L'ombre du renard

Chapitre 3 : Tome 1 - Démon

4163 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/03/2024 17:00

3. Démon

 

D’après les écrits,

l’enfer est sous nos pieds et le paradis au-dessus de nos têtes.

Mon salut a toujours été en toi.

Mon enfer a commencé lorsque mes yeux ont fini de contempler ton éclat.

 

 

La bête à la robe brune ralentit sa folle course à des kilomètres de l’endroit où avait eu lieu son émoi. Son pas se traîna. Le son de ses sabots contre la terre nue retentit aux oreilles de sa cavalière épuisée. Les mains de cette dernière étaient toujours fermement accrochées à la crinière sombre de l’animal. Elle n’arrivait toujours pas à réaliser la situation et n’acceptait aucunement sa solitude actuelle. La douleur due à la chevauchée endiablée et du récent combat se propageait dans son corps mais la jeune fille n’en avait cure. Le véritable poison de son âme s’attaquait à son cœur.

« Seule ! Encore ! » cracha-t-elle en serrant les dents de frustration.

Des larmes qu’elle peinait à contenir roulèrent sur ses joues. Mue par une rage incontrôlable, Sakura releva la tête et cria au monde entier sa détresse.

Apeuré par la réaction inattendue de sa cavalière, l’étalon se cambra sur ses jambes arrières. Sakura ne fit pas mine de s’agripper à sa monture. Elle en avait assez. Elle en avait assez de ce foutu canasson, assez de fuir inexorablement, assez de côtoyer cette solitude intolérable, assez d’être une enfant faible… Elle déversa sa tristesse sur cette route inconnue, insouciante du spectacle qu’elle offrait. L’animal profita de son ignorance pour gambader vers une liberté incertaine, heureux de n’avoir plus à répondre à aucun maître.

Quand enfin la fleur de cerisier calma ses pleurs, elle réfléchit aux choix qui s’offraient à elle. Elle pouvait partir loin si elle le désirait ; elle pouvait construire une nouvelle vie et faire de nouvelles rencontres. Naruto était un criminel. Il ne méritait pas d’être la source de ses tourments intérieurs. Pourtant, ses yeux ne pouvaient s’empêcher de regarder par-dessus son épaule, de guetter une tignasse blonde qui se serait miraculeusement échappée à ses assaillants.

« Je reviendrai », avait-elle dit avant de filer vers la liberté au mépris de son sort à lui.

La jeune fille haussa les épaules. C’était ce qu’il voulait. Elle ne devait pas envisager une quelconque amitié naissante entre eux. Ce serait une bêtise. Après tout, elle ne le connaissait que depuis peu. Quoi ? Quatre jours ? Elle devait tout de même reconnaître que, malgré ce laps de temps aussi court, elle n’avait jamais accordé sa confiance de cette manière à qui que ce fût. Naruto avait été un réconfort, un appui pour son cœur malade.

Sakura serra les poings. Lentement, elle se remit sur ses jambes fatiguées. Sa décision était prise et rien ne l’arrêterait…

 

 

Naruto bougea doucement, évitant du mieux qu’il le pouvait d’appuyer sur ses blessures. Assis à même le sol, les bras maintenus par des chaînes au-dessus de sa tête, il commençait à somnoler. C’était dangereux. Il devait concocter dans les plus brefs délais un plan d’évasion avant que toutes les échappatoires possibles ne disparussent. Le corps humain était une machine bien huilée. Ses bras s’engourdissaient provoquant une gêne qui se transformerait en douleur. Le métal de son enchaînement lui mordait la peau. Son corps cherchait à l’anesthésier afin de soigner plus efficacement ses plaies sans se soucier du stress causé par celles-ci. Il sentait encore les coups de ses agresseurs malgré la disparition de ces marques. Ils s’étaient bien défoulés, ces rebuts de l’humanité, une fois que le Renard fut à terre et inoffensif. Ils se vengeaient des pertes humaines qu’avaient engendrées les flèches de la petite. Elle avait vraiment été efficace. Brave petite !

