LE TRIANGLE DE KONOHA (Kakashi x OC x OC)
Chapitre 48 : Trois hommes, trois rendez-vous
5552 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour il y a 20 jours
Chapitre 48 : Trois hommes, trois rendez vous
Mon weekend passe vite. Malgré l’insistance de Sakura pour que je lui parle de ce qui me travaille, j’arrive à la mettre à la porte de chez moi le lendemain matin.
Je tombe sur Nanba en me promenant le samedi et nous convenons d’aller au restaurant le lundi soir. C’est très bien, j’aurai l’occasion de passer une soirée en tête à tête avec lui pour voir s’il me plait et si je suis devenue un cœur de guimauve. En attendant ce restaurant, je reste loin de toutes sources de problème, ne voyant ni Rinko ni Kakashi, me concentrant sur moi et sur mes activités.
Je décide d’un plan d’attaque pendant ces heures calmes et tranquilles.
Ma fin de soirée avec Kakashi ayant été – encore une fois - terriblement gênante, je m’imagine mal lui tomber dessus au hasard dans Konoha et encore moins avec Rinko. Il faut que je prenne la température, que je voie si tout est cool entre nous ou bien si tout a encore changé, j’ai besoin de savoir un peu où nous en sommes. Je passe donc au bâtiment de Minato avant mon service le lundi matin et je repère vite sur les plannings qu’il dispense un entrainement spécial à une troupe de chûnin mardi soir.
Je passerai donc le voir, et je verrai Rinko le mercredi. Ça me semble bien, les voir les trois sur trois jours pourrait m’aider à y voir plus clair avant ma discussion avec Sakura, jour où j’ouvrirai la porte de ce que je veux et ce que je ressens. Tout est calibré, tout est carré, c’est tout moi.
*
Le lundi soir, je me rends donc au restaurant avec Nanba.
Il s’est bien habillé pour l’occasion et il est galant mais ne fait rien d’un peu entreprenant. Notre repas est dans l’amitié totale, j’en arrive même à me demander si je ne me suis pas plantée de bout en bout en pensant lui plaire.
Nous discutons beaucoup de nous, de notre enfance, de l’académie. C’est très plat et je me rends compte avant même que le plat arrive que non, je ne suis effectivement pas devenue un cœur de guimauve.
Je prends quand même le temps de le détailler, de vraiment me demander si je pourrais envisager quoi que ce soit avec lui mais la réponse me saute au nez : c’est un grand non.
Je sais déjà que ça donnerait la même chose qu’avec Izumi, un homme sympa, vraiment gentil, avec qui je m’entends bien… mais c’est tout. C’est peine perdue, je suis bloquée dans mon triangle insupportable.
Si Kakashi n’existait pas, ce serait drôlement plus simple, il n’y aurait que Rinko à mes yeux et je ne me poserais aucune question, j’aurais simplement à attendre patiemment de voir si notre relation évoluerait vers du positif.
Mais Kakashi existe, et fiche le cirque dans ma tête. J’ai beau adorer Rinko, le trouver fantastique, avoir envie de passer du temps avec lui, dès que je vois Kakashi, je n’arrive pas à me contrôler, c’est comme si c’était plus fort que moi. Dès que je suis avec lui, il n’y a que lui et Rinko sort de mon esprit.
Nanba est encore moins audacieux que la plupart des gens, puisqu’il ne monte même pas mes escaliers de terrasse lorsqu’il me raccompagne le soir :
- J’ai passé une super soirée Hanako, me dit-il.
- Moi aussi, c’était chouette. Je suis heureuse de t’avoir rencontré, et puis nous nous reverrons en fin de semaine, chez Toru, glisse-je.
- Ah oui ? Tu seras là ? demande-t-il avec un air heureux.
- Oui, Rinko m’y a invité, réponds-je.
- Génial, alors bonne soirée, répond-il.
- Bonne soirée !
Et il s’en va.
Je soupire presque en montant mes escaliers, je pense que nous nous sommes mal compris, je ne vois pas d’autre option, il n’a vraiment eu aucun geste, aucune parole qui pourrait me faire penser que je lui plaise. Ce qui n’est sans doute pas plus mal puisque je ne suis pas vraiment intéressée… Peu importe, j’ai au moins un nouvel ami et un allié de plus à la soirée de Toru.
