Les Chroniques d'un shinobi

Opening : https://www.youtube.com/watch?v=DDjPc51fR8Y

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— Elle est mignonne ta copine, le taquina à son tour Ryul, dés que la jeune femme eut quitté la pièce.

Tokri s’apprêta à répondre, mais fut interrompu par le ricanement de sa tante. Le jeune homme comprit qu’il était inutile de protester. Lorsque le couple avait décidé de le titiller, répliquer ne faisait qu'alimenter leur amusement. Mieux valait les laisser se lasser.

— Ton hématome n’est plus que de l’histoire ancienne, l’informa son oncle sans se départir de son sourire espiègle. Il ne reste qu'une légère marque, qui devrait disparaître d’ici deux jours.

Tokri le remercia à demi-mot. Il tenta de se lever, mais la douleur de sa jambe se raviva. Il tituba et sentit qu'il allait à nouveau se retrouver affalé au sol, lorsqu'il fut rattrapé in extremis par Okioto.

— Tu ne m’as pas laissé terminer, reprit son oncle, alors que le Juunin forcait un Tokri dépité à se rasseoir. La bonne nouvelle est que tu n’as rien de cassé. Toutefois, le Chakra a meurtris tes muscles.

— Combien de temps de convalescence ? demanda sombrement Tokri, déprimé à l'idée de voir son entraînement interrompu.

— Trois jours minimum, répondit-il avec un sérieux que l'adolescent ne lui connaissait que rarement. Sans aucune dérogation.

Ryul ouvrit un placard et en sortit deux béquilles pendant que Utika plâtrait sa jambe.

— Il n’y aura vraiment aucune séquelle ? s’inquiéta Tokri en tentant quelques pas avec ses instruments de soutien.

— Pas si tu te reposes sérieusement, le rassura Ryul en lui tapotant affectueusement l'épaule. Je vais te conduire à ta chambre.

La pièce en question était petite, meublé d'un simple lit avec une fenêtre juste au-dessus que Ryul ouvrit à leur arrivée. Appelé pour une urgence, son oncle les quitta précipitamment en s’excusant. Bril et Okioto, venus rendre visite à Ryul et Utika, décidèrent de rester un moment auprès de Tokri. Le vétéran s'enquérit du programme d'entraînement de son petit-fils. Ses traits bourrus ne purent cacher sa fierté éclairer son visage en constatant du sérieux acharné dont faisait preuve le jeune Genin.

Fatigué, Bril rentra finalement chez lui pour sa sieste de milieu de journée, laissant Okioto seul avec son cadet. Cette attention surpris agréablement le convalescent, le Juunin n'ayant que peu de temps libre, noyé sous son immense charge de travail.

Cela faisait plus d’une semaine que Tokri et Okioto ne s’étaient pas retrouvés ensemble plus de dix minutes. Tout se dirigeant vers son lit, Tokri demanda sur un ton faussement innocent comment se déroulaient ses missions actuelles. Le shinobi expérimenté se contenta de rire et éluda la question en déclarant qu’il n’avait nul envie de parler du travail. Le Genin savait que son frère allait botter en touche de par leur confidentialité, mais il ne pouvait jamais s’empêcher de tenter de récolter quelques indices.

— Dis-moi plutôt pour quelle raison t'es tu battu avec ce Hika ? demanda-t-il en esquissant un sourire malicieux.

— Son frère m’a provoqué en duel il y a quelques jours, répondit Tokri en testant le confort du matelas de son lit en s'asseyant dessus. Je l’ai battu et ça ne leur a pas plu.

— Il a donc subi le même sort, conclut Okioto, croisant les bras tout en lui adressant un sourire emplit de fierté

— Pas vraiment, nuanca Tokri avec regret tout en s'allongeant, avec une infinie précaution pour sa jambe. Sans l’aide de Nika, il m'aurait mis dans un état bien plus misérable.

— Les alliés font partie de notre force, lui rappela Okioto avec sagesse. Ta copine a bien dit que c’était ton coup qui avait assommé votre adversaire, non ?

Tokri ne releva pas le mot désignant sa partenaire d'un jour, se doutant que son frère ne l’employait pas de la même manière que sa tante et son grand-père. Seul les détails de leur combat l'intéressait.

— Pour faire simple, elle m'a utilisé en guise de marionnette.

— Ingénieux, s'étonna Okioto en haussant un sourcil éloquent. Cette victoire vous appartient à tous deux, tu devrais songer à travailler à nouveau avec elle à l’avenir.

