Le temps d'un mariage

Chapitre 14 : Treizième chapitre

Chapitre final

Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 08:41

Treizième chapitre

 

 

 

 

 

 

 

- Sasuke a encore téléphoné ce matin.

Sakura ne réagit pas. Elle avait entendu ce qu'avait dit son père, mais cela ne signifiait rien pour elle. Cela ne pouvait plus rien signifier.

Elle n'avait pas vu Sasuke depuis plus de deux mois, deux mois pendant lesquels il avait tenté sans relâche de la contacter. Il avait même retrouvé sa trace ici, dans la ferme de son père, ou elle était venue se reposer quelque temps pour échapper non pas au stress de son travail, comme elle l'avait prétendu, mais au souvenir de Sasuke et au fantôme de leur amour.

- Il t'a envoyé ça, continua son père en lui tendant un colis rectangulaire. C'est le manuscrit de son livre. Il veut que tu sois la première à le lire.

Sakura serra les dents. Sasuke avait réussi à embobiner son père, à qui elle avait pourtant tout raconté, et à le rallier à sa cause !

- Ma chérie, je sais qu'il a mal agi, mais pourquoi ne lui laisses-tu pas une chance de t'expliquer pourquoi et de se racheter ?

- Je ne vois pas pourquoi.

- Tu ne vois pas ? Allons, ma chérie, tu l'aimes encore, même si tu fais beaucoup d'efforts pour te convaincre du contraire, et j'ai suffisamment parlé avec lui pour avoir la certitude qu'il t'aime aussi.

- C'est à cause de lui que Math Alvarez a décidé de ne pas épouser maman.

Son père haussa les sourcils.

- Ecoute, si tu veux mon opinion, je pense que ta mère a eu de la chance que les choses tournent de cette manière. Et elle n'a pas mis longtemps à lui trouver un remplaçant, n'est-ce pas ?

Sakura eut une petite grimace gênée. C'était vrai : Youra filait déjà le parfait amour avec un autre homme. Par ailleurs, même Sakura n'était pas près d'avouer cela à son père, sa mère tentait elle aussi de la persuader, par tous les moyens, de donner une nouvelle chance à Sasuke.

- Bon, je sors me promener, lui dit son père. A plus tard.

 

 

Sakura essayait de toutes ses forces de ne pas regarder le manuscrit posé sur la table devant elle. Elle ne savait même pas pourquoi elle l'avait sorti du carton, mais c'était fait, et à présent elle avait besoin de savoir ce qu'il contenait.

Attachée à la première page, il y avait une lettre qui lui était adressée. Elle n'allait pas la lire. Elle allait la déchirer, comme toutes les autres. Mais cette fois, elle ne put s'y résoudre, peut-être parce que celle-ci n'était ni enfermée dans une enveloppe, ni même pliée, et que les mots tracés par Sasuke dansaient sur la page sous ses yeux soudain voilés de larmes.

Comment pouvait-elle être encore amoureuse d'un home qui lui avait prouvé de façon si dévastatrice que sa carrière passerait toujours avant elle et l'honnêteté qu'il lui devait ? Il n'y avait pas d'avenir envisageable avec un homme pareil, un homme dont elle remettrait toujours en question l'amour et les promesses, un homme avec qui elle aurait peur d'avoir des enfants, parce que rien garantissait qu'ils pourraient compter sur lui.

Les doigts tremblants, elle détacha la lettre. A quoi bon la lire ? Cela ne servirait qu'à lui faire de la peine. Mais il était trop tard.

- Je ne t'écrirait pas pour te dire que je t'aime. Il n'est pas d'amour vrai que ne soit la somme de deux amours, Saku. Je croyais, mais peut-être est-ce là mon erreur, que tu m'aimais aussi fort que je t'aimais. Peut-être dois-je lire dans ton silence, non un refus d'accepter mes explications et de me pardonner, mais le signe que tu doutes de ton amour pour moi et que tu préfères que nous en restions là.

La voix de Sasuke résonnait aux oreilles de Sakura aussi clairement que s'il se tenait à côté d'elle. Fermant les yeux, elle se laissa submerger par le chagrin.

Sasuke...

Elle l'aimait encore, bien sûr, et elle savait que jamais elle ne cesserait de l'aimer. Elle reprit sa lecture.

- Si c'est le cas, alors il n'est rien que je puisse faire, sinon t'assurer une dernière fois que mon amour pour toi demeure aussi fort et sincère qu'il l'a toujours été et le sera toujours. Notre rencontre, de bien des manières, a fait de moi un autre homme. Je me sens profondément différent aujourd'hui de ce que j'étais avant de te connaître. Tu m'as tant apporté... Si tu lis ce manuscrit, j'espère que tu comprendras.

Sakura tourna la première page. Sur la deuxième figurait une brève dédicace : "" À ma mère ""

Elle lut pendant si longtemps que lorsqu'elle reposa le manuscrit, ses membres étaient tout engourdis. Elle devait admettre que sa lecture l'avait tellement captivée qu'elle n'avait pu se résoudre à l'interrompre plus tôt.