« J’espère qu’elle m’a écouté et qu’elle s’est barrée », pensa-t-il en remuant une nouvelle fois pour lutter contre le sommeil.

La nuit était tombée il y avait quelques heures déjà. La fraîcheur nocturne pénétrait dans la pièce, caressant le corps à moitié révélé du prisonnier. Ils lui avaient confisqué ses armes, ses sandales et déchiré sa tunique dans un accès de colère. Dans son malheur, il avait de la chance. Il était assis sur le parquet doux d’une chambre abandonnée au lieu du sol en terre battue d’une cellule de la ville. L’Akatsuki avait agi sans l’aide des autorités locales et refusait donc que leur prisonnier fût placé en garde à vue. Un procès n’était guère au goût de l’association. Le gain d’argent qu’aurait résulté sa capture ne les intéressait pas. Eux, ils désiraient le pouvoir. C’était la raison pour laquelle ils les avaient créés tous les deux, Frère Renard et lui-même.

L’Akatsuki était devenue plus puissante qu’il ne l’aurait cru. Ils possédaient des espions partout dans le pays, voire dans le monde. Naruto pensait avoir la liberté d’errer encore un peu sur les routes avant de décider d’agir. Il ne voulait faire de mal à personne ; il désirait juste vivre selon ses propres règles comme elle le lui avait conseillé. Pouvait-il réellement tenir sa promesse ? Plus les années s’amoncelaient, plus la lassitude de son existence lui pesait. Il aurait désiré être né d’une autre façon.

Il tira davantage sur ses chaînes en relevant la tête. Que lui arrivait-il ? Un tel abandon ne lui ressemblait aucunement. La mélancolie l’envahissait toujours lorsque ses pensées se tournaient vers ELLE. Il n’était pas une victime ; il était un prédateur. Jamais ces idiots encapuchonnés ne pourraient briser sa volonté. Le Renard leur ferait payer au centuple leurs offenses et leur insolence à son égard. Il allait se repaître de leur sang.

Ce fut à cet instant qu’il vit une ombre se faufiler par la fenêtre entrouverte. Silencieuse, elle avança avec prudence vers lui. L’homme reconnut cette silhouette devenue familière. Quelque chose s’indigna en lui. Il voulut hurler son mécontentement envers cette idiote indisciplinée qu’il avait prise pour compagne.

Avant que le moindre son ne franchît ses lèvres asséchées par le soleil, Sakura y posa un doigt et chuinta pour obtenir son silence. Ils entendirent quelqu’un marcher dans le couloir situé de l’autre côté du mur. Le promeneur passa devant la porte sans ralentir. Le bruit de ses pas se perdit dans les ténèbres qui les entouraient.

« Que fais-tu ici, gamine ? murmura Naruto, courroucé par sa présence.

-Cache ta joie, surtout, répondit-elle en s’intéressant au mécanisme de fermeture des chaînes.

-C’est dangereux ici pour les petites filles. Tu risques de te faire manger toute crue si tu restes.

-Heureusement que j’ai un renard à mes côtés : il est assez rusé pour nous sortir de ce guêpier. Il excelle dans ce genre de situation. Ah ! J’y suis arrivée, sourit-elle en entendant le cliquetis qui annonçait l’ouverture du mécanisme.

-Tu ne comprends pas, fillette, chuchota-t-il en massant ses poignets endoloris. Tu ne peux pas rester avec moi. Tu pourrais t’en mordre les doigts. »

Sakura posa ses mains sur la poitrine nue de son compagnon. Elle baissa la tête, honteuse d’exposer un visage aussi affligé que le sien.

« Je t’en prie, ne me chasse pas », souffla-t-elle d’une voix brisée.

Naruto était totalement décontenancé. La fille se moquait il y avait encore quelques minutes et à l’instant présent se disloquait peu à peu. Pourquoi l’humeur des femmes était-il aussi versatile ?

