Le temps d'un mariage

Chapitre 13 : Douzième chapitre

Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 08:49

Douzième chapitre

 

 

 

 

 

- C'est Noël, ce soir, et j'ai déjà reçu le plus beau cadeau que je puisse désirer, dit Sakura à Sasuke, la voix pleine d'émotion.

Ils étaient dans leur chambre, en train de se préparer pour le dîner, ils avaient passé l'après-midi dehors à jouer avec les enfants dans le jardin enneigé, ou plutôt Sakura avait joué avec eux pendant que Sasuke les regardait et discutait avec Math.

- C'est gentil de ta part d'être si patient avec Math, Sasuke. On voit que ça lui fait plaisir de te raconter ses histoires. Je pense tout de même qu'il en rajoute un peu, de temps en temps... Du moins je l'espère, dit-elle avec un léger frisson. Ça semble incroyable que tous ces hommes aient pu abuser de leur pouvoir de cette manière.

- Je ne crois pas qu'il en rajoute, dit Sasuke.

Il se tut, plus conscient que jamais de ce qu'il savait et de ce que Sakura ignorait.

- A mon avis, il y a même beaucoup de choses qu'il ne nous dit pas. Certains de ces industriels ont commis de véritables crimes, mais comme la plupart d'entre eux sont décédés aujourd'hui, personne n'en parle. Pourtant, il n'y a aucune raison que ces crimes soient pardonnés, et encore moins oubliés.

Sakura le regarda et sentit son coeur bondir dans sa poitrine. Elle l'aimait tant...

- J'ai tellement de chance de t'avoir rencontré, s'exclama-t-elle.

Il lui prit la main et glissa les doigts entre les siens. Elle continuait à le regarder, les yeux brillants.

- Tu es merveilleux. Dieu sait si Math et ses filles ont pu te donner des raisons de perdre ton calme, mais tu es toujours resté aimable avec eux. C'est si généreux de ta part !

- Généreux ? Non, écoute, Saku...

Il devait lui avouer la vérité. Il voulait qu'elle sache, qu'elle comprenne, et qu'elle accepte ce qu'il avait fait. Il voulait lui ouvrir son coeur, lui révéler ses forces et ses faiblesses.

- Sakura, il y a quelque chose que je dois..., commença-t-il.

Mais à cet instant, on frappa à la porte de leur chambre, et la voix anxieuse de Youra se fit entendre.

- Vous êtes prêts, mes chéris ?

- Presque, maman, répondit Sakura en lançant à Sasuke un regard dépité avant de se lever, à contrecoeur, pour aller ouvrir la porte.

- Il faut vous dépêcher, dit Youra, Ino vient de nous appeler dans notre chambre, et elle veut que tout le monde se réunisse en bas : elle a quelque chose d'important à nous annoncer. Peut-être qu'elle attend un autre enfant, qu'est-ce que tu en penses, Sakura ? Est-ce que ce ne serait pas merveilleux ? Allons, venez donc. Math est déjà en bas.

Sakura s'était réjouie à l'idée de passer du temps seule avec Sasuke avant le dîner, mais il était clair que sa mère n'allait pas repartir sans eux.

Tandis qu'ils descendaient l'escalier, Sasuke se promit qu'il dirait la vérité à Sakura dès qu'ils remonteraient dans leur chambre. Ou plutôt, dès qu'ils seraient couchés et qu'il la tiendrait dans ses bras.

Des chants de Noël enregistrés résonnaient dans l'entrée.

- C'est moi qui ai apporté le disque, dit fièrement Youra. Je me suis souvenue comme tu aimais les chants de Noël quand tu étais petite.

Ils passèrent devant le petit salon ou les enfants regardaient la télé et discutaient de ce que le Père Noël allait leur apporter.

- Ah, vous voilà, Sasuke, s'exclama Math comme ils entraient dans le grand salon. Vous avez déjà deux verres de retard sur nous.

Sakura refusa le cocktail que Choji proposait de lui faire, sachant d'expérience à quel point il serait fort.

- Alors, Choji, quelle est cette nouvelle que Ino veut nous annoncer ? demanda Youra, tout excitée. Ou est-elle d'ailleurs ?

