyuubi ? Les neuf queues ? En quelques mois ? Impossible ! rétorqua Naruto.
A le reprit aussitôt.
- Ton avis importe peu, gamin. Tu maîtrises Kyuubi jusqu’à trois queues de chakra. En théorie, il te faudrait la moitié d’une vie pour apprendre à t’en servir à son maximum. Cependant, aucun Jinchuuriki au monde n’a eu l’opportunité de s’entraîner dans ses aptitudes sous l’enseignement de deux autres Jinchuuriki parfaits, et d’un maître du fuuinjutsu. Sans omettre que les risques de perte de contrôle jusqu’à la mort sont dans ton cas presque impossibles étant donné que non seulement ton sceau est plus puissant que n’importe quel autre, mais aussi que Yugito et Bee immobiliseront facilement Kyuubi s’il venait à essayer de sortir, permettant donc à Jiraiya de le réprimer.
Naruto regarda les quatre personnes présentes à tour de rôle, toujours aussi incrédule. Il n’arrivait absolument pas à comprendre. « Mais… Mais pourquoi ? Je ne suis pas un Jinchuuriki de Kumo, mais de Konoha. A quoi ça vous servirait de m’entraîner et m’aider à maîtriser mes pouvoirs ? »
- Naruto-kun, prononça Yugito, alors que le blond focalisa aussitôt son attention sur elle. « Nous sommes aussi au courant de Akatsuki. Nous allons t’entraîner pour que tu puisses accroitre tes chances de défense contre eux. Normalement les Jinchuuriki doivent obligatoirement avoir l’emprise sur leurs Bijuus s’ils sont compatibles. »
- Bien sûr, coupa Naruto, cette fois sceptique. « Mais ça ne répond pas à ma question ? Pourquoi m’aider ? Qu’est-ce que ça apporterait à ton village, Yugito-chan ? Expliques-moi. »
- Ça ne nous apporterait rien du tout, intervint alors A, ne laissant pas le temps à Yugito de répondre. « Sache que je suis loin d’être ton allié, petit. Kumo n’est pas l’allié de Konoha, et jamais ne sera l’allié de ce village d’insecte. Mais nous respectons les Hokage, et j’avais un grand respect pour tes idiots de parents. C’est uniquement pour eux que je fais ça, et c’est tout. Et j’en ai ma claque d’Akatsuki. Ces bouffons de services se la jouent mercenaires et se permettent de penser qu’ils poseront la main sur mes Jinchuuriki. Et eux deux ne perdront rien à entraîner un de leurs semblables. Trois Jinchuuriki sont mieux préparés que deux pour combattre un ennemi en commun. Alors tu vas partir t’entrainer et maîtriser ce foutu renard, et une fois ceci fait, tu te tireras de mon village au pas de course avec ce pervers sans valeur qui te sert de maître, auquel cas je vous tuerais moi-même. Est-ce que c’est clair, morveux ? »
- O-Oui, Raikage-sama ! répondit aussitôt Naruto, une grosse goutte de sueur coulant derrière la tête. « Putain, mais il est sérieux lui… »
- Ok, termina A de sa grosse voix. « Yugito, Bee, emmenez-moi ce jeune imbécile et disparaissez de ma vue. Maintenant ! »
Bee et Yugito s’empressèrent de venir saisir Naruto, et deux secondes après, les trois disparurent dans un Shunshin no jutsu. Le silence retomba alors, ainsi que la tension qui s’était établie. Jiraiya dévia finalement son regard du siège où avait été assis quelques secondes avant son filleul, pour croiser celui du Raikage. Il fit un sourire amusé.
- Pervers sans valeur ? C’est un coup bas, sérieusement, prononça alors le Sannin. « Tu aurais au moins pu dire super-pervers… »
- Pff, n’en rajoute pas. Je suis de mauvaise humeur. Mon imbécile de frère m’a ennuyé toute la matinée avec son rap inutile, alors épargne-moi tes manies perverses, vieux sénile.
- Vieux sénile… ? Je n’ai que dix ans de plus que toi, Kumo-gaki stupide, maugréa Jiraiya.
- C’est bien ce que je disais. Tu es un vieux sénile, et sourd en plus. La vieillesse ne te réussit pas, répondit ensuite A dans un sourire moqueur.
- Qu’est-ce j’ai fait pour mériter ça… geignit alors le Sannin.
***
Quatre jours plus tard.
Naruto Namikaze, les mains jointes, assis en tailleur dans l’obscurité d’une des grandes salles creusées dans les montagnes d’Unraikyo, se concentrait. D’ici peu, il allait vivre l’une des expériences qu’il allait connaître comme l’une des plus marquantes de sa vie. Car à seize ans, loin de tout, dans les profondeurs froides et noires de Kaminari no Kuni, il allait plonger dans les ténèbres, et affronter le démon qui depuis toujours, ne cherchait qu’à le posséder, qu’à le détruire. Il allait plonger dans les ténèbres, et affronter son fléau. Kyuubi no Yoko, le démon renard à neuf queues. Ce même être maléfique qui l’avait condamné de par son existence. Bientôt, Naruto allait pour de bon tourner la page et brûler les racines pourries de sa vie précédente. De ce mauvais souvenir, de ce mauvais rêve qu’il cherchait à oublier dès lors que ses pieds avaient foulé un autre sol que celui de la feuille.
Il regarda les trois personnes autour de lui, sans mot dire, son regard légèrement hésitant parlant pour lui. Yugito Nii, sa nouvelle amie, était aussi assise en tailleur juste à sa droite, et ses yeux mêlant douceur et assurance le rassurèrent, lui amenant à croire qu’elle allait être là pour lui apporter son aide, voire le secourir si jamais il échouait. Assis à sa gauche se trouvait Bee Yotsuki, un autre nouvel ami. Il s’était très bien entendu avec lui dès le début. L’homme avait affronté son père lors de la troisième grande guerre. De ce qu’avait appris Naruto du Kumo-nin, ce dernier avait vécu la même discrimination que lui, Gaara ou Yugito. Il était aujourd’hui considéré comme le héros de Kumo pour l’avoir défendu avec A durant la guerre contre Iwa, Konoha et Kiri… Confirmant ainsi les dires de Yugito dessus. S’il elle avait vu le monde quelques années plus tôt, Yugito aurait elle aussi pu dissiper cette stigmatisation. La vie en avait vu autrement. Et ainsi, Bee le regardait avec amusement – Si ses yeux ne le montraient pas car cachés derrière ses lunettes, son sourire lui, fut particulièrement explicite.
Plus loin devant Naruto, debout les bras croisés contre la poitrine, Jiraiya observait attentivement. Naruto ressentit très clairement comment son maître était sérieux et impliqué dans ce qui allait se passer. Après tout, ils avaient déjà essayé une fois auparavant à maîtriser la quatrième queue. Ce jour-là, Naruto avait perdu momentanément le contrôle, déstabilisant dangereusement le sceau, et blessant gravement le Sannin au torse. La cicatrice profonde sur la poitrine de l’homme était encore bien voyante, prouvant que ce jour-là, ce dernier avait échappé de peu à la mort. Naruto le vit s’approcher d’eux.
- Très bien. L’heure est venue, commença Jiraiya avant de s’accroupir devant lui. « Tu peux canaliser ton chakra. »
Naruto s’exécuta, s’occupant alors sans répondre à malaxer son chakra pour inonder son corps. En réponse à sa malaxation, le sceau qui contenait Kyuubi apparut alors. Tatoué sur son ventre, le centre étant son nombril, l’endroit où était située la bobine de chakra de l’homme, et qui reliait l’âme au corps. Et ce fut-là que reposait le fuuinjutsu de grande taille contenant Kyuubi, le Shiki Fujin. C’était un fuuinjutsu en forme de spirale, montrant qu’il était un sceau du clan Uzumaki, et divers caractère et runes étaient inscrits tout autour. Naruto avait toujours eu une curiosité malsaine à observer ce sceau lorsqu’il était seul. Ce même sceau qui une fois exécuté, pouvait sceller à jamais un Bijuu car directement relié au Shinigami, le dieu de la mort. Ce même sceau qui avait arraché l’âme de son père, allant le torturer pour l’éternité. Un sceau terrifiant. Lorsque Jiraiya lui avait parlé des effets d’un tel sceau, Naruto n’en avait eu que plus de respect pour son père et Hiruzen. Ils avaient donné jusqu’à leurs après vies pour protéger la feuille, n’hésitant à s’offrir aux enfers.
- Rappelles-toi, Naruto-kun. Si jamais tu sens que cela dégénère, il ne faut pas que tu cèdes à tes émotions, et en aucun cas que tu ne paniques, prononça alors Yugito, un léger souci dans la voix.
- Que se passe-t-il si jamais je perds entièrement le contrôle et que Kyuubi arrive à m’atteindre ?
Jiraiya poussa alors un soupir, attirant l’attention de Naruto.
- C’est simple gaki. Si on va dans cette optique, alors Kyuubi n’aura plus de sceau pour retenir son influence. Son chakra entrera sans filtre dans ta bobine de chakra, il la pervertira avec un débit de chakra sans retenue, et tu mourras, prononça l’homme aux cheveux blanc, plongeant ainsi la salle dans un silence sinistre. « Cela n’arrivera pas. Si jamais Kyuubi prend possession de toi, Yugito et Bee se transformeront et t’immobiliseront. Il ne me restera plus qu’à refermer le Shiki Fujin. Et nous recommencerons ainsi, jusqu’à que nous y arrivions. C’est le processus d’entraînement de base des Jinchuuriki, à la différence près que tu disposes de plusieurs chances. Si Bee ou Yugito ou n’importe quel autre Jinchuuriki perdait le contrôle total, son village lui retirerait son Bijuu aussitôt. »
Naruto hocha la tête, à peine rassuré. D’après ce qu’avançait son maître, il était hors de danger de mort. Il espérait juste que Jiraiya avait raison.
- D’accord, prononça-t-il alors, l’appréhension se ressentant dans sa voix. « Je compte sur vous si jamais quelque chose se passe. J’y vais. » termina-t-il alors.
Il ferma ensuite les yeux, entrant en phase de médiation, préparé à utiliser le chakra de Kyuubi. Concentré, il ne lui fallut que quelques minutes avant qu’il ne sente le chakra de son Bijuu commencer à se diluer dans le sien. Il rouvrit alors les yeux, ces derniers étant passés du bleu au rouge sang, les pupilles fendues. Ses canines ayant poussé et ses marques de moustache s’étant épaissies, il en témoigna la présence du chakra de Kyuubi. Jusqu’à ce que sous les regards prudents de ses trois amis, il ne se mette à émaner de lui l’épais chakra rougeoyant de Kyuubi. Il resta ainsi sous la minutieuse analyse de ses deux homologues, et quelques gouttes de sueur coulant finalement de son front, il referma les yeux en se concentrant davantage. En une dizaine de seconde, trois queues de chakra émergèrent de son manteau de chakra au bas de son dos, venant remuer haut, par-dessus sa tête, la surface semblant bouillante au vu des bulles de chakra qui éclataient.
Pendant quelques temps, stoïque, Naruto garda ses trois queues de chakra actives, le mudra du tigre composé dans la malaxation de son chakra et dans la concentration. Il était difficile pour lui de maintenir ses trois queues de la sorte, dans l’inactivité. Plus cela allait, plus il se déconcentrait. Il en vint finalement à s’essouffler, en sueur après une dizaine de minute d’exposition au chakra de son Bijuu, et à bout de force, sentant son influence décroitre, il stoppa sa malaxation de chakra démoniaque. Dans le silence, il resta ainsi à bout de souffle sous les yeux sérieux de Yugito et Bee, et curieux de Jiraiya. Ce dernier brisa finalement le silence.
- Alors ? Qu’est-ce que ça donne ? questionna-t-il, alors que les deux Jinchuuriki initiés levèrent le regard vers lui. « Je ne suis pas un Jinchuuriki moi. Je ne sais donc absolument rien aux techniques de contrôle. » s’empressa-t-il de rajouter.
- Et bien… commença Yugito, dans un ton hésitant qui ne plus ni à Jiraiya, ni à Naruto. « Naruto-kun a des problèmes de compatibilité avec Kyuubi… »
Les deux Konoha-nin restèrent hagards à cette déclaration. « Sérieux ? » répliqua sombrement Jiraiya, prenant de façon très grave cette déclaration. Un Jinchuuriki non compatible avec son Bijuu… ne vivait malheureusement pas très longtemps. « Comment ça se fait ? En êtes-vous sûre Yugito-san ? »
- Oui, c’est certain. En dix minutes, Naruto a morflé un max avec le pouvoir de Kyuu’… prononça Bee, alors que Yugito acquiesça.
- S’il l’utilise davantage, son corps se détruit petit à petit et il perd des années de vie, continua-t-elle. « L’incompatibilité est clairement visible à l’instabilité des queues lorsqu’il les utilise. »
Naruto regarda son maître, qui semblait plongé dans ses réflexions. La Sannin comprenait maintenant clairement comment et pourquoi Naruto avait été aussi affaibli à son tour de la mission de récupération de l’Uchiha, et pourquoi il avait aussi facilement perdu le contrôle aux quatre queues. Il lui adressa ensuite un regard, avant de s’adresser à Bee.
- Bee. Tu sais ce qui se passe non ? Tu sais que ce n’est pas normal. Naruto est un Uzumaki, il ne devrait pas avoir ce problème.
Bee sourit à cette remarque. En effet, de ce qu’il avait appris sur le garçon, Naruto faisait partie du clan Uzumaki. Et les Uzumaki étaient presque tous par défaut des personnes compatibles au scellement des Bijuus. La pureté et la densité de leur chakra faisaient d’eux des hôtes parfaits, et particulièrement les familles Uzumaki les plus éminentes telles que celle de Mito Uzumaki… Dont faisait partie Naruto. Il était donc étrange, anormal, que Naruto ait ce problème de symbiose avec son Bijuu lorsqu’il était le plus à même de contrôler Kyuubi, tel sa mère et son arrière-grand-mère avant lui. La seule explication était au niveau du sceau. Quelque chose devait mal fonctionner, le Hakke no Fuuin Shiki étant un fuuinjutsu particulier du clan Uzumaki, sans compter la combinaison de sceau qui l’accompagnait, et qui étaient de l’invention de Minato. Dans tous les cas, le problème était réellement intriguant.
- C’est le sceau de Minato, répondit alors Bee, perplexe mais pas inquiet. « Si y a un truc que j’sais sur Minato, c’est qu’il foirera jamais sur un sceau… »
Jiraiya soupira, voyant déjà la fatigue arriver avec ces complications. Il posa une main sur l’épaule de son filleul. Il ne faisait aucun doute qu’ils allaient avoir beaucoup de travail à faire… Même lui avait eu du mal à comprendre la minutie et les rouages du sceau du Hakke. Le fuuinjutsu Uzumaki était un art très compliqué, archaïque. Un non Uzumaki avait obligatoirement de très grandes difficultés pour les comprendre, et il espérait un minimum que son élève les aiderait de ce côté… après tout, il n’existait pas plus Uzumaki que lui.
***
Deux semaines plus tard.
- Très bien… commença Naruto, légèrement mal à l’aise, alors qu’assis en tailleur dans la salle d’entraînement de Bee, dans une des montagnes d’Unraikyo, il venait de recommencer à malaxer son chakra pour faciliter sa circulation et le stabiliser.
Quelques secondes auparavant, toujours sous la surveillance de Bee, Yugito et son maître, il avait une énième fois appelé les trois premières queues de chakra de Kyuubi pour optimiser leur maîtrise. Ces quinze derniers jours, lui et ses trois compagnons avaient émis l’idée qu’il serait plus facile pour eux d’accéder à une utilisation plus complète et maîtrisée de Kyuubi s’il commençait par se familiariser avec les trois queues auquel il avait totalement accès. Pourtant, même si les progrès avaient été visibles, et que les trois queues étaient devenue plus stables, l’Uzumaki se sentait toujours aussi frustré. Pour être franc, il pataugeait. Il pataugeait dans la perplexité. A part ce progrès minime sur les trois premières queues, il n’avait aucune sensation de progrès. C’était la première fois depuis le début de son voyage d’entraînement avec Jiraiya qu’il ressentait cette frustration. Pas même avec l’Hiraishin no jutsu il n’avait ressenti cette émotion. Ça l’empêchait presque de dormir la nuit.
Il soupira, toujours aussi contrarié, tandis que les restes du chakra de Kyuubi qu’il avait utilisé se dissipaient. Sentant qu’il avait disparu entièrement, il relâcha alors sa concentration, et rouvrit les yeux, pour voir que Yugito et Bee le regardaient avec un certain malaise. Il fronça les sourcils de mécontentement.
- Toujours rien. Bien sûr, j’ai une plus grande facilité d’accès au chakra de Kyuubi, mais rien. Aucun progrès… maugréa-t-il. « Putain, ça m’énerve ! » rajouta-t-il en haussant le ton.
Il se leva en grognant et partit faire quelques pas, réfléchissant d’autant plus pour essayer de résoudre un problème dont il ne connaissait même pas la nature. Il avait vérifié son sceau avec Jiraiya quant à sa stabilité, il avait essayé d’étudier son problème de compatibilité avec Kyuubi, mais rien. Il n’avait rien trouvé. Le premier jour, lui et Jiraiya avaient émis l’hypothèse que la perte de contrôle lorsqu’il avait atteint les quatre queues avait bouleversé quelque chose dans son sceau, pourtant rien. Il était intact. Et le Shiki Fujin étant un fuuin permettant à son utilisateur l’accès au Bijuu sans que cela ne soit réciproque, il n’y avait aucune piste de départ pour résoudre ce fichu problème de compatibilité. Après tout, où était le problème ? Il était un Uzumaki, son fuuinjutsu était en parfait état, et il avait naturellement accès à Kyuubi.
- Tu ne devrais pas t’énerver Naruto-kun, prononça Yugito après s’être levée pour venir près de lui. « Nous avons tout notre temps. Cela ne fait même pas un mois que nous y travaillons. Nous allons finir par trouver. »
- Tu devrais l’écouter Naruto, continua lentement Jiraiya, le regard ailleurs, avant de rajouter d’un ton hésitant. « Il se peut simplement qu’on soit parti sur une mauvaise piste… »
Naruto tourna la tête vers lui, avant de croiser son regard. Il ne lui fallut que quelque secondes avant de comprendre. « Tu as une idée, sensei, n’est-ce pas ? » Voyant que les trois Jinchuuriki le regardaient avec appui, et comprenant qu’il en avait trop dit, Jiraiya soupira. Il ne pouvait pas nier qu’une idée lui était venue à l’esprit, et il n’avait pas le cœur à la leur cacher. Il posa une main à sa hanche et observa son filleul, avant d’acquiescer.
- Oui… dit-il. « Oui, effectivement, j’ai une idée Naruto. Mais crois-moi, ce n’est pas la meilleur. Ça m’est juste venu à l’esprit il y a deux seconde, et pour le risque, il y a simplement trop peu de résultat en vue… »
Naruto l’interrompit en balayant négligemment ses propos de la main, avec un sourire amer. « Je me fiche bien des risques sensei, tu devrais le savoir. Si tu as une idée, il suffit d’en parler et on verra bien. »
- Je suis à cent pourcents d’accord avec le gaki ! rajouta Bee. « Craches le morceau, yeah ! »
Jiraiya fut silencieux un moment, et finalement, se mit à sourire quand il vit la lueur dans les yeux de Naruto. De la détermination… Décidemment.
- Ok, ok, d’accord, je parle, dit-il avec amusement avant de prendre une inspiration. « C’est une idée très risquée car ridiculement simple. Le type de sceau de Naruto est particulier… Il permet à l’utilisateur du sceau de puiser dans la puissance de son Bijuu sans que ce dernier n’ait la possibilité de l’influencer… Car c’est un fuuinjutsu de filtrage. » Voyant qu’ils écoutaient attentivement, le Sannin continua. « Imaginez un filtre, c’est le Shiki Fujin. Imaginez l’eau qu’on y verse, c’est le chakra de Naruto mélangé au chakra du Kyuubi. Le principe de ce fuuin est alors de contrôler le pourcentage de chakra de Kyuubi filtrant dans celui de Naruto. Mais voilà, on y vient : ce sceau a la propriété d’être ajustable… » Quand les trois Jinchuuriki acquiescèrent, Jiraiya conclut alors. « Et là où je veux en venir, c’est que nous avons noté ces deux dernières semaines qu’en y allant avec des pincettes, on a aucun résultat. Naruto n’arrive pas à voir un seul progrès et honnêtement… Moi non plus, et vous deux non plus Yugito, Bee, ne cherchez pas à le nier. »
- Et donc ? demande alors Yugito, sans chercher à nier l’absence de progrès de son ami. « Quelle serait votre idée, Jiraiya-san ? »
- Retirer le filtre, répondit aussitôt Jiraiya pour clarifier son idée. « Si nous n’arrivons pas à progresser en y allant petit à petit, alors allons directement au bout en ouvrant le sceau. »
Il y eut un silence significatif. Yugito, incrédule, le regarda, avant de se retourner vers Bee, qui lui aussi, était réticent à cette idée rien qu’à en voir la crispation sur son visage. Mais Naruto lui… Il était juste plongé en pleine réflexion. Il regarda d’un œil ses deux homologues de Kumo, avant de regarder son maître dans les yeux… Et il comprit que ce dernier était sérieux, et que même si l’idée était venue récemment, elle n’en était pas moins réfléchie.
- D’accord, prononça le Namikaze, sous les yeux méfiant de Bee et Yugito. « C’est une idée risquée mais je préfère ça à ne pas avancer du tout. »
- Naruto-kun… intervint Yugito, soucieuse. « Tu te rends compte du risque n’est-ce pas ? Si tu ouvres ton sceau, même si nous sommes là pour retenir Kyuubi en cas de problème, il sera cette fois réellement libre et ton âme ne sera pas protégée… »
L’inquiétude dans sa voix fit sourire le ninja blond. Il posa une main sur l’épaule de la jeune femme, qu’elle s’empressa de serrer.
- Hey Yugito-chan, tu as mal compris Jiraiya-sensei. C’est là toute la subtilité de son idée. Il n’a pas dit qu’on ouvrirait le sceau. Il a dit qu’on supprimerait juste le filtre.
Elle resta muette, mais ses lèvres remuèrent, comme si elle chercha à protester. Jiraiya parla cependant pour elle.
- Le filtre étant enlevé, Kyuubi ne pourra peut-être pas sortir de ton corps mais il pourra te détruire et donc se libérer, ce qui revient relativement au même. La seule chose qui diffère avec l’ouverture du sceau est qu’il sera obligé de lutter contre toi au lieu de pouvoir partir librement.
- Je sais… Mais je ne suis plus le petit garçon perdu que tu as jeté dans un ravin sensei, le reprit alors Naruto, avec un sourire taquin, faisant rire son maître en se rappelant de ce jour. « Oui, Kyuubi aura la possibilité de se libérer. Mais en face, je serais là pour l’en empêcher. Et si j’arrive à prendre le contrôle… »
- … Alors tu seras par défaut un Jinchuuriki parfait comme moi et Yugito, termina Bee pour lui. « Je vois où tu veux en venir. Au lieu de progresser dans le contrôle du chakra sur plusieurs années comme les Jinchuuriki normaux font, tu veux directement passer à l’étape finale. »
- Exactement, confirma Naruto. « Yugito-chan, Bee, est-ce que j’ai votre soutien pour- ? »
Il ne termina pas sa phrase comme Yugito l’assaillit d’une forte étreinte. Emu, il lui rendit son étreinte affectueusement, ne pouvant s’empêcher de sourire à la jeune femme. « Baka ! Evidemment qu’on va te soutenir ! » proféra Yugito en le serrant davantage. Naruto eut un petit rire.
« Merci… Yugi-chan. »
***
Naruto regarda le ciel d’un noir d’encre, alors qu’une infinité d’étoile brillait de mille feux, les bras nébuleux de la voie lactée sillonnant à travers les cieux. Un grand croissant de lune venait éclairer le monde nocturne alors que les cigales chanteuses venaient animer les plaines calmes. C’est au milieu d’une des grandes plaines des vallées d’Unraikyo, à ciel de nuit ouvert, que les quatre ninjas avaient décidé d’opérer. Encore extérieur à toute interaction, se préparant mentalement à tenter une prise de contrôle sur le démon renard, Naruto se perdit dans l’immensité de la voute céleste, et dans des pensées toutes plus anarchiques les unes que les autres… En vérité, à l’instant même, il ne sut pas vraiment à quoi il put réfléchir, juste qu’il eut beaucoup à penser – à rêver. Mais au final, il fut ramené à la réalité en se rappelant du pourquoi de sa présence dans cette plaine.
Silencieux, apaisé, préparé, il se retourna vers Yugito, Bee et Jiraiya, qui l’observaient en attente de ses réactions. Il leur adressa un sourire auquel ils répondirent. Il s’approcha alors de son maître, et retira son long haori orange, le lui confiant. Jiraiya le roula et l’enfouit dans un sac qu’il portait en bandoulière. Naruto retira ensuite son pull, et finalement son t-shirt, se retrouvant torse nu, Jiraiya faisant de même avec ces vêtements. Il referma le sac, et ce dernier disparut dans un nuage de fumé, scellé dans un petit rouleau que le Sannin mit dans la poche de sa veste. Passant sa main sur son bras gauche, savourant la brise qui caressant son torse, Naruto regarda ses homologues Jinchuuriki. Il ne put s’empêcher de faire un micro-sourire farceur en voyant que Yugito était un peu trop focalisée sur sa peau… La Kumo-nin remarqua rapidement qu’il l’avait prise en flagrant délit, et ne put que rougir à la situation. « Il fait vraiment bon pour une nuit de Kaminari, pour une fois. Tu ne veux pas retirer tes vêtements aussi Yugito-chan ? Je te jure c’est agréable ! » prononça Naruto avec un grand sourire, faisant rougir comme une tomate la Jinchuuriki de Nibi, sous le rire de Jiraiya et Bee. « Ba-Baka ! » maugréa-t-elle en croisant les bras de gêne, ne sachant plus où se mettre. Naruto rit doucement, profitant du grand air apaisant qui allait bientôt disparaître, en dépit de cette nuit magnifique. Il soupira, avant de prendre un air sérieux. Ses compagnons firent de même.
- Sensei, je suis prêt… dit-il lentement, alors que Jiraiya acquiesça.
- D’accord… Ça va être rapide. Je vais… Casser le filtre de ton Shishō Fuuin. La plaine est déserte et il n’y a pas âme qui vive ici de sorte que cela ne restreindra pas les mouvements de Bee et Yugito si jamais le Kyuubi fait des siennes. Et j’aurais aussi beaucoup de chemin pour venir stabiliser le Shishō Fuuin. J’attends à ce que cette tentative soit une réussite car on risque beaucoup Naruto, aussi, je te conseille de réussir du premier coup.
- Y a-t-il une échéance ? demanda son élève, Jiraiya hochant la tête dans la négative.
- Non, il n’y a aucune obligation à la réussite. Cependant, je te le conseille, autrement comme ton filtre sera brisé, je devrais t’apposer le Gogyō Fuuin, et tu sais ô combien c’est douloureux… répondit le Gama-sennin sombrement.
Naruto grimaça, se rappelant les temps de misère durant lesquels il avait eu à supporter le Gogyō Fuuin d’Orochimaru, avant l’examen des Chūnins. Il se passerait bien de le subir une seconde fois. Bien sûr, à des fins de contrôle de chakra, le sceau pouvait s’avérer utile… Mais même.
- Bon, je ferais en sorte de ne pas échouer dans ce cas, et au final, je n’aurais plus besoin de filtre, Ne Jiraiya-sensei ?
L’homme s’amusa à l’optimisme de son filleul. Il se demandait même encore comment ils avaient pu en venir à cette tentative pseudo-suicidaire… Personne n’avait tenté de jouer autant avec un Shishō Fuuin, mais c’était un type de sceau si élaboré et complexe qu’on pouvait le faire fonctionner de façon partielle sans en brider le potentiel. Tout ce qu’il fallait, c’était que Naruto réussisse, et s’il existait une personne capable de réussir une telle chose… c’était bien lui. « Ok, je suis prêt Naruto. » s’exclama Jiraiya, en prouvant ses dires par le chakra qui se mit à tourbillonner autour de son index. « Montre-moi ton sceau s’il te plait. » Naruto s’exécuta, et faisant le signe du tigre, il se mit à malaxer son chakra. Dans une lueur rougeoyante, l’imposant et impressionnant Hakke no Fuuin Shiki apparut, luisant sur le ventre de Naruto, le centre du sceau en forme de tourbillon étant son nombril – et ce, sous la fascination morbide de Bee et Yugito. Contrairement aux deux Konoha-nin, ils n’en connaissaient pas autant sur les sceaux…
- Prépare-toi… Naruto… Car je n’ai pas dit que ça ne fera pas mal, dit alors Jiraiya.
- Comment ça, que voulais-tu d-…
Naruto ne finit pas sa phrase lorsque Jiraiya posa son doigt sur le centre de son sceau. Le chakra se mit alors à émaner de Naruto comme il sembla s’échapper, et crispé, ce fut vraisemblablement la douleur qui refléta dans ses yeux. « Fuuin : Hakke no seki, Kai ! » Naruto écarquilla les yeux dans le choc, alors qu’ils laissèrent place à ceux de Kyuubi. Immobile dans un premier temps… Le garçon s’écroula alors lourdement sur le sol dans un râle de douleur. Tremblant, convulsant, en quelques secondes… il se figea tel quel, vautré sur le sol. « Naruto-kun… ! » prononça Yugito, inquiète, faisant un pas en avant dans l’intention d’aller le redresser. Avant d’être arrêtée brusquement par la main de Bee sur son épaule.