« Je me moque de faire un caprice ou d’exiger l’impossible. Je veux rester avec toi. Je veux que tu m’emmènes. »

Ses doigts fins se crispèrent sur la peau abimée. Faible devant des larmes féminines, Naruto enlaça sa petite demoiselle et la serra fort contre lui. Doucement, il la berça. Sa main droite caressait le dos menu de la fillette dans un geste réconfortant. Il parla d’une voix apaisante, s’adressant comme à un enfant.

« Calme-toi. Cela ne sert à rien de te mettre dans des états pareils. Je t’expliquais juste que notre association n’est pas une bonne idée.

-Je le sais, marmonna-t-elle en s’échappant de son étreinte. Je ne mourrai pas pour toi, rassure-toi, dit-elle en le repoussant d’une main. Tu n’en vaux pas la peine.

-Sympathique, ironisa-t-il.

-Tu es un criminel. Une jeune fille aussi pure que moi ne doit pas offrir sa vie à un type aussi louche.

-Pure ? Attends une seconde ! C’est qui qui a massacré tous ces gars cette-après midi ? Tu…

-Chut ! » le coupa-t-elle en cachant sa bouche de sa main sale.

Encore une nouvelle source d’agacement ! Les mains de la petite Sakura étaient maculées de boue ainsi qu’une partie de son visage. Qu’est-ce qu’elle avait encore foutu ? Il avait dépensé une fortune pour lui payer un bain convenable avec les huiles appropriées pour sa peau délicate. Et voilà sa récompense : la petite souillon était de retour. Il s’apaisa néanmoins en songeant que ses vêtements, au moins, n’étaient pas déchirés.

Des pas se firent entendre de nouveau en provenance du couloir. Le gardien effectuait son nouveau tour de garde. Naruto et Sakura ne bougèrent pas, attentifs aux mouvements extérieurs. La menace s’en alla comme elle était venue. La jeune fille n’était toujours pas repérée et tous ignoraient de l’évasion prochaine de leur captif.

L’air devint subitement pesant. Les poils blonds du Renard s’hérissèrent au contact de l’électricité statique émis par sa compagne. La magie crépitait sur la peau laiteuse. De son regard perçant, l’homme entrevit des émanations du pouvoir qu’enfermait ce corps juvénile.

« Sakura… »

Naruto n’insista pas. Il comprit qu’elle ne l’entendrait pas. Les iris olivâtres avaient perdu de leur éclat. Sakura était comme hors d’atteinte. Son être physique se tenait à ses côtés mais pas celui spirituel. Elle était autre chose.

« Nous allons sortir par le couloir, prendre à droite. Nous logerons les chambres pendant une trentaine de pas. A la sixième porte à notre gauche, nous entrerons dans un petit salon. La troisième fenêtre sur la droite nous permettra d’aboutir dans une cour intérieure. Là, nous pourrons aisément quitter la demeure en traversant une ouverture dans la palissade en bois. »

Sa voix habituellement fluette avait pris un ton plus grave, plus mature. Naruto ne discuta pas. Cette prédiction était tout aussi sérieuse que son avertissement précédent. Cette fois, il ne mépriserait pas les dires de la petite. Il se contenta de hocher la tête en signe de compréhension.

« Nous y allons dans cinq, quatre, trois, deux… Maintenant ! »

Ils glissèrent furtivement de la pièce. Accroupis dans le couloir étroit, ils franchirent la distance les séparant du salon en quelques minutes. Aucune présence ennemie ne pouvait les détecter. Naruto comprit que Sakura savait. Elle savait qu’ils ne rencontreraient aucune difficulté à parcourir cette distance. Était-ce là son pouvoir ? Avait-elle le don de divination ?

Il y avait bien trois fenêtres au petit salon, exactement comme la jeune fille l’avait décrit. Le Renard ouvrit le battant de celle de droite. Il y vit un petit jardin intérieur quelques mètres plus bas. Un petit saut depuis l’embrasure ne risquait pas de les blesser.

