Noms de code Ran et Eikichi

Chapitre 1 : Je ne suis plus une petite fille

3115 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 14/09/2021 22:39

Les deux anbus sont perchés sur un arbre en amont du campement ennemi. Ils observent calmement les sept hommes qui se reposent, inconscients du danger qui les menace. Debout sur une branche se tient une jeune femme dont le visage est caché derrière un masque de chat. Ses longs cheveux roses sont attachés en chignon dont s'échappent quelques mèches bercées par le vent. A ses côtés se trouve un homme accroupi sur la même branche. Ses cheveux argentés sont ébouriffés autour de son masque de loup. Pour cette mission, ils endossent l'identité de Ran et Eikichi.


- Laissez-moi m'occuper d'eux Eikichi, demanda la kunoichi.

- Comme tu voudras. Mais n'oublie pas qu'il nous les faut vivant, Ran.

- C'est comme si c'était fait.


La jeune femme se laisse alors tomber gracieusement de son perchoir les bras en croix, un kunaï dans chaque main. Après une pirouette, elle atterrit avec souplesse au milieu de cette foule médusée. Plus personne n'ose faire le moindre mouvement, ni émettre un seul son. En un instant, la tension est à son paroxysme. Ils la jaugent, essayant de mesurer l'ampleur de la menace qu'elle représente. Elle relève doucement la tête et fait pivoter ses kunaïs avec dextérité avant d'adopter sa position de combat. En une seconde, le silence et le calme laissent la place à la discorde tandis que tous s'élancent vers elle. C'est alors que sa danse commence... Ses mains agiles s'agitent pour parer les vaines attaques. Ses kunaïs caressent des peaux en laissant des traînées rouges vermeil derrière son passage. Avec souplesse, la anbu évite un homme grâce à une fente à droite, puis effectue un soleil en arrière et poignarde un autre ennemi en prenant soin d'éviter ses points vitaux. Ils sont incapables de la saisir ou de la toucher malgré toutes leurs tentatives. La frustration puis la peur s'emparent de ceux qui sont encore debout. Tel un félin, elle enchaîne les pas et cabriole avec légèreté. Le spectacle est sublime sous le chant de douleur de ses victimes. Un coup derrière la nuque du dernier ennemi et la jeune femme salue son public. Des applaudissements se font entendre tandis que son compagnon descend la rejoindre.


- Magnifique Ran ! Avec toi, le taijutsu mérite vraiment son titre d'art.

- Merci sensei, lui répond-elle avec un ton qui se veut neutre.


Un sourire se dessine derrière son masque. Elle a à cœur d'impressionner son ancien professeur, surtout qu'elle sent qu'il n'a pas complètement confiance en elle. Ça ne faisait que renforcer son sentiment d'infériorité, mais elle compte bien sur cette mission pour prouver sa valeur une bonne fois pour toutes.

Elle se dirige vers un des blessés et commence à l'interroger :

- Dis-nous ce que tu sais sur la disparition d'Ayumi Kudo !

- Je ne sais rien, laissez-moi je vous en prie !


L'homme, un jeune blondinet qui semble à peine sorti des couches, paraît terrorisé. La jeune kunoichi continue son interrogatoire en usant de la menace. Cette mission patauge sérieusement et elle commence à craindre le pire pour les cinq jeunes femmes qui ont disparues. Elles se sont volatilisées sans laisser la moindre trace en quelques jours d'intervalle. Aucun motif de fugue connu. Aucun ennemi évident n'a été identifié. De plus, elles vivaient toutes dans des villes différentes dans le sud du pays du feu et rien ne semble les relier entre-elles. Le seul point commun est qu'elles étaient toutes jeunes et très belles. La police locale est complètement désemparée et la famille d'Ayumi Kudo, assez influente dans la région, a fait pression sur le Daimyô du feu pour qu'il agisse. Immédiatement, Tsunade a été sommée d'envoyer des anbus pour s'occuper de l'affaire. A peine quelques heures plus tard, Kakashi et Sakura quittaient Konoha pour rejoindre le sud en direction du village où Ayumi Kudo résidait avant sa disparition.


Le seul renseignement qu'ils ont réussi à glaner, concerne ce groupe de malfrats. Ils ne sont pas regardant sur les tâches à effectuer tant que la paye est bonne et ont apparemment été aperçus près des villages où ont eu lieu les disparitions. Ils représentent donc la seule piste qu'il leur reste. Sakura empoigne donc le blondinet par le col pour lui soutirer les informations nécessaires.

