Kiri no Kodomo

Chapitre 3 : Un nouveau départ

2592 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour il y a environ 1 mois

Il y avait quelque chose d’étrange à voir le troisième Hokage, Hiruzen Sarutobi, la figure la plus haut placée dans la hiérarchie du village, se rendre en personne au quartier général de la police. C’était une scène inhabituelle dans la routine du village. Encadré par une unité de l’ANBU, il traverse les couloirs avec une assurance froide, comme s’il était chez lui. Il dégage une impression de puissance contenue malgré son âge avancé. Sa démarche est solennelle, une odeur de vieux tabac flottant autour de lui. Il semble prendre plaisir à cette visite surprise.


Il ouvre une porte et entre dans la pièce, seul. Les quatre membres de l’unité qui l'accompagne restèrent postés devant la porte, implacables, peu importe ce qui se passait derrière.


« Maître Sarutobi ? Que faites-vous là ? »


Un officier, le visage marqué de nombreuses cicatrices, était déjà présent dans la pièce. Le troisième se tourna lentement vers lui, un sourire amusé dans les yeux.


« Insinuerais-tu qu’il y ait quelconque endroit dans ce village où je ne pourrais me rendre ? »


L’officier se raidit.


« Bien sûr que non, Maître ! Je suis simplement surpris de vous voir. »


Hiruzen s’approcha du bureau et s’assit.


« J’ai entendu dire que trois individus étaient arrivés ce matin. Le nom Uzumaki a été prononcé. Je n’avais donc pas envie de m’en remettre à un simple rapport écrit. Que savez-vous à leur sujet ? »


Le chef de l’unité de renseignement fit son rapport sur les enfants au Hokage.


« Les enfants… Kazuto et Kotsuki sont des enfants d’un certain… potentiel. Mais leur passé est, disons… inquiétant. Ils sont inscrits dans le Bingo Book avec la mention extrêmement dangereux. »


Il continua ainsi pendant plusieurs minutes. Le vieux maître n’en perdit pas une miette.


« Qu’en est-il de la mère ?

— Seijuro Kurabane a été mandaté pour l’évaluer. Vous le connaissez, il quitte très rarement l’hôpital, je ne sais pas si… »


La porte de la pièce s’ouvrit au même moment et Seijuro fit son apparition, avec l'assurance d'un homme qui n’avait jamais eu à se soucier des formalités.


« Cesse donc de médire sur moi, Ibiki ! »


Seijuro passa devant l’ANBU sans leur prêter attention.


« Cette affaire aurait-elle attisé votre curiosité, le troisième ?

— En effet, Seijuro. Qu’as-tu découvert ? »


À son tour, il fit son rapport au vieux maitre d’une voix posée, comme si chaque mot avait son importance. Ce dernier prit sa pipe un instant, la faisant tourner entre ses doigts, la portant machinalement à sa bouche, puis se rappela qu’il n’y avait pas mis de tabac.


« Est-ce que ses infos concordent avec ce que nous savons de la tentative de coup d’État ?

— Pour autant qu’on sache, oui, répondit Ibiki. Le père des enfants en était un acteur majeur. Pour le moment, nous ne savons pas si les enfants y sont mêlés. Mais le fait qu’ils aient été traqués est une réponse selon moi. »


Sarutobi observa la pièce avec gravité, son regard se faisant perçant.


« Disent-ils la vérité ?

— Tout à fait, répondit cette fois Seijuro. La civile s’est montrée très sincère, sauf sur un point : les plus belles années de sa vie ne l’étaient peut-être pas totalement. Mais en ce qui concerne le coup d’État et leur implication, il n’y a aucun doute, selon moi. La mère ne sait rien concernant le coup d’état et ne sait pas non plus si ses enfants sont impliqués. Elle ne croit cependant pas à leur éventuelle implication. »


Il cessa de regarder le Hokage et se tourna vers le chef de l’unité de renseignement au moment de prononcer ses derniers mots.


« Les enfants aussi disent la vérité, déclare Ibiki, un tantinet irrité. Mais ils ne disent pas tout.

— Même en ce qui concerne le Sharingan ? Demande Hiruzen.

— Aucun signe de mensonge dans leur langage corporel. Cependant, nous n’avons aucune autre information pouvant le confirmer ou l’infirmer.

— Un Uchiwa avec la capacité de manipuler un hôte tel que Yagura, qui a un parfait contrôle sur son bijû. Serait-ce Itachi ? Ou un autre Uchiwa survivant ? Questionne le vieux maître.

— Aucun moyen de le savoir pour l’instant, mais nous allons ouvrir une cellule d’enquête, annonce Ibiki.

— Et en ce qui concerne leur demande d’asile ? Qu’en pensez-vous ? Demande le Troisième. »


Ibiki eut à peine le temps de reprendre sa respiration.


« Madame Yuki peut sans danger devenir une réfugiée, proclame Seijuro. »


Ibiki lui jeta un regard noir avant de reprendre.