- N’approche pas ! ordonna Jiraiya, avant de faire quelques pas en arrière. « Reculez » rajouta-t-il, alors que Bee s’exécuta en prenant Yugito par le bras. Confuse, elle lui intima du regard de leur expliquer. « Désormais, c’est simple. S’il se relève avec le chakra de Kyuubi, c’est que ce n’est pas Naruto aux commandes. Tenez-vous prêt. »
Comprenant aussitôt, Yugito et Bee se préparèrent à se transformer en cas de problème… Et aux yeux graves de Jiraiya, cette possibilité fut grandement envisageable.
« La dernière fois, c’était quatre queue. Cette fois, le filtre n’est plus là, de sorte qu’il ne sera plus limité… Ça va se jouer serré… Naruto, je compte sur toi… »
***
« Ils me regardent tous… Je reconnais ces regards… Le dégoût, la haine… Pourquoi me regardent-ils comme ça ? Qu’ai-je fais ? Qui suis-je ? Que suis-je ? »
Ils le regardaient tous. Ces yeux emplis d’une multitude d’émotions négatives, de leur rancœur, de leur ressentiment. Ils se retenaient, il arrivait à le voir dans leurs gestes. Pourquoi ? Il était encerclé par eux, il ne pouvait même pas les fuir. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était rester assis, recroquevillé, à attendre qu’ils ne se lassent de le faire souffrir, qu’ils… ne l’oublient. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était attendre. Attendre, et subir leur haine. Une haine dont il ne savait pas la raison. Les larmes coulèrent de ses yeux, acides, silencieuses, alors qu’un mal de tête vint ajouter à la douleur émotionnelle, de la douleur réelle. Il voulait que cela s’arrête. Il voulait qu’ils disparaissent, qu’ils ne le laissent seul. Il ne voulait pas de ce genre d’attention, il ne voulait pas cette compagnie. Il voulait juste les voir sourire, les voir l’accepter, non pas le regarder aussi amèrement, le maudire d’un millier d’injure. Il ne voulait plus être calomnié.
Naruto Uzumaki, sept ans, était l’enfant maudit de Konoha, le Jinchuuriki de Kyuubi. Délaissé. Souillé. Craint.
Et seul. Terriblement seul.
« Pourquoi le Sandaime laisse-t-il vivre cette chose ? » ; « Pourquoi mon mari a-t-il été emprisonné pour essayer de rendre justice à notre village ? » ; « Pourquoi le laisse-t-on marcher impunément dans nos rues, il nous déshonore par sa présence ? » ; « Faites attention, ne révélez pas le secret… On pourrait être exécuté pour ça. »
Ils parlaient tous comme s’il n’était pas là. Toujours ces questions ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi… Pourquoi disaient-ils pourquoi ? Pourquoi se questionnaient-ils, pourquoi le haïssaient-ils ? Naruto se posait ces questions, chaque jour, chaque heure, chaque minute. Chaque seconde, son esprit tourmenté s’agitait, cherchant vainement, inutilement, mais inlassablement, une réponse. Une simple réponse. Rien qu’une. Mais rien ne vint, de sa naissance, à aujourd’hui, sous les yeux méprisants et moqueurs de ces gens qu’il ne connaissait pas, mais qui eux, semblaient tellement le connaître… ou le confondre. Il avait envie qu’ils l’aiment, mais paradoxalement, il les haïssait. Oui, il en venait petit à petit à les haïr tous, à vouloir les faire souffrir en retour, pour se venger. Oui… Il en venait à haïr Konoha. Indépendamment, depuis toutes ces années, c’était ce sentiment de dégoût de l’humanité qui avait germé en lui. A chaque visage, chaque regard, chaque main, chaque yeux. L’envie de les détruire l’oppressait progressivement.
Mais il le cachait. Il le cachait aux yeux de tous, même du Sandaime. Grognant, il vit une sortie entre la foule. « Un jour, vous changerez d’avis ! » hurla-t-il à tue-tête, le feu dans les yeux. Cette soif de reconnaissance mêlée à une haine naissante. « Je deviendrais Hokage ! » Puis, il partit en courant. S’enfuyant, comme il le faisait à chaque fois. Quand bien même il ne flanchait pas à tous leurs regards, il ne pouvait pas les supporter longtemps. Les larmes coulèrent à flot sur ses joues, alors que courant au milieu des rues plongées dans la lueur du crépuscule, il essuyait son visage de ses mains. Il avait froid, alors qu’il ne portait qu’un simple pantalon ternes, ce t-shirt noir, et une paire de sandale usée. Ici, dans les rues, ou à l’académie, sa vie était la même. Le rejet, l’indifférence, le silence et la solitude. Même s’il faisait des blagues, même s’il souriait, les gens l’ignoraient, et les enfants se moquaient. Il était gentil, mais ce n’était pas réciproque. Ses professeurs le disputaient tout le temps. Aussi complexé qu’il l’était, il n’arrivait pas à dormir la nuit, il vivait hors du temps… Résultat, il lui arrivait de somnoler en classe, et on le punissait injustement, peu importait son excuse. Ils ne cherchaient pas à comprendre.
Et les larmes ne tarirent pas. A force de penser à tous cela, elles ne se firent que plus présentes, et il finit par pleurer. De toute façon, c’était normal… Il n’avait que sept ans. C’était un enfant que personne n’aimait. Puis, il percuta quelqu’un sans faire exprès. Généralement, quand il courait dans les rues, lorsqu’il bousculait quelqu’un, soit il s’excusait prestement, soit il n’en courait que plus vite et fuyait la zone pour éviter les réprimandes houleuses. Mais lorsqu’il reçut un coup dans le visage, il abandonna toute pensée distraite en étant projeté contre le sol. Se tenant le visage dans la douleur, il essaya de comprendre ce qui venait de lui arriver.
« Plus je vois ce déchet, moins j’arrive à le supporter ! » avait-il entendu de la voix d’un homme.
Quand il rouvrit les yeux, il se retrouva face à trois hommes. Trois Chūnins. Se relevant, Naruto comprit automatiquement ce qui allait se passer s’il ne partait pas maintenant. Ils voulaient évacuer leur colère… Et ce n’était pas la première fois que des grandes personnes qu’il n’avait jamais vu l’approchaient pour venir le frapper à mort. Il avait depuis appris à fuir et se cacher. Pourtant, les hommes ne lui laissèrent même pas le temps de s’enfuir. L’encerclant, il ne fallut à peine que dix secondes avant qu’ils ne se mettent à le frapper. Le frapper très fort. Le premier coup qu’il eut reçu l’avait déjà presque assommé, et un vertige l’ayant pris suite au coup, lorsqu’il fut mis à terre et roué de coups, il eut du mal à se recroqueviller. Puis, il ne sentit au final plus les coups, comme il sombra petit à petit dans l’inconscience. Ce fut au bord de l’évanouissement qu’il saisit vaguement la forme d’ANBU mettre un terme au passage à tabac. Puis tout fut noir.
A chaque fois, chaque fois, c’était la même chose. Toujours plus intense, toujours plus dangereux. Le jour suivant, il se réveillait à l’hôpital, partiellement remis des coups, parfois avec le vieux Hiruzen à son chevet… Qui le rassurait… Du moins tentait. Les caresses et les câlins qui au départ l’avaient ému n’avaient au final plus eu aucun impact, au point qu’il n’en regardait des fois même plus le vieil homme. Et la vie avait continué. Plus sombre, plus triste, plus vide.
« Je déteste ça. Je les déteste. Pourquoi est-ce que je vois ça ?! »
Aussitôt qu’il fut tombé, Naruto se réveilla.
Haletant, essoufflé, il regarda autour de lui totalement confus à ce qui venait de lui arriver. Il venait de revivre plusieurs scène de sa vie à Konoha lorsqu’il était un enfant, et il n’arrivait pas à comprendre pourquoi. La dernière scène avait été la plus marquante, pour le simple fait qu’avec l’intensité et le nombre de coup qu’il avait reçu des trois ninjas, il avait été si gravement blessé qu’il en était tombé dans le coma durant près de dix jours. D’après ce qu’il avait appris à l’époque, les Chūnins responsables avaient été torturés puis mis à mort par les ordres du Sandaime. Ceci n’avait pas empêché la continuité des persécutions cependant, surtout lorsque les gens avaient parfaitement compris qu’au vu de l’inactivité des ANBU, ils pouvaient le battre tant qu’ils ne le mettaient pas en danger. Ce ne fut que vers ses dix ans qu’une équipe d’ANBU fidèle aux ordres du Hokage Sandaime ne lui fut assignée, mettant un terme aux violences physiques commises.
Mais à cet instant précis, rien n’expliqua à Naruto pourquoi il se rappela d’autant de souvenir qu’il aurait préféré oublier. Et surtout, pourquoi avaient-ils été si réels… Jusqu’à ce qu’il comprit. Il se rappela de ce que lui avait fait Jiraiya. L’homme, quelques temps auparavant, lui avait retiré brutalement le filtre de son sceau, et il était tombé inconscient, happé dans son propre esprit. Et… une seule explication était plausible quant à la réminiscence de ces mauvais souvenirs. Il fut aussitôt sur ses gardes. Il réalisait qu’il avait perdu beaucoup trop de temps. Enfin, il ne savait pas vraiment quelle était la valeur du temps dans son esprit mais ce qu’il savait, c’est qu’il avait passé trop longtemps à ressasser sa vie. Actuellement, il était vulnérable.
Il ouvrit les yeux, en sursaut. Il n’avait pas remarqué que malgré les visions chaotiques de sa vie passée à Konoha, ses yeux avaient été fermés.
- Où suis-je ? se dit-il à haute voix, ne sachant pas vraiment où il était. Dans son esprit, certes… Mais ça ne voulait rien dire. L’âme et l’esprit étaient des domaines occultes, ancestraux. C’était le vide. Un vide absolu, sans frontière. Obscur, noir. Et puis, cette sensation de froid, d’oubli. Oui, cette sensation qu’il connaissait bien. Cette sensation du passé, celle qui touchait son cœur plus qu’il ne souhaitait.
Et ce, jusqu’à ce rire. Ce rire qu’il reconnut aussitôt, et ce souffle d’air glacial qui le fit trembler de tous ses membres. Baissant les yeux, il remarqua que ses pieds étaient immergés dans de l’eau. Puis relevant la tête, il se rendit enfin compte que le vide noir laissa sa place à deux murs de part et d’autre de lui, et… Et deux yeux brillant d’un rouge de sang, démoniaque, le toisant parmi les ténèbres, devant lui. Immobile, silencieux, il plongea son regard dans ces deux orbes sanguin, les pupilles fendues et dilatées à leur paroxysme, et cette haine en émanant… Ce brasier de haine qui vint l’entourer, le submerger, l’étouffer.
- Nous nous retrouvons enfin… Naruto…
Naruto s’avança de quelques pas, remarquant que le papier par-dessus le sceau à quatre éléments était tombé, découvrant ainsi la grande reliure en spirale spécifique au fuuinjutsu Uzumaki. Petit à petit, approchant, la silhouette immense du monstre de sa vie se découvrit parmi les ombres. Le corps sombre et rouge-orange du terrifiant démon renard à neuf queues.
- Kyuubi… prononça Naruto, parlant bas, ne voulant pas montrer qu’il était intimidé à sa vue. Il avait depuis longtemps redouté sa confrontation avec le Bijuu.
- Ha ha ha… Pauvre ningen inconscient… Tu es venu à moi de ton plein gré… Qu’espère-tu de moi, sinon la mort ?
Naruto ne prononça rien un moment, regardant le renard géant dans les yeux, un rictus amusé s’étendant sur la tête du renard, alors qu’il jubilait dans son incommensurable mépris pour le jeune homme. Mais Naruto n’était pas là pour rien. Ils le savaient tous deux. Naruto fit un pas de plus en avant, vers la cage. Puis un autre, et continuant, il vint finalement à quelques mètres devant les imposant barreaux de la cage d’or de Kyuubi.
- Tu sais pourquoi je suis venu ici. Cela m’épargne les explications, démon.
- Le filtre est brisé, je l’ai senti d’ici… Hahaha… Dès qu’il a disparu, tu t’es condamné, ningen…
Naruto ricana avec sarcasme.
- Le filtre est brisé oui… Mais pas le sceau. Tu n’es à mes yeux qu’un simple animal en cage, peu importe ta puissance.
Le jeune homme sursauta lorsqu’aussitôt, les griffes du démon renard passèrent à travers la cage pour tenter de le transpercer. Le chakra du renard explosa partout dans la pièce, alors que ce dernier sembla comme enflammé dans sa fureur, son chakra rouge tourbillonnant autour de lui, faisant comme s’il fut nimbé de flamme. Naruto se tint difficilement debout, résistant à la pression de l’air, qui tentait de l’expédier en arrière.
- TU VAS REGRETTER CE QUE TU VIENS DE DIRE, NAMIKAZE !! Je vais sortir d’ici … Et tu prieras les dieux pour que je t’accorde une mort rapide et sans souffrance…
Naruto le défia du regard, ne prenant pas au sérieux sa menace. Il remarqua ensuite la nappe de chakra démonique progresser sur l’eau, jusqu’à ses pieds. Il fronça les sourcils, serrant les dents de rage, alors qu’affrontant le regard de Kyuubi de nouveau, il prononça quelques mots qui ne firent qu’enrager la bête encore plus.
- Tu ne me fais pas peur Kyuubi ! Plus maintenant !
- Nous verrons, ningen !
Dès lors, le chakra du démon toucha ses pieds, avant de rapidement l’engloutir. « Oui, nous verrons, Kyuubi. Qui de nous deux cédera le premier. »
***
Yugito et Bee se raidirent à la sensation malsaine qui atteignit leurs sens. Quelques secondes après, Jiraiya ressentit à son tour le malaise, une sueur froide et un sentiment de peur venant glacer ses os. Ils comprirent aussitôt ce qui se passait, et reculant de quelques pas, ils attendirent. Le corps de Naruto commença à luire d’une sombre lueur rouge, avant que l’aura de Kyuubi ne se mette à émaner de lui, l’immergeant d’un halo de chakra démoniaque qui vint s’agiter, instable. Les trois ninjas firent un saut en arrière lorsque le chakra prit considérablement de l’ampleur, se mettant alors à bouillir et carboniser les quelques mètres sur lesquels il se répandit.
- Ça commence, prononça Jiraiya d’un sérieux et d’une gravité à toute épreuve. « Tenez-vous prêts ! »
- Hai ! s’exclamèrent les deux Jinchuuriki, alors que deux halo rouges se mirent à émaner d’eux également.
Le corps de Naruto commença alors à bouger, tremblant nerveusement durant quelques secondes. Puis ses bras se plièrent, avant de pousser pour qu’il se lève. Bee et Yugito hésitèrent, armant leurs bras, ne sachant absolument pas qui était aux commandes. Le chakra du Kyuubi avait déferlé à un débit irréel, quelques minutes après que Naruto était tombé au sol, mais cela n’assurait pas que Kyuubi avait pris possession du corps du garçon. Un silence s’installa sur les lieux, interrompu uniquement par le bruit des chakras bouillonnants des trois Jinchuuriki. La plaine noire fut éclairée que par la lumière inquiétante émise par les chakra rougeoyants.
Pourtant, lorsqu’il leva la tête, les trois ninjas raffermirent leur prise. Les yeux rouges, les marques de moustaches épaissies sur ses joues, les cheveux s’hérissant, Naruto, où ce qui en restait, regarda devant lui. Puis, rapidement, se redressa, debout sur ses pieds. L’air insensible de son visage prouve à ses compagnon que le corps devant eux n’était à ce moment plus Naruto. Poussant un hurlement de sa voix rocailleuse et démoniaque, quatre immenses queues de chakra poussèrent dans le dos du réceptacle, et le cri s’intensifiant, le manteau de chakra qui l’entourait fit rapidement fondre sa peau, l’arrachant. Son sang vint se joindre au chakra rouge, lui faisant prendre une couleur presque noire. Le Jinchuuriki était là, devant eux, prêt à entrer dans sa furie de sang.
- ATTENTION LE VOILA ! hurla Jiraiya avant de sauter en arrière, les mains jointes dans un mudra, prêt à se défendre.
A l’actuel, Naruto Namikaze n’était plu. En face d’eux se trouvait l’avatar de Kyuubi, le chakra malsain ayant pris possession du corps de son geôlier, le faisant entrer comme prévu dans une frénésie meurtrière, tuant tous ce qui était à portée. Le Kyuubi se précipita à une vitesse insoupçonnée sur Jiraiya, le bras levé dans l’intention d’une estoque. Bee et Yugito n’attendirent pas, et s’élancèrent chacun d’un côté. Ne comptant que sur leur force brute, ils se jetèrent de toute leur force sur lui, le prenant par les flancs alors que ce dernier, trop occupé à vouloir tuer le Sannin, ignora entièrement la présence des deux Jinchuuriki. Saisissant ses bras et les bloquant à l’arrière de son dos, forçant démesurément, Bee et Yugito immobilisèrent l’humanoïde démoniaque rouge sang. Le démon se débattit, ses queues virevoltant dans les airs et percutant le sol avec une puissance incommensurable. Cherchant à se libérer pour assouvir ses envies de destruction, la bête poussa un second hurlement, et son chakra émana tel une déflagration, faisant trembler la terre.
- Bon sang !! hurla Yugito d’une voix rauque, alors que deux queues de chakra poussèrent dans son dos, preuve qu’elle commençait à faire entièrement appel à son Bijuu. Elle flanchait sous la force de Naruto.
- Ne lâche pas, chaton ! prononça à son tour Bee, trois queues du Hachibi naissant dans son dos, alors qu’il peinait beaucoup moins à retenir le Jinchuuriki du Kyuubi.
La Jinchuuriki du Nibi grogna alors qu’elle dérapa légèrement sous la force de Naruto sous les quatre queues de Kyuubi. « Ne m’appelle pas comme ça baka ! Ce n’est pas le moment de plaisanter ! » Et elle avait raison. Sous leur stupeur, deux queues supplémentaires poussèrent dans le dos du Jinchuuriki de Kyuubi. Ils ne purent repousser l’onde de choc due à leur libération, et furent projetés en arrière, tout en ayant le loisir de voir le Bijuu se mettre à quatre pattes, la tête, les membres et la colonne vertébral d’une ossature se formant grossièrement autour de lui. Un cratère se forma ensuite sous la pression du chakra démoniaque, alors que Bee devint cette fois beaucoup plus sérieux.
- Jiraiya-sama, est-ce que c’est normal que ce soit aussi rapide ? demanda-t-il au Sannin qui était positionné plus loin.
- Le filtre est rompu, donc oui ! s’exclama-t-il, en exécutant cette fois une série de mudra. Les doigts de ses mains se mirent à luire. « La neuvième queue va pousser extrêmement vite si Naruto n’agit pas avant ! Dans un tel cas, je compte sur vous pour que je puisse l’atteindre et lui poser le Gogyō Fuuin avant que son sceau ne se brise ! »
Yugito et Bee acquiescèrent. Ils en avaient déjà parlé auparavant, mais il était toujours utile de le répéter. Deux fois n’étaient pas de trop, surtout dans ce genre de situation.
- Jiraiya-sama, comment peut-on s’assurer que le sceau n’est pas brisé à la libération de la neuvième queue ? demanda Yugito, crispé dans l’attente d’une attaque du Kyuubi.
- C’est simple. Pour l’instant, personne n’est réellement aux commandes. Le corps de Naruto est plongé dans une furie meurtrière ! Si le Kyuubi se libère, vous vous en rendrez bien vite compte… Bien que je ne souhaite pas pour nous une telle perspective.
Les quelques secondes qu’ils eurent de répit arrivèrent bien vite à leur terme, lorsqu’une multitude de billes de chakra furent expédiée du manteau de chakra du Bijuu, en suspension. Quand elles se réunirent et se condensèrent en une sphère compacte, sous les yeux des trois protagonistes, et que Kyuubi les avala, ils surent que s’ils ne bougeaient pas rapidement, ils allaient mourir. « Merde, cet enfoiré fait un Bijūdama ! » s’écria Bee.
Il n’eut pas le temps d’en dire plus lorsque le Bijuu exhala son attaque, qui explosa, engloutissant toute la zone dans une immense déflagration.
***
La vie était si étrange. Si imprévisible, et par conséquent, si injuste. Elle était si fourbe, si traître, et si dangereuse. Comment pouvait-on l’interpréter, l’appréhender ? On espérait, on espérait en vain, mais on ne s’en rendait compte que trop tard. Naruto n’avait de cesse de ressasser cette réflexion. Il n’arrivait simplement pas à comprendre. Il avait mal, si mal, et il voulait pleurer. Il voulait pleurer sans s’arrêter, jusqu’à ce qu’il soit soulagé. Mais il n’y arrivait plus. Il ne pouvait plus, car les larmes n’avaient que trop coulé, et que les gens étaient susceptibles de lui faire du mal s’ils le surprenaient en train de pleurer. Alors qu’il désirait des personnes capables de le réconforter dans ces moments de faiblesse, il obtenait l’inverse. Et tremblant, tourné vers la fenêtre, couché sur son lit d’hôpital, Naruto laissait s’évader son regard sur le grand village caché dont il attendait envers et contre tout l’acceptation.
Il tremblait oui, essayant de retenir à la fois ses larmes, et à la fois sa peur. Les médecins et infirmières ne venaient même pas le voir, et chaque fois qu’il était amené à l’hôpital pour soigner ses blessures, il devait supporter ce calvaire. Il détestait l’hôpital. Il était coincé dans cet endroit car le personnel l’empêchait de s’enfuir à chaque tentative, ajouté au fait que personne ne lui donnait quoi que ce soit pour atténuer sa douleur. La dernière agression avait été extrêmement violente, et se rappelant de ce qui lui était arrivé, le petit garçon ne put réprimer ses larmes cette fois. Il fit attention à ce que personne n’entende ou ne voit ses sanglots irréguliers. Son septième anniversaire s’était déroulé il y avait quatre jours. Sans doute l’un des pires jours de sa vie. Ses bras étaient plâtrés lourdement, il n’arrivait même pas à les bouger.
Chaque dix octobre de ce qu’il s’en rappelait, de méchantes personnes venaient à chaque fois le voir. Des fois, il arrivait à se cacher, mais d’autre fois cependant, les gens parvenaient à le trouver. Ce septième anniversaire là avec été l’un de ceux où ses poursuivants l’avaient rattrapé. Et cette nuit avait sans doute été la pire de toute celle qu’il avait vécu. Une bassine d’huile. C’était dans une bassine d’huile bouillante qu’ils l’avaient forcé à plonger ses bras jusqu’aux épaules, pour un plaisir sadique, fou. Il les avait supplié, imploré en hurlant de peur, de souffrance, mais peu importait ses supplications. Ils avaient continué, longtemps, et lui brisant les bras, ils avaient commencé à le frapper. Et à chaque fois, sa survie ne dépendait qu’à l’arrivé d’un groupe de ninjas avec des masques. Des ANBU.
Naruto s’était réveillé le matin même, après quatre jours de coma. Il fut sans dire que non content de ne pas pouvoir bouger ses bras, il n’arrivait même plus à les ressentir, si ce n’était pour les démangeaisons insistantes qui le dérangeaient. Et la vie continuait, comme chaque jour, comme si rien ne s’était passé. Personne ne se souciait de lui, de sorte que se plaindre ou implorer de l’aide n’était même pas envisageable.
Quelle était cette vie ?
***
Naruto passa par de multiples états. Il eut d’abord extrêmement froid, puis il se sentit fiévreux, puis sa gorge le brûlant, lui donnant envie de tousser, avant que cette toux ne vienne à terme, laissant place à une irrémédiable envie de vomir. Il avait mal aux yeux, comme lors de certaines nuits blanches qu’il avait passé à lire et relire ses rouleaux de fuuinjutsu, et il avait une intense migraine. Tout ceci, alors qu’enfermé dans ce cocon de chakra rouge, un flot d’évènement du passé déferlait de façon anarchique dans sa tête. Des moments de joie qui semblaient s’enflammer et se consumer dans un enfer de flamme à l’arrivée d’évènement beaucoup moins joyeux. La tristesse, l’abandon, la souffrance, et les tortures. Les regards haineux et vindicatifs d’inconnus défilaient indéfiniment dans son esprit, devant ses yeux, comme s’ils étaient vraiment là, devant lui. Et il ne pouvait stopper cet odieux sort que semblait lui avoir jeté Kyuubi. Ce démon manipulait et lisait ses émotions et ses souvenirs comme s’ils étaient des armes !
Il sentit progressivement la haine et la colère gonfler dans son cœur, alors qu’il ressentit l’adrénaline et l’envie d’agir se faire plus présentes. Son souffle accéléra sous l’appréhension, comme il regarda le renard géant dans les yeux.
- Enfoiré ! Tu penses m’avoir avec ces saloperies !? hurla-t-il, de plus en plus en colère en voyant le rictus fourbe de Kyuubi s’étirer.
L’intensité du chakra qui l’entourait augmenta, et les souvenirs ne se firent que plus oppressants. Il ne se rendait pas compte que son cœur s’obscurcissait en se rappelant progressivement de son fléau du passé. Et dans un éphémère moment de lucidité, il se rendit compte qu’il ne fut pas si imperméable aux émotions négatives qu’il ne l’eut prétendu. Il n’en fut alors que plus instable, plus agité… Sous le calme cachant une sourde mais intense joie malsaine du démon. Mais de tous les souvenirs qui semblaient l’assommer à tour de rôle, de toutes les tragédies et de tous les coups du destin qu’il put avoir subi dans ce village décevant qu’était Konoha, jamais, au grand jamais, il crut avoir un jour à revoir ce jour-là. Le jour qui avait brisé une partie de lui-même. Ce jour où il avait réellement commencé à comprendre que peu importe ce qu’il faisait, jamais Konohagakure no satō n’allait l’accepter.
Et alors que cette journée défila devant ses yeux, il se crispa de rage. Il serra les dents comme s’il voulait mordre à mort quelque chose, il serra les poings à s’en blanchir les jointures, sans se soucier qu’il était en train de briser ses doigts. Il réprima l’envie, le besoin de crier, qui naquit au fond de lui, au fond de sa gorge, et ses lèvres tremblèrent devant l’affront que représentait maintenant cette journée pour lui. Avant de voir le visage de ses protagonistes. « Plus jamais… ça… PLUS JAMAIS !!! » hurla-t-il.
« Tu avais promis, Naruto ! Tu avais promis de ramener Sasuke-kun… Tu n’es juste qu’un menteur, un dobe, comme toujours ! »
- Qu’est-ce que…
Naruto tomba à genoux en sentant son corps souffrant. Puis, il commença à haleter sans comprendre ce qui lui arrivait… Avant qu’il ne commence à étouffer.
- Qu’est-ce qu’il m’arrive ?!
Il essaya d’avaler sa salive, mais n’y arriva pas, alors qu’il se tint la gorge. Il avait l’impression que cette dernière avait été broyée, sans compter le goût du sang qui était facilement décelable. Comment pouvait-il saigner ? Pourtant, cette souffrance ne fut rien à celle qu’il ressentit lorsqu’un spasme éprit son corps, et que la sensation d’un choc électrique le toucha… et que la cicatrice de la plaie sur sa poitrine au niveau de son poumon droit ne se rouvre. Ses yeux s’écarquillèrent alors qu’il se recroquevilla au sol, en serrant sa plaie de sa main droite. Il remarqua ainsi le chakra de Kyuubi qui circulait en lui.
- Kyuubi !! Espèce de lâche !!
- … Disait l’homme qui pensait pouvoir m’apprivoiser en se cachant derrière son sceau pathétique… Tu vas payer le prix de ton imprudence, maintenant que je peux t’atteindre…
Naruto gémit de douleur en fermant les yeux. Ces derniers se mirent à saigner, tout comme ses oreilles et son nez, puis chaque pore de sa peau. Il fallait qu’il se reprenne. Même s’il savait qu’à l’extérieur Bee, Yugito et son maître s’occupaient d’éventuelles complications, ce n’était pas pour autant que la situation était sans danger. Et Kyuubi venait de profiter d’une faille qui lui avait auparavant parue négligeable. Mais il n’allait pas renoncer. La rencontre avec Kyuubi pouvait être mortelle, il ne s’en souciait pas. Il était déterminé à contrôler le pouvoir de Kyuubi. Non seulement pour se protéger, mais aussi pour protéger les autres, aussi bien de ses ennemis que de lui-même. Car la dernière chose qu’il voulait, c’était à nouveau de perdre le contrôle de Kyuubi comme lorsque Jiraiya et lui avait essayé de passer outre la quatrième queue.
***
Yugito était essoufflée. Elle se trouvait en ce moment assise, cachée derrière la paroi d’une crevasse qui s’était formée suite au désastre provoqué par le Bijūdama de Naruto dans sa forme à six queues. Le chakra de Nibi n’émanait plus d’elle, alors que grimaçant, elle tenait son bras gauche fortement, compressant une blessure. En effet, son bras saignait abondamment, et piètrement couvert par sa main, une vilaine et profonde coupure lui ornait le biceps. Elle calma petit à petit sa respiration, alors que le souffle du vent d’une chaleur désagréable vint lécher sa peau couverte d’une sueur grasse dont elle se serait bien passée. Elle regarda à sa gauche, fixant alors Jiraiya. Ce dernier, debout, avait passé sa tête par-dessus la paroi de la crevasse, et observait d’un air de profonde réflexion la plaine maintenant saccagée. Yugito se demanda sur quoi le Myōbokuzan no Sennin réfléchissait, surtout dans une telle situation.