Elle pensait que le livre de Sasuke concernerait les dessous de l'industrie du pétrole, et c'était le cas, mais seulement en partie. C'était avant tout l'histoire de sa mère et de tous ceux qui, comme elle, étaient partis en croisade contre un matérialiste forcené qui écrasait les hommes et détruisait leur environnement.

Plus Sakura progressait dans ce récit, moins elle avait envie de s'arrêter. Finalement, en arrivant au dernier chapitre, elle avait trouvé, épinglée au manuscrit, une enveloppe qui portait son nom. A l'intérieur, elle trouva une autre enveloppe, accompagnée d'une note :

- Si tu es arrivée jusqu'ici, tu sais à présent que j'ai décidé de relater non pas les agissements criminels de David Laham, mais la vie de ma mère et son combat. C'est toi qui es à l'origine de cette décision, Saku. J'ai eu tort de ne pas te dire dès le début qui j'étais et pourquoi j'avais pris la place de Sai. Je t'aime, et je voudrais que tu me donnes la chance de te le prouver. L'enveloppe jointe à cette lettre contient un billet. Tu en auras besoin si tu choisis de me donner ma chance. Sinon, si tu ne l'utilises pas, si tu sens en fin de compte que tu ne m'aimes pas assez pour m'accepter avec mes défauts et les erreurs que j'ai faites, alors je te promets que je te laisserai en paix.

Elle ouvrit la deuxième enveloppe. Elle contenait un billet d'avion. Après l'avoir mis soigneusement de côté, elle revint au manuscrit.

Quand elle lut la description pudique de l'accident qui avait coûté la vie à sa mère, un accident stupide qui ne serait jamais arrivé sans l'appétit de pouvoir et de richesse de David Laham, elle dut s'interrompre, car les larmes lui brouillaient la vue.

Tout à la fin, Sasuke avait écrit :

- L'amour que m'a donné ma mère est le plus beau cadeau qu'elle m'ait fait et j'ai compris, depuis, que l'amour permet d'accomplir bien plus que la haine et le ressentiment. C'est l'amourque ma mère vouait à ses semblables qui l'a poussée à leur consacrer  sa vie, et c'est aussi l'amour, l'amour que j'éprouve pour une femme exceptionnelle, qui m'a poussé à écrire l'histoire de ma mère plutôt que d'assouvir ma haine envers ceux qui ont causé sa mort.

Puis, un peu plus bas :

- Cette femme, c'est toi, Sakura. La bague de ma mère semblait faite pour toi, et peut-être était-ce un signe que tu étais, toi-même, faite pour moi. J'aime à penser que c'est ma mère qui, depuis l'au-delà, t'a fait entrer dans ma vie et dans mon coeur. Ils sont tous les deux vides sans toi.

 

 

Elle avait tort de faire cela. C'était de la folie. De la folie, se répéta Sakura en passant les portes du hall des arrivées et en plissant les yeux sous l'éclat du soleil de Konoha.

Qu'est-ce qu'elle espérait ? Tout était fini entre elle et Sasuke. Pourtant, pas un soir depuis leur séparation, elle ne s'était endormie sans penser à lui, et pas un jour ne s'était écoulé sans qu'elle se sente écrasée par le chagrin et les regrets...

Elle aperçut un petit homme grassouillet qui tenait devant lui un panneau portant son nom.

- Je m'appelle Rogé, lui dit-il d'une voix gaie quand elle se fut présentée. Je suis votre chauffeur. Vous n'avez que ce sac ?

- Oui, c'est tout, dit Sakura.

Ils roulèrent pendant près d'une heure dans la campagne. Puis Sakura vit les premières montagnes se découper sur l'horizon, et elle sut ou Rogé l'emmenait. Son coeur se mit à cogner violemment dans sa poitrine, et elle se sentit trembler, en proie à un mélange déchirant de désir et de peine.

Enfin, ils arrivèrent et elle ne fut pas vraiment surprise quand Rogé arrêta la voiture devant l'hôtel ou elle avait passé une nuit avec Sasuke, deux mois plus tôt.

A la réception, elle fut accueillie par une jeune femme souriante qui la conduisit, comme elle s'y attendait, jusqu'à la suite qu'elle connaissait bien.

La seule chose qui l'étonna fut de la trouver vide. Elle s'approcha de la fenêtre et scruta la rue. Sasuke n'était pas en vue. En face de l'hôtel, elle reconnut la boutique ou elle avait acheté sa petite robe noire. Pour des raisons qu'elle préférait ne pas s'expliquer, elle l'avait apportée dans ses bagages. Bon sang, pourquoi se sentait-elle aussi déçue ? Elle tressaillit en entendant la porte s'ouvrir.

Sasuke !

Comme il s'avançait vers elle, elle remarqua qu'il avait maigri et, s'il possédait toujours la même aura, celle-ci semblait à présent assombrie par une sorte de tristesse.