L’évadé sourit devant la perspicacité de la petite. Finalement, leur association ne serait pas une mauvaise chose pour les affaires. Son don, quel qu’il fût, était un trésor précieux qu’il espérait manipuler à sa guise. Les possibilités affluaient dans son esprit rusé. La réjouissance chassa ses derniers objets de contrariété.

Il se tourna vers sa compagne pour l’inviter à le suivre quand il vit un reflet argenté dans un coin de la pièce. Intrigué, il la dépassa pour vérifier l’origine de cet éclat. Sa lame, posée sur un coussin, renvoyait la lumière de la lune au-dehors. Naruto en saisit le manche. Sa courte épée avait toujours le fil aiguisé sans qu’aucune imperfection n’y apparût. Il ne pouvait pas la porter à nu : il risquerait de se blesser dans sa course. Il balaya les objets amoncelés dans le coin à la recherche de la gaine.

« Naruto, que fais-tu ? souffla la jeune fleur inquiète de la tournure des événements.

-Je veux ma gaine.

-On s’en moque, il faut filer.

-Non, je ne peux pas.

-Ce n’est qu’un minuscule coutelas, à peine digne de se nommer katana à lame courte. Tu en trouveras des meilleurs dans une autre ville.

-C’est issu de l’art Hyûga ! Connais-tu la valeur de cette arme ? Je ne pars pas sans elle.

-Nous n’avons pas le temps de… »

Sakura s’arrêta net dans sa phrase. La vague de magie la submergea de nouveau. Naruto se retourna, alerté par ce changement d’humeur. Il délaissa ses recherches pour s’approcher de sa compagne. D’un geste rassurant, il frotta doucement ses frêles épaules en murmurant son nom.

« Ils sont là ! » chuchota-t-elle en se tournant vers la porte.

Aussitôt, le rempart de bois vola en éclat. Quatre hommes pénétrèrent dans la pièce. Ils étaient armés de ninjaku, shuriken, kunai. Derrière eux, avança lentement l’homme qui avait combattu Naruto. Il n’avait pas son immense épée avec lui. Sa taille et sa carrure le rendait davantage impressionnant dans cet espace exigu. D’instinct, le captif se plaça entre son ennemi et sa jeune protégée. Cette fois, Sakura ne se déroba pas à sa protection, encore sous l’effet de sa technique de divination. 

« Tu ne peux plus t’enfuir, Naruto. Où que tu ailles, nous te retrouverons toujours.

-Vos espions ne peuvent pas être partout. Je peux disparaître autant que je le désire dans les plus profondes forêts du Japon.

-Tu ne le pourras pas. N’oublie pas que nous t’avons créé. Nous possédons un moyen sûr de te repérer où que tu ailles et quel que soit ton apparence. Il nous a suffi de montrer la particularité de ton chakra pour que certaines personnes nous indiquent le chemin à suivre.

-Des techniques shinobis !

-Exactement ! Tu te souviens de tes leçons, petit genin ? Sois un bon toutou et reviens immédiatement à la niche !

-Au cas où tu l’aurais oublié, je suis un renard. Je ne me fais apprivoiser par personne, même pas par ceux de sang royal* !

-Attrapez-le ! Vous pouvez le mutiler mais je le veux vivant ! »

Les quatre hommes au service de l’inconnu foncèrent en même temps sur le Renard. Ce dernier fit preuve d’une plus grande vélocité. Sa lame entama un ballet meurtrier. Sakura eut du mal à suivre les reflets argentés. Dans la pénombre, ils apparaissaient et disparaissaient sans crier gare, sectionnant avec précision les points vitaux de leurs ennemis. Les quatre hommes étaient déjà morts avant d’atteindre le sol. Leur sang recouvrit le parquet parfaitement ciré. Naruto n’avait pas une seule goutte sur lui, démontrant la supériorité de son art au combat.

Sans un mot, le guerrier secoua son katana court pour en enlever les quelques gouttes le maculant et le leva d’un air de défi vers son ennemi. L’inconnu aux traits de squale dénuda sa dentition acérée en un sourire mauvais. Il recula une de ses jambes, s’abaissa tout en levant une de ses mains. Ce fut alors que Naruto comprit que cet homme n’était pas venu désarmé. Son épée n’était pas gainée à ses hanches, comme le font traditionnellement les samouraïs, mais dans son dos.