Soudain, elle sent une perturbation dans l'air ambiant. Elle relève la tête et voit des dizaines de petites boules foncer sur elle. "Des explosifs !" Elle effectue plusieurs rondades en arrière, mais le souffle des multiples explosions la projette plusieurs mètres au loin.


L'anbu aux cheveux d'argent s'élance en direction de leur agresseur pour se battre contre lui. Celui-ci semble bien plus coriace que les autres. C'est assurément un ninja confirmé. Sakura vient prêter main forte à son coéquipier. Cette fois, pas le temps de danser, elle fonce en préparant un coup de poing surpuissant. Quand il l'aperçoit, l'homme réalise quelques mudras pour invoquer un Katon. Une flopée de boules de feu surgit de sa bouche et la jeune femme prépare sa riposte, quand elle se fait violemment repousser par son collègue.


- Laisse-moi faire, Ran !


Elle serre les dents. Elle allait effectuer la technique de la vague du chaos, mais son ancien professeur n'a apparemment pas suffisamment confiance en elle pour la laisser se débrouiller. Elle peut s'occuper du menu fretin, mais pas du gros gibier. "C'est injuste !".


Kakashi fait appel au chidori et perfore le ventre de leur agresseur, qui disparaît dans un nuage de fumée. "Un clone !" L'homme apparaît ensuite derrière Kakashi et s'apprête à le frapper avec un bâton de combat qui semble fait d'un métal noir inconnu. L'anbu esquive facilement. Le bâton fracasse littéralement la branche sur laquelle il se trouvait, ainsi que toutes les autres aux alentours. "Il utilise son chakra pour donner une puissance phénoménale à son arme."


Les deux combattants reviennent sur la terre ferme. Sans chercher l'approbation de son aîné, Sakura se joint à eux munie de ses kunaïs. Seulement, ce ninja manie son bâton avec une grande dextérité et la kunoichi n'arrive pas à passer sans risquer de prendre un mauvais coup. Elle tente quelques percées tout en se déplaçant pour que Kakashi se retrouve à l'exact opposé. Néanmoins, l'homme ne semble pas souffrir de ce handicap et les harcèle l'un comme l'autre avec le tournoiement mortel de son arme. Impossible de passer. Le corps à corps n'est pas une option, manque de chance c'est sa spécialité... "Si je ne peux pas l'atteindre directement, alors je dois le déstabiliser..."


Sakura concentre alors son chakra dans son poing qu'elle lève haut au-dessus de sa tête. Kakashi comprend ce que veut faire la jeune femme et saute en l'air au moment où elle fracasse le sol le plus près possible de sa cible. La terre à leurs pieds explose et le renégat saute dans les airs pour échapper à l'éboulement. Seulement, l'anbu aux cheveux d'argent est déjà positionné au-dessus de lui. Ses deux mains jointes lui percutent la tête tel un marteau. L'homme est projeté à terre et ne bouge plus. Immédiatement, Sakura lui attache fermement les poignets dans le dos avec des menottes l'empêchant d'utiliser son chakra.


- Bien joué, Ran.

- J'ai donc bien fait d'intervenir on dirait, raille la jeune femme.

L'anbu ne répond rien. Il se dirige vers leur prisonnier pour l'interroger.

- Hey, toi, qui es-tu ?

- J'te dirais rien !

- Dis-nous où se trouve Ayumi Kudo.

- Je dirais rien, bordel !

- Comme tu voudras...


Le ninja copieur retire son masque de loup et active le mangekyô sharingan en fixant le prisonnier. L'instant d'après, l'homme se pétrifie avec une expression torturée sur son visage. Sakura sait que Kakashi l'a emprisonné dans une technique de genjutsu pour obtenir les informations voulues.


- Avez-vous kidnappé Ayumi Kudo, ainsi que quatre autres femmes ?

L'homme serre les dents et tente de résister.

- O-Oui...

- Qui vous a payé pour ça ?

- J-Je ne sais pas. On ne l'a jamais vu. On-on nous a donné leur photo, leur nom et leur adresse, c'est tout.

- Pourquoi ont-elles été enlevées ?

- Je ne sais pas... On n'a pas demandé. On nous a donné une petite fortune en échange, c'est tout ce qui comptait.

- Où les avez-vous amenées ?

- À... Rhaaaaaa !


Il résiste du mieux qu'il peut et son visage se tord de douleur.

- Réponds !

- À Ku... Kumasaki...


Sakura est étonnée. Kumasaki est une ville tout ce qu'il y a de plus paisible. Elle est connue en tant que capitale culturelle et regorge de galeries, musées et boutiques de créateurs.

- Les autres sont morts lors des explosions, Eikichi. Remettons celui-là aux autorités et partons vite pour Kumasaki.