Tokri poussa un profond soupir de dépit. Malgré la sincérité palpable de Nika et Okioto, le Genin n'était aucunement satisfait de la tournure des évènements. La défaite était amère et avait remis en cause son sentiment de progression.

— Parfois, j'ai la sensation d’être de la même trempe que toi, admit-il avec peine, les mots se formulant presque malgré lui.

Okioto se rapprocha un peu plus et posa une main réconfortante sur son épaule.

— J'ai confiance en toi, affirma le Juunin, éclairant d'une faible lueur le cœur de son frère. Nous le tuerons ensemble.

Décidé à remonter le moral de Tokri tout en l’aidant à mieux vivre ses trois jours d’hospitalisation, Okioto entreprit de lui conter les grands moments de sa carrière depuis son temps comme Genin. Durant ses années de formation, Bril avait demandé expressément à être le sensei de son équipe. Cette dernière était composée de deux autres Genins : Gomaki Myô et un certain Yakone Kyomoto.

Yakone et Okioto avaient autrefois formé un duo de choc. Le premier combinait ses capacités de manipulation de l’eau avec la glace du second. Enthousiasmé par leurs faits d'armes, Tokri l'interrogea sur ce qu'était devenu Yakone. Evasif, son ainé s'arrangea pour détourner la conversation. Comprenant que le sujet était sensible, l'adolescent prit soin de ne jamais plus évoquer le sujet.

Les récits du Juunin permirent d'occuper la convalescence de Tokri sans qu'il ne s'en rende compte. Au troisième jour, Ryul effectua les dernières vérifications protocolaires avant de confirmer sa sortie.

— Tu vas me montrer ton idée d'enchaînement, demanda Okioto à son cadet sitôt qu’ils furent de retour dans les rues de Chikara.

Tokri était réticent et regretta de lui en avoir parlé lors de leurs longues discussions des trois derniers jours, préférant la parfaire avant de la présenter à son aîné.

Comprenant ne pas avoir le choix, il se dirigea vers le terrain d'entraînement le plus proche aux côtés de son frère. Il fit face à l'un des mannequins et concentra son Chakra dans sa jambe droite. De petits picotements se firent ressentir, comme un avertissement de son corps à ne pas forcer. Il parvint à doser adroitement son flux d'énergie et esquissa un sourire, satisfait d'avoir efficacement mis à profit son hospitalisation pour améliorer son contrôle du Chakra.

L'adolescent prit appui sur le sol de ses mains et frappa de sa jambe droite pour envoyer le mannequin le plus haut possible dans les airs. Il divisa ensuite son Chakra entre ses deux jambes et bondit.

Malheureusement, il alla bien trop haut et passa avec maladresse au-dessus du pantin, ne parvenant qu’à le frôler du bout des doigts. Il atterrit avec souplesse, satisfait de ne pas avoir provoqué un retour à la case hospitalisation malgré sa tentative ratée.

— Prometteur, commenta simplement Okioto.

Il lui tendit alors une enveloppe portant le sceau du sablier. Tokri la décacheta avant d'en lire la lettre. Il était convoqué à une réunion pour la mise en place d’équipes de Genin.

— Les choses sérieuses commencent, mon frère.

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Nika n’avait pas revu son compagnon de bataille depuis leur passage à l’hôpital. Elle espérait que ce dernier s’était remis de ses blessures en ce jour de formation des équipes. Peut-être le reverrait-elle ?

Le rendez-vous avait lieu dans l’une des salles de l’Académie. Installée au fond de la pièce juste à côté d'une fenêtre, silencieuse au sein du brouhaha des aspirants, la Hynomori tuait le temps en laissant glisser son regard d’un visage à l’autre. Tant de personnes qu'elle n'avait pas revus depuis l’examen Genin, en grande partie par sa timidité l'empêchant de tisser de réelles amitiés. Elle ne pouvait s'empêcher de trouver leur nombre étonnamment important. Si peu de Genin avait donc reçu une affectation depuis leurs promotions ?

Nika remarqua, assise devant elle, la major de sa promotion : Izul Leïl. Jolie jeune fille aux longs cheveux bleu ciel, elle avait toujours été très amicale et polie envers elle. Un fait rare durant ses années à l’Académie qui avaient laissé chez la marionnettiste plus de mauvais souvenirs que de bons. Nika était surprise de constater que tant d’entre eux n'avaient pas encore d'équipes. Leurs professeurs n'avaient pourtant cessé de leur répéter durant leur scolarité que de bons résultats leur apporteraient des affectations immédiates.

