Noms de code Ran et Eikichi

Chapitre 2 : Sous le masque

2186 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 22/11/2021 21:18

Le lendemain, après un trajet éprouvant cherchant à lutter contre la montre, ils font enfin une halte pour se restaurer. Elle a du mal à reprendre son souffle mais le ninja à la cicatrice ne semble pas souffrir de cette problématique, lui. Elle repense à ses jeunes années alors qu'il était encore son professeur.

- Sensei, je voulais vous demander… Pourquoi avez-vous rejoint à nouveau les anbus ?

Son regard sombre épie les expressions de la jeune femme.

- Pourquoi est-ce que ça t'intéresse ?

- Parce que… je ne sais presque rien de vous. Mais je sais que vous étiez capitaine des anbus, avant de devenir professeur. Je me demandais ce qui vous a décidé à y retourner maintenant ?

Il l'étudie un long moment ce qui fait légèrement rougir la femme aux cheveux rose.

- Après la dernière grande guerre… Tsunade a voulu me laisser la place d'Hokage.

- QUOI ?! s'exclame-t-elle en manquant de s'étouffer au passage.

- Eh oui… La dernière grande guerre l'avait éprouvée et elle voulait passer le flambeau. De plus, toi et les autres n'aviez plus besoin de professeur et j'étais donc devenu disponible.

- Naruto aurait été vert de jalousie !

- C'est vrai. Naruto est encore trop jeune pour prétendre à ce poste, mais ce n'est pas ça qui m'a fait refuser. En fait, une vie de paperasse et d'intrigues politiques ne m'intéressait absolument pas. J'ai besoin de ma liberté et j'ai besoin d'action aussi. J'ai préféré m'enrôler à nouveau dans les forces spéciales.

- Je vous comprends. Rien ne vaut des nuits à la belle étoile et risquer sa vie à chaque instant ! déclare-t-elle ironiquement.

- Je suis comme ça, Ran. Je suis un peu comme un animal sauvage. Je ne supporterais pas d'avoir une laisse autour du cou.

- Mais alors, si je comprends bien… Les anbus vous ont servis de prétexte pour fuir une lourde responsabilité !

- Touché…

Il rit avec une sincérité communicative.

- Et toi, Ran. Pourquoi as-tu rejoint les forces spéciales ? Je dois t'avouer que j'ai été très surpris en l'apprenant, car tu étais promise à une belle carrière de médic-nin.

- Eh bien… commence-t-elle en reprenant son sérieux. J'avais des choses à me prouver. Vous savez, pour certaines personnes, les médic nin sont une classe inférieure parmi les ninjas. Ils ne servent qu'à soutenir les vrais combattants, ceux qui gagnent les missions et les guerres. Les vrais ninjas en somme… J'avais le sentiment d'être moins importante, moins essentielle et ça me pesait. Particulièrement avec les exploits de Naruto et Sasuke… Je crois que j'ai fait un complexe d'infériorité.

- Tu as fait ce choix à cause de ce que pensent certains crétins ?! Je ne peux pas croire ça ! déclare-t-il un brin de déception dans le regard.

- Non, ce n'est pas ça, s'emporte-t-elle. Enfin… un peu, je dois bien l'avouer. C'est juste que… je voulais prouver que j'étais plus que ça, que je n'étais pas là pour faire la potiche, que j'étais aussi puissante que mes coéquipiers. J'avais besoin de me sentir… forte et d'être reconnue pour ça. C'est difficile à expliquer...

Elle soupire de frustration et plonge un regard dur dans les prunelles sombres de son aîné.

- Vous savez, quand tous vos amis ne tarissent pas d'éloges sur vos coéquipiers, quand tout le monde clame combien ils sont formidables et que Konoha a été sauvé grâce à eux… ça… c'est difficile à vivre au bout d'un moment. Une petite voix en moi hurlait que j'étais forte moi aussi, que je n'étais pas une simple figurante. J'ai voulu le prouver à tous. Oh je sais, vous devez trouver ça stupide, mais essayez de vous mettre à ma place, entre deux ninjas de génie, je faisais pâle figure.

- Non, je comprends ton choix.

Surprise, la jeune femme pose un regard plein de gratitude sur le ninja copieur. Elle pensait qu'il la prendrait pour une gamine. Après tout, lui-même est un génie parmi les ninjas, et puis, c'est un homme. Ça doit être compliqué de se mettre à sa place à elle, de la comprendre vraiment. Décidément, cette mission se révèle de plus en plus intéressante.