- Dans notre chambre. Elle est au téléphone.

- Connaissant Ino, elle est sans doute en train de vérifier avec mon avocat qu'il n'a pas fait d'erreur dans mon contrat prénuptial, plaisanta Math.

Sakura jeta un coup d'oeil inquiet à sa mère, craignant qu'elle ne se sente blessée par ce commentaire peu romantique, mais Youra n'y avait pas prêté attention car Ino venait d'apparaître dans l'encadrement de la porte.

- Excusez-moi de vous avoir fait attendre, dit-elle, mais je voulais m'assurer que toutes mes informations étaient exactes avant de faire mon annonce.

A pas lents, elle se dirigea vers Sakura.

( ** j'ai un mauvait pressentiment... pas vous ? )

- C'est une superbe bague que vous avez là, Sakura. Belle émeraude, apparemment véritable... Dommage que vos fiançailles, en revanche, soient en toc. Tout comme votre fiancé. Il faut dire qu'il n'y a pas grand-chose de vrai chez lui, n'est-ce pas Sasuke ? Voyez-vous, cet homme n'est pas du tout le fiancé de Sakura.

Blanche comme un linge, Sakura saisit la main de Sasuke, trouvant un peu de réconfort dans la chaleur de son étreinte. C'était une catastrophe... Elle osait à peine regarder sa mère dans les yeux. De toute évidence, Ino faisait cela pour se venger du rejet de Sasuke, mais comment diable avait-elle appris la vérité ?

- Il travaille pour une agence d'escortes, continua Ino, et Sakura l'a engagé pour jouer le rôle de son fiancé, sans doute parce qu'elle avait honte d'être encore célibataire à son âge. Pauvre Sakura... Je suis désolée d'avoir révélé votre petit secret.

- Vous ne comprenez pas ! protesta Sakura avec force. Oui, je l'avoue, j'ai engagé Sasuke pour m'accompagner ici. Mais depuis notre arrivée...

Elle se tourna vers Sasuke et lui lança un regard suppliant.

- Depuis votre arrivée, quoi ? s'exclama Ino, triomphante. Il a couché avec vous et vous a dit qu'il vous aimait ? Pauvre Sakura... J'ai bien peur que ce soit vous qui ne compreniez pas. Parce que, si vous êtes sincère, cela signifie qu'il vous a menti à vous aussi, et qu'il s'est servi de vous. Il n'y a qu'une chose qui l'intéresse, et ce n'est pas pour vous, Sakura. Est-ce que je me trompe, Sasuke ? Ou devrais-je dire Susake Sasuke Oushi.

Horrifiée par ce qu'elle entendait, mais encore incrédule, Sakura vit au regard qu'échangeaient Math et Choji que le nom leur était familier et elle sentit le doute, tel un poison glacé, l'envahir lentement.

( ** je crois bien que mon mauvais préssentiment était vrai... T_T )

- Susake Sasuke Oushi, répéta Ino, le journaliste qui harcèle papa depuis plus d'un an pour obtenir un entretien. Il a dû se dire que c'était son jour de chance, Sakura, quand vous lui avez proposer de venir ici. Et on dit que Uchiwa ne recule devant rien pour décrocher un scoop.

- Non... C'est impossible... C'est un malentendu, protesta Sakura, pâle comme la mort. Je t'en prie, Sasuke, dis-moi que ce n'est pas vrai...

- Oui, c'est un très gros malentendu, lâcha Ino avec un rire cruel. Et c'est vous qui en êtes la victime, Sakura. Pour ma part, j'ai tout de suite senti que votre prétendu fiancé nous cachait quelque chose. Et c'est pour ça que j'ai demandé aux avocats de mon père de se renseigner sur son compte.

- Sasuke ? dit Sakura d'une voix tremblante.

- Salura, je peux tout t'expliquer, déclara-t-il d'une voix blanche.

