Le temps d'un mariage

Chapitre 9 : Huitième chapitre

Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 06:04

Huitième chapitre

 

 

 

 

 

 

- On nous a volé la voiture ! s'exclama Sakura.

- Ça m'étonnerait.

Elle le regarda, étonnée par l'amertume de son ton. Son mobile s'était mis à sonner, et il prit l'appel tandis qu'elle s'éloignait de quelques pas pour ne pas donner l'impression d'écouter sa conversation.

- C'était Ino, annonça Sasuke quand il eut raccroché. Apparemment, elle commençait à s'ennuyer, et les garçons étaient épuisés et frigorifiés, alors elle a décidé de rentrer. Sans nous attendre.

Sakura n'arrivait pas a y croire.

- Tu veux dire qu'elle nous a l'aissés ici sans aucun moyen de rentrer au château ?

- Exactement.

- Mais pourquoi a-t-elle fait ça ?

- Peut-être parce que c'est une vipère ?

Et parce qu'elle n'avait pas supporté qu'il repousse ses avances, songeas Sasuke. Bon sang, il n'avait pas imaginé que les choses prendraient cette tournure... S'il voulait atteindre le but qu'il s'était fixé et qui constituait la seule raison de sa venue à Konoha, il valait mieux qu'il calme le jeu avec Sakura. Il pouvait continuer à jouer le rôle de son fiancé tout en profitant discrètement de l'occasion qu'Ino lui offrait de flirter avec elle, ce qui l'aiderait peut-être à découvrir certains des secrets de Math.

Oui, après tout, Sakura et lui étaient tous deux adultes et consentants, et leur attirance mutuelle n'avait pas à affecter son objectif initial. D'ailleurs, qui sait, peut-être cette attirance allait-elle disparaître aussi vite qu'elle était apparue ? Etait-ce ce qu'il espérait ? Parce qu'il ne voulait pas avoir à soutenir le regard de Sakura si elle découvrait la vérité ?

Il n'avait pas à se sentir coupable. Après tout, il avait accepté de se faire passer pour son fiancé avant de la connaître et, s'il lui mentait à présent, cela n'avait rien à voir avec elle. Il se mentait à lui même, songea Sasuke avec dépit.

Sakura regarda le ciel et éprouva de petits picotements d'angoisse en voyant que la neige tombait de plus en plus vite. Comment allaient-ils faire pour rentrer au château ?

- Nous devrions appeler ma mère pour qu'elle envoie quelqu'un nous chercher, suggéra Sakura.

- Je pense qu'on peut trouver une voiture ici, dit Sasuke. Ce sera beaucoup plus simple.

Mais une demi-heure plus tard, Sasuke ressortait de chez le loueur de voitures et, l'air sombre, annonçait à Sakura qu'aucun véhicule ne serait disponible avant le lendemain matin. La neige tombait à gros flocons.

- Nous n'avons pas le choix, nous devons dormir ici, dit Sasuke. Personne ne va venir nous chercher par ce temps. Nous ferions bien de nous trouver un hôtel. J'en ai remarqué deux quand nous nous promenions.

Sakura savait que Sasuke avait raison : dormir sur place était la solution la plus sage, mais il y avait un problème. Elle n'avait pas d'argent. Pour ne pas être tentée de faire des dépenses extravagantes, elle avait laissé sa carte de crédit au château, et n'avait emporté dans son sac qu'un peu de liquide dont elle avait déjà dépensé une partie en cadeaux. Il ne lui restait même pas de quoi réserver une chambre. Or, elle avait remarqué, elle aussi, les hôtels dont parlait Sasuke, car ils étaient tous les deux somptueux, et elle savait qu'ils seraient très chers, bien plus chers que ce qu'elle pouvait se permettre. Elle essaya d'expliquer la situation à Sasuke.

Voyant à quel point elle était gênée et nerveuse, il lui répondit avec calme :

- C'est ma faute si nous sommes coincés ici : j'aurais dû me douter qu'Ino ne jouerait un tour de ce genre. Ne t'en fais pas, je vais payer.

- Oh, non, tu ne peux pas faire ça. Ces hôtels ont tous les deux l'air hors prix. Une nuit là-bas coûte sûrement beaucoup plus que ce que j'ai versé à l'agence pour...

- C'est bon. Calme toi. L'agence nous donne toujours de l'argent en prévision de ce genre de situation. J'imagine qu'ils t'enverront la facture à mon retour, mentit-il, avant d'ajouter : Allons-y avant de geler sur place.

