Le temps d'un mariage

Chapitre 11 : Dixième chapitre

Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 08:28

Dixième chapitre

 

 

 

 

 

 

- Donc, si je comprends bien, ton travail consiste à trouver pour tes clients des opportunités d'investissements éthiquement responsables ?

Ils étaient en train de dîner dans l'élégant restaurant de l'hôtel, ou Sakura avait rejoint Sasuke quelques minutes après qu'il lui eut proposé de descendre l'attendre au bar, la laissant se changer tranquillement dans leur chambre. Elle lui en était reconnaissante : elle ne tenait pas à se ridiculiser comme elle l'avait fait dans la rue tout à l'heure.

Nerveusement, elle chassa ces pensées et s'efforça de répondre à sa question.

- Oui... Ethiquement et écologiquement responsables... Pour ceux de nos clients qui le demandent. Ce n'est pas le secteur dans lequel on gagne le plus d'argent, mais mon travail me plaît : les investisseurs que je conseille cherchent avant tout à gagner de l'argent, bien sûr, mais ils se soucient un minimum du reste du monde, et je suis heureuse de les y aider.

- Tu devrais proposer tes services à Math, remarqua Sasuke sur un ton cynique.

Le serveur s'approcha avec une bouteille de vin et resservit Sakura. Elle le remercia. Elle avait été choquée, en ouvrant le menu, par les prix exorbitants de tout ce qui y figurait, mais Sasuke l'avait rassurée en lui disant que le dîner était compris dans le prix de la chambre.

Jusqu'ici, Sakura s'était régalée. Après une entrée de fruits de mer, elle s'était laissé tenter par l'agneau, une spécialité de la région, et n'avait pas été déçue. Le vin aussi était délicieux, mais il commençait à lui faire tourner la tête. A moins que ce ne fût Sasuke ? Non, c'était une idée ridicule, et dangereuse. Il valait mieux l'oublier tout de suite, et se concentrer plutôt sur leur conversation, même si en ce moment, tout ce dont elle avait envie, c'était que... Que quoi ? Qu'il la prenne dans ses bras et qu'il lui fasse l'amour ? Elle frissonna si violemment qu'elle dut poser son verre de vin.

- Tu as froid ? lui demanda Sasuke en fronçant les sourcils.

Non, elle était en feu ! Elle se consumait de désir pour lui, elle mourait d'envie qu'il la touche, qu'il l'embrasse, qu'il presse son corps contre le sien... Maintenant !

- Si Math me demande un avis ou des conseils, dit-elle d'une voix aussi détachée que possible, je serai ravie de l'aider.

La vérité, c'était que le peu qu'elle avait vu Math et de sa famille suffisait à lui faire suspecter qu'il se souciait comme d'une guigne de ses semblables et de la planète.

- Mais il ne va pas le faire, et tu le sais, n'est-ce pas ?

Sasuke se rendit compte qu'il était agressif, qu'il essayait même de provoquer une dispute. Ce qu'il cherchait, comprit-il, c'était un moyen de lutter contre l'effet que lui faisait Sakura dans cette robe noire à la fois sage et incroyablement sexy. Il sentait tout son corps se tendre d'impatience.

- Et de qui est-ce que tu tiens cet intérêt pour l'écologie ? lâcha-t-il. Je n'ai pas l'impression que ce soit l'une des priorités de ta mère.

Pourquoi Sasuke lui témoignait-il soudain autant d'animosité ? se demanda Sakura, désemparée.

- Ce n'est pas parce que ma mère est amoureuse de Math qu'elle partage toutes ses opinions, répliqua-t-elle en s'efforçant de conserver son sang-froid. Et si tu veux tout savoir, mon père est un écologiste engagé. Ma belle-mère et lui possèdent une petite ferme biologique dans le Sanctuaire.

Sasuke imaginait très bien la jeune femme dans ce genre de décor, avec des poules et des chèvres en liberté et quatre enfants turbulants courant joyeusement dans la cour. Un détail, néanmoins, le fit tressaillir : dans cette vision qu'il venait d'avoir, les enfants leur ressemblaient à tous les deux.

Lui ? Avec quatre enfants ? Il fixa son verre de vin, les sourcils froncés. Il s'aventurait sur des sables mouvants qui risquaient à chaque pas de l'engloutir, et les mystères qu'ils recelaient semblaient avoir le pouvoir de changer sa vie. Etait-ce ce qu'il désirait ? Non, il devait absolument proscrire ces pensées et se rappeler toutes les raisons pour lesquelles Sakura ne pouvait pas faire partie de sa vie. Penser, par exemple, comme il se sentirait coupable si elle venait à découvrir la vérité. Cela lui faisait presque oublier qu'il mentait dans l'intérêt du plus grand nombre, et c'était précisément ce qu'il devait garder à l'esprit.

 

 

- Fini ?

Sakura hocha la tête. Les jambes tremblantes, elle se leva.

Ils sortirent du restaurant et prirent le couloir qui menait à l'ascenseur. Le mélange d'appréhension et de désir qu'elle éprouvait s'intensifiait de seconde en seconde. Dans quelques instants, elle serait seule avec Sasuke dans leur suite, puis seule avec lui dans leur lit. Et alors...

