Les Chroniques d'un shinobi

Chapitre 5 : Genin

2027 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 06/12/2024 19:07

Opening : https://www.youtube.com/watch?v=DDjPc51fR8Y

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Le soleil était à peine levé lorsque Tokri se leva, incapable de rester allongé plus longtemps. Aujourd’hui s’ouvrait un nouveau chapitre de sa vie. Deux sacs suffirent à emporter vêtements et matériel de shinobi. Mais il prit plus de soin avec le troisième : celui qui contenait ses précieux romans et ouvrages sur les arts ninjas. Tandis qu’il les rangeait, il sentit une pointe de nervosité l’envahir. Était-il vraiment prêt pour les épreuves qui l’attendaient ? Il jeta un œil à la pendule accrochée au-dessus de son lit et constata qu'il avait bien assez de temps pour flâner avant que Okioto et Gomaki Myô ne le rejoignent.

Le jeune homme aimait vagabonder dans les rues du Village, laissant ses pensées s'égarer à leur guise. Le sable chaud tournoyait autour de lui, porté par quelques brises d'une tiédeur délicate. En observant les alentours, Tokri admira les habitations aux teintes du désert, taillées à même la roche. Au cœur d’une tempête, Chikara était facilement caché à l'œil étranger et il se murmurait que le Kage en personne avait développé quelques jutsus de haut niveau en cas d'attaque. Bien que brutes à première vue, les demeures chikarates révélaient leur beauté à l’œil attentif. Les murs et les toits étaient arrondis, afin de permettre au sable de glisser le long de leur surface. Cela constituait une forte économie pour le Village au niveau de l’entretien.

Le tout fraîchement Genin médita sur ses prochains entraînements. Le taijutsu, l’art dans lequel Tokri excellait, regroupait l’ensemble des techniques du corps à corps. Il s’agissait de l’art premier du shinobi, et son apprentissage était une priorité lors de leur formation académique, d'autant plus à Chikara qui en avait fait sa spécialité. Le taijutsu était le secret de la formidable endurance des shinobis. Par sa formation de base, le ninja était capable de supporter un taux de souffrance physique bien supérieur à la moyenne des civils.

Le ninjutsu, expertise Mahousarde, requérait patience, discipline et persévérance. Malgré ses lacunes dans le contrôle de ses énergies, Tokri souhaitait ardemment s'emparer de ce domaine au plus important potentiel destructeur, permettant de produire les déluges de flammes et autres tempêtes électriques qui avaient permis aux ninjas d'asseoir leur suprématie sur le Yuukan.

Tokri avait en horreur le dernier des trois principaux savoirs-faire ninja : la pratique des illusions, pour laquelle la réputation de Gensou n'était plus à prouver. Le genjutsu se divisait en deux catégories : la production de mirages, aussi appelée les illusions non mentales, et les manipulations mentales qui attaquaient directement le fonctionnement interne de la cible. La base pour tout pratiquant du genjutsu était d'être capable de repousser en son esprit les limites du réalisme, un mur infranchissable pour quelqu'un aussi fortement terre à terre que Tokri, malgré son étude approfondie de la théorie.

Au cours de son vagabondage matinal, une écharpe ocre passa dans son champ de vision avant de disparaître au coin d’une ruelle. Tokri s’arrêta, incapable de bouger, portant une main au niveau de son coeur. Amis d’enfance, la mère de Mutika lui avait interdit de fréquenter l'Utak suite à leur échec commun à l’examen. Le rouquin s'était plié au dictat maternel et n’adressait donc plus la parole à Tokri, sans lui donner d’explication à ce brutal changement de comportement. Profondément touché, d'autant que le garçon aux cheveux de jais n'avait appris les détails que par une connaissance commune, il s'efforçait depuis lors à ne rien laisser paraître, mais la douleur de cette amitié brisée restait vive.

L'Utak passa devant de nombreux terrains d'entraînement, inhabituellement vidé de ses Genins partis passer l'examen Chuunin à Gensou. L'adolescent reconnut vaguement quelques visages de sa promotion, certains déjà encadrés par des gradés.