Et, sur ces mots, il lui prit le bras et l'entraîna fermement vers la ville.

- Ils vont se poser des questions si nous arrivons sans bagages, dit Sakura.

- Mais non. Ça doit arriver tout le temps que des touristes se laissent surprendre par la neige.

Dix minutes plus tard, ils arrivaient devant l'un des hôtels. Il semblait encore plus luxueux de près.

- Nous ne pouvons pas dormir ici, protesta Sakura. Il doit bien y avoir quelque chose de plus modeste.

- Je ne crois pas, dit Sasuke en ignorant sa résistance et en remerciant d'un signe de tête le portier en uniforme avant d'entrer dans le hall.

Seul descendant de ses grands-parents maternels, Sasuke avait hérité à leur mort d'une fortune considérable. Et si, en général, il choisissait de vivre sur son salaire de journaliste, déjà confortable, il avait l'habitude du genre d'environnement dans lequel ils pénétraient à présent. D'un pas confiant, il se dirigea vers la réception tandis que Sakura, un peu intriguée par son assurance, restait en retrait.

Quelques minutes plus tard, il la rejoignit.

- Toutes leurs chambres standard sont réservée, comme on pouvait s'y attendre à cette période de l'année, mais il leur reste une suite. Et ils vont aussi se charger de nous trouver une voiture pour demain matin.

- Une suite ? Mais ça doit être inabordable !

- C'est tout ce qui leur reste. Nous ferions bien d'aller vérifier qu'elle nous convient. Et ensuite, puisque nous avons du temps à tuer, je propose que nous allions déjeuner quelque part et explorer le reste de la ville.

Sasuke ne voulait pas admettre qu'il était tiraillé entre les appels contradictoires de son désir et de sa conscience, entre le besoin presque irrésistible de posséder Sakura sans attendre, la crainte de compromettre son plan, et celle de la blesser. Lui faire du mal ? Depuis quand était-il devenu aussi protecteur à son égard ?

L'ascenseur était arrivé, et Sasuke recula pour la laisser passer, tout en gardant la main posée sur sa taille. Sakura se sentit frémir. La paume de Sasuke dégageait une chaleur qui se diffusait dans tout son corps et lui donnait envie d'être encore plus près de lui, et de faire des choses ridicules. Comme lever le visage vers lui à l'instant ou les portes se refermeraient, pour recevoir son baiser. Comment en était-elle arrivée là ?

Sasuke regrettait d'avoir pris l'ascenseur avec Sakura, plutôt que l'escalier. Dans l'espace réduit de la cabine, il était trop près d'elle pour ne pas être tenté de humer le parfum féminin de ses cheveux et de sa peau. Et à présent, il ne désirait plus qu'une chose : la déshabiller et explorer tous les délices de son corps merveilleux, en commençant par ses orteils qu'il avait vu se crisper de plaisir sous ses caresses, et en remontant jusqu'à ses lèvres.

L'ascenseur s'arrêta avec une secousse et les portes s'ouvrirent.

- Notre suite est juste là, dit Sasuke en désignant une porte à sa droite.

Sakura s'attendait à trouver deux chambres avec chacune leur salle de bains, mais en pénétrant dans un somptueux salon, elle comprit qu'elle s'était trompée.

- Il n'y a qu'une chambre, remarqua-t-elle d'une voix un peu incertaine.

- Je sais bien, mais comme je te l'ai dit, c'est tout ce qui leur restait. Et, après tout, ce n'est pas comme si nous n'avions jamais dormi dans le même lit.

Quelque chose dans cette observation troubla intensément Sakura. Sasuke venait de parler d'eux comme s'ils étaient extrêmement intimes, aussi intimes qu'un vrai couple.

- Si ça ne te convient pas, nous pouvons toujours essayer l'autre hôtel, proposa-t-il.

- Non, ce serait idiot. Il est sûrement complet aussi. Il vaut mieux ne pas prendre le risque de perdre cette chambre.

En temps normal, l'idée de passer la nuit dans un endroit aussi chic l'aurait rendue folle d'excitation. L'hôtel, aménagé dans un immeuble très ancien, était décoré dans un style moderne qui créait un décalage maîtrisé des plus élégants. Leur suite disposait d'une superbe salle de bains en marbre et d'un dressing. Les fenêtres de la chambre donnaient sur la rue, celles du salon sur un petit jardin enneigé ou l'on devait pouvoir dîner en été.

- Je regrette de ne pas être un peu mieux habillée, dit-elle.