Car le lieu chaotique était maintenant entièrement saturé de ce chakra maléfique qui empoisonnait les êtres vivants – mis à part eux, Jinchuuriki – et il ne fallait que se redresser légèrement par-dessus la paroi de la crevasse pour apercevoir une silhouette titanesque. De plus d’une quarantaine de mètres de haut, le démon renard à neuf queues, Kyuubi no Yoko, tournait sur lui-même au milieu de l’étendue sinistrée, observant les lieux. Ses immenses yeux rouge monstrueux, ne reflétant rien mise à part la rage et la fureur, semblaient scanner la plaine. Jiraiya était émerveillée. C’était la seconde fois qu’il voyait le Kyuubi, et le spectacle était toujours aussi démoniquement majestueux. Kushina était déjà entré dans cette forme, utilisant le pouvoir d’un titan pour créer une explosion infernale. Il se rappelait encore du moment d’hébètement qu’il avait eu avec Minato et Hiruzen lorsque cette dernière avait fait partir une base de Kumogakure en fumée durant une mission confidentielle. Mission vite mise sous scellé et confidence de quelques privilégiés, le secret qu’elle était la Jinchuuriki de Kyuubi ne devant absolument pas sortir. Même encore aujourd’hui, Kumogakure ignorait d’où était venu le Kyuubi et où il était allé suite à cette attaque.
Pourtant, il se rappelait de ce jour comme s’il avait été hier. Ce jour même où le Rasengan était né lorsque Minato avait copié la structure du Bijūdama de Kushina. Et là, à quelques dizaines de mètres devant lui, pour la deuxième fois dans sa vie, Jiraiya de Konoha observait Kyuubi dans toute sa splendeur infernale. Ses neuf queues se soulevaient très haut dans les airs, s’agitant nerveusement, et le doux ciel de nuit qui avait pourtant été dégagé s’était maintenant couvert de lourds nuages encore plus noirs, quelques éclairs les déchirants irrégulièrement. Jiraiya souffla un bon coup, et se baissa, croisant le regard inquiet de Yugito. Bee n’était pas avec eux.
Peu après que le Bijūdama avait explosé, le Kyuubi en avait reformé un autre, et encore un autre, les faisant tous exploser autour de lui. Dans la confusion, Bee avait été séparé d’eux, disparaissant dans les écrans de fumée suite à la dévastation. Manquant d’option, Yugito étant blessée suite à la projection violente d’un débris de roche, Jiraiya n’avait eu d’autre choix que de la tirer dans cet abri de fortune que représentait la crevasse nouvellement formée dans laquelle ils se cachaient en ce moment. Au vu de la plaine vide si ce n’était pour l’immense démon la foulant du pied – des pattes –, Jiraiya comprit que Bee avait eu la même idée qu’eux : Profiter de la fumée pour se cacher, évitant ainsi d’être pris pour cible après qu’elle fut dissipée. Et par conséquent, le Kumo-nin Jinchuuriki de Hachibi no Kyogyū était sans doute dans l’attente d’un mouvement de leur part.
- Yugito, est-ce que ça va aller ? demanda Jiraiya en considérant la blessure à son bras.
Yugito comprit vite de quoi parlait Jiraiya, et s’empressa de clarifier la situation. « Ce n’est rien. Nibi est déjà en train de le guérir, d’ici une minute c’est bon. Je m’inquiéterais beaucoup plus pour Naruto-kun si j’étais vous Jiraiya-sama. Les neuf queues sont libres. »
- Le problème c’est que nous sommes séparés de Bee. Nous aurions déjà réagis si ce n’était pas pour ça. Le plan n’a pas changé. Est-ce que tu penses pouvoir faire face à Kyuubi, Yugito ?
Yugito fut silencieuse quelque secondes. « Honnêtement je ne sais pas. Nibi est plus petit et plus faible que Kyuubi. Même si je suis aux commandes, je doute arriver à l’immobiliser plus de quelques secondes sans l’aide de Bee. Après tout, on s’était mis d’accord sur le fait que Bee devait s’occuper du corps et moi de la tête, si jamais il venait à l’esprit à Kyuubi de faire un Bijūdama. Tout se complique à cause de ça. » Jiraiya la regarda sérieusement un moment, avant de pousser un soupir entre la lassitude et l’exaspération. Il axa son regard de nouveau sur le titan un peu plus loin, rechignant.
- Génial ! Nous voilà désorganisés face à Kyuubi et en manque de temps, sachant que le sceau ne tiendra pas longtemps à ce rythme.
- Mais si j’interviens, Jiraiya-sama, Bee me rejoindra sans doute. Le plan n’a pas changé comme vous dites.
A ceci près que Bee avait pu être assommé. Si jamais c’était le cas, ils seraient extrêmement embêtés pour que Jiraiya approche Kyuubi et lui appose le Gogyō Fuuin en toute sécurité. Et lorsqu’il prit en compte la possibilité que Bee soit touché – ou pire –, une seule chose ressortit de façon claire et précise à l’esprit de Jiraiya.
« Putain, quelle merde. Je suis vraiment trop vieux pour ces conneries… »
***
Naruto sauta sur le côté et fit une roulade pour éviter l’immense boule condensée de chakra qui manqua de le toucher. Il savait qu’il ne devait pas entrer en contact avec une de ses choses, même si cela se passait au beau milieu de son subconscient. Jiraiya lui avait déjà parlé de cette technique. Que c’était la favorite et l’une des seules que possédaient les Bijuus. Il remarqua aussi dès qu’il l’eut vu que la structure du projectile était la même que celle du Rasengan, et il comprit dès lors d’où Minato avait eu idée de son jutsu. Mais il chassa vite ses pensées. Il ne devait pas être distrait par quoi que ce fut, auquel cas le démon en face de lui ne manquerait pas de le tuer. Kyuubi l’attaquait sans cesse, et ce n’était pas vraiment surprenant. Le renard avait vraiment envie de le tuer, et il avait l’air de s’amuser, jubilant lorsqu’il le voyait contraint d’esquiver et de fuir ses attaques.
Le moment était finalement arrivé. Dès lors, il n’y avait plus eut de cage. Lorsque Kyuubi s’était mis à le posséder en usant de ses souvenirs pour l’affaiblir, le filtre avait finalement totalement disparu. L’aspect de la salle avait alors changé. La cage qui le séparait de Kyuubi avait disparu, le papier qui recouvrait le Hakke no fuuin Shiki se déchirant. Les barreaux dorés s’étaient alors replacés loin derrière lui, et la cage qui autrefois avait été celle de Kyuubi no Yoko était maintenant aussi la sienne. Et pour sortir, un choix flagrant s’était présenté réellement à eux : L’un devait vaincre l’autre. Il fut sans dire que l’évidence avait plu au démon, et ce dernier n’avait pas attendu pour l’attaquer. Et depuis plusieurs minutes, Naruto Namikaze courait dans tous les sens, évitant les Bijūdama et les coups de griffes de son Bijuus, sans vraiment obtenir de possibilité pour riposter vu l’intensité des attaques.
Mais cela allait changer. Kyuubi pouvait avoir une endurance infinie, ne pas avoir le handicap du sceau plus que lui ne l’avait, deux choses subsistaient aux yeux de Naruto. En tant que maître des sceaux, il avait interprété très justement la signification du déplacement de la cage : il avait lui aussi été intégré au Hakke no Fuuin Shiki. Par conséquent, les choses se résumaient d’une façon pour lui : Un sceau contenant deux âme et du chakra. Sans omettre le fait qu’ils se trouvaient dans son esprit. Et ces choses, Kyuubi les ignorait. C’était peut-être à son avantage.
- CESSE DE FUIR ET VIENS TE BATTRE, INSECTE INSIGNIFIANT ! hurla Kyuubi, furieux de ne pas arriver à toucher Naruto, qui le surpassait littéralement en rapidité.
En effet, peu importait les coups qu’il pouvait donner, le jeune ninja blond esquivait aisément. Au début, il ne s’en souciait pas, pensant que le shinobi finirait par s’épuiser rapidement, mais aucune différence n’était apparue depuis qu’il avait commencé à l’attaquer. Il donnait une estoque avec ses griffes ? Naruto sautait en arrière à chaque fois, s’éloignant de la portée de ses pattes. Il essayait de le toucher avec ses queues ? Naruto sautait sur le côté ou par-dessus sans grande difficulté, et c’était donc inutile. Un Bijūdama ? Le garçon disparaissait avec les mêmes techniques que cette ordure de Yondaime Hokage. Lorsqu’il aperçut le sourire narquois de l’homme, il n’en devint que plus furieux, poussant de redoutable rugissement de rage. Il s’échappait tel une mouche.
- ARRETE DE BOUGER QUE JE PUISSE TE TUER !
- Tu penses sérieusement que je vais exaucer ton souhait ? Tu es plus bête que je le pensais ! lança Naruto avec amusement, le provoquant davantage.
Mais quand bien même il était facile de l’esquiver, Naruto ne pouvait pas continuer de la sorte. Il n’avait pas dépensé beaucoup d’énergie, mais il finirait à la merci du renard tôt ou tard, et ce n’était absolument pas jouable. S’il n’était ne serait-ce que touché une seule fois par un coup du renard géant, ce dernier continuerait dans ses mouvements et le terrasserait. Il était inutile de dire ce qui allait arriver si un de ses Bijūdama faisait mouche. Non, il était trop dangereux et inutile de continuer à l’esquiver. Il devait le combattre, et malheureusement, dans un tel endroit à découvert, il ne pouvait le combattre que de front. Mais comment ? Bien sûr, il connaissait de très nombreux jutsu destructeur, et il avait presque tout son chakra à disposition, de sorte qu’il pourrait lancer plusieurs Rasenshuriken sur le monstre… Mais même avec ça, Kyuubi n’était pas n’importe quel adversaire.
Si Naruto était un maître dans l’esquive et la vitesse, Kyuubi en face, lui, était un démon de pouvoir et de résistance. Il n’était pas garanti pour le Namikaze de le battre, même à l’aide de ses jutsu. Et si jamais cela ne marchait pas, si jamais c’était perdu d’avance, il ne pouvait compter que sur une chose : Survivre jusqu’à l’intervention de Jiraiya et de son Gogyō Fuuin. Se décidant, il sauta en arrière et se stoppa. Kyuubi arrêta automatiquement ses mouvements. Il était peut-être l’ultime exemple du monstre barbare sans stratégie mise à part la destruction, mais ses expériences du passé lui avait appris à se méfier un minimum des hommes qui se maintenaient debout devant lui. Hashirama Senju, Mito Uzumaki et Madara Uchiha… Il avait retenu les noms des trois humains contre lesquels il savait n’avoir absolument aucune chance. Et en sachant que le Namikaze devant lui tenait énormément des deux premiers cités, il n’avait d’autre choix que de ravaler sa fureur et de le considérer à sa juste menace.
Les deux se scrutèrent silencieusement du regard, le plus petit une expression calme, analytique, le plus grand, la face tordue dans un rictus. Naruto mis la main dans sa sacoche, et en sortit un kunai Hiraishin, que Kyuubi reconnut.
- Tu comptes finalement te battre ? Ne me fais pas rire, tu ne tiendras pas le rythme, ningen.
- Je me fiche de ce que tu penses. Je vais me battre, et je vais gagner, démon, répliqua aussitôt Naruto, en prenant son kunai à l’envers et le tendant devant lui, en garde.
- NE TE MOQUE PAS DE MOI, NARUTO ! hurla alors Kyuubi en levant la tête, et formant aussitôt un énième Bijūdama.
Naruto se tint prêt à la vue de l’immense sphère noire que le Bijuu forma au-dessus de sa gueule. Ce n’était pas une attaque qui lui était ordinaire. Naruto le sentit dès qu’il la vit, surtout à cette aura froide et vraiment maléfique. La sphère était uniquement constituée de l’énergie purement négative du renard. Naruto eut une prise d’équilibre plus stable, fléchissant ses jambes. Il devait se tenir prêt. Cette chose ne devait pas le toucher. Mais quelque chose d’encore plus effrayant se passa. La sphère qui était déjà plus grande que Kyuubi… Doubla de taille. Naruto eut les yeux écarquillés à la vue d’une telle chose. Etait-ce seulement possible ? Le Hakke no Fuuin Shiki allait-il tenir à l’explosion ? Puis, le Bijuu baissa la tête, en direction de Naruto, et par conséquent, de la cage qui se trouvait derrière. Naruto se retourna brièvement pour la regarder, avant de se reconcentrer sur la sphère de chakra maléfique.
Il était partagé. S’il l’esquivait, la cage allait prendre le coup, et il avait peur que le sceau ne soit touché excessivement. Une goutte de sueur coula sur son front. Il n’avait pas le choix : il devait l’éviter. Lorsque Kyuubi lança sa bombe de chakra, il ne fallut que d’une seconde pour Naruto de lancer son kunai sur le côté et de se téléporter. Il se trouvait à une trentaine de mètre lorsque l’étrange et monstrueux Bijūdama passa à sa précédente position, avant de fuser vers la cage. « Bon sang, si ce truc explose… ! » Et la bombe explosa. La déflagration fut extrêmement intense, et l’espace d’une seconde, Naruto se sentit comme entièrement desséché. Il protégea ses yeux en plaçant son bras devant son visage, évité d’être aveuglé par la lumière émise par les flammes. C’était une mauvaise décision, et vulnérable, alors qu’il essayait de se maintenir debout sans être emporté par l’onde de choc, il ne vit qu’au dernier moment l’une des neuf queues de Kyuubi lui tomber dessus. Il plongea en avant, évitant de justesse d’être écrasé. De nouveau, dans un réflexe, il jeta son kunai Hiraishin dans les airs et se téléporta, évitant une seconde queue qui rasait le sol dans un mouvement circulaire pour le balayer.
- JE T’AI EU ! hurla Kyuubi, et Naruto gela lorsqu’il vit une troisième queue devant lui.
- Rasen Hogo ! eut-il à peine le temps de dire avant d’être percuté et éjecté.
Mais les espoirs de Kyuubi d’avoir battu Naruto fanèrent lorsqu’il vit être éjecté non pas le garçon mais une boule lumineuse bleu – un Rasengan – de taille humaine, et Naruto en son sein, totalement sauf. Naruto souffla de soulagement, rassuré que sa technique ait marché. Proche du sol, il stoppa sa technique et posa pied, dérapant sur quelques mètres, mais sans aucune blessure. Le Rasen Hogo avait absorbé le coup de Kyuubi. C’était un jutsu défensif qu’il avait créé à partir des souvenirs du Kaiten de Neji Hyuuga avant son voyage à Kirigakure no satō. A la différence du Kaiten dont la structure était solide, qui était donc un écran de protection, un bouclier, le Rasen Hogo dont la structure était mole, lui, était un halo de chakra tourbillonnant autour du corps qui freinait un coup jusqu’à l’annuler, et le repousser de la zone de flux. Il y avait donc deux temps d’exécution du jutsu : l’arrêt de l’attaque, puis sa répulsion. Mais le succès de son jutsu avait été d’une chance inouïe. Naruto avait de la chance de posséder un chakra si dense. Si ça n’avait pas été pour ce détail, la queue du Kyuubi n’aurait pas été arrêtée, et il se la serait pris de plein fouet.
Le danger de l’affrontement ne le fit pas reculer pour autant, et formant un Rasengan, il se mit à courir en direction du renard. Il sauta par-dessus son adversaire, et tandis que Kyuubi fléchissaient les pattes dans l’attente de son attaque, Naruto leva la main tenant le Rasengan. « Chō Ōdama Rasengan ! » cria-t-il alors que son Rasengan augmenta instantanément à plus de cinq mètres de diamètre. Kyuubi considéra la puissance de destruction de l’orbe au sérieux, et se protégea sous ses queues. Ce fut dans un mélange de choc et de colère qu’il vit Naruto disparaître, ainsi que son dangereux jutsu… Pour réapparaître en dessous de lui. « Shimatta !! » fut le seul mot prononcé par Kyuubi lorsque Naruto enfonça dans son ventre le Rasengan géant, l’éjectant ainsi avec extrêmement de force en hauteur.
Mais Naruto ne voulait pas s’arrêter en si bon chemin. « Kage Bunshin no jutsu ! » tonna-t-il fortement, alors qu’une vingtaine de clone apparurent autour de lui. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas usé du Kage Bunshin au sein d’un combat, aussi, ce fut dans un sourire que tous ses clones formèrent un Rasengan. Ce fut jubilant qu’il vit Kyuubi retomber. Ses clones sautèrent tous en direction du renard, alors que se rapprochant, ils formèrent tous un Chō Ōdama Rasengan. Naruto se mit à rire à l’expression courroucée du Bijuu lorsqu’il vit en dessous de lui un amas de Rasengan géants prêts à l’exploser, et ce fut le comble lorsque ses clones et le renard entrèrent en collision. Il dut résister au souffle de l’explosion, voyant à travers la fumée Kyuubi être éjectée plus loin, le pelage noirci, carbonisé par la déflagration. C’était en quelque sorte le prix à payer pour avoir bombardé le Namikaze de Bijūdama.
- MAUDIS SOIS-TU NAMIKAZE ! hurla Kyuubi en se relevant.
Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il vit Naruto juste au-dessus de lui, un sourire presque sardonique étiré sur le visage. La main tendue vers le ciel, il forma un autre Rasengan, mais à la différence des derniers, celui-ci fut parsemé d’éclair jusqu’à en devenir une immense sphère de foudre jaune et bleu. « Raiton : Rasendenkō ! » s’exclama-t-il bien que sa voix fut partiellement couverte par le crépitement intense de son orbe électrique, alors qu’atterrissant sur la tête surprise de Kyuubi, il enfonça son jutsu Raiton entre les deux yeux du renard. Il s’éjecta de toutes ses forces en arrière, évitant alors de peu l’extension du Rasendenkō. Posant pied au sol, ses clones se dissipant, il observa alors Kyuubi hurler de douleur, engloutit dans un dôme de foudre. La scène lui rappela le jour où il avait lancé son Rasenshuriken sur Sanbi no Kyōdaigame.
Sonné, choqué, Kyuubi no Yoko s’écroula au sol lorsque l’effet meurtrier du jutsu Raiton s’estompa. En face de lui, brandissant son kunai, Naruto se tint prêt à toute éventualité. Il sentait la faiblesse et l’épuisement approcher, mais il devait tenir bon. Il ne savait pas vraiment comment procéder pour contrôler Kyuubi, et il était encore en train de réfléchir à ce sujet. Il inspira et expira profondément pour dissiper le surplus de tension qui crispait ses muscles, suite à l’utilisation du Rasendenkō. En se rappelant du jutsu, il ne put que sourire. Il avait pris énormément de risque à l’exécuter… pour la simple et bonne raison qu’il ne l’avait jamais maîtrisé ni même utilisé auparavant. Mais ce faisant, il avait ainsi validé sa théorie sur le fait que son esprit lui permettait de faciliter et matérialiser ses jutsu. Si jamais il sortait vivant de cette situation, il n’attendrait pas pour travailler le Rasendenkō… Après tous, c’était l’équivalent du Rasenshuriken pour l’élément foudre, et les effets étaient tout aussi impressionnants à la vue.
Mais ses chances de survie étaient au plus bas. Il ne savait pas ce que faisaient Jiraiya, Bee et Yugito, mais il ne s’en soucia qu’à peine lorsqu’au milieu de la tension du combat, il sentit une intense douleur. Il porta aussitôt sa main à son cœur, qui tout autant que la cicatrice infligée par Sasuke, le serrait de façon démesurée. Il tomba à genoux, s’appuyant de sa main libre en grimaçant. La compréhension d’un tel phénomène vint avec le son qu’il capta dans la confusion : un bruit d’effritement. Ce fut horrifié qu’il se retourna pour apercevoir que les barreaux de la cage commençaient à céder, et que le Hakke no Fuuin Shiki brillait intensément. Le rire hystérique du démon derrière lui le ramena à la réalité des faits.
Le sceau commençait à se briser.
Mais que faisait Jiraiya !?
***
Les mouvements destructeurs et les Bijūdama du Kyuubi devenaient de plus en plus ordonnés, de plus en plus ciblés. Progressivement, la volonté du Kyuubi devenait de plus en plus présente. Son regard dispersé et sa confusion se dissipaient, remplacés petit à petit par deux orbes rouges plus calmes, plus conscient de leur entourage. Lorsque Jiraiya l’avait remarqué, il savait que Yugito n’avait plus le choix. La regardant, il avait été obligé de la prévenir, et de s’exécuter. La situation n’était pas perdue mais elle restait indéterminée, et pour la sécurité de Naruto, ils devaient agir. Pour sa sécurité, Yugito s’était juré qu’elle risquerait sa vie. Non seulement pour elle-même, mais aussi parce que le Raikage Yondaime avait donné sa confiance au blond. Si même le Raikage croyait en Naruto, alors le doute n’était pas permis. Elle laissa transparaître un sourire sur son visage. Ces derniers jours, elle s’était laissée séduire par le charmant garçon. Il était poli et sincère, et non content d’être un Jinchuuriki, il était un ninja très fort… Plus fort qu’elle oui. Et aussi bien pour les objectif de Kumo que ceux de Konoha, le perdre n’était pas envisageable.
Et ce fut dans cette optique de pensée que sous les yeux de Jiraiya des Densetsu no Sannin de Konohagakure no satō, elle, Yugito Nii, sortit de leur abri dans un grand saut, prête à agir à son maximum de puissance. Le corps géant débordant de colère et de haine du Kyuubi no Yoko, mais par corrélation aussi celui de Naruto Namikaze, se tourna vers elle. Elle savait que dans quelques secondes, le Bijuu allait l’attaquer maintenant qu’elle était la nouvelle cible, et elle n’attendit alors pas. Bee la rejoindrait rapidement, car il n’y avait absolument aucun moyen qu’il était ne serait-ce que blessé… Il était bien plus fort qu’elle en tant que ninja, et en tant que Jinchuuriki. Le chakra du Nibi vint remplir son corps. Son réseau de chakra tout aussi bien que ses muscles, et en quelques secondes, ses yeux onyx se changèrent en deux yeux rouges aux pupilles fendues. Puis elle poussa de toute ses forces un cri de haine, un cri de guerre, et invoqua alors toute la puissance qu’elle possédait, une aura bleu foncé striée de noir venant tourbillonner autour d’elle. Ses vêtements se déchirèrent à la libération de son pouvoir et le bandage autour de ses cheveux se brisa, les laissant voler.
Sous les yeux contemplatifs de Jiraiya, Yugito disparut à travers cette étrange couche d’énergie bleue-noire, et en moins de cinq seconde, le cocon d’énergie crut pour devenir ce qu’il reconnut comme… Le Nibi no Nekomata. Le démon chat à deux queues. Deux fois plus petit que le Kyuubi, culminant à presque trente mètres au-dessus du sol, Nibi n’en était pas moins géant. Jiraiya vit Yugito courir et se jeter sur Kyuubi d’une rapidité fulgurante, avant que l’une des queues du démon renard ne l’éjecte violemment sur le côté. Yugito percuta le sol dans un tremblement de terre, roulant sur près d’une centaine de mètres. Elle reprit position, avant d’extraire de son corps géant une multitude de boules de chakra bleu et noir, qui se rassembla devant sa gueule grande ouverte. En quelque sorte, les queues pointées devant la tête, Kyuubi mima les mêmes mouvements. Lorsque Yugito lança son Bijūdama, son homologue aux neuf queues fit de même, et les deux projectiles se rencontrèrent dans la plus grandes et la plus meurtrières de toutes les explosions que Jiraiya n’eut jamais vu. La plaine s’illumina de rouge et d’orange à la lueur du brasier qui naquit, la vallée ayant été atomisée. Jiraiya toussa à la fumée toxique, et plaquant un tissu devant son nez et sa bouche, il regarda l’affrontement, et espérant que Bee ait vu lui aussi le combat et qu’il intervienne.
Yugito sortit de la fumée par les airs et atterrit sur le dos de Kyuubi pour le mordre de toutes ses forces. Le renard tomba à l’impact pour se débattre lorsque Yugito se mit à le mordre. Comme Yugito l’avait prévu, l’immobilisation du renard ne tint qu’à peine une dizaine de seconde, comme ce dernier roula sur lui-même pour faire partir le chat géant qui le maîtrisait. Yugito cependant n’abandonna pas et plongea sur Kyuubi pour lui percuter les flancs dans un puissant coup de la tête. De nouveau, il s’écroula. Vaine tentative au final étant donné qu’il envoya de nouveau Yugito voler avec un balayage d’une de ses neuf queues.
Et ce fut au moment où il créa un autre Bijūdama pour achever la silhouette écroulée du Nibi, au moment où Yugito savait qu’elle ne pourrait pas tenir plus que Kyuubi sentit quelque chose s’enrouler autour de ses pattes. Ni une ni deux, la chose en question tira, et le renard s’écroula au sol. La bombe de Bijuu qu’il préparait fusa sans visée, passant à côté de la silhouette du Nibi… avant d’exploser plus loin et de tout détruire. Au grand soulagement de Jiraiya, le Bijūdama qui était destiné à achever Yugito l’avait raté, et ce grâce à l’intervention tant attendue de Bee.
Et ce fut ainsi que la plaine dévastée se retrouva foulée non pas par deux Bijuus, mais bien trois. Nibi no Nekomata et Kyuubi no Yoko venaient d’être rejoints par Hachibi no Kyogyū, dont les queues parsemées de ventouses retenaient fermement les pattes du Kyuubi.
- Je me suis fait attendre on dirait, YEAAAAH ! hurla Bee, avant de lever son bras au ciel et de faire un signe de rap avec sa main géante.
La situation qui s’annonçait catastrophique… était revenue dans les termes du plan.
***
- Le sceau se brise… prononça lentement Naruto.
Qu’est-ce qui avait mal tourné ? Pourquoi Jiraiya n’était pas déjà intervenu ? Il était certain que le Gogyō Fuuin aurait fonctionné, et quand bien même aurait-il échoué, il aurait dû le voir agir et attaquer le chakra de Kyuubi – aussi bien que le sien – ici, dans son esprit. Pourtant, rien n’était arrivé. Son corps semblait se briser de la même façon que le sceau, car il sentait ses os casser à chaque fois qu’une fissure naissait sur les barreaux de la cage. Il aurait voulu le cacher au renard, mais la grimace qui subsistait sur son visage l’en empêchait. Il n’arrivait pas non plus à se relever, comme il avait dû se mettre à genoux pour ne pas tomber. Ce n’était pas pour autant qu’il était vulnérable, et il se tenait prêt à bouger et riposter si Kyuubi l’attaquait. Attaque qui ne vint pas, à sa grande méfiance. Le renard l’observait silencieusement, et Naruto plissa les yeux dans la colère.
- Tu attends que le sceau s’en aille, c’est ça ? Tu crois que je vais laisser faire une telle chose ?!
- Mais que peux-tu y faire ? répondit alors Kyuubi. « Ce sceau s’est affaibli en seize ans… Sans vérification approfondie, sans soutien et sans plus de protection. Et maintenant qu’il est dépourvu de son filtre, que penses-tu y faire ? Tu crois que tes amis dehors peuvent faire plus que me retenir un petit moment ? »
- Mon maître connait le Hakke no Fuuin Shiki ! Il lui suffira de rétablir le filtre !
Kyuubi regarda Naruto incrédule.
- Et toi qui es un maître en Fuuinjutsu, tu en ignores les rouages du domaine le plus important ? Hahaha… Non, malheureusement, pas même ton stupide maître pourra retenir le plus puissant des Bijuus. Surtout quand ma libération est si proche !
- Foutaise ! rétorqua Naruto. « N’espère pas me faire croire tes mensonges. »
- Mais je ne mens pas, ningen ! Regarde par toi-même ! s’exclama Kyuubi, alors que Naruto ne put dévier son regard de la cage qui, dès lors, commença à céder. « Regarde ton pathétique Fuuinjutsu partir en fumée ! Tu vas mourir, peu importe avec quelle énergie tu peux te battre pour essayer de me retenir. Je suis immortel, mais toi tu ne l’es pas ! »
Le désespoir se mit à naître dans le cœur du garçon. Kyuubi avait peut-être raison… En fait, il avait raison. Le sceau allait se briser dans quelques secondes, et il ne lui faudrait pas beaucoup plus de temps pour mourir. Jiraiya et lui avaient fait une erreur en abordant le contrôle de Kyuubi si légèrement. C’était la seconde fois. La fois de trop. Il se retourna vers Kyuubi, et avec un effort particulier, il se redressa, se mettant en garde.
- Que je meurs ou non, abandonne l’idée de me voir abandonner ! Je vais peut-être mourir, mais jamais je ne te permettrais de sortir d’ici. Tu mourras avec moi !
- IMBECILE ! Je suis immortel ! Tu mourras mais pas moi !
Naruto fit un petit sourire hautain au démon. « Je te prendrais toujours quelques années le temps que tu te reformes. Ça me suffit. » Son sourire s’estompa assez vite cependant quand il vit le Bijuu se lever, s’enflammant de colère et de chakra. En quelques secondes, le renard se jeta sur lui, et Naruto lança son kunai Hiraishin en dessous du renard pour l’esquiver. Réapparaissant sur sa balise, il s’apprêtait à la relancer lorsque l’une des queues de Kyuubi le percuta et le projeta à plus de cinquante mètres. Désarçonné, il réussit tout de même à se rattraper in extremis. Il trébucha cependant lorsqu’il posa les pieds à terre, et le coup l’ayant totalement sonné, il n’arriva pas à organiser une défense correcte à l’approche de Kyuubi. « Tu penses que je vais attendre la rupture du sceau ou ta mort bien sagement ? Je vais prendre possession de toi et tuer ces insectes dehors qui pensent pouvoir me contrôler. »
Naruto était immobilisé, et n’arrivant pas à penser clairement, il regarda dans l’angoisse les mains du Kyuubi s’approcher et se refermer lentement sur lui. Le sceau était en train de céder, le sang coulant déjà du shiki sur son ventre, se répandant en une flaque au sol. Etait-ce la fin ? Allait-il mourir ici, d’une façon si pathétique ?