« Les enfants ont leur tête mise à prix à peine à 10 ans. Ils ne sont pas n’importe qui. Mais ils auraient pu massacrer l’unité qui les a interceptés et ne l’ont pas fait. C’est plutôt encourageant, même si ça n’engage en rien leur bonne foi. Ils pourraient être de très bons éléments. Mais rien n’indique qu’ils seraient fidèles au village. Ils ont quand même trahi Kiri plutôt facilement.

— Ils ont trahi un village qui a tenté de les tuer, rétorqua Seijuro. Ils ont été traqués plusieurs jours comme des animaux !

— Tu es trop naïf, Seij.

— Eh toi dénué de toute empathie, Kiki. »


Le chef de l’unité de renseignement déteste ce surnom ridicule qu’il trimballe depuis l’académie, justement à cause de Seijuro qui l’avait appelé comme ça devant toute leur classe.


D’un geste, le Hokage les fit taire. Il prit le temps de la réflexion avant de répondre.


« Je veux les voir de mes yeux avant de prendre une décision. »


Sa voix était calme, mais son ton était sans appel.


Quelques minutes plus tard, les trois demandeurs d’asile sont installés dans une pièce beaucoup plus confortable. La température y est agréable, le canapé sur lequel ils sont installés est moelleux, des boissons chaudes servies sur un plateau sont posées sur le bureau devant eux, accompagnées de petits gâteaux. La pièce est sobrement décorée, mais on peut deviner que son rôle est d’accueillir des personnages importants.


Une fois seuls, les trois membres de la famille Yuki se prennent dans les bras. La caresse des mains d’une mère sur le visage de ses enfants est un baume de soulagement pour tout le monde. Il y a des larmes et des éclats de joie. Puis, le retour à la réalité. Hotaru hésite un instant, mais finit par tendre la main vers le petit tas de gâteaux. Son fils l’arrête net.


« Nous ne connaissons pas leurs intentions. Mieux vaut rester prudent.

— Voilà des paroles très sages, surtout venant d’un petit garçon affamé depuis plusieurs jours. »


Le Hokage entre alors dans la pièce, manifestant une aura de puissance comme seuls les Kage peuvent le faire. Même Hotaru sentit sa supériorité, malgré son manque d’affinité avec les arts ninja.


Il était suivi de quatre ninjas masqués. Les forces spéciales de Konoha. Kazuto et Kotsuki les connaissaient bien pour les avoir affrontés plusieurs fois au cours de leur service dans les forces spéciales de Kiri. Ils sont redoutables !

Kazuto sentit une pointe d'irritation à la remarque. Il n’est plus un petit garçon depuis longtemps. L’a-t-il seulement été un jour ? Il ne s’en souvient plus.


« Je me présente, Hiruzen Sarutobi, le Hokage de ce village. »


Sa voix était chaleureuse. Il prit place dans le canapé en face de la famille Yuki, prit une tasse de thé encore fumante et but une gorgée.


« Servez-vous, je vous en prie. »


Hotaru ne se fait pas prier cette fois. Elle prend des gâteaux et une tasse, brisant la tension avec des bouchées pleines de gratitude et d’urgence. Les enfants, eux, sont toujours sur la réserve. Stigmates d’une vie bien trop rude. Le ventre de Kotsuki se met tout de même à gargouiller. Le vieux Hokage rit alors de bon cœur.


« Servez-vous, voyons, vous êtes affamé. Faites-nous parvenir plus de plats, servez-leur un vrai repas que diable, ils sont restés des jours sans manger ! »


Un des quatre ninjas présents s’éclipsa.


« En attendant qu’un vrai repas vous soit servi, dites-moi, que venez-vous faire à Konoha ?

— Nous voulons venir vivre ici, dit alors Hotaru la bouche pleine. Veuillez m’excuser, c’est que j’ai vraiment très faim.

— Ne vous excusez pas voyons, mangez tout ce que vous voulez. »


La bienveillance d’Hiruzen est palpable. Il sourit sincèrement.


« Vous venez de Kiri, n’est-ce pas ? Que s’est-il donc passé là-bas pour vous amener ici ?

— Vous savez très bien ce qu’il s’est passé, rétorqua Kazuto. Vous avez déjà lu le rapport de vos hommes. Que voulez-vous vraiment savoir de plus ?

— Tu es perspicace. Oui, en effet, j’ai eu vent du rapport de mes subordonnées. Et j’ai toute confiance en eux et en leur jugement. En temps normal, je ne serais même pas intervenu. Seulement, vous n’êtes pas n’importe qui. Vous êtes d’un clan allié, mais vous êtes aussi très dangereux. »


Hotaru avala de travers à l’évocation de la dangerosité de ses enfants. Un étrange sentiment de révolte montant en son sein. Elle s’apprêtait à intervenir quand le Hokage reprit :


« Je ne prendrai pas le risque de mettre les habitants de ce village en danger. »


Sa voix a changé, elle a perdu toute sa chaleur. On y perçoit une dureté inébranlable. Kostuki prend alors la parole pour la première fois.