- Tout cela est un peu théâtral, tu ne trouves pas ? dit-elle d'un ton moqueur, en essayant d'empêcher sa voix de trembler.

- Ce n'était pas l'effet recherché.

- Ah non ? Et qu'était l'effet recherché ?

- Je voulais nous replonger dans le passé et te faire comprendre à quel point je regrette de ne pouvoir remonter le temps et agir différemment.

C'était dans cette chambre qu'ils avaient fait l'amour pour la première fois et qu'elle s'était offerte à lui dans un élan d'amour, d'espoir et de confiance absolus. Et à présent qu'elle y revenait et qu'elle se retrouvait face à Sasuke, son corps et son coeur vibraient du souvenir de ce qu'elle y avait vécu avant que la réalité ne vienne détruire ses rêves.

- Dit-moi, dit-elle, tu remonterais le temps jusqu'à quel moment, exactement ? Jusqu'à celui ou tu as rejeté les avances de Ino ? Après tout, elle aurait pu t'être tellement plus utile que moi...

- Elle aurait pu, oui. Mais quand je l'ai compris, tu comptais déjà beaucoup plus pour moi que mon livre, même si j'étais trop bête pour me l'avouer. Non, je reviendrais au moment ou je te serrais dans mes bras, juste avant que nous fassions l'amour pour la première fois. Au moment ou j'aurais dû te dire la vérité, mais ou j'ai eu trop peur de gâcher ce qui se passait entre nous... Ça faisait tellement longtemps que je travaillais à découvrir la vérité sur Laham et sa clique que je me sentais tenu d'aller jusqu'au bout de mon plan, même si cela impliquait de te mentir. Je ne me rendais pas compte que je pouvais rendre un bien plus bel hommage à ma mère en racontant son histoire et en relayant ses convictions, au lieu de m'attaquer aux malfrats contre qui elle luttait. J'espère que ce livre lui fait honneur.

- Oui, Sasuke, dit doucement Sakura. C'est un livre magnifique. Si tu m'avais tout expliqué plus tôt...

- Mais tu me crois, quand je te dis que j'allais le faire le soir même ou Ino a dévoilé mon identité ?

- Oui, je te crois, dit Sakura d'une voix calme. Mais tu aurais dû le faire plus tôt. Tu ne peux pas nier que tu te trouvais face à un conflit d'intérêts, et c'est cela qui m'inquiète. C'est pour cela que nous ne pouvons rien recommencer tous les deux.

- Sakura, il faut que tu comprennes... Je m'étais promis d'écrire ce livre bien avant de te rencontrer et de tomber amoureux de toi. Mais dès que j'ai mesuré à quel point je t'aimais, j'y ai renoncé. Tu m'as fait prendre conscience du pouvoir de l'amour. Tu m'as changé, Saku. Et je peux te jurer qu'à présent, toi et nos quatre enfants passeront toujours avant tout le reste.

- Nos quoi ?

Sasuke rougit sous les yeux émerveillés de Sakura.

- Quand tu m'as parlé de la ferme de ton père, tout à coup, il m'est venue une sorte de vision : je t'ai imaginée à la campagne avec des enfants qui étaient nos enfants.

- J'ai toujours pensé que quatre était le nombre idéal, murmura Sakura.

- Tu vas devoir m'épouser si tu les veux. Et tu vas devoir m'aimer et me laisser t'aimer en retour de toutes mes forces, pour toute la vie.

Malgré elle, Sakura se sentait fléchir. Le livre de Sasuke avait déjà fait tomber les murs de rancoeur qui emprisonnaient son amour, et maintenant...

- Sasuke..., commança-t-elle d'une voix tremblante.

- Ne me regarde pas avec ces yeux-là, lui dit-il, ou bien je ne vais pas pouvoir me retenir...

Soudain, Sakura sentit son coeur se gonfler de joie. Comment avait-elle pu croire un seul instant qu'elle pouvait vivre sans lui ?

- Sasuke..., répéta-t-elle tandis qu'il la prenait dans ses bras.

Mais cette fois-ci, elle murmura son prénom d'une voix heureuse et pleine de désir, tout contre ses lèvres et, avec un infime soupir d'impatience, offrit les siennes à son baiser.

 

 

Une heure plus tard, comme ils se reposaient tous les deux dans la chaleur du lit ou il venait de lui montrer combien elle lui avait manqué, Sasuke prit la main de Sakura et embrassa le doigt sur lequel il avait replacé la bague de sa mère.

- Il y a tout de même quelque chose qui me préoccupe...

- Quoi donc ? demanda Sakura en levant les yeux vers lui avec un soupçon d'inquiétude.

- C'est juste que... Dis-moi que tu ne veux pas te marier dans un château à Konoha, la veille du jour de l'an. Parce que je ne pourrais jamais attendre jusque-là.

- Moi non plus, avoua Sakura en riant.

Puis elle se tut, le coeur battant, tandis que Sasuke se penchait vers elle et l'embrassait passionnément.

 

 

 

 

 

 

 

 

FIN

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