*
Le mardi en fin de journée, mon programme continue. Je suis stressée comme tout à l’idée de revoir Kakashi, je ne sais pas de quelle humeur je vais le trouver et c’est vraiment pénible à force.
Avec Rinko, je ne me pose jamais ce genre de questions, je sais qu’il sera souriant et de bonne humeur, c’est tellement apaisant, tellement moins anxiogène que les grands-huit émotionnels que m’offre Kakashi.
Va-t-il me hurler dessus ? Va-t-il m’envoyer bouler ? Va-t-il prendre ma main ? Va-t-il m’embrasser ?
Je ris comme une dingue à ces pensées en me disant que quelque chose ne tourne définitivement pas rond. Je ne sais pas pourquoi je m’inflige ça, sérieusement ! Je ne sais pas pourquoi je m’accroche encore après tout le temps que je peux passer à y réfléchir et à en arriver à la conclusion que ça ne rime à rien.
Je n’ai même pas encore trouvé de prétexte lorsque j’arrive au terrain d’entrainement alors je me glisse parmi les arbres pour observer sa séance en réfléchissant. Sa tête ne m’inspire pas particulièrement aujourd’hui, il est neutre, voir froid et aboie ses ordres depuis le bord du terrain.
Je devrais peut-être simplement lui dire que Sakura n’avait pas de problème, que je venais le rassurer… c’est la seule chose qui me vient sur le moment. Après tout, elle a débarqué chez moi à une heure du matin, c’est tout de même inquiétant…
Je n’ai pas mieux de toute façon alors lorsqu’il annonce à ses troupes que l’entrainement est fini, je m’avance bravement vers lui.
Il est penché sur une table en bois brut, où il note des choses sur un petit bloc note avec un air concentré. Lorsque j’arrive à quelques mètres de lui, il ne détourne pas les yeux, continuant d’écrire :
- Bonjour joli moustique, dit-il simplement.
Ouah. En une seconde, le ton est donné, et l’humeur a l’air au très beau fixe. Je déteste ce pouvoir qu’il a sur moi, je deviens toute heureuse, j’en glousserais presque, c’est un vrai scandale...
- Bonjour, dis-je timidement en me plantant à côté de lui.
Il me lance un joli regard :
- Je finis juste mon rapport d’entrainement et je suis à toi, précise-t-il.
Je rougis déjà et je me ficherais des claques, mais je l’observe finir rapidement puis ranger son bloc note.
- Tu notes les vilains garnements et les gentils obéissants ? plaisante-je.
- Exactement, tu as tout compris ! dit-il en riant.
- Et bien, ça ne donne pas envie de participer à l’un de tes entrainements, pouffe-je.
- Pas besoin d’y participer, j’ai déjà noté ton nom chez les vilains garnements, plaisante-t-il.
Je rougis de plus belle en baissant le nez, je ne m’attendais quand même pas à ce qu’il soit de si bonne humeur et je ne sais déjà plus par quel bout le prendre, encore moins lorsque je le sens qui glisse une mèche derrière mon oreille, sa nouvelle habitude, et qu’il caresse doucement ma joue du bout des doigts en retirant sa main, me faisant le regarder avec ce que j’imagine être des yeux remplis d’étoiles, ou deux gros cœurs battants, comme dans les cartoons… En tout cas, il me sourit :
- Je plaisante, je n’aurais jamais fait ça, ajoute-t-il affectueusement.
- Tu insinues que je suis gentille et obéissante ? demande-je.
- Jamais de la vie, mais je ne noterais pas ton nom chez les vilains, je ne voudrais pas que tu aies des problèmes, dit-il en retenant un rire.
- Tu préfères me disputer toi-même ! pouffe-je.
- Assurément, que me vaut le plaisir de ta visite ?
Vu comme ça se passe bien, je n’ai pas envie de mentir.
- J’avais envie de te voir, avoue-je donc.
- Vraiment ? s’étonne-t-il.