( ** classique non ? "" mon amour je vais tout t'expliquer "" pff ! quand mon ex m'avait dit ça j'avais encore plus le goût le de frapper ! pas vous ? )

Elle se tut et le regarda, abasourdie. Ou était le démenti qu'elle attendait ? Ce qu'elle lisait dans les yeux de Sasuke lui était insupportable. La nausée la submergea, mêlée à l'insoutenable sensation qu'on lui déchirait le coeur.

- Comment est-ce que tu as pu ? Comment ?

Elle dégagea la main de la sienne et s'enfuit en courant. Elle voulait échapper au mépris et à la méchanceté de Ino, échapper à sa propre douleur et à son humiliation, et surtout, échapper à Sasuke. Elle voulait être seule pour essayer de donner du sens à tout ce qu'elle venait d'entendre. Elle n'aurait jamais douté de la bonne foi de Sasuke et l'aurait défendu de toute son âme s'il avait nié les accusations de Ino. Mais il n'avait pas protesté et elle avait compris à sa réaction, et à son regard, que tout ce que cette horrible femme avait dit était vrai.

Accablée de douleur, Sakura arrivait à peine à réfléchir. Comme elle avait été idiote ! Elle comprenait mieux, à présent, pourquoi Sasuke écoutait les histoires de Math d'aussi bonne grâce. Penser qu'elle avait été assez bête, assez aveugle, assez entichée de lui pour louer sa patience et sa générosité ! Quelle ironie ! De nouveau, la nausée l'assaillit, mais elle continuait à courir.

Sasuke la rattrapa juste au moment ou elle entrait dans leur chambre. Il la prit par les poignets et, ignorant ses protestations, l'attira à l'intérieur et referma la porte.

- Lâche-moi, dit-elle.

- D'abord, je veux que tu m'écoutes. Je sais que tu as de la peine, Sakura, et j'en suis... meurtri, mais...

- Comment oses-tu dire ça ? Si tu avais le moindre respect pour mes sentiments, tu n'aurais jamais agi de cette façon. Tu as fait semblant de m'aimer alors qu'en fait, pendant tout ce temps...

- C'est faux !

- Alors, c'est Ino qui a menti ? Tu n'es pas ce Susake Oushi ?

Sasuke serra les dents. Pourquoi n'avait-il pas écouté son coeur et ne lui avait-il pas dit la vérité plus tôt ?

- Donc tu es journaliste, et tu as voulu arrondir tes fins de mois ?

- Non, répondit-il. C'est mon demi-frère Sai qui était censé t'accompagner ici, mais il s'est blessé et m'a demandé de le remplacer. J'ai commencé par refuser, mais quand il a mentionné Math Alvarez...

- Tu as changé d'avis.

- Oui.

- Donc quand tu m'accusais de t'avoir engagé pour coucher avec toi, tu tâtais le terrain, c'est ça ? Tu essayais de savoir jusqu'ou tu devrais aller pour obtenir ce que tu voulais...

- Non, pas du tout. Je m'inquiétais simplement pour Sai. Il est jeune et impressionnable, et je n'étais pas convaincu que ce travail d'escorte était aussi innocent qu'il avait l'air de le croire.

Sasuke se tut un instant et, rassemblant son courage, prit une profonde inspiration. Ce qu'il s'apprêtait à dire à Sakura allait la blesser, il le savait, mais s'il voulait construire quelque chose avec elle, il devait tout lui avouer.

- Le premier soir, quand tu as menacé de rompre nos fiançailles, c'est vrai que j'ai réagi de façon à t'en ôter l'envie. C'est vrai qu'à ce moment là, pour moi, le plus important, c'était de pouvoir rester, pour mon livre.

- Tu t'es servi de moi, dit Sakura d'une voix atone, bloquant toutes les émotions qu'elle sentait bouillonner en elle. Tu m'as fait croire que tu m'aimais, et j'ai été assez stupide pour tomber dans le panneau.

- Arrête, Saku. Tu crois vraiment que je peux te mentir quand je te dis que je t'aime ?

- Pourquoi pas ? Tu m'as bien menti pour tout le reste. Si tu tenais vraiment à moi, Sasuke, tu m'aurais dit la vérité.

- Je voulais le faire.

Sakura eut un rire sans joie.