« Bon sang… Ce n’était pas censé se passer comme ça… Jiraiya-sensei devait intervenir si cela se passait mal, et je ne pensais pas que Kyuubi était si fort… J’aurais dû apprendre le Gogyō Fuuin, je suis trop bête… »
Et au fur et à mesure que les mains du démon se refermèrent sur lui, les visages de ses proches défilèrent. Bee, et Yugito. Jiraiya et Tsunade. Iruka, Ayame et Teuchi. Shizune et Kakashi… Puis Emiko et Mei.
- J’ai encore trop de chose à faire… Je ne peux pas mourir ici… Pas comme ça… !
Ce fut ses derniers mots. Les derniers qui lui vinrent à l’esprit, alors que ses yeux s’embuèrent. « Tu as perdu, Namikaze. MEURS ! » s’écria alors Kyuubi, resserrant ses mains. Il hurla hystériquement de rire en savourant sa victoire, ayant enfin gagné contre Naruto, et fêtant sa libération après plus d’un siècle de scellement et de soumissions aux Uchiha, aux Senju, aux Uzumaki et aux Namikaze. Ces quatre noms qu’il haïssait de tout son cœur… Il en était enfin libre ! Libre ! Il pourrait à nouveau vivre et savourer l’air pur du monde, il pourrait à nouveau ensemencer la terreur, répandre sa colère et son insatiable fureur. Il pourrait à nouveau semer la destruction, détruire et détruire jusqu’à ce que son chemin ne soit plus que cendre. Il pourrait à nouveau savourer le regard vide des cadavres, et dévorer ces insectes insignifiants qu’étaient les humains. Se venger de Konohagakure, ce village qu’il haïssait, qu’il vivait pour haïr, berceau des légataires du Rikudō-sennin, les Senju et les Uchiha.
Avant de le sentir. Et de comprendre. Pourquoi était-il toujours dans l’esprit de Naruto, qui était censé être maintenant son réceptacle ? Pourquoi n’était-il pas dans son corps ? Pourquoi ne voyait-il pas le ciel, au lieu de voir ces murs ? Et surtout… Pourquoi la cage était-elle toujours là ?
- Tu ne mourras pas comme ça, Naru-chan. Pas maintenant, il est trop tôt.
Quand il entendit cette voix, ses yeux s’écarquillèrent. Puis, il n’arriva pas à garder ses mains jointes… L’endroit où il pensait avoir écrasé Naruto le repoussant tel un aimant. « Qu’est-ce que ça veut dire !? » exigea-t-il, avant d’être repoussé fortement en arrière, le laissant voir la nature de son échec. Naruto, agenouillé, était figé dans la stupeur, regardant dans le vide, comme il sentait deux mains posées sur ses épaules, le tenant d’une emprise ferme et rassurante. Et Kyuubi les reconnut. Les deux personnes de part et d’autre du jeune garçon. L’un, à la gauche de Naruto, sa réplique complète. Grand, blond aux yeux bleus, une longue et ample cape blanche aux motifs de flammes rouges. L’autre, quelques centimètres plus petits, une femme. D’une taille grande pour une femme, une très longue chevelure d’un rouge sombre presque bordeaux, et de grands yeux violets.
Yondaime Hokage, et sa noble épouse. Namikaze Minato et Uzumaki Kushina, respectivement père et mère de Naruto.
Aussitôt qu’il les vit, Kyuubi se jeta sur eux avec une rage incomparable aux précédentes. Ces deux êtres qui faisaient partie des cinq qu’il haïssait le plus au monde, excepté Rikudō-sennin bien sûr. Uchiha Madara, Hashirama Senju et Mito Uzumaki. Et ces deux-là. Il aurait détruit le monde mille fois si cela avait permis de les retrouver et leur faire subir les pires tortures existantes. Malheureusement pour lui… Tout aussi rapidement qu’il se jeta sur eux, il fut renvoyé, volant et s’écrasant plus loin. Le temps qu’il ne se relève…
La famille avait disparue.
Il hurla, vomissant toute sa haine et tout son courroux à cette énième humiliation.
***
Naruto se sentit à l’abri. Il se sentit reposé, presque extatique. La fatigue qu’il ressentait, l’épuisement physique et psychologique, avait disparu. Il n’arrivait là non plus pas à comprendre, mais tout ceci avait été remplacé par cette énergie, ce renouveau. Il renaissait d’une mort certaine. Dans un premier lieu, il avait fermé les yeux et attendu la mort que Kyuubi devait lui donner en prenant possession de lui. Pourtant, rien n’était venu, et petit à petit, il s’était décidé à ouvrir. Et la cage de Kyuubi avait disparu… Kyuubi avec. Il ne savait pas où il était. Plus cette croupie au niveau des pieds. Plus les murs lugubres non plus. L’atmosphère sombre et noire avait été remplacée par ce vide infini de lumière, blanc comme neige. Il n’y avait rien en vue à part cet infini. Etait-il mort ? Etait-ce l’autre monde ? Mais pourquoi n’avait-il ressentit aucune douleur ?
Le petit rire amusé qu’il entendit derrière lui le ramena bien vite à la réalité… Et qu’il fût mort ou non, les réflexes de ninjas étaient éternels. Il se retourna donc agilement en se levant pour se mettre en garde, bien qu’il n’avait plus de kunai sur lui, ni sa sacoche d’arme. Qu’il n’eut pas de kunai lui évita alors de le lâcher comme il perdit tout appuis défensif à la vue devant lui, et les yeux écarquillé, figé dans l’incrédulité, bouche bée… Naruto se retrouva face à quelque chose qu’il n’aurait jamais imaginé voir avant sa mort. Ses parents. Ses parents, son père et sa mère, côte à côte, le regardaient avec amusement et douceur. Avec bienveillance. Bégayant, il essaya de dire quelque chose sous la stupeur… Mais il ne parvint pas à s’exprimer vraiment.
- M-Mais… Vous ! Vous… Vous êtes… Enfin, vous d-devriez être… arriva-t-il à dire, désappointé. Il hallucinait ? Puis, une réponse lui vint à l’esprit. « Je suis mort, pas vrai ? »
Minato et Kushina furent bouche bée à cette question, avant de se regarder. Puis ils éclatèrent de rire. Malgré qu’ils semblaient se moquer de lui, Naruto ne put se mettre en colère, se contentant de les observer. Il n’arrivait pas à y croire. Devant lui se trouvaient Minato Namikaze et Kushina Uzumaki. Il ne les avait jamais vu, pas même en photo. Jiraiya les lui avait décrits, mais même encore, la description lui avait été trop vague. Trop éloignés de ce qu’il avait maintenant sous les yeux. Ses yeux qui s’humidifièrent rapidement, alors qu’il comprenait qu’un de ses souhaits, un de ses rêves les plus précieux, venait de se réaliser. Il venait de rencontrer ses parents.
Minato Namikaze était de la même taille que lui… Son père. Et Naruto s’émerveilla en se rendant compte qu’il était littéralement son mini clone. Ils se ressemblaient énormément. L’homme n’avait de différence que les traits un peu plus âgés, et les vêtements de shinobis. Il portait l’uniforme de shinobi de Konoha, et la grande cape blanche à flamme rouge, au dos inscrit « Yondaime Hokage ». Il avait une sangle qui lui traversait diagonalement le torse, à laquelle étaient attachés quelques-uns de ses kunai Hiraishin. Minato lui adressa un sourire amical, un sourire aimant. Le genre de sourire que Naruto aurait voulu avoir dès sa naissance. Ce père qu’il aurait voulu avoir vivant, et non mort.
Puis son regard se posa sur l’autre personne. Les lèvres du garçon se mirent à trembler cette fois, comme la surcharge de joie et de tristesse s’accumula. Car c’était sa mère qu’il voyait. Les descriptions des fois presque outrageuses de Jiraiya furent en fait proches de ce qu’il put voir devant lui. Kushina Uzumaki de son nom de jeune fille était encore plus belle que ce qu’il s’était imaginé. Et c’était sa mère. La précédente Jinchuuriki du Kyuubi, et enseignante de Minato au Fuuinjutsu. C’était elle qui avait permis à son père d’aboutir au Hiraishin et de devenir le Yondaime Hokage. Elle était forte, c’était évident. Et ce regard qu’elle lui donna, plein d’amour et de fierté… Il ne sut comment le prendre. C’était trop à penser pour lui en ce moment. Et quelques larmes coulèrent alors de ses yeux.
Avant qu’il ne puisse le comprendre, il se retrouva serré dans l’étreinte de sa mère. Il évita de grimacer malgré la force avec laquelle elle le serait, et passant ses bras autour d’elle, muet, il la serra en réponse. Il ferma les yeux, pensant que ce n’était qu’une hallucination, mais les rouvrant, il se rendit compte que malgré qu’il fût dans un monde non physique, ce n’était pas une illusion. C’était réel. Les larmes n’en coulèrent que plus, et il alla presque à en remercier les cieux pour lui permettre ne serait-ce qu’une fois, rencontrer sa mère et la serrer dans ses bras. Lorsqu’elle s’éloigna, il vit qu’elle aussi avait les larmes aux yeux, et il lui fit un grand sourire, les mots lui manquant. Il sentit ensuite la main de son père se poser sur sa tête et lui ébouriffer les cheveux plus qu’ils ne l’étaient déjà. Les deux Namikaze se regardèrent dans les yeux, et si l’espace de quelques secondes Minato crut que Naruto allait en rester là, il ne put que rire légèrement lorsqu’il fut enserré dans une étreinte écrasante de la part de son fils.
- Comment est-ce que c’est possible ? demanda Naruto, bouleversé de joie, la tête en larme, enfouie dans les bras de son père. « Ce n’est qu’un simple rêve n’est-ce pas ? Tout ça n’est pas vrai ? »
Sans dire quoi que ce soit, Minato regarda Kushina, qui lui fit un sourire radieux, avant de venir de nouveau câliner son fils. Aussitôt qu’il la sentit s’approcher, Naruto la serra. Elle se mit à rire, avant de rompre l’étreinte.
- Pas de doute, c’est bien mon fils… Il câline les gens aussi fort que moi ! dit-elle avec amusement, en le regardant dans les yeux. « Et puis… C’est évident que tu es le fils de Minato-kun… Tu es un mini-lui, c’est incroyable ! »
- Maman… prononça Naruto, avant de regarder Minato. « … Et Papa. »
Il sécha ses larmes, et se calma.
- C’était le dernier moment auquel je m’attendais à vous voir. Mais comment est-ce possible ? Vous devriez être morts il y a seize ans…
Kushina eut un sourire triste, mais Minato répondit à sa place.
- Nous sommes bel et bien morts Naruto, malheureusement. Ce que tu vois ici n’est qu’une empreinte de nous que nous avons scellé lorsque de l’apposition du Hakke no Fuuin Shiki, dit-il, avant que son visage ne s’assombrit, la tristesse et la rancœur reflétant dans ses yeux. « Si nous étions en vie… Nous ne t’aurions jamais laissé seul toutes ces années. Saches-le mon fils. »
L’ambiance de joie retomba vite dans le silence à cette phrase, se faisant beaucoup plus froide, plus mélancolique. Minato avait tourné le regard sur le côté, dans le vide, et Kushina qui regardait jusque-là son fils, avait baissé les yeux à ses pieds, la honte la prenant. La honte et la culpabilité, que Naruto remarqua à ses poings qui convulsivement, se serraient. Il eut à son tour une expression sombre, affichant cette fois le regret. Il n’osa pas non plus prendre la parole, mais finalement, se décida.
- Vous le savez, n’est-ce pas ?
Sa question n’en était pas une. L’absence première de réponse parla d’elle-même. Qui ne dit mot consent, comme on disait.
- Oui, prononça alors Minato en tournant son regard vers son fils, voulant quand même lui répondre de vive voix. « Kushina et moi avons tout vu. »
Naruto regarda lui aussi le sol. Ses parents l’avaient vu, du commencement jusqu’à maintenant. Dans un sens, imaginer qu’ils avaient toujours été là avec lui, même sans qu’il ne le sache le réconfortait. Dans un autre, quelque chose lui donnait envie de leur hurler dessus. Tout comme sa mère, il se retint de s’énerver en serrant ses poings.
- Toute ma vie, je me suis questionné sur qui vous étiez. Toute ma vie, Kaa-chan, Tou-chan, toute ma vie, je me suis questionné sur qui j’étais. Les gens me fuyaient et me maltraitaient et je ne comprenais même pas pourquoi. J’ai vécu dans l’oubli pendant plus d’une décennie, mais à chaque fois, lorsque je voyais des enfants de mon âge avec leurs parents… Je me suis demandé où vous étiez. Puis Jiraiya-sensei est arrivé et m’a tiré de tout ça, mais même s’il est plus un parent pour moi que vous ne le serez jamais, je ressentais la tristesse et la solitude de ne pas avoir d’endroit où rentrer. De ne pas avoir de personne à aimer et à qui confier sa vie comme un enfant avec sa mère, ou son père… dit-il avant de se remettre à pleurer, et la voix tremblante. « Vous me manquiez. Vous m’avez manqué toute ma vie, et là, alors que vous êtes en face de moi, alors que je ne devrais ressentir que de la joie ou autre chose… »
… Je ne peux pas m’empêcher de vous haïr.
Le regard peiné de Kushina et Minato s’intensifia au fur et à mesure que leur fils parlait, au fur et à mesure qu’il leur reprochait cette absence. En tant que ninja, les raisons de l’écart de Naruto d’une société douce et aimante pouvait être en partie justifiées. En tant que parent, de par leur amour propre, jamais il ne vint à l’esprit de Minato ou de Kushina de l’interrompre, de se défendre. C’était presque intégralement de leur faute.
- Vous m’avez abandonné ! Même si c’est parce que vous êtes morts, vous n’étiez pas là pour m’aimer ! Vous n’étiez pas là pour me protéger… Et le village a été mis au courant pour Kyuubi, vous l’avez bien vu, non ? Les gens savaient que j’étais un Jinchuuriki… s’exclama-t-il cette fois en baissant d’un ton, plus sombre. « … Mais il ne savait pas que j’étais votre fils... ! » rajouta-t-il avec toute la haine qui put éprendre sa gorge et ses mots. « En dehors du fait que je souffrais… Quand je l’ai appris, j’ai ressenti l’une des plus grandes colères qui ne m’a jamais pris. C’est une humiliation, une terrible humiliation… Et j’ai imprimé dans ma mémoire le visage de tous les lâches qui ont osé m’humilier. »
Il tremblait de colère, avant de se retourner dos à eux, ne supportant pas de les regarder en révélant de telle chose, eux qui étaient si fidèles à Konoha.
- Je déteste Konoha, prononça-t-il alors, les larmes se mettant à couler des yeux de ses parents, comme ils se rendaient compte à quel point leur fils adoré avait été marqué par cette enfance.
Mais ils comprenaient. Malgré tout ce qui pouvait dorénavant les opposer, quant à leur avis sur Konoha, ils comprenaient. Ils comprenaient, et le croyaient, parce que pendant toute ces années… Ils l’avaient constaté. Loin d’être un mensonge, cet état de fait était impartial. Kushina se jeta contre le dos Naruto en sanglotant, et lui fit le plus gros câlin qu’elle put, voulant apporter par sa présence, son contact, un semblant de réconfort pour son fils qu’elle aimait et qu’elle admirait. Naruto ne voulait pas se retourner en la sentant contre lui, mais malgré tous les ressentiments qu’il pouvait éprouver… Il admirait aussi ses parents. Et lorsqu’il vint à la conclusion qu’il les aimait plus qu’il ne les haïssait… Il se retourna brusquement et eut une énième accolade avec sa mère.
- Nous t’aimons de tout notre cœur Naru-chan… Jamais un seul de tes mots ne m’empêchera de t’aimer, et même si ton père n’a pas forcément l’habitude d’exprimer ses sentiments avec quiconque d’autre que moi, sache qu’il t’aime lui aussi de toute son cœur. Il a versé des larmes de joies quand il t’a pris dans ses bras et t’a protégé jusqu’à sa mort ! Nous t’avons attendu si longtemps Naru-chan, alors s’il-te-plait, sache que même si tu es en colère contre nous, même si ton cœur bat de rage tout au long de ta vie pour cette vie que je n’ai pas vécu, nous t’aimerons.
C’était l’un des moments qu’il allait sans doute chérir jusqu’à sa mort, comme il se voyait réconforté par sa mère comme il l’avait toujours voulu. Et lorsque son père vint poser une main sur sa joue et la caresser, lui disant que quel que soit la vie qu’il allait mener ils le soutiendraient, les larmes du jeune Namikaze s’intensifièrent. Rapidement, il sécha ses larmes en reniflant, et les yeux vitreux à cause des larmes, il s’efforça de sourire.
- Je dois avoir l’air bien pathétique, prononça-t-il alors avant de faire un petit rire contrit. « Jiraiya-sensei me taquinerait jusqu’à sa mort s’il apprenait que j’ai pleuré comme un bébé dans les bras de mes parents. »
- Il n’a pas changé, gloussa Kushina. « Toujours ce même pervers. Si je pouvais sortir ne serait-ce que dix seconde, je le tuerais plutôt deux fois qu’une pour t’avoir dit des choses si vilaines sur moi ! »
Naruto rit gaiement à cette déclaration, imaginant la scène. Jiraiya-sama, le légendaire et séduisant Myōbokuzan no Gama-sennin, qui se recroquevillerait de la façon la plus lâche et la plus pathétique qui ne pourrait jamais exister pour un ninja de son calibre. Cela dit, il comprenait maintenant tout de même l’obsession de son maître envers sa mère, qui n’avait rien à envier de Mei-chan, Yugito-chan ou Emiko-chan. Elle était vraiment magnifique et gracieuse, et cette longue robe-tablier de ménage lui donnait l’air absolument craquant d’une mère de famille dans tout son charme.
- D’un côté, dit-il gêné, je comprends un peu l’obsession de sensei envers toi Kaa-chan… Je n’aurais jamais pensé que tu étais si jolie, et tu as des cheveux vraiment magnifiques !
Il haleta lorsque sa mère lui sauta littéralement dessus sans prévenir, l’écrasant dans un câlin mortel. Sa mère avait vraiment beaucoup de force. Elle roucoula en lui embrassant les joues, et surpris, Naruto ne sut que dire. « J’adore les hommes qui me complimentent sur mes cheveux, dattebane ! Sauf Jiraiya évidemment ! » s’exclama-t-elle alors que Naruto rit nerveusement, tout de même gêné par une telle entreprise. Il ne fut même pas surpris du « dattebane », comprenant maintenant d’où lui venait son tic verbal…
- T-Tu dois adorer beaucoup d’homme alors Kaa-chan… bégaya-t-il, rougissant sous le regard étonné de sa mère.
- Et bien… hasarda-t-elle. « Autant, j’aurais été très flattée, autant il n’existe que trois hommes qui m’ont sincèrement complimenté sur mes cheveux… Ton père et Jiraiya ont été les premiers, et toi, Naru-chan. »
Minato se mit à rire avec douceur soudainement. « En même temps… Lorsque nous n’étions que des enfants, Kushina n’était pas particulièrement populaire… Elle ressemblait à une grosse tomate avec son visage tout rond et ses cheveux rouges. » Il se dépêcha de se taire cependant lorsqu’il vit sa femme se retourner vers lui prestement avec un sourire un peu trop angélique. Elle croisa ses mains dans son dos en s’approchant de lui.
- Tu sais que je t’aime Minato-kun ? demanda-t-elle, ce dernier acquiesçant bêtement. « Tu comprends donc que la dernière chose que je veux c’est qu’il se passe quelque chose de triste pour toi ? »
- Et bien… hésita-t-il à dire. « Je n’arrive pas trop à comprendre… le sens de ta déclaration… vu que nous sommes morts ? » continua-t-il aimablement.
Il n’eut aucune réponse de sa femme, et l’expression apeurée de son fils derrière lui fit comprendre qu’il était en mauvaise posture. L’aura d’envie de meurtre qu’il ressentit ne le conforta que plus dans le fait qu’il s’était mis en danger. Ni une ni deux, il se mit à genoux et se prosterna aux pieds de sa femme d’un mouvement presque aussi rapide que le Hiraishin. « Je t’en supplie ma puce, pardonne-moi, je me suis égaré ! Ne te fâche pas ! Je ferais tout ce que tu veux !! J’accomplirais tous tes désirs ! P-Pitié ma puce ! » implora-t-il, alors que Kushina vint tapoter le haut de sa tête avec ce même sourire angélique… qui n’était pas si angélique que ça au final… « Gentil… Gentil Mina-kun… » prononça-t-elle lentement sous les yeux hagard de Naruto. Minato gémit entre la peur et le soulagement. Et il ne vint qu’une chose à l’esprit de Naruto comme il observa les deux interagir.
« Est-ce une blague… ? C’est quoi ce truc louche là ? Papa ne s’est quand même pas fait dresser… ? »
Puis, par effet de cumulation, en conséquence d’observer cette interaction légèrement masochiste… Il ne put repousser de son esprit ce qui pouvait se passer si ses parents allaient plus loin. Et il ne put empêcher un saignement massif de son nez, qui l’assomma en un coup, sous les regards subitement horrifiés de ses parents.
- N-Naru-chan !!
***
Kyuubi était immobilisé. Ses homologues à deux et huit queues le retenaient difficilement, car ce dernier n’avait de cesse de se débattre et d’essayer de les attaquer. Yugito était concentrée à maintenir la tête et la gueule du démon renard contre le sol, et l’empêchait de former des Bijūdama à outrance comme il l’avait fait quelques temps auparavant. Bee lui, qui avait pris le démon par surprise, lui avait fait perdre l’équilibre en attrapant ses pattes géantes à l’aide de ses huit queues. Il s’était retrouvé ainsi appuyé sur le corps du Kyuubi en essayant de le maintenir en place, s’aidant de sa masse plus que pharamineuse. Durant les premières minutes, ils avaient donc bloqué le Kyuubi au sol et arrivaient à le maintenir assez facilement grâce à leur attaque surprise. Mais aussi lors pouvait être Hachibi et aussi agile pouvait être Nibi, plus ils le retenaient, plus le renard géant se débattait. Si bien que l’espace d’une seconde, Bee manqua de justesse de relâcher sa prise. Il avait beau être un Jinchuuriki parfait et exploiter au mieux les capacités de son Bijuu, Kyuubi restait Kyuubi, et même avec Nibi, le rapport de force était trop inégal.
Kyuubi était plus gros, plus fort et plus massif que Nibi et Hachibi. Pourtant, à leur grand étonnement, et surtout à leur soulagement, après quelques minutes de destruction en retenant Kyuubi, soudainement, la pression se fit beaucoup plus légère. Et le corps du renard géant se détendit, arrêtant aussitôt presque tout débattement. Jiraiya approcha alors que curieux, Yugito et Bee observèrent l’homme qui fixait le démon renard avec une réflexion très appuyée. Il ne fallut pas longtemps pour les deux Jinchuuriki de Kumogakure no satō de comprendre que la source d’un tel phénomène provenait directement de Naruto, et ce point-là fit se questionner Jiraiya si oui ou non, l’apposition d’un Gogyō Fuuin était nécessaire. Sa réponse vint avec l’apparition du Hakke no Fuuin Shiki sur la partie frontale du crane du Kyuubi.
De toute évidence, il pouvait attendre. Naruto pouvait sans doute réussir seul !
***
Naruto et ses parents étaient assis au milieu d’une grande plaine parsemée de fleurs et d’herbe verte. Le ciel était aussi bleu que ne l’étaient ses yeux, et le soleil blanc éclairait les environs. À quelques mètres se trouvait un grand arbre qui les couvrait d’une ombre paisible, et une brise douce leur caressaient la peau. Une grande nappe était étalée entre eux, et ils étaient chacun assis à un de ses côtés. Kushina avait l’air extatique, et Minato semblait détendu, naturel. Le couple avait sans doute rêvé Naruto ne chercha même pas à comprendre comment l’infini blanc avait changé en ce petit paradis… et il se contenta d’écouter ce que ses parents avaient à lui dire. Car ils avaient à dire en effet.
- Naru-chan, prononça Kushina en attirant son attention. « Minato et moi sommes décédés il y a longtemps… Le jour où tu es né. Nous avons plusieurs choses à te dire… Et même si j’aimerais uniquement passer un moment avec toi et ton père comme une vraie famille, nous manquons de temps. »
- Malheureusement Kushina a raison, fils. Les empreintes que nous avons apposées à ta naissance ne dureront pas longtemps.
Naruto acquiesça, et les incita à continuer, leur signalant qu’il était à leur écoute. Et ainsi, Minato et Kushina expliquèrent de façon plus ou moins détaillée leur vie à leur fils, qui plongea dans ses réflexions en les écoutant. Minato et Kushina s’étaient connus dès l’académie, lorsqu’ils avaient sept ans. Kushina vint apporter sa confirmation quant à ce que Jiraiya lui avait dit. Kushina avait été amené d’Uzushiogakure no satō à Konohagakure no satō dans les termes du contrat établi entre Senju et Uzumaki, qui disait qu’un Uzumaki d’une génération différente était destiné à être envoyé à Konoha pour devenir le Jinchuuriki du Kyuubi. Dans un sens, Kyuubi était donc une possession légitime du clan Uzumaki. Kushina avait eu très peur de devenir une Jinchuuriki, ayant été choisie parmi le clan pour le fait qu’à déjà six ans, elle disposait d’une maîtrise parfaite du chakra des Uzumaki. Elle avait le pouvoir de réprimer Kyuubi, et en plus d’avoir un Fuuinjutsu, son corps était celui d’un véritable Jinchuuriki.
Kushina regarda le ciel, perdue en fixant les nuages blancs, semblant se remémorer son enfance, sous les yeux observateur des Namikaze, père et fils. Pourtant, elle n’avait pas eu peur très longtemps. Quelques jours après son arrivée à Konoha, la petite Uzumaki avait rencontré une personne célèbre et crainte partout dans le monde. Elle rencontra sa grand-mère, Mito Uzumaki. Âgée de près de soixante-dix années, Mito Uzumaki faiblissait et son contrôle sur le Kyuubi s’amenuisait. C’était elle qui avait demandé de léguer le Kyuubi à un successeur Jinchuuriki, le temps lui étant compté quant à la durée de son influence sur le démon renard. Dans la semaine qui suivit, Kushina et Mito s’éloignèrent du village avec une escorte, et en deux heures, le Kyuubi fut transmis de Mito à sa petite fille sans aucun problème. Le transfert avait été simple, et même si le Kyuubi avait essayé par plusieurs fois de s’échapper de l’influence des deux Uzumaki, le chakra combiné des deux femmes le mit au pas.
Pendant plus d’un an, Kushina vécut avec Mito, qui lui apprit l’essentiel sur la vie, les shinobi, et la pensée humaine. Elle lui enseigna beaucoup de choses et l’initia à la maîtrise du Kyuubi. En un an, alors qu’elle n’avait que sept ans, Kushina était devenue une Jinchuuriki d’un niveau correct, et était en passe de devenir encore plus douée. Malheureusement, Mito vint à mourir. La matriarche de Konoha, l’une des dernières Senju, s’éteignit paisiblement dans son sommeil, prête à rejoindre l’homme qu’elle avait toujours aimé et qui lui avait manqué durant toutes ces années. Mito Senju, qui n’avait aimé qu’un seul homme de toute sa vie, mourut alors. Kushina se retrouva alors seule. Car oui, elle ne connaissait à ce moment personne à Konoha d’autre que Mito et le Sandaime Hokage. Sa présence à Konoha avait été tenue secrète ainsi que sa nature de Jinchuuriki. La solitude qui la toucha à la mort de sa grand-mère la bouleversa profondément, bien qu’elle fut aussitôt prise en charge par Hiruzen Sarutobi et introduite officiellement à Konoha.
Normalement, les Uzumaki à cette époque, étaient très célèbres et admirés. Ce ne fut qu’aux manœuvres du Sandaime Hokage que Kushina put entamer sa vie avec Konoha de façon relativement anonyme. Et ainsi, Kushina fut pourvue d’une tutrice et d’un logis, commençant dès lors les cours à l’académie des ninjas en tant que deuxième année. Mito lui avait toujours dit que la force et la stabilité d’un Jinchuuriki s’en tenait à l’amour qu’on pouvait lui offrir. Le vide au cœur qu’avait ressenti Mito avait vite été comblé par l’amour de son mari, Hashirama, et de son clan, les Senju. Mito lui avait dit que la priorité de Kushina était d’être comblée autant qu’elle ne l’avait été, et la vie avec sa grand-mère lui avait en effet comblé le trou. Mais sa grand-mère n’étant plus là, Kushina venait de réaliser ce qu’était le fléau du Jinchuuriki… et si on aurait pu croire que l’académie lui aurait apporté de ce côté-là, il n’en fut rien.
- Pourquoi ? questionna soudainement Naruto. « Papa a dit que tu n’étais pas très populaire à l’académie… Comment ça se fait ? »
Kushina regarda son fils, avant de rougir de gêne en regardant Minato avec un petit air de reproche. Elle soupira, mais décida toute de même de répondre à Naruto.
- Comme ton père l’a dit, à cette époque, j’étais toute ronde, et mes cheveux rouges ont fait que tout le monde se moquait de moi en me comparant à une grosse tomate. Je m’entendais donc très mal avec tout le monde et j’étais très agressive.
- Même avec papa ?
Kushina et Minato se mirent à rire.
- Surtout avec ton père… Si j’étais une fille ressemblant à une grosse tomate, Minato était un garçon qui ressemblait à une fille. Il avait l’air tout floconneux et je ne supportais pas ses manies d’élève calme et modèle. Ses notes étaient plutôt normales alors que les miennes étaient un peu plus… basses.