Sans un mot, ils se mettent en route, déposent le shinobi restant aux autorités et répètent les révélations qu'il leur a fait en demandant à ce que l'Hokage soit averti de l'avancée de leur enquête. Kumasaki se trouve à plusieurs jours de route, c'est pourquoi ils foncent avec hâte. Le temps joue contre eux.


Sur le chemin, Sakura serre les dents, ressassant l'attitude qu'a eu son partenaire envers elle. Elle voulait justement lui prouver sa valeur et l'occasion était parfaite pour lui montrer sa maîtrise des techniques suiton. Mais non... il l'avait juste poussée comme si elle n'était qu'une gêne pour lui. Il la croit donc si inutile ? Elle doit constamment subir ce sentiment d'infériorité qui ne la quitte jamais depuis sa plus tendre enfance. Elle a beau être devenue extrêmement forte, ses coéquipiers de la team 7 ne la verront jamais comme telle et ça la brûle à en crever. Elle serre ses poings si forts que la jointure entre les phalanges en est toute blanche.


Au coucher du soleil, ils décident de camper en pleine forêt. La jeune kunoichi prépare un foyer, tandis que son compagnon s'occupe de vérifier son matériel.

- Est-ce que quelque chose ne va pas, Ran ? Tu es anormalement silencieuse.

En effet, la jeune femme n'a pas ouvert la bouche une seule fois. Que croit-il ? Qu'elle va faire comme si de rien n'était ? Kakashi est occupé à aiguiser ses armes, assis sur son sac de couchage, adossé à un arbre. Il a retiré son masque de loup, sa bouche et son nez sont bien entendus toujours cachés sous le masque en tissu qui ne le quitte jamais. Sakura décide qu'il est inutile de jouer la comédie et autant crever l'abcès directement.


- Je voudrais que vous arrêtiez de me traiter comme une enfant, lui répond-elle avec aplomb.

Le son des lames qui glissent l'une sur l'autre s'arrête brusquement. Elle sait qu'il la regarde, mais elle préfère contempler le ciel à travers les branches.

- Tu peux m'expliquer ?

Devoir se justifier en plus, la fait passer pour l'emmerdeuse qui créait intentionnellement des problèmes. Elle soupire en rassemblant ses idées.

- Vous agissez avec moi comme si j'étais toujours la petite genin de 12 ans que vous avez connu, dit-elle en tentant de masquer sa frustration.

- C'est faux. Pourquoi dis-tu ça ?


Elle serre les dents.

- Vous m'avez mise de côté, comme si j'étais inutile.

- Non, je t'ai évité d'être blessée, nuance.


Il confirme donc ce qu'elle soupçonnait déjà. La colère en elle monte encore d'un cran.

- Vous croyez vraiment qu'une telle attaque pouvait me blesser ? Vous avez si peu confiance en mes capacités ?

- Bien sûr que j'ai confiance en toi, mais c'est mon rôle en tant que capitaine de cette mission d'éviter tout problème.


Folle de colère, la jeune femme transperce l'anbu de ses grands yeux verts.

- J'étais en train de préparer une riposte avec une technique suiton. Vous saviez que je maitrisais le suiton ? Non, évidemment... Vous n'avez même pas vu que j'étais capable de contrer son katon et c'est ça qui me blesse le plus, réplique-t-elle avant de partir seule en courant entre les arbres.


Elle ne sait pas où aller. Ça n'a pas vraiment d'importance. Elle a seulement besoin de prendre de la distance. Elle s'élance et saute de branches en branches jusqu'à un arbre qui surplombe une vallée. Ici, le paysage lui paraît suffisamment reposant pour rassembler ses pensées. Elle descend de l'arbre et s'assoit dans l'herbe fraîche tout en s'adossant au tronc. Une idée particulièrement tenace la ronge de l'intérieur : peu importe ce qu'elle ferait, elle ne sera jamais rien de plus qu'une fillette inutile aux yeux de Kakashi. Ce sentiment d'échec lui donne la nausée.


Pour intégrer les anbus, sa force surhumaine développée avec Tsunade n'avait pas suffi. Elle avait travaillé dur pour élargir sa panoplie de techniques, notamment avec les éléments suiton et le genjutsu pour lequel elle avait une prédisposition. En complément, elle a énormément travaillé de taïjutsu, qui était déjà une de ses spécialités, afin d'être plus rapide, plus discrète et donc, plus efficace. C'est à ce moment-là qu'elle a élaboré sa redoutable danse de combat dont ses autres collègues vantaient les mérites. Elle pensait avoir enfin obtenu la reconnaissance de ses pairs, mais non. Il est évident que Naruto, Sasuke et Kakashi ne la verraient jamais comme telle. Et l'attitude de son ancien professeur lors de ce combat confirme à nouveau ce qu'elle sait déjà. Tout ça pour rien. Elle s'est battue pour rien. Cette injustice lui laisse un goût amer au fond de la gorge.