- Oui…
- Ça me rend heureux. J’allais passer chez toi en rentrant justement, dit-il.
- Vraiment ? répété-je en roucoulant.
- Oui, pour te donner le rapport que j’ai écrit à ta place.
- Ah… dis-je, un peu déçue.
- C’était surtout une excuse pour venir te voir, précise-t-il.
Il sort de sa poche quelques feuilles bien pliées qu’il me tend et je saute sur la table pour m’assoir, les jambes croisées, afin de les lire. Il vient se planter devant moi, posant ses mains de chaque côté de mes jambes sur la table et je reste bien concentrée sur ma feuille pour ne pas céder à la panique.
Il est tout près, vraiment tout près, son visage doit être juste au-dessus du mien puisqu’il est penché légèrement en avant, je sens carrément la chaleur qui se dégage de son corps. Je n’arrive même plus à comprendre les mots sous mes yeux lorsque son parfum divin me chatouille les narines. Mais qu’est-ce qu’il fait ? Est-ce qu’il est en train de reprendre littéralement où nous nous en sommes arrêtés vendredi soir ? Ça me parait drôlement improbable, je l’imagine mal m’allonger sur une table au vu et su de tous… j’entends même un entrainement sur le terrain d’à côté…
J’ose relever les yeux une seconde, et je constate qu’il lit tout simplement le document avec moi. Je croise ses yeux interrogateurs quand il remarque je le regarde et je baisse le nez dans ma lecture hâtivement, me sentant bête et nunuche au possible d’avoir imaginé une chose pareille.
- Ça m’a l’air très bien, couine-je alors que je n’ai rien lu.
- Tant mieux alors, je n’étais pas trop sûr de la partie où j’ai écrit que tu trouvais le kage complétement pompeux, dit-il.
- Quoi ?! m’exclame-je d’une voix aigüe en me replongeant vivement dans les lignes.
Il éclate de rire en se redressant :
- J’étais sûr que tu n’avais rien lu du tout ! Je suis formé aux renseignements Hanako, c’est tout de même le genre d’information qui ne m’échappe pas ! s’exclame-t-il en riant de plus belle.
Je ne sais même pas trop quoi répondre tant j’ai honte :
- C’est parce que je te fais confiance ! couine-je comme une souris.
- Ça me touche, se marre-t-il encore. Mais ça ne t’aurait pas pris beaucoup plus de temps de le lire vraiment !
Je passe vraiment pour une idiote, autant être honnête.
- C’est parce que tu m’as perturbé ! l’accuse-je.
- Ah bon ? Pourquoi ?
- Je ne sais pas… à te …pencher comme ça ! bafouille-je en agitant une main agacée.
- Ravi d’apprendre que je te trouble, répond-il joyeusement.
Je le dévisage avec un petit air choqué et il rit encore plus.
- Ce n’est pas un scoop je crois…, marmonne-je.
- Ah bon ? demande-t-il d’une voix de velours.
Je plisse un peu les yeux face à son air innocent :
- Je crois t’avoir déjà montré de façon suffisamment claire que ta proximité me trouble, murmure-je.
- Pas sûr que ça ait été assez clair non, chuchote-t-il en reprenant sa position bien trop proche.
Mes yeux s’écarquillent un peu tandis que mon cœur accélère automatiquement :
- Si tu arrives à voir quand je ne lis pas vraiment un document, je ne crois pas que tu manquerais mon pouls, souligne-je à voix basse.
- Non, en effet, susurre-t-il.
Je perds encore mes moyens, je ne m’attendais vraiment pas à ça. Je ne sais pas sur quel pied danser, je ne sais pas ce qu’il attend de moi ou de la situation, je suis encore plus perdue qu’après vendredi soir… Je ne sais même pas s’il a déjà passé autant de jours consécutifs sans me prendre la tête depuis que je le connais…
- J’ai beaucoup pensé à vendredi, chuchote-t-il alors comme une confession.
- Ah bon ? couine-je.
Cette fois au moins, il a l’air de me rejoindre dans le trouble, je vois le haut de ses pommettes qui se colorent très légèrement et ça me soulage.