- Beaucoup plus basses, chérie, corrigea Minato, alors que Kushina mit un doigt à sa bouche dans la gêne, sachant qu’elle était découverte.
- Bon d’accord, beaucoup plus basses si tu veux … ‘ttebane ! maugréa-t-elle en faisant une petite moue. « Enfin bref, je ne supportais pas du tout Minato à cause de nos différences, malgré qu’il était sans doute le seul à m’avoir montré une véritable gentillesse et de ne jamais s’être moqué de moi à cause de mes cheveux et de mes joues. »
- Et puis, intervint Minato avec un grand sourire. « Même à cette époque, tu étais à mes yeux la fille la plus mignonne et intéressante de notre classe. »
- Mon Mina-kun… murmura Kushina, touchée par la révélation de son époux. Il n’y avait aucun doute qu’il était l’homme qu’elle aimait.
Minato rit au regard plein d’amour de sa femme, avant de regarder son fils.
- Kushina ne me supportait absolument pas à l’époque surtout pour une raison. Nous avions le même objectif. Je voulais devenir le Yondaime Hokage, et Kushina voulait devenir la première femme Hokage. Kushina avait manie de crier partout qu’elle allait devenir Hokage plus tard, révéla Minato sous un haussement de sourcil de Naruto, suivi d’un grand rire.
- Vous vouliez être Hokage vous aussi ?! s’exclama Naruto, continuant à rire sous les regards aimants de ses parents. « C’est trop génial… J’ai tenu de vous deux apparemment… ! »
- C’est une évidence fils, répondit Minato, trouvant en effet le constat assez amusant. « Kushina criait chaque jour depuis son entrée à l’académie qu’elle serait Hokage. Lorsque notre Chūnin instructeur nous a fait un cours sur l’ambition shinobi, il nous a demandé de révéler nos rêves. Dès lors que j’ai révélé vouloir être Hokage, Kushina m’a fixé comme si j’étais un ninja ennemi. Mais c’est compréhensible, elle était tellement obnubilée par ce rêve qu’elle se l’était approprié et ne reconnaissait pas l’existence d’opposant au titre. Alors tous les jours, elle venait m’embêter et me taquiner en disant que je n’étais qu’une mauviette incapable de devenir Hokage. En gros, Kushina, ma future femme, était au départ ma rivale. Et pour me jouer des sales tours, elle était vraiment très douée.
« De ce que j’ai vu tout à l’heure, elle est toujours aussi douée. Je ne savais pas que ma mère était aussi perverse avec mon père… » pensa Naruto en analysant ses parents.
- Au final, l’acharnement que j’avais sur Minato à l’embêter est devenu habituel. En fait, là encore ce qui me poussait à continuer c’était que même si je l’enquiquinais, Minato restait calme et poli. Je n’ai jamais compris ce côté de Mina-kun de rester imperméable à toute offense, et à l’époque ça me rendait furieuse parce que je me ridiculisais en voyant que toutes mes tentatives de le perturber étaient inutiles, continua alors Kushina, gloussant légèrement en regardant son mari, qui arborait un visage timide. « Jusqu’à nos onze ans, nous avons eu cette relation. Sans le savoir, en étant entièrement obsédée à prouver ma supériorité à Minato, le vide que j’avais au cœur depuis la mort de Mito-baa-chan se dissipait. Lorsque l’académie s’est terminée et que nous avons été initiés Genin, j’ai été séparée de Mina-kun. J’ai été introduite dans une équipe de Genin standard avec qui j’ai eu une relation lambda, alors que Minato a été repéré par Jiraiya et pris sous tutelle. J’étais morte de jalousie quand j’ai appris que Minato était devenu le disciple d’un des Sannins. »
- J’ai rencontré Jiraiya-sensei de la même façon que toi, fils, prononça Minato. « Ce vieux pervers observait en cachette les filles dans les sources chaudes… Et je l’ai fait repérer. » rajouta-t-il en riant.
À côté, Kushina fronça les sourcils « Ce vieux vicieux débile… » bougonna-t-elle, ce qui fit éclater de rire Naruto à l’ironie du destin.
- J’ai revu Kushina quelques années plus tard. J’avais appris entre temps qu’elle et son équipe avaient été en désaccord et qu’elle les avait quitté pour continuer seule. Et puis… Il y eut un incident.
Naruto se questionna lorsqu’il perçut le malaise de Minato et l’expression peinée de Kushina.
- Un incident ? Quel genre d’incident ? demanda-t-il alors.
- Alors que nous avions quinze ans, Kushina fit une mission de rang A en solo dans le nord du pays du feu, à la frontière. À ce moment-là, ta mère ne contrôlait pas encore parfaitement Kyuubi et elle ne l’utilisait par conséquent jamais. Elle s’est battue avec l’objectif de sa mission, mais son adversaire était de rang A, elle ressortit donc de l’affrontement victorieuse mais épuisée. Kumo avait réussi à infiltrer le village et avait attendu qu’elle ne revienne chez elle. Elle fut alors prise en embuscade par une escouade de ninjas de Kumo. Mais tu le sais déjà, Jiraiya t’en a parlé. Le père de A avait un faible pour voler les Kekkei Genkai d’autres villages cachés, et il avait eu vent de la capacité de Kushina à réprimer les Bijuus, et avait donc l’ambition de la kidnapper et de la faire s’intégrer au programme de réinsertion des clans à Kumo… Ou alors pour lui sceller Nibi ou Hachibi et faire d’elle une Jinchuuriki de Kumogakure. Bien sûr, Kumo ignorait que Kushina était la Jinchuuriki de Konoha, et son enlèvement fut un des facteurs principaux de la troisième grande guerre.
Naruto connaissait déjà cette histoire. Il se doutait que sa mère devait avoir beaucoup d’animosité pour le village caché des nuages. Mais il ne préféra rien dire. Ses parents lui faisaient une leçon d’histoire après tout. Ce fut Kushina qui continua.
- Konoha apprit dans l’heure qui suivit mon enlèvement, et même si personne ne comprit pourquoi, Hiruzen-jiji déploya toutes ses unités d’ANBU et beaucoup de Jōnins et Chūnins. Malgré cela, l’escouade de ninja de Kumo parvint à les semer, et j’étais à deux doigts de traverser la frontière, toute seule. J’étais désespérée. Je me rappelle encore à ce moment-là l’état d’esprit dans lequel j’étais. Je savais à quoi j’étais destinée si Kumo réussissait à m’enlever. J’aurais servi d’outil de reproduction toute ma vie pour plusieurs des clans prestigieux de Kumo, et je maudissais de toute mon âme cet avenir. Au final, je n’ai pas abandonné, et de l’endroit où j’ai été attaquée jusqu’à la frontière, j’ai discrètement arraché cheveux par cheveux pour laisser des indices de mon passage. En temps normal, espérer être retrouvée de cette façon serait de la folie. Mais je n’avais rien d’autre.
- Mais Papa t’a retrouvé, n’est-ce pas ? murmura Naruto avec un sourire rêveur, ayant deviné ce qui s’était passé. « C’est digne d’un conte de fée… »
- Oui… répondit Kushina, toute aussi rêveuse. « C’était un miracle. Mina-kun me retrouva et combattit mes ravisseurs. Comme un prince charmant, il me libéra, et alors qu’il me portait comme une princesse, à la cime d’un arbre, tous les deux seuls, en me souriant… Il m’a dit que c’étaient mes jolis cheveux rouges qui lui avaient permis de me retrouver. À cet instant, il fut à mes yeux le plus beau de tous les ninjas. Et ces cheveux que je détestais m’ont au final guidés vers l’homme de ma vie. Depuis ce jour, j’aime mes cheveux. »
Lorsqu’elle passa délicatement ses mains dans ses cheveux, il fut évident pour Naruto qu’elle disait la vérité.
Puis vint la guerre. L’enlèvement de Kushina avait été un des facteurs principaux quant à la déclaration de guerre des cinq nations entre elles. Les relations entre Konoha et Kumo étaient devenues encore plus tendues qu’elles ne l’avaient déjà été. La mort du Nidaime Hokage avait opposé Konoha et Kumo de façon radicale, ce qui avait abouti à la victoire de Konoha lors de la seconde guerre shinobi. La tentative de kidnapping de Kushina Uzumaki avait fait se fermer les interactions diplomatiques entre l’alliance Konoha-Uzushio et Kumogakure. Le Sandaime Raikage étant un homme belliqueux et agressif, il avait été particulièrement contrarié par l’échec de l’enlèvement de l’Uzumaki. Lorsque le pays du feu avait progressivement fermé ses frontières avec le pays de la foudre, le daimyo du pays de la foudre était venu sermonner son Raikage, lui reprochant sa bêtise, son manque de prudence et son ambition d’armement démesurée. Après cette humiliation, le pays de la foudre commença économiquement à payer le prix de l’erreur du Sandaime Raikage.
Le pays de la foudre était un pays reposant énormément sur le commerce, et les routes commerciales avec le pays du feu étaient cruciales, pour la simple et bonne raison que le commerce de la péninsule était centralisé en Hi no Kuni pour se répartir sur le continent. Le pays du feu, aussi bien commercialement que géographiquement, était le centre du monde. Et à long terme, le pays de la foudre se serait certainement effondré de lui-même, incluant Kumogakure. C’était inconcevable. Le Sandaime Raikage alla donc négocier une entente avec Iwagakure et le Sandaime Tsuchikage. Kumo aussi bien qu’Iwa étaient en très mauvais termes avec Konoha. Par plusieurs fois, Iwa avait essayé d’installer un glacis de protection avec Taki et Kusa no Kuni pour avoir un avantage géographique sur Konoha. Ses plusieurs tentatives d’invasion avaient été des défaites cuisantes, Konoha ayant soutenu les villages mineurs. De par ce fait, non seulement Iwagakure avait été repoussé facilement, mais en plus, Konoha avait grâce à cela édité des pactes d’alliance avec Takigakure et Kusagakure. Ses relations étant très bonnes avec Yu no Kuni, la feuille avait donc un avantage stratégique, et Iwa n’avait comme bouclier que sa frontière.
Lorsque le Sandaime Raikage vint à Ōnoki déposer sa requête, même s’ils ne s’appréciaient pas, ils se mirent rapidement d’accord. Et secrètement, Iwa et Kumo s’étaient temporairement alliés. Pourtant, malgré leur puissante alliance, attaquer un allié de Konoha tel que Takigakure serait revenu à déclarer la guerre à Konoha et ses alliés. Ce que Kumo et Iwa cherchaient à faire, c’était déclarer la guerre à Konoha, et uniquement Konoha, de façon intermédiaire. Pour eux, la solution était toute indiquée. Quatre ans après la tentative d’enlèvement de Kushina, alors que Minato et son amante avaient dix-neuf ans, Kumo et Iwa, aidés de nombreux mercenaires et de quelques villages mineurs, ainsi que quelques détachements de Kiri, attaquèrent par surprise Uzushiogakure no satō et l’assiégèrent. En moins d’une semaine, la grande métropole du Fuuinjutsu vit ses murs s’effondrer et les troupes ennemies entrer. S’ensuivit alors le génocide d’Uzu no Kuni mondialement connu, et surtout, mondialement nié.
Le génocide d’Uzushio n’était qu’une manœuvre de Kumo pour provoquer Konoha. Uzushiogakure n’avait de relations diplomatiques qu’avec Konoha, son seul allié était donc la feuille. L’attaque et l’annihilation de Uzushiogakure fut la goutte en trop, celle qui fit déborder le vase. Konoha déclara alors la guerre à Kumo, Hiruzen étant bouleversé par la tragédie d’Uzu et en colère contre Kumogakure. La déclaration de guerre de Konoha contre Kumo excita tous les villages cachés de la péninsule. Il fut évident qu’Iwagakure déclara la guerre à Konoha, révélant son alliance avec Kumo. Peu après, Suna déclara la guerre à Iwa, et tous les villages mineurs furent impliqués de force dans le conflit, devenant les territoires de guerre entre les différentes factions. Et ainsi commença la troisième grande guerre des ninjas, la plus meurtrière des trois – le nombre de mort ninja aussi bien que civile atteignant les trois millions.
Sept ans après, les pays faisant une guerre d’usure, ce fut de nouveau Konoha qui remporta la guerre mondiale. L’issue de la guerre fut dévoilée avec la naissance du Kiiroi Senkō, Minato Namikaze. Il battit à lui seul Iwagakure en décimant l’un des pelotons de la pierre, et créant ainsi une brèche dans les défenses fragiles d’Iwagakure. Rapidement, Iwa fut chassée de Kusa no Kuni avec un nombre de perte hallucinant. La menace de Minato Namikaze fit que les autres pays n’avaient plus les moyens dissuasifs aussi bien que militaires de continuer le combat. En moins d’un mois, tous les ennemis de Konoha déclarèrent leur reddition. Iwa humiliée aussi bien que Kumo épuisée. Le Sandaime Raikage étant mort, Kumo n’avait plus suffisamment de raison de continuer la guerre. Et comme tous les autres perdants, le nuage se laissa dicter les termes de sa reddition par Konoha. La troisième grande guerre des ninjas venait de se terminer, et comme les deux autres guerres, Konoha faisait partie des gagnants.
- Puis ton père est devenu Yondaime Hokage à vingt-sept ans, prononça Kushina. « J’étais si fière de lui lors de son sacrement. »
- Mais tu ne voulais pas être Hokage toi aussi, Kaa-chan ? questionna Naruto.
- Je n’avais plus besoin de cela. Au départ, je voulais être Hokage pour que les gens me respectent et pour montrer que ce n’était pas parce que les garçons m’appelaient « La tomate » que j’étais inutile. Ensuite, ce motif est devenu obsolète. Lorsque j’ai rencontré Minato, mon motif de devenir Hokage était que je voulais lui montrer que j’étais supérieure à lui.
Naruto acquiesça, et sa mère continua.
- Mais finalement, je n’ai pas eu besoin du titre de Hokage pour montrer à ton père que j’étais meilleure que lui. À ton avis Naru-chan, qui a permis à ton père d’aboutir au Hiraishin no jutsu ? demanda-t-elle avant que Naruto ne réalise. « Et oui. J’ai entièrement appris le Fuuinjutsu à Minato ! Après tous, dans ce monde, il n’existe personne et n’existera jamais personne de plus doué dans le Fuuinjutsu que les Uzumaki ! Et quant au titre de Hokage pour le titre de Hokage… Je suis la femme de Minato. Il me demandait beaucoup plus de conseil qu’à quiconque, dattebane ! Après tout, nous vivions à l’écart des gens, et très peu étaient au courant de mon mariage avec Minato. »
- Kushina ne m’a pas seulement appris le Fuuinjutsu, Naruto. Elle m’a aussi permis de créer le Rasengan. Et même si elle n’est pas très douée en ninjutsu élémentaire, elle reste très compétente. Et surtout, c’est une science infuse du Fuuinjutsu. Il m’arrivait des fois de discuter avec elle dessus, le lendemain matin, elle était toujours en train de parler. Et d’un côté… Tu as bel et bien hérité de son talent dans l’art du scellement, Naruto. Recréer le Hiraishin aussi rapidement… Il n’y a que toi qui pouvais le faire, ainsi que Kushina, même si elle n’a jamais voulu l’utiliser.
Naruto en fut flatté, et remercia son père du regard.
- Papa, maman… Vous m’avez raconté beaucoup de choses très utiles et intéressantes. Maintenant… Jiraiya-sensei et moi on s’est souvent questionné sur comment vous êtes morts. Maman tu avais un contrôle total sur le Kyuubi. Comment as-tu pu le laisser se libérer ?
Les deux époux se regardèrent, voyant qu’il était temps de parler sur des sujets beaucoup plus grave.
- C’est l’une des raisons pour laquelle nous avons apposé une empreinte de chakra sur ton sceau, Naruto, répondit Minato en soupirant, passant une main dans ses cheveux. « Notre intervention ici n’a de but uniquement que de t’informer et de t’aider avec Kyuubi. Pas comme si nous pouvions faire quelque chose d’autre de toute façon. Kushina était enceinte peu après mon avènement en tant que Hokage. Mito a eu plusieurs enfants de Hashirama, et à chaque fois, le sceau devenait extrêmement faible au point que Kyuubi pouvait s’échapper durant l’accouchement. La même chose se produit pour toute femme Jinchuuriki dont la grossesse ne dure non pas neuf mois mais bien dix. Lorsque Kushina t’a mis au monde… Il y a eu un imprévu. »
Un homme les avait piégés. Un homme caché sous un masque ouvert uniquement à l’œil droit, laissant ainsi voir… le Sharingan. Naruto baissa la tête, de honte. Un Uchiha avait gâché sa vie. Un Uchiha comme Sasuke. Et pas n’importe lequel. D’après son père, un seul Uchiha avait réussi à avoir le total contrôle du Kyuubi dans toute l’histoire de l’humanité. Uchiha Madara. Ce n’était qu’une hypothèse, étant donné que l’homme avait normalement été tué par le premier Hokage, mais il ne fut pas impossible qu’il eut survécu et trouvé un moyen de perdurer jusqu’à tenter cette attaque sur Konoha. C’était improbable, mais non négligeable. Et surtout, c’était tout ce qu’ils avaient.
- Naruto, nous avons quelque chose à faire, prononça Minato avant de se lever.
Kushina l’imita, et Naruto se leva à son tour. Aussitôt, la grande plaine et le ciel disparurent, et ils revinrent dans ce vide d’un blanc pur. Naruto vit que ses parents, de nouveau face à lui, le regardaient avec un sérieux à toute épreuve. Ils semblaient rayonner de cette sagesse, de cette puissance et cette noblesse dont il avait tant entendu de la bouche de Hiruzen-jiji et de Jiraiya. Il comprit sans mal ce qu’il en était, et se tint droit.
- Naruto, l’objectif principal de nos empreintes était de t’aider avec Kyuubi, commença Minato. « Alors que j’ai été réglé pour apparaître et reformer ton sceau si jamais il cédait, Kushina a été réglée pour apparaître lorsque tu ferais face à Kyuubi dans l’ambition d’en prendre contrôle. C’est étonnant, mais ce qui vient de se passer récemment a rempli les deux critères. En fait, c’est même plus étonnant que ça. Tu as fait quelque chose qui est théoriquement impossible.
- Comment ça ? Je ne comprends pas, répondit Naruto, ne cachant pas le fait qu’il était perdu avec l’explication de son père.
Kushina prit alors la parole.
- Le Hakke no Fuuin Shiki a réagi, Naruto. Comme s’il voulait te tester et t’aider à la fois, il a temporairement enfermé ton âme en lui avec celle de Kyuubi. Moi-même qui suis une maîtresse des sceaux meilleure que Minato… je ne comprends pas. Je pourrais presque en dire que c’est de la sorcellerie. Les sceaux peuvent être minutés, mais ne peuvent agir d’eux même, et tu le sais, toi qui est aussi un maître du fuuinjutsu. C’est une règle de base. Minato et moi avons essayé de trouver une réponse mais cela nous est impossible. La seule chose que nous savons, c’est qu’il reste facile de t’extraire du sceau.
- Maman, j’ai une question. S’il est vrai que je suis scellé avec Kyuubi… Qu’en est-il de mon corps… ? demanda Naruto avec inquiétude.
- Actuellement, le chakra de Kyuubi t’a entièrement possédé et tu es devenu un drone à la folie meurtrière. Les neuf queues se sont libérées.
- Mais alors, ça veut dire que… !
- Cela signifie que ta charmante Kumo-nin et le jeune Bee-kun se battent avec ardeur pour contenir ton corps, l’interrompit Minato, et voyant que Naruto allait le questionner sur ce qu’il venait de dire, Minato leva la main pour le stopper, avant de continuer. « Nous en reparlerons plus tard mon fils. Ce n’est pas l’important. L’important pour l’instant, c’est de t’apprendre à contrôler Kyuubi. Et… cela sera facile. Après tous, tu as de la chance d’avoir non seulement avec toi deux Jinchuuriki parfait, mais aussi les deux meilleurs maîtres des sceaux qui n’ont jamais existé. »
Naruto resta muet à l’air détendu que prirent ses parents malgré la gravité de la situation.
- Kyuubi a un chakra extrêmement puissant, s’exprima Kushina. « Très puissant, mais très faible pour un Uzumaki. Peu importe sa puissance, peu importe sa quantité… Un Uzumaki peut baigner dans le chakra de Kyuubi s’il se découvre notre chakra spécial. Et tu as ce chakra spécial, Naruto. Tu as été jusque-là vulnérable à Kyuubi malgré le sceau parce que tu n’as pas encore conscience de tout ton potentiel. Tu as beau avoir terminé le Rasengan, tu as beau avoir maîtrisé à la perfection le Hiraishin de ton père, tu as beau être un expert dans la plupart des domaines ninjas… Mais tu ne soupçonnes pas l’étendue des pouvoirs qui t’ont été légués par tes ancêtres, Naruto. Si tu révélais ne serait-ce que les prémices de ce chakra spécial qui fait de toi mon fils, alors tu le réveillerais entièrement, et Kyuubi deviendrait ton esclave. »
Naruto resta silencieux. Il était intérieurement intimidé, impressionné, par cette science, cette connaissance non feinte, que possédaient ses parents. C’était cette nonchalance, ce calme détendu mêlé à cette aura de gravité qui le rendait mal à l’aise. Il se sentait presque démuni comparé à eux, il semblait vraiment être un enfant… Et il les respecta pour lui faire ressentir cette impression troublante.
- La protection du monde contre Kyuubi et sa terreur est un rôle qui nous a été confié, à nous le clan Uzumaki. Kyuubi, de tous les démons, est le plus meurtrier, le plus vicieux et le plus fourbe. Il exploite chaque faille du cœur et de l’esprit, détruit la vie et l’humanité. Il est le pouvoir de la haine et de la destruction. User de son pouvoir sans le contrôler a été l’une de ses machinations, et l’une de tes erreurs. Tu as affaiblis ton corps et ta force vital, ainsi que ton sceau… et tu as renforcé son influence. Pour vivre pleinement ta vie, pour avancer, même si tu as la possibilité de stopper dès maintenant… Mon Sotchi, pour ton avenir, ne t’arrête pas là. Il n’y a pas d’essai, la prochaine fois, nous ne serons plus là.
Naruto fit un sourire triste, avant d’avancer d’un pas. Il n’avait pas le choix, il le savait. Il pouvait le faire. Il devait le faire.
- Comment puis-je obtenir ce chakra spécial ?
- Je te l’ai dit, tu l’as déjà Naruto, lui rétorqua Kushina, avant d’appuyer un doigt sur sa poitrine. « Il te suffit juste… » continua-t-elle avant de faire un grand sourire qui ne rassura pas son fils. « …d’un petit coup de pouce de ta mère ! »
Instantanément, l’index de sa mère se mit à luire, avant qu’il ne soit percuté par une onde de choc à la poitrine, le repoussant violemment en arrière. Il porta une main à sa poitrine en titubant en arrière, essayant de ne pas tomber sous la forte répulsion, puis reprit un meilleur appui en grimaçant. L’onde de choc était partie du doigt de sa mère, le même qui s’était colorée d’une vive lumière bleu… du chakra. C’était la percussion du chakra de sa mère sur sa poitrine qui l’avait repoussé, et c’était son contact brulant qu’il sentait s’imbiber dans sa peau. Un mal de tête le prit soudainement, et posant un genou à terre, ce fut sa tête qu’il se mit à tenir, comme une migraine étrange le prit. Il avait le vertige et sentait son corps en état d’ébullition. Il sentit la pression dans l’air augmenter avant de sentir venir l’étouffement…
Avant que cela ne s’arrête.
Et vint avec la dissipation du malaise un bien-être tout aussi étrange. Alors qu’il étouffait dans une chaleur accablante quelque secondes auparavant, il venait là de s’en libérer pour un air frais et léger, presque pur, alors qu’il haleta, prenant de grande gorgée d’air, encore légèrement troublé. Pourtant, lorsqu’il vit un halo de chakra danser autour de lui de façon indépendante, comme s’il vivait, le Namikaze fut bouche bée. Il regarda sa mère qui rit en voyant sa tête, et il exigea rapidement des réponses. C’était pourtant simple, et sa mère ne mit pas longtemps à lui faire comprendre.
- Tu es un légataire génétique chanceux Naru-chan… Tu as hérité des atouts héréditaires du sang qui coule dans tes veines. Le chakra des Uzumaki et des Senju n’est que l’un des quelques dons auquel tu peux accéder. Ces capacités de lignage dont tu ignores encore l’existence… sauf pour celle-là. Il ne m’a fallu que d’une impulsion de chakra pour réveiller le tiens.
- Mais pourquoi maintenant ? demanda alors Naruto, en observant ses mains, à la fois émerveillé et contrarié.
- Parce que je n’ai pas pu avant, répondit sa mère. « Pour une raison que j’ignore, ton chakra d’Uzumaki a été scellé entièrement avec le sceau du Hakke de Minato. Ma meilleure théorie à ce sujet est que cette réaction doit être prévisible pour un nouveau-né. Lorsque Mito-baa-san et moi sommes devenues des Jinchuuriki, nous avions déjà libéré notre chakra et nous l’avions maîtrisé. N’étant qu’un nourrisson encore vierge de toute expérience, le fait que tu n’aies pas eu accès à ton chakra à sûrement dû participer à le réprimer avec l’apposition du sceau sur ta bobine. »
- D’accord. Mais… Comment puis-je battre Kyuubi maintenant que j’ai ce chakra ? Enfin je veux dire mon chakra. Après tout, j’ai passé pas mal de temps à le bombarder. Je l’ai amoché, mais ça ne m’a donné absolument aucune once de résultat. Je n’ai fait que dépenser du chakra pour rien. Qu’est-ce que le chakra des Uzumaki peut y changer ?
- BAKA !! hurla spontanément Kushina en lui frappant la tête avec le poing, tandis que Minato secouait la tête, à la fois affligé et amusé. « Décidemment, tu es resté le même malgré tout ce qui t’es arrivé une fois sorti de Konoha, dattebane ! » grogna-t-elle ensuite, alors que choqué, Naruto tenait la bosse sur son crâne sans rien dire.
Enfin, pas pour longtemps.
- MAIS PUTAIN ÇA VA PAS !? Ça fait mal bordel !!! Tu as quoi dans les poings ?! Des briques ?! Et d’abord pourquoi tu m’as frappé ! Qu’est-ce que j’ai dit pour mériter ça, ‘ttebayo !?
Il continua à crier, sans se rendre compte que sa mère se fit calme et réservée. Un peu trop… Ce qu’il comprit au regard horrifié de Minato qui, dans le dos de Kushina, secouait les bras avec vigueur pour lui dire – pour lui hurler – quelque chose dans le genre : « Non ! Non ! C’est de la folie fils ! Ne te suicide pas !! » Malheureusement, il fut trop tard, et lorsque Naruto vit sa mère ressortir le « sourire angélique », il sut qu’il était en grave danger. Il se tut aussitôt, et un silence de mort tomba sur les lieux. Naruto chercha une cachette du regard… « Putain le con. Pourquoi je cherche une cachette, je suis au milieu de nulle part… » pensa-t-il en se rendant compte qu’en effet, il était un peu idiot en pensant réellement trouver une cachette au milieu d’un espace vide. Lorsque son regard retomba sur sa mère, il fut pris de sueurs froides. Glaciales même.
- Tu sais que je t’aime Naruto-kun ? demanda-t-elle, ce dernier acquiesçant bêtement. « Tu comprends donc que la dernière chose que je veux c’est qu’il se passe quelque chose de triste pour toi ? »
« Elle a dit la même chose à Papa… Elle ne pense quand même pas qu’elle peut… qu’elle peut… »
Ce fut la goutte en trop pour Namikaze Naruto. Il s’évanouit dans un second saignement de nez massif… de nouveau sous le regard horrifié de ses parents.
- Naru-chan non !! ‘Ttebane !!
***
Debout devant le Kyuubi maintenant totalement immobilisé par Yugito et Bee, Jiraiya ressentit une étrange sensation. A la fois jouissive et frustrante. Au début il l’ignorait étant donné qu’il était dans une situation qui ne permettait pas de se distraire avec quoi que ce soit… Pourtant, plus le temps passa et plus ce sentiment prit de l’ampleur. L’espace d’une milliseconde, il eut la vision d’une femme rousse avec des yeux violets, avec des formes incroyablement sexy et un sourire super chaud à en tomber… à en tomber par terre ? Non, il devait se tromper. Hmm…
« Merde alors, c’est quoi cette sensation… » grogna-t-il dans ses pensées. « J’ai l’impression que je rate des trucs d’enfer et qu’il y a une méga-bombe dans les parages autre que la copine à Naruto. Et merde ça m’énerve, je suis obligé de rester ici et d’ignorer mon instinct de Sennin-sama… C’est nul… »
Voilà ce que pensait Jiraiya.
Il n’était pas loin de la vérité…
***
Naruto se tenait à côté de son père, qui lui nettoyait précautionneusement le sang sur son visage avec un mouchoir. Kushina, à deux pas en face, regardait avec beaucoup de gêne et se tortillait de honte de ce qu’elle avait fait deux fois d’affilé à son propre fils. Ce n’était pas sa faute si son fils avait été perverti par Jiraiya, ce dernier l’ayant toujours vu comme la réincarnation d’une pseudo-divinité érotique…! A cause de ça à chaque fois qu’elle faisait des « taquineries » ou des sous-entendus – parfois presque pas sous-entendu, en plus – son Naru-chan était tout gêné…
Et d’ailleurs, ce dernier avait presque aussi honte que sa mère. Il détestait son maître. Sérieusement il détestait son maître pour avoir imagé quinze milliard de scènes avec Kushina… Qu’on ne pouvait pas forcément repousser de son esprit quand on la voyait d’aussi près. Après tout personne ne pouvait nier que Kushina était un peu trop joli pour en être indifférent… Surtout avec son attitude taquine. Il remercia timidement son père, qui acquiesça en se retenant de rire. Il comprenait son fils. Les deux hommes se levèrent, et oubliant ce qui venait de se passer, ils s’approchèrent de Kushina, toujours gênée, encore plus maintenant qu’elle était le centre d’attention.