Dieu merci, elle avait décidé à la dernière minute, ce matin, de ne pas se mettre en jean. Depuis quelques temps, elle accordait plus de soin au choix de ses vêtements : elle préférait en acheter peu, mais ceux qu'elle s'offrait étaient toujours très bien coupés et confectionnés dans de belles matières. Aujourd'hui, elle était habillée de façon simple et féminine, elle portait ses élégantes bottes en cuir et son beau manteau de laine noire au-dessus d'une jupe droite et d'un pull en cachemire uni. Elle ne se sentait pas débraillée, bien sûr, mais elle aurait aimé une tenue un peu à la hauteur de ce décor de rêve.

- Je vais tout de même appeler ma mère pour la rassurer, dit-elle à Sasuke.

- Pourquoi est-ce que je n'appellerais pas Math, plutôt ? Histoire de lui dire franchement ce que je pense du comportement de sa fille.

- Oh, ce n'est pas la peine de faire des histoires. Ça risque d'angoisser ma mère. De toute façon, je ne pense pas qu'Ino recommencera.

- Tu sais, si elle s'est mise en tête de chasser Youra de la vie de son père, ce n'est pas en lui passant tous ses caprices que tu l'en empêcheras.

Sakura ne put dissimuler sa surprise devant la facilité avec laquelle Sasuke devinait ses pensées les plus intimes.

- Tu penses que Math ne va pas épouser maman, n'est-ce pas ?

- Je pense qu'il lui rendrait service s'il décidait de ne pas le faire. Au départ, je croyais que ta mère en voulait à son argent, mais aujourd'hui je me rends compte qu'elle n'est pas assez...

- Attention, l'avertit Sakura. Surtout si tu as l'intention d'utiliser un mot comme "" subtile "", "" fine "" ou "" maligne ""...

- Oh non... Jamais je n'aurais l'idée d'utiliser ces mots pour parler de Youra.

Il avait répondu sur un ton si sérieux qu'il fallut plusieurs secondes à Sakura pour comprendre qu'il la taquinait.

- Oh, toi ! s'exclama-t-elle en lui jetant un des coussins du canapé.

Il l'intercepta sans peine puis lança d'une voix faussement menaçante :

- Je vois...

Il se mit à marcher vers elle d'un pas déterminé. Elle s'enfuit, mais il la rattrapa en quelques secondes et lui fit faire volte-face entre ses bras tandis qu'elle riait et feignait de protester.

Il n'avait rien prévu de tout cela... Sasuke sentait son coeur tambouriner dans sa poitrine, faisant déferler en lui, à chaque battement, des flots de sentiments de plus en plus ardents.

- C'est incroyable..., s'entendit-il articuler, la voix rauque de désir.

- Qu'est-ce qui est incroyable ?

- Ce qui est en train de nous arriver... Ça...

Sakura savait qu'il allait l'embrasser, et elle savait aussi que c'était tout ce qu'elle attendait. A tel point qu'elle se dressait déjà sur la pointe des pieds pour nouer les bras autour de son cou.

Il pressa ses lèvres contre les siennes, et elle poussa un gémissement de plaisir en sentant ses mains passer sous son manteau, sortir son pull de sa jupe et glisser sur sa peau nue.

Elle voulait s'abandonner tout entière à la chaleur de ses caresses, avec la certitude qu'il ne la lâcherait jamais, qu'il l'adorerait et la protégerait toute sa vie. Elle sentit ses mains remonter lentement le long de son dos, effleurant sa peau, s'arrêtant sur l'attache de son soutien-gorge, et elle frémit devant l'intensité de son propre désir. Elle brûlait de sentir ses mains se poser sur ses seins, et ses doigts impatients en pincer doucement la pointe qui déjà se dressait... Son désir était si puissant qu'elle devait se retenir de prendre la main de Sasuke pour la guider vers sa poitrine.

Il avait autant envie d'elle qu'elle de lui. C'était du moins ce qu'il lui semblait. Se pouvait-il qu'il simule ? Que la tendresse qu'il lui témoignait, la complicité qui s'était installée entre eux, ne soient qu'une manoeuvre cynique, une illusion offerte par un professionnel dépourvu de sentiments ? Il l'avait accusée de l'avoir engagé pour coucher avec lui. Elle avait nié avec force. Se pouvait-il qu'il ne l'ai pas crue ?

Submergé par une vague de panique, elle le repoussa.