- Quand ça ? Une fois que ton livre aurait été publié ?

- Je sais que j'aurais dû le faire. J'ai eu tort. Mais j'avais l'impression... Je ne voulais pas risquer de gâcher ce qui se passait entre nous.

Sa voix, qui semblait enrouée par l'émotion, fit monter les larmes aux yeux de Sakura. Il avait l'air tellement sincère !

- En fait, j'étais sur le point de tout t'avouer ce soir, quand ta mère est venue nous chercher.

Le coeur de Sakura se mit à battre plus vite. Elle se souvenait, en effet, qu'il avait commencé à lui dire quelque chose juste avant que sa mère ne frappe à la porte. Comme elle aurait voulu le croire ! Mais elle ne pouvait pas se laisser aller à cette faiblesse.

- Si tu m'aimais vraiment, tu aurais été honnête avec moi dès le début.

- Ce n'est pas si simple, Saku. Je ne savais pas que j'allais tomber amoureux de toi. Je ne me suis même pas rendu compte, au départ, que c'était ce qui m'arrivait. Et quand j'ai compris, il était trop tard. Je craignais que notre amour ne soit trop neuf, trop fragile pour supporter ce genre de révélation. Et puis finalement, comme je ne supportais plus de te mentir, j'ai décidé de tout te dire. J'allais le faire au moment même ou ta mère est arrivée, je te le jure. Je t'aime, Saku, et tu m'aimes. Ne me dis pas que notre amour ne mérite pas une chance ?

- Tu crois vraiment que tu peux continuer à me mentir et à me manipuler, n'est-ce pas ? lâcha Sakura. J'ai peut-être été assez bête pour te croire la première fois, mais j'ai retenu la leçon. Tu ne m'aimes pas. Quant à moi, l'homme que j'aimais n'existe pas. Alors maintenant, je pense que le mieux, c'est que tu reprennes la voiture que tu as louée et que tu partes. Tu n'as plus rien à faire ici.

Sasuke sentit une douleur insoutenable pénétrer son coeur.

- Plus rien ? Et ça, alors, qu'est-ce que c'est ?

Il lui tenait encore les poignets et, l'attirant brusquement entre ses bras, il s'empara de sa bouche, étouffant ses protestations sous ses lèvres brûlantes.

Sakura voulait résister. Elle essaya. Mais une force plus grande que l'orgueil ou la douleur avait prit le contrôle de son corps, si bien qu'au lieu de demeurer closes, ses lèvres s'ouvrirent pour lui rendre son baiser.

Qu'il en soit ainsi ! songea Sakura avec une rage désespérée. Que le désir l'emporte et la détruise ! Ce besoin physique instinctif, sauvage, empoisonnée à présent par l'amertume de la trahison, était tout ce qu'il y avait entre eux. Le reste : l'amour, la tendresse, et le lien presque spirituel par lequel elle s'était crue unie à lui, tout cela n'était qu'illusion.

Sasuke savait que les réactions de Sakura étaient dictées pas la colère et la rancoeur et que le moment était mal choisi pour la convaincre de la force indestructible de leur amour. Mais il n'aurait sans doute pas d'autre occasion de le faire, et il devait y parvenir maintenant, à tout prix, parce qu'il ne pouvait supporter l'idée de la perdre.

Il brûlait de la prendre et de lui montrer tout ce qu'il ressentait : ses remords et ses regrets, son désespoir face à sa souffrance. Il voulait la serrer dans ses bras, corps contre corps, peau contre peau, et sécher ses larmes sous ses baisers. Il voulait la supplier de lui pardonner et de lui donner une seconde chance, et répandre sur ses blessures le baume de son amour. Et, plus que tout, il voulait qu'elle sache qu'il était à elle pour la vie.

Mais ce n'était pas la bonne manière de lui faire comprendre cela, songea-t-il en luttant contre la violence de son désir. S'il lui faisait l'amour maintenant, il leur ferait du mal à tous les deux.

Sakura frissonna. Le feu de sa rage s'était épuisé, laissant en elle une grande douleur.

- Saku...

- Va-t'en, Sasuke. Je t'en prie, va-t'en.

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