Pourtant, ils perdaient du temps. Pas qu’ils en manquaient bien sûr, pas encore du moins.
- Oublions ce qui vient de se passer. Nous n’avons pas le temps, prononça Minato. « Naruto, pour répondre à tes questions, ta façon de t’y prendre avec Kyuubi était mauvaise. En effet, il ne s’agit pas seulement de l’acculer. Malgré la performance de ton offensive, malgré que tu ais réussi à très fortement le désarçonner, il fallait aller encore plus loin. Dans chaque pays possédant un Bijuu, les villages disposent normalement de techniques pour apprendre à canaliser et apprivoiser la puissance d’un Bijuu de façon très efficace. Enfin, sauf Suna avec ce que j’ai vu de Gaara. »
- Mais dans ce cas, pourquoi Bee et Yugito-chan ne me l’ont pas dit ?
- Malheureusement, je sais pourquoi Naruto. La technique de possession du Bijuu de Kumogakure ne se fait qu’après purification de l’esprit de toute personnalité. C’est un procédé psychique très difficile pour le Jinchuuriki car il doit faire abstraction de ses sentiments et de son amour propre. La purification prend du temps et vous n’en n’aviez pas. Sans purification de ton esprit, un procédé avec lequel je n’adhère pas d’ailleurs, il est hors de question d’essayer de prendre possession de ton Bijuu avec la technique de Kumogakure, répondit aussitôt Minato.
Naruto resta silencieux. Yugito et Bee ne lui en avaient pas parlé malgré la demande de A à l’aider du mieux qu’ils le pouvaient avec Kyuubi. Cette technique devait donc être très dangereuse.
- Papa. Tu as dit que tu connaissais à peu près la technique ? Peux-tu au moins me dire de quoi il s’agit ?
Son père soupira.
- On manque de temps mais très bien. Cette technique de Kumo consiste à relier l’âme du Jinchuuriki à celle de son Bijuu et d’essayer d’aspirer l’essence du Bijuu avec la simple force de son chakra… prononça alors le Namikaze, sous l’expression peinée de Kushina et incrédule de Naruto. « Oui je sais, c’est de la pure folie. Mais les villages cachés autre que Konoha n’ont jamais eu de respect pour le bien-être et la sécurité d’un Jinchuuriki. C’est pour cette raison que des dizaines et des dizaines de Jinchuuriki mourraient à Kumo après quelques jours. Le cas de cette Yugito et du jeune Bee sont assez particuliers. Ils ont survécu avec beaucoup de souffrance à la lutte contre leur Bijuu et en sont devenus maîtres, même si Nibi et Hachibi étaient liés à leurs âmes et pouvaient manipuler leurs sentiments à leur guise. D’où l’utilité de la purification de l’esprit. »
- C’est vraiment fou, intervint Naruto, ayant encore plus de respect pour Yugito et Bee qu’il n’en avait déjà. « Je n’avais aucune idée… »
- Ceci dit oublions tout ça, outrepassa alors Minato. « Les techniques et méthodes de Kumo et d’autres villages sont tout simplement barbare. Cela fait mourir un Jinchuuriki ou le rend complètement aliéné. Les seules vraies techniques de possessions de Bijuus ont toujours été détenues par les Senju et les Uzumaki. Et c’est d’ailleurs ça que nous allons utiliser Naruto, pour que tu prennes le contrôle de Kyuubi, et que tu en finisses une bonne fois pour toute avec. D’accord ? »
- Je suis prêt Papa. Plus que jamais.
- Très bien, donne-moi ta main, ordonna alors Minato en tendant sa main droite et en prenant celle de Kushina de l’autre.
Un instant plus tard, ils se retrouvèrent tous les trois dans la cage du Kyuubi. En moins de temps qu’il ne fallut pour le dire, des chaines de chakra bleues sortirent de Kushina et vinrent s’enrouler solidement autour de la forme géante du Kyuubi qui n’eut même pas le temps de réagir lorsqu’il les vit apparaître. « Alors vous êtes revenus vous trois… Je vous attendais ! Vous ne pouvez pas repousser l’heure de votre mort plus que ça ! » grogna-t-il en essayant de se débattre et d’arracher les chaines qui l’immobilisaient. « Encore ce chakra misérable… Kushina, si tu crois que tu vas pouvoir me retenir longtemps comme ça… ! » Pourtant, Kyuubi s’arrêta lorsqu’il aperçut Naruto derrière sa mère, qui rayonnait de chakra.
- Qu’est-ce que c’est… Naruto est différent d’avant, ce chakra… Ce chakra comme Kushina !! Kushina, maudite humaine, qu’est-ce que tu lui as fait ?! Pourquoi a-t-il ce chakra lui aussi ?!
Les trois Namikaze sourirent à la vue de Kyuubi paniquer. Le démon renard ne s’était jamais douté du fait que le chakra de Naruto avait été réprimé pour en cacher les atouts Uzumaki. Le voir avec le même type de chakra que sa mère et son arrière-grand-mère avait dû lui faire un choc sans précédent.
- NON !! hurla-t-il alors en redoublant de force pour se débattre, inutilement malheureusement. « Je ne veux pas de nouveau être enfermé dans un Uzumaki pour des décennies ! Je veux sortir et détruire ! Maudits Namikaze, rendez-moi ma liberté ! VOUS ENTENDEZ !? »
- Naruto, c’est à ton tour. Il reste du chakra à ta mère mais au rythme où cela va, elle va s’épuiser, s’exclama Minato à son fils. « Moules ton chakra dans des chaines ou des cordes, ce que tu veux, mais il faut que tu prennes la relève. Bloquer Kyuubi n’est pas tout. »
En réponse à son père, le fils s’avança à hauteur de sa mère, et tournant la tête à sa gauche pour la regarder, il lui adressa un petit sourire. Avec l’apparition de ses parents, tout était devenu très simple pour ce qui lui avait paru impossible avant. Sa mère répondit à son sourire, même si elle fut crispée dans l’effort de concentration et de moulage du chakra. La sueur se mit à couler de son front, et elle parut presque à sa limite. Naruto ferma les yeux dans la concentration et formant le signe du tigre de la main, le halo de chakra qui tourbillonnait de façon anarchique autour de lui commença à devenir ordonné. Puis il prit en intensité avant de devenir plus dense, et en quelques secondes, sous les yeux rassurés de Kushina et Minato, d’épais fils de chakra naquirent du halo pour se diriger vers Kyuubi. Ils étaient cinq fois plus épais que les chaines de chakra de sa mère et ils se firent s’écraser Kyuubi contre le sol sous l’intense pression qu’il eut à subir à leur contact.
- B-Bon sang… ! J-Je n’arrive plus à bouger… N-Naruto, arrêtes ça, t-tu vas me le payer… grogna Kyuubi, alors que les chaines de chakra de Kushina se cassèrent et disparurent lorsque l’Uzumaki vit qu’elle n’était plus nécessitée pour retenir la bête.
Naruto rouvrit les yeux pour voir qu’il avait réussi, et réellement heureux à la prouesse d’immobiliser Kyuubi sans difficulté, il sauta de joie en levant un poing. « Yatta !! » s’écria-t-il en sautillant. « J’ai réussi à t’avoir enfoiré de renard ! » Ce qu’il oubliait, c’est qu’il avait brisé sa concentration, et par conséquent, ses câbles de chakra se désagrégèrent petit à petit, sous les yeux écarquillés de ses parents. « NARUTO ! » hurla Minato, le ramenant à la raison, et ce fut pâle que Naruto découvrit que pour immobiliser Kyuubi, il devait MAINTENIR son chakra… Il se reconcentra donc aussitôt, et reforma plus solidement les câbles de chakra dans un sourire gêné, sous les regards énervés de ses parents.
- Hee… Ha ha… Petite négligence… dit-il.
- …Baka… maugréa Kushina en croisant les bras, mais en se retenant de le frapper cette fois.
Minato vint par la suite devant Naruto. « Maintenant que tu as immobilisé Naruto, nous devons reconstituer ton sceau fissuré. Sinon peu importe ce que l’on fait, tu ne vivras pas pour voir demain. Je vais aussi m’occuper de te retirer du Hakke Fuuin et de le remettre à sa place. » Aussi, l’homme posa ses doigts sur l’emplacement du sceau de Naruto. Il mima un mouvement de clé, et le jeune Namikaze se sentit pendant quelques secondes très bizarre. Les barreaux dorés loin derrière eux se matérialisèrent aussitôt devant le Kyuubi, sous sa fureur, et les câbles de chakra de Naruto vinrent en quelque sorte se fractionner sur les barreaux de la cage pour aller se refléter partout en de milliers de rayons, formant une immense toile de chakra semblable à un véritable sceau. Et Naruto comprit dès lors que son chakra était spécialement fait pour le Hakke no Fuuin Shiki, il était en écho avec, et semblait amplifié… Un amplificateur de chakra Uzumaki sous forme d’un sceau à cinq éléments.
C’était un sceau ingénieux. Vraiment ingénieux et sécurisé. C’était à peine croyable.
- Tu as compris le secret du sceau du Hakke n’est-ce pas ? demande Minato. « Moi aussi j’étais bouche-bée lorsque je l’ai vu. Je ne pensais pas que les Uzumaki pouvaient créer de telles merveilles. »
- C’est vrai que c’est surprenant. Et maintenant ? Ce n’est pas aussi simple n’est-ce pas ?
- Techniquement, disons que le plus gros a été fait. Tu peux sortir d’ici sans danger et même apprendre à le contrôler avec ton chakra en plusieurs essais. Mais ta mère et moi avons pensé à quelque chose mille fois mieux ces dernières années.
Naruto les regarda, ne pouvant pas rester impassible à cette révélation.
- Toutefois… Le faire nous ferait disparaître pour de bon, Naruto. Y a-t-il des choses que tu veux savoir avant que nous partions ? Que tu veux nous dire ?
Le fait d’entendre qu’ils allaient bientôt disparaître laissa une sensation de froid dans le cœur de Naruto, et il perdit automatiquement le sourire qu’il avait arboré en entendant qu’ils allaient lui permettre le contrôle total du Kyuubi. Il hocha la tête de haut en bas doucement, légèrement maussade.
- Je voulais savoir quelque chose oui… Papa, Jiraiya-sensei et moi avons découvert que j’ai une affinité extrêmement forte pour le Fūton, le Raiton et le Suiton à la fois. As-tu une idée de ce que ça pourrait-être ?
- Absolument pas Naruto. J’ai toujours eu un talent naturel pour user des cinq éléments, mais je n’avais d’affinité que le Fūton. Pourtant je suis au courant de tes affinités depuis le départ, et je n’ai pas trouvé de réponses. Pas plus que Kushina avec la réaction étrange du Hakke Fuuin… Quant à savoir si tu as un Kekkei Genkai…
Minato regarda sa femme, et ils partagèrent un sourire entendu. « Nous allons te laisser découvrir ça par toi-même. Nous sommes tes parents, mais tu ne dois pas dépendre de nous à peine après nous avoir rencontrés ! » Naruto rit timidement à cette phrase, sous l’attendrissement de ses parents. Ceci dit, Minato continua.
- Nous aussi nous avons quelque chose à te dire. Saches Naruto, que je ne vois pas vraiment de problème à ce que tu fréquentes plusieurs femmes. Je ne vois pas non plus de problèmes à ce qu’elles soient plus âgées. Mei Terumī est un peu étrange je suis obligé de le dire, mais elle est une femme très douce et sincère. De même pour Yugito. Ce sont des kunoichi que je ne peux qu’approuver. J’ai encore moins d’hésitation pour la jeune Emiko, je l’aime beaucoup. Cependant, Naruto, je n’ai qu’une seule demande… prononça Minato avant de regarder Kushina et de lui sourire doucement. « Je n’ai pris qu’une seule femme. Kushina a été, est et sera à jamais la seule à mes yeux. Pourtant je sais qu’il peut être compliqué de vivre parfois entre un homme et une femme, et je te demande donc de ne jamais négliger une seule des femmes qui acceptera de t’appartenir. Tu es un Namikaze. Tu es un noble, fils, alors conduis toi noblement et ne devient jamais avec elles ce que jamais je ne suis devenu et deviendrais avec Kushina. Tu perdrais ma fierté et mon estime pour toi. »
Naruto reçut solennellement la parole de son père, et dans son esprit, se jura de ne jamais une seule fois décevoir ses futures femmes. Sa mère s’avança ensuite.
- En tant que femme et en tant que ta mère, Naru-chan, j’ai un côté qui me pousse à t’interdire de revoir ces filles et plutôt de t’occuper de ta carrière… commença-t-elle en gloussant. « Mais te voir si grand et si différent de ce petit bébé qui dormait dans mes bras, et bien je me dis que… Ce n’est peut-être pas si mal. Emiko-chan et Mei-san sont des filles très bien, enfin, je suis d’accord avec ton père sur le fait que Mei est bizarre… mais je l’approuve quand même. Et Yugito-chan est parfaite aussi, et c’est une Jinchuuriki alors c’est super ! La seule chose que je te demande Naruto, c’est d’en prendre soin. Elles ne sont pas des objets, et même si tu peux penser que jamais tu ne viendrais à les considérer comme tel, on fait facilement des choses que l’on peut venir à regretter plus tard, et mieux vaut prévenir que guérir. Je veux aussi que tu sois prudent mon bébé. Dehors, des gens dangereux vont vouloir te faire du mal et tu ne seras pas toujours avec Jiraiya. Frappes-le de ma part d’ailleurs, je veux qu’il paye pour toutes les choses dégueulasses qu’il a dit sur moi !! Et sois heureux. Surtout sois heureux, peu importe Konoha, peu importe ce que tu fais… »
Une larme coula d’un œil de Naruto, et se l’essuyant vite de l’index, il fit un brillant sourire à ses parents.
- Merci, maman, papa. Et sachez que je vous aime. Tout à l’heure j’étais en colère, et c’est vrai que je vous en veux pour ne pas avoir été là avant, mais je suis aussi très heureux que ce soit vous mes parents. Je vous remercie, au moins pour avoir été là pour moi et m’avoir aidé. Ces quelques instants, que nous avons partagé tous les trois… Ils resteront gravés dans ma mémoire pour l’éternité, ainsi que tes beaux cheveux rouges, maman.
Ses parents rirent doucement à sa réponse, et lui caressèrent chacun une joue, avant de venir lui embrasser tout en le câlinant. Puis ils s’illuminèrent, et commencèrent à se dissiper en une multitude de particules illuminées.
« Nous le savons, fils. Et nous en sommes très fiers… Adieu… » prononça le père.
« Merci mon bébé. Vis une bonne vie rien que pour nous. Nous t’aimerons toujours ! » prononça alors la mère
Et ils disparurent, sous les larmes naissantes et surtout abondantes du fils qui se retrouva seul. Seul, mais différent. Car pour la première fois, il souriait malgré qu’on l’ait abandonné. Il souriait parce que ses parents étaient venus pour lui, pour le voir. Un peu comme ces milliers de fois où il avait attendu vainement leur venue à la sortie de l’académie, en espérant qu’après l’avoir suffisamment pensé, ils seraient apparus.
Le fait de voir la cage s’illuminer et devenir une cage de chakra dont l’intérieur était toujours criblé de rayon de chakra – avec un Kyuubi endormi – fut la dernière chose qu’il vit avant de se sentir aspiré vers le monde extérieur.
Car il se réveillait.
Et pour la première fois de sa vie, il avait fait un horrible cauchemar doublé d’un merveilleux rêve.
***
Lorsque Naruto revint à lui… Il ne sentait pas son corps. Il ne sentait absolument rien de son corps, et il ne comprenait pas. Il se sentait quelqu’un d’autre, c’était une sensation extrêmement étrange ! Il se sentait vraiment quelqu’un d’autre, quelque chose d’autre. Il sentait bien le sol sous lui mais n’arrivait absolument pas à discerner le sable, il sentait bien l’air autour de lui, mais ne discernait pas sa température ou son mouvement. Mais surtout, c’était bien le fait de sentir ses membres qui le dérangeait. S’il devait omettre qu’il était bloqué, le fait qu’il avait des pattes et un corps allongé, et des crocs ainsi que de la fourrure… Tout ceci le choqua. Le fait qu’il était géant de plus de cinquante mètres et qu’il était en fait le Kyuubi ne le choqua que plus. Il sentait même les muscles de ses queues raccordées à son postérieur, et il trouvait ça particulièrement étrange et perturbant.
Le choc en découvrant qu’il était le Kyuubi passé, il prit en compte alors complètement son environnement, en ce fut cette fois sans surprise qu’il comprit pourquoi il ne pouvait absolument pas bouger. Deux autres Bijuus le retenaient, et il les reconnut comme l’énorme bœuf gris à tentacule et corne comme Hachibi et le chat bleu géant comme Nibi, respectivement Bee et Yugito. Malgré Yugito bloquant et obstruant sa tête, il vit Jiraiya debout à une vingtaine de mètres devant, et Naruto fut soulagé en sachant que ses trois amis étaient saufs. Ils s’étaient bien débrouillés pour maintenir Kyuubi. Mais l’heure n’était pas à la plaisanterie, et même si pouvoir se transformer en Kyuubi était une arme de farce diabolique, Naruto allait devoir s’en passer. Le moment était tout simplement mauvais pour. Il essaya de bouger encore une fois mais vit que c’était impossible, alors il essaya de parler… Tout aussi impossible étant donné que Yugito lui retenait la mâchoire… Il passa donc quelques minutes à réfléchir sur le comment pouvait-il signaler que ce n’était pas Kyuubi aux commandes. Se débattre n’était pas une option, aussi il décida d’utiliser l’une des neuf queues qui battaient dans son dos.
Il lui fallut un certain temps pour apprendre juste à les bouger mais il finit par y arriver. Il en leva une sous les yeux attentifs et surtout méfiant de ses compagnons. « C’est Naruto. » inscrit-il alors avec difficulté sur le sol. Ils hésitèrent un moment, mais finalement Yugito arrêta de lui enserrer la gueule sans pour autant baisser sa garde. S’il n’était pas transformé en un renard géant, Naruto aurait soupiré de soulagement, ce qui fut traduit ici dans un grognement rauque et menaçant. Quand il vit Yugito se braquer et commencer à appuyer sur son museau, Naruto s’empressa de parler. Il s’étonna quelques secondes du timbre démoniaque de sa voix.
- C’est bien moi, Naruto ! C’est ok Yugito-chan !
- Comment peux-tu prouver que ce n’est pas un stratagème de Kyuubi ? répondit alors la kunoichi.
- Je suis coincé dans cette forme. Expliquez-moi comment redevenir normal, et vous aurez votre preuve ! Maintenant lâchez-moi, je ne peux pas bouger !
Yugito regarda Jiraiya qui avait les approché, lui demandant silencieusement si elle devait écouter le renard. Jiraiya l’approuva, expliquant rapidement que même si elle lui disait comment procéder, ça n’aiderait de toute façon en rien Kyuubi et que c’était un abus de prudence de refuser d’écouter sous prétexte que c’était un renard géant. De plus le sceau du Hakke était toujours présent sur sa tête, et des ajouts étranges avaient été faits. Yugito lui révéla alors que pour reprendre forme humaine, il fallait se concentrer et imaginer effacer la forme du Bijuu qui entourait le Jinchuuriki. Pendant plus de vingt minutes, Naruto essaya donc d’effacer de façon imaginaire le corps du Kyuubi.
Il pensait ne jamais y arriver, mais fermant les yeux rouges du démon, il fit exactement ce qui lui était demandé. Il imagina le corps de Kyuubi se transformer de façon inversée en lui. Et comme par magie, le corps du Kyuubi disparut de la même façon, rétrécissant et ne devenant que chakra, laissant ainsi Naruto ressortir du nuage de chakra démoniaque avec un sourire fier, Nibi et Hachibi se tenant de part et d’autre de lui. Jiraiya cria victorieusement avant de courir féliciter son filleul et les deux Jinchuuriki de Kumo reprirent eux aussi forme humaine, venant faire de même. Après tout, ils pouvaient bien s’offrir cette petite joie. Naruto avait accompli un véritable exploit.
En moins de temps qu’il ne fallut pour le dire, Naruto fut percuté dans une violente étreinte par une Yugito à la fois folle de joie et folle d’inquiétude. Bee se mit à rapper et Jiraiya prit son calepin pour décrire la scène. Naruto se mit à rire joyeusement en voyant que tout était revenu dans l’ordre, et serra Yugito dans ses bras.
- Vous n’imaginez même pas ce qu’il s’est passé avec Kyuubi ! s’exclama-t-il alors. « J’ai un tas de truc à vous raconter ! »
Aussi, ce fut sur ces mots qu’ils le raccompagnèrent aux quartiers dont ils disposaient plus loin dans la vallée pour vivre, et il s’endormit aussitôt qu’il tomba sur son lit… De la même façon que Bee et Yugito, eux aussi épuisés par les efforts qu’ils avaient fourni en combattant et contenant Kyuubi. Jiraiya les regarda avec amusement, avant de lui aussi se coucher en réfléchissant à ce qui venait d’arriver. Pour sûr, Naruto avait beaucoup à raconter. Mais pas maintenant. Car après ce qui venait de se passer, le jeune Namikaze avait le droit de disposer d’un peu de sommeil.
***
Le jour suivant.
Naruto se réveilla après une nuit de sommeil qui lui avait été nécessaire. Ouvrant les yeux, il vit l’heure relativement avancée de la matinée, mais décida de paresser. Il l’avait bien mérité après tout, il avait vaincu un Bijuu ! Pendant quelques minutes, il resta donc blotti dans ses couvertures. Les rayons du soleil filtrant à travers les rideau et venant lui titiller le visage l’incitèrent cependant à se lever, et après quelques temps à se demander si oui ou non il devait se lever… Et bien il se leva. Il posa ses pieds nus contre le sol en pierre froide, et frissonnant un petit peu, il marcha jusqu’à l’entrée de sa chambre, décidé à rejoindre les autres qui devait déjà être dehors.
Ainsi, il descendit les escaliers pour arriver à l’entrée du repère. C’était un repère creusé dans la roche et aménagé en plusieurs chambres sur trois étages, et la salle commune, à l’étage le plus bas. Voyant qu’il n’y avait personne mais que la cafetière sur le bar toujours fumante, il se dirigea vers la sortie. Il ouvrit la porte en bois en entendant les rires et éclats de voix à l’extérieur, prouvant que Jiraiya et au moins l’un des deux Kumo-nin étaient avec lui. Lorsqu’il sortit, il mit une main devant ses yeux pour les protéger du soleil et frissonna légèrement à l’air frais qui lui prit les jambes et les bras. Il n’était pas très vêtu après tout. Sa vue déboucha alors sur les hauteurs de la vallée, qu’il vit dans son ensemble et de nombreuses montagnes alentours formant le massif d’Unraikyo de Kaminari no Kuni. Puis il vit Jiraiya, Bee et Yugito déjà levés discutant autour d’une table avec parasol. Il n’attendit donc pas pour aller les rejoindre et s’asseoir.
- Salut gaki ! s’exclama Jiraiya, Yugito et Bee le saluant à son tour.
- Bonjour vous trois, répondit-il calmement.
Il créa un Kage Bunshin en lui intimant d’aller lui préparer un café avant de s’installer dans sa chaise et de soupire, fermant les yeux au souffle frais du vent.
- Alors, comment ça va ? Pas trop fatigué ?
- Je vais bien… Je me sens différent d’avant, mais je vais bien, répondit Naruto aux questions de son maître, avant de se tourner vers Yugito et Bee. « Et vous ? De ce que j’ai compris vite fait, vous avez dû combattre Kyuubi. Vous avez récupéré ? »
Yugito croisa ses bras sur la table et acquiesça. « Tout va bien Naruto-kun. » dit-elle avec douceur. « Ce n’était rien. C’était un simple drone facile à diriger. »
- Avec c’qui s’est passé hier, on pète la forme du tonnerre, yeah ! Nibi et Hachibi VS Kyuubi, c’était carrément d’enfer ! … Ah c’est pas mal ça, je note… intervint ensuite Bee tout en prenant son petit livret et en notant ce qu’il venait de dire, sous l’œil dès lors irrité de Yugito.
- Bee, pitié pas de rap dès le matin… maugréa-t-elle. « Tu t’es bien abstenu jusque-là, ne commence donc pas, s’il-te-plait ! »
- Mais Naruto a réussi à se faire Kyuubi, c’est l’occasion chaton ! répondit alors Bee, mais quand il croisa le regard de Yugito dont la tasse de café menaçait de se briser sous la pression de ses mains, il se garda bien d’en rajouter.
Il pourrait rapper plus tard enfin de compte. Il n’avait pas vraiment envie d’énerver Yugito dès le matin lui. Et ô combien les gens pouvaient être irritables le matin des fois… Assis à un autre côté de la table, Jiraiya en était revenu à ses papiers, que Naruto regarda curieusement. Après tout, Jiraiya semblait là écrire autre chose que ses écrits érotiques habituels. Il regarda donc plus attentivement de quoi il s’agissait vu que c’était posé à plat contre la table. Il remarqua donc que son maître avait là une copie de la formule du sceau du Hakke, avec en plus de cela… des ajouts au sceau qu’il n’avait jamais vu avant, mais qu’il décoda comme étant une extension du sceau du Hakke sur un support non défini. A savoir, sur son chakra. Car le Hakke no Fuuin Shiki de son père avait été changé par ses parents hier… Jiraiya ne devait pas le savoir, d’où le fait qu’il semblait perplexe.
- Que fais-tu Jiraiya-sensei ? demanda alors Naruto.
Il se tourna sur la gauche lorsqu’il vit que son clone posa devant lui un plateau avec son petit déjeuner. Il prit alors sa tasse de café et attendit la réponse de Jiraiya. Qui vint rapidement.
- Je suis en train de réfléchir sur ton sceau, prononça l’ermite en fouillant soudainement dans ses feuilles et en ressortant une avec le Hakke no Fuuin Shiki original, pour le comparer au dessin du nouveau. « Je n’y pige absolument rien. Ton sceau a changé lorsque tu combattais dans ton esprit avec Kyuubi. Il est apparu luisant sur ta tête avec cette espèce d’encadrement que je n’ai jamais vu avant. C’est nouveau, et je n’arrive pas à comprendre ce que c’est. Apparemment c’est un connecteur à un support autre que la bobine de chakra et je ne comprends pas son utilité, en tout cas pour un sceau de Jinchuuriki. J’attendais justement que tu sois réveillé pour que je te le montre et qu’on en parle. Tu dois forcément savoir quelque chose ! »
Naruto regarda son maître avant de rire. « Evidemment que je sais quelque chose sensei ! » Yugito et Bee observaient silencieux les deux maîtres des sceaux discuter.
- Alors qu’attends-tu pour parler baka ! maugréa Jiraiya en lâchant les feuilles et en se tirant les cheveux nerveusement. « Je me tue à comprendre ce foutoir depuis des heures mais pas moyen. Je sèche complètement ! »
- Le Hakke no Fuuin Shiki est un sceau exclusivement Uzumaki, répondit alors Naruto sous le regard de Jiraiya qui semblait vouloir dire qu’il le savait depuis longtemps. « Rien ne te vient à l’esprit ? Il est EXCLUSIVEMENT conçu pour les Uzumaki… »
Puis les yeux de Jiraiya s’illuminèrent, la réponse semblant avoir frappé à la porte. Il leva le doigt dans la réalisation.
- Alors ce connecteur sur ce sceau… Il est là pour toi ! Mais… A quoi se connecte-t-il exactement… ? D’accord tu es un Uzumaki et tout mais que dispose-tu de particulier pour… pour…
Jiraiya s’était arrêté de parler lorsqu’il vit l’aura de chakra extrêmement dense émaner de Naruto. Yugito et Bee regardaient Naruto avec stupéfaction. Cette aura qui semblait bouillonnante comme une tempête géante mais pour le moment calme et sereine… Et aussi, la façon dont elle semblait si dense. Pas de doute, c’était bien…
- Mais pourquoi… ? Je veux dire, comment ! Tu n’étais pas censé avoir ce chakra… Tu n’avais pas ce chakra avant ! Comment se fait-il que tu disposes du chakra des Uzumaki ? s’exclama Jiraiya, complètement hagard, mais surtout très confus, avant de finalement continuer lorsque l’évidence lui sauta aux yeux. « Alors ce connecteur… En fait, il connecte le sceau du Hakke entièrement à ton chakra, de façon à ce qu’il ne soit plus isolé au reste de ton être ! Et ça n’isole donc plus le Kyuubi de ton système de chakra, qui au final l’immerge et en prend contrôle sans même que tu n’aies besoin de te concentrer pour l’atteindre à chaque fois. Par conséquent, comme tu soumets naturellement le Kyuubi, tu disposes de sa puissance entière sans qu’il ne risque de profiter de ta faiblesse… » continua-t-il alors, de plus en plus bouche bée, étonnant tout autant Yugito et Bee. « Bordel c’est ingénieux… Non, venir à ça c’est un travail de dieu du Fuuinjutsu comme… Comme… »
- Comme mes parents, répondit alors Naruto, tout sourire.
Jiraiya se fit soudain très sérieux. « Que cherches-tu à dire par là ? »
- Je veux dire qu’ils étaient là… Sensei. Ils étaient là.