Se détournant de la salle, la Hynomori observa rêveusement quelques nuages voguant sereinement dans un ciel d'un bleu éclatant et se fit un bilan des trois derniers jours. L'entraînement avec Nozuké s’était révélé plus difficile que prévu. Estimant que la jeune fille avait des bases suffisantes en marionnetisme, il avait décidé de lui enseigner l’affinité élémentaire du clan : le Katon. La technique choisie par Nozuké était la base de la manipulation des flammes : l'expulsion d'une boule de feu par la bouche, nommée Gokkakyu. À son premier essai, la jeune Genin crut que ses poumons allaient s’enflammer. Au terme de la journée, elle était parvenue à ne produire qu’une mince flammèche, au grand désarroi de son maître. Les deux jours suivants, elle parvint à générer une petite boule.

S’extirpant de ses pensées, son attention se porta à nouveau à l’ensemble de la salle. D’autres camarades de classe étaient arrivés, dont Mutika Oroshi, un élève qui la mettait fréquemment mal à l'aise par son humour intrusif. De taille moyenne pour un adolescent, il avait troqué sa coiffure rouge à pic pour une flamboyante chevelure en bataille suite à son échec à l'Examen, qui lui avait valu le même redoublement que Tokri. Bien qu’il fasse particulièrement chaud ce jour-là, même pour le Village du Sable, Mutika portait tout de même son inséparable écharpe ocre. À son grand soulagement, le Genin passa devant Nika sans lui prêter attention. La Hynomori préférait rester invisible plutôt que de subir ses taquineries.

Tokri n’était toujours pas arrivé. Avait-il déjà une équipe ? Nika se surprit à se sentir déçue de cette éventualité, bien qu'elle préférait cela à un oubli de l'Utak de la part de Chikara. Son attention se reporta sur la fenêtre tandis qu’elle repensait au soir du combat contre Hika, dont elle avait ignoré le regard noir quelques dizaines de minutes plus tôt. Quand elle était rentrée chez elle, sa mère l’attendait. Bril, le grand-père de Tokri, était déjà passé la voir pour lui expliquer les événements. S’attendant à devoir affronter sa mère en colère, Nika fut stupéfaite de la fierté que cette dernière éprouva pour sa fille, qui n'avait pas hésité à essuyer des blessures pour secourir un compatriote.

Quelqu’un s’assit à côté d’elle, interrompant le fil de ses pensées. Se tournant vers le nouvel arrivant, elle fut ravie de reconnaître Tokri Utak.

— Salut. Comment vas-tu ?

— Très bien, répondit-elle en un large sourire qui se dessina malgré elle.

Elle n’eut pas le temps de converser plus longtemps avec son compagnon d'arme, un Chuunin venant de prendre place au bureau principal en exigeant d'une voix autoritaire toute l’attention de l’assistance. Tokri était arrivé juste à temps.

— Nous sommes navrés pour le temps d’attente depuis votre examen, les informa le ninja responsable des attributions d’une voix forte. Nous avons eu à faire face à quelques soucis administratifs dans l’attribution des équipes.

L'homme commença à énumérer les équipes et à nommer les membres de chacune d’entre elles, jusqu’à ce que vint celle de Nika. Elle fut ravie d’apprendre qu’elle était dans la même escouade que Tokri, mais n'en montra rien en constatant que le visage de ce dernier s'était assombri par l'affectation de Mutika Oroshi à leurs côtés. La Hynomori avait vaguement entendu parler des tensions entre les deux jeunes hommes.

Une dizaine de minutes s'écoula avant que les responsables d’équipe ne viennent chercher leurs disciples au compte-goutte. Découvrant son sensei, Nika sentit une pointe d'intimidation lui nouait l’estomac. Pas bien grand, la peau halée, il en imposait par son impressionnante masse musculaire. Son crâne rasé lui donnait un air de dureté, accentué par ses traits fermés. Une barbichette parfaitement taillée encadrait sa bouche, ajoutant une touche d’élégance à son visage sévère, tandis qu’un discret piercing ornant son arcade adoucissait subtilement son aura.

Pourtant, ce fut son sourire, franc et chaleureux, qui surprit le plus Nika. Il ne lui était pas destiné à elle, mais à Tokri, qui le lui rendit aussitôt. Ces deux-là semblaient se connaître. Qui était cet homme pour que l’Utak, d’ordinaire tout en réserve, lui témoigne une telle complicité ?