- J’ai adoré passer la soirée avec toi, reprend-il en fronçant un peu les sourcils.
- Moi aussi, vraiment, précise-je.
- Tu penses qu’on… qu’on pourra recommencer ? demande-t-il timidement.
- Mais évidemment, murmure-je.
Ça me parait vraiment trop beau pour être vrai, je ne peux pas croire qu’il veuille recommencer, j’ai déjà un million d’autres questions à lui poser et mon cœur vibre à l’idée de passer autant de temps avec lui.
- Quand ? demande-t-il.
- Et bien … samedi soir ? propose-je.
- Il y a la soirée de Toru, dit-il en riant un peu, me disputant de ses yeux amusés.
- Dimanche soir alors ? réponds-je.
- C’est dans trop longtemps, souffle-t-il.
Je ne peux réprimer un grand sourire à ses mots, me perdant dans son regard qui m’enchante, comme d’habitude, et il approche encore un peu sa tête de la mienne, toujours appuyé de chaque côté de mes cuisses, me prenant dans un divin piège.
- Je patrouille jeudi soir... alors demain ? demande-t-il.
- Je vois Rinko… dis-je en me mordant la lèvre.
- Et pourquoi pas vendredi soir ? On pourrait faire la même que la semaine dernière, ça ne change pas grand-chose qu’il y ait les autres avant si ? dit-il d’un petit ton presque suppliant qui me bouleverse un peu plus.
Je n’arrive pas à intégrer pour de bon qu’il veuille passer du temps à ce point avec moi, mais son visage qui se rapproche du mien à chaque seconde qui passe est en train de me convaincre quand même.
- Ça me va très bien… J’ai déjà mille questions à te poser, dis-je pour essayer de détendre l’atmosphère déjà plus que chargée électriquement.
- Laisse-moi deviner… ma saison préférée ? se moque-t-il gentiment.
Je glousse face à son regard amusé :
- Mais oui ! Figure-toi que ça m’intéresse ! m’exclame-je.
- Commandant ? l’interpelle un chûnin qui trainait.
Il se redresse en réinstallant son masque de dureté et je peux enfin respirer correctement lorsqu’il s’éloigne un peu, tâchant de ralentir les battements de mon cœur.
Je commence à me demander s’il veut me revoir pour passer la soirée à devenir mon ami ou s’il compte directement sauter l’étape dans le village vu sa proximité du jour.
Je suis angoissée à l’idée qu’il vienne chez moi pour plus et mon ventre se serre. Je ne me sens pas assez bien pour lui, c’est malheureux mais c’est comme ça, j’ai cet espèce de complexe nul et aberrant qui plane au-dessus de ma tête comme une épée de Damoclès.
Il revient déjà, interrompant mes pensées.
- Qu’est-ce qu’il voulait ? demande-je pour essayer d’instaurer une ambiance moins intime.
- Rien de spécial, une précision sur une technique, répond-il. On rentre ensemble ?
- Oui ! m’exclame-je en sautant sur mes pieds.
Nous nous mettons en route :
- Qu’est-ce que tu fais ce soir ? demande-je.
- Je patrouille…
- Tu patrouilles énormément en ce moment … ? m’étonne-je.
- Oui, c’est infernal, c’est parce que je pars beaucoup en mission, alors Minato me met sur un maximum de patrouilles lorsque je suis au village pour compenser mes absences.
- Ça vaut le coup d’être commandant si c’est pour patrouiller toute la journée, le taquine-je.
Il rit doucement :
- J’apprécie les patrouilles, ça veut dire qu’il n’y a rien de plus chaud à faire, et donc que le pays est en paix relative, répond-il tranquillement.
- Nanba m’a dit que tu venais de l’Anbu … que Minato t’en avait sorti parce que ta part « sombre » prenait trop le dessus… tente-je.
Il me lance un petit regard :
- Ça ne t’embête pas qu’on parle d’autre chose ? demande-t-il avec douceur.
- Oh non, pas du tout, je comprends si tu n’as pas envie de te confier ! réponds-je vivement.