Sasuke regardait Sakura qui marchait légèrement devant lui et se fit la réflexion qu'elle possédait sans doute la taille la plus fine qu'il ait jamais vue. Ils essaya de la mesurer mentalement, en la visualisant entre ses mains, mais alors il ne put se retenir d'imaginer ses mains glissant lentement sur sa courbe de ses hanches et remontant dans son dos pour baisser la fermeture éclair de sa robe, faisant jaillir contre son torse la rondeur luxuriante de ses sains.

Quand ils furent dans l'ascenseur, Sakura arrivait à peine à respirer.

- Tout de même, reprit Sasuke, si tu te soucies de l'environnement, pourquoi n'as-tu pas envie d'aborder la question avec quelqu'un comme Math Alvarez ? Surtout dans la mesure ou ta mère se prépare à l'épouser... Est-ce que tu considères que parce qu'ils est millionnaire, il a le droit de ne pas avoir d'éthique ?

L'ascenseur s'était arrêté, et Sasuke sortait de la cabine. Choquée par la dureté de ses paroles et de son ton, Sakura se sentait soudain au bord des larmes.

- Bien sûr que non !

Elle entra dans la suite dont Sasuke lui tenait la porte ouverte et marcha jusqu'à la fenêtre, gardant le dos tourné, elle ne voulait pas lui laisser voir à quel point il l'avait blessée.

- Hier, au dîner, certains des propos de Math et de sa famille m'ont fait bondir, dit-elle, et Dieu sait si j'ai eu envie de réagir, mais je savais que tout ce que j'obtiendrais, ce serait au mieux de l'indifférence et au pire une dispute. Et je ne tenais pas à rendre les choses plus difficiles pour ma mère. C'est à elle que j'ai pensé.

Elle avait cru bien faire, mais à présent, face aux critiques de Sasuke, elle doutait. Ce qui était étrange, car elle se moquait en général de ce que les autres pensaient d'elle. Mais Sasuke n'était pas semblable aux autres. Sans qu'elle sache exactement comment, il avait réussi à percer la carapace protectrice dans laquelle elle avait enclos son coeur.

Sakura luttait pour contenir ses larmes. Elle lui tournait le dos, mais Sasuke voyait le reflet de son visage sur la vitre, et cela lui causait une douleur intolérable, comme si un énorme poing lui martelait le coeur. Il avait l'impression qu'une force explosive, hors de tout contrôle, avait creusé en lui un chemin sur lequel circulaient des émotions et des vérités qui, quelques jours plus tôt, lui étaient encore complètement étrangères.

Sakura se concentrait si intensément pour maîtriser ses émotions qu'elle ne remarqua sa présence derrière elle que lorsqu'il posa la main sur son bras.

Elle se raidit aussitôt, elle ne voulait pas de sa pitié, surtout après le mépris qu'il venait de lui témoigner. Mais puisqu'il la força à se tourner vers lui, elle prit une profonde inspiration et lui présenta un masque dur, fermé, en ayant soin d'éviter son regard. Tous ses efforts, pourtant, ne purent empêcher une larme de couler sur sa joue. Alors, elle entendit Sasuke pousser une exclamation étouffée.

Quand elle le vit approcher la main de son visage et recueillir sur son index la larme qui l'avait trahie, elle tressaillit et le repoussa.

- Laisse-moi tranquille ! s'écria-t-elle. Ça m'est égal que tu me méprises, mais ne me touche pas.

- Je ne voulais pas te faire de peine, Saku. Excuse-moi d'être trop stupide pour accepter la puissance de mon désir pour toi, et d'avoir cru qu'en t'attaquant, je pourrais le faire disparaître.

Sakura perçut dans sa voix rauque un mélange de douleur, de colère et de mépris de soi si vif qu'elle en eut le coeur serré. Levant les yeux vers lui, elle vit la passion qui crispait ses traits, cette passion qu'elle devinait à présent dans la force avec laquelle il aggripait son bras et l'attirait vers lui.

- Je te désire à en mourir, Saku, et je ne comprends pas pourquoi. Je ne me reconnais plus. Tu as mis au jour une partie de moi-même dont j'ignorais l'existence. Quand je suis avec toi, j'ai l'impression d'avancer en terre étrangère, et mes repères habituels ne me sont d'aucun secours.

- Je n'ai rien f..., commença Sakura, mais Sasuke l'interrompit, étouffant d'un baiser toutes ses protestations.

- Tu sais ce qui est en train de nous arriver, n'est-ce pas ? murmura-t-il, les lèvres tout contre les siennes.

Sakura savait, oui, et elle voulait l'entendre de sa bouche, mais elle craignait, en le lui demandant, de briser le charme qui les avait transportés dans ce monde nouveau et les liait si intimement l'un à l'autre. Elle préféra lui chuchoter, la voix pleine de passion :

- Montre-moi Sasu ! Ne me dis pas ce qui nous arrive. Montre-le moi !

( Je suis méchante n'est-ce pas ? J'arrête ce chapitre pile au bon moment ^ ^ )

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