Et ainsi, pendant l’heure qui suivit, Naruto raconta ce qu’il avait vécu dans son esprit à Jiraiya, Yugito et Bee, du début à la fin. La façon dont le renard l’avait torturé avec ses souvenirs jusqu’à leur affrontement. La découverte d’un jutsu de rang S potentiel, le Rasendenkō et la façon dont il avait leurré plusieurs fois Kyuubi no Yoko. Puis sa défaite progressive jusqu’au moment où à bout, ce fut ses parents qui arrivèrent et lui sauvèrent la vie. Il expliqua qu’ils étaient resté avec lui tout au long de sa vie sous forme d’empreinte de chakra, et qu’ils s‘étaient programmés uniquement pour l’observer et apparaître au moment où il ferait face au Kyuubi. Il leur raconta les grandes lignes de sa conversation avec ses parents, qu’il hâta car elle restait personnelle, avant de finir avec le second face à face avec Kyuubi… Expéditif. Avec le chakra des Uzumaki, son chakra à lui pleinement débloqué, il était un ennemi naturel de Kyuubi, et l’avait soumis et vaincu en quelques secondes sans bouger. Le rapport de force qui était très incertain au premier face à face s’était scellé au second.
Puis le départ final de ses parents, triste et rapide. Et enfin, son réveil dans le corps immense du Kyuubi et les sensations étranges de se sentir dans un corps qui était le sien sans l’être. Yugito et Bee se mirent à rire avec lui là-dessus. Eux aussi avaient trouvé ça extrêmement étrange de faire des dizaines de mètres de haut et de se sentir « nu » ou avoir plusieurs queues pas légères du tout pendre au derrière… Dans un premier temps, c’était très gênant. Si jamais les gens qui voyaient un Jinchuuriki en mode Bijuu étaient surtout épris de terreur absolue, le Jinchuuriki lui, était très gêné les premières fois qu’on le voyait comme ça. Car Naruto s’était réellement senti nu… Cela prouvait à quel point le corps du Kyuubi était le sien. Et en quelques secondes, rien que pour la possibilité de devenir un renard géant terrifiant de cinquante mètres de haut, son avis négatif sur sa nature de Jinchuuriki changea.
- Peu importe si le monde me déteste. Peu importe si Konoha m’emmerde. Je suis un renard géant de cinquante-mètres qui peut exploser des montagnes. Je suis un putain de renard géant qui peut exploser des montagnes ! C’est juste trop génial !
Voilà ce qu’il dit en buvant son café, sa nature de garçon de seize ans faisant quelques sorties fugaces de temps en temps… Et forcément, Jiraiya, Yugito et Bee se mirent à rire.
Aussi, les trois Jinchuuriki dont le troisième était dorénavant devenu parfait ne mirent pas longtemps à se décider avant de descendre dans la vallée. Jiraiya décida de rester ici et de travailler sur le connecteur de chakra de Naruto pour éventuellement pouvoir l’exploiter dans d’autre fuuinjutsu, et garantissant qu’il pourrait voir d’ici les trois Bijuus s’entraîner entre eux. Naruto le comprit vite, et partant s’habiller une fois son repas fini, il redescendit avec un grand sourire impatient, à pleine dent. Bee avait un sourire identique en trépidant de faire un combat de Jinchuuriki, et Yugito un petit sourire amusé.
Quand on était un Jinchuuriki en plein possession de ses moyens… Se transformer en son Bijuu était l’accomplissement ultime. C’était une raison de vivre que de réussir à atteindre cet état, et la sensation d’être le Bijuu pour le Jinchuuriki prodiguait un sentiment de liberté et de fierté sans précédent… et surtout extrêmement intense. Il fut sans dire que lorsque Bee, Yugito et Naruto arrivèrent au centre d’une des grandes plaines des vallées d’Unraikyo, Jiraiya observa avec attention ce qui allait se passer. Et c’est alors qu’apparurent dans un espace de temps proche les trois Bijuus, immenses comme hier et suintant la surpuissance. Jiraiya frissonna aussi bien à la sensation de leur chakra phénoménale qu’à leur vue toute aussi phénoménale.
Pour un homme, un ninja, la signification de la vue de trois Bijuu en même temps était toujours la mort. Ils symbolisaient la faiblesse de l’humanité, ils symbolisaient l’enfer et la fin du monde. Mais lui, lui l’ermite des crapauds, il voyait et observait sereinement, sur son siège, les trois Bijuu se faire face comme s’il regardait un spectacle. Et ce fut le cas, car pour toute la journée, il put voir Nibi no Nekomata, Hachibi no Kyogyū et Kyuubi no Yoko lutter bestialement en détruisant tout autour d’eux et en faisant trembler le monde. Et pourtant… Ils ne faisaient simplement que s’amuser et apprendre à Naruto à maîtriser son corps de Bijuu.
Jiraiya eut la sensation qu’après cela, après ce passage à Kumogakure… Il allait voir Kyuubi no Yoko un peu plus souvent…
Et il ne put s’empêcher de rire bruyamment en imaginant les visages des habitants de Konoha et de Tsunade s’ils voyaient Naruto se transformer en Kyuubi devant eux négligemment !
« Cet excité en est bien capable, oh oui… »
***
Deux mois plus tard.
Il restait environ un an à Naruto et Jiraiya avant de clore leur voyage d’entraînement et de se rediriger vers Konoha. Déjà trois ans maintenant qu’ils étaient partis, et pour dire vrai ni l’un ni l’autre n’avait réellement vu le temps passer aussi vite. Déjà trois ans, et il s’était passé tellement de chose. C’était ce que pensait Jiraiya en réfléchissant et modifiant un tableau de fuuinjutsu, assis à la table devant le refuge dans lequel il avait passé ces trois derniers mois avec Naruto et les deux Jinchuuriki de Kumo. Pour lui la journée était plutôt calme, en fait, elle était même ennuyante à mourir, et il n’arrivait pas vraiment à croire qu’il avait trois mois loin des femmes, loin du plaisir et de la luxure. Il n’y avait personne à espionner ici mise à part Yugito Nii, mais il préférait y réfléchir à deux fois avant de tenter quoi que ce fut. Non seulement il pouvait risquer d’être poursuivit par un Nibi enragé, ce qu’il cherchait à éviter, mais en plus, qui était susceptible d’être rejoins par un Kyuubi opportuniste, ce qu’il cherchait à éviter deux fois plus.
En parlant de cela, Naruto n’avait pas cessé de s’améliorer avec la maîtrise de son état de Bijuu tout aussi bien que l’utilisation du manteau de chakra. Pour la majorité des deux mois, tout ce qu’il avait fait c’était d’apprendre à interagir en état de Bijuu avec l’environnement, et se battre avec Yugito et Bee. Surtout Bee en fait, les deux prenant un plaisir particulier à saccager la vallée déserte à coup de Bijūdama, que Naruto avait d’ailleurs finis par apprendre. Jiraiya soupira en y pensant. Associer Naruto Namikaze et Bijūdama n’était jamais de bon augure…
Le garçon était d’ailleurs descendu il y avait quelques minutes avec Bee, sans doute pour aller s’affronter en mode Bijuu, et ils ne rentreraient qu’un peu avant midi à l’heure du déjeuner. Naruto avait laissé sa cape sur le siège opposé de la table et un kunai Hiraishin était planté sur la table, sans doute pour le prévenir en cas de problème. Le garçon n’avait qu’à redevenir normal et se téléporter. Jiraiya profita donc de la matinée ensoleillée, comme elle était rare en Kaminari no Kuni, plus rare encore dans la région montagneuse d’Unraikyo. Il entendit la chaise opposée être tirée en arrière et il vit Yugito s’asseoir sans s’intéresser à lui. Elle ouvrit alors un livre quelconque et se mit à lire, sereinement. Pour aujourd’hui, il était facile de conclure que la Jinchuuriki de Nibi était en pause. Elle aimait beaucoup se transformer en Bijuu comme tous Jinchuuriki pouvant le faire, mais elle n’était pas aussi endurante et fan des combats de titan comme Naruto et Bee.
Jiraiya revint alors à ses fuuinjutsu sans rien dire, faisant quelques petits œillades à la jeune femme devant lui par moment… avant de relever complètement la tête et de voir la couverture du livre… « L’empereur de l’humanité ? » pensa Jiraiya entièrement surpris. « Elle est en train de lire le livre du gaki, mais elle ne sait même pas qu’il en est l’auteur ! C’est amusant. » Il s’en retourna ensuite à son étude du connecteur de chakra. Quelques minutes passèrent ainsi dans le silence de l’endroit, avant que les deux shinobis ne lèvent la tête : ils entendirent des gens venir – des ninjas c’était évident. Cependant cela ne pouvait être Naruto et Bee, ils venaient de partir.
Mais Yugito ne mit pas longtemps à les reconnaître, surtout à leur voix.
- KILLER BEE-SENSEIII !!!
- Oh non… soupira Yugito, sous l’étonnement de Jiraiya.
Apparut aussitôt dans un atterrissage devant l’ermite et la kunoichi trois ninjas de Kumo d’un âge proche de celui de Naruto. Deux filles et un garçon. Jiraiya haussa un sourcil à leur vue. Le garçon était tout ce qu’il y avait de plus normal à Kumogakure, comme il portait la veste par balle de Chūnin de Kumo et le bandeau frontal blanc à l’effigie de nuage. Comme beaucoup d’habitants à Kumogakure, sa peau était noire et les yeux de même couleur, et ses cheveux était d’un platine similaire aux cheveux de Bee et de beaucoup d’autre Kumo-nin de peau noire. A sa droite se trouvait une fille similaire, portant elle aussi l’uniforme militaire du nuage, de peau noire mais aux cheveux longs et cette fois rouges foncés. Elle portait un bandana qui lui recouvrait le haut de la tête. Ces deux-là semblaient particulièrement excité aux yeux de Jiraiya…
Il repéra par contre de suite la seconde kunoichi. Celle-ci ne portait pas l’uniforme par balle blanc de Chūnin mais devait sans doute en être une, elle avait la peau très blanche et les yeux bleu très clairs. Ses cheveux étaient d’un blond très clair et pâle et étaient coiffés d’une manière très – trop – ordonnée… et à contrario de la première kunoichi, elle disposait… d’atout particulièrement décelable… Et Jiraiya était bien connu pour n’avoir été captivé que par les poitrines de quelques femmes. La première était Tsunade, évidemment. La seconde, la déesse ultime, c’était Kushina. Venait ensuite les femmes à Naruto, Emiko et Mei – et Yugito… - mais celle-ci, il pouvait l’ajouter à sa liste de fille à poitrine énorme digne de rester en mémoire… Elle rivalisait avec Tsunade !
Il vit Yugito soupirer avant de fermer son livre et de se lever. Par politesse, Jiraiya l’imita.
- Jiraiya-sama, laissez-moi vous présenter les élèves de Bee. Le garçon s’appelle Omoi, et les filles Karui et Samui.
Jiraiya s’inclina légèrement pour les saluer, et se rendant compte qu’ils faisaient face au légendaire Jiraiya des Sannins, les trois Chūnins de Kumo ne mirent pas longtemps à s’incliner, se faisant aussitôt plus calmes et plus polis.
- En-Enchanté, Jiraiya-sama ! bégayèrent-ils sous le rire du Sannin.
- Voilà des enfants bien polis pour des élèves de Killer Bee, ha ha ha… plaisanta Jiraiya, mais rapidement repris par Yugito qui n’ajouta qu’une simple chose.
- Ne vous fiez pas aux apparences.
Karui s’avança dès lors devant Yugito en la pointant obstinément du doigt. « Oi oi oi ! Qu’est-ce que tu insinue toi ! Encore en train de te la raconter c’est ça ? » Yugito la regarda sans broncher dans les yeux, alors que Omoi et Samui s’approchèrent aussitôt. « Je dis simplement que tu n’es qu’une simple idiote écervelée mais qu’on ne le voit pas forcément dès le départ, Karui. » La réponse de Yugito fit rougir de colère Karui, et sous le regard étonné de Jiraiya, ce fut Omoi qui vint retenir Karui de sauter sur Yugito pour la frapper… Et ce sous le regard neutre des deux blondes présentes.
- Sinon bonjour Samui-chan, je suis contente de te voir, continua Yugito en ignorant Karui qui se débattait à quelques mètres d’elle.
- Bonjour Yugito-sama, c’est un plaisir de voir que vous vous portez bien, répondit Samui avant de se tourner vers Jiraiya et de le dévisager avec un regard si neutre et froid que l’homme en frissonna. « Enchanté de vous rencontrer, Jiraiya des Sannin de Konoha. » dit-elle en s’inclinant légèrement.
- Heu… merci, je suppose… hésita à dire Jiraiya avant de rajouter intérieurement : « Elle est flippante cette nana en fin de compte… »
Par la suite, Karui arrêta de se débattre, sans oublier de frapper Omoi pour se venger d’avoir été retenue. Elle bougonna dans son coin tandis que le garçon se plaignit de se prendre toujours des coups pour rien. Samui soupira à leur petit cirque, avant de s’approcher de Yugito. La Jinchuuriki de Nibi no Nekomata l’observa.
- Yugito-sama, nous sommes venus ici pour venir au rapport… En fait, Raikage-sama nous a envoyé ici sans vraiment nous dire pourquoi. Une question, où est Bee-sensei ? demanda alors Samui en voyant son maître nulle part.
Omoi accourut subitement auprès d’eux, semblant affolé. « Killer Bee-sensei a disparu ?! Alors cela signifie que… Qu’il a été enlevé par un ennemi de Kumo qui voulait mettre la main sur ses pouvoirs ! Et cela signifie que Kumo va entrer en guerre avec cette personne… ! Mais si cette personne travaille pour un autre village caché, cela signifie que nous entrerions en guerre ouverte avec une autre puissance et cela pourrait signifier le début d’une guerre ninja !! Et de la destruction de Kumogakure !! » Il arrêta aussitôt quand Karui apparut à côté de lui en lui assénant un coup de poing dans l’estomac, l’affaissant dans la douleur.
- BAKA ! prononça-t-elle. « Killer Bee-sensei est invincible ! Personne ne peut le battre lorsqu’il se transforme en Hachibi, pas même cette teme de Yugito ! »
- C’était le cas il y a deux mois, rétorqua justement Yugito, faisant aussitôt relever la tête de Omoi et attirant l’attention de ses deux coéquipières.
- Comment ça ? Qu’est-ce que tu veux dire ? répondit Karui, incrédule. « T’es pas sérieuse quand même ? Non sérieux là, qui peut rivaliser avec Killer Bee-sensei ? »
Yugito lui fit un regard hautain avant de s’en retourner s’asseoir et de saisir son livre. Jiraiya lui, était déjà retourné à ses fuuinjutsu, et les trois élèves de Bee se mirent à parler entre eux pour spéculer sur qui pourrait éventuellement avoir assez de pouvoir pour tenir tête Bee en mode Bijuu à part le Raikage Yondaime. « Taisez-vous et attendez ! » les interrompit Yugito sans sortir de l’Empereur de l’humanité. « Vous allez bien vite le savoir vu qu’ils ne vont pas tarder à tout saccager. » ; « A tout saccager ? Mais de qui tu parles ? » demanda alors Karui, frustrée de ne pas comprendre ce dont parlait Yugito, à l’instar de Samui et Omoi. Pourtant, leur réponse vint très avec une phrase de Yugito. « Ah voilà, ils commencent. Regardez donc la vallée. »
Les trois Chūnin de Kumogakure no satō tournèrent donc la tête vers le panorama de la vallée, vide et tout ce qu’il y avait de plus normal. Mais en une seconde, la vallée changea radicalement d’apparence lorsque qu’apparurent à leurs yeux deux immenses entités suintant d’une puissance tumultueuse. Ils reconnurent très facilement la forme monstrueuse et géante de Hachibi, qu’ils surent automatiquement être Bee, et en face de lui… Encore plus grand, avec neuf queues… Un Kitsune géant qu’ils reconnurent comme étant le Kyuubi no Yoko. Ce fut ainsi que sous le rire de Jiraiya, ils eurent les yeux écarquillés à cette vue, surtout lorsque les deux Bijuus hurlèrent et que le cri retentit partout dans la vallée. Les deux démons se jetèrent l’un sur l’autre avant de se battre avec une hargne et une intensité sans limite, se jetant et tentant de se maîtriser en roulant l’un sur l’autre comme si c’était un combat de lutte, détruisant tout ce qui se trouvait autour d’eux, et faisant trembler même le sol où les trois Chūnin de Kumo se tenaient. Lorsqu’ils usèrent réciproquement de Bijūdama à pleine puissance et que tout la vallée fut couverte par une explosion géante, Karui, bouchée bée, tomba à genoux sous le manque de force dû à la surprise. Omoi tomba sur ses fesses en sursautant, et Samui se tint droite, avec une expression ébahie en totale contradiction avec son attitude habituellement stoïque et détachée. Yugito ne put s’empêcher de rire doucement à cette vue.
- Pu-pu-putain de merde !!! C’est l’apocalypse !!! La fin du monde !!! On va tous mourir, sérieux, ON VA TOUS CREVER !! hurla Omoi alors que son cri fut couvert par une seconde explosion de Bijūdama dont la lueur orange des flammes vint assombrir la région.
Un immense nuage de fumée noire et de cendre vint obscurcir l’endroit où les deux Bijuus s’affrontaient.
- Killer Bee-sensei affronte Kyuubi no Yoko ! s’écria Karui en tremblant comme une feuille, horrifiée en réalisant que son maître faisait face à plus monstrueux que lui. « C’est terrible ! Yugito-teme, faut que t’ailles l’aider ! Qu’est-ce que tu branle en étant assise comme une conne ici !? »
Yugito rougissait de colère au bruit que faisaient Omoi et Karui en plus des explosions déjà suffisamment dérangeante. Elle arriva dans un premier temps à se contenir sans sortir de son livre, mais n’arrivant plus à se concentrer, elle craqua. « Mais fermez-là espèces d’idiots !! » Aussitôt ordonné, aussitôt faits, et Karui et Omoi se turent en la regardant étrangement, Samui également. Voyant qu’ils avaient stoppé leur crise d’angoisse, la Jinchuuriki soupira avant de reporter son attention sur son livre. Elle décida néanmoins de les éclairer un minimum.
- Le Kyuubi que vous voyez ici n’est autre qu’un Jinchuuriki, imbéciles. C’est l’élève de Jiraiya, Naruto Namikaze. Son père, le quatrième Hokage, a scellé Kyuubi en lui lorsqu’il était un enfant et il est venu à Kumo pour que moi et Bee l’aidions à prendre le contrôle de Kyuubi. Et comme il a réussi, et bien lui et Bee passent leur temps à se battre en mode Bijuu. Ils auront terminé dans une heure comme d’habitude, alors taisez-vous et attendez. Il y a déjà suffisamment de bruit comme ça !
- Mais… Yugito-sama, répondit Samui. « Pourquoi Raikage-sama aurait-il accepté d’aider Konoha avec leur Jinchuuriki ? »
- Les raisons le regardent lui et Jiraiya-sama. Alors maintenant, un peu de calme, merci.
Silencieux, Karui et Omoi acquiescèrent, trop choqués pour dire quoi que ce soit, et ils s’en retournèrent à regarder le combat de titan qui se passait devant leurs yeux. En quelques minutes cependant, l’angoisse se transforma en amusement, et bientôt, on voyait deux Chūnin de Kumo de seize ans qui applaudissaient aux explosions et encourageaient leur sensei… Samui soupira de résignation à cette vue, et sans rien dire, elle entra dans le refuge pour aller se faire un café.
- OUAAIIIS ! Vas-y Killer Bee-sensei !!! hurla Karui. « Défonce lui sa gueule !!! »
« La matinée va être longue… Les prochains jours aussi… » pensa Samui en voyant Yugito commencer à trembler de rage, le visage caché derrière son livre.
***
Le duel entre Hachibi et Kyuubi termina comme Yugito l’eut dit, dans les environs d’une heure plus tard. Les deux Bijuus disparurent, ne laissant alors que la vallée sinistrée noyée sous la fumée et les cendres du combat. Deux mois qu’ils faisaient cela chaque jour, chaque matin. Karui et Omoi se regardèrent, bouchée bée après avoir vu le plus grand et terrifiant spectacle qu’il n’avait jamais vu, tandis que Samui était troublée. La Chūnin blonde avait vu que Yugito et Jiraiya n’étaient absolument pas dérangés par les explosions, et vint avec la conclusion qu’ils étaient habitués à ce qui se passait. Ne parlant pas, elle attendit alors silencieusement le retour de son maître et du Jinchuuriki de Konohagakure, assise à la table en observant discrètement le Sannin à sa droite, qui semblait complètement absorbé dans ce qu’il faisait.
- Yugito-chan ! Sensei ! Nous sommes là ! entendit alors Samui et comme tout le monde, elle leva le regard vers la source de la voix.
Dix minutes que le combat avait cessé maintenant, et ce fut alors qu’elle aperçut son maître aux côtés du Jinchuuriki de Kyuubi qui… Qui… « Oh mon dieu… Il a l’air tellement cool… » pensa aussitôt Samui en observant Naruto approcher avec Bee. Grand, la carrure athlétique, une crinière d’un blond jaune d’or et les yeux intensément bleus. Et ce grand sourire joyeux sur le visage… Comme Karui à quelques mètres d’elle, elle tomba raide sous le charme du garçon, sous le rire étouffé de Jiraiya qui n’eut pas manqué les réactions. Naruto et Bee vinrent à niveau de la table, Yugito et Jiraiya se levant.
- Alors, on s’est bien dépensé ? demanda aimablement Yugito en regardant Naruto.
- Comme d’habitude, Yugito-chan ! répondit-il joyeusement. « Peu importe ce que je fais, Bee est un génie de la lutte, et il arrive à chaque fois à me repousser. Et je suis encore nouveau avec la Bijūdama donc j’ai un peu de mal. Mais c’était super. N’est-ce pas Bee-san ? »
- Yeah ! C’était d’enfer. Mister neuf gère le renard comme un boss et il progresse bien. Hm ? Tiens ? Karui, Omoi, Samui ? Qu’est-ce que vous foutez là ?
Karui vint devant Bee avec un air énervé.
- « Qu’est-ce que vous foutez là ? » ! C’est tout ce que vous trouvez à nous dire pour nous saluer Killer Bee-sensei ? Ce n’est pas sympa vraiment ! maugréa-t-elle alors que Bee clignait du regard en se grattant la joue, confus de leur présence ici, ce qui fit rire Naruto.
Karui se tourna vers lui comme elle croyait que quelqu’un se moquait d’elle, et s’apprêtait à hurler ses droits lorsqu’elle croisa le regard de Naruto. Elle se calma aussitôt et rougit légèrement. « Olalala… Bon sang c’est lui Naruto Namikaze… Il est encore plus mignon que dans le Bingo Book de Kumo !! Et en plus c’est un Jinchuuriki comme Killer Bee-sensei… ! Et de Kyuubi en plus… Il est trop génial !! Et il a mon âge en plus… Kyaaah ! » Cependant, Naruto ignorait la totalité des pensées de la fille caractérielle qu’il avait devant lui.
- Tu es donc l’une des élèves dont a parlé Bee-san ? Hmm Karui-san c’est ça ? demanda-t-il alors que Karui acquiesça timidement. « Et bien… Je suis content qu’il ait des élèves qui l’admirent tout en sachant qu’il est un Jinchuuriki ! Enchanté, Karui-san, moi c’est Naruto Namikaze. »
Jiraiya ricana lorsqu’il vit Karui devenir aussi rouge que sa chevelure et que Naruto ne comprit même pas la nature des pensées de la jeune fille. Lorsqu’il vit la jalousie dans le regard de Yugito, ça l’amusa encore plus. En fait, Naruto n’avait pas changé. Il était toujours un imbécile. Le Namikaze salua ensuite Omoi et Samui, cette dernière tout aussi captivée du regard que ne l’était Karui… Décidemment, Naruto restait trop naïf. Mais Jiraiya ne lui en voulait pas. Ce côté play-boy sans penser l’être du garçon semblait bien être un trait de famille… Il en connaissait un autre qui avait fait tomber les dames comme des mouches avant.
Les présentations faites, Samui expliqua la raison de sa venue, plus que floue. Mais tout était compréhensible maintenant. A avait envoyé l’équipe Samui pour presser Yugito et Bee quant à Naruto, car l’entraînement du Namikaze était resté secret.
- Et bien de toute façon, comme Naruto a réussi à maîtriser son état de Bijuu de façon plus que satisfaisante, nous ne sommes pas pressé par un délai, nous pouvons même revenir à Kumo dès aujourd’hui, prononça Yugito, sous l’acquiescement de Bee.
- Et bien, cela dépend de l’avis de Naruto et Jiraiya-sama. Qu’en pensez-vous ? Avez-vous des choses à finir ici ? demanda Bee en se tournant devant les deux ninjas de Konoha.
Naruto et Jiraiya se regardèrent en haussant les épaules. Tout ce que faisait Jiraiya à Unraikyo il pouvait le faire en voyageant, quant à Naruto, ayant fini de travailler sur la maîtrise du Kyuubi, il ne faisait que perfectionner des choses telles que la bombe Bijuu et son endurance à user du mode Bijuu. Le reste de la journée, il la passait à développer son ninjutsu, et particulièrement l’équivalent du Rasenshuriken en élément foudre, le Rasendenkō. Aussi, la nécessité de s’entraîner à Unraikyo comme aux premiers jours n’était plus, et il était donc logique de répondre à l’appel de A.
- Bon et bien dans ce cas, nous repartons pour Kumo tout à l’heure, conclut Bee.
L’heure suivante, Naruto et Jiraiya ainsi que Yugito et Bee repartaient et revenaient à Kumo après trois mois d’entraînement raccompagnés par l’équipe Samui. Autant dire que le temps avait vite passé.
***
Le jour suivant.
- … Nous sommes donc rentrés à Kumogakure pour te faire rapport de ce qui s’est passé, termina Jiraiya alors que Naruto, Bee et Yugito se trouvaient à ses côtés.
Les quatre ninjas qui avaient passé plusieurs mois dans l’une des nombreuses vallées du massif d’Unraikyo étaient revenus rapidement à Kumogakure no satō hier, suite à la demande de A de dépêcher ou de terminer leur entraînement. Des ninjas étaient venus prévenir les quatre que le Raikage les faisait quérir pour un rapport, et Jiraiya avait donc pris l’initiative de détailler ce qu’ils avaient fait pour le Raikage comme il était le plus habitué pour ce genre de choses. Pendant une petite heure A appris ce qui s’était passé, et ne put que sourire en apprenant que les résultats de l’entraînement de Naruto étaient très concluants. Ils avaient même été dans les temps : trois mois étaient un temps particulièrement court pour ce genre d’entraînement. Mais encore que là, Naruto était un Uzumaki, et il était facile de comprendre que pour les Uzumaki, maîtriser un Bijuu se révélait au final être une tâche particulièrement simple.
- C’est parfait, s’exclama-t-il alors. « Je m’attendais à ce que Naruto prenne beaucoup plus de temps, donc je suis très agréablement surpris. Non seulement je n’ai pas eu à expliquer au conseil l’absence de Yugito et Bee, mais en plus, leur absence n’a en rien dérangé la productivité du village par rapport aux missions. Au contraire d’ailleurs. Donc Bee, Yugito, vous avez de la chance, je vais vous laisser un certain délai de congé pour vos efforts. »
- C’est vrai frérot ? demanda Bee, alors que le regard de Yugito s’illuminait.
- Pour de vrai, affirma A alors que Yugito ne put s’empêcher de sourire en sachant qu’elle n’allait pas être bombardée de mission dès son retour. A regarda ensuite Naruto. « Tu es surprenant Namikaze. Prendre le contrôle de Kyuubi et maîtriser le mode Bijuu en un délai si court n’est pas une mince affaire. Je te tire mon chapeau pour ça. »
- Merci beaucoup Raikage-sama, répondit courtoisement Naruto en s’inclinant courtoisement.
- Ceci dit, pour des raisons évidentes, vous ne pouvez pas vous attarder à Kumogakure sans motifs. Les gens vous ont vu revenir à Kumo et vont se poser des questions. Surtout le conseil qui va venir me taper sur le système, et il est évident que je ne vais pas leur révéler que mes Jinchuuriki ont entraîné trois mois le Jinchuuriki de Konoha. Si cela venait à s’apprendre, ce serait un véritable scandale non seulement avec ces vieux crétins, mais aussi avec les autres villages. Donc je vais vous laisser une semaine de délai à Kumo. Vous êtes libres de partir avant. »
Cette réplique comprima aussitôt le cœur de Yugito, qui se retourna aussitôt vers Naruto avec un regard triste. Le Namikaze le remarqua. Il lui fit un doux sourire pour la rassurer.
- Ce sera amplement suffisant A, répondit Jiraiya avec un sourire. « Nous serons sans doute partis avant. Naruto et moi ne restons jamais trop longtemps au même endroit de toute façon, surtout dans des endroits aussi exposés que Kumo, pour ne pas être localisés. »
- D’accord. Passez donc un bon séjour et bonne route, termina A. « Vous pouvez disposer. »
Par la suite, les quatre shinobi quittèrent le bureau du Raikage.
***
La semaine suivante.
Yugito chargea en essayant de nouveau d’asséner un coup à Naruto. Peu importe ses tentatives cependant, le blond dégageait ses estoques sur le côté avec des parades fluides et ordonnées, laissant alors sa garde ouverte et donc vulnérable. Elle recula lorsqu’elle vit le jeu de pied du garçon indiquer qu’il allait répondre à son attaque, mais lorsqu’il ne fit rien de plus qu’un sourire taquin, elle grogna de mécontentement. Elle repartit alors aussitôt à l’assaut d’un autre coup de poing qu’il bloqua comme tous les autres, mais elle ne s’arrêta pour autant pas et enchaîna une série d’attaque. Naruto bloqua coup par coup sans mal et recula d’un bond lorsqu’elle intensifia l’échange d’un puissant coup de pied. Le coup brassa l’air, et sous la surprise de la kunoichi, il lui saisit la jambe avant de la projeter de l’autre côté, la laissant glisser sur l’herbe du terrain d’entraînement sur lequel ils se défiaient.