Ils se remettent vite en route en courant autant qu'ils le peuvent. Le temps leur est compté et ils se rapprochent de leur but. Sakura se demande comment ils vont faire pour retrouver la trace d'Ayumi Kudo et des autres femmes dans cette grande ville. Et les motifs de ces enlèvements ne présagent rien de bon. Pour quelle raison peut-on bien enlever de jolies jeunes femmes ? Un frisson glacé d'angoisse lui parcourt l'échine en imaginant les abjectes desseins de ces criminels.

- Je propose une halte, Ran. Le jour décline, on devrait monter notre campement.

- Oui sensei. Je vais aller à la chasse pour le dîner, si vous êtes d'accord.

- Très bien.

La jeune femme ne tarde pas à revenir avec un lapin ainsi que quelques baies sauvages. Elle retrouve son coéquipier aux cheveux d'argent qui a installé leurs affaires autour d'un foyer. Il lui prend l'animal qu'il commence à dépecer. La jeune femme s'assoit contre un arbre et le regarde faire avec intérêt. Il a retiré son masque de loup et se concentre sur sa tâche. Son regard se porte sur sa cicatrice à l'œil. Elle se rappelle qu'il cachait toujours cet œil quand il n'avait pas la maîtrise de son sharingan, mais elle aime voir cette cicatrice en fait. Ça lui rajoute un quelque chose qui ne lui déplaît pas. Ses yeux descendent ensuite sur le fameux masque noir du shinobi et elle donnerait cher pour voir ce qu'il y a dessous. Elle devine de beaux traits d'après les formes que l'on peut distinguer sous le fin morceau de tissu. Elle descend encore et se permet d'étudier le reste du corps de son aîné. Ses bras en particulier retiennent son attention, avec ses épaules nues et son tatouage d'anbu. Elle imagine un instant un torse musclé parfaitement dessiné. Une petite voix dans sa tête s'offusque des pensées indécentes qui lui viennent à l'esprit mais… elle peut bien imaginer ce qu'elle veut quand même !

- À quoi tu penses, Ran ? Pourquoi tu me fixes comme ça ? demande-t-il sans quitter des yeux son travail.

La kunoichi se met à rougir légèrement. Vite, il faut qu'elle trouve de quoi lui répondre.

- Eh bien je… je me demandais pourquoi vous portiez toujours ce masque ?

Ce n'est pas un mensonge, elle y a bien songé après tout ! Il lève les yeux en arquant un sourcil d'un air interrogateur.

- Pourquoi cette question maintenant ? Après toutes ces années sans avoir jamais rien demandé... je trouve ça étonnant.

- Hum… je ne sais pas. Je n'ai jamais osé vous poser cette question, c'est vrai. Peut-être que c'est parce que je ne suis plus votre élève.

Il la regarde d'une manière si intense qu'elle a du mal à ne pas détourner les yeux de gêne.

- Tu te demandes pourquoi je le porte, ou bien tu voudrais... voir mon visage ? questionne-t-il avec malice.

Le rouge s'intensifie un peu plus sur ses joues. Il est temps d'assumer sa curiosité.

- Les deux, bien sûr. Ça fait 10 ans qu'on se connaît, j'aimerais évidemment voir votre visage, mais je sais que vous ne le ferez pas. Alors ce n'est pas la peine de le demander.

Mieux vaut dire la vérité qu'inventer un mensonge criard.

Il reste quelques secondes sans bouger, puis effectue un déplacement instantané pour se retrouver accroupi juste en face d'elle, ses yeux perçants l'intimidant honteusement. Il pose doucement un doigt au-dessus de son masque et fait mine de vouloir le baisser. Sakura déglutit avec difficulté et sa respiration se bloque dans sa gorge.

- Tu veux que je te le montre ? Demande-t-il sérieusement.

La gorge nouée, elle se contente de hocher la tête. Elle voit le tissu descendre lentement sur sa joue tandis que son rythme cardiaque s'accélère. Puis, il retire son doigt du tissu et le tend juste en face de la jeune femme.

- Eh bien ce ne sera pas pour aujourd'hui ! jubile-t-il en se relevant pour retourner à son travail.