- Ce n’est pas vraiment que je ne veux pas me confier, disons que je préfèrerais que ça ne fasse pas partie de nos premiers sujets de conversations … admet-il du bout des lèvres.
- Je ne te jugerais pas tu sais, glisse-je quand même.
- Je te crois, mais ce n’est pas ce que j’ai envie que tu découvres de moi en premier… J’ai eu une vie difficile je crois, en tout cas ce n’était pas facile pour moi, mon adolescence … je n’ai pas envie qu’on aborde tout ça en premier mais je n’ai pas envie non plus que tu imagines que je veux te cacher des choses, dit-il d’un ton hésitant.
- Mais il n’y a aucun souci Kakashi, c’est toi qui décides, réponds-je en souriant.
- Merci, dit-il en me caressant du regard.
Je me fais encore happer par ses yeux, c’est ahurissant et comme souvent quand ça arrive, j’ai des actes irréfléchis et j’attrape sa main.
Je rougis de ma spontanéité en la relâchant, mais il verrouille vivement la sienne autour, enlaçant ses doigts aux miens tendrement, créant un immense tsunami d’émotions au creux de mon ventre tandis que je baisse le nez pour me cacher.
- Hanako… commence-t-il d’une voix plus aigüe que d’ordinaire.
Mais il s’interrompt tandis que je l’interroge du regard.
- Rien… soupire-t-il.
- Dis-moi ! insiste-je.
- Non, rien, moustique va.
- Tu allais bien me dire quelque chose, alors dis-le ! râle-je en plissant les yeux.
- Arrête de m’embêter ou je te mets k.o. ! menace-t-il gentiment.
- Et nous y revoilà, il faut toujours que tu menaces de me faire du mal, l’embête-je.
- Tu sais bien que j’en serais incapable j’espère, rit-il.
- Je ne sais pas… tu m’as déjà jetée par terre ! pouffe-je.
- Et je recommencerai si tu insistes ! s’exclame-t-il.
- Dis-moi ce que tu allais dire ! insiste-je en me retenant de rire.
Et comme promis, je me retrouve sur les fesses une seconde après en riant, maitrisée par ses mouvements rapides.
- Tu es vraiment trop cruel ! m’offusque-je en gloussant malgré tout.
Il me tend une main pour me relever, que je saisis en plissant les yeux de suspicion, mais lorsqu’il tire dessus pour me mettre sur mes jambes, il m’attire contre lui et je change encore radicalement d’humeur en une seconde lorsque ses bras se referment dans mon dos fermement et que mes mains se retrouvent posées sur son torse.
Nous sommes encore dans le bois à l’orée du village, à l’abri de tout regard et je relève la tête pour l’admirer en savourant d’être dans ses bras, malgré mes joues rougissantes.
- Je ne suis pas cruel, je suis taquin, murmure-t-il de sa voix séductrice.
- Taquin ? souffle-je.
- Taquin oui. Alors, tu as mentionné Nanba, dois-je comprendre que tu l’as vu ? demande-t-il en resserrant sa prise autour de moi.
- Oui, murmure-je.
- Et ? Comment se passe ton étude d’options ? demande-t-il.
- Et rien, c’était une soirée sympa mais il n’y a rien eu de particulier, dis-je avec honnêteté.
Il hoche lentement la tête :
- Tu vas le revoir ? demande-t-il.
- A la soirée de Toru.
- Non, je te demande si tu vas le revoir en tête à tête ? soupire-t-il.
- Ce n’est pas prévu… je vous trouve bien inquisiteur commandant, le taquine-je.
- C’est du recueil d’informations, rien de plus, dit-il avec humour.
- Je suis un sujet d’étude ? pouffe-je.
- Oui, un sujet fort intéressant à vrai dire.
- A ce point ? ris-je.
- Oui, vous êtes une jeune femme étonnante, un vrai petit démon lâché dans le monde des hommes, vous êtes surveillée de très près Mademoiselle, juste au cas où…
- Au cas où quoi ? Où je déciderais subitement de mettre le monde des Hommes à genoux ? glousse-je.
- Mais vous mettez déjà les hommes à genoux Mademoiselle, répond-il en riant.