« Non ! »

Sakura saisit son protecteur par le bras et l’entraîna de force vers la fenêtre ouverte. Là, elle le poussa violemment dans le vide. Ce dernier ne put l’en empêcher, impressionné par la puissance contenue dans ce petit gabarit.

« Quelle force ! » songea-t-il dans sa chute.

Il se réceptionna avec aisance. A peine ses pieds étaient-ils à terre qu’il entendit un cri de douleur provenant de l’étage supérieur. Automatiquement, ses saphirs se dirigèrent vers Sakura. Le spectacle macabre à la fenêtre fit rater un bond dans sa poitrine. Le sabre de son ennemi transperçait le flan de son amie. La douleur s’inscrivait dans ses traits juvéniles.

« La gamine ! hurla une voix en Naruto

-Va le rejoindre, ma donzelle. »

L’homme cruel dégagea sa lame en donnant un coup dans le dos de la jeune fille. Sakura déchut tel un ange aux ailes brisées. Naruto se dépêcha de l’accueillir dans ses bras, lui évitant une rencontre trop brutal avec le carrelage en contrebas. Il n’avait réalisé à quel point l’adolescente était légère, fragile. Il la serra contre lui, tapotant sa joue pour la maintenir éveillée. Elle ne devait en aucun cas plonger dans l’inconscience. Qui sait quand elle serait capable de s’éveiller, si elle s’éveillait…

« Sakura reste avec moi ! Tu as dit que tu ne mourrais pas pour moi ! Reste, je t’en prie ! Réagis, espèce d’idiote ! »

Le protecteur était complètement paniqué. Cela lui était déjà arrivé, des années auparavant. Mais cela ne devait pas avoir la même fin. Il commençait juste à s’attacher à ce petit bout de femme. Les gens devaient-ils continuer à mourir dans son entourage ?

Un sifflement aigu le prévint juste à temps de la nouvelle attaque. Des flèches s’abattirent sur eux. Vif comme l’éclair, Naruto recula et réussit à les éviter sauf une qui se logea dans sa cuisse droite et l’obligea à s’effondrer contre le mur de la façade. Il maudit son sentimentalisme, ces hommes inconnus, l’Akatsuki. Il détestait ressentir l’angoisse d’être pris au piège. Mais il ne s’en fit pas. Il leur ferait bientôt payer leur audace et leur cruauté envers sa petite fillette.

« Naruto ? geignit la blessée contre la poitrine de son compagnon.

-Chut ! Ne bouge pas ! N’aggrave pas ta blessure.

-Mais… Toi aussi, tu es blessé.

-Alors, petit toutou, on revient à la niche la queue entre les jambes ou je dois me montrer davantage persuasif ? nargua le membre de l’Akatsuki en apparaissant devant le couple.

 -L’enfoiré ! Je vais l’égorger !

-Bientôt, frère Renard, bientôt.

-Fuis, Naruto, murmura difficilement Sakura. Fuis avant qu’il ne te capture à nouveau. »

Le Renard contempla un instant sa protégée, admiratif devant autant de courage de la part d’un être humain aussi chétif. Elle était totalement effrayée. La souffrance se propageait dans chacun de ses muscles. Les supplications pour sa vie auraient dû sortir de sa bouche ; les hurlements de douleur habiter cette cour minuscule ; les gémissements de frayeur écorcher les oreilles des protagonistes. Au lieu de cela, ce petit bout de femme utilisait toute son énergie à le défendre, lui, le criminel recherché, Naruto le démon Renard. Il ne manqua pas une fois de plus de féliciter son intelligence : Sakura n’était pas quelqu’un qui agissait en vain. Aucune pitié n’habitait leurs ennemis, alors à quoi bon se prosterner pour quelque chose qu’elle n’obtiendrait jamais.