Gomaki les guida jusqu’à une terrasse située sur le toit de l’Académie, qui offrait une vue magnifique sur le désert de Chikara. Depuis sa petite enfance, Nika concevait l'océan doré qui les entourait comme appartenant à un monde à part malgré sa proximité, hostile et dangereux.

— Pour commencer, je souhaiterais que nous fassions tous connaissance, commença le Juunin, adossé à la rambarde de la terrasse. Vos noms et prénoms, ainsi que vos objectifs, à court comme à moyen terme.

Il tira une cigarette de l’une de ses poches et l’alluma d'une flamme de son pouce avant de reprendre son introduction :

— Je me nomme Gomaki Myô. Je suis Juunin depuis trois ans et c'est la première fois que le Village me confie des élèves. Mon objectif actuel est de faire de vous de véritables shinobis.

Le gradé prit une bouffée de cigarette, qu’il expira rapidement.

— Je vous écoute, les pria-t-il d'une ferme politesse.

— Mutika Oroshi, commença ledit jeune homme. Mon objectif est de perfectionner ma manipulation de la terre afin de servir au mieux le Village.

Tokri renifla discrètement de dédain, irrité par le ton cérémonieux de son ancien ami. Ce dernier lui jeta un regard noir, mais ne répliqua pas.

— Un pratiquant du Doton, constata Gomaki avec intérêt, ne relevant pas la réaction de l’Utak, à qui il adressa un bref regard d’avertissement. Parfait, j’ai quelques tours à t’enseigner.

Il se tourna vers Nika, qui ne put réprimer un sursaut de surprise.

— Jeune fille ? l'interrogea le shinobi expérimenté, tandis que le rouge commençait à monter aux joues de la demoiselle.

— Nika Hynomori, répondit-elle précipitamment avec gêne, ce qui accentua l'embrasement de son visage. Mon objectif personnel est de devenir aussi forte que mon père et d’atteindre son niveau en tant que marionnettiste.

— Une joueuse de poupée ? C'est trop mignon ! s'exclama Mutika en un humour maladroit, provoquant une fuite de la demoiselle derrière sa frange.

— Pas de moquerie, trancha froidement Gomaki. Je te remercie, Nika.

Izul prit alors la parole, sa posture affirmée tranchant avec la réserve de la Hynomori.

— Je me nomme Izul Leïl, dit-elle avec aplomb. Mon ambition est de devenir une kunoichi-médecin.

— Une ambition rare dans les temps qui courent, déplora le Juunin. Je ne peux que t’encourager à suivre cette voie.

Gomaki reprit de sa cigarette, avant d'ajouter :

-— Tu as été la major de votre promotion, n’est-ce pas ? Tes professeurs m’ont vanté ta maîtrise du Chakra. Persévère dans tes efforts, et tu atteindras ton objectif.

Tous les regards se portèrent alors sur Tokri, le seul qui ne s’était pas encore présenté. Le jeune homme semblait peu apprécié l’exercice.

— Tokri Utak, dit-il en évitant soigneusement tous les regards et en croisant les bras. Je vise le rang Chuunin. La suite ne regarde que moi.

— Espérons que tu atteignes ton objectif plus rapidement que celui de Genin, ricana Mutika avec mépris.

Si le regard que lui lança l’Utak aurait pu le tuer, nul doute que son rival aurait été évaporé sur place. Sans attendre, Gomaki haussa la voix :

— Oroshi, dernier avertissement, l'intima-t-il, incisif. Tu n'as pas envie de découvrir ce que je réserve à ceux ne respectant pas leurs frères d'armes. D’autant que tu n’es pas le mieux placé pour critiquer le parcours scolaire de ton camarade.

Penaud, Mutika baissa la tête, se demandant ce que son sensei avait en tête en cas d'insubordination répétée.

— Je vous remercie pour votre bonne volonté. Rendez-vous demain, à sept heures du matin. Aucun retard ne sera toléré.

Alors que Gomaki leur expliquait l’itinéraire pour se rendre au terrain d’entraînement réservé à leur équipe, Nika ne manqua pas de remarquer les brefs regards glaciaux que ne cessèrent de se jeter les deux rivaux. L’avenir promettait d’être pour le moins agité.

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Ending : https://www.youtube.com/watch?v=TqFkv1ib1FU