Le soleil était à présent haut dans le ciel. Midi approchait, comme le lui indiqua le grognement de son estomac. Okioto et son ami étaient déjà arrivés lorsque Tokri rentra de sa promenade pour préparer un repas pour quatre. Une fois qu'ils furent rassasiés, Okioto, Tokri et Gomaki passèrent au déménagement. Bril s’était plaint de ne pas pouvoir participer, jugé trop âgé par son protecteur petit-fils aîné.

— Voilà qui est fait ! s'exclama Gomaki en rangeant les derniers meubles dans la nouvelle chambre de Tokri.

Le Myô avait été l’un des partenaires de Okioto lorsque tous deux étaient les Genins de Bril. Le cadet des Utak avait donc été amené à le rencontrer au fil des années, tandis qu'il devenait peu à peu un proche de la famille. Âgé de vingt-neuf ans, le Juunin était imposant, doté d'une dense musculature. Crâne rasé, un bouc entourait finement sa bouche et un piercing à l’arcade gauche étincelait en réflexion au soleil de Chikara. Tokri appréciait particulièrement l’aura de force tranquille que le soldat dégageait.

— Je te revaudrai ça mon ami, le remercia Okioto en l'étreignant fraternellement, avant que Gomaki ne les laisse entre frères.

Surchargé de travail par le Village, Tokri regretta de ne pas avoir eu le temps de véritablement échangé avec le Myô. Flirtant avec la philosophie, leurs discussions étaient toujours une source d'inspiration dont l'adolescent avait le sentiment de toujours ressortir grandis.

— Dis-moi, quels sont tes projets ? le questionna son aîné, bras croisés, tirant Tokri de ses pensées.

— Tuer notre père, répondit Tokri, sans une once d’hésitation.

Un silence surpris s’installa, avant qu’Okioto ne laisse échapper un bref éclat de rire. Il ne put s’empêcher de sourire à la mention de leur objectif commun.

— Je ne parlais pas du long terme, précisa le gradé en lui tapotant l’épaule.

— Ah, réalisa l'aspirant en baissant les yeux, gêné. Je suppose que je devrais me remettre au plus vite à l'entraînement.

Bien que vague, Okioto sembla approuver le programme de son cadet d'un hochement de tête.

— Je compte me concentrer sur le ninjutsu, ne put s'empêcher de préciser Tokri. Tu pourrais m’aider ?

— Ce serait avec plaisir, mais j’ai beaucoup trop de tâches en cours pour me permettre de te superviser, répondit le soldat avec regret. Je suis sûr que tu arriveras à te débrouiller tout seul pour le moment.

Se doutant qu'Okioto ne pouvait pas lui confier le moindre détail sur ses dossiers en cours, le Genin décida de changer de sujet. Un détail ne cessait de tirailler un coin de son esprit depuis la veille.

— Comment grand-père va-t-il se préparer à manger ? Cela fait des années qu’il me colle à sa cuisine.

La question arracha un ricanement moqueur au Jounin.

— Il a déjà engagé une cuisinière. Quand j’y repense, il avait réfléchi à la question dès que je lui ai dit que je souhaitais que tu viennes vivre avec moi.

Tokri ricana en imaginant son grand-père paniqué à l’idée de perdre son cuisinier fétiche. Ne pouvant retarder davantage la reprise de son travail, Okioto lui souhaita une bonne soirée. Suite à son départ, Tokri regarda par la fenêtre de sa nouvelle chambre. La nuit n’allait pas tarder à tomber. Il hésita à débuter dès à présent son entraînement, mais décida finalement de profiter d'une nuit de sommeil. Savourant sereinement le temps libre qu'il lui restait, il se lança dans un vagabondage nocturne. Après plusieurs heures de déambulation, la nuit avait totalement engloutie de son voile la cité du désert. Il accéléra le pas, pressé de retrouver son doux matelas. La fatigue commençait à poindre et il lui faudrait toute son énergie afin de se perfectionner de façon optimale.