« Et puis quoi encore ? Tu ne sous-entendrais tout de même pas que je suis un pleutre et un faible, par hasard. »

Précautionneusement, il assit Sakura s’assurant que le mur de briques serait un parfait soutien pour la jeune fille. Il déchira à regret un bout de la tunique féminine pour réaliser un bandage de fortune. Difficilement, il se releva face à son adversaire.

« Comment t’appelles-tu ? questionna-t-il l’inconnu en retirant la flèche plantée dans sa chair.

-Pourquoi veux-tu le savoir ? s’étonna le requin.

-J’aimerais connaître le nom que je vais graver sur ta tombe. »

Le samouraï partit d’un rire caverneux sans humour. La réplique du microbe en face de lui était d’un goût tellement douteux qu’il ne pouvait s’en empêcher. Il prendrait beaucoup de plaisir à soumettre cette forte tête, quitte à écorcher cette jolie peau de ses propres mains. Il se régalait déjà des supplices qu’il affligerait à ce chien. Il commencerait par dépecer la gamine devant ses yeux. Cela devrait étreindre son âme dans de magnifiques tourments.

« Je me nomme Hoshigaki Kisame et je serai l’homme qui te vaincra.

-Ne nous sous-estime pas, jeunot ! Sakura, regarde-moi ! Surtout, n’oublie pas que c’est toujours moi ! »

Sakura était hypnotisée par Naruto. Depuis qu’il l’avait posée à terre, elle avait identifié une aura particulière entourer son être, un mélange de deux chakras bien distincts. En cet instant, elle fut impressionnée par son charisme, sa confiance en lui, son assurance. Elle se sentait protégée. Rien ne pourrait lui arriver tant que Naruto veillerait sur elle. Ce fut sans aucune crainte qu’elle sombra peu à peu dans l’inconscience, emportant avec elle l’image de Naruto devenir quelqu’un d’autre, un prédateur des plus dangereux, un prédateur qui éliminerait ses pires cauchemars.

« Change avec moi, frère !

-Avec plaisir, Kyûbi ! »

L’expression suffisante de Naruto se déchira dans un cri de fureur. Les marques sur ses joues s’agrandirent. Un feu dévastateur l’enroba complètement, formant une armure des plus impénétrables. En assistant à cette transformation, Kisame comprit son erreur : une tombe porterait très bientôt son nom. Naruto l’homme avait disparu pour faire place à la bête. De ses griffes, il écorcha ; de ses canines pointues, il égorgea ; de sa lame, il éventra. Il n’épargna personne dans la maisonnée.

Au petit matin, le feu ravageait la bâtisse où le Renard avait été retenu. Une tête, à la peau pâle, aux petits yeux noirs et aux cicatrices particulières donnant l’impression d’être un chasseur aquatique, était empalée sur une pique. On pouvait y lire le nom de son propriétaire en lettres de sang.


Mot de l'auteur


Merci d'avoir lu ce troisième chapitre.

Alors pour la petite * dans le discours de Naruto, j'ai voulu faire une petite référence à l'histoire du "Petit Prince" de St Exupéry. Oui j'aime beaucoup se passage où le Petit Prince et le Renard s'apprivoise l'un l'autre pour avoir une forme d'amitié.

Ici, on apprend que Sakura détient des pouvoirs de divination. N'oubliez pas que c'est dans un univers parallèle. Naruto est né avec Kyûbi et ils sont comme des frères. Pourquoi est-ce que la part de démon n'a pas surgi plus tôt? Parce que Naruto ne peut pas faire appel à lui quand bon lui semble. S'il le fait trop souvent, son corps appartiendra au démon et plus à lui. Donc, il modère l'utilisation de ce pouvoir. Il a des sens beaucoup plus développés et une espérance de vie plus longue.

Comme vous l'aurez également remarqué, les chapitres ont comme nom "Tome 1". Je prévois une trilogie. Je pense réaliser 13 chapitres par tome.

Passez un bon dimanche et à la semaine prochaine!


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