Une bonne heure s'écoule ainsi avant qu'elle ne sente le chakra de son coéquipier arriver près d'elle. Il se pose en douceur juste à côté d'elle, mais elle continue de contempler la vallée en contrebas.

- Ran, tu ne peux pas partir comme ça. La nuit est en train de s'installer, il faut revenir au campement.

- Vous savez... J'en étais sûre, dit-elle d'un ton las. J'étais anxieuse de faire cette mission avec vous, car au fond de moi je savais que vous posiez le même regard sur moi qu'avant.

- Encore une fois tu te trompes Sakura.


"Il utilise mon vrai nom !" s'étonne-t-elle en le regardant pour la première fois. Elle ne peut déchiffrer ses émotions, bien à l'abri derrière son masque d'anbu. Sa colère est loin de s'estomper et elle choisit avec soin les mots de sa prochaine réplique.


- Si c'était Naruto ou Sasuke avec vous, vous n'auriez pas réagi de la sorte. Mais moi... comment pourrais-je m'en sortir ? Pauvre petite fille pathétique que je suis.

Elle veut sa dernière phrase cinglante au possible et lui crache presque les mots au visage.

Le ninja copieur retire son masque de loup et le déplace sur le côté de sa tête. Ensuite, il s'accroupit lentement pour se retrouver à la hauteur de la jeune fille. Son regard est doux et peut-être un peu... triste ? Il inspire profondément avant de répondre.


- Tu as raison, je l'admets. Avec Naruto ou Sasuke je n'aurais peut-être pas agi de la même manière. Mais ça ne veut pas dire que je te trouve faible. C'est juste que... je ne peux pas m'empêcher d'être protecteur à ton égard. J'en suis désolé. Peut-être que je me prends encore pour ton professeur.


Même avec ses excuses, elle ne peut s'empêcher d'être furieuse contre lui, mais surtout d'être déçue et triste. elle se lève et se retourne pour ne plus le voir. Elle sent des larmes monter à ses yeux et se déteste d'être si émotive. Il pose sa main sur son épaule et l'oblige doucement à lui faire face à nouveau.


- Je t'assure que je suis le premier à reconnaître ta valeur. Ça fait très longtemps que l'on n'avait pas fait de mission ensemble, mais j'entends ce que les autres racontent sur toi et j'en ressens de la fierté et... de la frustration aussi, car... je sais que je n'en ai presque aucun mérite. J'aurais voulu en avoir fait plus pour toi. C'est sûrement à cause de ça que tu penses que je te trouve faible.


Sa voix s'est peu à peu éteinte tout au long de son discours. Il semble si sincère et il prononce les mots qu'elle a toujours voulu entendre de sa part. La jeune femme est bouleversée. Elle voudrait le remercier, mais sa gorge est complètement nouée.


- Je ne te trouve pas faible, Sakura, et encore moins pathétique. Tu es de loin la meilleure kunoichi que je connaisse. Tu es la digne héritière de Tsunade et je pense même que tu l'as surpassée.


La kunoichi a du mal à réprimer la foule d'émotions qui se déversent en elle. Elle passe ses bras autour de lui et le serre contre elle. Des larmes s'échappent de ses paupières closes, mais elle s'en fiche à présent. Kakashi l'étreint également et pose sa main droite sur sa tête dans un geste presque paternaliste.


- Pardon... pour avoir été un si mauvais professeur, lui chuchote-t-il avec douceur.

Elle voudrait lui dire qu'il a été un excellent professeur qui lui a appris à être forte et à se surpasser, mais aucun son ne sort de sa bouche. Elle se contente de secouer la tête négativement.

- Tu pourrais même devenir hokage un jour !

Un gloussement lui échappe et d'un coup, toute sa peine s'évapore.

- Ah, non merci ! Je ne voudrais pas m'attirer les foudres de Naruto.



Ils rient tous les deux en imaginant la scène.

- Merci sensei, ajoute-elle en continuant de le serrer contre elle.

- Je suis sincère et je te promets de faire attention à ne pas être trop protecteur à l'avenir. Tu viens maintenant ? demande-t-il en la regardant affectueusement.

Elle lui sourit chaleureusement avant de rejoindre le campement à ses côtés.

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