— Eh, le minable ! Sois pas si pressé !

Tokri se retourna et reconnut Hiko, le stupide frère de l’un de ses anciens camarades de classe. La famille entière de ce type était constituée d’arriérés mentaux. Il n’y avait qu’à comparer les prénoms des deux enfants, témoignage d'une incroyable originalité : Hiko et Hika.

Hiko n’était qu’un simple étudiant et ressemblait comme deux gouttes d'eau à son grand frère : un corps compact et un visage qui faisait penser à un gorille.

— Qu’est-ce que tu me veux ? demanda sèchement Tokri.

— De ce que j'en sais, t'es le Genin le plus faible de ta promotion, cracha avec mépris le gros bras. Tu feras un bon test.

Tokri soupira. Il n’avait jamais été le plus brillant de l'Académie, mais pas au point de craindre un avorton à peine formé.

— Qu’est-ce que t’as à te la jouer, connard ?

— En entretenant des crétins dans ton genre, il n’y a pas à être surpris que Chikara tienne la réputation d'être un Village de macaques décérébrés, rétorqua froidement Tokri.

— T’as signé ton arrêt de mort ! rugit Hiko.

Tokri esquissa un sourire froid, impatient de le voir essayer. L’étudiant se précipita vers sa cible, qui dévia la frappe comme s’il s’agissait d’un simple insecte.

— C’est tout ? ricana l’Utak, narquois.

Enragé, Hiko balança son poing de façon hasardeuse vers le visage de Tokri. Bien trop lent et imprécis, le Genin l’intercepta sans problème. Surpris et déstabilisé, Hiko enchaîna maladroitement avec un coup de pied retourné que Tokri para avant de le repousser en le toisant du regard.

— On ne joue pas dans la même cour, le provoqua-t-il sur le ton de l'évidence.

— Ferme là !

Furieux, l'aspirant enchaîna attaque sur attaque, lourdes et maladroites, de plus en plus prévisible. Tokri les parait ou les esquivait avec une précision glaciale, chaque geste fluide en une danse implacable. Bien que son esprit soit tourné vers l’amélioration de son ninjutsu, il ne pouvait ignorer le plaisir brutal qu’il éprouvait en combattant au corps à corps. Dominer son adversaire, qui se battait de toutes ses forces tandis que lui se fatiguait à peine, était un spectacle enivrant dont il se délectait.

Chaque mouvement de son adversaire lui semblait être au ralenti, chaque échec se transformait en une invitation à un contre impitoyable. Tokri accueillait ces offres avec une jouissance presque sadique, savourant chaque grimace de douleur du pitoyable gorille. Son visage trapu était à présent trempé de sueur, sa respiration devenant de plus en plus haletante. L'idiot était à point pour le bouquet final.

— T’es plus balèze que ce qu’on m’avait dit, parvint-il à articuler entre deux grognements.

— Évite de prêter attention aux rumeurs, lui conseilla froidement son ainé.

Une idée d'enchaînement lui traversa l’esprit. Il prépara ses énergies et laissa Hiko venir à lui, avant de se baisser pour esquiver. Tokri concentra son Chakra dans sa jambe de la même manière que pour le Chikara Sen’puu. Prenant appui au sol de ses deux mains, l'Utak le frappa en plein menton. Son adversaire fut éjecté en ligne droite dans les airs avant de s'effondrer mollement quelques mètres plus loin.

— Pas mal, commenta Tokri en un murmure, y voyant une piste pour un futur entraînement.

Avec nonchalance, Tokri le traîna contre le sol, par la cheville, jusqu’à le déposer contre un mur. Sans un regard en arrière, il reprit sa route, réprimant un bâillement. Le jeune homme marcha seul dans la nuit, ses pensées tourbillonnant au rythme du sable à ses pieds, soulevés par une légère brise. Étrangement apaisé, il eut le sentiment que cette victoire était la première d'une longue série qui le ménerait au sang de son père.

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Ending : https://www.youtube.com/watch?v=TqFkv1ib1FU


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