« Nous ne vous ferons aucun mal… Nous voulons juste vivre en paix.

— Je vous arrête tout de suite ! Ce n’est pas du tout ce que je veux entendre, rétorque le vieux Hokage, la voix tranchante.

— Ce que vous voulez, reprit Kazuto, c’est que nous devenions des armes au service de Konoha. C’est d’accord. Nous servirons Konoha. Et nous resterons loyaux tant que vous le serez. »


L’assurance de Kazuto tranche violemment avec son jeune âge. Hotaru, quant à elle, se sent perdue, mais saisit très vite que son fils sait très bien ce qu’il fait.


« C’est exactement ce que je voulais entendre, répond Hiruzen tout sourire. »


Quelqu’un toqua à la porte au même moment, coupant court à toute réponse.


« Entrez ! S’exclama le vieux maître. »


Une femme entra dans la pièce, tirant derrière elle une petite desserte roulante sur laquelle trônait un repas copieux : riz vapeur, poisson grillé, légumes sautés, soupe miso, thé et quelques douceurs. Un fumet délicat emplit la pièce, arrachant un soupir malgré elle à Kotsuki. Même Kazuto, pourtant tendu comme un arc, sentit ses muscles se relâcher d’un demi-ton.


La femme s’inclina respectueusement, sans dire un mot, et quitta la pièce. Le Hokage, lui, se pencha légèrement en avant, les coudes posés sur ses genoux, les doigts croisés devant son visage. Son regard était maintenant rivé sur les deux enfants. Ce sont eux qui prennent les décisions.


« Kazuto, Kotsuki… Ce que vous avez vécu… Je ne peux que le deviner. Mais je connais la guerre. Et je connais les enfants qu’elle transforme en soldats. »


Une tension sourde s’installe dès que le silence du vieux Hokage remplit la pièce. Kazuto sent son sang tambouriner dans ses tempes, Kotsuki serre le tissu de son pantalon, les mains moites, Hotaru retient son souffle sans même s’en rendre compte.


« Je ne vous promets pas une vie facile ici. On ne devient pas un ninja de Konoha en un claquement de doigts. Vous serez surveillés, mis à l’épreuve, confrontés à des choix difficiles. Et vous devrez vous montrer dignes de la confiance qu’on pourrait, peut-être, vous accorder. »


Hotaru sert les mains de ses enfants. Kotsuki hoche la tête, le regard déterminé. Kazuto, lui, ne bronche pas. Mais il répond d’une voix nette :


« Nous sommes prêts. »


Hiruzen acquiesce, son visage s’adoucissant à nouveau.


« Mangez tout ce que vous voulez. »


La tension retombe quelque peu.


« On vous installera dans un appartement cet après-midi, continue le Troisième. »


Cette fois-ci, c’est le soulagement. Les épaules se détendent, les regards se lèvent, un peu moins lourds. Un sentiment de chaleur, semblable à une libération, se fait ressentir en chacun des réfugiés de Kiri.


« Vous serez logés avec votre mère dans le quartier des réfugiés civils pour l’instant. Bien entendu, vous serez suivis et encadrés. Mais… Vous aurez une chance. Une vraie. Vous pourrez prendre le temps de vous reposer et de vous remettre de vos émotions. On reviendra vers vous dans quelques jours. Profitez bien de ce temps qui vous est imparti. Au revoir. »


Il n’y a ni menace dans sa voix, ni froideur. Juste une autorité calme, presque paternelle. Il se leva, lentement, mais avec autorité.


« Ne me faites pas regretter cette chance que je vous donne. »


Il quitte la pièce avec les trois ninjas des forces spéciales restants, laissant la petite famille seule pour la deuxième fois depuis leur arrivée. Ils se regardent quelques instants, puis, sans un mot, puis se jettent sur la nourriture avec une ardeur qui trahit la faim… Et le soulagement.


Dans le couloir, Ibiki et Seijuro se toisent. Ils ont tout entendu.


« Cessez donc vos enfantillages ! Ordonne le troisième. J’ai pris ma décision. Ils resteront tous les trois. Installez-les dans le quartier nord, sous haute surveillance. Je veux être sûr et certain qu’ils ne sont pas une menace pour le village. Leur mère nous servira de garantie. Le garçon a certainement déjà anticipé cela. Gardez-le bien à l’esprit.

— Oui, maître, répondirent en chœur les deux chefs de sections. »


Le vieux Hokage quitte le quartier général pour retourner dans sa tour, laissant le soin à son équipe de tout mettre en place pour la sécurité du village.


« Si ses enfants ne sont pas ce que tu penses, tu auras du sang sur les mains, Seijuro !

— Je connais l’humain mieux que toi, Ibiki. Et je sais mesurer les conséquences de mes actes.

— Ce sont des tueurs sans loyauté. Ils pourraient se retourner contre nous, répondit Morino d’une voix grave.

— Eh bien, fais-les surveiller par tes meilleurs éléments. »


La voix de Seijuro était raillante.


« Compte là-dessus ! »


Laisser un commentaire ?