Sasuke commença par la retenir, il était très excité et voyait bien qu'elle l'était tout autant que lui. Mais il lisait aussi dans son regard une profonde angoisse, et il savait que c'était cela qui devait dicter sa réaction, non son propre désir. De mauvaise grâce, il la relâcha.

De nouveau, elle avait conscience, c'était la peur de se laisser dépasser par ses émotions qui avait poussé Sakura à interrompre les caresses de plus en plus sensuelles de Sasuke. Elle sentit un léger frisson la parcourir, le contact de son corps chaud et viril lui manquait déjà. Mais l'intensité des émotions et des sensations qu'il venait encore une fois de plus jaillir en elle l'effrayait trop, et plus encore la montée inexplicable et constante de son désir pour lui...

Elle s'était toujours promis de ne jamais tomber amoureuse, parce qu'elle savait combien il était dangereux de se donner corps et âme à quelqu'un, combien cela vous rendait vulnérable. Et voilà que cet homme, cet homme qu'elle ne connaissait que depuis deux jours, menaçait de pulvériser la cuirasse derrière laquelle elle se protégeait depuis des années...

- Tu vas me dire ce qui ne va pas, oui ou non ?

Il y avait dans sa voix une telle tension qu'elle ne put s'empêcher de lever les yeux vers lui.

- Rien du t..., commença-t-elle, mais il lui coupa court aux banalités qu'elle s'apprêtait à balbutier en secouant la tête.

- Arrête, Sakura. Je sais que tu as envie de moi, et je sais que tu essayes pas de jouer avec moi, ce n'est pas ton genre. Alors, qu'est-ce qui te retient ?

- Et bien... Oui, j'ai envie de toi, admit Sakura en se tortillant, mal à l'aise, entre les bras de Sasuke, mais... les circonstances ont fait que nous sommes devenus très intimes très vite, et j'avoue que ça me déstabilise un peu. Je ne peux pas m'empêcher de me dire que toute cette intimité n'a pas de raison d'être...

Sasuke ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Sakura n'était pas en train de lui demander le moindre engagement sérieux, comme beaucoup d'autres femmes l'avaient fait avant elle, non, au contraire : elle voulait prendre ses distances. Alors, d'ou lui venait cette idée déraisonnable qu'elle pourrait faire partie de sa vie, pas seulement pour une semaine, mais pour toujours ?

- La raison d'être de cette intimité, c'est notre désir, affirma-t-il en refoulant ces pensées absurdes. C'est la seule chose qui me pousse à faire l'amour avec une femme.

Sakura prit une profonde inspiration.

- Je sais que j'ai pu me comporter de façon ambiguë et te laisser penser que je voulais coucher avec toi, mais...

- Mais ?

- Je crois que la nuit dernière, je me suis laissé emporter par mon désir. Mais depuis...

- Tas as réfléchi, et tu as changé d'avis.

- Oui... Je me suis toujours gardée de céder à ce genre d'élan purement physique. Tu me plais toujours autant, mais je ne crois pas que ce serait une bonne idée d'aller plus loin.

Elle avait follement envie de lui, mais elle craignait de renoncer à sa sécurité émotionnelle pour un avenir sans garantie de bonheur. Elle était peut-être un peu vieux jeu, mais elle ne pouvait pas se donner à un homme sans y mettre des sentiments, et sans en attendre en retour.

Sasuke se rendait compte qu'il lui suffisait d'accepter la décision de Sakura pour échapper à la tentation qui le tourmentait depuis deux jours. C'était une chance insespérée. Alors, pourquoi hésitait-il à la saisir ?

- Tout à fait d'accord, lâcha-t-il, laconique. On ne devrait jamais mélanger travail et plaisir.

Ses paroles firent à Sakura l'effet d'un coup dans l'estomac, mais elle se dit que c'était un coup salutaire, qui la rendrait plus forte. Et elle avait besoin de force pour lutter contre la dangereuse ivresse dans laquelle la plongeait la simple présence de Sasuke.

- Je vais appeler Math pour lui expliquer ce qui s'est passé, puis nous irons déjeuner.

Sasuke serra les dents. Pourquoi le regardait-elle avec ces yeux-là, des yeux qui lui donnaient envie de la prendre dans ses bras et de lui dire... De lui dire quoi ? Qu'il lui mentait depuis le début ? Il se sentait si coupable qu'il en avait la poitrine oppressée.

Sakura approuva d'un signe de tête. Elle aurait accepté de faire n'importe quoi, du moment qu'ils sortaient de cette chambre

 

 

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