Serrant les dents, elle se releva et se mit en garde. Elle fixa Naruto dans les yeux, ce dernier souriant, et se prépara au futur accrochage. Cependant, lorsque Naruto vint à elle en courant, trop indécise, elle réajusta sa position pour améliorer son appui au sol et recevoir le contact : trop long. Elle ne fut pas prête lorsque Naruto vint l’aborder et elle eut beaucoup de mal à arrêter et répondre à ses attaques aux poings, si bien que lorsqu’il varia avec subtilité avec ses jambes, elle fut acculée et recula en manquant plusieurs fois de tomber et d’être hors-jeu. Le pire dans tout cela pour elle, c’était que Naruto continuait de sourire en la combattant, démontrant l’aisance du garçon à la malmener, et elle se sentit réellement vulnérable et ridicule. Soudain éprise de rage, elle fut emplie d’adrénaline, et elle riposta avec hargne aux attaques de Naruto. Le garçon recula à son tour sans pour autant laisser passer un seul danger dans son espace de garde. D’une extrême subtilité, voyant que Yugito avait repris contenance dans l’affrontement grâce à cette montée d’adrénaline, il laissa volontairement passer l’un de ses poings dans sa garde au niveau de la tête, bloquant l’autre. Il saisit alors le poing de Yugito, et voyant qu’elle était surprise, d’un coup de jambes, il frappa sa cheville, lui faisant perdre pied.
Naturellement elle fut en totale suspension en l’air, et Naruto l’acheva en la soulevant et en l’envoyant dans les airs avec un sourire encore plus grand, sous la stupéfaction de Yugito qui n’avait rien compris. Tombant, elle se rattrapa dans les airs et atterrit en titubant, reprenant malgré les tremblements indécis de ses muscles, appui au sol. Elle bloqua ses jambes, ses pieds ancrés sur la terre, et monta sa garde en couvrant son torse et son visage, devenant ultra défensive. En face d’elle, Naruto la nargua en ne prenant absolument aucun appui, restant nonchalant. Elle grogna devant sa moquerie.
Elle n’arrivait pas à comprendre comment il faisait. Qu’est-ce qui n’allait pas ? Le garçon anticipait tous ses mouvements et mettait fin instantanément à toutes ses tentatives d’attaques, les retournant contre elle et ripostant presque aussitôt, manquant de la battre à chaque fois. Elle avait l’air d’une Genin face à lui, alors qu’elle était une Jōnin. C’était là qu’elle voyait toute l’étendue de sa puissance, c’était là qu’elle constatait que même si elle avait douze ans de plus que lui, il était bien l’homme qu’on appelait Nidaime Kiiroi Senkō, ninja de rang S. Ce garçon était plus fort qu’elle en taijutsu…
- Bon, maintenant, je vais te prendre au sérieux Yugito-chan, et je vais être offensif, prononça-t-il en arrêtant de sourire et au contraire, en fronçant les sourcils sombrement.
Ça y est. Elle faisait cette fois face à l’homme qui avait battu Yagura. Elle faisait face au tueur. « Il vient ! » Naruto fila droit vers elle d’un seul pas, et elle solidifia son emprise au sol, prête à recevoir la charge… Qui fut bien plus forte qu’elle l’eut prévu. Elle bloqua son poing en essayant de le stopper mais finalement, partit en arrière avec lui, emportée par son poids. Lorsqu’ils s’arrêtèrent, elle se détacha aussitôt de sa proximité avec lui mais ce ne fut pas suffisant, comme il se retrouva en face d’elle en commençant à la ruée d’estoque. Du mieux qu’elle put, elle para tous ses coups de poings et para de ses jambes les coups de pieds qu’il lui donna. Pourtant, parer des jambes les coups du garçon la déstabilisa, et tremblantes quelques secondes, Naruto en profita en intensifiant ses coups des poings. Vint un moment où il enfonça littéralement la garde de Yugito et lui écarta les bras. Il la frappa alors violemment au ventre d’un uppercut avant de lui crocheter les jambes. Elle tomba à plat ventre et il l’accueillit d’un coup du genou au même endroit que son coup de poing, coupant aussitôt la respiration de Yugito sous la puissance du coup.
Puis il la balaya d’un dernier coup de pied, l’envoyant sans pitié manger la terre à plusieurs mètres. Cette fois, elle était battue et elle le savait. Dans un premier temps, ébahie, elle ne se releva pas. Elle n’arrivait pas à y croire. Le garçon l’avait étalé impitoyablement et si facilement que s’il avait été son ennemi, il l’aurait tué en commençant le combat. Se tenant douloureusement le ventre qui avait accueilli un poing, un genou et un balayage de la jambe, elle se releva lentement en grimaçant. Sa vue était encore floue et voilée par le choc des coups et sa tête tournait, une migraine spontanée lui imposant le vertige. Le sang palpitait dans ses veines et sa respiration saccadée redevenait petit à petit stable malgré la douleur qu’elle eut à chaque respiration. Lorsque son état global redevint stable, elle revint à niveau de Naruto, qui la regardait avec neutralité et calme.
- Je n’ai absolument rien compris. Tu m’as attaqué et tu m’as étalé en deux secondes, soupira-t-elle. « Mais ça va, j’ai eu pire dans ma vie heureusement, même si c’est humiliant. Bref, passons au niveau supérieur. »
Naruto lui fit un sourire et acquiesçant, avant qu’un sourire mauvais se tisse sur son visage. Yugito haussa un sourcil… avant qu’il ne prononce un mot qui glaça l’échine de la kunoichi. « Katsu. » La kunoichi sauta haut en arrière, alors que Naruto explosa, engloutissant une zone d’une dizaine de mètres de diamètre dans une puissante explosion. Yugito atterrit, mais se baissa par réflexe lorsqu’il sentit derrière elle un courant d’air au niveau de la tête. Elle esquiva ainsi un coup de pied circulaire de Naruto qui s’était glissé dans son dos. Elle se retourna et engagea alors un autre échange de taijutsu dans lequel elle s’efforça d’être meilleure que dans le précédent ; plus attentive, plus prudente. Cela paya comme elle réussit à tenir tête à Naruto, et sautant en arrière, elle commença plusieurs mudras.
- Raiton : Hibana no jutsu ! tonna-t-elle, alors qu’une vague de foudre naquit d’elle pour se répandre dans le sol, faisant de la plaine une zone sous haute tension.
Comme prévu, Naruto dut sauter pour éviter la décharge électrique et il fut alors totalement vulnérable à quelconque attaque. Elle entama une autre série de mudra, finissant sur celui du tigre.
- Katon : Endan !
Yugito exhala alors une puissante boule de feu qui fusa en direction de Naruto. Elle sourit, sachant qu’il n’y avait aucune technique élémentaire pour parer son Endan. Seul un Suiton pourrait l’arrêter et il n’y avait pas d’eau à proximité, et elle n’était pas assez paranoïaque pour imaginer que Naruto avait le talent de créer du Suiton sans eau comme le Nidaime Hokage. Le Fūton et le Raiton du garçon étaient inutiles contre sa boule de feu, de sorte qu’il n’avait que…
- Hiraishin no jutsu… prononça-t-elle contemplative en voyant le blond réapparaître instantanément à plus de cinquante mètres d’elle, un kunai à trois lame brandi devant le visage et les yeux bleus d’une froideur et d’un sérieux à toute épreuve.
- Bien, c’est mieux, entendit-elle juste dans son dos, et elle se rendit compte que Naruto avait disparu de son emplacement pour apparaître derrière elle. « Mais pas suffisant. » Elle sentit alors la lame de l’arme de Naruto appuyé légèrement contre sa gorge, la pointe droite de son kunai titillant sa jugulaire. Il ne fallait qu’une toute petite pression pour qu’elle ne meure.
- J’abandonne, dit-elle. « J’ai perdu. Si j’étais ton ennemie, tu m’aurais tué. Ça me suffit. »
Elle entendit le garçon rire, et rougit quand elle sentit son souffle dans son oreille, alors qu’il retira son kunai. « Entendu, Yugito-chan… » lui susurra-t-il avant de reculer, et de ranger sa lame dans sa sacoche. Le cœur battant légèrement, elle se retourna vers lui et l’observa. Elle avait vécu trois mois avec lui. En trois mois, elle avait été avec Bee son partenaire d’entraînement en mode Bijuu. Dans cet état, bien sûr le garçon était aussi plus fort qu’elle par défaut, mais elle restait meilleure dans la maîtrise de la transformation. Mais en tant que ninja… Il la dépassait en tout. Jamais elle ne s’était sentie aussi faible et démunie qu’elle ne l’était en sa présence quant aux domaines du shinobi. Ce garçon était excellent partout. La vitesse, la force, l’intelligence, le ninjutsu, le taijutsu et le fuuinjutsu… Il n’avait aucune compétence en genjutsu mais en tant que Jinchuuriki, il y était immunisé, ce n’était donc pas une faiblesse. Bon sang, elle était à la fois en frustration à ce constat et en admiration devant lui.
Elle avait passé toute la semaine seule en sa compagnie et il avait été son partenaire d’entraînement. Aujourd’hui cependant, elle l’avait défié pour mesurer son niveau au sien, et comme elle l’avait appréhendé, le garçon était à un niveau bien supérieur au sien. Cela pouvait pour beaucoup de monde être bouleversant, mais pas vraiment pour elle. Elle avait eu trois mois pour se préparer à ce constat après tout.
- Est-ce que ça va, Yugito-chan ? demanda Naruto en approchant d’elle et en posant ses mains sur ses épaules.
Yugito le regarda plus tendrement qu’elle le pensait, et lui fit un sourire.
- Ce n’est rien Naruto-kun. C’est juste que je suis très admirative de ton niveau. Je pensais pouvoir rivaliser plus longtemps.
Naruto émit un petit rire gêné avant de venir se frotter l’arrière du crâne nerveusement.
- Je tiens tout ça de Jiraiya-sensei ! Sans lui pour me former, je restais ce misérable Genin qui ne savait pas prononcer correctement le mot chakra…
Yugito fronça les sourcils, avant de le reprendre avec amusement.
- Cesse donc à chaque fois d’être aussi modeste, Naruto-kun !
- … Bon d’accord c’est vrai, je suis juste trop génial et tu m’adores.
Cette fois-ci, la Jinchuuriki de Nibi ne put s’empêcher de partir dans un grand rire lorsque pour la taquiner, le blond était passé d’un extrême à l’autre. Le Namikaze se mit à rire lui aussi. Lorsqu’ils se calmèrent, ils se regardèrent longuement… et Yugito se sentit triste, bouleversée, de savoir qu’il allait quitter Kumogakure no satō demain, et par conséquent la quitter elle aussi. Le temps avait passé pour qu’elle s’attache à lui. Elle ne sut même pas ce qui la retint à ce moment pourtant parfait pour sauter sur lui et l’embrasser. La timidité peut-être ? Après tout, elle ne savait même pas comment embrasser, vu qu’elle ne l’avait jamais fait.
- La journée est bientôt finie, Yugito-chan.
- Je sais… dit-elle en baissant la tête.
- Est-ce que tu veux passer la soirée avec moi ? proposa-t-il aimablement, avec une touche d’espoir, et elle redressa soudainement la tête. Un peu trop brusquement pour paraitre détachée d’ailleurs. « Je suppose que c’est oui ? » demanda-t-il en riant.
- Oui ! répéta-t-elle joyeusement. « J’adorerais Naru… »
Elle ne termina pas sa phrase. Car Naruto posa ses lèvres sur les siennes et l’embrassa à pleine bouche. Tremblante, elle le regarda dans les yeux un moment et les larmes commencèrent à couler. Puis, elle passa ses bras autour de son cou, et fermant les yeux, entre instinct et hésitation, elle répondit à ce langoureux baiser, frissonnant sans contrôle de son corps en sentant les mains du garçon posées sur ses hanches et son dos. Et le temps de leur baiser, et même après, blottie contre son corps, elle ne pensa à rien d’autre qu’à lui et au fait qu’elle se sentit véritablement sienne, là, au creux de ses bras.
***
C’était à vingt heures, la veille du départ de Naruto, que ce dernier était apparu à la porte de Yugito et avait frappé. Lavé et habillé, la cape orange du Nidaime Kiiroi Senkō sur le dos, ce fut sur cette merveille que la vue de Yugito tomba lorsqu’elle ouvrit la porte de chez elle, réaction mutuelle de contemplation comme Naruto fut admiratif en la voyant avec ce yukata – par-dessus sa tenue de kunoichi – qu’elle aimait mettre pour chanter en jouant du shamisen, ce qu’elle aimait d’ailleurs faire en sa présence. Cette fois cependant, les deux Jinchuuriki ne se saluèrent pas. Ils s’embrassèrent. Et ce fut bras dessus bras dessous qu’ils sortirent retrouver le restaurant de tekkadon que Yugito fréquentait, ignorant les regards des passants. Ils marchèrent cependant sans parler, s’accordant quelques regards joyeux. Une fois arrivés, ils prirent places et commandèrent, avant de commencer à manger.
- De quoi souhaites-tu parler ? questionna Naruto.
Ils s’étaient déjà beaucoup parlé ces derniers mois, et le blond ne savait plus vraiment quoi dire sur lui et Konoha.
- Qui sont-elles ? demanda alors Yugito en croisant les bras sur la table et en arrêtant de manger, l’intérêt brillant dans ses yeux. « Ces deux autres femmes que tu aimes. »
Naruto fut surpris par cette question. Il fut surpris mais non pas réticent à répondre, au contraire. Il comprit l’intérêt dans le questionnement de Yugito. Elle avait parfaitement le droit de savoir après tout. Aussi, il posa ses couvercles, et se mit à réfléchir sur le comment formuler ses phrases. Et finalement, il se lança, et parla. Il expliqua alors à Yugito les femmes qu’étaient Emiko et Mei, et l’amour inconditionnel qu’il éprouvait pour elles, la façon dont elles se comportaient, leurs rêves et les grandes lignes de leurs vies. Sa réponse convint à Yugito, qui l’écouta parler en admirant chaque ligne de son visage à chaque seconde.
Comment avait-elle eu la chance de tomber sur lui ?
***
L’ambiance de joie inconditionnelle dans laquelle furent baignés les deux Jinchuuriki amoureux ne fut malheureusement pas éternelle. Ils parlèrent et parlèrent, partagèrent un très bon moment, mais le silence finit par tomber lorsque la soirée vint à finir, et que le garçon raccompagna la demoiselle chez elle. Yugito était trop gênée pour dire quoi que ce soit en sachant que cette soirée était la toute dernière qu’ils passaient ensemble. Demain, Naruto serait parti de Kumogakure no satō et la Jinchuuriki du Nibi se frustra d’un tel constat. C’était le tout premier garçon dont elle tombait amoureuse mais elle était obligée de renoncer à sa proximité à peine s’était-elle découverte à ce sentiment si vivifiant. La dernière chose qu’elle voulait, ou plutôt la première chose qu’elle ne voulait pas, c’était bien que Naruto ne lui manque. Elle avait passé trop de temps avec lui, à s’entraîner, à s’amuser, à parler et débattre, que l’oublier n’était même pas envisageable. Non, jamais elle ne pourrait accepter ça.
- Et bien… Voilà… prononça-t-elle, ne sachant que dire. « C’était une bonne soirée, Naruto-kun… Tu pars demain, n’est-ce pas… ? »
Naruto la regarda avec un petit sourire triste. Il acquiesça, et Yugito baissa la tête. « Yugito-chan. » Elle releva la tête à son appel, à peine surprise qu’il ne l’embrasse avec passion. Ce seul geste participa à lui faire oublier toutes ses pensées, et passant ses bras autour de son cou, elle répondit au baiser avec tout autant d’entrain qu’avait Naruto. Le garçon la poussa contre sa porte en passant ses mains dans son dos et en la caressant, laissant une Yugito frémissante au panel de frissons et de sensations qu’elle ressentit à ce simple geste, cette simple position, là, bloquée entre son homme et la porte. Prisonnière dans le baiser et rougissant quand elle s’entendit gémir, elle saisit la poignée de la porte avec difficulté tant son bras tremblait, et l’ouvrit, les faisant s’engouffrer tous les deux dans son appartement. Autant dire qu’ils mirent beaucoup moins de temps à la refermer.
=> Lemon.
Yugito guida petit à petit Naruto à travers son appartement, plaquée de mur en mur, sans rompre leur baiser qui ne perdit en rien de son intensité. Après un petit trajet fractionné de pause, ce fut finalement contre le mur de sa chambre que Yugito fut adossée, serrée bien contre son amant de Konoha. Après trois mois d’amitié, après trois mois à lui tourner autour, voilà enfin qu’elle découvrait les joies de la passion amoureuse. Elle sentit ses mains presser ses hanches et gémit à l’explosion de désir qui naquit en elle à ce touché audacieux, sensation qui ne fit que s’accentuer lorsque ses mains remontèrent à ses côtes, et elle frissonna de désir en rompant le baiser, tournant la tête sur le côté de gêne. Souriant, Naruto vint embrasser son cou, remontant jusqu’aux oreilles, avant de passer ses mains autour du dos de Yugito, la ramenant bien contre lui. Il vint chercher le visage de la belle avec le sien, la forçant à le regarder, et il se perdit dans ces deux jolis yeux noirs voilés par le désir et l’hésitation.
- N-Naruto-kun… dit-elle simplement, le timbre tremblant de sa voix expliquant en entier ce qu’elle pouvait penser à ce moment précis. Voyant cependant que Naruto continuait à la regarder, l’incitant à parler, elle rougit d’autant plus en se sentant tellement différente mais tellement bien. Elle avait chaud. « Je suis amoureuse. »
- Je sais, répondit Naruto en riant, la regardant avec tellement d’amour qu’elle ne sut si elle se sentait voler ou défaillir.
- J’ai envie que… commença-t-elle en fixant ses yeux bleus. « S’il-te-plait, prends-moi ! »
Elle ne s’étonna pas de se retrouver ensuite couchée sur son lit et son yukata tombé au sol, Naruto couché sur elle, se maintenant avec ses bras appuyés sur le lit de chaque côté de sa tête, la fixant dans les yeux.
- Tu ne l’as jamais fait Yugi-chan… C’est ta première fois n’est-ce pas ? dit-il doucement, alors que silencieuse, elle acquiesça.
Non, elle ne l’avait jamais fait. Elle n’avait jamais trouvé en toutes ces années un homme pour qui elle pouvait éprouver autant d’attraction. Jamais elle n’avait ressenti autant de sentiments si forts pour quelqu’un. Jamais elle n’avait vu l’homme parfait comme elle le voyait maintenant dans les yeux de Naruto, ressentant cette excitation trépidante, extatique, qui la poussait à vouloir lui sauter dessus et le ravager de baiser et de câlin. Jamais elle ne s’était senti à la fois si bien et si joyeuse et à la fois si timide et… soumise. Elle avait envie de le laisser faire tout ce qu’il voulait, s’abandonner à lui et oublier le monde qui les entourait. Ces sentiments qui avaient commencé à croître en le rencontrant pour aboutir à ce bouquet éternel de joie et d’amour. Pour lui, ce Jinchuuriki qui était comme elle et qui l’aimait pour ce qu’elle était, qui la comprenait.
- Alors tu vas savoir ce que c’est que d’être une femme contentée, Yugi-chan… susurra-t-il mielleusement à son oreille, l’excitant de plus en plus.
- Na… Naru-kun… haleta-t-elle lorsqu’il lui écarta les jambes et qu’agenouillé, il s’y installa.
Peu importe s’ils étaient habillés. Se voir dans cette position quand quelques jours auparavant elle ne savait même pas embrasser, c’était toujours très perturbant. Ce fut donc rouge pivoine que Yugito vit Naruto poser ses mains sur elle pour petit à petit tirer son haut et le retirer, la pièce d’armure également, dévoilant alors son torse entièrement nu et ses seins fermes et blancs. Quand elle vit avec quelle intensité Naruto la fixa, elle tourna la tête sur le côté, surchargée d’émotion. Elle gémit de nouveau cependant lorsqu’elle le sentit se pencher sur elle pour lui lécher le cou, avant de venir poser ses mains sur sa poitrine, saisissant ses seins dans un petit ricanement. Elle se cambra dans le désir lorsqu’il porta sa bouche à ses mamelons, les léchant et la titillant alors de façon irrémédiable. Les frissons parcoururent son corps et ses poils s’hérissèrent comme la langue du garçon vint déboussoler ses sens. « C’est… C’est si… Naru… Naru-kun… » Les mains chaudes du garçon touchaient sa peau nue et son contact fit battre son cœur si vite et si fort que les paroles qu’elle essaya de prononcer ne sortirent pas correctement. Tous ce qu’elle pouvait réellement faire, c’était de savourer le contact et la vue du garçon la toucher. Car elle aimait ça.
« Je vois que tu apprécies Yugi-chan… » murmura-t-il d’un voix rauque à son oreille alors qu’elle acquiesça nerveusement à son souffle chaud. Il vint ensuite lui arracher un baiser langoureux auquel elle n’hésita pas à répondre, et laissant une Yugito tremblant encore plus sous l’envie, il lâcha ses seins pour venir saisir son pantalon. Il ne fallut qu’une quinzaine de secondes pour qu’elle ne se retrouve dans le plus simple appareil, nue, sous l’air contemplatif de Naruto. « Tu es belle, Yugi-chan. Ça fait trois mois que j’avais envie de te le dire. Tu me captive. » prononça-t-il, cette fois excité à des summum en voyant à quel point elle était elle-même excitée. Il ne pouvait pas attendre. Ce fut donc sous le regard obnubilé de Yugito qu’à son tour, il retira ses vêtements et se retrouva nu.
Il était parfait, c’était ce qu’elle pensait. Comment pouvait-on ne pas le penser ? Il avait déjà le visage parfait et par extension, son corps tout entier. Grand et musclé, équilibré et la peau dorée par le soleil, c’était le plus beau corps d’homme que la vie lui permit de voir. Elle mouilla littéralement lorsqu’elle sentit le garçon se coucher sur elle, accélérant les battements de son cœur. « Naru-kun… » murmura-t-elle en posant ses mains dans son dos et en commençant à le caresser. Ce dernier, tout sourire en la sentant contre elle, vint lui donner quelques petits baisers en la regardant dans les yeux. « Je t’aime Naru-kun !! » s’exclama-t-elle avant de l’embrasser passionnément, et riant dans sa bouche, Naruto la pénétra alors d’un coup.
Etant vierge, Yugito se crispa lorsqu’elle sentit le sexe de Naruto s’enfoncer profondément dans le sien, et brisant le baiser par un soudain manque d’air, elle respira profondément… avant de pousser un fort gémissement. Elle n’avait pas mal, étant donné que son hymen s’était cassé seul durant ses multiples entraînements, aussi ce fut la première fois qu’elle sentit son corps ; son ventre, aussi… plein. Et cette vague de chaleur qui explosa en elle à la venue de Naruto pour se répandre partout lui prodigua une sensation de désir et de jouissance intense. Elle serra le garçon dans ses bras et serra sa taille fortement de ses jambes, et émettant un souffle crispé proche du grognement… Elle eut ce qu’elle comprit être un orgasme.
- Naru-kun, j’ai… j’ai jouis… dit-elle dans un ton qui indiquait un soulagement intense, sous le petit rire de Naruto qui coupa court à toute réflexion en lui donnant un énième baiser langoureux.
- Crois-moi Yugi-chan… dit-il amusé à son oreille en l’enflammant. « Tu vas vivre tellement d’orgasme que tu finiras par ne plus les compter… »
Et il commença alors à se mouvoir en elle, entamant ses va et vient. Si Yugito avait joui seulement avec la présence de Naruto en elle, lorsqu’il commença à bouger, la sensation de plaisir devint encore plus intense. Elle le laissa alors la prendre comme il le voulut, et le garçon se mit alors progressivement à accélérer la cadence. En quelques minutes, en sueur et en savourant la sensation d’être blottie contre son corps, elle atteignit un second orgasme incomparable au premier, dégoulinante de fluide et bougeant nerveusement, la jouissance lui faisant crisper le diaphragme et surtout, la taille de Naruto.
- Kami Naruto-kun !!!
- Yugito-chan… gémit-il en continuant à lui faire l’amour, toujours en souriant en l’observant jouir et gémir.
En une dizaine de minutes, alors que Yugito s’était presque évanouie sous le plaisir, Naruto approcha finalement à son tour de l’orgasme. Affermissant son étreinte sur la Jinchuuriki de Nibi, il lui signala dans un regard qu’il était proche de sa libération. Yugito, lentement, vint approcher sa bouche de la sienne, partageant leurs souffles irréguliers avant de partager un autre baiser, et finalement, gémissant rauquement, sous la contemplation de son amante, Naruto jouit en elle, arrêtant rapidement ses va-et-vient. Elle se cambra dans un ultime orgasme en le sentant se libérer en elle, arc-boutant son dos comme pour lui offrir son corps en cadeau. Car tout n’était que passion et luxure, là, comme ils finissaient avec délicatesse la chaleureuse, la brulante union de leurs corps.
- Naruto… c’était… incroyable… proféra-t-elle alors que son corps luisait de sueur et que son souffle haletant faisait se soulever sa poitrine… sous les yeux complètement hypnotisé de Naruto. Elle était en d’autre terme, chaude comme l’enfer. Et comme plusieurs fois l’eut-elle dit avant, elle le répéta en fixant amoureusement Naruto. « Je t’aime, Naru-kun. »
Le garçon la regarda toujours avec ce sourire rêveur. « Je t’aime aussi Yugi-chan. Je t’aime aussi ! »
***
Le jour suivant.
Ce fut aux portes de Kumogakure no satō, tôt dans la matinée alors que personne n’était aux portes, que Naruto et Jiraiya décidèrent de partir. Devant eux se trouvaient A et Bee, ainsi que Yugito. Ils profitaient de l’absence de foule pour se réunir ici et se saluer une dernière fois, sachant qu’à partir de maintenant, ils allaient se voir naturellement beaucoup moins… Des trois Kumo-nins, seuls A et Bee souriaient alors que Yugito, quant à elle, fixait Naruto avec une tristesse facilement remarquable. Naruto lui rendit cependant un sourire, comme s’il cherchait à la rassurer, et ce fut l’effet inverse pour la jeune femme.
- Et bien je suppose que c’est l’heure de partir, prononça Jiraiya, les bras croisé, A et son frère acquiesçant.
A cette réplique, Yugito se jeta sur Naruto et le serra très fort dans ses bras, ce dernier se mettant alors à rire. « Pourquoi ris-tu baka… ! » geignit-elle en sentant ses bras passer autour de son dos pour la blottir. Elle ne prononça cependant rien d’autre et profita d’écouter les battements du cœur du Jinchuuriki de Konoha tout en savourant ses caresses. Et elle se rappela alors pour essayer de ne pas pleurer la nuit d’amour qu’elle avait passé avec lui la veille. De la façon dont elle s’était doucement réveillée dans ses bras, le visage enfoncé dans son cou et ses mains posées sur son torse. La façon dont elle avait entremêlé ses jambes avec les siennes et qu’elle avait joué avec ses lèvres. Elle voulait encore le faire. « Je ne veux pas que tu partes… » dit-elle tristement, assumant pleinement son caprice, de la même façon – aux yeux attendris de Naruto – que ne l’avaient fait Emiko et Mei avant elle.
- Yugi-chan, prononça Naruto en sortant un kunai Hiraishin, sous le sourire de Jiraiya qui les observait. « Penses-tu que je peux me passer de toi ? Non. »
Il mit son kunai dans la main de Yugito, alors qu’elle réalisait ce qu’il lui donnait.
- J’ai apposé une marque sur toi, Yugi-chan, et tu auras ce kunai également.
- Tu… Tu repasseras me voir… ? demanda-t-elle hésitante.
- Oui ! dit-il. « Tu es ma Yugi-chan après tout ! »
- Souvent… ? redemanda-t-elle avec la même touche d’espoir, mais sachant évidemment la réponse.
- Très souvent même ! répondit-il en riant, alors que sans que cela ne le surprenne, la jeune femme l’embrassa avec passion.
Et tandis que Jiraiya et Bee n’étaient pas surpris, A quant à lui, avait les yeux grands ouverts dans le choc en constatant que sa Jinchuuriki et le Jinchuuriki de Konoha étaient en liaison amoureuse… Olalala… Il voyait déjà les complications diplomatiques venir au sujet : Yugito Nii compagne de Naruto Namikaze. Il soupira. Déjà que Bee lui donnait une multitude de problème, il fallait maintenant que Yugito ne s’y mette en se casant avec un Namikaze. Misère.
- Bien c’est parti ! s’exclama Jiraiya, en mettant fin au baiser passionné des deux Jinchuuriki.
Il s’en retourna vers la route et se mit à marcher en levant la main dans un signe d’adieu, pour les Kumo-nins. Naruto le regarda, avant de regarder Yugito. « Je te reverrais bientôt Yugi-chan. Portes-toi bien jusque-là ! » dit-il avant de se mettre à courir pour rejoindre son maître. « Reviens-moi vite Naru-kun !! Parce que je t’aime !! » cria-t-elle, lui arrachant un grand sourire.
Et ainsi, rapidement, Jiraiya des Densetsu no Sannin et Naruto Namikaze le Nidaime Kiiroi Senkō disparurent de la vue de Bee Yotsuki le Jinchuuriki de Hachibi, d’A Yotsuki le Yondaime Raikage et de Yugito Nii la Jinchuuriki de Nibi, au loin sur la route de Kumogakure no satō, rejoignant d’autres horizons, d’autres lieux, en quête d’autres aventures.