Elle le retient par le poignet et le sent immédiatement se tendre à ce contact.

- Je le savais, mais ça ne me dit pas pourquoi vous le portez toujours. Depuis quand ça vous est venu ?

Il la transperce à nouveau de son regard ténébreux et pénétrant, puis s'assoit en face d'elle en tailleur.

- D'accord… si tu me révèles… ta plus grande peur.

- Ma plus grande peur ? Euh… d'accord.

Elle réfléchit un instant avant de reprendre.

- Je pense que c'est de voir mourir ceux qui me sont chers.

- Ah non ma petite Ran, c'est trop facile ça. Tout le monde a cette peur.

Puis il rapproche doucement son visage de la jeune kunoichi tout en la transperçant de ce regard d'onyx qui l'hypnotise.

- Dis-moi la peur qui te caractérise le plus. Celle que tu n'oserais dire à personne... en temps normal, lui chuchote-t-il presque.

Les mots de son compagnon glissent sur elle avec malice. Sa voix lui paraît différente, plus taquine et intime. La jeune femme écarquille un peu ses prunelles vertes avant de détourner les yeux de son compagnon. Elle réfléchit longtemps à la réponse qu'elle va lui donner. Elle connaît la réponse à cette question, mais souhaite-t-elle le lui dire ? Elle baisse les yeux pour fixer une touffe d'herbe au sol.

- J'ai peur… de... ne compter pour personne. D'être seule… vraiment seule.

Le ninja copieur relève légèrement ses sourcils de surprise. Puis, il pose sa paume à plat sur les cheveux rose avec un doux regard.

- Tu comptes pour nous, Sakura. Tu es importante pour nous et tu le seras toujours.

Elle tressaille légèrement en entendant son vrai prénom. L'a-t-il fait exprès ?

- Hum, dit-elle en acquiesçant.

Néanmoins, elle sait très bien qu'elle ne croit pas complètement aux paroles de son ancien professeur. Il cherche juste à la rassurer, mais elle est bel et bien seule. Oui elle a des amis, une famille, des gens qui l'aiment. Mais, elle a toujours l'impression d'être la cinquième roue du carrosse, d'être celle qu'on appelle en dernière, celle qui rentre seule chez elle. En même temps, elle a voulu tromper cette peur en plongeant la tête la première dans cette fichue solitude quand elle a rejoint les anbus. Elle a rempli sa vie de travail et mis un masque pour échapper à ses démons.

- Maintenant vous devez répondre à ma question, Eikichi-sensei.

- Oui, je crois bien.

Kakashi passe une main gantée dans ses cheveux d'argent en soupirant.

- Et bien... je ne sais pas si tu le sais mais j'ai perdu ma mère très jeune. Mon père, un grand ninja de Konoha, m'a élevé seul. Il a mal vécu le deuil et est devenu très froid. Chaque fois qu'il me voyait pleurer, il me reprochait ma faiblesse. "Un ninja ne doit pas se laisser déborder par ses émotions" me disait-il tout le temps. Alors, avant même de rejoindre l'académie, j'ai décidé de cacher mes émotions avec ce masque. Il m'a été d'une grande aide et j'ai décidé de ne jamais l'enlever. De plus, le fait que mon entourage ne connaissait pas mon vrai visage m'amusait beaucoup !

- Est-ce que vous l'avez déjà montré à quelqu'un ?

- Oui évidemment, mais j'ai dû me débarrasser d'eux après coup ! répond-il les yeux menaçant.

- Un jour je le verrai, affirme-t-elle avec provocation.

- Alors je devrais également me débarrasser de toi.

Ils se regardent un long moment avant de s'esclaffer de rire l'un comme l'autre. Puis le ninja aux cheveux d'argent retourne s'occuper du repas pendant que sa compagne s'acharne à allumer un feu dans le foyer. La soirée se passe gentiment et ils investissent leur sac de couchage respectif, à proximité l'un de l'autre. Ils admirent le ciel étoilé en discutant encore de tout et de rien. Ils repensent au temps de la team 7 et ricanent sur des anecdotes concernant Naruto. Il y en a tellement !

Sakura sait que sa relation avec celui qui a été son professeur est en train de changer et ça lui plaît énormément. Elle aime cette complicité qui est en train de s'installer et se sent privilégiée par le fait qu'il veuille bien lui dévoiler certains de ses secrets.

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