Lorsqu’il me dit ça, ma jalousie pointe encore le bout de son nez et l’image inventée de sa mystérieuse inconnue me saute au visage :
- Pas tous, murmure-je.
- Bien sûr que si, réplique-t-il.
- Non… il y en a encore un ou deux que je n’arrive pas à mettre au pas, dis-je.
Il m’observe silencieusement, je ne sais pas s’il comprend mon sous-entendu, et je ne sais même pas si j’ai vraiment envie qu’il le comprenne.
- Il y a des hommes que vous souhaitez mettre au pas ? demande-t-il finalement.
Son visage devient dangereusement proche du mien, il se penche tout doucement vers moi depuis le début de cette conversation. Je m’en rends compte seulement maintenant qu’il n’est plus qu’à quelques centimètres et que mes neurones lâchent les uns après les autres.
Bon sang, mais quel sortilège est-il encore en train de me lancer …
- Un seul, murmure-je en le dévorant des yeux.
- Un seul ? s’étonne-t-il à voix basse.
Je déglutis, ses lèvres masquées sont beaucoup trop proches. Pourquoi n’arrive-je pas à me contrôler un peu mieux que ça ?!
Je ne lui réponds même pas et le temps s’étire à l’infini entre nous, c’est grisant et vertigineux, je n’aurais qu’à me hisser sur la pointe des pieds pour l’embrasser… J’hésite encore, j’hésite absolument tout le temps…
- Un seul ? insiste-t-il.
Je glisse timidement mes bras autour de sa nuque et il me serre plus près de lui encore. Un tout petit geste et je l’embrasse… Mais il a son masque, ce serait carrément bizarre non ?
- Un récalcitrant… souffle-je pour gagner du temps.
- Etes-vous sûre et certaine qu’il soit récalcitrant ? demande-t-il du bout des lèvres.
- Oui, je crois, murmure-je.
Il rit un peu, un drôle de rire, un rire qui s’efface et il pose alors sur mon front un long baiser qui me bouleverse. Un baiser d’une tendresse effarante, qui me fait du bien jusqu’à l’âme, qui me réconforte et me berce, qui soigne toutes mes disputes avec lui, toutes ses méchancetés, toutes ses remarques acerbes.
Parce que lorsqu’il m’embrasse aussi gentiment qu’il le fait, je ne peux pas croire au venin qu’il m’a déjà lancé au visage, je ne peux pas croire une seule seconde que cet homme ne m’apprécie pas ou que je l’énerve et ça me confirme ce que je pense de lui depuis le premier jour.
Il n’y a pas deux Kakashi, il n’y en a qu’un seul, qui se cache derrière un masque de méchanceté pour une raison que j’ignore et sûrement pas bêtement expliquée par sa « simple envie de me toucher » comme il dit.
Et lorsqu’il se détache de moi avec ses beaux yeux souriants, je me créée une véritable mission. Je veux découvrir pourquoi il s’abrite derrière ce comportement de crétin fini, je veux le comprendre, entièrement, j’en ai besoin. Je veux apprendre à le connaitre pour comprendre ce qu’il se passe en lui lorsqu’il est méchant, car il n’y a pas une once de méchanceté pure dans ce garçon, c’est impossible.
- Il faut que j’y aille, ils m’attendent sans doute déjà, dit-il.
- Je comprends…
Mais j’en ai marre, marre que ce soit lui qui m’embrasse constamment, que ce soient ses baisers torrides sur ma gorge, ses baisers doux sur ma joue ou celui qu’il vient de me faire sur le front. Alors je me hisse sur la pointe des pieds pour embrasser sa joue, serrant sa nuque dans mes bras tandis qu’il se met à caresser mon dos de ses mains.
Je profite à fond de notre petit moment de tendresse et je suis ravie de constater qu’il rougit légèrement de mon baiser. Ce garçon est à croquer.
- A bientôt, ronronne-je.
- A vendredi, répond-il avec un petit regard heureux.
Il file et je le regarde partir avec un sourire niais aux lèvres. Nous sommes niais, nous rougissons, nous nous apprivoisons, nous nous ressemblons dans le fond.